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mondialisation - Page 18

  • Ecologie, l'autre crise ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Hervé Juvin, cueilli sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à la remise en cause de certains dogmes écologiques maniés par des lobbies qui en ont fait un fond de commerce profitable sur le plan politique ou économique...

     

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    Ecologie, l’autre crise?

    L’annonce que le Président Obama s’opposerait à l’adoption d’un texte sur la pureté de l’air, soutenu par les agences de l’environnement, une grande part du parti démocrate et les militants écologistes, a été interprétée comme un reniement, voire une trahison, et un lâche alignement sur les demandes des industriels, accusés de provoquer ou d’accélérer 100 000 décès annuels par maladies des voies respiratoires aux Etats-Unis.

    En Europe, après la flambée anti-nucléaire attisée par la peur, la contrainte budgétaire et la menace d’une récession ne sont pas les amies de l’environnement. Ici, ce sont des élus de retour de vacances qui font part de leur conviction ; l’affaire des algues vertes en Bretagne a été surjouée, il y a en a toujours eu, et les écologistes savent qu’ils jouent à coup sûr en accusant une agriculture intensive, alors qu’ils se montrent bien discrets sur la situation, par exemple, du bassin d’Arcachon et du bilan biologique de ses huîtres. Là, ce sont d’autres élus qui entreprennent de s’attaquer aux rentes exorbitantes que certains entrepreneurs avisés se sont constituées sur l’éolien ou le photovoltaïque, et qui rabotent les incitations fiscales concédées sans calcul et sans limites. Là, ce sont des militants politiques qui font part de leur énervement devant ce qu’ils appellent l’arrogance d’écologistes affirmant comme certitudes scientifiques des hypothèses de travail, et déroulant des scénarios de catastrophe qui relèvent de la foi religieuse plus que de l’anticipation scientifique ou du débat démocratique. Là encore, ce sont des chercheurs qui s’amusent du paradoxe ; les budgets ne manquent pas sur les grands sujets industriels, ils ne manquent pas non plus sur les sujets « à la mode » écolo, les autres n’ont aucune chance d’être financés. ,Et de dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas ; s’il avait été le fait de cultures industrielles, ou d’OGM, le scandale des légumes allemands contaminés, et mortels, aurait pris une toute autre ampleur – mais est-il permis de critiquer le bio ?

    L’atterrissage est douloureux, il est polémique, mais nécessaire. Derrière l’angélisme de la nature et l’idéalisme des militants et des actions de l’écologie, une industrie est née. S’il est permis de désigner des lobbys, il y a bien un lobby écologiste, il pèse ses milliards d’euros, il les pèse aussi en subventions, dégrèvements et aides de toute sorte, et les associations qui se partagent le gâteau des aides, des formations, des conseils et des déclarations obligatoires n’entendent rien céder ni rien perdre. En clair, l’environnement est devenu un business comme un autre.

    Le problème est que les intérêts légitimes des entreprises de l’environnement tendent à s’abriter derrière une nouvelle religion, une nouvelle morale, si ce n’est une nouvelle inquisition. La posture de prédicateur de maints écologistes est insupportable, dans un monde où personne ne peut prétendre détenir le bien, le bon et le vrai – il est seulement permis de les chercher. La démarche d’assistés elle aussi rebute. Beaucoup d’entreprises ont compris qu’il est plus lent et plus difficile de créer un marché que de s’attirer des subventions. Elles en usent, elles en abusent. Autour de faits avérés, préoccupants, quelquefois dramatiques – la dévastation des mers par la pêche industrielle, par exemple, ou encore l’extinction forcenée des derniers peuples hors du temps industriel par l’obligation de développement – se construit tout un appareil de normes, d’affirmations, bientôt de dogmes, qui ne méritent ni l’autorité qui leur est concédée, ni les obligations qui en résultent ; le scandale des nouvelles ampoules électriques, dont il apparaît qu’elles fatiguent les yeux et peuvent provoquer des troubles de la vision, est exemplaire à cet égard. Derrière, des monopoles se constituent, des rentes de situation s’étalent, et le contribuable paie pour des captations réglementaires dont les semenciers n’ont pas le monopole.

    Il y a la crise de l’environnement, la dégradation de notre milieu de vie, et il y a la crise de l’écologie comme mouvement, comme croyance et comme idéologie. Trop peu de preuves, et trop de dogmes. Trop peu de débat, et trop de certitudes. Trop peu de propositions, et trop de morale. Les temps promettent d’être difficile pour l’écologie. Parce que le hold-up de l’extrême gauche est contre nature, à moins que l’écologie humaine, qui défend l’autonomie de peuples libres de choisir leur vie et leurs lois, et l’harmonie née de la diversité collective entre des peuples libres de défendre leur unité interne, soit soluble dans la mondialisation. Parce que l’écologie a aussi ses notables, ses aristocrates et ses grands prêtres, qui s’empressent de faire commerce de vérités hasardeuses, ou d’indulgences bien négociées. Parce qu’un souci authentique et justifié se dégrade trop vite et trop fort en magistère moral, en rentes et en péages sur l’espace public. La crise de l’écologie est à venir. La crise, l’endettement, le souci du lendemain ne l’expliquent pas seuls. Le temps est venu de repenser la démocratie comme combat pour convaincre, pour faire sentir, pour partager et pour, ensemble, choisir un monde désirable.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 20 septembre 2011)

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  • La vie des jeunes filles...

    Olivier Bardolle vient de publier chez L'Editeur un essai intitulé La vie des jeunes filles. Editeur, Olivier Bardolle est l'auteur de plusieurs essais décapant sur la société contemporaine comme  De l’excès d’efficacité des systèmes paranoïaques, Des ravages du manque de sincérité dans les relations humaines ou De la prolifération des homoncules sur le devenir de l’espèce, tous publiés chez l’Esprit des péninsules. A lire, donc !

     

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    "Depuis la première guerre mondiale, la société occidentale n'a eu de cesse d'étendre son empire en profitant au mieux de la chaotique et irrésistible aventure de la mondialisation. Dans cet effort d'extension infatigable, elle a aussi accouché d'un monstre : la jeune fille. Celle-ci, élevée au rang de concept, symbolise aujourd’hui de manière paroxystique le consommateur. Devenue en peu de temps un être parfait, et surtout parfaitement adaptée à son temps, la jeune fille déploie partout sa beauté pornographique, hygiénique et froide sans rencontrer de résistance. Elle triomphe dans l'inconscient collectif universel pour lequel elle représente désormais le modèle absolu (le top model).
    À travers une succession de fragments précis et implacables, Olivier Bardolle, qui se présente lui-même comme « une vieille jeune fille de sexe mâle », l'observe, la dissèque et étudie sa prolifération afin de mieux décrypter les mécanismes subtils de la « jeune-fillisation » de notre société."

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  • Mondialisme et civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous une bonne analyse par Claude Bourrinet du projet civilisationnel du libéralisme mondialisé, qui a été publiée initialement sur Voxnr.

     

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    Mondialisme et civilisation
     
    Le libéralisme, comme le marxisme, issus tous deux de la même matrice rationaliste, se prévalant tous deux d’une scientificité qui rompt avec les « illusions » idéologiques du vieux monde, sources d’erreurs et d’anarchie, fonde son interprétation du monde et ses prédictions sur l’état des faits, c’est-à-dire, comme ultima ratio, sur la nécessité économique, qui indique un sens de l’Histoire. Bien plus que le marxisme néanmoins, qui « comprenait » l’existence de « superstructures » idéologiques, et les légitimait, du moins provisoirement en attendant la société sans classes, le libéralisme considère toute attache sociale, culturelle ou identitaire comme l’expression d’un retard archaïque, qui freine la fuite en avant vers une fin de l’Histoire, qui serait vraiment une gestion efficace des choses. Et davantage que le marxisme, il est messianique, et destructeur de la vie réelle des hommes.

    Dans un article paru le 5 mars dans la Tribune (1), Julia Cagé, enseignante à l’université de Harvard et à l’Ecole d’économie de Paris, nous livre une sorte de vulgate des certitudes libérales contemporaines, présentation qui n’échappe pas à la chaleur prosélyte que connaissent bien les prédicateurs.

    A vrai dire, les arguments assénés comme des vérités, nullement mis à l’épreuve par des hypothèses contraires, ne sont ni nouveaux, ni surprenants. Leur postulat repose sur le principe de la division mondiale du travail, véritable vache sacrée de la modernité conquérante, pour qui la réalité doit se réduire au domaine techno-économique, c’est-à-dire à l’action, au détriment de toute autre dimension civilisationnelle.

    L’article, dont le chapeau provocateur souligne l’inéluctable désindustrialisation de la France, considérée comme un bien (« En fait, c’est tant mieux »), et encore même comme l’objet de « discours dangereux », place l’accent sur la nécessité de l’innovation, domaine dans lequel notre pays a pris du retard (« C'est l'un des rares pays de l'OCDE dont la part de la R&D dans le PIB a reculé au cours des quinze dernières années. »), contrairement à l’Allemagne.

    Comme le note pertinemment notre jeune professeur, « on érige (un peu trop) souvent l'Allemagne en exemple ». En effet. On notera qu’il en est de même en matière fiscale ou éducative, contre tout bon sens parfois. A croire que nos amis d’outre Rhin, comme jadis, suscitent soit du ressentiment, soit une admiration hyperbolique.

    Quoi qu’il en soit, l’Allemagne aurait fait le choix, contrairement à la France, de l’ « outsourcing », d’une délocalisation sans complexes, « tout en maintenant sur les sites nationaux les étapes à haute valeur ajoutée ». Cette option aurait permis par la même occasion le maintien de l’emploi.

    Bien que le chômage reste chez nos voisins à un taux élevé, surtout si l’on ajoute les « emplois à un euro », il aurait été nécessaire de pousser un peu plus dans les causes concrètes des performances germaniques, qui se traduisent surtout dans le secteur des machines outils et dans les objets manufacturés de haute qualité. L’Allemagne a poursuivi une politique socio-économique drastique, avec une baisse des salaires conséquente, et surtout bénéficie de la vaste arrière-cour de l’Europe centrale, parfois imprégnée de culture et de langue allemande, pourvue d’ouvriers qualifiés et de salaires modestes, néanmoins avide d’une consommation en constante progression. Nous pourrions aussi ajouter à ces atouts le sérieux, la rigueur et le sens des responsabilités légendaires des Germains, un euro fort, aussi fort que l’ancien mark (les clients n’hésitent pas à payer cher de bons produits), et les perspectives prometteuses d’une ouverture, de longue date, à l’Est.

    Il va de soi que la politique extérieure catastrophique de la France durant la dernière décennie, qui a brûlé ses cartes au profit d’un alignement naïf au tout libéral, qui s’est empêtrée dans une politique intérieure démagogique ou impuissante, peut-être aussi parce que nous avons une classe dirigeante qui a perdu le sens du réel pour adopter une vision manichéenne, n’a pas multiplié les conditions pour muscler notre économie. Nos gouvernants le voulaient-ils ? Car, contrairement à ce qu’avance Julia Cagé, les concepts qu’elle avance sont entièrement partagés par eux.

    Si les investissements nécessaires à l’innovation scientifique et technologique ne se sont pas faits suffisamment, c’est qu’ils n’ont pas pu. Les raisons de cette impuissance ne résident pas uniquement dans le manque de volonté, mais sans doute dans l’inefficacité (relative) d’un système éducatif de plus en plus déficient, au manque de subventions (privées ou publiques), à la modestie d’un tissu de petites ou moyennes entreprises capables de mettre en valeur ces innovations, de les amortir et de créer des plus values, mais probablement aussi par l’appel d’air, surtout américain, qui suscite une « fuite des cerveaux », à la suite d’offres pécuniaires plus désirables et de meilleures conditions de travail.

    On voit par là que la concurrence entre nations très développées peut être féroce, et ne conduit pas mécaniquement à un « tous gagnants ». Il y a, il y aura des perdants, et la prise en considération de l’attrait exercé par certains pays, du fait de leur puissance, de leur « culture », de leur civilisation, n’est pas un moindre atout. Les pays anglo-saxons, singulièrement l’Amérique, sont bien placés pour attirer les spécialistes séduits par l’american way of life.

    On voit de même que l’économie ne peut pas être appréciée à l’exclusion des autres dimensions d’existence, et que l’environnement culturel, sociétal, peut être déterminent.
    Mais ce n’est pas là l’essentiel. Car les conséquences d’une acceptation des réquisits économistes comportent des dangers beaucoup plus importants que la simple baisse de productivité. D’ailleurs, plutôt que d’acceptation, ne faudrait-il pas parler de résignation ?

    Il est évident qu’en soi l’économie n’a rien à voir avec la morale. Du moins dans un premier temps, si on se laisse obnubiler par le charme des chiffres et des courbes. Ainsi la division mondiale du travail indique-t-elle, de façon logique, que les productions exigeant une main d’œuvre nombreuse et sous qualifiée, docile et malléable, peu exigeante en matière salariale et sommée de travailler dans des conditions parfois scandaleuses, place la Chine, l’Inde et d’autres pays « émergents » dans une situation plus intéressante que notre Europe qui subit le malheureux héritage d’un haut niveau de vie, d’une protection sociale enviable, de traditions de luttes syndicales dommageables, et de quelques droits protégeant les citoyens (comme celui de grève). D’une certaine manière (et d’ailleurs Juia Cagé site la firme Nike, ce qui n’est pas un hasard), l’économie globalisée contemporaine jouit de l’existence d’un esclavage qui ne dit pas son nom, cyniquement tenu sous silence, avec la complicité tacite de consommateurs enivrés par des produits peu chers.

    Mais foin de la morale ! même si le système libéral repose idéologiquement sur le dogme des droits de l’homme, et se trouve en l’occurrence gêné aux entournures.

    En revanche, il n’est pas sûr que le projet « civilisationnel » qu’il porte soit si pertinent que celui d’un vieux monde jugé obsolète.

    Les nouvelles technologies, comme l’iPhone, sont des paradigmes de l’économie « du XXIe siècle », gage d’un avenir qu’on voudrait idyllique. Evidemment, on n’insistera pas sur la masse des produits bas de gamme, qualitativement désastreux, réservés à des millions de consommateurs dont Julia Cagé ne parle pas, et pour cause.

    En admettant que cette économie avancée, technologiquement innovante, demandant une très haute qualification, soit l’avenir de la planète, il n’en demeure pas moins que les classes populaires des pays développés, qui n’auront pas la chance de se faire exploiter comme des serfs ainsi que leurs congénères asiatiques, resteront sur la touche. A trop loucher sur le PIB, la balance commerciale, on oublie le facteur humain. Du reste, si « une étude américaine a montré que les États-Unis capturaient la plus grosse partie de la valeur ajoutée produite par l'iPod, la Chine une toute petite partie seulement », est-on sûr que les classes populaires américaines en profitent ? Ne sont-ce pas plutôt les banques, les fonds de pension, qui ont investi dans ce secteur si alléchant ?

    L’hypothèse d’un secteur des services (banque, éducation, santé…) performant, susceptible de contrebalancer les pertes du secteur industriel n’est qu’un vœu pieux, ne serait-ce que parce que les pays émergents, comme l’Inde et le Brésil, commencent à faire aussi bien que nous, et surtout parce qu’il est très facile d’ « externaliser » ces domaines, comme cela se fait pour la gestion à l’aide du numérique, ou pour les plate formes téléphoniques. Ne resteraient alors, pour le vulgus pecus, que des métiers de commerçants ou de domestiques (pour les plus chanceux).

    Ce n’est pas non plus un hasard si la Silicon Valley est citée comme emblème du nouveau paradis. C’est là qu’on trouve la nouvelle société globalisée, déracinée, dont les paramètres, les signes d’appartenance, outre un niveau de revenu appréciable, se nourrissent d’une certaine culture nomadisée, « cool », sceptique et hédoniste, hygiéniste et « tolérante » (agressivement tolérante), ancrée dans des certitudes de demi-savants, souvent inculte dans les humanités (littérature, Histoire, philosophie, en gros la haute culture considérée comme mensonge et vice). C’est cette middle class internationale, la nouvelle classe dirigeante, l’hyperclasse mondialisée, désinhibée, fluctuante aussi bien dans le travail que dans l’existence, la famille, les pulsions et les entichements, parlant anglais, dotée d’une non pensée en état d’apesanteur, affriolée par l’art contemporain, adepte des jeux vidéo, sidérée bêtement par la haute technologie, comme des adolescents qui n’ont pas voulu grandir, grande consommatrice de films pour ados, adoratrice du fric, des traders et du succès social, considérant la joute politique et toute identité autre que folklorique comme des legs fâcheux du passé, nécessairement contreproductifs.

    A ce compte, le « new deal » proposé par le libéralisme mondialisé ne laisse guère de doute sur le projet civilisationnel qui est le sien : une planète divisée horizontalement en zones « performantes », à haute valeur ajoutée, et zones d’esclavage (appelons les choses par leur nom), et verticalement en zones de vie active et valorisante et zones de sous emploi, ou vouées en partie à des travaux dégradants ou pénibles, peuplée d’individus inutiles, car non qualifiés, incompétents, trop vieux ou trop faibles, voire dangereux, qu’il faut donc conditionnés et contrôlés.
    Il n’est d’ailleurs pas inconcevable que ces deux zones fusionnent in fine, et offrent à Big Brother un plan de carrière inestimable.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 mars 2011)
     
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  • Vers un retour du protectionnisme ?...

    Dans une intervention en date du 20 juin 2011, enregistrée par Realpolitik.tv, Hervé Juvin, l'auteur de l'essai fondamental intitulé Le renversement du monde (Gallimard, 2010), revient sur la question du protectionnisme et sur son nécessaire retour dans le débat politique...


    Hervé Juvin : l'heure est-elle au retour du... par realpolitiktv

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  • Réflexions sur le patriotisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de réflexion intéressant d'Emmanuel Leroy sur la question du patriotisme, publié intialement sur Nations Presse Infos.

     

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    Réflexions sur le patriotisme

     

    Depuis longtemps déjà dans les milieux « identitaires » acception comprise au sens large, coexiste une double conception de la nation. L’une traditionnelle, plongeant ses racines dans la plus lointaine mémoire d’une France naissant au monde au Ve siècle lors de la conversion de Clovis au catholicisme, l’autre archaïque, et se voulant archéo-futuriste, reposant sur la lointaine origine commune des peuples indo-européens.

    La branche traditionnelle a subi une césure lors de la Révolution de 1789, et plus précisément le 21 janvier 1793 lors de la décapitation du roi Louis XVI. Depuis lors, se sont affrontées en France deux conceptions de la nation, l’une ante et l’autre post révolutionnaire. Il n’est pas dans mon propos de revenir ici sur les causes de cette révolution, mais bien plutôt de souligner que les révolutionnaires de 89, s’ils ont mis fin à un régime, n’ont pas mis un terme au destin de la France, ils lui ont simplement fait prendre une autre direction, et avec elle l’Europe, puis le monde entier. D’une certaine manière, on pourrait dire que l’hégémonie culturelle française qui prévalut en Europe jusqu’au XVIIIe siècle, se doubla, dès l’avènement des Lumières mais surtout après la révolution française, d’une hégémonie idéologique qui emporta plus ou moins rapidement l’ensemble des régimes autocratiques européens jusqu’à la première guerre mondiale.
    Malgré cette forte tendance à l’universel, qui est en quelque sorte une des manifestations de l’exception française, il n’en demeure pas moins que les géniteurs de la république en France étaient des patriotes convaincus, et la conception des droits de l’homme dans l’esprit des pères fondateurs est indissociable de la notion de citoyenneté. Depuis la révolution de 1789, en considérant que l’épisode napoléonien puisse être interprété comme une tentative, avortée, de réconcilier l’ancien et le nouveau régime, légitimiste et révolutionnaire, ces deux France se sont côtoyées et combattues, jusqu’à la quasi disparition de la première entre les deux guerres mondiales, notamment à travers la condamnation par le Pape Pie XI de l’Action française en 1926.

     

    Dès lors, si l’on excepte les mouvements royalistes de diverses obédiences, les groupuscules radicaux passéistes ou les milieux libertaires, ne subsistent plus en France dans le champ politique que des partis se réclamant de la logique républicaine. Le Front national appartient à cette catégorie, car dès sa naissance en 1972, ce parti entendait respecter et promouvoir les règles républicaines. De ce fait, et sur le strict plan de la conception des institutions et du partage des pouvoirs, le Front National ne se distingue en rien des autres partis politiques français en ce début de XXIe siècle. En revanche, ce qui le distingue radicalement des autres partis, UMP, PS, EELV, PC, NPA, Parti de gauche etc., c’est qu’il est le seul à avoir compris l’importance cruciale que représentent conjointement les concepts de république pour la défense des institutions contre l’idéologie mondialiste et de laïcité pour la défense du peuple contre l’envahissement de l’islam. Le thème de la laïcité est particulièrement intéressant comme concept défensif face à une religion totalitaire comme l’islam – au sens où cette dernière englobe à la fois le spirituel et le temporel – mais il est clair que la neutralité laïque ne constitue plus un corpus idéologique et spirituel suffisant pour stopper sur le long terme la progression de l’idéologie mahométane sur notre continent.

    La branche archaïque du milieu identitaire, et dans mon esprit, le terme archaïque n’a pas de valeur péjorative, a paradoxalement surgi beaucoup plus tard que la branche traditionnelle. Le courant intellectuel qui a présidé à son apparition est né de mon point de vue dans l’entre-deux guerre et a réuni des intellectuels comme Bertrand de Jouvenel, Emmanuel Berl, Henri de Man ou encore Pierre Drieu la Rochelle. Même si ces intellectuels suivirent des chemins différents, ils partagèrent avec beaucoup d’autres l’horreur que fut la première guerre mondiale, et tentèrent chacun à leur façon d’inventer un monde où ces affrontements fratricides entre nations européennes seraient abolis. Ils ont de ce fait été des précurseurs dans le monde intellectuel européen de la mise en avant des idées européistes et ont accompagné ou précédé, consciemment ou inconsciemment, des personnalités telle que le fameux Richard de Coudenhove-Kalergi, agent patenté du Nouvel ordre mondial à travers, notamment le concept de Paneurope qu’il inventa. De manière plus tangible, la transcription de cet idéal paneuropéen dans les milieux nationalistes est née dans le tournant des années 60 du XXe siècle. Un des hommes-clé de cette évolution en a été Dominique Venner. Militant nationaliste, engagé dans le combat de l’Algérie française, il passera dix-huit mois à la prison de la Santé en raison de son engagement dans le camp des réprouvés. C’est à sa sortie de prison en 1962 qu’il écrit le manifeste Pour une critique positive dans lequel il oppose « nationaux » et « nationalistes ». C’est dans cette filiation intellectuelle que s’est construit un nationalisme révolutionnaire européen qui se détachera de plus en plus de l’idée de la nation française. Par la suite, cette évolution naturelle conduira à l’émergence de deux courants, proches mais distincts, l’un politique et qui aboutira à la création de plusieurs mouvements nationalistes révolutionnaires, l’autre métapolitique duquel émergera le GRECE, présenté comme « nouvelle droite » par les médias au tournant des années 1980.

    Avec le recul du temps et la dure loi de la confrontation au réel, force est de considérer que, dans une perspective politique, cette stratégie de la supranationalité européenne dans les temps actuels est à tout le moins un échec et en tout cas une impasse.

    Avant d’examiner plus au fond la raison de cet échec et la nature de cette impasse, il convient d’étudier les causes qui ont conduit Dominique Venner et avec lui beaucoup d’autres militants – dont je fus – dans cette voie qui ne sert objectivement que les intérêts du Système global.

    Dominique Venner est né en 1935 et a donc vécu de plain-pied et dans sa chair avec ceux de sa génération, toutes les défaites et les reculs que la France a connus depuis l’entre deux-guerres. Mai 1940, l’Indochine et l’Algérie enfin auront eu raison de son amour pour la mère patrie. Il n’y a qu’un amour déçu pour engendrer une haine inexpiable ou pire encore, un mépris infini. Cette France vaincue par les Allemands en 1940, puis asservie à nouveau par les vainqueurs anglo-saxons, humiliée et trahie en Indochine, et puis trahie encore par celui qui prétendait la sauver en Algérie, cette accumulation de défaites et de reculades a probablement été le principal facteur de perte de confiance dans la capacité de la nation à se régénérer.

    Dans ces années 60, devant tant de honte et avec aussi peu d’espoir de voir surgir une alternative politique, je comprends que des hommes comme Dominique Venner aient essayé d’imaginer une alternative à ce qui pouvait sembler à l’époque pour un militant révolutionnaire, une société bloquée et sans avenir. La voie naturelle d’un homme courageux pour sortir d’une impasse est bien évidemment d’en sortir par le haut. Et c’est ainsi qu’a été forgée cette idéologie politique nationaliste européenne, d’abord à travers le périodique Europe-Action, puis par le prisme de multiples revues et mouvements politiques et métapolitiques.

    Pourquoi le nationalisme européen est-il un échec sur le plan politique et pourquoi débouche-t-il sur une impasse ?

    Probablement pour les mêmes raisons, malgré l’extraordinaire disproportion de moyens mis en œuvre, qui empêchent les technocrates de Bruxelles d’achever la construction politique européenne, à savoir la persistance d’une remarquable hétérogénéité des peuples européens à travers leur histoire, leur langue, leur situation géographique, leurs intérêts géopolitiques ou stratégiques, leurs alliances traditionnelles ou leurs ennemis éternels. Allez donc expliquer aux Polonais, peuple enclavé situé sur la zone tectonique séparant le monde slave du monde germanique, qu’il est l’allié naturel des Teutons et que le passé récent ne fut qu’un simple accident de l’histoire. Essayons de comprendre comment l’Angleterre, puissance thalassocratique par excellence et qui s’est construite essentiellement durant toute son histoire contre la puissance continentale européenne, que celle-ci fût incarnée par les Habsbourg, les Bourbon ou par les succédanés impérialistes français ou germaniques des XIXe ou XXe siècle, comment ces Anglais, du moins leurs élites, pourraient-ils se contenter d’une simple ambition européenne alors qu’ils n’ont jamais eu d’autre volonté que d’asservir le monde à leurs intérêts mercantiles.

    Il n’en demeure pas moins vrai que les peuples européens se sont bâtis sur un substrat commun et qu’ils partagent tous une même origine, prouvée par la parenté de nos langues, remontant à plusieurs millénaires avant J.C.

    Mais cette lointaine origine s’est perdue dans les sables du temps, et les Celtes, les Latins, les Grecs, les Germains et les Slaves se sont fondus dans de nouveaux paysages avec d’autres peuples qui occupaient avant eux le territoire que nous occupons aujourd’hui, contribuant ainsi à forger des peuples différents, possédant chacun leur propre génie.

    Cette diversité fut en partie atténuée par deux phénomènes majeurs que furent la conquête romaine et l’établissement du christianisme. Le premier a laissé dans l’imaginaire européen le souvenir de cet empire universel et de la pax romana qui l’accompagnait, en même temps qu’une langue qui non seulement a contribué à forger les langues romanes mais a surtout servi de langue d’échange entre les élites européennes, notamment religieuses. Le christianisme fut le deuxième vecteur de réunification des peuples européens, même si le schisme de 1054, puis les troubles consécutifs à la Réforme, contribuèrent à réintroduire les ferments de la division entre les peuples européens.

    Parler d’une nationalité européenne relève aujourd’hui de l’utopie la plus complète et les peuples européens aujourd’hui, encore moins qu’hier, ne sont pas prêts à se fondre dans une entité politique unique qui laminerait leur particularisme ou leur spécificité culturelle. Plus encore, les riches nations européennes du nord ne sont pas prêtes à une péréquation de leur niveau de vie avec les pays européens du « Club Med » (cf. la crise grecque).

    Sur le champ d’action des mouvements nationalistes, que peut-on observer ? Quasiment chaque pays européen possède un ou plusieurs partis « identitaires ». Le spectre politique de ceux-ci s’étend du mouvement xénophobe et libéral au groupuscule néo-païen en passant par toutes les tendances du populisme à visées régionale, nationale ou européenne. Quelle Europe imaginer avec des mouvements nationalistes nordiques ou flamands qui se reconnaissent dans l’idéologie la plus libérale qui soit et dans un populisme parfaitement compatible avec le Système, notamment dans l’accompagnement de sa stratégie du choc des civilisations ? Quelle Europe créer avec une Ligue du Nord italienne qui considère Rome et toutes les terres du sud de la péninsule comme occupées par des barbares qui ne songeraient qu’à les voler ou les spolier ? Quelle Europe mettre sur pied avec des mouvements nationalistes issus de pays jadis sous domination russe et qui considèrent les Etats-Unis comme le sauveur suprême et le mode de vie consumériste comme le nirvana sur terre ?

    Quand je prêtais encore l’oreille aux vaticinations nationales-européennes, je me rappelle avoir entendu Guillaume Faye, auteur entre autres ouvrages du célèbre Nouveau discours à la nation européenne, rétorquer à un contradicteur qui doutait de l’intérêt de l’Europe de Bruxelles : « Bien sûr ! Cette Europe bruxelloise n’est pas la nôtre mais elle va dans le bon sens. Il nous suffit de monter dans l’avion, de braquer le pilote et d’en prendre les commandes afin de la conduire là où nous voulons ! ». Cette saillie remonte à la fin du siècle dernier et le problème c’est que depuis lors, non seulement nous ne sommes pas montés dans l’avion, mais que nous n’avons même pas réussi à prendre le taxi pour aller à l’aéroport !

    En d’autres termes, aucun groupe de pression d’obédience « identitaire » n’est présent à Bruxelles – hormis les quelques dizaines d’élus « populistes » dont le poids politique au Parlement européen est quasi-nul -, ni dans aucun des autres cénacles qui orientent la politique des eurocrates. Aucun de ces groupes n’a investi le champ du social, ni le domaine culturel ou celui des grands médias. Aucun ne dispose de capacité de frappe financière et l’influence dans le domaine des idées se limite, pour l’essentiel, à quelques petites maisons d’édition, une presse à tirage limité et à une présence –relativement forte – sur Internet.

    Au-delà de ce simple constat dont tout esprit honnête pourra convenir, il existe une autre évidence qui relève, là encore, de la simple confrontation au réel. Les nationalistes européens auront beau rêver d’une grande Europe de Brest à Vladivostok, cette vision du monde ne rencontre aujourd’hui aucun écho réel au sein des nations européennes. Mais en revanche cette vision romantique des patries charnelles sert objectivement les intérêts de la caste mondialiste et de ce que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne. Cette dernière après avoir dominé successivement sur la scène européenne les Espagnols, puis les Français et enfin les Allemands a désormais en ligne le mire le dernier grand peuple européen qui ne s’est pas encore soumis à leur diktat, à savoir le peuple russe. Aujourd’hui un nationaliste européen, même si sa vision politique du monde est aux antipodes de celle des technocrates de Bruxelles, en voulant dépasser l’idée de nation pour s’inscrire dans la construction d’une grande Europe mythique, sert les intérêts de l’oligarchie anglo-saxonne dont le but est de faire éclater les frontières pour mieux river les hommes au rêve fou de Big Brother.

    Dans le même esprit, je me souviens d’une autre anecdote partagée avec Guillaume Faye en 2005. Cette année-là, nous avions été invités, lui et moi, à une série de conférences en Russie, dont la principale devait être donnée à la Douma. Je me souviens encore de l’effarement de nos hôtes devant le discours national-européen de Guillaume Faye. Pour les Russes en effet, l’Europe est perçue aujourd’hui comme un nain politique au service exclusif de cette idéologie anglo-saxonne et qu’ils ont parfaitement identifiée comme leur ennemi principal. Pour les Russes, seul le réel compte. L’Europe, il la perçoive comme un adversaire qui ne cesse de vouloir leur donner des leçons et qui s’oppose à eux à la moindre occasion (Géorgie, conflit gazier, tracés des oléoducs…). En revanche, ils veulent croire encore en la possibilité de relations bilatérales entre nations, et notamment avec l’Allemagne. En ce qui concerne la France, ils ont bien compris qu’avec l’élection de Nicolas Sarkozy, les dernières braises de l’indépendance gaullienne allaient s’éteindre avec lui et le principal intérêt qu’ils perçoivent actuellement dans la relation franco-russe est le transfert de technologies, notamment dans le domaine militaire (cf. porte-hélicoptères Mistral). En revanche, les Russes, comme de nombreux autres peuples dans le monde, ont encore une vision de la France, et sont les premiers à déplorer son effacement et sa soumission aux intérêts anglo-saxons.

    Pourquoi seul le nationalisme français est-il d’essence révolutionnaire et pourquoi faut-il le transmuter en simple patriotisme ?

    Est révolutionnaire l’idée qui agit et qui fait bouger les lignes. En ce sens, indiscutablement l’idéologie nationaliste – au sens strict – est désormais perçue en France par une part croissante de concitoyens comme une véritable alternative au Système. Même un mouvement comme le Bloc identitaire, participe, presque à son corps défendant, de la résurgence de l’idée de nation, lorsqu’il défend à travers ses actions l’enracinement national comme un moyen de s’opposer à la subversion mondialiste. Certes, il tente de relativiser ce cadre par un enracinement local pour mieux l’étendre à une vision paneuropéenne, mais celle-ci est d’autant moins pertinente que les Français prennent de plus en plus conscience de la nature totalitaire et anti-démocratique de l’Union européenne. Après des décennies de lavage de cerveau orchestrées par les partisans du déracinement, le peuple français tente de se raccrocher à ce qu’il connaît et à ce qui lui paraît admissible en terme d’identité : Le patriotisme, notamment à travers la défense de la nation comprise à partir du prisme républicain, est probablement la dernière planche de salut à laquelle on puisse se raccrocher pour tenter de sortir le peuple français de sa léthargie mortelle. Le mot même de nationalisme a été trop sali et perverti par nos ennemis pour pouvoir être utilisé dans une perspective politique stricto sensu.

    Indiscutablement, le Front National rénové de Marine Le Pen dispose de la capacité attractive susceptible de réveiller les consciences et d’opposer une véritable alternative politique à l’idéologie mondialo-libérale. En ce sens, le Front national est le seul mouvement véritablement révolutionnaire, car il est le seul parti politique de véritable et légitime opposition à pouvoir prétendre accéder au pouvoir à court ou moyen terme. Dans cette perspective, il doit s’imposer désormais comme le nouveau tiers état ayant en ligne de mire le remplacement des élites bourgeoises qui ont trahi le peuple en se mettant au service exclusif de l’oligarchie mondiale.

    Immigration et islam : Quelle attitude adopter ?

    La politique du Front National, dès l’origine, a toujours été claire à l’égard de l’immigration : Ce sont les hommes politiques, (droite et gauche confondues) et le grand patronat qui ont mis en œuvre cette politique irresponsable de flux migratoires, et cela dès les années 60 du XXe siècle. Le but inavoué étant de désintégrer la nation par un apport de populations majoritairement inassimilables d’une part, et d’autre part de faire peser les salaires à la baisse en mettant en concurrence les travailleurs français avec les travailleurs immigrés. Il est évident que si on propose à un chômeur africain vivant dans son pays, et survivant avec un dollar par jour de gagner 1.200 € par mois il n’y aucune raison qu’il refuse cette proposition, surtout s’il sait que le régime social existant lui permettra de bénéficier également de toutes les aides sociales possibles, et cela qu’il soit clandestin ou régularisé. Si vous et moi étions à sa place, nous ferions exactement la même chose. Donc pour nous les causes véritables de la situation dramatique qu’a engendré le phénomène de déferlante migratoire sont clairement établies : Elles résultent d’une volonté politique, clairement manifestée par le décret du 29 avril 1976 relatif au regroupement familial signé par le Premier ministre Jacques Chirac. Si les phénomènes migratoires antérieurs constituaient principalement une immigration de travail, l’autorisation de regroupement familial dès 1976 transforme la nature de cette immigration en la transmutant de manière progressive en immigration de peuplement.

    Mais la recherche des véritables responsables de cette situation doit nous conduire à identifier les initiateurs de cette politique, ceux qui en sont les commanditaires c’est-à-dire ceux qui en ont tiré et en tirent encore profit. Laurence Parisot, patronne du MEDEF, remarquable incarnation de ce grand patronat imbécile a plaidé récemment (cf. Le Figaro du 16 avril 2011) « pour que la France reste un pays ouvert face à l’immigration ». Idiote utile du Système, Mme Parisot ne mesure probablement pas toutes les conséquences de tels propos, mais elle sait en revanche parfaitement qu’un certain nombre de ses amis, et qui ne sont pas tous du CAC 40, ne lui pardonneraient pas une prise de position anti-immigrationniste. On peut penser que la majorité de ses pairs du grand patronat sont dans la même logique d’idiotie utile, principalement motivée par des considérations d’ordre pécuniaire – un salarié étranger, clandestin ou non, s’exploite plus facilement, et pour moins cher, qu’un salarié français -. Mais derrière l’idiot utile, il y a toujours quelqu’un qui n’est peut-être pas très utile, mais certainement pas idiot.

    Illustration symétrique de la collusion UMP/PS dans le champ politique est le parallèle que l’on peut faire dans le domaine social avec l’alliance objective du MEDEF avec la quasi-totalité des syndicats (CGT, CFDT, Unsa, Solidaires, FSU) relativement à la préférence nationale. Une déclaration commune de ces derniers remontant au mois de mars 2011 affirme notamment « que la préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme ». Derrière des oppositions apparentes entre syndicats patronaux et ouvriers, destinées à donner le change et amuser la galerie, se dessine la même volonté anti-nationale, qui a d’abord porté préjudice à la classe ouvrière avant de s’attaquer maintenant aux classes moyennes en voie de paupérisation.

    L’immigré, et en cela je suis d’accord avec Alain Soral, n’est pas en soi, l’ennemi du peuple français, et ne doit pas être transformé en bouc émissaire, mais force est de reconnaître que l’immigration a été instrumentalisée par les tenants (de « gauche » et de « droite ») de l’idéologie mondialiste pour ébranler le socle de la société française.
    Je suis en revanche beaucoup plus dubitatif que lui sur la volonté qu’auraient ces Français d’origine étrangère, et notamment pour les populations originaires du Maghreb, d’entrer en guerre contre le Système aux côtés des Français de souche. Je crois qu’Alain Soral sous-estime le poids de l’histoire, et notamment celui de la guerre d’Algérie, qui est encore très prégnant, notamment au sein de ces cultures de tradition orale ravivant sans cesse des blessures non cicatrisées. Au-delà de la figure de l’immigré, il est bien clair également que certains voudraient, à travers cette problématique, nous faire tomber dans le piège du choc des civilisations : Occident éclairé contre islam obscurantiste. Il est bien évident que s’inscrire dans cette logique sans réserve, consisterait à servir aveuglément les intérêts du Système, à savoir l’accélération du processus visant à obtenir la gouvernance mondiale par les partisans de l’idéologie anglo-saxonne. La lucidité et la réflexion permettent d’imaginer un résultat hétérotélique (c-à-d- que les objectifs visés par ceux qui ont mis en place cette stratégie de conflit civilisationnel seront très probablement différents des résultats qu’ils avaient imaginés). Au nombre de ceux-ci, on peut imaginer une inversion des flux migratoires et à tout le moins un arrêt de la progression de l’Islam sur notre continent.

    L’islam, sur le plan théologique est tout aussi respectable que n’importe quelle religion, mais à la différence de toutes les autres religions présentes sur le continent européen, il ne distingue pas entre le spirituel et le temporel. En cela, il est totalement subversif pour une société républicaine et laïque. Par nature, l’islam ne peut se satisfaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905. Ou il obligera les édiles à violer la loi, ce qu’il fait déjà, en obtenant des financements déguisés pour la construction ou la mise à disposition de lieux de culte, ou il deviendra assez puissant pour faire abroger cette loi afin d’obliger l’Etat à financer son développement qui s’accroitra inévitablement si rien n’est fait pour mettre un terme à la politique migratoire que nous connaissons.

    L’islam ne doit pas être stigmatisé, mais le danger que fait courir son développement spectaculaire, notamment à travers ses prédicateurs les plus extrémistes, ne doit pas être occulté. Si à une religion d’essence totalitaire – au sens encore une fois où toutes les activités humaines de ses membres sont codifiées par les hadiths du prophète – n’est pas imposé un code de conduite drastique qui permet de protéger les acquis de la liberté, alors tous les idéaux pour lesquels nos ancêtres se sont battus seront foulés au pied par les fidèles d’une religion qui ne connaît que la conquête, par l’esprit ou par les armes.

    Pour en finir avec la dernière dictature du XXe siècle

    Le XXe siècle a été le théâtre d’une confrontation entre trois idéologies totalitaires, étroitement imbriquées entre elles, nazisme, communisme et libéralisme. Elles ont des points communs et des divergences, mais toutes visaient à l’asservissement des hommes. Les deux premières ont heureusement disparu, mais il en reste une dont les ravages se font toujours sentir. Elle est probablement la plus dangereuse, d’abord parce qu’elle a vaincu successivement les deux autres en démontrant par là sa supériorité, ensuite parce qu’à la différence des deux premières, elle avance masquée sous la bannière attrayante des droits de l’homme, de la liberté et de la consommation.

    Toutes trois ont en commun d’être des idéologies du passé totalement inadaptées aux problématiques de notre temps. Par ordre d’apparition on a assisté d’abord à la naissance du libéralisme au XVIIIe siècle, puis du communisme au XIXe et enfin du nazisme au début du XXe. D’une certaine manière, les deux dernières peuvent s’analyser comme des réactions aux excès d’inégalités que suscitait déjà le libéralisme. Réaction au libéralisme, mais aussi au communisme, le nazisme devait sombrer dans ce qui restera comme une des plus abominables dictatures de tous les temps.

    Les points communs de ces trois systèmes reposent d’abord sur l’utilisation des masses à la fois comme objet de pouvoir et comme instrument de domination. Une distinction toutefois entre le libéralisme et les idéologies militaristes est que la première atomise les individus pour les mieux les massifier dans l’indifférencié, alors que les deux autres tentaient d’obtenir l’adhésion des masses sur la foi en la suprématie d’une race ou d’une classe. Une fois que la masse est circonvenue et adhère à l’idéologie, par la persuasion et/ou la terreur, elle devient l’esclave de l’oligarchie au pouvoir et les individus qui la composent deviennent des militants actifs au service exclusif du système en place, quel qu’il soit – on l’a vu avec la transformation rapide en République démocratique allemande, des militants nazis qui se sont transformés sans état d’âme en militants communistes du jour au lendemain, et on a vu également dans les ex-pays communistes d’Europe de l’est, la nomenklatura communiste se transformer en oligarchie libérale avec une simplicité et une rapidité déconcertantes -.
    Autre point commun, la domination d’une caste de privilégiés sur les masses : parti nazi ou parti communiste pour les deux idéologies à dominante militariste, mais plus grande subtilité de la part de l’idéologie libérale dont les véritables dirigeants sont beaucoup plus discrets, ne portent pas d’uniformes et ne paradent pas sur des tribunes officielles devant des armées défilant au pas de l’oie.
    Méthodes comparables encore dans l’utilisation de la propagande, ou de la publicité, qui vise à conditionner les foules pour les faire obéir à des réflexes pavloviens, supériorité d’une race, supériorité d’une classe, ou plus subtil, vendre le désir de consommation et l’individualisme forcené comme la forme la plus aboutie de la liberté.

    Autre parallèle que l’on peut établir entre ces trois idéologies est celui de la notion d’enfermement. Le nazisme et le communisme resteront dans l’histoire comme les deux dictatures les plus sanguinaires qui aient jamais existé et au-delà des guerres qu’elles ont suscitées, c’est dans l’emmurement et l’extermination de leurs opposants qu’elles étaient contraintes d’agir pour assurer leur pérennité. Là encore, la dictature libérale est plus habile : Pas de camp de concentration, pas d’extermination de masse (pas encore ?) mais utilisation massive des médias pour intoxiquer quotidiennement les peuples, grâce notamment à l’instrument majeur de contrôle des esprits que constitue la télévision. Si l’enfermement est plus subtil, il est néanmoins présent par l’omniprésence et l’omnipotence de l’argent qui enchaîne l’individu dans une frénésie de consommation stérile qui ne sert qu’à enrichir les commanditaires du Système et à asseoir leur domination. Autre raison de la pérennité du plus vieux système d’oppression des peuples, est qu’il a l’habileté de se cacher derrière ce qu’il appelle « la main invisible du marché ». De ce fait, ceux qui accaparent les plus grandes richesses deviennent les véritables maîtres de la main invisible par leur capacité à orienter ce marché dans le sens qui leur convient. Ensuite, et c’est là que se situe le véritable nœud gordien du libéralisme, l’habileté suprême de Big Brother, c’est que nous sommes tous partie prenante de ce système, quand bien même nous le combattons, dès lors que nous consommons à travers les circuits qu’il a organisés, nous alimentons la machine destinée à nous asservir. Le seul moyen de trancher le nœud est de redonner au politique toute sa place et à l’économie rien que sa place, L’économie n’est pas une science, mais un simple moyen destiné à être au service de l’homme et ne doit pas être un moyen utilisé pour mettre l’homme au service de l’économie.

    Dernier élément de comparaison entre ces trois dictatures, apparemment si dissemblables, le manque total de respect pour l’être humain. Face à ces trois visions du monde totalitaires, une seule attitude est possible c’est celle de la résistance à l’oppression. Tout autre choix relèverait de l’esprit de collaboration. Il n’est plus nécessaire, et c’est heureux, de lutter contre le fascisme et le communisme sur notre continent, mais il est du devoir de tous les patriotes, de tous ceux qui aiment la France, sans considération de sang ou de religion, de tous ceux pour qui le mot de liberté a encore du sens, de marcher ensemble pour abattre la dernière vieille dictature encore debout en ce début de IIIe millénaire, la dictature de l’argent. Patriotes de tout le pays ! Unissez-vous !

    Emmanuel Leroy (Nation Presse Infos, 21 juin 2011)

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  • Un autre monde ?...

    Alain Chauvet, consultant et professeur à l'Ecole centrale de Paris et à l'Essec, vient de publier aux éditions Lethielleux, Un autre monde - Protectionnisme contre prédation, un essai dans lequel il préconise la réorganisation du monde en grands espaces politiques économiquement autocentrés. Il avait déjà publié en 2009 Après l'Occident - Pour un protectionnisme intelligent aux éditions Desclée de Brouwer.

     

    Un autre monde.jpg

    "Est-on au bord d'un effondrement de la civilisation occidentale ? La disparition des Etats-providence est elle inéluctable ?

    Comment arrêter les guerres, remettre l'argent à sa place, et éviter le chaos auquel nous destinent les prédateurs financiers ?

    Peut-on rompre la fatalité du cycle millénaire des civilisations grecque, romaine et chrétienne ?

    Comme dans « Après l'Occident » (2009), Alain Chauvet fournit une lecture nouvelle de la mondialisation et de la crise, à partir d'une analyse de l'histoire de l'Humanité.

    Constatant l'impossibilité de mettre en place un gouvernement mondial qui régulerait la planète et éliminerait la prédation, il propose une solution contre-dogmatique : découper le monde en dix grandes civilisations totalement protectionnistes. Dix petits mondes se partageraient la planète et réguleraient chacun l'économie et la vie politique de leur territoire.

    Seule l'Europe, avec son passé social-démocrate et sa puissance économique, peut réussir la première dans cette voie."

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