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multiculturalisme - Page 3

  • L’héroïsme de pacotille des nouvelles égéries progressistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Anne-Sophie Chazaud, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux égéries du progressisme, vendues et sur-vendues par les médias du système... Philosophe et haut fonctionnaire, Anne-Sophie Chazaud est l'auteur d’un livre à paraître aux éditions du Toucan consacré à la liberté d’expression.

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    L’héroïsme de pacotille des nouvelles égéries progressistes

    Elles s’appellent Greta Thunberg, Carola Rackete, Megan Rapinoe… Elles circulent avec aisance à travers les airs, les routes et les océans dans un monde qui, d’une certaine manière, leur appartient, afin d’y répandre la bonne parole. Elles font la une des médias, sont portées au firmament par les faiseurs d’opinion «progressistes» (autoproclamés tels), figures de proue de quelqu’improbable armada de la post-modernité bien-pensante. Elles jouent au foot, empochent de prestigieux trophées, pilotent des navires, bravent supposément les interdits, défient les puissants de la planète (surtout occidentale, c’est moins risqué) en décelant paraît-il le CO2 à l’œil nu, alertant sans relâche sur les dangers du réchauffement climatique, du sexisme, de l’homophobie, du racisme atavique de l’homme blanc ou de quelqu’autre grande cause à la mode…

    Ces figures portent des combats, des convictions, qui sont celles du camp du Bien à l’ère politiquement correcte et c’est leur droit le plus absolu: abolition des frontières, écologie, néo-féminisme, luttes pour les minorités, multiculturalisme, rien ne manque et toutes les panoplies du combat sociétal sont représentées comme à la parade.

    Pourtant, si ces égéries sont, pour la plupart, dotées de compétences et de personnalités particulières, ce qui les a conduites là où elles sont, les modalités de leurs interventions et leurs prises de position semblent, sous couvert d’impertinence, bien conventionnelles et bien peu audacieuses au regard de la morale ambiante et dominante dont elles ne font que répandre docilement les poncifs.

    Dans un discours halluciné prononcé lors du retour victorieux de l’équipe américaine de football dont elle est la capitaine, à New York ce 10 juillet, Megane Rapinoe a probablement, en plus de son trophée sportif, remporté également celui de la célébrité progressivo-compatible ratissant le plus large, afin de ne laisser échapper aucune miette de cet indigeste gâteau revendicatif. Celle qui s’était distinguée en déclarant avec subtilité qu’elle ne se rendrait pas à «la putain de Maison Blanche» dans un grand moment d’élégance (qui n’a pas été du goût de nombreux Américains) ou qui refuse ostensiblement de chanter l’hymne national, n’est jamais en reste pour adopter les postures les plus donneuses de leçons possibles: invitant tel un télévangéliste chacun à «être meilleur» (au football?), la joueuse de Seattle, solidement campée sur ses petits crampons, n’hésite pas à prendre à tous propos son bâton de pèlerin pour défendre tout à trac les homosexuels (dont on ignorait qu’ils étaient encore institutionnellement persécutés aux États-Unis), les différentes communautés qui sont autant de gruyères dans lesquels faire des trous d’un marché lucratif, pour fustiger les bases naturellement perverses et pourries de son pays, et autres combats ou nobles causes se découvrant à marée basse.

    On peut toutefois s’interroger sur le niveau réel de bravoure que cela requiert pour quelque star que ce soit de s’opposer publiquement au président Trump et de relayer en battant sa coulpe le sanglot de l’homme blanc. Cette hostilité affichée ne constitue-t-elle pas au contraire un passage obligé? N’est-ce pas plutôt l’inverse qui serait particulièrement dangereux et risqué? Imagine-t-on le traitement médiatique et la popularité d’une quelconque célébrité se déclarant ouvertement pro-Trump ou hostile aux vagues migratoires incontrôlées, ou considérant que les combats sociétaux ont été assez loin et qu’il est peut-être temps de cesser d’hystériser et d’exacerber les revendications minoritaristes? Celle-ci récolterait sur-le-champ l’opprobre et sa carrière serait barrée. L’originalité, la transgression de ces postures vindicatives, le grand frisson de l’interdit bravé qu’elles représentent sont de pure façade et masquent la vacuité d’un système qui s’autopromeut complaisamment. Ces postures constituent à la fois la bibliothèque rose de l’engagement public mais aussi l’indispensable sésame pour recueillir la précieuse onction médiatico-mondaine laquelle n’est, comme chacun sait, pas décernée par l’électorat populaire de Donald Trump.

    Dans un autre style, la jeune (et légèrement inquiétante) Greta Thunberg, manifestement échappée de quelque thriller scandinave, n’est pas en reste, sillonnant l’espace européen pour sensibiliser les grands de ce monde quant aux méfaits du réchauffement climatique. Elle-même fait d’ailleurs l’objet d’une évidente instrumentalisation de la part de son entourage et de certains militants écologistes et investisseurs experts en greenwashing qui la poussent ainsi sous les feux des projecteurs, sans souci de préserver sa jeunesse ou son évidente fragilité. On peut pourtant se demander si se placer ainsi du point de vue de la jeunesse pour interpeller des adultes dont on postule a priori qu’ils sont fautifs, inconscients et irresponsables est si audacieux, si risqué, si dangereux, si anticonformiste, dans une société où les parents sont systématiquement culpabilisés, où toute forme d’autorité et d’expertise dans la prise de décision est contestée, comme le démontre par exemple la logique théorique inhérente à la récente loi dite «anti-fessée» laquelle vient, précisément, de l’exemple (pourtant désormais contesté) de la Suède qui fut naturellement précurseuse en la matière. L’infantilisation du combat social et l’infantilisme sociétal vont main dans la main depuis une bonne quarantaine d’années: pour l’audace, la nouveauté et la disruption, il faudra donc repasser.

    Carola Rackete, quant à elle, médiatique capitaine allemande du navire «humanitaire» Sea Watch, qui a accosté de force à Lampedusa avec l’onction de toute la bien-pensance européenne, ne prend pas non plus grands risques à relayer la ligne autoritaire et dominante imposée par exemple par le Traité de Marrakech ou par la vulgate libre-échangiste en matière d’acceptation de l’immigration non maîtrisée. C’est contester cette dernière qui constitue une prise de risque au regard de la morale ambiante. S’opposer théâtralement à Matteo Salvini est le plus sûr moyen de se notabiliser, de s’attirer les sympathies du camp progressiste, d’en recueillir là encore l’onction et la reconnaissance. C’est la garantie d’une carrière médiatique assurée. Peu importe que cela se fasse en surfant sur le business des passeurs et autres trafiquants de chair humaine et de main-d’œuvre à bas coût: tous les moyens seront bons pour asseoir la vulgate en vogue et le marché qui l’accompagne.

    Le «progressisme» on le sait fonctionne par oppositions binaires et manichéennes entre le Bien et le Mal. Ce paradigme permet une simplification du débat public mais aussi une stigmatisation prompte de ceux dont on disqualifiera ainsi les points de vue déviants. Cette partition sommaire entre les «déplorables» (comme les avait nommés sans vergogne Hillary Clinton) et les fréquentables se reflète aussi dans le schématisme caricatural de ces égéries, lesquelles finissent par conséquent par ressembler plutôt à des produits marketing. Les marchés de niche des Social Justice Warriors ont tendance à créer des combattants qui s’apparentent in fine plutôt à des têtes de gondoles. Gageons donc qu’elles seront pareillement remplaçables, au gré des évolutions du marché de la revendication, ou en fonction de l’air du temps.

    Anne-Sophie Chazaud (Figaro Vox, 15 juillet 2019)

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  • L'Union européenne, cette maison sans âme...

    Le numéro 20 du mensuel conservateur L'Incorrect est arrivé en kiosque. On peut découvrir à l'intérieur un dossier consacré à l'Union européenne dans lequel on trouvera, notamment des entretiens avec Paul-Marie Coûteaux, Thierry Mariani et Théo Francken, ainsi que les rubriques habituelles "L'époque", "Politique", "Reportages", "Monde" "Essais" et "Culture"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • L'empire du politiquement correct...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Mathieu Bock-Côté intitulé L'empire du politiquement correct. Québécois, Mathieu Bock-Côté est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais comme Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016) ou Le nouveau régime (Boréal, 2017).

     

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    " Le philosophe québécois, pourfendeur du multiculturalisme, interroge ici le politiquement correct, la pensée unique et l'empire auto-consacré du Bien.

    Et si nous lisions l'actualité du monde à l'envers ? Et si la bienpensance n'était pas l'antidote mais la cause de la crise que traversent les démocraties occidentales ? Et si, par-delà les colères sociales, les silences qu'une minorité impose à la majorité alimentaient la contestation populaire ?
    En observateur averti et en penseur accompli, Mathieu Bock-Côté décrypte ici les lois explicites et implicites qui régentent la vie publique. Il passe au crible les critères de la respectabilité politique. Il analyse le traitement médiatique réservé à un Alain Finkielkraut, un Michel Onfray ou encore un Éric Zemmour en France, mais s'intéresse aussi à la régression de la liberté d'expression dans le monde anglo-saxon. Qu'est-ce qui distingue un infréquentable d'un modéré, un extrémiste d'un humaniste, un analyste d'un polémiste ? La conversation civique est mise à mal, ce qui n'est pas sans effet sur le clivage traditionnel entre la droite et la gauche en plus d'alimenter ce qu'on appelle la révolte populiste.
    Après avoir brillamment révélé les failles et les faillites du multiculturalisme, Mathieu Bock-Côté revient avec un maître-ouvrage sur le grand malaise démocratique d'aujourd'hui où le politiquement correct a remplacé la censure d'hier. "

     

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  • Le progrès, une idéologie d’avenir ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son blog et consacré à l'idéologie du progrès, qui se trouve au cœur de la doctrine politique d'Emmanuel Macron. Économiste de formation, vice-président de Géopragma, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    Le progrès, une idéologie d’avenir ?

    Enrôler le progrès à son usage unique ; c’est la grande idée politique d’Emmanuel Macron. Le combat entre progressistes et conservateurs remplacerait le débat entre droite et gauche.Vieillie, dépassée, la confrontation entre socialistes et libéraux ferait place à une confrontation entre l’avenir et le passé, ceux qui avancent et ceux qui bloquent, la lumière et la nuit. On croirait entendre Jack Lang en 1981… Le simplisme a une force politique. L’avenir, qui est contre ?

    La pertinence de l’opération pose pourtant question. Car tout se complique dès qu’il s’agit de définir le progrès dont l’avenir doit être porteur, cette valeur supposée positive, à laquelle s’oppose le conservatisme, si aisément jugé négatif. Sauf qu’il n’est pas certain que le progrès, celui que désignent les progressistes, soit exactement le futur ; de même qu’il n’est pas certain que la volonté de conserver, attribuée aux opposants, s’enlise dans le passé. Et si c’était le contraire ? Et si « je maintiendrai » était la formule révolutionnaire du futur ?

    La belle route du progrès

    L’avenir tel que La République en Marche veut y conduire la France a été écrit en 1990. Libre échange, entreprises mondiales, sociétés multiculturelles, règne du droit et uniformisation du monde sur le modèle américain. La chute de l’empire soviétique promettait l’union planétaire, la démocratie mondiale, et le libéralisme devenait la seule politique possible. C’était la fin de l’histoire, qui s’en souvient ?

    Le libre-échange allait bénéficier à tous ; d’ailleurs, aucun économiste ne peut être protectionniste, affirmaient doctement des experts payés pour leurs discours par les banques et les fonds d’investissement. Les multinationales avaient carte blanche ; délocaliser, c’était l’avenir ! Les leçons du XXe siècle étaient tirées ; le nationalisme c’est la guerre, et la Nation, dans ses frontières, était une forme politique dépassée. Le sort des peuples européens se confondait avec l’intégration de l’Europe. L’euro devait donner à l’Europe sa forme fédérale, appelée à attirer toutes les Nations.

    La société multiculturelle était l’avenir ; elle abolit les frontières ; elle ne connaît la diversité qu’individuelle, et elle nous promet la paix et l’amitié entre tous les hommes unis par le commerce. Ils ne formeront plus des peuples, mais une humanité dans laquelle tous font valoir les mêmes droits, partagent les mêmes désirs, bref, deviennent les mêmes. La croissance allait sauver le monde ; la Chine marchait vers la démocratie à mesure que le bol de riz se remplissait. Le droit et le marché en avaient fini avec la politique ; la puissance, la souveraineté, la Nation, autant de vestiges à mettre au grenier. Ajoutons que le monde est à nous, que nous nous levons chaque matin pour tout changer, que tous les milliardaires du monde n’aspirent qu’à construire un monde meilleur, et que la liberté oublieuse du passé assure que chacune, que chacun se construise lui-même un avenir radieux.

    C’étaient les années 90. Un autre monde. C’est toujours la rengaine du progrès telle que l’entonnent celles et ceux qui n’ont rien vu, rien appris, rien compris depuis plus de vingt ans. Et c’est ce que des dirigeants européens autistes, un Président français vieilli avant l’âge, veulent continuer à nous faire croire comme progrès. Ce que la République en Marche veut faire croire à la France. Et pourtant…

    L’avenir a changé de route. La zone euro est en panne ; non seulement l’Europe recule par rapport à tous les autres continents, mais en Europe, les pays de la zone euro sont derrière les pays qui ont gardé leur monnaie nationale, à commencer par la Grande-Bretagne. Le commerce international est en recul, depuis que les coûts du transport ont cessé de baisser, depuis que les entreprises redécouvrent que l’éloignement est un facteur de risque.

    La part des multinationales dans l’activité mondiale baisse, pour la première fois depuis les années 1980. La dénonciation des pratiques commerciales déloyales est au cœur de tous les débats internationaux, et la hausse des tarifs douaniers, le resserrement des normes et des contrôles, est partout la réponse à des situations où la concurrence est inégale. Plus personne n’oserait dire que « le doux commerce » est la voie de la paix ! Il n’y a pas de marché quand les systèmes de valeurs, les priorités, diffèrent.

    Analysant la perspective de voir les États-Unis couper Huawei de ses fournisseurs occidentaux ou taiwanais, même le très libéral The Economist reconnaît que « la technologie ne peut rien contre la politique » ! Dans les cercles internationaux, et même à Davos 2019, le constat s’impose ; la mondialisation a fait quelques milliers de milliardaires, elle a sorti de la pauvreté 1,2 milliard d’Asiatiques, elle a surtout détruit des classes moyennes occidentales qui devaient l’essentiel de leur pouvoir d’achat, non à leur performance individuelle, mais à la solidité du cadre national et des systèmes sociaux en vigueur, des politiques salariales aux mutualisations internes. Et l’individualisme progresse sur fond de désespoir, avec un Japon, une Allemagne, une Corée du Sud, qui découvrent que l’isolement est la première maladie moderne, et que la réussite économique ne donne pas l’envie de vivre.

    Le nouveau signe du progrès

    Le progrès aujourd’hui n’est pas ce qu’il était en 1990. Les Français l’ont bien compris. Le progrès s’appelle circuits courts, il s’appelle relocaliser, se fournir à proximité, savoir qui produit quoi, et comment. L’avenir est fait d’héritages à conserver et à transmettre, plus beaux, plus riches, plus vivants. Le progrès s’appelle lutter contre l’esclavage et le trafic d’êtres humains qui sont le vrai nom de l’immigration. Le progrès s’appelle frontière, pour ceux qui veulent choisir leurs lois, leurs voisins, et leur destin. Le progrès s’appelle renouer avec l’histoire pour se projeter sans se perdre, il signifie préférer le citoyen à l’individu, parce que lui seul rend possible l’action collective, et que citoyenneté rime avec liberté. Et le progrès s’appelle retour au territoire, retour à la famille, aux liens et aux siens, parce que nul ne survivra seul à l’effondrement de nos sociétés et de la vie.

    L’avenir a changé de sens, et le progrès est l’inverse de ce qu’une politique française entêtée, aveugle et autiste, fait subir aux Français. Partout, l’État Nation est la forme politique de la modernité, et partout, les États Nations cherchent à affirmer leur unité interne, pour mieux faire face aux défis extérieurs qui se multiplient. Partout, la frontière retrouve sa fonction vitale ; faire le tri entre ce qui vient de l’extérieur, qui est utile, choisi, et qui entre, et ce qui est dangereux, toxique, et qui reste à l’extérieur. Partout, l’unité nationale est une priorité.

    Partout aussi, l’État est appelé à redécouvrir son rôle ; protéger, promouvoir, préférer les citoyens. Même Henry Kissinger (Le Débat, nov-déc. 2018) appelle les États à prendre le contrôle d’Internet ! Même Davos sent vaciller ses certitudes mondialistes et témoigne du malaise dans ce qui reste du monde global ! Partout, sous des formes et des contours divers, le besoin de dire « nous » l’emporte sur le « je » de l’isolement et de la détresse. Et partout, être respecté, être associé, être représenté, devient plus important que les bénéfices économiques promis par des experts méprisants, distants et absents.

    Quand le progressisme se confond avec le bougisme — changer tout, tout le temps et pour rien — le progrès s’appelle demeurer. Quand le progressisme signifie sacrifier au court terme un patrimoine, des infrastructures, des traditions, le progrès s’appelle maintenir. Quand le progressisme s’attaque aux mœurs, aux institutions, aux familles, aux corps et à la vie, le progrès s’appelle préserver. Parlez-en à ceux de l’Est européen, ils savent que conserver, maintenir, défendre et préserver peut être la promesse qui fait se tenir debout et qui ouvre toutes grandes les portes de l’avenir !

    Et voilà que la confusion se dissipe. N’en déplaise à Mme Nathalie Loiseau, il n’y a pas et il n’y aura pas de souveraineté européenne parce que la souveraineté est l’apanage des peuples, et qu’il n’y a pas, il n’y aura pas de peuple européen. N’en déplaise à Emmanuel Macron, le libre échange est en recul, comme le commerce mondial, parce qu’ils sont à l’origine de la plus formidable régression sociale que l’Europe ait connue. N’en déplaise à des socialistes qui ont trahi le peuple, les frontières sont de retour parce que leur ouverture détruit les acquis sociaux, le droit du travail et les solidarités nationales plus vite que n’importe quel autocrate illibéral.

    N’en déplaise aux européistes de la fuite en avant fédérale, comme aux nostalgiques d’une grande Europe aux ordres du Reich, l’État Nation est la forme politique de la modernité, et les rêves du multilatéralisme, du post-national et de la démocratie mondiale ont fini dans les poubelles de l’histoire. Qu’elles y restent ! Et n’en déplaise aux donneurs de leçons, le dépassement des Droits de l’individu est en cours, des Droits qui n’ont de réalité que quand les citoyens dans une société organisée et grâce à un Etat fort, décident de les honorer.

    Voilà notre situation historique. Un nouvel obscurantisme nous rend prisonniers. Il s’appelle globalisme, multiculturalisme, individualisme. L’idéologie qu’il constitue est rétrograde, elle répète des refrains qui ont trente ans d’âge, et elle nous bouche l’avenir. Nous devons allumer d’autres Lumières pour faire reculer l’obscurité, et nous libérer des mensonges officiels comme des inquisiteurs qui appellent « fake news » ce qui révèle les mensonges de l’oligarchie au pouvoir. Nous devons suivre l’enseignement de Spinoza, de Kant, et nous libérer de la religion laïque de l’économie, qui a remplacé les religions divines sans rien tenir de leurs promesses ! L’avenir s’appelle Nation, s’appelle citoyen, s’appelle frontières. Le changement s’appelle sécurité, autorité, et stabilité. Et le progrès s’appelle demeurer Français, bien chez nous, bien sûr notre territoire, bien dans nos frontières, pour être à l’aise dans le monde.

    Il est grand temps que la France se réveille du sommeil de plomb dans lequel le socialisme l’a plongé. Il est plus urgent encore que La République En Marche cesse de mettre la France à reculons, de vendre pour changement une rengaine que personne n’écoute plus, et de nommer progrès ce qui a provoqué un recul français manifeste, douloureux, et continuel depuis trente ans. Nous qui défendons la Nation représentons le progrès, le vrai, celui qui est partagé par tous. Nous représentons les libertés publiques, et la première d’entre elles ; la liberté de choisir qui est Français. Nous voulons que la France reprenne sa place dans le monde ; nous allons faire rentrer la France dans l’histoire ; nous allons rendre à la France son avenir, un avenir choisi, pas celui qu’on nous impose, un avenir voulu, pas celui des gérants de fonds, un avenir qui en finisse avec les vieilles recettes et les vieilles illusions, un avenir que nous aurons choisi !

    Hervé Juvin (Blog d'Hervé Juvin, 18 février 2019)

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  • Mythes et réalités de l'Espagne islamique...

    Les éditions Jean-Cyrille Godefroy viennent de publier la traduction d'un essai historique de Dario Fernández-Morera intitulé Chrétiens, juifs et musulmans dans al-Andalus - Mythes et réalités de l'Espagne islamique. Diplômé de Harvard et professeur au département d’espagnol et de portugais de l’Université Nortwestern (Illinois),  Dario Fernández-Morera est l'auteur de nombreux livres sur l’Espagne médiévale et le Siècle d’or.

    Sur le même sujet, on pourra également consulter Al Andalus, l'invention d'un mythe - La réalité historique de l'Espagne des trois cultures (Toucan, 2017) de Serafin Fanjul.

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    " Universitaires, journalistes et hommes politiques, tous nous présentent « Al-Andalus », l’Espagne sous domination musulmane, comme un paradis multiculturel où musulmans, chrétiens et juifs vivaient en harmonie. Ce conte de fées est un mythe.

     Dans Chrétiens, juifs et musulmans dans al-Andalus, un ouvrage décapant, l’historien Darío Fernández-Morera révèle la réalité de l’ »Espagne arabo-musulmane », à partir de sources volontairement ignorées et de récentes découvertes archéologiques.

     Ce prétendu paradis de la coexistence heureuse a commencé avec la conquête de l’Espagne par le califat islamique. Les armées de l’islam, composées de Berbères incultes, détruisirent un Royaume Visigoth qui avait conservé l’héritage de la culture classique après la chute de l’Empire romain d’occident, et dont le niveau de civilisation était largement supérieur.

     Loin d’être un espace de tolérance, l’ »Espagne musulmane » fut le lieu d’une régression culturelle dans tous les domaines de la vie. Chrétiens et juifs y furent marginalisés et opprimés par des autocrates religieux. Considérés comme subalternes dans une société hiérarchisée, ils furent réduits au rang de dhimmis, et eurent le choix que les gangsters donnent à leurs victimes : payer pour être protégés, ou disparaître.

     Tandis que politiciens et idéologues continuent de célébrer l’ »Espagne musulmane » pour son « multiculturalisme » et sa « diversité », Darío Fernández-Morera montre que cette construction politiquement utile est une falsification de l’histoire. "

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  • La faillite de la gauche américaine...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue François-Bernard Huyghe, cueilli sur site Huyghe.fr et consacré à la gauche américaine, engluée dans le multiculturalisme. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

     

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    La faillite de la gauche américaine

    De quoi la gauche américaine est-elle coupable ? Et qu’est-ce que cela nous enseigne à nous autres Européens ? Après l’élection de Trump, beaucoup ont recouru au principe de causalité diabolique : c’était l’interférence russe, Trump avait triomphé de façon déloyale (il avait osé mentir et faire de la démagogie, ce qui est une première dans l’histoire de la démocratie), ou encore c’était de la faute des « déplorables », alcooliques racistes incultes dont il faudrait que le suffrage censitaire nous délivre un jour. L’indignation humaniste ou les appels à la résistance ont servi à faire oublier que la thèse « nous avons perdu parce que nous sommes les meilleurs » n’est pas très subtile. Un général vaincu une fois est excusable, un chef qui s’est laissé surprendre ne l’est guère, mais un stratège qui veut refaire ce qui a échoué et qui attribue sa défaite à la nature perverse de l’adversaire n’est pas un stratège.

    Et puis, il y a des Américains intelligents qui se souviennent que si l’on est vaincu, c’est parce que l’on perd.
    Nous avons déjà cité Y. Mounk (Le peuple contre la démocratie) qui reproche aux libéraux d’en avoir trop fait en méprisant le besoin d’appartenance des classes populaires, de ne pas avoir su faire fonctionner l’État providence au profit de ceux d’en bas. Mais aussi de n’avoir pas compris le rôle des médias sociaux face aux mass médias libéraux bien-pensants.

    Dans un autre genre, F. Thomas (Pourquoi les riches votent à gauche) reproche au démocrates d’outre-Atlantique d’avoir laissé tomber les travailleurs qui formaient leur électorat traditionnel, donc d’avoir oublié les inégalités socio-économiques au profit de « la classe de la connaissance émergente ». Traduction : ce sont sinon les bobos, du moins les bénéficiaires de la globalisation, partisans d’une société ouverte, multiculturelle, méritocratique. Ceux qui se voient comme créatifs, dans le sens de l’Histoire, et moralement supérieurs puisque réceptifs à toutes les différences, donc prêts à s’allier avec toutes les minorités.

    Un troisième livre apporte quelques lueurs complémentaires : La gauche identitaire de M. Lilla. Il se penche sur l’hystérie morale qui envahit son camp. Sa thèse est qu’après les grands changements de l’ère Roosevelt (la solidarité pour le bien commun comme programme) et de l’ère Reagan (exaltation de la réussite individuelle), l’Amérique est rentrée, au moins à gauche, dans un période post-politique. Comprenez que l’on ne fait plus de projets de réforme de la société par le pouvoir de l’État ou que l’on ne pense plus les rapports politiques comme affrontements d’intérêts et de valeurs, mais comme des problèmes moraux (et nous ajouterions anthropologiques : les ouverts contre les brutes). Pour Lilla, la gauche américaine révoltée dans les années 60/ 70 contre une Amérique ultra-conformiste, inégalitaire et impérialiste, n’a pas seulement abandonné les classes laborieuses. Elle ne s’est pas seulement choisi d’autres alliés (Noirs, hispaniques, femmes, homosexuels) pour accomplir les principes égalitaires diversitaires d’une société qu’elle approuvait globalement (ou du moins la gauche éduquée recrutée sur les grands campus).
    À l’individualisme reaganien qui exaltait l’homo economicus sans entraves étatiques, elle a répondu par un bizarre culte du Moi.
    Ce fut la lutte pour l’accomplissement de soi ou pour la libération des entraves - sexuelles, culturelles, morales, nationales, sociales...- qui empêchait chacun de se construire librement, hors de toute filiation et de tout déterminisme. Le pathos de l’authenticité et et bientôt de l’Autre l’autonomie s’est accompagné d’une dénonciation des dominants, dont l’inévitable quinquagénaire blanc hétérosexuel, rendus responsables d’une situation qu’il s’agissait de déconstruire (tout est culture et oppression, rien n’est nature et filiation).

    Avec deux dérives dans ce mouvement de libération / dénonciation tous azimuts. La dérive communautaire : l’individualise anthropologique conduit à ne plus considérer les citoyens que comme des composés multi-appartenance (Noir, homo, etc.) parce que multi-souffrance. La dérive politique : puisqu’il ne s’agit plus que de dénoncer des méchancetés, on ne comprend plus la notion de Bien commun et moins encore celle de projet politique (avec ce que cela comporte de conquête de l’opinion, de force symbolique, mais aussi d’alliance de catégories et d’intérêts.

    Pour reprendre la meilleure métaphore de Lilla : c’est « le modèle Facebook de l’identité : le moi comme page d’accueil que j’élabore à l’instar d’une marque personnelle, lié aux autres à travers des associations que je peux « liker » ou pas à volonté... Le modèle Facebook de l’identité a également inspiré un modèle Facebook de l’engagement politique...le modèle Facebook est entièrement consacré au moi, mon moi chéri, et non à nos histoires communes, ni bien commun, ni même aux idées. Les jeunes gens de gauche - par contraste avec ceux de droite - sont moisn enclins de nos jours à relier leurs engagements à un ensemble d’idées politiques. Ils sont beaucoup plus enclins à dire qu’ils sont engagés politiquement en tant que X, concernés par les autres X, et concernés par les problèmes concernant la Xitude »
    Le triomphe de l’identitaire sur le social est celui de la supériorité morale sur l’affrontement politique.

    Dans les trois livres de déploration et de remords, l’idée que la gauche américaine a démissionné, donc que plus elle paraît triompher comme idéologie ou comme pensée spontanée des médias et des élites, plus elle abandonne à son adversaire le terrain de la citoyenneté et de la solidarité. C’est sans doute une idée vraie et à laquelle réfléchir chez nous.

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 13 octobre 2018)

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