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joe biden - Page 3

  • Feu sur la désinformation... (371)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Jules Blaiseau.

    Au sommaire :

    • 1 - L'image de la semaine
      Joe Biden a eu des propos durs et explosifs à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine. Les médias ne questionnent toujours pas sa santé mentale.
    • 2 - "Macron assassin" : la polémique
      "Macron assassin" a t-on pu entendre scander la foule du Trocadéro pendant près de 10 secondes. La polémique lancée par BFM TV n'a fait qu'enfler depuis. Challenges parle même du plus grand déferlement de haine depuis les années 30 !
    • 3 - Revue de presse
      Anne-Sophie Lapix clash Zemmour, des émeutes sont tues à Aulnay, Villeurbanne, Rillieux, Vénissieux et Sevran, Arte fait sa propagande contre le nucléaire ...
    • 4 - Macron et son patrimoine
      Un reportage d'Off Investigation accuse Macron de sous-évaluer grandement son patrimoine (550 000 euros) dans ses déclarations de candidat. Est-ce le scandale de trop qui fera tomber la macronie ?

     

                                             

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  • (In)dépendance(s)...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré à la question de l'indépendance nationale. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    (In)dépendance(s)

    Au moment où certains, grâce à Joe Biden, découvrent l’évidence, à savoir que les États font prévaloir leurs intérêts sur les liens qu’ils ont noués avec leurs alliés, il peut être utile de réfléchir au concept d’indépendance nationale.

          La notion a bien sûr une connotation militaire : est indépendant le pays qui peut se défendre seul contre des attaques ennemies. A cet égard la France peut se prévaloir d’une armée aguerrie, de matériels modernes et d’un « parapluie » nucléaire : peu d’États peuvent en dire autant. Mais pour certaines opérations, la surveillance par drone par exemple, elle dépend de ses alliés américains ; par ailleurs, selon certaines études récentes elle ne serait pas en mesure de soutenir longtemps un conflit de haute intensité sans faire appel à eux [1] ; enfin, l’appartenance à l’OTAN, où les États-Unis ont clairement plus de poids que les autres membres, réduit singulièrement son autonomie. Notre indépendance militaire ne va donc pas sans une certaine dépendance.

          Mais le pays pourra-t-il continuer à maîtriser les technologies de pointe, à mener à bien les programmes de R&D et à se doter des matériels de dernière génération ? Cette question dépasse bien sûr le seul domaine militaire et concerne l’ensemble de l’économie, sous ses diverses composantes. La prospérité économique repose en effet sur  des grands programmes industriels nécessitant des investissements rarement à la portée d’un seul État et dont le temps de retour excède les attentes d’un marché de plus en plus court-termiste : la solution réside dans des conglomérats industriels multinationaux dont on ne sait plus bien s’ils sont dominés par une logique industrielle ou nationale-bureaucratique mais où l’on constate que chacun est sous la dépendance des autres ; l’impossibilité d’exporter des matériels français comportant des composants venant d’entreprises de pays faisant des choix différents en matière de contrôle des exportations (États-Unis, Allemagne) l’a clairement montré. Mais la prospérité économique suppose aussi des innovations qui sont souvent le fait de start up constituées autour d’entrepreneurs dynamiques, sachant maîtriser le fonctionnement dit « agile » et capables de séduire des investisseurs aimant le risque : il n’est pas certains que les efforts récents consentis pour transformer la France en une start-up nation suffisent à empêcher les jeunes pousses de se tourner vers des fonds américains, chinois ou moyen-orientaux qui les placent sous leur dépendance.

          Les choix industriels ont à l’évidence une importance capitale. A cet égard la décision de diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique au profit de celle du solaire et de l’éolien consiste à préférer des technologies aux mains d’industriels généralement asiatiques et dépendant de terres rares inconnues dans nos contrées à une filière dont nous maîtrisons toutes les étapes : cela ne va pas dans le sens d’une indépendance énergétique accrue. L’étrange abandon, en catimini de surcroît, du programme Astrid de réacteur à neutrons rapides, qui aurait permis de quasiment se débarrasser de la problématique des déchets nucléaires, concourt à la même évolution mettant l’approvisionnement énergétique du pays sous la dépendance de tiers.

          Mais le débat ne concerne pas que les pouvoirs publics : il est à cet égard frappant de constater que les grands capitalistes français investissent dans le luxe et l’art contemporain « globalisé » alors que leurs homologues américains investissent dans les technologies d’avenir, énergétiques, numériques ou spatiales. Or, s’il ne suffit pas d’acquérir un sac pour perdre son indépendance, être l’usager des GAFA, forcé de surcroît, faute de vraie concurrence, oblige à communiquer une foultitude de données qui placent les consommateurs européens sous la dépendance d’entreprises d’un pays étranger et peut-être, à travers elles, de leurs services de renseignement, le RGPD n’y changeant pas grand-chose.

          Un autre risque de dépendance technologique résulte des opérations de M&A réalisées à l’échelle mondiale qui découpent et redécoupent à l’envi les périmètres des entreprises pour générer de nouvelles synergies et des gains de structure ou d’échelle : il peut en résulter un transfert d’une entité stratégique. Les turbines Arabelle, qui équipent les centrales nucléaires terrestres ou embarquées et qui sont passées entre des mains américaines en 2014 lorsque GE a acheté la division énergie d’Alstom, sont emblématiques d’une telle perte d’indépendance, alors étrangement acceptée par les pouvoirs publics.

          C’est en fait la mondialisation qui est, de manière plus générale, en cause, même s’il ne s’agit pas ici de nier ses bienfaits, pour le pouvoir d’achat des consommateurs des pays clients comme pour l’emploi et le développement économique des pays producteurs. Les tergiversations et palinodies auxquelles la crise sanitaire a donné lieu pour de simples masques et tests, puis l’actuelle pénurie de semi-conducteurs, montrent les conséquences d’une division internationale du travail non construite ni maîtrisée et révèlent que l’interdépendance théorique entre pays n’est qu’un synonyme de la désindustrialisation et peut cacher une dépendance à sens unique. Aucune réflexion sérieuse n’a été menée pour déterminer les technologies et les produits qu’un pays doit conserver pour demeurer indépendant : le fait que la tâche soit malaisée ne la rend pas moins nécessaire.

          La diplomatie bilatérale ou multilatérale, bien sûr, n’a pas les mêmes conséquences puisqu’elle repose sur des bases volontaires. Mais la « démocratie planétaire », consistant à traiter de manière équivalente tous les États, indépendamment de leur population, leur richesse, leur poids géopolitique, place chaque pays sous la dépendance d’une « pensée mondiale » dont on ne sait pas trop qui la forme ou la manipule. A cet égard le poids pris par certaines ONG peu soucieuses d’avoir pour elles-mêmes la transparence qu’elles exigent des autres et dont on sait les liens avec certains intérêts publics ou privés, peut faire douter que les débats soient tous fondés sur une indépendance réelle de tous les intervenants.

          Dans ce jeu international, l’Europe tient une place particulière. Elle est une condition d’indépendance pour que ses pays membres puissent avoir un peu de poids face aux États-Unis et à la Chine. Mais elle est aussi un facteur de dépendance dont l’actualité récente fournit maints exemples. La difficulté à obtenir la prise en compte du nucléaire dans la « taxonomie » des activités « vertes » dans le même temps où le gaz, qui émet 40 fois plus de CO2, y serait inclus ressemble furieusement à une volonté de remettre en cause le modèle énergétique français et à faire de l’allemand, malgré les échecs de l’energiewende, désormais reconnus par tous, le parangon. Le Green Deal bruxellois revient à priver les États de la possibilité de définir eux-mêmes la politique énergétique qu’ils comptent mener pour atteindre les objectifs climatiques qu’ils se sont fixés conjointement. Dans un autre domaine, l’arrêt rendu le 15 juillet dernier par la Cour de Justice de l’Union Européenne interdit aux États de décider la durée de travail de leurs militaires, remettant en cause un élément basique de leur souveraineté, voire de leur légitimité.

          Le problème est que, si les États ont accepté de se placer ainsi sous la dépendance des institutions européennes, il n’en est pas résulté le gain attendu : l’Europe n’a toujours aucun poids dans les débats internationaux, et le récent pied de nez offert par la nouvelle internationale anglo-saxonne dévoilant l’AUKUS au moment où l’Europe annonçait sa stratégie pour la région indo-pacifique en est une illustration lumineuse.

          L’indépendance, les ados le savent, est aussi une question financière. Or l’endettement de la France est élevé, proche de 120 % du PIB, et croissant ; le besoin de financement de l’Etat sur les marchés sera l’an prochain de peu inférieur à 300 Md€, ce qui place le pays à la merci d’une remontée des taux et de modifications des marchés financiers rendant plus malaisés les refinancements. D’autre part, les créances sur l’État français sont, selon l’Agence France Trésor, détenues pour 51 % par des non-résidents : le pays est donc sous la dépendance, au moins partielle, d’étrangers. Enfin, l’accroissement de notre déficit extérieur fait qu’en vingt ans notre position extérieure nette, c’est-à dire la différence entre la valeur de ce que les Français détiennent à l’étranger et celle de ce que les étrangers détiennent en France, est passée de – 40 à – 695 Md€ ; cela signifie que, « ne vendant pas assez de produits à l’export pour payer ses importations, (la France) se vend pour maintenir son train de vie » [2] ; se vend, donc se place sous la dépendance des détenteurs de capitaux étrangers, publics ou privés.

          De même, avec le quantitative easing aux États-Unis puis en Europe, les politiques économiques nationales dépendent désormais entièrement du bon vouloir des banques centrales qui, en achetant des titres publics et privés, permettent le financement des divers « quoi qu’il en coûte » nationaux. Dès lors, si la BCE bénéficie d’une indépendance que son statut lui reconnaît expressément, les gouvernements européens sont dans la dépendance de la même BCE dont l’action, voire seulement les déclarations, conditionne leur politique.

          Par ailleurs, la part du dollar dans les transactions internationales est telle que les États-Unis ont pu en faire le support, ou le prétexte, d’une extra-territorialisation de leur règles juridiques aboutissant à ce que leurs choix politiques, les embargos notamment, s’imposent aux entreprises étrangères et à ce que celles-ci sont justiciables des tribunaux américains, dont elles dépendent désormais au moins autant que de ceux de leur pays.

          Enfin, l’indépendance suppose une certaine autonomie de la vie intellectuelle, une capacité à ne pas suivre aveuglément les modes étrangères, la volonté de défendre les principes qui fondent la communauté nationale et de montrer ses acquis. Or le Global art fait la part belle aux artistes anglo-saxons et désormais chinois et l’idéologie woke ainsi que la cancel culture, bien qu’elles n’aient pas grand-chose à voir avec la tradition intellectuelle française et qu’elles ne concernent guère les principaux problèmes auxquels le pays est confronté, irriguent désormais les débats dans les universités françaises et s’invitent dans celui de l’élection présidentielle.

          Ces quelques réflexions montrent que :

    • l’indépendance est loin de n’être qu’une question militaire ; s’en soucier suppose une réflexion de plus grande ampleur et devrait mobiliser non seulement les pouvoirs publics mais aussi les détenteurs de capitaux, voire les intellectuels et « influenceurs » de toutes natures ;
    • il est illusoire de rechercher une indépendance absolue et générale ; l’important est de choisir ses dépendances, de déterminer dans quels domaines les dépendances sont acceptables, et de qui l’on accepte de dépendre.

          Si l’on rapproche cette analyse de nos récents malheurs à Kaboul et à Cambera, la morale de l’histoire est que l’Histoire n’a pas de morale. Les relations internationales ne sont pas guidées par les grands sentiments, mais par les intérêts et par la capacité des différents protagonistes à défendre leurs intérêts respectifs. La France, depuis bien des décennies, et à part quelques moments de lucidité, veut l’ignorer. Puissent les évènements récents lui ouvrir les yeux et la faire agir avec moins de naïveté.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 27 septembre 2021)

    Notes :

    [1] Voir “A strong allied stretched thin, an overview of French defense capabilities from a burdensharing perspective”, Rand Corporation, juin 2021.

    [2] Jean-Marc Daniel, Les Echos du 15 septembre 2021.

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  • Feu sur la désinformation... (327)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Des inscriptions considérées comme islamophobes ont été taguées sur les murs d’un centre culturel musulman à Rennes. L’émoi politico-médiatique qui a suivi a été impressionnant.
    • 2 : Notre-Dame : l’enquête patine, les médias enfument
      Deux ans jour pour jour après le terrible drame de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, l’enquête semble au point mort. Les médias, comme le gouvernement, avaient très vite écarté l’hypothèse d’un acte criminel. Un empressement étrange.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Le scandale autour du fils de Joe Biden s’intensifie
      Hunter Biden, le fils de l’actuel président des États-Unis, est au cœur d’un scandale politico-financier qui a été soigneusement caché par les médias américains et français durant la campagne présidentielle.

     

                                           

     

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  • Feu sur la désinformation... (324)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Une fusillade aux États-Unis a donné l’occasion à l’AFP de s’illustrer avec un superbe bobard !
    • 2 : Joe Biden : double discours et sénilité ?
      Outre-atlantique, la mansuétude médiatique envers Joe Biden est au maximum, alors qu’il semble parfois à deux doigts de la sénilité.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Covid-19 : « Fact-checkers » ou « Fake-makers » ?
      Un prétendu « fact-checking » de Thomas Huchon sur LCI à propos de la létalité du Covid-19 démontre que ces prétendus spécialistes de la vérité manquent cruellement de rigueur.

     

                                              

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  • Make America gentle again ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré au faible impact qu'aura l'élection de Joe Biden sur les constantes de la politique étrangère américaine. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    Make America gentle again ?

    1/ La présidence de D.Trump se terminera donc comme certaines œuvres de Shakespeare, dans le bruit et la fureur, dans un mélange de tragique et de farce où l’on ne sait plus trop qui est le bouffon et qui est son maître. De quoi donc l’Amérique est-elle désormais le nom ? Jusqu’alors elle représentait la liberté, le dynamisme et la réussite ; aujourd’hui le déferlement de cancel culture et de philosophie woke, d’un côté, l’incapacité à reconnaître ses échecs, de l’autre, associent l’Amérique au déni de réalité.

    Mais les Etats-Unis ont désormais le visage de J.Biden dont la victoire a, certes dans des conditions ahurissantes, été « certifiée » par le Congrès le 6 janvier. Le 6 janvier, c’est le jour pendant lequel les Anciens fêtaient la renaissance de la lumière, source de toute vie, c’est aussi le jour pendant lequel les Chrétiens se réjouissent de la venue de Dieu au monde, venue reconnue et saluée (« certifiée », est-on tenté d’écrire) par les Rois Mages. Doit-on en conclure que J.Biden permettra, comme un autre dirigeant il y a quarante ans, de « passer de l’ombre à la lumière » et apportera l’amour à l’humanité ? Beaucoup, en Europe et particulièrement en France, l’espèrent, voire en sont persuadés.

    Bien sûr, disparaîtront les tweets rageurs, les foucades inattendues et intempestives, les propos vulgaires et les accusations simplistes. Très certainement, la diplomatie sera plus policée et plus courtoise. Sans doute, les Etats-Unis respecteront davantage les accords internationaux, joueront plus que ces dernières années le jeu des organisations internationales et recourront moins au protectionnisme. Mais peut-on espérer que J.Biden fera évoluer la politique étrangère américaine d’une façon favorable à nos espoirs et nos intérêts ?

    2/ Les Etats-Unis n’ont pas attendu D.Trump pour considérer que leur principale menace venait de Chine. B.Obama a cherché à manier à la fois le dialogue dans le domaine économique et l’affirmation de sa puissance aéronavale, puis D.Trump a joué la carte du protectionnisme : les deux ont largement échoué et ont même aidé la Chine à accélérer son autosuffisance et à légitimer sa montée en puissance. Quelle tactique J.Biden utilisera-t-il et celle-ci aura-t-elle davantage de succès ? Rien n’est moins certain et l’Union européenne l’a anticipé il y a quelques jours en signant avec la Chine un accord sur les investissements, montrant qu’elle avait compris qu’elle devait compter sur ses propres forces. Mais cet accord est plus de l’affichage qu’un acte engageant puisqu’il est muet sur les sujets qui handicapent le plus les entreprises européennes : la propriété industrielle, les transferts de technologie, les soutiens publics. La puissance militaire chinoise continuera de croître au moins aussi vite que le PIB du pays, la zone d’influence économique, donc politique, de la Chine continuera de s’étendre comme l’a montré en novembre la signature par quinze pays asiatiques du « Partenariat régional économique global » (RCEP) et les nouvelles routes de la soie continueront d’ouvrir les marchés européens aux entreprises chinoises ; gageons que J.Biden n’y changera pas grand-chose.

    3/ Au Moyen-Orient le mandat de D.Trump s’achève en même temps qu’est franchie une étape importante de la recomposition régionale initiée par la seconde guerre du Golfe et poursuivie par le « printemps » arabe, qui ont l’une et l’autre dynamité les équilibres antérieurs. D’une part, les Emirats Arabes Unis et Bahreïn ont engagé en août un processus de reconnaissance de l’Etat d’Israël auquel le Maroc et le Soudan se sont joints et que l’Arabie Saoudite rejoindra très probablement à brève échéance. D’autre part, les monarchies du Golfe ont fait taire leurs divergences et le Qatar a été réintégré dans le Conseil de coopération du Golfe Persique. Le résultat est clair : Israël et l’Arabie Saoudite, longtemps ennemis mais ayant peu à peu fait taire leur aversion mutuelle, sont à présent les deux piliers d’une alliance régionale contre l’Iran soutenue avec force et moyens par les Etats-Unis. Subsistent cependant deux ombres à ce beau tableau : la Syrie, où la Russie et la Turquie ont empêché l’achèvement du processus de dislocation, et le besoin qu’a R.Erdogan de faire oublier ses échecs économiques par des rodomontades militaires dans les zones à population kurde et dans le bassin méditerranéen oriental. Certains mauvais esprits remarqueront que la situation des Palestiniens n’est toujours pas réglée, mais les Palestiniens n’intéressent plus personne – sauf les Iraniens bien sûr, par Hezbollah interposé, mais par sollicitude réelle ou pour disposer d’une future monnaie d’échange ?

    Il est peu probable que J.Biden ait l’intention de remettre en cause cette belle construction dont les principes correspondent aux objectifs retenus par les Etats-Unis depuis au moins vingt-cinq ans, sous les mandatures démocrates comme républicaines. Il s’est certes dit, durant la campagne électorale, déterminé à réintégrer l’accord JCPOA sur le nucléaire signé en 2015 – donc lorsqu’il était Vice-président – par l’Iran, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France et dénoncé par D.Trump en 2018. Mais il a ajouté souhaiter élargir le champ de l’accord, ce qui réduit singulièrement la portée de l’intention et permettra de justifier tout échec, y compris volontaire, des négociations.

    Les Français n’ont donc ici pas grand-chose à espérer de lui : bien qu’elle ait joué le rôle de supplétif américain en Syrie, la France est sortie du processus de paix en cours et l’on ne voit pas pourquoi les leçons données par E.Macron à la classe politique libanaise inciteraient J.Biden à l’y réintégrer. De même, J.Biden ne va pas reprocher au prince héritier saoudien l’accolade qu’il a donnée récemment à l’émir du Qatar bien qu’elle ait pour conséquence de permettre à ce dernier de continuer à favoriser les ambitions des Frères Musulmans en France et dans tout le pourtour méditerranéen. Enfin, il est peu probable que J.Biden accepte de lever l’embargo pesant sur l’Iran avant l’adoption d’un nouvel accord : un tel accord étant bien incertain, les entreprises françaises ne sont pas prêtes de retrouver les marchés qu’elles avaient, grâce à leurs compétences, conquis dans ce pays.

    4/ C’est l’administration démocrate de B.Obama qui a officiellement reconnu que l’Europe n’est plus la priorité des Etats-Unis : en 2011 H.Clinton, alors Secrétaire d’Etat, a revendiqué un basculement vers l’Asie, l’« Asian pivot ». D.Trump n’a fait que renchérir, notamment en faisant valoir que les Européens ne dépensaient pas suffisamment pour leur propre défense. Mais l’attitude américaine est en fait plus complexe puisque les Etats-Unis ne se privent pas d’utiliser l’OTAN pour influencer la politique étrangère des pays européens et pour faire pression pour qu’ils achètent du matériel militaire américain, freinant de ce fait le développement d’une industrie d’armement européenne. On aurait pu penser que la franchise de D.Trump et ses mauvaises relations avec la chancelière allemande auraient incité les Européens à prendre davantage en main leur propre destin mais ces derniers ont préféré concentrer leurs efforts sur les mesures économiques et sur l’attribution de nouveaux pouvoirs financiers à la Commission. Bien plus, la ministre de la Défense d’Allemagne, dont on pouvait attendre qu’elle favorise l’identité européenne, d’autant que les Etats-Unis sont en train de repositionner une partie de leurs troupes stationnées dans son pays, a préféré déclarer que « l’idée d’une autonomie stratégique de l’Europe va trop loin si elle nourrit l’illusion que nous pourrions assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de l’Europe sans l’OTAN ni les Etats-Unis ». Il est peu probable que J. Biden rompe avec la politique de ses prédécesseurs qui parvient à concilier un relatif désengagement militaire avec le maintien d’un contrôle des stratégies diplomatiques des Européens. Il continuera à pointer du doigt, comme les Démocrates le font avec constance depuis quatre ans, les accointances réelles ou supposées de D.Trump avec les responsables russes, ce qui l’aidera à présenter la Russie comme animée de la même volonté expansionniste que l’URSS : il pourra ainsi empêcher la constitution d’une Europe s’étendant de l’Atlantique à Oural, qui constituerait un troisième pôle mettant à mal le duopole sino-américain.

    A l’outil militaire s’ajoute d’ailleurs l’outil juridique. En faisant condamner par la justice américaine, en application de lois américaines, des entreprises et des banques étrangères qui ont commercé avec des pays frappés d’un embargo américain, les Etats-Unis ont mis en place de manière purement unilatérale un système d’extraterritorialité du droit américain. Or ceci est l’œuvre, non de D.Trump, mais de B.Obama et Technip, Alcatel-Lucent, Total, BNP-Paribas, Alstom et le Crédit Agricole ont versé 11,4 Md$ au fisc américain entre 2010 et 2015, donc sous une présidence démocrate. Est-il raisonnable d’imaginer que J.Biden remettra en cause ce dispositif institué lorsqu’il était Vice-Président, alors même que le Congrès, avec l’adhésion des Démocrates, vient de le renforcer et de l’étendre en adoptant l’Anti-Money Laundering Act qui, au nom bien sûr de la lutte contre la corruption, permet désormais au Department of the Treasury et au Department of Justice d’accéder aux comptes des banques étrangères et, en cas de refus, d’infliger une amende à l’établissement financier récalcitrant et de lui interdire toute relation avec ses homologues américains ?

    5/ Les présidents des Etats-Unis ont également fait preuve de leur capacité à promouvoir et défendre leurs grands champions économiques exerçant leur activité dans les domaines de souveraineté. Les GAFA sont devenus d’extraordinaires machines de captation des revenus publicitaires (Google et Facebook recueillent 50 % de la publicité en ligne mondiale) mais surtout des données individuelles et, comme l’actualité le montre, des instruments d’une censure collective ou privée extrajudiciaire ; incapable de faire émerger des concurrents, l’Europe n’a trouvé de solution que dans la voie fiscale mais le dernier épisode du feuilleton de la « taxe GAFA » n’est pas pour demain : les membres de l’équipe de J.Biden qui ont exercé des responsabilités dans un des GAFA ou chez Twitter seront attentifs à ce dossier, comme l’ont été leurs prédécesseurs des équipes de B.Clinton ou de B.Obama. Dans le domaine spatial, le contraste est grand entre, d’un côté Blue Origin et Space X qui, grâce aux financements apportés par la NASA, ont fait le pari des ruptures que sont la réutilisation des lanceurs et la miniaturisation des satellites, ce qui permet de réduire drastiquement les coûts, et de l’autre Arianespace qui a conçu Ariane 6 en fonction des conceptions traditionnelles ; de même, la Commission européenne a attendu décembre dernier pour annoncer la sélection de neuf entreprises chargées d’une étude de faisabilité d’un réseau de communication par satellites alors que Space X a commencé dès mai 2019 le déploiement de sa constellation Starlink dont 895 satellites avaient déjà été déployés fin octobre dernier. Dans le domaine médical enfin, il est frappant de constater que les deux premiers vaccins contre la Covid, ceux de Pfizer et de Moderna, sont américains et utilisent une technologie nouvelle, passant par l’ARN, permettant une mise sur le marché plus rapide. 

    Les Européens, clairement à la traîne des Etats-Unis dans ces domaines, sont toutefois en grande partie responsables de cette situation. Si les Américains ont une plus grande capacité à discerner les évolutions technologiques et à financer les initiatives disruptives, au nom de quoi pourrait-on le leur reprocher ? Les start-up françaises savent que pour se développer elles trouveront davantage de capitaux auprès d’investisseurs américains (ou chinois) qu’auprès de leurs homologues français, d’autant que, sauf dans l’aéronautique et l’énergie, les grands groupes français privés ont peu d’appétit pour les domaines de souveraineté (le luxe représente 33 % de la valorisation du CAC 40). 

    Si les Européens veulent corriger ce déséquilibre, ils doivent donc compter sur eux et non attendre de J. Biden une remise en cause d’un système dont les performances sont indubitables.

    6/ J.Biden gouvernera très probablement selon des méthodes et avec un style qui n’auront pas grand-chose à voir avec ceux de D.Trump. Mais ses grandes orientations de politique étrangère seront-elles différentes et favoriseront-elles davantage les intérêts de la France ? C’est peu probable. Comme ses prédécesseurs, J.Biden cherchera avant tout à défendre les intérêts des Etats-Unis et c’est bien normal : il a été élu pour cela. Dans certains domaines ces intérêts sont communs avec ceux de la France, dans d’autres pas, et la venue aux affaires de J.Biden ne changera pas grand-chose à ce constat. S’imaginer que le second président catholique des USA a pour seule ambition, tel le bodhisattva Avalokiteshvara, de faire régner la compassion et l’harmonie est une vue de l’esprit.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 11 janvier 2021)

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  • Joe Biden : le retour de la guerre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Métainfos et consacré à la victoire de Joe Biden et à ses conséquences pour l'Europe.

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    Joe Biden : le retour de la guerre ?

    Les journalopes françaises sont en pleine période d’euphorie depuis la victoire de Biden et il est impossible pour un Français qui se limiterait à ce qui reste de la presse hexagonale moribonde de se faire une idée juste de ce qui s’est passé aux Etats-Unis. Il faut chercher avec la plus grande objectivité possible ailleurs et on mesure alors stupéfait la rapidité avec laquelle les commentateurs se sont félicités de la défaite de Trump. Il y a forcément anguille sous roche. 

    Tout d’abord la fraude du côté démocrate est manifeste.

    Les images abondent de bulletins détournés, de sacs postaux remplacés, de comptage rapide. La fraude incombe au vote par correspondance justifié par la pandémie covid et dont certains en France hument déjà l’intérêt pour voler une fois de plus le choix des français en 2022. La fraude américaine fut proprement gigantesque et elle indique déjà le niveau d’honnêteté et la capacité au mensonge dont seront capables les démocrates qui prendront le pouvoir en janvier.

    Dans les westerns hollywoodiens, on attaquait le train postal, aujourd’hui, c’est le vote postal qu’on falsifie dans les wagons.

    Sans doute pour les raisons déjà évoquées, la réaction molle face à la sédition de Chop dont nous avons parlé, Trump a perdu mais de toute évidence avec un écart moindre que celui annoncé, avec un très faible écart de voix qui le rend – et c’est une situation que les Etats-Unis n’ont pas connu depuis longtemps – le leader incontesté et tonitruant d’une opposition intérieure qui a ses nombreux partisans et de plus en plus d’ailleurs, fait surprenant, dans la dite diversité (noir, latino) excédé par l’extrémisme suicidaire des Black Lives Matter.   

    Nous voudrions donc revenir ici sur un point capital que dans leur aveuglement partisan aucun éditorialiste n’a relevé. Donald Trump fut le premier président américain à ne pas avoir déclaré une guerre. Pour la première fois depuis bien longtemps, les Etats-Unis, état voyou et criminel sur bien des aspects, ne sont pas rentrés en guerre sur une quelconque partie du monde. C’est proprement du jamais vu. Le prix Nobel Barack Obama s’était lui illustré comme le président qui avait le plus bombardé et lâché de bombes durant tout son mandat. Trump n’a déclaré la guerre à personne : il a au contraire ramené nombre de boys à la maison. Nous n’osons imaginer ce qu’aurait été une présidence Hillary Clinton mais ce fait indéniable, indiscutable, passe partout aux oubliettes, ne risque-t-il pas cependant de nous revenir comme un boomerang, cette fois teinté d’explosifs avec la Présidence Biden.

    Il reste certes beaucoup à faire, surtout dans le domaine des opérations américaines à l’étranger, où des nations sont perdues et réduites au chaos avec toutes les conséquences sur les destins collectifs des peuples que cela entraîne, mais la situation actuelle, à la fin du mandat de Trump est bien meilleure qu’à la fin du mandat d’Obama. Les attentes sont de nouveau grandes maintenant avec l’arrivée de Joe Biden, mais je ne suis pas sûr que cela suscitera un avenir brillant.

    Déjà, on connaît l’inflexion : « l’Amérique comme guide du monde », titre de son programme de politique étrangère. Les préoccupations de ce programme restent les obsessions démocrates : la Russie, l’Iran et la Chine, vers laquelle Obama avait déjà infléchi toute la stratégie offensive et de défense des intérêts américains.

    Soyons clair : le siège de la Russie, comme celui que l’Entente a exercé contre l’Allemagne au siècle dernier, se résoudra forcément dans une série de guerres de faible intensité ou par une folie toujours possible en une confrontation radicale sur l’espace européen. Or nous savons déjà que matériellement (les coupures dans les budgets de la défense, véritables castrations des armées nationales) et psychologiquement, les Européens, prenons le cas des Français par exemple, seront incapables de faire face à un conflit qui durerait plus d’une semaine et qui leur causerait des sacrifices de sang et de leurs propres biens.

    Nonobstant, et certaines déclarations de nos plus hauts gradés récemment le confirment, le monde s’approche d’une montée de tension qui risque de ne pas être soutenable avec l’arrivée de Biden à la présidence des États-Unis, s’il revenait aux mêmes politiques agressives d’Obama et d’Hillary Clinton. La Chine s’y est déjà longuement préparé et a remporté cet été un atout décisif avec les alliances nouées dans le sud-est asiatique (nous y reviendrons).

    Les options de tir sont multiples et variés: le Cachemire, le Ladakh, la mer de Chine, le Caucase, la Biélorussie, la Crimée, la Syrie, un incident aéronaval en Baltique ou en Arctique, la Libye, des bouleversements dans une Arabie saoudite impliquée dans des différends successoraux, la mer Égée gréco-turque… Les occasions ne manquent pas, même une future balkanisation de l’Espagne ou du Royaume-Uni ne doivent pas être écartées. La capacité d’une puissance mineure à provoquer un second Sarajevo et à conduire le monde dans un conflit aux conséquences plus graves n’est plus seulement une hypothèse de travail dans certaines officines stratégiques mais Trump ne l’aurait pas permis.

    En Libye, en Syrie, dans les îles de la mer Égée, en Azerbaïdjan, et à l’avenir en Bosnie, en Albanie ou dans les quartiers très turcs de l’Allemagne, les drapeaux de Erdogan, le nouveau «sultan» se déploient, qui convertit la Turquie en un possible empire régional. Or, sans le soutien américain, quel pouvoir réel a-t-il face à une intervention russe ? 

    Qu’annonce en fait Biden ? « Tandis que “le président Trump a diminué, affaibli et abandonné alliés et partenaires, et abdiqué du leadership américain, comme président j’accomplirai immédiatement des actes pour renouveler les alliances des États-Unis, et faire en sorte que l’Amérique, encore une fois, conduise le monde”

    Comme “le monde ne s’organise pas tout seul”, souligne Biden, les États-Unis doivent de nouveau “jouer le rôle de guide dans l’écriture des règles« , comme ils l’ont fait pendant 70 ans sous les présidents aussi bien démocrates que républicains, jusqu’à ce que Trump n’arrive.

    Ce n’est pas un programme qui sent réellement le pacifisme ! Reste alors ce qui doit nous importer le plus : l’avenir de l’Europe.  

    Donald Trump, – décidément un grand président – avait donné indirectement la plus grande impulsion à la Défense européenne depuis la naissance de l’Union avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951. En étant farouchement isolationniste, avec des manifestations constantes de désaffection envers les pays européens, il est vrai pas exempt de quelques débordements –mais il vaut mieux avoir du style qu’être aussi terne que Macron ! – Trump a permis un réveil européen sur les questions de défense, il a servi à mettre la peur dans le corps des dirigeants européens qui, du coup ces dernières années, coïncidant avec sa présidence, ont mené un énorme effort dans la construction d’une nécessaire Défense européenne, avec le Fonds européen de Défense, au sein de la Coopération structurée permanente. Il s’agit là d’une réalisation européenne majeure parmi d’autres également significatives et nous la devons à Trump. Le problème est qu’avec une lecture superficielle de l’ « Amérique comme guide et gendarme du monde », pilier de l’OTAN qui depuis la fin du Pacte de Varsovie aurait  dû être dissout, avec surtout les Atlantistes qui noyautent la classe politique française et européenne, cela peut amener de nombreux partenaires européens à penser qu’avec Biden et la protection américaine de nouveau assurée, il ne vaut plus la peine de poursuivre la construction de la Défense européenne.

    C’est la position de l’esclave et cela nous laisse nu au milieu d’un monde en ébullition, alors qu’aucune des menaces n’a disparu, alors qu’au contraire, les menaces se réactivent en douceur, lentement mais sûrement (voir le retour des euro-missiles nucléaires sur le sol européen).

    Mais au final qu’elle le sache, l’Union européenne se retrouvera seule avec ses démons et sur un terrain de bataille pour lequel, elle n’est pas préparée.

    Michel Lhomme (Métainfos, 3 janvier 2021)

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