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puissance - Page 4

  • Comment évaluer la puissance ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°17, avril-mai-juin 2018), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à l'évaluation de la puissance globale d'un pays.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Promis, juré, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Jean-Vincent Holeindre. Géopolitique de la ruse

    PORTRAIT

    Berlusconi le phénix, par Meriadec Raffray

    ENJEUX

    La Somalie, illustration d'une défaillance internationale, par Fabien Herbert

    ENJEUX

    L'Allemagne change-t-elle ?, par Thierry Buron

    ENJEUX

    Russiagate. Vers le dénouement, par Jean-Eric Branaa

    ENJEUX

    Les armes du futur, par Mériadec Raffray

    ENJEUX

    Union européenne vs GAFAM. Le contrôle du Big Data, par Tancrède Josseran

    ENJEUX

    Géopolitique des câbles sous-marins, par Jean-Yves Bouffet

    ENJEUX

    La France périphérique, une malédiction ?, par Jean-Romain Gheysen

    ENJEUX

    Géopolitique du marché de l'art, par Aude de Kerros

    IDÉES

    Des "lignes culturelles" aux "frontières de sang", par Florian Louis

    GRANDE STRATÉGIE

    Cuba 1898. La guerre de la presse, par Patrice Amarger

    GRANDE BATAILLE

    Gettysburg (1er-3 juillet 1863). Des chaussures hors de prix, par Pierre Royer

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Faire face à la montée des risques des géopolitiques, par David Simmonet

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Sylvie Brunel. Marchés africains : retour au réalisme

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Caroline Galactéros. Pour une géopolitique pragmatique sans limite

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    "Parle doucement et porte un gros bâton", par Pierre Royer

    LA LANGUE DES MÉDIAS

    Corée. Quand nos médias jouent à se faire peur, par Ingrid Riocreux

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Pays de l'Est dans l'UE, par Jean-Baptiste Noé

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    Un héros du désert saoudien, par Gérard Chaliand

    RECENSION

    L'assiette et le territoire de J.-R. Pitte, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Vienne, centre de l'Europe, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : Indice Conflits de la puissance globale

    L'indice de la puissance 2018, par Christophe Chabert

    Mesurer la puissance ? Conflits l'a fait !, par Pascal Gauchon et Jean-Marc Holz

    Où est la puissance aujourd'hui ?, par Jean-Marc Holz

    Le classement de la puissance globale : confirmations et surprises

    Allemagne, par Jean-Marc Holz

    France, par Pascal Gauchon

    La puissance française. L’État et son armée, par Hadrien Desuin

    Suisse, par Bernard Wicht

    Turquie, par Tancrède Josseran

    Argentine vs Brésil, par Hervé Thiery

    Russie, par Pascal Marchand

    L'Afrique, par Sylvie Brunel

    Iran vs Arabie saoudite, par Frédéric Pichon

     

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  • Immigration : les trois politiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Ozon, cueilli sur son blog Centurie News et consacré aux politiques d'immigration envisageables. Chef d'entreprise et essayiste, Laurent Ozon est l'auteur de France, années décisives (Bios, 2015), un ouvrage lucide et stimulant.

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    Immigration : les trois politiques

    On n’empile pas des peuples issus du monde entier, dans un pays à la culture millénaire, sans fabriquer du conflit. Les sociétés multiculturelles sont instables, on pourrait même dire non viables, car lorsque des tensions historiques surviennent (guerres, épidémies, crises économiques), les différences de religion, de culture, de sensibilité, etc. deviennent des fossés et la société explose sous l’effet de son manque de cohésion, d’unité. Ce constat est celui de tous les réalistes politiques et ne souffre aucune exception dans l’histoire connue.

    Ainsi, face aux tensions prévisibles dans notre avenir proche, les politiques devront résorber cette diversité anarchique, en reformant un corps social plus uni et stable. Tous les politiques qui réfléchissent savent que cette « homogénéité relative » est la condition de la stabilité de la société. Si cette question n’est pas traitée, notre société se fragmentera dans la violence dans les trente années à venir, incapable de faire face à son histoire. Notre pays s’embrasera et des foules se jetteront à l’assaut de tout ordre social, les unes contre les autres.

    Il y a donc trois façons de résorber politiquement cette diversité sans complémentarité fabriquée par un laxisme suicidaire. La première de ces solutions est libérale et individualiste, la deuxième assimilationniste et républicaine, et la troisième localiste et « remigrationniste ».

    La première solution consiste à rechercher une forme d’unité presque entropique par la dissolution de toutes les formes collectives d’appartenance en s’attaquant aux formes sociales non individualisées (famille, religion, etc.) afin de produire une population presque mixée, sans existence de sous-groupes légitimes. Le détricotage de la culture populaire et de ses normes, notamment via le « mariage homosexuel », s’inscrit bien par exemple dans cette logique.

    La deuxième consistera à vouloir reformer une collectivité nationale souveraine et protectrice, structurée autour d’un État fort et laïc ayant relégué les religions dans la sphère individuelle. Ce modèle de société sera cimenté par une politique d’assimilation volontariste et par le rejet des communautés non assimilables hors de la communauté nationale. La principale difficulté de ce modèle, c’est sa compatibilité problématique avec les dépendances réciproques d’une société mondialisée dans laquelle les interactions sont nombreuses et les contraintes de co-gouvernance plus contraignantes (autonomie énergétique, monétaire, financière, sanitaire, etc.).

    La dernière solution, construite sur le localisme et la « remigration », veut s’appuyer sur des souverainetés politiques retrouvées afin d’organiser la relocalisation des populations par une politique vigoureuse de retour au pays. Celle-ci s’inscrira dans le cadre de partenariats stratégiques ambitieux avec les pays du Maghreb. Elle présente l’avantage d’être compatible avec un exécutif plus « distribué » et des formes de pouvoir plus subsidiaires. Elle peut jeter les bases d’une diplomatie ouverte et dynamique compatible avec les besoins de nos voisins européens et ceux des populations arabo-berbères en situation d’êtres englouties sur leurs terres dans les quarante années à venir par la marée subsaharienne.

    La quatrième, qui n’en est pas une, c’est la politique du chien crevé au fil de l’eau, qui débouchera sur l’effondrement et des souffrances que nous n’avons pas connues en Europe depuis la guerre de Trente Ans. Le temps s’écoule. Celui ou celle qui relèvera le défi de la puissance et du réalisme renouera avec le génie politique de la France.

    Laurent Ozon (Centurie News, 25 août 2016)

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  • Que reste-t-il de la puissance française ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°13, avril-mai-juin 2017), dirigée par Pascal Gauchon, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à une interrogation sur ce qu'il reste de notre pays en tant que puissance.

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉCHOS

    ÉDITORIAL

    Une élection très géopolitique, par Pascal Gauchon

    ACTUALITÉ

    ENTRETIEN

    Hubert Védrine. Géopoliticien et diplomate

    PORTRAIT

    So British Theresa May, par Christophe Réveillard

    ENJEUX

    Combat de coqs en mer de Chine, par Laurent Gayard

    ENJEUX

    Les mirages du miracle rwandais, par Ambroise Tourniol du Clos

    ENJEUX

    Les hackers russes sont-ils vraiment si puissants ?, par Sébastien Sénépart

    ENJEUX

    L'astroturfing, dernière manipulation informatique, par François-Bernard Huyghe

    ENJEUX

    Le trafic de médicaments falsifiés, un fléau mondial, par Marc Gentilini et Quentin Duteil

    IDÉES

    1919 : Mackinder contre Wilson, par Florian Louis

    GRANDE BATAILLE

    Valmy (1792). La bataille décisive, par Pierre Royer

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Le entreprises et l'intérêt national, par David Simmonet

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Gérard Challiand. Politique étrangère française : pour un retour au réel

    GEOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    Entretien avec Frédéric Monlouis-Félicité. Dans les zones à risque, les entreprises sont des acteurs politiques

    TOUT LE MONDE SAIT QUE...

    Daesh, les nouveaux Barbares, par Pierre Royer

    BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

    Intervention française en Libye : le mirage des Syrtes, par Jean-Baptiste Noé

    L'HISTOIRE MOT À MOT

    "La France, c'est le français quand il est bien écrit", par Pierre Royer

    LA LANGUE DES MEDIAS

    Bataille propre et bataille sale, par Ingrid Riocreux

    BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

    Clausewitz, un homme d'action ?, par Gérard Chaliand

    CHRONIQUES

    LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

    GÉOPO-TOURISME

    Alep : agonie ou libération ?, par Thierry Buron

     

    DOSSIER : Que reste-t-il de la puissance française ?

    La géopolitique de François Hollande, par Pascal Gauchon

    Les horizons de la puissance française

    Jusqu'où tombera-t-elle ?

    La France, l'autre pays du soft power, par Frédéric Munier

    Un désastre militaire, par le général Vincent Desportes

    La guerre des guides gastronomiques, Entretien avec Philippe Faure et Jean-Claude Ribaut

    Education, la fin d'un modèle, par Anne-Sophie Letac

    La France entre États-Unis et Russie, par Maxime Lefebvre

    Y a-t-il une politique arabe de la France ?, par Frédéric Pichon

    La puissance française en Afrique. État des lieux , par Mériadec Raffray

    La France, nouvelle nation malade de l'Europe ?, par Hadrien Desuin

    Le "décrochage" de la France au miroir allemand ? , par Jean Kogej

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  • Sur la guerre économique...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien du Cercle Henri Lagrange avec Christian Harbulot, réalisé en avril 2016 et consacré à la question de la guerre économique. Directeur de l'Ecole de guerre économique et spécialiste de l'intelligence économique, dont il a été un des introducteurs en France, Christian Harbulot a récemment publié Sabordage - Comment la France détruit sa puissance (François Bourin, 2014) et Fabricants d'intox - La guerre mondialisée des propagandes (Lemieux, 2016) et a également coordonné l'ouvrage collectif Les chemins de la puissance (Tatamis, 2007).

     

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  • Tour d'horizon... (109)

    Observer Royal field Artillery.jpg

    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog Bouger les lignes, Caroline Galactéros fait le point sur les nouveaux armements qui menacent les porte-avions et qui pourraient remettre en cause la suprématie des Etats-Unis sur mer...

    Les porte-avions sont-ils devenus des cimetières flottants ?

    Porte-avion américain.jpg

    - sur le Journal du MAUSS, Richard Bucaille se livre à une analyse sociologique de la Mensur, type de duel à l'arme blanche, ritualisé et pratiqué dans l'aire germanique...

    Les scarifications de « Mensuren »

     

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  • L'offensive judiciaire globale des Etats-Unis...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'une conférence de Jean-Michel Quatrepoint, donnée devant la fondation Res Publica et cueillie sur le site d'Euro-Synergies.

    Jean-Michel Quatrepoint, qui a publié en 2015 Alstom, scandale d'Etat (Fayard, 2015), explique comment les États-Unis utilisent l'arme du droit contre leurs adversaires économiques...

     

    Justice américaine.jpg

    États-Unis: Une offensive judiciaire globale

    L’exportation du droit américain, l’extraterritorialité des lois américaines est un processus qui ne date pas d’aujourd’hui. Voilà des années, voire des décennies que les États-Unis développent une stratégie globale d’hyperpuissance en s’appuyant sur un arsenal juridique et en imposant leurs lois, leurs normes, au reste du monde. Il aura fallu l’amende colossale infligée à BNP Paribas (8,9 milliards de dollars) et celle qui, infligée à Alstom (772 millions de dollars), fut la véritable cause, quoi qu’en dise le PDG d’Alstom, de la vente de la division « énergie » à General Electric, pour que nos dirigeants découvrent la réalité d’une guerre économique engagée depuis des décennies. Ils ont ainsi découvert, tardivement, le caractère meurtrier d’un arsenal juridique dont la mise en place remonte à plus d’un quart de siècle.

    Dans la décennie 90, après l’effondrement du communisme, les États-Unis vont se doter d’une série de lois qui concernent les entreprises américaines mais aussi toutes les entreprises étrangères. La majorité de ces lois, Trade Acts ou embargos, permettent aux responsables américains du commerce d’identifier et de sanctionner les comportements « injustes et déraisonnables » des acteurs économiques rivaux des Américains.

    On peut classer ces textes dans quelques grands chapitres :
    Le plus connu aujourd’hui est la lutte contre la corruption, le fameux Foreign Corrupt Practices Act(FCPA) qui s’appliquait aux entreprises américaines qui versaient des pots de vin aux fonctionnaires et aux hommes politiques pour obtenir des contrats. En 1998, ce FCPA est étendu aux entreprises étrangères et il va servir de modèle à la convention OCDE censée réprimer la corruption, notamment en matière de grands contrats.

    Le second chapitre est une batterie de lois qui criminalisent le commerce avec les États sous embargo américain. Certaines de ces lois sont bien connues, telles les lois Helms-Burton et D’Amato qui sanctionnent les entreprises commerçant avec l’Iran, Cuba, la Libye, le Soudan etc. (au total il y aura 70 embargos américains à travers le monde). En 2006, un banquier britannique, un des dirigeants de la Standard Chartered, dira : « Putains d’Américains, qui êtes-vous pour nous dire et pour dire au reste du monde que nous ne devons pas travailler avec les Iraniens ? ». Quelques années plus tard la Standard Chartered devra payer 700 millions de dollars d’amende pour avoir commercé avec l’Iran.

    Autre chapitre, une batterie de lois criminalisent le commerce avec les pays sous embargo ONU.
    Ensuite viendra le blanchiment de l’argent sale des terroristes ou des narcotrafiquants.

    Le Patriot Act, édicté en 2001 après l’attaque sur les Twin towers, sous couvert de lutte contre le terrorisme, donne des pouvoirs élargis aux différentes agences pour accéder aux différentes données informatiques.

    Enfin la loi Dodd-Frank de juillet 2010 confère à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la bourse, le pouvoir de réprimer toute conduite qui, aux États-Unis, concourt de manière significative à la commission de l’infraction, même lorsque la transaction financière a été conclue en dehors des États-Unis et n’implique que des acteurs étrangers. Cela va donc très loin.

    Cerise sur le gâteau, en 2014, le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) donne au fisc américain des pouvoirs extraterritoriaux qui contraignent les banques étrangères à devenir ses agents en lui livrant toutes les informations sur les comptes et avoirs des citoyens américains dans le monde. Si elles n’obtempèrent pas, 30 % de leurs revenus aux États-Unis sont confisqués et, plus grave encore, elles peuvent se voir retirer leur licence. Or, pour une banque, notamment les plus grandes, ne plus pouvoir travailler aux États-Unis et ne plus pouvoir compenser en dollars équivaut à un arrêt de mort. On a souvent voulu voir derrière le FATCA le moyen pour les Américains de faire enfin plier les banquiers suisses, les « gnomes de Zurich », les obliger à abandonner leur sacro-saint secret bancaire. C’est vrai… mais c’est l’arbre, moral et médiatique, qui cache la forêt. Ainsi, BNP Paribas a été contrainte de fournir dans le cadre de son amende la liste des comptes de ses clients américains et franco-américains. C’est ainsi que des personnes fort respectables, qui ont la malchance d’avoir la double-nationalité mais qui ont toujours gagné et déclaré leur argent en France, sans avoir de revenus aux États-Unis, sont sommées par l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, de fournir toutes leurs déclarations d’impôts. Si jamais elles ont payé moins en France que ce qu’elles auraient payé aux États-Unis, l’IRS leur réclame la différence. Cela s’appelle du racket.

    Avec le recul, on s’aperçoit qu’il est très difficile de contester chacune de ces mesures : Qui va s’élever contre le fait de lutter contre la corruption… ? De même qui n’est favorable à la répression des narcotrafiquants et du blanchiment de leur argent ? Il en est de même du terrorisme. C’est là toute l’habileté du projet américain théorisé en 2004 par Suzanne Nossel, laquelle a inspiré Hillary Clinton lorsque cette dernière était secrétaire d’État.

    C’est la théorie non du soft power mais du smart power, affirmation par les États-Unis d’une vision universelle au nom de leur compétence universelle.

    Les États-Unis se vivent comme le nouveau peuple élu. Leurs victoires contre les forces du mal (en 1945 contre le nazisme, plus tard contre le communisme), leurs performances économiques, témoignent de la supériorité de leur modèle. Il est donc normal que tous les autres peuples adoptent ce modèle car la globalisation implique l’uniformisation. Les États-Unis énoncent donc de grands principes, valables pour tous et que tous sont contraints de respecter à travers un arsenal juridique, à travers la puissance du dollar, à travers les technologies qui permettent de tout savoir (on pense à la NSA). Le tout, bien sûr, pour le bien commun.

    Cette compétence universelle, par définition, s’applique à toutes les activités humaines. L’offensive contre la FIFA et Sepp Blatter (et par ricochet contre Michel Platini), a été menée par les Anglo-saxons, par les Américains. Une offensive fort habile car chacun sait que la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), comme le CIO (Comité international olympique), sont des lieux où le népotisme et la corruption règnent en maîtres. Pour les Américains, il s’agit de faire exploser ce système et de le remplacer par un autre où la puissance américaine sera dominante et imposera ses règles.

    Il est très difficile de s’opposer à ce smart power, véritable idéologie qui s’appuie sur la défense des droits de l’homme, la libre concurrence non faussée, le droit des consommateurs, le droit des minorités etc.

    Cette stratégie s’appuie également sur les ONG anglo-saxonnes. Ce sont elles qui sont à l’origine de l’affaire Volkswagen. Loin de moi l’idée de défendre Volkswagen et l’industrie automobile allemande mais il est intéressant d’observer comment cette affaire s’est déroulée. Au départ, le lobby automobile européen, dominé par les industriels allemands, avait de très bonnes relations avec la Commission européenne et, évidemment, les normes de pollution et de consommation en Europe ont été fixées avec l’assentiment des constructeurs automobiles. Nous avons tous pu constater que l’affichage des consommations des véhicules ne correspond absolument pas à la réalité sur le terrain. Il se trouve que Volkswagen avait misé sur le diesel, invention essentiellement européenne, pour pénétrer le marché américain. Or, aux États-Unis, les normes anti-pollution pour le diesel sont beaucoup plus rigoureuses qu’en Europe, notamment pour les particules fines (on pourrait parler d’une norme protectionniste). Volkswagen a décidé, pour pénétrer le marché américain avec ses véhicules diesel, d’installer secrètement un logiciel fourni par Bosch. Logiciel qui permettait de masquer la réalité de émissions de particules. Ce truquage est découvert par une ONG américaine qui dévoile l’affaire en 2014 et transmet le dossier à l’agence fédérale de protection de l’environnement. C’est alors que l’affaire commence. Volkswagen, qui a effectivement triché, est piégée. Les media s’en mêlent, la machine s’emballe (48 Class actions, dans 48 États différents). La machine de guerre judiciaire américaine s’est mise en branle et le coût pour Volkswagen, indépendamment du coût pour son image, va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars. Volkswagen (tout comme sa filiale Audi) avait énormément misé sur les États-Unis : le marché américain devait être le nouvel eldorado pour le constructeur automobile allemand qui espérait s’implanter aux États-Unis, bénéficier du dollar, d’une main d’œuvre moins chère qu’en Europe pour réexporter ensuite des modèles ou des sous-ensembles sur le marché européen et sur l’Asie. Ambition que l’industrie automobile américaine, en plein renouveau, grâce aux subventions données notamment à General Motors, ne voit pas d’un très bon œil. Est-ce un hasard si l’affaire du petit logiciel de Volkswagen a émergé ? Ce qui va se passer sur l’affaire Volkswagen est important car, si les Allemands plaident coupables, ils ont cependant commis un crime de lèse-majesté début janvier en refusant aux prosecutors et aux enquêteurs américains l’accès à leurs données, notamment sur le sol allemand. En effet, quand la machine judiciaire américaine est en branle (les entreprises qui sont « passées dans la moulinette » en savent quelque chose), les enquêteurs américains déboulent et ont accès à tout, mails, documents etc. Or les Allemands, invoquant la German law, qui interdit la communication de données à des puissances étrangères extérieures à l’Union Européenne, ont refusé de donner l’accès aux documents et aux mails internes à leur siège social. Les Allemands iront-ils jusqu’au bout du bras de fer, refuseront-ils d’obéir aux injonctions de la justice américaine? Cela peut se terminer par l’obligation pour Volkswagen de fermer ses usines aux États-Unis. On est là dans un processus lourd de conséquences.

    Les États-Unis, forts de leur puissance, ont donc développé un arsenal juridique tous azimuts. Ils décident qui peut commercer avec qui. Ils peuvent décider aussi d’éliminer les concurrents. Les entreprises françaises en savent quelque chose avec l’Iran. À la différence de ce qui se passait dans les années 80-90, ils bénéficient de la position du dollar: 78 % des transactions mondiales se font en dollars et tout est compensé par les États-Unis. Comme toutes les transactions en dollars transitent par les États-Unis, toute transaction en dollars est soumise à la loi américaine. Ils ont aussi les écoutes : on a découvert que la NSA et les services américains écoutaient systématiquement tout, y compris les chefs d’État… et personne n’a protesté. Et surtout, cette extraterritorialité devient un extraordinaire business qui profite d’abord aux Américains. Les amendes proprement dites commencent à atteindre des montants conséquents. Pour les banques, le total des amendes infligées par la justice américaine est de 125 milliards de dollars, dont une bonne partie concerne les banques américaines. Mais les banques américaines ont été condamnées pour les affaires de subprimes (aucun banquier américain n’a fait de prison) tandis que les banques européennes et japonaises ont été condamnées pour avoir violé des embargos. Les banques suisses ont payé un très lourd tribut pour ne pas avoir communiqué à temps un certain nombre de données.

    On en est aujourd’hui à 35 milliards de dollars d’amendes pour les banques étrangères et une demi-douzaine de milliards de dollars pour les groupes industriels. Sur les dix premières amendes infligées, notamment pour des affaires de corruption, aux groupes industriels, neuf concernent des groupes étrangers. Le record va à Siemens (800 millions de dollars) suivi par Alstom (772 millions de dollars).

    Cet argent sert d’abord à l’auto-alimentation du système judiciaire américain (la SEC, le Trésor, le DOJ etc.) dont les coûts annexes sont considérables. Le système judiciaire américain, les centaines de milliers de lawyers des cabinets, sont embauchés par les entreprises et vivent « sur la bête ». L’argent des amendes fait donc vivre le système judiciaire américain au sens large. S’y ajoute la contestation de brevets etc. L’application de ce système de l’extraterritorialité est un formidable business qui alimente la machine judiciaire et juridique américaine.

    Les gens de BNP Paribas seront sans doute heureux d’apprendre qu’une partie de leur amende va servir à indemniser les citoyens américains qui avaient été victimes de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Plus de cinquante personnes, retenues pendant 444 jours, n’avaient jamais été indemnisées parce que, dans l’accord entre l’Iran et Ronald Reagan, l’Iran avait refusé de payer quelque indemnité que ce soit (l’une des raisons pour lesquelles les Iraniens avaient pris en otage les personnels de l’ambassade américaine était la « prise en otage » par les Américains des compte iraniens à la Chase Manhattan Bank…). Le Congrès a l’intention d’utiliser 1 à 2 milliards de dollars, pris sur l’amende de BNP Paribas, pour indemniser ces ex-otages américains.

    Plus grave : les accords que les entreprises étrangères sont contraintes de signer s’accompagnent généralement de la mise sous tutelle de fait de ces entreprises qui, de par le settlement, l’accord passé avec la justice américaine, subissent pendant six mois, un an, trois ans… la présence de contrôleurs indépendants chargés de vérifier que l’entreprise condamnée se conforme bien à toutes les règles de la compliance américaine. Alcatel Lucent avait été condamnée il y a quelques années à une amende pour corruption à propos d’affaires qui remontaient au début des années 2000 (le montant, moins important que celui infligé à Alstom, s’élevait quand même à 170 millions de dollars). Contrainte d’accepter pendant trois ans la présence d’un contrôleur indépendant, Alcatel Lucent devait lui donner toutes les informations que ce contrôleur jugeait utiles à la réalisation de sa mission. D’aucuns disent que Alcatel Lucent a été ainsi pillée pendant quelques années par la justice américaine. Les secrets de fabrication et un certain nombre de données essentielles peuvent être transférés ainsi à une puissance étrangère.
    L’extraterritorialité du droit américain permet à la puissance américaine, sur les secteurs qu’elle estime stratégiques, d’asseoir sa domination.

    Merci.

    Jean-Michel Quatrepoint (Fondation Res Publica, 1er février 2016)

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