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identité - Page 17

  • PMA, GPA : la logique des progressistes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré au travail de sape des progressistes pour imposer la PMA et la GPA en France, et en Europe...

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    Pma, Gpa : des “droits de”… à des “droits a”… ou la logique des progressistes

    La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné cinq fois la France pour « violation du droit au respect de la vie privée et familiale résultant du refus de reconnaissance des actes de naissance » c’est-à-dire en clair pour des enfants nés à l’étranger de mères porteuses (GPA – Gestion pour Autrui) suite à l’interdiction de la gestation pour autrui dans notre pays.

    La transcription des actes de naissance d’enfants français nés à l’étranger étant de la compétence du service central d’état civil, installé à Nantes, le parquet de Nantes est chargé du contrôle de ces demandes de transcription.  L’autorisation de la GPA n’est en réalité qu’une question de mois ,d’ailleurs les jeunes dans leur ensemble y sont aussi largement favorables. Il faut d’ailleurs une PMA ( Procréation Médicalement Assistée ) pour aboutir à une GPA. Sous l’angle de la filiation, on ne peut  séparer PMA et GPA, car c’est un ensemble.

    Après le mariage pour tous, PMA et GPA sont d’ailleurs les dernières grandes revendications des militants gays et à base de surenchère, ils cherchent à mobiliser le gouvernement  sur un calendrier législatif précis. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a déjà rendu son avis positif sur la PMA (procréation médicalement assistée) concernant notamment les couples de femmes.

    La PMA, qui désigne l’ensemble des techniques médicales destinées à aider les couples infertiles à avoir un enfant, telles que la fécondation in vitro ou le don de sperme, était jusqu’alors interdite en France aux mères célibataires et aux couples lesbiens. Un groupe de travail du Comité d’éthique avait planché sur cette question pendant deux ans pour rendre en juin son avis favorable. Emmanuel Macron s’était prononcé, durant la campagne électorale, pour l’ouverture de cette pratique à « toutes les femmes ». Cette ouverture est une revendication de longue date du milieu associatif et militant homosexuel. La PMA est un engagement que le Président de la République a rappelé dans une lettre ouverte adressée aux LGBTI le 16 avril 2017, dans laquelle il affirmait être « favorable à une loi qui ouvre la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, alors que seuls les couples hétérosexuels y ont accès aujourd’hui. ».

    L’Église catholique, par la voix de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, chargé des questions d’éthique au sein de l’épiscopat avait appelé au lendemain de l’avis favorable du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) le nouveau Président à ne pas « réveiller les passions ». « Donnons-nous le temps de la réflexion et du débat », s’écriait Mgr d’Ornellas avec toujours ce même ton conciliateur et larmoyant qui caractérise les catholiques malades depuis des siècles du jésuitisme moral. Rouvrir le dossier de la procréation médicalement assistée  serait pour Emmanuel Macron une « erreur majeure », avait averti aussi la “Manif pour tous” oubliant que ce genre de débat peut aussi être intéressant stratégiquement pour le pouvoir qui, en faisant diversion sur le sociétal refoule et censure ainsi la vraie question, la question sociale. Mais “La Manif pour tous” a-t-elle encore les moyens de mobiliser et de captiver quand on voit comment ont fini ses anciens supporters, la plupart récupérés politiquement ?

    Lors de la traditionnelle “Marche des Fiertés” de juin, la Gay Pride de Paris, les manifestants réclamaient la PMA et la GPA pour tous. Juste après, le Mardi 27 juin, le Comité consultatif national d’éthique rendait son avis favorable à l’ouverture de la PMA sans père. Les revendications de la Gay Pride 2017 portaient aussi sur le droit des trans, la réassignation automatique de leur nouvelle identité sexuelle dans l’identité civile. Fin 2016, par la loi française de réorganisation de la justice, avait en effet été introduit la possibilité d’effectuer un changement de sexe sur l’état civil sur simple attestation. Dans les trois cas, qu’il s’agisse de la PMA, de la GPA ou du droit des trans, on est dans la confusion la plus complète en ce qui concerne la perception homme-femme sur le genre, ou l’appréhension de la paternité et de la maternité. On retrouve à l’œuvre cette volonté d’artificialiser l’homme, de le transformer, la marche en somme vers un trans-humanisme technique, médical et juridique.

    La loi Taubira menait logiquement à la légalisation d’une PMA sans père et par la suite à la GPA. Le mariage homosexuel entérinait de facto une redéfinition de la filiation, quel que soit le genre, le mode de conception. Peut-on alors considérer la PMA pour les femmes, la maternité sans père comme n’étant pas autre chose qu’un détournement politique de la médecine pour des revendications sociétales ?  On notera au passage qu’aucune de nos féministes  ne s’émeut de l’aliénation de la femme (louer son corps) et de la marchandisation d’enfants qu’implique la GPA. Pour les LGBT, l’ouverture de la PMA est une question d’autonomie des femmes et de choix personnels, au même titre que la contraception, la stérilisation ou l’avortement, « une question d’égalité et de santé publique », rappelle même l’Inter-LGBT afin d’obtenir le remboursement par la sécurité sociale.

    Le Comité nationale d’éthique reste pour l’instant opposé à la Gestation pour autrui et à l’autoconservation des ovocytes. A la demande de la Mission de recherche « Droit et Justice » du Ministère de la justice, une équipe de juristes de l’université de Reims avait remis un rapport sur « Le droit à l’enfant  et la filiation en France et dans le monde ». Ce document  de 500 pages mettait en garde contre une destruction progressive des règles de la filiation.

    Mais quelle est donc la logique juridique alors des nouveaux progressistes  ?

    Il s’agit tout bonnement de passer des droits classiques de l’Homme, qui étaient « les droits de » (se réunir, de penser) à « des droits à… », y compris désormais, à un droit de la filiation. Le droit est devenu un droit militant, non plus le garant du commun mais le droit de minorités qui s’exercent au nom de l’égalitarisme abstrait sur de simples rapports de force d’opinion. Ainsi petit à petit, nous jugeons comme naturel la prétendue existence d’un « droit à l’enfant » alors que l’idée de l’existence d’un tel droit ne peut être invoqué en tant que tel puisque toutes les juridictions, y compris la Cour européenne des Droits de l’Homme, le précisent expressément : il n’y a pas et ne peut pas y avoir juridiquement de « droit à l’enfant ». Reste alors à se demander quel intérêt la société aurait à modifier complètement, à l’échelle mondiale, anthropologiquement les liens qui unissent père, mère et enfant ?

    La question du transsexualisme peut nous fournir une ébauche de réponse car dans le transsexualisme, ce qui est remis en cause, au bout du compte, c’est la définition même de l’homme et de la femme. Pour arriver à détacher la filiation de l’acte d’engendrement, il faut en effet en venir à dire qu’un homme et une femme, c’est pareil ou interchangeable. Cette conception des choses qualifiée dans le numéro 41 de Krisis, d’androgynique remet en cause tous les concepts du droit classique et en douceur fait basculer notre système juridique vers une réification complète de l’homme, en supprimant le principe d’indisponibilité de l’état des personnes (Anne-Marie Leroyer prétend même que c’est un mythe et une fiction juridique !) Je ne déciderai d’être mère, d’être père, d’être homme, d’être femme qu’en fonction de ma seule volonté, la volonté de puissance du Surhomme nihiliste ? Le principe d’autodétermination devient donc ici absolu, et avec lui est posé contre l’enfant la toute-puissance des adultes. L’enfant, lui, n’est plus réduit qu’à une chose puisqu’il n’existe plus comme tel dans le raisonnement juridique. Nos humanistes progressistes nous avaient promis la mort de l’homme, ils ont en fait réalisé la mort de l’enfant.

    De fait, la GPA est une technique, elle ne peut être éthique ou alors ce n’est qu’une éthique utilitariste, une éthique anglo-saxonne d’intérêts (la mère porteuse est toujours dans une situation financière inférieure aux commanditaires). La GPA n’est en réalité qu’un contrat d’entreprise, qu’une uberisation assistée des utérus, un contrat de louage de fœtus. On ne travaille pas mais on produit un ouvrage (on économise ici une poiesis et non une praxis au sens d’Aristote). On demande à la mère porteuse de tout simplement fabriquer un enfant pour un autre, définition de l’esclavage ou de la traite de personnes.

    La secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, ardente militante gay (c’est elle-même qui, lors de son investiture a réclamé de rajouter à son ministère les attributions « gays » à son ministère) promet pour 2018 la PMA, préalable pour elle bien sûr à la légalisation de la gestation pour autrui qui demeure l’objectif premier du lobby qu’elle représente. Interrogé sur France-info, Jean François Copé a déclaré avoir « évolué » sur le sujet et il ne s’opposera plus au projet du gouvernement de PMA pour les couples lesbiens quoiqu’il continue d’être néanmoins opposé par pure forme à la gestation pour autrui. Tous ces gens n’ont en réalité aucune conviction ou plutôt, ils ne sauraient s’opposer à ce qu’ils ont toujours défendu par ailleurs, à savoir : la marchandisation du monde et des hommes. En 2012, Jean-François Copé voyait dans la PMA pour les couples de femmes un glissement inexorable vers la légalisation de la GPA. Il n’avait pas tort même s’il se contredit aujourd’hui par pur intérêt partisan.

    Issu de la droite, Edouard Philippe s’était abstenu comme quatre autres députés de son camp, le 23 avril 2013, lors du vote à l’Assemblée nationale de la loi Taubira. S’exprimant dans une tribune du Huffpost en date du 10 février 2013, signée avec Nathalie Kosciusko-Morizet, le nouveau Premier ministre expliquait alors : « Nous ne sommes pas opposés à une loi qui permettrait le mariage et l’adoption simple pour les couples de même sexe, mais nous n’accepterons pas ce qui viendra après cette loi. Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins, et à la GPA qui, au nom de l’égalité, ne manquera pas d’être réclamée par la suite ». Il se dit aujourd’hui favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes se repliant sur l’avis du Comité consultatif national d’éthique de fin juin.

    Dans un entretien qu’il avait accordé au JDD le dimanche 22 janvier, Jean-Luc Mélenchon, avait rejoint les positions d’autres candidats de gauche sur des sujets sensibles de société. « Il ne faudrait pas que les questions de la présidentielle se résument à combien ça coûte? Je veux introduire dans le débat le droit à être maître de soi-même », expliquait le candidat de la France insoumise. Il expliquait ses positions favorables en faveur du suicide assisté et de la PMA étendue aux couples de femmes. Curieusement, le « bolivarien » manifestait son hostilité à la GPA parce que le corps n’est pas une marchandise et qu’en vieux marxiste, il voyait le GPA « faire de la femme un outil de production ». Il s’est dit prêt à changer d’avis « le jour où l’on me présentera une milliardaire qui par amour d’une femme pauvre d’un bidonville acceptera de porter son enfant ». Les gauchistes de palais ont toujours le bon mot pour rire !

    Pourquoi une telle mise au point ? Si des mobilisations sociétales contre la PMA ou la GPA pour tous devaient reprendre, elles ne pourraient cette fois-ci faire l’impasse sur la marchandisation du monde et donc l’enjeu social de la revendication à moins d’en rester à ce qu’elle fut en grande partie une réaction épidermique et petite-bourgeoise d’une religiosité factice déjà asservie au pire évangéliquement.

    On s’orientera tôt ou tard vers une GPA universelle mais sans doute, on le fera encore à la Française avec un grand “machin” du style « Agence gouvernementale pour la procréation assistée » où auront même le droit de participer quelques prêtres défroqués dans l’âme. Nonobstant, on n’y rencontrera sans doute pas d’imam.

    Psychologiquement le grand risque de la GPA est le trouble identitaire, le morcellement affectif. Or, s’il y a morcellement à l’origine de la vie, on peut craindre aussi que la personnalité soit morcelée et qu’il y ait donc demain des modèles familiaux à très grand risque et donc une accélération de la décomposition sociale psychotique du pays déjà en cours pour plein d’autres raisons (divorces, drogues, homophilies).

    Or, de tous temps n’avons-nous pas besoin d’hommes forts ? Comment constituer l’ordre chevaleresque des futures élites que la situation d’exception exige à base de filiations traumatisées ou d’abandons maternels programmés et monétisés sur fond de droits narcissiques « à… » et de commerce médical ?

    Michel Lhomme (Metamag, 2 novembre 2017)

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  • La Bretagne, une terre d'hommes enracinés et aventureux...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous « Être Breton », une vidéo de l'Institut Iliade consacré à l'identité bretonne...

     

                                  

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  • L'envers du IIIe Reich...

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    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 92, septembre - octobre 2017).

    Le dossier central est consacré à l'envers du IIIe Reich. On peut y lire, notamment des articles d'Yves Nantillé ("L'Ahnenerbe, « laboratoire secret » du Reich millénaire"), de Blaise Seilhan ("La Waffen SS, une armée internationale"), de Jacques Berrel ("Le mythe du réduit alpin"), de Jean Kappel ("Le Werwolf, une ultime résistance vouée à l'échec") et de Jérôme Denoix ("L'agonie du Reich").

    Hors dossier, on pourra lire, en particulier, des articles de Philippe Conrad ("Histoire, mémoire, identité" ; "Pierre Chaunu"), de Laurent Wetzel ("Quelle histoire enseigner à l'école, au collège et au lycée ?"), de Martin Benoist ("Le coup d'état de Fructidor an V. La République contre les élections"), d'Henri Ortholan ("1917. La tragédie du chemin des Dames") et d'Aude de Kerros ("Le Street Art, un phénomène en voie de récupération"), ou encore les chroniques de Péroncel-Hugoz et de Philippe d'Hugues...

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  • Le pape contre la civilisation européenne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Laurent Dandrieu à Eugénie Bastié pour Figaro Vox dans lequel il revient sur les récents propos du pape favorables aux migrants. Auteur d'un essai intitulé Église et immigration, le grand malaise - Le pape et le suicide de la civilisation européenne (Presses de la Renaissance, 2017), Laurent Dandrieu est également rédacteur en chef des pages Culture à Valeurs Actuelles et on lui doit également un Dictionnaire passionné du cinéma (Éditions de l'Homme nouveau, 2013).

     

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    L. Dandrieu : «La sécurité personnelle ne peut exister si les nations basculent dans l'anarchie»

    FIGAROVOX.- Le pape François vient de publier un texte où il plaide pour «faire passer la sécurité personnelle [des migrants] avant la sécurité nationale», et appelle à un accueil beaucoup plus large des migrants. Que vous inspirent ces propos? Sont-ils inédits?

    Laurent DANDRIEU.- Il me semble que ce message qui vient d'être publié en préparation de la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, qui aura lieu le 14 janvier prochain, est dans la droite ligne des positions défendues par le pape François depuis le début de son pontificat, mais qu'il va cependant plus loin que d'habitude sur un certain nombre de points. Dans un entretien accordé à une radio portugaise le 14 septembre 2015, par exemple, le pape reconnaissait le risque d'infiltration terroriste lié à la crise des migrants, mais n'en ajoutait pas moins qu'«à l'évidence, si un réfugié arrive, en dépit de toutes les précautions liées à la sécurité, nous devons l'accueillir, car c'est un commandement de la Bible». Quand, dans ce nouveau message, François écrit que «le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale», il donne en quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration.

    La question est de savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement désastreux: car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.

    Par ailleurs, le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit, eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande précarité, matérielle, spirituelle et morale.

    Deuxième élément important et pour le coup très novateur de ce texte: le pape prend position pour «la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire»: ce qui veut dire qu'il réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux, pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits figurent «la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunication»: ce qui veut dire, concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté: car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a plus de bien commun possible.

    Ce discours a-t-il selon vous une dimension politique?

    Un autre aspect du message me semble clarifier ce qui apparaissait jusqu'alors une ambiguïté dans le discours de François. Il prônait jusqu'alors une grande générosité dans l'accueil, sans que l'on sache toujours si cela signifiait un simple rappel évangélique de la charité avec laquelle le chrétien se doit de traiter l'étranger croisé sur sa route, ce qui relève à l'évidence du rôle du pape, ou s'il s'agissait d'un appel plus politique, et donc plus discutable, à ouvrir les frontières. En stipulant que la protection des migrants «commence dans le pays d'origine», c'est-à-dire consiste à les accompagner à la source dans leur désir de migrer, le pape assume plus clairement que jamais la dimension politique de ce discours, la volonté de ne pas se cantonner à affronter une situation de fait, mais en quelque sorte d'accompagner et d'encourager ce mouvement migratoire vers l'Europe.

    Dernière clarification: en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et sécuritaires que cela pose.

    La position de François tranche-t-elle avec celle de ses prédécesseurs, et notamment celle de Benoit XVI? Que dit l'Église sur le devoir d'accueillir les migrants?

    La continuité est indéniable, et est attestée dans ce message par des nombreuses citations de son prédécesseur. Quand le pape prône le regroupement familial, au risque de transformer systématiquement les réfugiés temporaires en immigrés permanents, il ne fait que reprendre des positions défendues inlassablement, par exemple, par Jean-Paul II et Benoît XVI, comme je le montre abondamment dans mon livre.

    Le discours de l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie fréquemment ce second aspect. Il l'oublie d'autant plus volontiers que l'Église a souvent cédé à une vision quasi messianique des phénomènes migratoires, censés conduire vers «l'unité de la famille humaine», selon l'expression de Jean XXIII. Jean-Paul II écrit ainsi que «parmi toutes les expériences humaines, Dieu a voulu choisir celle de la migration pour signifier son plan de rédemption de l'homme», et Benoît XVI y voit une «préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu». Face à cela, la protection de la population des pays d'accueil est condamnée à peser de peu de poids, et de fait, elle est quasiment absente du regard que l'Église pèse sur les phénomènes migratoires. En face de cela, l'Église prône inlassablement l'intégration du Migrant, avec un grand M, sans se poser la question de savoir concrètement qui est ce migrant, et si le fait qu'il vienne, en grand nombre, avec un bagage culturel et religieux radicalement différent du nôtre, et dans certains cas incompatible avec le nôtre, ne rend pas cette intégration pour le moins illusoire.

    L'État nation et l'existence de frontières se justifient-ils d'un point de vue théologique?

    Bien évidemment, car c'est une suite logique du commandement d'honorer son père et sa mère. Saint Thomas d'Aquin écrit qu'«il appartient à la piété de rendre un culte aux parents et à la patrie» et, à la suite de saint Augustin, stipule qu'on doit la charité en priorité à ceux qui nous sont proches par les liens du sang ou de la citoyenneté. Léon XIII écrit que «la loi naturelle nous ordonne d'aimer d'un amour de prédilection et de dévouement le pays où nous sommes nés et où nous avons été élevés», et Pie XII enseigne que «dans l'exercice de la charité il existe un ordre établi par Dieu, selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien de préférence à ceux à qui l'on est uni par des liens spéciaux. Le Divin maître lui-même donna l'exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie en pleurant sur l'imminente destruction de la Cité sainte.»

    Plus récemment, Jean-Paul II a abondamment développé cette «théologie des nations», des nations qu'il ne voit pas seulement comme un bien politique, un outil au service du bien commun, mais à qui il reconnaît une dignité spirituelle éminente: la nation, explique-t-il, de toutes les communautés humaines, est «la plus importante pour l'histoire spirituelle de l'homme». Il va même jusqu'à dire que «la fidélité à l'identité nationale possède aussi une valeur religieuse.» De là, on peut évidemment déduire que les nations ont un droit irrépressible à défendre leur identité nationale face aux menaces extérieures, comme une immigration incontrôlée et inintégrable.

    «L'intégration n'est pas une assimilation qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité culturelle», a aussi dit le pape. Y a-t-il position traditionnelle de l'église en matière d'assimilation?

    Cette condamnation de l'assimilation, au nom du respect de la culture d'origine de l'immigré, est malheureusement une constante dans le discours de l'Église sur l'immigration. Jean-Paul II va jusqu'à la renvoyer dos à dos avec des politiques de discrimination allant jusqu'à l'apartheid: «On doit en effet exclure aussi bien les modèles fondés sur l'assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu'aux choix de l'apartheid.» Je dis «malheureusement», car on ne voit pas bien, dès lors, malgré les appels répétés de l'Église à une politique d'intégration, commet l'appel de la hiérarchie catholique à un accueil généreux des migrants pourrait ne pas déboucher sur un multiculturalisme, d'ailleurs parfaitement assumé par le pape François.

    Le problème est que ce multiculturalisme aboutit dans les faits à un refus de considérer la culture du pays d'accueil comme une culture de référence, et rend de facto l'intégration illusoire. Sous la pression de l'immigration de masse et de l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette «culture de la rencontre» à laquelle le pape François tend à réduire l'identité européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations immigrées.

    Laurent Dandrieu, propos recueillis par Eugénie Bastié (Figaro Vox, 22 août 2017)

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  • Identité ou souveraineté ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un excellent débat entre Eric Zemmour et Jacques Sapir, organisé sur Sputnik par Edouard Chanot, à propos de la défaite stratégique de Marine Le Pen et des questions d'identité et de souveraineté.

    L'aveuglement volontaire de Jacques Sapir sur l'immigration et le changement de peuple est sidérant...

     

     

                                     

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  • Survivalisme et trahison des élites...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Piero San Giorgio au site Les non-alignés à propos de la vague d'attentats qui secoue l'Europe et de l'incapacité des élites politiques à assurer la protection des citoyens européens. Tête pensante dans le monde francophone d'une forme de survivalisme ou de décroissance résiliente et identitaire, Piero San Giorgio est l'auteur de Survivre à l'effondrement économique (Le Retour aux sources, 2011) et de Rues barbares (Le Retour aux sources, 2012).

     

                                     

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