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L'enfant marchandise...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Tony Anatrella, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la question du droit à l'enfant pour les couples de lesbiennes... Tony Anatrella est psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale et est l'auteur de plusieurs essais marquants comme Non à la société dépressive (Flammarion, 1997) ou La différence interdite - Sexualité, éducation, violence trente ans après 1968 (Flammarion, 1998) ou, plus récemmen,t Mariages en tous genres (L'échelle de Jacob, 2014).

 

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L'enfant marchandise

Le tribunal de grande instance de Versailles a refusé, en avril dernier, à deux duos de femmes l’adoption de l’enfant par la partenaire respective de la mère dite biologique. Les juges ont rejeté ces demandes en considérant qu’une PMA réalisée à l’étranger constituait une « fraude à la loi » puisque, en France, elle est uniquement réservée au couple formé par un homme et une femme souffrant d’infertilité. La loi du “mariage pour tous” ne change rien à l’affaire. La filiation reste ainsi en lien avec un couple générationnel fondé sur l’altérité sexuelle et sur le lien de cohérence et de vérité entre l’exercice de la sexualité d’un homme et d’une femme et l’engendrement.

Les associations LGBT ont repris leurs slogans habituels, qui empêchent toute réflexion salutaire, en taxant les juges « d’homophobes ». Évidemment, à chaque fois, ce sont des arguments larmoyants qui sont invoqués pour veiller au prétendu intérêt de l’enfant en cas de séparation de ces femmes ou du décès de l’une d’elles. Les émotions sont exploitées contre une raison éclairée, alors que l’intérêt de l’enfant est de naître et de se développer entre père et mère.

Depuis quelques années, des femmes tentent de contourner la loi en allant à l’étranger pour obtenir un enfant puis, de retour en France, de faire légitimer leur manipulation en trompant la société, et surtout l’enfant, qui, lui, est sans père et sans origine. Cette manœuvre perverse en dit long sur la façon d’instrumentaliser l’enfant et de le concevoir dans la transgression et la non-transmission. Les juges ont ici appliqué la loi malgré les avocats, qui en appellent à la justice européenne. Les États de l’Union doivent se faire de plus en plus vigilants à l’égard des décisions des juges de la Cour européenne des droits de l’homme, qui, passant outre les lois des pays membres, se donnent le droit de les revisiter au nom de “l’égalité”. Mais de quelle égalité s’agit-il ? Certainement pas celle de la Déclaration de 1948. Si nous sommes tous égaux en dignité, toutes les situations ne sont pas égales. Comment peut-on établir une égalité de filiation entre un enfant conçu par un homme et une femme, et un enfant “fabriqué” de façon contestable pour être ensuite partagé sans père dans le miroir du même et du semblable ?

La loi du “mariage pour tous” a créé dans la société une fracture sociale et une confusion psychique sur le sens du couple générationnel et de la filiation. Parler ici de “couples” de femmes, “d’épouses” et de “mères” montre que l’on ne sait plus de quoi l’on parle en attribuant à un duo de même sexe les caractéristiques empruntées par mimétisme au couple formé par un homme et une femme. Ces derniers étant les seuls à former un couple et une famille, même si la loi civile ose dire le contraire. L’un comme l’autre sont de structures différentes, et voler le vocabulaire de l’un pour l’adapter à l’autre est une duperie psychologique et sémantique. J’ai souvent repris la formule de Camus à ce sujet qui affirme que « mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde ». La loi civile est ainsi un facteur de pathologies sociales qui nous conduisent à la violence.

En réalité nous assistons à une manigance qui consiste à valider l’idée que l’enfant peut se “faire” sans sexe, puisque deux personnes de même sexe en sont incapables. En effet, on ne conçoit un autre qu’avec un autre et non pas avec du même. Il faut donc forcer la réalité pour montrer qu’il y a d’autres voies possibles et qu’il revient à chacun, selon les concepts du genre, de se construire soi-même et d’inventer la famille. De cette façon, à l’image des tribus anciennes qui, faute d’avoir une progéniture pour se survivre, pratiquaient le rapt des enfants, nous réactualisons le même phénomène par la “prise” de produits biologiques masculins pour se donner une filiation narcissique. On s’étonnera par la suite que, dans cette confusion psychologique et sémantique, des adultes s’engagent dans la recherche de leur origine à travers la généalogie et tentent de résoudre leurs troubles de la filiation. Le rapt des enfants au nom de l’unisexualité nous plonge au cœur du déni de ce qui nous humanise.

Tony Anatrella (Valeurs actuelles, 10 juin 2014)

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