Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

russie - Page 3

  • La messagerie cryptée Telegram mise au pas ?...

    Pour son émission sur TV Libertés, Chocs  du monde, Edouard Chanot reçoit le Frédéric Aigouy, journaliste indépendant, pour évoquer avec lui l'affaire Telegram. Alors que cette messagerie cryptée, d’origine russe, garantit la sécurité des échanges, que signifie l'arrestation en France de son créateur, Pavel Durov, et sa mise en examen par la justice française pour complicité d'escroquerie et de diffusion d’images pédopornographiques ? Et comment cet épisode s'inscrit-il dans la confrontation informationnelle entre l’Occident et la Russie ?...

     

                                           

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Guerre en Ukraine : Vers l’escalade ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Condé cueilli sur Geopragma et consacré à l'escalade de plus en plus ouvertement assumée des pays de l'OTAN à l'encontre de la Russie. Philippe Condé est docteur en économie et spécialiste de la Russie.

     

    OTAN_Russie.jpg

     

    Guerre en Ukraine : Vers l’escalade ?

    Chaque jour qui passe, de nouveaux pays de l’OTAN autorisent les frappes sur le territoire russe avec leurs armes.

    Pourtant, le secrétaire général de l’OTAN assure que l’Organisation n’est pas en guerre contre la Russie et ne recherche pas l’escalade.

    A ce jour, dix pays européens ont donné l’autorisation de frapper le territoire russe avec leurs armes (Allemagne, Danemark, France, Pays Baltes, Pays-Bas, Pologne, République Tchèque et Royaume-Uni) ainsi que les Etats-Unis (utilisation de missiles à courte portée sur les régions russes frontalières de la région de Kharkov).

    Pour le Danemark et les Pays-Bas, leurs avions F-16, une fois livrés à l’Ukraine, pourront frapper le sol russe sans restriction.

    En réponse à ces autorisations, le 5 juin lors d’une Conférence de presse avec des journalistes étrangers, en ouverture du Forum économique international de St Petersburg, le président russe a annoncé que la Russie pourrait armer avec des missiles longue portée des pays en conflit avec l’Occident. On pourrait imaginer que Moscou livre des missiles à l’Iran ou aux rebelles Houthis afin de frapper les intérêts occidentaux au Proche Orient. Cela constituerait une réponse asymétrique de la part du Kremlin.

    Lors de son intervention du 6 juin, Emmanuel Macron a annoncé la formation de 4500 soldats ukrainiens sur le sol français ainsi que la livraison de cinq Mirages 2000-5 et la formation des pilotes ukrainiens. En outre, les Mirage 2000 pourront, une fois livrés à l’Ukraine, frapper le territoire russe. La mise en garde russe de la veille ne semble pas avoir été entendue.

    Une autre réponse asymétrique de la part de Moscou serait d’envoyer des bâtiments de guerre sur le continent américain, par exemple au Venezuela, au Nicaragua ou à Cuba. Ainsi du 12 au 17 juin, la frégate Amiral Gorshkov accompagnée du remorqueur Nikolaï Chiker, du pétrolier Akademik Pashin et du sous-marin à propulsion nucléaire Kazan pouvant embarquer des missiles hypersoniques, ont fait escale à La Havane. Les côtes de Floride ne sont qu’à 180 kilomètres.

    Le risque d’escalade devient chaque jour plus grand d’autant plus que les dirigeants occidentaux continuent de faire la sourde oreille aux propos de Moscou.

    Mais vu d’Occident, la Russie est l’ennemi à abattre. L’Ukraine n’est que l’instrument, l’arme de ce projet, ses soldats ne sont que des consommables.

    Cependant, Moscou se dit chaque jour prête à négocier en tenant compte de la réalité sur le terrain.

    Le 14 juin, lors d’un discours devant le corps diplomatique russe, soit la veille de la Conférence de paix qui se tiendra en Suisse, sans la Russie, Vladimir Poutine présente un Plan de paix en cinq points.

         1. Retrait total des troupes ukrainiennes du territoire administratif des régions de Lougansk (RPL), Donetsk (RPD), Zaparojié, Kherson. Le statut de ces régions russes, ainsi que de la Crimée et de Sébastopol devra être reconnu par des traités internationaux.

          2. Engagement de l’Ukraine à ne pas adhérer à l’OTAN.

          3. Statut neutre, non aligné et non nucléaire de l’Ukraine.

          4. Démilitarisation sur la base des accords d’Istanbul.

          5. Protection des droits des russes en Ukraine.

    Il ajoute que si ces conditions sont rejetées, la responsabilité de la continuation du bain de sang incombera à l’Occident.

    Sans surprise, ce plan de paix est aussitôt rejeté par le président ukrainien, le considérant comme un ultimatum mais aussi par l’OTAN, et les Etats-Unis, proclamant que cela ne ramènerait pas la paix et permettrait d’atteindre les objectifs russes.

    Or ce plan semble plutôt réaliste et reprend les principales demandes russes formulées en janvier 2022, soit un mois avant le lancement de l’Opération militaire spéciale. La principale différence se trouve dans le premier point, c’est-à-dire la reconnaissance de la souvenait russe sur les régions de RPL, RPD, Zaparojié et Kherson. Ces dernières ont adhéré par référendum (23-27 septembre 2022) à la Fédération de Russie. Cette consultation est considérée comme une annexion et donc non reconnue par l’Occident.  Etant donné le rapport des forces sur le terrain, où l’armée russe continue d’avancer sur l’ensemble du front, ces régions semblent perdues pour l’Ukraine.

    Pour Moscou, c’est un fait accompli d’autant plus que des investissements considérables sont réalisés comme la restauration des villes (Marioupol étant le symbole), la construction de nouvelles routes et de voies ferrées permettant d’intégrer ces nouveaux territoires au reste de la Fédération. La liaison ferroviaire, en voie d’achèvement, reliant Rostov sur le Don à Djankoi (Crimée) via Marioupol (RPD), Berdyansk et Melitopol (Zaparojié), constitue le plus grand symbole.         

    Ces régions, au même titre que la Crimée, ne sont donc plus négociables. Elles font partie intégrante de la Fédération de Russie. D’ailleurs, selon Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, c’est la dernière proposition de paix de la Russie. La prochaine proposition sera la capitulation.

    Sans surprise, la Conférence de paix qui s’est tenue en Suisse (15-16 juin) en l’absence de la Russie, mais aussi de la Chine, n’a apporté aucun élément nouveau permettant de mettre fin au conflit.

    Sur les 90 délégations, environ la moitié n’était pas constituée de membres de haut rang, notamment les pays du Sud global. Les Etats-Unis étaient représentés par la vice-présidente Kamala Harris et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

    Seuls 78 Etats ont signé la déclaration finale (l’Inde, le Brésil, l ‘Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, membres des BRICS, n’ont pas signé), qui apporte le soutien à la « souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale » ukrainienne mais reconnait aussi qu’il faudra inviter la Russie afin de parvenir « à une paix juste et durable ». Par ailleurs, le communiqué final appelle à garantir la liberté de navigation en Mer Noire et en Mer d’Azov (totalement contrôlée par Moscou) afin de sécuriser le commerce des produits alimentaires (notamment le blé). Enfin, les participants demandent que l’Ukraine reprenne le contrôle total de la centrale nucléaire d’Energodar (contrôlée par les russes depuis mars 2022) et exigent la libération de tous les prisonniers de guerre. Le communiqué n’appelle donc pas au retrait des forces russes ni au paiement de réparations, pourtant point clés du plan de paix Zelenski.

    En somme pour le président ukrainien, les conclusions de cette conférence constituent un échec, auquel s’ajoute l’absence de la Chine et de Joe Biden. Les hostilités sur le terrain continuent donc sans espoir de voir la fin prochaine.

    Pourtant, comme l’a affirmé, à plusieurs reprises déjà, le Haut représentant aux affaires étrangères européen, Josep Borell, il suffirait que l’Europe arrête de fournir des armes à l’Ukraine pour que la guerre se termine.  Aveuglés par une russophobie maladive, les européens et les occidentaux en général ne veulent (ne peuvent) reconnaître leurs erreurs…car ce conflit aurait pu être évité s’ils avaient accepté les Accords d’Istanbul début avril 2022.

    Mais l’arrogance Occidentale, anglo-saxonne en particulier (le fameux voyage du 1er Ministre britannique Boris Johnson le 9 avril 2022), décida que l’occasion était trop belle pour détruire une fois pour toutes la Russie.

    Cependant, deux plus tard, la Russie n’est pas détruite et tient fermement debout sur ses deux jambes en dépit des plus de 20 000 sanctions occidentales.

    Ainsi en 2023, son taux de croissance a atteint 3,2% et a dépassé 5% au premier trimestre 2024.

    La Russie est devenue la quatrième économie mondiale en 2023 en PIB PPA (parité de pouvoir d’achat), derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Inde mais devant le Japon. Le taux de chômage est inférieur à 3%, l’économie est en pénurie de main-d’oeuvre, ce qui constitue le principal problème aujourd’hui. Afin de résorber cette situation, il faudra augmenter la productivité du travail et/ou augmenter la robotisation des entreprises et/ou faire appel à de la main d’œuvre étrangère. Les autorités semblent privilégier les deux premiers facteurs.

    En somme, des performances économiques très honorables sous de très fortes contraintes, pour une station service déguisée en pays, selon les termes de l’ancien sénateur républicain et héros américain du Vietnam John Mc Cain.  

    Or, un certain embarras semble, tout de même, gagner les capitales occidentales puisque l’économie russe ne s’est pas effondrée comme l’avait très imprudemment prédit Bruno Lemaire, le 1er mars 2022.

    Que faire ? C’était la question que se posait Lénine dans son traité politique publié en 1902.

    Elle s’applique totalement à la Russie s’agissant de la politique actuelle des pays occidentaux

    Mais au lieu de se poser la bonne question comme Lénine à l’époque, les dirigeants occidentaux préfèrent la fuite en avant, l’escalade dans le conflit.

    Ainsi, on continue de ne pas prendre au sérieux les mises en garde du Kremlin concernant l’utilisation éventuelle de bombes nucléaires tactiques (la Russie en possède plus de 4000).

    La doctrine militaire russe est pourtant très claire : en cas de menace pour l’intégrité et la souveraineté du pays, la Russie se réserve le droitd’une frappe nucléaire.

    Comme l’a fait remarquer John Mearsheimer dès le mois de mai 2022 : on ne joue pas impunément avec une puissance nucléaire. Ajoutons que la Russie est la première (5889 ogives) devant les Etats-Unis (5244 ogives) et très loin devant la France (290 ogives).

    Pendant ce temps, l’Europe se perd, la France en tête. Le 31 mai, Standard and Poor’s a dégradé sa note de AA à AA-, en raison notamment de son taux élevé d’endettement (110,6% du PIB, soit plus de 3000 milliards d’euros) et de déficit budgétaire (5,5% du PIB en 2023, en hausse de 0,8 point par rapport à 2022). La croissance européenne reste inférieure à 1% par an, l’inflation reste supérieure à 2%, qui est la cible de la BCE. La désindustrialisation guette l’Allemagne puisqu’elle importe son énergie deux à trois fois plus chère que lorsqu’elle l’achetait à la Russie. La France ayant perdu son industrie depuis la crise de 2008.

    L’écart économique entre l’UE et les Etats-Unis ne cesse de se creuser depuis la crise des subprimes.

    Entre 2008 et 2022, le taux de croissance de l’UE a été de 2,8% contre 72% aux Etats-Unis.

    De ce fait, l’économie européenne ne représente plus que 65% de son homologue américaine alors qu’elles étaient équivalentes en 1990. 

    Dans les différents Etats membres, les campagnes pour les élections européennes n’ont pas été à la hauteur des enjeux. En France, on a vu beaucoup de listes (vingt-neuf) pour très peu d’Europe.

    Victor Hugo n’est plus qu’un lointain souvenir brumeux. Absence de vision, absence de projet fédérateur, alors que l’UE cumule les retards dans les domaines de l’intelligence artificielle ou de l’automobile électrique face à ses rivaux américain et chinois.

    Les résultats des élections européennes du 9 juin ont encore obscurci l’horizon du vieux continent.

    Les partis d’extrême droite ont gagné en France, en Belgique, en Autriche et se sont classés deuxième en Allemagne et aux Pays-Bas. Emmanuel Macron s’est résolu à dissoudre l’Assemblée nationale entrainant le pays dans une incertitude totale.

    Ces résultats constituent un signal aux pouvoirs en place : problèmes de pouvoir d’achat, avenir du système social, montée des inégalités, mais aussi la guerre en Ukraine qui est une situation perdante pour l’UE. Il y a donc urgence à prendre en compte ces problèmes lors des prochaines législatures française et européenne.

    Dans les prochains mois, l’Occident, et l’UE en particulier, devra revoir radicalement son agenda en Ukraine.

    La situation actuelle, après plus de deux ans de conflit, largement provoqué et alimenté par l’Occident, risque de conduire à une escalade et à un élargissement du théâtre des opérations. Le danger nucléaire n’est pas à exclure.

    L’UE devrait donc convoquer une Conférence de paix afin de mettre fin à cette tragédie. Car la paix, c’est la vocation de l’Europe !

    A défaut, la situation post-apocalyptique décrite par Dmitry Glukovsky dans le cadre de sa Trilogie Métro (2033, 2034, 2035) où les survivants d’une guerre nucléaire se terrent misérablement dans le métro de Moscou, depuis vingt ans, pourrait alors devenir réalité…

    Philippe Condé (Geopragma, 3 juillet 2024)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Le grand aveuglement européen...

    Les éditions Balland viennent de publier un essai de Jean-Bernard Pinatel intitulé Ukraine - Le grand aveuglement européen. Ancien officier parachutiste, docteur en sciences politiques et ancien chef d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est spécialiste des questions de géopolitique et d'intelligence économique.

     

    Pinatel_Ukraine - Le grand aveuglement.jpg

    " Au-delà de son aspect militaire tragique, pour les belligérants, cette guerre aura été le révélateur d'un grand aveuglement européen. Les dirigeants de l'Union européenne n'ont pas envisagé un seul instant que le monde avait changé et que les sanctions contre la Russie ne la mettraient pas à genoux car elles seraient contournées par la très grande majorité des pays et que leur maintien sur la durée se retournerait en boomerang contre l'Europe et profiterait aux États-Unis qui en étaient les instigateurs. Bien plus, cette guerre a aussi été le révélateur que l'ordre mondial régi par des règles et des organismes internationaux mis sur pied à la fin de la seconde guerre mondiale était révolu, notamment parce que les États-Unis sous l'égide desquels ils avaient été élaborés ne les ont pas respectés depuis la chute de l'URSS, gagnés par l'euphorie d'être désormais la seule superpuissance mondiale et décidés à le rester à n'importe quel prix. Je me suis lancé dans la rédaction de ce livre pour expliquer pourquoi l'impossibilité pour l'Ukraine de gagner cette guerre était prévisible dès février 2022. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Macron, président va-t-en-guerre contre les Russes...

    Pour cette nouvelle édition de Cette année-là, sur TV Libertés, Patrick Lusinchi, avec François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments et Christophe A. Maxime, remonte au printemps 1982, quand l’Europe se demandait s’il fallait secourir la Pologne, comme elle se demande aujourd’hui s’il faut envoyer des soldats au sol en Ukraine. Fallait-il mourir pour Gdansk dans les années 1980 ? Assurément non ! Faut-il aujourd’hui mourir Kiev ? Macron semble prêt à courir le risque, multipliant les déclarations bellicistes à l’encontre de la Russie, au risque d’une déflagration mondiale...

     

                                               

    Lien permanent Catégories : Débats, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Ukraine : la dangereuse décrépitude de l’Occident...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 8 juin 2024 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Caroline Galactéros pour évoquer avec elle les dangereuses gesticulations guerrières des Européens, et en particulier du président Macron, dans un conflit russo-krainien où leur seul intérêt réel serait de rétablir la paix...

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017 Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

                                            

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • La France, combien de divisions ?...

    En contrepoint des rodomontades guerrières d'Emmanuel Macron, la revue Éléments dresse un tableau alarmant, mais malheureusement réaliste, de l'état de l'armée française...

    Défilé_Chars.jpg

    La France, combien de divisions ?

    Guerre, embrasement, risques d’escalade, menace nucléaire… Autant de mots et de concepts qui sont aujourd’hui rabâchés en continu. La question de la guerre ne sort pourtant pas de nulle part. L’annexion russe de la Crimée en 2014 et la révolution « populaire » du Maïdan en ont fait ressurgir le spectre. De leur côté, François Hollande et Angela Merkel se félicitaient des accords de Minsk alors que, de leur propre aveu, il ne s’agissait ni plus ni moins que de gagner du temps pour préparer la guerre. De même, Emmanuel Macron, appliquant la stratégie des faibles, n’hésitait pas à abuser de termes guerriers (contre les Gilets jaunes, les incendies de forêt, la COVID, la dénatalité, etc.), à s’exposer en uniforme et avec des symboles militaires ou encore à se prendre en photo en plein entraînement de boxe, les muscles gonflés non pas par l’effort voire les protéines, mais uniquement par Photoshop.

    Cette posture belliqueuse et martiale incarnée par le chef des Armées ne s’est pourtant pas arrêtée à de simples clichés musclés. Ainsi le 26 février 2024, il annonce au sujet de l’envoi de troupes occidentales en Ukraine, qu’« en dynamique, rien ne doit être exclu ». Cet engagement certes ferme, mais rejeté quasi unanimement par tous les gouvernements européens, par le gouvernement américain et même par le premier concerné, Volodymyr Zelensky, a été réitéré le 16 mars par le chef de l’État, puis relayé dans les médias par deux de ses lieutenants, le général d’armée Burkhard et le général d’armée Schill, respectivement chef d’état-major des armées et chef d’état-major de l’armée de Terre. Cette posture a été une nouvelle fois « assumée » à la Sorbonne, le 26 avril dernier, dans un discours imprégné de folie européiste et en totale rupture avec l’idée de nation développée par Ernest Renan, 142 ans plus tôt…

    Si la division des Européens et la prudence américaine en disent long sur la perspective dont cette guerre entre peuples frères est envisagée, les positions du président de la République appellent une question : les Français iront-ils mourir pour Kiev ? Leur sacrifice sera-t-il réellement de nature à empêcher les T-72 russes de défiler sur les Champs Élysées ? Sacrifice physique mais aussi financier, Bruno Lemaire ayant effectivement réussi à mettre une économie à genoux, celle de la France.

    La France ? Un CDD

    Ce n’est pas un secret, la France peine à recruter. Chaque année, le ministère des Armées se débat, en vain, pour essayer de tenir ses objectifs de recrutement. En 2023, ce ne sont pas moins de 3 000 jeunes qui n’ont pas rejoint ses rangs. C’est sans compter la dernière lubie politique de vouloir doubler la réserve, dans le but de (re)constituer une force apte au combat et rappelable sur court préavis. Fort heureusement ce n’est qu’une bagatelle. Juste 25 000 hommes de plus et uniquement pour l’armée de Terre. Le corps des officiers lui ne peine pas à recruter, confirmant qu’il existe encore dans le pays des volontaires pour se dévouer à la nation. Mais bon, une fois que nous avons dit cela, qu’en est-il réellement de cette ressource humaine, censée être le « ferment de nos futures moissons » ?

    Les deux questions fondamentales à se poser quand on parle de recrutement dans les forces armées est « Pourquoi se bat-on ? » et « Pourquoi meurt-on ? » Jadis, le service militaire, malgré ses défauts, donnait des clés de réponse. Mais aujourd’hui, aucun homme politique ne sait y répondre. Gageons que McKinsey non plus… Pas plus que le peuple. Dans une société fluide, multiculturelle, hédoniste et individualiste, difficile d’avoir envie de se battre et de mourir, si ce n’est pour son petit profit personnel.

    Le recrutement en pâtit lourdement et les Armées embauchent majoritairement ceux qui trouvent un intérêt individuel à servir sous les drapeaux, selon l’expression consacrée. La plupart des jeunes s’engagent, comme s’ils s’engageaient chez McDonalds, Carrefour ou Midas. Faire carrière ? Quelle idée ! Servir la France est temporaire et doit déboucher sur mieux. L’effort de fidélisation, qui s’accompagne de l’assouplissement de toutes les règles (dont la discipline), est là pour le montrer, autant que les travaux de la Task Force Résilience (un anglicisme adopté à force d’américanisation), qui doivent permettre de déterminer, à l’aide d’une comitologie stalinienne, comment inciter la population à s’engager.

    Parmi ces jeunes, le nombre de Français « de souche » ne cesse de diminuer. Les régiments se métissent avec tous les problèmes que cela implique : quand nos militaires partaient encore en Afghanistan ou au Mali, de nombreux jeunes soldats ne voulaient pas partir « tuer des frères ». Aujourd’hui, ces mêmes jeunes, prompts à rouler des mécaniques et à se prendre en photo les armes au poing, montrent un courage toujours plus fluctuant : la frégate Alsace, sous le feu des drones houthis en mer Rouge, a ainsi déploré l’abandon de postes de jeunes marins qui ne voulaient pas mourir. Mourir pour la France ? Cela, l’histoire ne le dit pas mais on connaît déjà la réponse…

    Cette situation a été et est assez critique pour que des mesures fortes aient été prises. Le 4e régiment de Dragons, à Carpiagne (Bouches-du-Rhône), héritier des plus belles traditions de la cavalerie lourde, a ainsi été dissous en raison d’une radicalisation grandissante. Difficile de commander quand des mosquées clandestines sont installées sous les toits des compagnies. Aujourd’hui, d’autres régiments sont dans le viseur, dont le 121e régiment du train de Montlhéry qui recrute en grande partie dans le 93. Il est évident que nous pourrons avoir une confiance aveugle en ses soldats le jour où « ça camphrera ». Sans compter les bases dans lesquelles prospèrent les trafics en tout genre, en particulier les trafics de drogue. Le plateau de Canjuers, proche du hub des stupéfiants de Draguignan, est ainsi connu de triste réputation.

    Des officiers pas vraiment supérieurs

    Ce tableau sombre est à nuancer et les Armées disposent d’unités de valeur telles que les forces spéciales, la Légion étrangère, les troupes de Marine, les chasseurs alpins ou les parachutistes. En un mot des unités d’élite, où l’on n’entre pas sans effort ni sacrifice et où le service de la France a encore du sens. Néanmoins, nous sommes quand même bien loin de la grande majorité des cas.

    Qu’en est-il des officiers ? La situation est très différente, ceux-ci bénéficiant à la fois d’une meilleure éducation et « souffrant », dit-on au plus haut niveau, de l’atavisme d’une aristocratie qui ne s’accomplit que dans le service de la France par le métier des armes. Évidemment, là aussi, il est nécessaire de nuancer : les Armées étant le reflet de la société, tout le monde ne s’engage pas avec la grande flamme de l’idéal ou avec de vraies valeurs morales. Certains vont les acquérir pendant la formation, mais des brebis galeuses se retrouvent au milieu du troupeau. Les derniers scandales relatifs à des problèmes de mœurs ou de discrimination sont là pour le prouver, même si souvent, il s’agit, comme il convient au sein de notre société moderne, de camoufler sa médiocrité derrière une pseudo menace systémique.

    Le vrai problème du corps des officiers apparaît assez tardivement, après le temps de commandant de compagnie, au moment de passer le concours de l’École de Guerre. Il y a alors trois écoles : tout d’abord, l’école de ceux qui ont réussi le concours et qui se verraient bien arborer des étoiles sur les épaules. Ceux-ci sont alors prêts à tous les parjures et à toutes les trahisons pour atteindre leurs fins. Parmi eux, on retrouve généralement ceux qui ont servi aux États-Unis, soit en école, soit au sein du « Grand Temple », c’est-à-dire parmi les Young Leaders, et qui suivent les traces de nos trois derniers Présidents de la République. Le millésime 2024 de l’École de Guerre n’y a pas échappé, deux d’entre eux y sont passés, l’un immédiatement affecté au cabinet du ministre, et l’autre se préparant à voyager dans l’espace, confirmant ainsi leur « très haut potentiel »… Potentiel de calcul et de soumission ou potentiel intellectuel et moral, on est en droit de se poser la question. Bien évidemment, la franc-maçonnerie y fait aussi ses moissons et vient prestement à l’aide de ceux qui portent le tablier. Beaucoup rejoignent cette catégorie d’officiers quand ils atteignent le grade de colonel. Tous les coups sont alors permis pour accéder au généralat, la règle du jeu étant de féliciter ses chefs, de critiquer ses pairs et d’écraser ses subordonnés. Leur carrière se termine généralement sur les plateaux de télévision où nous assistons à un remake du film « Le bon, la brute et le truand » avec l’idiot (le général Trinquand), le traître (le général Yakovleff) et l’opportuniste (le général Desportes).

    La deuxième école est celle de ceux qui ont ou qui n’ont pas réussi le concours de l’École de Guerre et qui voient les Armées uniquement comme une vache à lait dont ils peuvent tirer un maximum d’avantages avec le minimum d’effort. Ces officiers se reconnaissent assez facilement par leurs réseaux, leurs petits calculs et par leur capacité à se faire muter régulièrement à l’étranger. On en dénombre malheureusement beaucoup chez les troupes de Marine et dans des organismes en lien avec les relations internationales, la DCSD (Direction de la coopération de sécurité et de défense) en particulier. Pour ces officiers, il n’y aucune autre ambition que de gagner de l’argent, de vivre des « séjours » sympas, et de finir de payer la piscine ou la deuxième maison. En revanche, l’intérêt de la France n’est pas la priorité… sauf si c’est pour mettre un autre officier en difficulté et trouver des avantages matériels pour soi-même.

    Une police militaire politique

    La troisième école, quant à elle, est rejetée par les deux précédentes. Manquant d’ambition pour les uns, trop altruiste pour les autres, elle est tout simplement composée de cette race d’officiers qui se sacrifie pour le bien commun et les intérêts de la France. Qu’ils aient réussi ou non le concours de l’École de Guerre, qu’ils aient ou non des chances de monter en grade voire d’accéder au généralat, ceux-ci se distinguent par leur amour du pays et par leur attachement à « ce vieux mot de langage militaire : servir ». Beaucoup parmi eux pensent « mal » car attachés à la France, admirant ce qu’elle a été et craignant ce qu’elle sera, ils nourrissent souvent des idées dites « nauséabonde »s. Si la plupart de ces chefs progressent sans difficulté, d’autres sont traqués pour leurs idées par la DRSD (Direction du renseignement de sécurité et de défense) qui veille sur le temple. Digne du politburo, ce service a bien compris que la plus grande menace en France n’est pas l’islamisme grandissant et les risques que ce dernier fait encourir au sein même des Armées, mais bien l’extrême droite. De l’aveu même de son chef, lors d’une conférence à l’École de Guerre au premier semestre 2023, il n’y a rien de pire que cette chienlit. Reste maintenant à définir où commence et où finit l’extrême droite, où commence et où finit la liberté de pensée, un sujet que ne manquera pas d’étudier le « quarteron de généraux en charentaises ».

    Ce constat général sur les ressources humaines des Armées ne serait pas complet sans aborder le corps des sous-officiers (officiers mariniers pour la Marine). Corps technique, celui-ci comprend dans ses rangs un peu des deux corps précédent (d’un côté les petites frappes sorties du lot, d’un autre côté les officiers manqués) ainsi qu’une masse de jeunes qui veulent composer la colonne vertébrale des Armées. Si les raisons de s’engager sont diverses, les sous-officiers montrent un engagement généralement plus sain, loin des luttes de pouvoir et au-delà du simple fait de se servir. Ayant enfin effacé leur réputation d’alcooliques héritée de la guerre froide, ces hommes et ces femmes montrent le visage d’une France qui veut donner du sens à son engagement. Malheureusement, il n’est pas rare de voir ces sous-officiers tomber dans une lutte de classe digne des plus grands combats marxistes mais qui reste pour le moins stérile.

    Moyens capacitaires

    Qu’en est-il du matériel ? Les promesses de l’économie de guerre, de la réindustrialisation de la France et la redynamisation des industries de défense semblent ouvrir le champ à de belles perspectives. Cependant, la réalité est bien plus contrastée.

    Les Armées sortent enfin d’une longue période de disette héritée des dividendes de la paix et de la fameuse fin de l’Histoire fantasmée par Francis Fukuyama. Au cours de cette période, comme le faisait remarquer à juste titre le général d’armée Pierre de Villiers (une des premières victimes de la macronie), la France faisait preuve de dissonance cognitive : les militaires affirmaient que le monde était de plus en plus dangereux, ce à quoi les chefs politiques répondaient qu’il fallait en conséquence réduire de plus en plus les forces armées. Néanmoins, plusieurs douloureux sursauts eurent lieu : après l’embuscade d’Uzbin, en Afghanistan, en 2008 qui permit aux militaires de bénéficier d’équipements de combat de qualité ; après les attentats de 2015 qui virent la mise en place de la mission Sentinelle ; et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 qui remit l’église au centre du village et les Armées au cœur de la défense de la nation. À noter que ce concept de défense avait été oublié, comme en témoigne le passage ahurissant du ministère de la Défense au ministère des Armées.

    Aujourd’hui, les Armées récoltent les fruits des programmes d’armement débuté dans la fin des années 90. Mais là encore la conjoncture budgétaire n’aide pas à s’équiper. L’armée de l’Air et de l’Espace peut se vanter d’avoir des Rafales de dernière génération, mais elle en a peu. Sans parler de ses avions de transport, en nombre insuffisant pour assurer ses missions logistiques autant qu’opérationnelles (les parachutistes peuvent difficilement réaliser leurs six sauts réglementaires par an par exemple). La Marine nationale, fleuron d’un royaume aujourd’hui disparu, a des navires de tout type particulièrement performants, mais là aussi cruellement insuffisants. L’armée de Terre perçoit quant à elle ses nouveaux matériels SCORPION, censés mettre en œuvre « la polyvalence et l’infovalorisation ». Problème : ils sont distillés au compte-gouttes et ne sont pas destinés au combat moderne mais à la contre-insurrection. Face à un adversaire tel que la Russie, ça risque de piquer !

    Nous pouvons toutefois nous réjouir : le matériel sort des usines ! Voilà enfin une victoire, dira le quidam. Mais c’était sans compter sur l’Ukraine, véritable tonneau des Danaïdes. Certains rétorqueront que ce ne sont que les vieux matériels qui sont sacrifiés. Néanmoins, ceux-ci étaient censés équiper certaines unités, notamment la réserve, éternel parent pauvre du ministère. D’autres diront que ces dons permettent de relancer les industries d’armement. C’est vrai mais uniquement en partie : l’état est tel que des formations ne peuvent quasiment plus s’entraîner et ne sont plus aptes au combat : ainsi en 2023, le général commandant l’artillerie affirmait que si un de ses CAESAR tombaient en panne, une partie de l’armée de Terre ne serait plus formée. Inquiétant quand on projette de faire trembler l’ours russe.

    Le cocu de l’histoire

    À cela, il faut ajouter quelques revers cuisants : il y a tout d’abord le pillage de pans entiers de notre souveraineté par les Américains, notamment grâce à la vente par Emmanuel Macron de la branche nucléaire d’Alstom ou encore des systèmes informatiques sensibles d’Athos. Une prise de conscience tardive et le rachat de tout ou partie de ces services n’auront pourtant pas empêché la récupération technologique et la divulgation des secrets, mettant ainsi davantage la France en position de faiblesse. Ensuite, il y a les sacrifices réalisés au profit des Allemands, dans la continuité de l’industrie automobile ou de l’électricité, et qui touchent autant l’armement petit calibre (remplacement du FAMAS par le HK 416) que le char et l’avion du futur (le MGCS et le SCAF). Nos camarades d’outre-Rhin ont ainsi rapidement compris que dans ce fameux couple franco-allemand, il fallait rapidement plumer le mari cocu. Enfin, il y a les autres renoncements tels que la production des munitions. Les militaires se souviennent notamment des munitions de 5.56 mm, abandonnées par la France pour être achetées moins chères au Brésil ou en Afrique du Sud et qui se sont révélées défectueuses ou complètement inadaptées aux canons des armes françaises. Aujourd’hui, se pose la question des poudres à canon, un autre secteur national liquidé au profit de la Suède. Celle-ci ayant ses propres besoins et l’État français s’étant engagé à céder encore plus d’obus à l’Ukraine, Sébastien Lecornu s’est finalement décidé à recréer une (et une seule) usine sur le territoire national.

    Mais au final, le constat est cinglant : les Armées ont de bons programmes d’armement mais ne disposent pas aujourd’hui des moyens de faire la guerre. Le général d’armée Lecointre, ancien chef d’état-major des armées rappelait dernièrement dans une de ses actions de communication dont il a le secret depuis les combats de Vrbanja, que les Armées ne peuvent plus se battre sans être dans une coalition ou accompagnées de ses alliés (au premier rang desquels les USA, bien évidemment). La RAND corporation, think tank américain de renom, publiait un rapport le 16 juin 2021 intitulé « A Strong Ally Streched Thin : An Overview of France’s Defense Capabilites from a Burdensharing Perspective » et qui se résumait par « France is ready for war, but not a long war ». Cela n’a malheureusement pas changé et nos forces ne disposent pas des moyens de faire la guerre à un pays comme la Russie. De son côté, la Russie n’a ni l’ambition ni les moyens d’attaquer l’OTAN et le glacis que représente l’Europe de l’Est pour la France fait que jamais les hommes sojas sur leur trottinette électrique avec leur thé détox, ne se confronteront aux hordes mécano-soudées des steppes de l’Oural imbibées de vodka.

    La rédaction (Éléments, 7 juin 2024)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!