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islam - Page 26

  • Lutte contre le terrorisme islamique : une guerre de civilisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux déclarations claironnantes et incohérentes de Manuel Valls sur la guerre de civilisation...

     

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    « Choc des “civilisations” ? Entre grande farce et immense malentendu… »

    À propos de la lutte contre le terrorisme islamiste, Manuel Valls évoquait récemment un « choc de civilisations ». Que voulait-il dire par là ? Le Premier ministre serait-il devenu un disciple de Samuel Huntington ?

    Le 28 juin, sur France Inter, Manuel Valls a en effet déclaré que la lutte contre le terrorisme islamiste correspond à une « guerre de civilisation ». Civilisation au singulier ou au pluriel ? Il y a en fait trois hypothèses. La première est qu’aux yeux du Premier ministre, l’État islamique représente une « civilisation ». Écartons-la d’emblée, tant elle est absurde. Deuxième hypothèse : Valls s’aligne en effet sur Huntington. Dans son livre paru en 1996, où il prenait acte de l’effondrement du système soviétique, celui-ci soutenait que les guerres à venir ne seraient plus idéologiques comme à l’époque de la guerre froide, mais religieuses comme au temps des croisades. Ce serait des guerres entre grandes « aires culturelles ».

    Comme vous le savez, les critiques contre cette thèse n’ont pas cessé de s’accumuler. En ramenant les conflits actuels à des enjeux culturels et religieux, elle fait bon marché de leurs dimensions économiques et politiques. En traitant les civilisations comme des « blocs », elle oblitère les divergences d’intérêt entre les Européens et les Américains, tout comme elle dissimule l’opposition entre chiites et sunnites, qui seule permet de comprendre ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. Elle nourrit en fait une vision binaire que les néoconservateurs américains se sont empressés de reprendre à leur compte, et que George Bush n’a pas hésité à alléguer pour faire la guerre en Irak. Mais en ce cas, comment Manuel Valls peut-il prétendre en même temps qu’il ne prône « nullement une guerre entre l’islam et l’Occident » ? Et comment peut-il dire qu’il veut en finir avec le djihadisme alors que son gouvernement vend des armes à l’Arabie saoudite et au Qatar, qui le subventionnent dans le monde entier ? Incohérence ?

    Reste la troisième hypothèse. C’est celle que l’entourage du Premier ministre s’est efforcé d’accréditer : « Ce n’est pas une guerre de civilisations au pluriel. C’est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie », a ainsi déclaré Bernard Cazeneuve. La « civilisation » renverrait à des « valeurs universelles partagées par tout le monde ». Le problème, c’est qu’il n’y a pas de « civilisation humaine », et que les valeurs « universellement partagées » sont tout aussi mythiques. On tombe alors de Charybde en Scylla.

    Pourquoi cela ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la « civilisation » est un terme qui appartient au vocabulaire des temps modernes : on n’en trouve aucune trace dans l’Antiquité ni au Moyen Âge. Et c’est un terme fortement ethnocentré. C’est ce que constatait Jacques Bainville quand il écrivait : « Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles. La conception du progrès indéfini, apparue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, concourut à convaincre l’espèce humaine qu’elle était entrée dans une ère nouvelle, celle de la civilisation absolue […] La civilisation, c’était donc le degré de développement et de perfectionnement auquel les nations européennes étaient parvenues au XIXe siècle […] La civilisation, c’était en somme l’Europe elle-même, c’était un brevet que se décernait le monde européen. » C’est au nom de cette civilisation-là que l’Occident, au cours de son histoire, n’a cessé de vouloir convertir le reste du monde à ses valeurs propres, en les posant à tort comme « universelles », ce qui revenait à considérer que toutes les autres cultures du monde n’étaient qu’inculture, arriération ou barbarie.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 août 2015)

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  • S'opposer au multiculturalisme va-t-il devenir illégal ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figarovox et consacré à l'interdiction progressive de toute contestation du "modèle" multiculturel...

     

     

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    Multiculturalisme : quand s'y opposer deviendra illégal

    Au mois de juin dernier, le gouvernement du Québec, dirigé par le Parti libéral de Philippe Couillard (fédéraliste) présentait le projet de loi 59 (PL 59), visant officiellement à lutter contre les «discours haineux». On l'aura compris, il s'agissait, plus particulièrement, de lutter contre «l'islamophobie», qui contaminerait apparemment de grands pans de l'opinion publique. Le projet de loi est ces jours-ci examiné en commission parlementaire et suscite une inquiétude de plus en plus marquée, surtout, on s'en doute, chez ceux qui refusent l'aplaventrisme devant l'idéologie multiculturaliste. Ses partisans, quant à eux, brandissent l'étendard d'une société vraiment inclusive.

    Pour l'essentiel, le PL 59 accorderait aux individus le droit de porter plainte non plus seulement en leur nom propre, s'ils se sentent diffamés, mais au nom d'une communauté qu'ils croiraient victime de propos haineux, sans qu'on ne sache comment définir les propos en question. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ), qui est un peu l'équivalent québécois de la défunte HALDE, serait alors responsable d'enquêter pour identifier les contrevenants. Elle pourrait non seulement punir ceux qui s'en rendraient coupables en en leur distribuant des amendes salées, mais établir un registre public des délinquants et censurer les publications qui accueillent un tel discours. La CDPDJ détiendra pratiquement le pouvoir de censurer les médias qui ne se soumettent pas à sa vision.

    La question est vite venue: qu'est-ce qu'un propos haineux? Et qui aura le droit de les définir? Ne risque-t-on pas de donner un pouvoir immense aux radicaux de chaque communauté qui prennent la moindre critique pour une injure? La présence en commission de l'imam Salam Elmenyawi a laissé deviner la suite des choses: il a expliqué qu'on devrait interdire de rire des religions en général et de l'islam en particulier. Samira Laouni, une autre figure reconnue de l'islamisme montréalais, a plaidé quant à elle pour qu'il ne soit plus possible de soutenir qu'une religion entre en contradiction avec les exigences de la société démocratique. Autrement dit, on ne pourra plus se questionner sur la responsabilité de l'islam dans sa difficile intégration aux sociétés occidentales. Chose certaine, ce sont de tels esprits qui s'empareront de cette loi pour faire régner la leur. On devine le sort qu'ils réserveraient à un essayiste décomplexé ou à un journal irrévérencieux: ils le traîneraient devant les tribunaux.

    Certains soutiennent que dans sa forme actuelle, le projet de loi 59 ne va pas jusque-là. Mais nous n'avons aucune raison de les croire. Chose certaine, il conduit naturellement à une société de plus en plus frileuse intellectuellement. Surtout, il illustre bien la tendance contemporaine à imposer des balises de plus en plus étroites à la liberté d'expression au nom du vivre-ensemble diversitaire. La thèse est la suivante et nous vient de la «philosophie de la reconnaissance»: pour assurer la bonne entente entre les communautés, il faut éviter de froisser leurs sensibilités, et de heurter ce qu'elles tiennent respectivement pour sacré. Il y a non plus seulement un droit fondamental à croire ce qu'on croit, mais à obliger les autres à respecter ses croyances. On voudra les blinder juridiquement. L'amour de l'autre devient obligatoire. L'esprit critique n'est plus le bienvenu.

    Le projet de loi 59 accorderait ainsi un pouvoir démesuré aux lobbies identitaires voulant définir eux-mêmes ce qu'on a le droit de dire ou non à leur sujet. En quelque sorte, ils parviendraient à inscrire dans le droit leur définition du blasphème et le récit qu'ils proposent de leur propre domination. Cette proposition, on le sait, est portée depuis longtemps par l'Organisation de la coopération islamique. Mais on s'en doute, elle pourrait aisément être récupérée par n'importe quel groupe identitaire voulant se blinder contre la critique ou simplement, contre l'humour abrasif. Le sacré des uns doit devenir celui des autres.

    Une telle proposition fait écho à la volonté souvent exprimée par la CDPDJ d'interdire l'appel public à la discrimination. Derrière ses apparences vertueuses, on paverait ainsi le chemin à un resserrement sans précédent de la liberté d'expression. On voit jusqu'où peut aller cette loi dès qu'il est question des nombreuses réformes sociétales qui prétendent chaque fois abolir une discrimination. Ceux qui s'opposeront à de telles réformes tomberont-ils sous le coup de la loi? Seront-ils accusés de collaborer à un ordre discriminatoire et de chercher à le perpétuer? À tout le moins, c'est un puissant dispositif inhibiteur qui s'installera au cœur de l'espace public.

    Derrière cela, on veut interdire la contestation politique et idéologique du multiculturalisme d'État. Le système médiatique a depuis un bon moment psychiatrisé la dissidence en contexte diversitaire en la définissant par une série de phobies qu'il faudrait refouler dans les marges de la vie publique. De la xénophobie jusqu'à l'europhobie, en passant par l'homophobie et la transphobie, le désaccord est présenté à la manière d'un dérèglement mental contradictoire avec les exigences élémentaires de la raison. Il faudrait les rééduquer. L'école, d'ailleurs, devra moins transmettre une culture marquée par l'intolérance qu'inculquer les nouvelles vertus d'ouverture. On fabriquera un nouveau peuple.

    Ceux qui ne communient pas à la révélation diversitaire étaient déjà disqualifiés moralement. On veut désormais les criminaliser, en faire des ennemis publics à combattre par tous les moyens nécessaires. Il va sans dire qu'un tel projet de loi n'a rien de spécifique au Québec. Dans toutes les sociétés occidentales, aujourd'hui, l'idéologie de la diversité entend redéfinir à sa manière les termes du débat public, en définissant ce qui est acceptable et ce qui n'est pas. Elle veut définir les limites du dicibles, et en finir avec ses contradicteurs, d'autant qu'ils sont de plus en plus nombreux.

    C'est tout un dispositif qui se déploie pour censurer les adversaires du nouveau régime multiculturaliste, qui ne tolère plus qu'on remette en question ses fondements. On ne sera pas exagérément surpris. Pour le dire avec Raymond Aron, «un régime nouveau est toujours impatient d'affermir son autorité en détruisant les fondements du régime ancien». Le multiculturalisme d'État s'impose en diabolisant la société contre laquelle il se construit. Ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette vision de l'histoire seront considérés comme des ennemis à éradiquer, comme les fantômes d'un vilain passé venant hanter notre présent émancipé. Et ceux qui lui rappellent son autoritarisme seront persécutés légalement.

    Mathieu Bock-Côté (Le Figaro, 27 août 2015)

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  • Demain l'opération "Prophète des mers"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, historien et africaniste réputé, cueilli sur son blog et consacré à la situation géopolitique en Méditerranée et à ses conséquences possibles à court terme... Bernard Lugan a publié dernièrement Osons dire la vérité à l' Afrique (Rocher, 2015).

     

    2017: le Califat du Ponant, fédérant la Libye et l’Algérie, déclenche l'opération Prophète des mers

     
    En 2017, la Libye et l'Algérie sont passées sous le contrôle de Daesh qui en a fait le Califat du Ponant. Profitant du désarmement moral des Européens, les islamistes décident de l'envoi, par vagues successives, de 4 millions de migrants vers l’Europe et plus spécifiquement vers la France, nouveau dâr al-harb[1]. A bord de certaines embarcations, ont pris place des kamikazes chargés de couler les navires portant secours aux forceurs de frontières et cela, afin de déstabiliser encore davantage l'ennemi. L'opération est baptisée Prophète des mers.

    Face à cette guerre navale asymétrique, les rares frégates ultra-sophistiquées de la marine française, taillées pour la lutte de haute mer, sont débordées. A l’inverse les navires garde-côtes qui auraient dû être construits depuis longtemps afin de sécuriser les frontières maritimes, manquent cruellement. Faute de prise en compte par les autorités politiques des enjeux stratégiques vitaux que constitue la frontière maritime méditerranéenne, la marine française est impuissante.
    Au sud, harcelé le long d'un front ouvert depuis la Mauritanie à l'ouest jusqu'au Soudan à l'est, le dispositif Barkhane s'est replié sur le Burkina Faso afin de protéger la Côte d'Ivoire. Quant aux dernières réserves opérationnelles françaises disponibles après des années de déflation des effectifs, elles ont été positionnées autour de N'Djamena afin de couvrir le Cameroun. Boko Haram, un moment affaibli, a en effet refait ses forces grâce à des cadres venus de Libye, d'Algérie mais aussi de Syrie.

    En France même, alors que se déroule la campagne présidentielle, plusieurs banlieues se sont soulevées à la suite de contrôles d'identité ayant dégénéré. En raison de la dissolution de plusieurs escadrons de gendarmes mobiles opérée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les forces de l'ordre qui n'ont pas les effectifs suffisants pour intervenir doivent se contenter de boucler les périmètres insurgés. Les associations d'aide aux migrants dénoncent l' "amalgame"  et leurs mots d'ordre sont abondamment relayés par les médias. Vingt cinq mille réservistes de la gendarmerie sont rappelés cependant qu’ un peu partout, face à la passivité de l'Etat, se constituent clandestinement des groupes de résistants prêts à passer à l'action. La France est au bord de la guerre civile.

    Comment en est-on arrivé là ? Entre 2011 et 2017, conduite au chaos par l'intervention franco-otanienne, la Libye est passée de la plus totale anarchie au califat, Daesh ayant réussi à y engerber les milices. Quant au général Haftar, sur lequel la "communauté internationale" comptait pour constituer une troisième force, il n'a pas pesé lourd face aux jihadistes.  Impuissante, l'Egypte s'est illusoirement retranchée derrière un mur électronique cependant que, quotidiennement, des attentats y entretiennent un climat de guerre civile. Quant à la Tunisie, une artificielle quiétude y règne car les jihadistes qui ont besoin d'un pays-relais, se gardent de trop y tendre la situation, se contentant d'y maintenir une pression calculée. Après plus d'un demi-siècle de gabegie, de détournements de fonds publics, de népotisme et de récriminations à l'égard de l'ancienne puissance coloniale, l'Algérie, cible principale des islamistes de toutes obédiences depuis la décennie 1990, a, quant à elle, basculé dans l'islamisme à la suite d'émeutes urbaines déclenchées par l'effondrement de la rente pétrolière.

    Tel est le scénario auquel nous pourrions nous attendre à la veille de l'élection présidentielle française. Avec une Marine sans moyens, mais en première ligne face à la déferlante venue du sud, une Armée de terre aux effectifs rognés et isolée sur le rideau défensif sahélien et une Gendarmerie démotivée en raison de son alignement sur le modèle policier.
     
    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 7 aoüt 2015)
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  • Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de l'africaniste et historien  Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à la montée en puissance de l'Etat islamique en Libye, à quelques centaines de kilomètres de nos côtes...

     

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    Libye : allons-nous être contraints de soutenir Al-Qaida contre Daesh ?

    En Libye, les interventions de l'Egypte, de l'Algérie et de la France, destinées à limiter les conséquences devenues incontrôlables de la guerre insensée déclenchée contre le colonel Kadhafi, deviennent de plus en plus problématiques. Pour cinq grandes raisons :
     
    1) Cette intervention était subordonnée à la constitution en Libye même d'une force "nationale" susceptible d'être appuyée. Or, le général Haftar a échoué dans sa guerre contre les islamistes.
     
    2) Plus que jamais, le principal objectif algérien en Libye est la fin du chaos en Tripolitaine afin d'assurer la sécurité de la frontière orientale. Englué en Cyrénaïque, le général Haftar n'a aucun pouvoir en Tripolitaine. Voilà pourquoi Alger traite actuellement avec les islamistes hostiles à Daesh qui contrôlent l'ouest de la Libye.
     
    3) L'Egypte se trouve prise au piège. Dans sa lutte à mort contre les islamistes et les Frères musulmans, elle dépend en effet du financement des monarchies sunnites du Golfe. Or, paniquées par le retour de l'Iran chiite sur la scène politique régionale, ces dernières ont décidé de se rapprocher de tous les mouvements sunnites, dont les Frères musulmans et Al Qaida, comme cela vient de se produire au Yémen. Nous sommes en présence d'une politique de simple survie dont le terme est imprévisible, mais qui bouscule l'échiquier régional. Pour deux raisons majeures :
    - Ce rapprochement a affaibli Al Qaida car plusieurs groupes sunnites qui y sont opposés viennent de se rallier à Daesh, notamment en Tunisie et en Algérie.
    - L'Arabie saoudite freine l'interventionnisme du général Sissi afin de ne pas affaiblir ses nouveaux alliés en Libye, ce qui favorise indirectement Daesh, nébuleuse sunnite qui ne la menace pas encore.
     
    4) Dans ce jeu d'échecs, la France est sur l'arrière-main, se limitant à éviter au Sahel une contagion venue de Libye. Or, tous les connaisseurs du dossier savent bien que sans une "pacification" de la Libye, l'opération Barkhane est bancale.
     
    5) La solution libyenne qui était tribale n'est plus d'actualité. Dans les zones conquises, Daesh, dont la force de frappe est composée de non Libyens, a en effet  renversé le paradigme tribal en liquidant physiquement les chefs qui ne voulaient pas lui faire allégeance afin de terroriser les autres. En conséquence de quoi, les ralliements se multiplient...
     
    Face à cette situation, l'Egypte et la Tunisie ont décidé de se retrancher derrière  deux lignes électrifiées. Cette illusoire défense va certes permettre à certaines firmes européennes de faire de fructueuses affaires, mais elle ne stoppera pas la gangrène.
    Alors, comme je ne cesse de le préconiser depuis des mois, il ne reste qu'une seule solution pour tenter, je dis bien tenter, d'empêcher la coagulation islamiste qui s'opère actuellement dans toute l'Afrique du Nord à partir du foyer libyen. Cette solution a un nom: Saif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi actuellement détenu à Zenten. Lui seul est en effet en mesure de reconstituer les anciennes alliances tribales de Cyrénaïque, de Tripolitaine et du Fezzan détruites par l'intervention franco-otanienne.  Or, cette solution est impossible puisque, dans l'ignorance bétonnée du dossier et aveuglée par ses principes juridiques européocentrés déconnectés des réalités, la Cour pénale internationale l'a inculpé pour "crimes de guerre".
     
    Dans cette évolution vers le pire que connaît la Libye, poussés à la fois par l'Arabie saoudite et par l'Algérie, Frères musulmans, Al Qaida et diverses milices viennent de s' "allier" contre Daesh.
    Dans cette guerre entre islamistes qui menace notre flanc sud, allons-nous donc être contraints de considérer Al Qaida comme un nouvel "ami"... ? Voilà le scénario apocalyptique auquel le sémillant BHL et l'éclairé Nicolas Sarkozy n'avaient pas pensé...

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 27 juillet 2015)
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  • Feu sur la désinformation... (53)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • 1 : Voitures brûlées du 14 juillet : Le grand enfumage.
    • 2 : Le zapping d’I-Média.

    • 3 : La campagne de rééducation de France Télévisions.
    • 4 : Tweets d’I-Média.
    • 5 : La pétition « Touche pas à mon Église ».
    • 6 : Le bobard de la semaine.

     

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  • Attentat en Isère : la question médiatique de la désignation de l'ennemi...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse, signée par l'Observatoire du journalisme et de l'information médiatique, du traitement médiatique de l'attentat commis par le terroriste Yassin Salhi en Isère.

    Nous ne pouvons que vous recommander la fréquentation régulière de ce site dont le travail est particulièrement précieux...

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    Attentat en Isère, la question médiatique de la désignation de l’ennemi

    Avec ce nouvel attentat spectaculaire sur le sol français, les slogans rassurants se trouvent laminés, comme le consensus national de janvier dernier. Se pose désormais d’une manière toujours plus polémique la question schmittienne de désigner l’ennemi. « Padamalgam » ou « Cinquième colonne » ?

    « Il faut terroriser les terroristes ! », s’exclamait il y a une trentaine d’années Charles Pasqua, avec une gouaille, un accent et une emphase qui ont tous trois disparus depuis des discours politiques, lesquels, lissés, oscillent désormais entre « éléments de langage » et incantations automatiques de l’antifascisme d’opérette psalmodiées à n’importe quelle occasion – robots et automates ayant ainsi succédé à ces comédiens du Pouvoir que l’Histoire, parfois, ramenait du moins à la mesure tragique. Justement, tandis qu’on enterrait ces jours derniers le ministre gaulliste, le milieu médiatico-politique paraissait quant à lui – autre temps, autres mœurs -, obsédé par l’exigence non de « terroriser les terroristes », mais de les « désamalgamer » à tout prix. Alors que la menace qui pèse sur la République française est aujourd’hui infiniment plus grave que celle qui faisait rugir Pasqua en 1986, il paraît, étrangement, que l’injonction soit moins de faire peur à l’agresseur que de rassurer ses coreligionnaires afin qu’ils demeurent dans le bon camp. Comme nous le démontrions déjà il y a quelques mois, l’action des médias officiels dans la guerre contre l’Islam terroriste n’a jusqu’à présent abouti qu’à servir les objectifs de ce dernier. Avec ces événements récents, on a cependant assisté à une évolution dans la communication. L’accumulation de faits, sans doute, finit par faire se fissurer la ligne commune. Et c’est la question de la désignation de l’ennemi qui n’a en réalité cessé d’être posée après la décapitation et l’attentat raté auxquels procéda Yassin Salhi, le vendredi 26 juin, à Saint-Quentin-Fallavier. Question fondamentale, ainsi que l’avait énoncé le philosophe Carl Schmitt. La réponse se trouve être stratégiquement décisive. Car si « nous sommes Charlie », qui sont-ils, eux, ceux qui veulent nous égorger ou nous soumettre ? Des déséquilibrés ? Des terroristes ? Des islamistes ? Des Musulmans ? Des barbares ? Des « Français comme vous et moi » auxquels n’ont pas été proposées suffisamment d’opportunités alternatives ? La question, au moins, aujourd’hui fait débat.

    Victimisme radical

    L’une des premières polémiques nées après l’attentat fut lancée, comme toujours, par un tweet, émis par le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France), lequel affirmait que le danger en France « ne réside pas dans les vaines tentatives de groupes armés de déstabiliser la République », mais serait à chercher « du côté de ceux qui utilisent ces événements pour déverser leur haine contre une partie de la population qui est, de fait, celle qui paye le plus lourd tribut face au terrorisme. » Tweet d’une obscénité parfaitement décomplexée qui témoigne qu’au contraire des caricaturistes, les associations musulmanes, en France, osent tout. Le grand recteur de la Mosquée de Paris réclamant pour son culte les églises vides quelques semaines plus tôt, nous avait déjà mis au diapason… Déroulant à n’en plus finir et jusqu’à l’absurde la rhétorique victimaire forgée par la gauche dans les années 80, celle-ci alloue aux musulmans qui décident d’en exploiter toutes les possibilités un blanc-seing à peu près total pour affirmer les choses les plus inouïes. Comme de se désigner comme les premières victimes (comme les seules, permanentes et éternelles victimes) de l’Islamisme radical – fût-ce par retombées secondaires et comme si les crimes initiaux demeuraient anecdotiques. Aucun musulman, en France, n’a été décapité en raison de sa religion ; aucune petite fille musulmane n’a été tuée à bout touchant dans sa cour d’école en raison de sa religion ; aucun journaliste musulman n’a été froidement exécuté dans sa salle de rédaction en raison de sa religion ; aucune mosquée n’a été visée par un attentat un vendredi durant la prière, mais tout cela ne serait que détails de l’Histoire. La seule souffrance à prendre en compte demeure celle des seules victimes légitimes et absolues que représenterait la minorité musulmane en France. Ce qu’il y a de plus choquant, dans une pareille attitude, c’est évidemment le mépris affiché pour les vraies victimes – toutes juives, athées ou chrétiennes – que l’Islamisme radical a réellement assassinées sur le territoire, un mépris qui n’attend même pas que le sang ait séché pour s’exprimer.

    Contradictions des journalistes

    Or, cependant, le communiqué du CCIF a tout de même suscité quelques réactions indignées et a même été vivement critiqué par L’Express. Pourtant, en janvier dernier, qu’affirmait Christophe Barbier dans le même magazine ? Que « Les premières victimes de l’Islamisme sont les musulmans ». Que la foi musulmane, en France, se trouve menacée parce que les attentats « créent du doute, de la suspicion, de la discrimination. » Autrement dit, le directeur de la rédaction de L’Express, n’affirmait pas autre chose que le CCIF, quoi qu’en des termes moins vifs et avec un meilleur à propos. Que les musulmans français soient des victimes collatérales et indirectes des attentats islamistes est évident ; qu’ils soient sciemment pris en otage par l’ennemi islamiste, cela va encore de soi. Mais il n’y a strictement aucune raison d’en faire pour autant les « premières victimes » de l’Islamisme. C’est faux, absurde et injuste vis-à-vis des morts. De peur que se développe dans la population une haine résolue de l’Islam, certains vont donc jusqu’à faire passer pour seules victimes ceux qu’ils craignent de voir assimiler injustement aux bourreaux. Un peu plus de nuance dans la pensée, un peu moins de slogans, un peu moins de réflexe binaire, éviterait que de telles idées fallacieuses se retrouvent ainsi martelées par les musulmans très conquérants du CCIF, usant de cet argument comme une arme, une immunisation morale de l’Islam en France qui participerait à faire progresser la réalisation de l’espoir revendiqué par le porte-parole du Collectif, Marwan Muhammad : que la France devienne terre d’Islam d’ici trente ou quarante ans.

    L’Islam et la République

    Loin de cette scandaleuse manipulation du CCIF, d’autres voix s’élèvent, davantage loyales et pacificatrices, depuis la communauté musulmane. Ainsi celle du philosophe Abdennour Bidar, chargé de la laïcité au ministère de l’Éducation Nationale, qui s’était déjà fait connaître après les attentats de janvier, avec la publication, notamment, de son Plaidoyer pour la fraternité (Albin Michel). Le 28 juin, il accorde un entretien à La Dépêche, dans lequel il expose les nécessités de construire un dialogue. « Pour commencer, il faut s’adresser aux hommes de bonne volonté dans les deux civilisations : il y a côté occidental beaucoup de rejet, et côté musulman beaucoup de ressentiment, par rapport à la colonisation ou l’impérialisme, mais il y a aussi de part et d’autre des hommes et des femmes qui veulent nouer le dialogue, et c’est avec eux qu’il faut élaborer un universel. » À l’international, Bidar a sans doute entièrement raison, mais dans le cadre national ses propositions ont néanmoins un aspect grandement problématique que personne ne relève. En effet, Bidar y présente l’Islam comme un interlocuteur légitime de la République, battant en brèche, de la sorte, deux aspects essentiels de la culture française : premièrement le fait précisément que le religieux est évacué de la sphère publique et donc ne peut pas être reconnu comme légitime dans un débat sur les destinées communes de la Nation ; deuxièmement, la tradition d’assimilation républicaine qui institue le modèle républicain laïc comme absolu, sans rival, et auquel est censé se conformer intégralement le nouvel arrivant. Ainsi, soit qu’il l’agresse par les armes, soit qu’il lui fasse du chantage victimaire, soit même qu’il prétende être en position de dialoguer avec elle, l’Islam se présente dans tous les cas dans une position d’offensive face à une société française moderne totalement démoralisée, désacralisée, voire dépressive. Quant au musulman, il est, dans les exemples précédents, soit désigné comme victime prioritaire à rebours de tout sens commun, soit comme interlocuteur à privilégier.

    À gauche : tenir le choc

    Dans Libération du 26 juin, Nathalie Raulin signe un papier qu’on croirait directement rédigé par les cabinets de l’Élysée. Tout doute, toute inquiétude, toute panique auraient été déjoués par le gouvernement « coupant l’herbe sous le pied » d’un FN pressé, toujours, de recycler les frayeurs. L’unité nationale – y compris sous le prisme droite-gauche – aurait été en outre, comme en janvier, idéalement maintenue et affirmée. Cette analyse, qui n’en est pas une, tient plus de l’incantation et du déni, deux pratiques qui résument en réalité l’essentiel du travail des journalistes de gauche depuis trente ans. Nous le verrons plus loin, mais notons d’emblée que ce qui s’est révélé après cet attentat est au contraire le fait que cette unité nationale a clairement commencé de se fissurer. D’ailleurs, Laurent Joffrin, plus lucide, s’en aperçoit bien, lui, dans son édito. Plutôt que de se masquer la réalité des faits, il appelle donc à tenir le choc. « Mais, de toute évidence, certains souhaitent aller au-delà. A droite ou à l’extrême droite, on parle de “cinquième colonne”, “d’état d’urgence”, “d’action immédiate”. Autrement dit, on plaide pour des mesures d’exception et pour la suspicion générale envers une minorité. C’est faire exactement le jeu des terroristes. » Et Joffrin de conclure en appelant à « Tenir bon sur les principes. » Ce que ne veut pas voir le journaliste, c’est que tout fait le jeu des terroristes, y compris la « Charlie attitude », comme l’OJIM le montrait ces mois derniers. En revanche, à gauche, personne ne semble songer à faire le jeu de la France (quitte, justement, à embarrasser des minorités, si nécessaire). Christophe Barbier, dans L’Express s’il met en garde, comme tous, contre le danger de « surenchère alarmiste », entre néanmoins lui-même dans la surenchère. En effet, le curseur, chez lui, est bien davantage sur le rouge que chez son camarade Joffrin : l’ « union nationale » est à faire, non à préserver ; les alliances internationales doivent assumer un revirement diplomatique majeur ; l’islam de France doit se soumettre à un « concordat » ; enfin, Barbier offre une conclusion franchement martiale : « Qu’elle soit ou non “de civilisation”, selon les mots de Manuel Valls, cette guerre doit être déclarée et menée. Sinon, elle est déjà perdue. »

    Le « padamalgam » en désuétude

    On se souvient que le mot d’ordre de l’après-Charlie avait été : « padamalgam ». Après la décapitation d’Hervé Cornara, ce fut le même slogan qui sortit de la bouche du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, dès qu’il eut à s’exprimer, exploitant à n’en plus finir les éléments de langage qu’on lui avait forgés six mois plus tôt. Cambadélis tweeta quant à lui : « Pas d’amalgame. Ne jouons pas sur les peurs », renforçant l’impression qu’un seul cerveau était partagé par tout le Parti Socialiste. Goldnadel se moquera férocement de l’expression dans Valeurs actuelles, mot d’ordre également attaqué par Caroline Artus sur Boulevard Voltaire ou par Xavier Théry dans Causeur. Autrement dit, la « réacosphère » n’attendait que sa profération pour tirer sur ce concept sympa et limité. On vit même une page Facebook s’ouvrir sous le titre ironique de « Surtout pas d’amalgame ! ». En réalité, même s’il est évident que la formule est tout simplement exaspérante, contrairement à l’après-Charlie, ce mot d’ordre ne résuma pas un consensus obligatoire dans l’affaire qui nous occupe. Il montra au contraire son épuisement.

    Cinquième colonne ?

    En revanche, une formule qui, en janvier, n’avait été employée que par le député FN Aymeric Chauprade et qui, alors, avait fait polémique au sein-même du parti de Marine Le Pen, celle de la « Cinquième colonne islamiste », finit, cette fois-ci, par s’imposer davantage, notamment dans les discours et les tweets de Christian Estrosi, relayé par Nadine Morano ou encore, en couverture du Valeurs actuelles du 2 juillet 2015, quoi qu’elle fasse encore débat au FN où Philippot la taxe d’ « outrance verbale ». Cette formule implique de désigner l’ennemi intérieur et de le traquer, au sein de l’Islam, au lieu de surprotéger la seconde religion de France sans jamais lui demander des comptes, et de peur de la radicaliser (alors que l’on nous dit qu’elle n’a justement rien à voir avec la radicalité islamiste), toute cette confusion hypocrite ne permettant visiblement pas de faire reculer les offensives islamistes, offensives dont la France est l’une des premières cibles dans le monde occidental, ainsi que l’affirmait The Economist le 29 juin dernier. Plus étonnant, le député PS Malek Boutih, livrant à Manuel Valls un rapport intitulé « Génération radicale », lance un cri d’alarme en allant exactement dans le même sens que ceux qui s’inquiètent d’une cinquième colonne, même s’il n’emploie pas ces termes trop connotés. Pourtant, l’analyse de Boutih l’affirme sans ambiguïté : « Le djihadisme est bien la radicalité qui prédomine aujourd’hui dans l’offensive antidémocratique.» et cette radicalité pourrait bien se transformer en phénomène de masse…

    Progression du curseur

    Ainsi l’écho médiatico-politique de l’attentat du 26 juin 2015 à Saint-Quentin-Fallavier aura montré une très nette progression du curseur vers l’alerte rouge d’un grave danger que représenterait un ennemi intérieur, ennemi qu’il s’agirait de circonscrire et de traquer plutôt que de répéter comme un mantra un « padamalgam » révélant toujours davantage soit sa pure vanité, soit l’usage victimaire que peuvent en faire des associations musulmanes qui, sans qu’on puisse les soupçonner de djihadisme, se montrent néanmoins particulièrement conquérantes et décomplexées. Bien sûr, le discours demeure encore très confus et souvent contradictoire mais il faut remarquer également que la recherche de la juste désignation de l’ennemi traverse et clive la plupart des courants politiques. Nous pouvons aussi nous demander pourquoi cet « état d’urgence » progressif ne s’instaure que maintenant quand tant de signaux le laissaient prévoir, et combien il faudra de décapités provinciaux pour que les journalistes parisiens sortent de la langue de bois ?

    Observatoire du journalisme et de l'information médiatique (OJIM, 15 juillet 2015)

     

     
     
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