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narcissisme - Page 2

  • Un populisme vertueux...

    Les éditions Michalon viennent de publier, dans leur collection de poche Le Bien commun, un essai de Renaud Beauchard intitulé Christopher Lasch - Un populisme vertueux. Renaud Beauchard est professeur associé à l'American University Washington College of Law à Washington.

     

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    " Peu de sujets de l'actualité contemporaine ne sauraient trouver dans l'œuvre de Christopher Lasch des explications de fond. Son analyse est d'une puissance critique inégalée parce qu'il évite l'écueil de ceux qui critiquent le capitalisme contemporain tout en présentant ses dégâts comme le prix du progrès matériel et moral. Chronique de la rencontre programmée entre la fuite en progrès, c'est-à-dire la destruction méthodique au nom du principe de plaisir de tous les piliers de l'ordre bourgeois et la rationalisation de tous les aspects de la vie par la dynamique du capitalisme, la critique du progrès de Lasch est fondée sur l'étude de la personnalité dominante produite par le capitalisme avancé : Narcisse ou le moi minimal.
    Au travers des grands thèmes qui traversent la pensée de Lasch – l'ascendance du moi narcissique, le mirage d'une « science pure de la société », la construction d'un État thérapeutique, la substitution de la méritocratie à l'idéal d'une société sans classe en tant qu'incarnation du rêve américain – l'ouvrage présente un panorama des diagnostics toujours justes de Lasch sur son temps et sur la catastrophe anthropologique du capitalisme de consommation. Il expose aussi la philosophie de l'espérance que Lasch a articulée au travers de l'exploration d'une tradition civique américaine dont la redécouverte offre des pistes au monde entier afin de faire en sorte que la volonté de construire une société meilleure demeure vivace sur les décombres encore fumants de la social-démocratie. "

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  • La culture du narcissisme...

    Les éditions Flammarion rééditent dans leur collection de poche Champs l'essai de Christopher Lash intitulé La culture du narcissisme, avec une présentation de Jean-Claude Michéa, « Pour en finir avec le XXIe siècle ». Sociologue critique américain, figure intellectuelle du populisme de gauche, mort en 1994, Christopher Lash a notamment publié La Révolte des élites (Climats, 1999) ou Le seul et vrai paradis - Une histoire de l'idéologie du progrès et de ses critiques (Flammarion, 2002). On notera qu'avant que l’œuvre de cet auteur ne soit popularisée en France par Jean-Claude Michéa, au début des années 2000, Nouvelle Ecole (n°39, 1982) a sans doute été la première revue française à traduire un de ses articles dès le début des années 80...

     

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    " La culture occidentale est en crise. Le Narcisse moderne, terrifié par l’avenir, méprise la nostalgie et vit dans le culte de l’instant ; dans son refus proclamé de toutes les formes d’autorité, il se soumet à l’aliénation consumériste et aux conseils infantilisants des experts en tout genre.
    Aujourd’hui plus que jamais, l’essai majeur de Christopher Lasch frappe par son actualité.
    Décortiquant la personnalité typique de l’individu moderne, Lasch met en lumière ce paradoxe essentiel qui veut que le culte narcissique du moi en vienne, in fine, à détruire l’authentique individualité.
    Christopher Lasch déroule le fil d’une analyse souvent subtile, nourrie de psychanalyse et de sociologie ; sa critique du mode de vie contemporain et d’une pensée de gauche complice du capitalisme est radicale, mais non sans espoir, car elle est pénétrée de la conviction que la conscience de l’histoire peut redonner du sens à un monde qui n’en a plus. "

     
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  • Vous avez aimé le politiquement correct ? Vous allez adorer le narcissisme moral !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Gérald Olivier, cueilli sur Atlantico et consacré au règne du narcissisme moral...

     

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    Vous avez aimé le politiquement correct ? Vous allez adorer le narcissisme moral

    Voici près de quarante ans, dans un brillant essai, l’historien américain Christopher Lasch inventait l’expression "culture du narcissisme" au sujet des "babyboomers"  (les Américains nés entre 1940 et 1965). Paru en 1979, son  texte examinait les ressorts de la société de consommation – l’acte d’achat est un acte narcissique – ainsi que le comportement des enfants de l’après-guerre, génération nantie qui avait voulu changer le monde avant de se lancer dans une quête du bien-être personnel.  

    Pour résumer (schématiquement) son argument, Lasch voyait dans la société de consommation et la culture du "développement personnel" (yoga, bouddhisme, bien être, jeunisme, libération sexuelle, etc)  en plein essor depuis les années soixante, l’expression d’un besoin quasi pathologique d’affirmation et de reconnaissance personnelles au sein d’une société de masse ayant réduit la "poursuite du bonheur" à la satisfaction immédiate de pulsions sans limites. L’effondrement de la structure familiale avait favorisé cette affirmation de l’individu, tout en le rendant plus fragile, de par son isolement.

    Le rejet des valeurs traditionnelles, avait interrompu la transmission des croyances et des savoirs d’une génération à l’autre, coupant le lien avec le passé comme avec l’avenir, et condamnant la jeunesse au culte de l’instant présent, au vide moral et à l’errance spirituelle. 

    Près de trente ans après, la thèse de Christopher Lasch reste d’actualité.  L’avènement des hautes technologies n’a servi qu’à accentuer certains traits d’alors. Les "selfies", les réseaux sociaux et les émissions de téléréalité ne sont que les manifestations contemporaines de cette volonté éperdue d’affirmation de soi, dans un monde encore plus dénué de repères par le relativisme et le multiculturalisme triomphants. 

    La génération du baby-boom est, elle aussi, toujours-là. Certes ses tenants  en sont à l’automne de leur vie – ils ont entre 50 et 75 ans -  mais leur influence reste déterminante car ils sont au sommet de la pyramide économique et sociale. La "culture du narcissisme" n’a donc pas disparue. Au contraire. Elle a même pris une nouvelle dimension que l’essayiste  américain R.L. Simon qualifie de  "narcissisme moral", et dont il dénonce les méfaits dans son essai décapant,  paru cet été aux Etats-Unis, "I know Best". ("I know Best : How moral narcissism is destroying our Republic if it hasn’t already", Encounter Books)

    Pour Roger Lichtenberg Simon, éditorialiste politique, romancier et scénariste hollywoodien, le "narcissisme moral" est la conviction revendiquée d’œuvrer pour le bien d’autrui et du monde. Il s’exprime dans le titre du livre "I Know Best". C’est le fait d’être persuadé de savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux et de vouloir le leur imposer. Motivé par un généreux sentiment de justice sociale, il se manifeste par une éternelle volonté de faire le bien… Et si l’intention est bonne, l’acte qu’elle engendre devient inattaquable. La fin justifie les moyens disaient les bolchéviques. Le problème est que,  comme le dit le proverbe, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et  justement,  les "narcissistes moraux" nous entrainent tout droit vers cet enfer.

    Le "narcissisme moral" n’est que le dernier avatar du "politiquement correct", et de la "pensée unique", les deux piliers de la conscience de gauche. D’une part, un discours codifié faisant de la liberté d’expression une farce. D’autre part l’inébranlable conviction que les "droits de l’homme" (l’expression anglaise de "human rights" étant fortuitement dénuée de la connotation sexiste de son équivalente française) sont l’aboutissement ultime de l’évolution de l’espèce et constituent une  philosophie de vie à vocation universelle. 

    Bref, le "narcissisme moral" n’est que le dernier nom donné à la dictature de la pensée instaurée par les bonnes consciences de gauche depuis un demi-siècle. Il a la particularité de réduire une personne à ses idées. Pas à ses actes. Vouloir le bonheur de l’humanité fait de soi quelqu’un de bien. Prétendre ne pas s’en soucier vous transforme en paria. 

    Ses tenants sont légions à Washington, où ils hantent les couloirs, et surtout les alentours, du Congrès. Ils sont à la tête des grandes universités et des principaux médias américains. On les croise aussi à Hollywood. Ils ont pour chef de file Barack Obama et Hillary Clinton, mais ils se reconnaissent aussi dans des stars hollywoodienne comme Léonardo di Caprio et Susan Sarandon, le cinéaste engagé Michael Moore, ou  le journaliste Sidney Blumenthal… 

    Le narcissisme moral affecte tous les aspects du débat politique et culturel aux Etats-Unis (et par extension, en occident) : du réchauffement climatique à la lutte contre l’Etat Islamique en passant par les relations raciales, l’immigration et le droit de port d’armes. 

    Pour étayer son analyse R.L. Simons revient entre autres sur le sujet du réchauffement climatique. Particulièrement emblématique. 

    Parce qu’il ne peut exister d’objectif plus généreux et plus noble que de sauver la planète et l’humanité, le narcissisme moral affirme naturellement qu’il convient de lutter, par tous les moyens, contre ce réchauffement, même si sa réalité est contestable, son origine indéterminée et ses conséquences largement inconnues.  Voici, en effet, un phénomène qui n’a jamais été démontré scientifiquement; un phénomène dont les principales données sont des "projections", et non des "faits observés" ; un phénomène dont les conséquences tiennent au domaine de la spéculation ; mais surtout voici un phénomène qui a été globalement accepté et contre lequel il n’est plus possible de s’exprimer sauf à subir l’opprobre collectif.

    Le réchauffement climatique fait l’objet d’un consensus qui n’admet aucune opposition. Le contester équivaut à exprimer son dédain pour le bien être de l’humanité et vous expose à être mis à son ban. Au point d’ailleurs, observe R.L. Simon, qu’au cours des deux dernières décennies, qui ont vu l’émergence de ce consensus, on a assisté à deux glissements sémantiques révélateurs. Dans un premier temps, ceux qui contestaient la réalité du phénomène étaient qualifiés dans les médias de "climat-sceptiques". Aujourd’hui on les appelle en anglais les "climate-deniers", c’est-à-dire les "négationnistes du climat". Ce qui les range dans la même catégorie que les néo-nazis niant l’holocauste ! Dans le même temps, et face à la multiplication de phénomènes dépassant le cadre d’une simple hausse des températures, la presse s’est mise à parler de "dérèglement climatique" (en anglais "climate change", sans préciser la nature du changement). Comme quoi le narcissisme moral a la double faculté de tuer le débat et de s’abstraire des faits. Encore une fois, seules les intentions comptent. 

    L’enjeu du climat c’est la survie de l’espèce humaine, il ne peut y avoir de question plus importante. Tout le monde applaudit Leonardo di Caprio quand il sillonne la planète pour dénoncer les méfaits des émissions de CO2. Même si, le faisant à bord de son jet privé, et non d’une compagnie aérienne, il contribue lui-même à augmenter ces émissions… L’ acteur et "éco-guerrier" est lui-même pollueur, mais qu’importe, c’est l’intention qui compte. Personne ne trouve rien à redire non plus quand le président des Etats-Unis, Barack Obama, et tous les candidats à sa succession (sauf Donald Trump, ndla) affirment comme un seul homme que le réchauffement climatique est le plus important défi de la politique étrangère américaine… Alors même que le climat n’a encore fait aucune victime, mais que les guerres au Moyen-Orient, en Afrique  et jusqu’au cœur de l’Europe en font des centaines, voire des milliers tous les jours… 

    R.L Simon revient aussi sur le traitement de la question de l’islam par le narcissisme moral. Il s’interroge en particulier sur l’absence de débat médiatique et universitaire autour de la religion musulmane, alors que les évènements des 20 dernières années et l’émergence d’actes d’une barbarie atroce de la part de l’Etat Islamique, justifieraient au contraire une étude approfondie. Mais voilà,  au nom de la lutte contre "l’islamophobie" les tenants du "narcissisme moral" empêchent que la question ne soit abordée. Le président Barack Obama lui-même refuse de parler de "terrorisme islamique" mais convoque des sommets sur "les violences extrémistes" (c’était en février 2015) où il fustige les chrétiens pour les croisades de l’an mille… Ce qui tient à la fois de l’équivalence morale douteuse et du non-sens historique.

    Mais qu’importe ! Personne ne lui en tient rigueur. Comment cela serait-il possible ? Barack Obama est la personnification du narcissisme moral triomphant. Sa volonté de changer le monde et le simple fait de dire "c’est possible" (Yes We Can) ont suffi à faire de lui le leader de cette génération. Car, encore une fois, seules les intentions comptent. En 2008, il personnifiait "l’Espoir" (Hope), avec une majuscule mais sans précision quant à la nature de cet espoir. Il était aussi "le reflet flatteur de cette génération". Nombre d’Américains (et beaucoup d’autres par-delà le continent) aimaient l’image qu’il leur renvoyait d’eux-mêmes, (au contraire d’un Bush, ou d’un Romney). Au soir de son élection écrit R.L. Simon "Narcisse était sur scène et dans la salle".

    Huit ans plus tard, Narcisse a pris des rides et des cheveux gris. Mais ses convictions n’ont jamais vacillé. Même si les évènements ont, à maintes reprises, démontré les errements du président américain –son soutien aux Frères Musulmans et à Mohamed Morsi en politique étrangère et les difficultés de sa réforme de santé en politique intérieure – lui-même n’a pas changé ses positions d’un iota. Une inflexibilité qui explique en partie la stérilité de ses deux mandats. Mais c’est le propre du narcissisme moral que d’être persuadé de savoir mieux que les autres. "I know best".

    Gérald Olivier (Atlantico, 2 septembre 2016)



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  • Une société de narcissiques immatures...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à notre société qui voit le politique s'effacer au profit de l’émotionnel, du compassionnel ou du thérapeutique ...

     

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    « Le contrôle hygiéniste est le début du contrôle social »

    « Bouffe tes cinq fruits et légumes par jour », « Fais du sport », « Arrête de fumer », « Bois un verre mais pas deux », « Mets ta ceinture au volant », « Ne mange pas trop gras », « Fais du tri sélectif »… Après « Big Brother », « Big Mother » ?

     

    À partir du XIXe siècle, l’État-providence s’est progressivement mis en place pour suppléer à la disparition des solidarités organiques et communautaires dissoutes par la montée de l’idéologie individualiste. Il se transforme aujourd’hui en « État thérapeutique », pour reprendre une expression utilisée notamment par Christopher Lasch. Cet État thérapeutique se définit comme une alliance malsaine de la médecine et de l’État qui permet toutes sortes d’entraves injustifiées à la liberté. L’autorité se fait de plus en plus maternante, mais à la façon d’une mère possessive, désireuse de maintenir ses sujets dans la dépendance. La relation unilatérale avec l’État remplace les anciens liens sociaux. Le contrôle hygiéniste est le début du contrôle social. La médecine devient elle-même totalitaire quand elle participe du contrôle des populations.

     

    Le type humain dominant est aujourd’hui celui du narcissique immature, pour qui il n’existe d’autre réalité que lui-même et qui veut avant tout satisfaire ses pulsions. Ce type infantile, d’orientation tout naturellement libérale-libertaire, consonne parfaitement avec un système qui, comme le disait Marx, a tout noyé « dans les eaux glacées du calcul égoïste ». Il en découle une civilisation thérapeutique centrée sur le moi. Pierre Manent dit très justement que le libéralisme est d’abord un renoncement à penser la vie humaine selon son bien ou selon sa fin.

     

    Dans une société où règne l’industrie du divertissement, où personne ne s’interroge plus sur le sens de sa présence au monde, le soin de soi devient l’alpha et l’oméga de la raison d’être. Il ne s’agit plus seulement d’être en bonne santé, mais d’être « bien dans sa peau » pour oublier sa finitude. En attendant l’immortalité en ce bas monde, un rêve de jeunesse éternelle domine chez des individus qui, n’étant jamais devenus adultes, conçoivent la vie comme une fusion maternelle à laquelle aucun ordre symbolique n’a mis fin, et vivent dans une culture de l’instant ayant évacué tout sens de la continuité historique. La société s’organise alors selon le principe de la rivalité mimétique, d’une rivalités d’egos – en termes freudiens, des Moi débarrassés à la fois du Ça et du Surmoi -, tous persuadés d’être au centre du monde, ce qui ne peut que favoriser la lutte de tous contre tous.

     

    Plus profondément, qu’est-ce que cela veut dire ?

     

    La tendance est à la « psychologisation » des problèmes politiques et sociaux. La montée de l’insécurité devient un « problème de société », le chômage un « malheur individuel », l’immigration de masse un « drame humain » (auquel le « vivre ensemble » remédiera). On escamote ainsi le caractère éminemment politique des problèmes et les responsabilités qui vont avec. Il n’y a plus d’exploités, mais seulement des « malheureux », des « victimes », des « plus démunis », etc., qui n’expriment que des « plaintes contre inconnu ».

     

    Plutôt que de mettre en lumière les modes d’aliénation propres au système dominant, on fait appel à des « cellules de soutien psychologique » chargées de remédier au « mal-être ». La montée de l’émotionnel et de l’idéologie de la compassion va de pair avec la glorification libérale de la sphère privée. La diffusion des modes de pensée thérapeutique marginalise la famille et l’école tout en laissant intact le processus de domination. La propagande de la marchandise n’émancipe des anciennes formes d’autorité que pour mieux assujettir au conditionnement publicitaire. Le sociétal remplace ainsi le social, le libéralisme culturel permettant de mieux faire passer les dégâts causés par le libéralisme économique.

     

    Tout désir matériel ou affectif est immédiatement transformé en « droit ». Dans le système capitaliste, la volonté de suraccumulation se nourrit de cette illimitation du désir. L’extension de la logique marchande implique donc la destruction de tout ce qui peut ralentir le désir d’avoir et inciter au désintéressement. Comme l’écrit Jean Vioulac : « L’avènement de la société de consommation impose la dissolution de tout ce qui serait susceptible de freiner l’achat de marchandises, et donc l’abolition de toute loi morale réprimant la satisfaction immédiate du désir. Le libéralisme, en tant qu’il se définit par l’exigence de la dérégulation et de la désinstitutionnalisation de toutes les activités humaines, est le projet politique de démantèlement complet de l’ordre de la loi, et en cela un des plus puissants moteurs du nihilisme. »

     

    Au fil des années, on a voulu nous coller la trouille avec le péril bolchevik, la menace lepéniste, le raz-de-marée islamiste et, désormais, le terrorisme et le réchauffement climatique. Et vous, Alain de Benoist, de quoi avez-vous peur ?

     

    Vous vous souvenez sans doute de ce qu’écrit Beaumarchais dans Le Barbier de Séville : « Quand on cède à la peur du mal, on ressent déjà le mal de la peur. » La peur étant mauvaise conseillère, je crois qu’il faut surtout avoir peur des peurs des autres. Personnellement, je n’ai cessé de souffrir de la bêtise de la droite et du sectarisme de la gauche. Selon les jours, c’est l’une ou l’autre qui m’inquiète le plus. Mais je n’aime pas non plus les « petites brutes » dont parlait Bernanos. Ceux qui se flattent de ne jamais rien donner aux mendiants, et qui ne se font qu’une idée haineuse de la politique. La sensibilité est à la fois le contraire de la dureté de cœur et de la sensiblerie.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 28 mai 2015)

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  • Usage de faux...

    Les éditions de Fallois publient cette semaine Usage de faux, un roman de Claude Durand. Éditeur de Soljenitsyne, Claude Durand est également l'auteur de plusieurs romans, dont certains à clefs se déroulant dans le milieu de l'édition et de la politique. Pas sûr que Marek Halter apprécie celui-ci...

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    " Le succès de librairie d'Abraham Gold passe toutes les espérances... Mais, au faîte d'une renommée usurpée, devenu sa propre marque, il en use et abuse, se transforme en gourou à barbe et cheveux teints, introduit partout, se servant de tous et de chacun, jusqu'à ce que l'énigme de ses vraies origines vienne incidemment à se poser : n'a-t-il pas menti depuis le début sur sa biographie ? Tour à tour burlesque et cruel, ce roman carnavalesque - toutes et tous y portent des masques -, parcouru en permanence par la quête fébrile du paraître, reflète la face grimaçante et grimée d'un milieu qui a irrévocablement renoncé à sa raison d'être pour assouvir son narcissisme pathologique et un goût éperdu du lucre. À partir de la mise en scène de ce microcosme, c'est toute une culture de l'imposture contemporaine qui se révèle. Le lecteur en conviendra : une fiction sur l'usage du faux ne peut que contenir un fond de vérité. "

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  • L'enfant marchandise...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Tony Anatrella, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la question du droit à l'enfant pour les couples de lesbiennes... Tony Anatrella est psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale et est l'auteur de plusieurs essais marquants comme Non à la société dépressive (Flammarion, 1997) ou La différence interdite - Sexualité, éducation, violence trente ans après 1968 (Flammarion, 1998) ou, plus récemmen,t Mariages en tous genres (L'échelle de Jacob, 2014).

     

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    L'enfant marchandise

    Le tribunal de grande instance de Versailles a refusé, en avril dernier, à deux duos de femmes l’adoption de l’enfant par la partenaire respective de la mère dite biologique. Les juges ont rejeté ces demandes en considérant qu’une PMA réalisée à l’étranger constituait une « fraude à la loi » puisque, en France, elle est uniquement réservée au couple formé par un homme et une femme souffrant d’infertilité. La loi du “mariage pour tous” ne change rien à l’affaire. La filiation reste ainsi en lien avec un couple générationnel fondé sur l’altérité sexuelle et sur le lien de cohérence et de vérité entre l’exercice de la sexualité d’un homme et d’une femme et l’engendrement.

    Les associations LGBT ont repris leurs slogans habituels, qui empêchent toute réflexion salutaire, en taxant les juges « d’homophobes ». Évidemment, à chaque fois, ce sont des arguments larmoyants qui sont invoqués pour veiller au prétendu intérêt de l’enfant en cas de séparation de ces femmes ou du décès de l’une d’elles. Les émotions sont exploitées contre une raison éclairée, alors que l’intérêt de l’enfant est de naître et de se développer entre père et mère.

    Depuis quelques années, des femmes tentent de contourner la loi en allant à l’étranger pour obtenir un enfant puis, de retour en France, de faire légitimer leur manipulation en trompant la société, et surtout l’enfant, qui, lui, est sans père et sans origine. Cette manœuvre perverse en dit long sur la façon d’instrumentaliser l’enfant et de le concevoir dans la transgression et la non-transmission. Les juges ont ici appliqué la loi malgré les avocats, qui en appellent à la justice européenne. Les États de l’Union doivent se faire de plus en plus vigilants à l’égard des décisions des juges de la Cour européenne des droits de l’homme, qui, passant outre les lois des pays membres, se donnent le droit de les revisiter au nom de “l’égalité”. Mais de quelle égalité s’agit-il ? Certainement pas celle de la Déclaration de 1948. Si nous sommes tous égaux en dignité, toutes les situations ne sont pas égales. Comment peut-on établir une égalité de filiation entre un enfant conçu par un homme et une femme, et un enfant “fabriqué” de façon contestable pour être ensuite partagé sans père dans le miroir du même et du semblable ?

    La loi du “mariage pour tous” a créé dans la société une fracture sociale et une confusion psychique sur le sens du couple générationnel et de la filiation. Parler ici de “couples” de femmes, “d’épouses” et de “mères” montre que l’on ne sait plus de quoi l’on parle en attribuant à un duo de même sexe les caractéristiques empruntées par mimétisme au couple formé par un homme et une femme. Ces derniers étant les seuls à former un couple et une famille, même si la loi civile ose dire le contraire. L’un comme l’autre sont de structures différentes, et voler le vocabulaire de l’un pour l’adapter à l’autre est une duperie psychologique et sémantique. J’ai souvent repris la formule de Camus à ce sujet qui affirme que « mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ». La loi civile est ainsi un facteur de pathologies sociales qui nous conduisent à la violence.

    En réalité nous assistons à une manigance qui consiste à valider l’idée que l’enfant peut se “faire” sans sexe, puisque deux personnes de même sexe en sont incapables. En effet, on ne conçoit un autre qu’avec un autre et non pas avec du même. Il faut donc forcer la réalité pour montrer qu’il y a d’autres voies possibles et qu’il revient à chacun, selon les concepts du genre, de se construire soi-même et d’inventer la famille. De cette façon, à l’image des tribus anciennes qui, faute d’avoir une progéniture pour se survivre, pratiquaient le rapt des enfants, nous réactualisons le même phénomène par la “prise” de produits biologiques masculins pour se donner une filiation narcissique. On s’étonnera par la suite que, dans cette confusion psychologique et sémantique, des adultes s’engagent dans la recherche de leur origine à travers la généalogie et tentent de résoudre leurs troubles de la filiation. Le rapt des enfants au nom de l’unisexualité nous plonge au cœur du déni de ce qui nous humanise.

    Tony Anatrella (Valeurs actuelles, 10 juin 2014)

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