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gilets jaunes - Page 14

  • Violences policières : la revanche des faibles...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Werner, cueilli sur Antipresse et consacré à la question des violences policières face au mouvement des Gilets jaunes.

    Auteur de plusieurs essais essentiels comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) ou De l'extermination (Thaël, 1993 puis Xénia, 2013) Eric Werner vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

     

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    Violences policières : la revanche des faibles

    De plus en plus on se rend compte que les gouvernants européens ont tendance à traiter leurs propres populations comme autrefois les anciennes métropoles coloniales, à ce qui se dit aujourd’hui, traitaient les peuples colonisés. Ce retournement endocolonial vient de trouver son illustration dans les récents débordements policiers en France, qui ont surpris tout le monde par leur ampleur. Mais peut-être ne faut-il y voir qu’une élucubration complotiste.

    On dit volontiers que l’État est le détenteur de la violence physique légitime. Mais on s’accorde en même temps à dire que lorsque l’État en vient à recourir à la violence, ce n’est jamais très bon signe : très bon signe pour lui. Car il montre ainsi qu’il n’arrive pas autrement à se faire obéir. En d’autres termes, qu’il est très faible.

    Qui plus est, le recours à la violence contribue à l’affaiblir davantage encore. Hannah Arendt a écrit de très belles pages à ce sujet (1). Le recours à la violence est peut-être payant à court terme, mais si l’on prend en compte ses effets à moyen ou long terme, l’État a plutôt intérêt à s’en abstenir.

    C’est à tout cela que l’on pense en voyant le déchaînement actuel de la violence policière en France. Il n’en est bien sûr que très peu question dans les chaînes d’information officielles. Pour s’en faire une idée un peu précise, il faut aller sur l’internet (2), et en particulier consulter certains sites spécialisés (ceux-là mêmes sur lesquels les chaînes en question ne cessent, en permanence, de déverser leur venin, au motif qu’ils diffuseraient de « fausses nouvelles » : belle actualisation, n’est-ce pas, de la parabole de la paille et de la poutre).

    D’abord quelques chiffres. On apprend ainsi qu’entre le 17 novembre et le 6 janvier, près de 2000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre en France. Parmi elles, au moins 93 blessés graves. Certaines, 13 au total, ont été éborgnées, d’autres encore défigurées ou ont perdu un membre. Beaucoup de ces blessures sont dues à l’utilisation d’armes comme les lanceurs de balles de défense (LBD) : arme qui n’est utilisée par aucune autre police européenne.

    Il semble également que des grenades offensives aient été utilisées pour l’occasion, alors même, on s’en souvient, que cette arme avait causé il y a cinq ans la mort d’un militant écologiste lors d’une manifestation à Sivens.

    Toujours au cours de la même période, pas moins de 5339 personnes ont été placées en garde à vue, certaines, comme le montrent des vidéos, après avoir été plaquées au sol et menottées dans le dos. Plus de 400 l’avaient déjà été le 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes. Ces personnes étaient pour la plupart des manifestants pacifiques ou même de simples passants. Notons à ce propos que les forces de l’ordre recourent volontiers en France à la stratégie de l’encerclement, ce qui leur permet de maximiser le nombre des arrestations. En bon français, cela s’appelle une rafle.

    On signale également le cas d’un gilet jaune arrêté chez lui en pleine nuit par des policiers du RAID, après que ces derniers eurent défoncé sa porte. Rappelons que le RAID est un service de police spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, les manifestations de gilets jaunes n’ont rien à voir avec le terrorisme.

    Voilà donc ce qu’on apprend sur les sites susmentionnés. On comprend mieux à partir de là la hargne des chaînes officielles à leur endroit, en même temps que l’intention souvent prêtée aux dirigeants français actuels de les interdire purement et simplement, au risque de se voir accuser, à tort bien sûr, de vouloir instaurer en France un régime orwellien, avec contrôle total de l’information. Encore une élucubration complotiste.

    La violence policière est en France une constante historique. On pense ici bien sûr à la Commune de 1871, et en remontant plus haut encore dans le temps aux journées de juin 1848. De la répression sanglante de juin 1848, un historien disait il y a une vingtaine d’années qu’elle avait « influé sur l’évolution de la société française jusque sous la Ve République, non pas en dépit mais à cause de son refoulement, qui a empêché qu’elle ait été repensée théoriquement » (3). On pourrait également évoquer dans ce contexte la période 40-45 (elle aussi refoulée), mais aussi les guerres coloniales du XXe siècle, guerres, selon certains auteurs, qui ont directement inspiré la doctrine française actuelle en matière de maintien de l’ordre (4). Les mêmes méthodes que celles autrefois utilisées contre les anciennes populations colonisées le seraient donc aujourd’hui contre les citoyens français eux-mêmes.

    Ce qu’il y a de dangereux dans la situation présente, ce n’est pas seulement que beaucoup de choses, effectivement, dorment dans l’inconscient collectif : elles y dorment donc, et donc également sont prêtes, en toute occasion, à refaire surface. Les LBD, ou le retour du refoulé. Parallèlement aussi, on pourrait évoquer certaines attitudes et comportements, attitudes et comportements qui ne sont pas sans lien avec le racisme social aisément repérable chez nombre de représentants de la classe possédante au XIXe siècle. Car, on le sait, la haine de classe fonctionne dans les deux sens. Les dérapages à répétition du président Macron dans ce domaine le montrent bien. On les interprète volontiers comme des provocations, mais peut-être faudrait-il y voir surtout des lapsus, lapsus lui échappant sans qu’il y fasse trop attention. En cela même, d’ailleurs, d’autant plus significatifs.

    Ainsi, le 27 juin 2017, peu de temps donc après son intronisation, ne déclarait-il pas : « Une gare c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est moins, il est vrai, ici la haine que le mépris qui est ici en cause. Ce représentant choisi de la suprasociété dit ici ouvertement ce qu’il pense de certains de ses concitoyens : ils ne sont rien. Or il n’est de loin pas seul à le penser. Voyez par exemple comment les médias mainstream, sous couvert de défense de la société ouverte et de lutte contre ses ennemis, se permettent de parler des partis dits « populistes » et de leurs électeurs. On ne peut même plus ici parler de partialité. Les insultes coulent à jets continus. Les « populistes » écoutent, la plupart encaissent, mais certains non : ils n’encaissent pas. Il ne faut pas s’étonner ensuite s’ils entrent en insurrection.

    La IIe République française, responsable des massacres de l’été 48, était un régime faible, passablement brinquebalant même. Quatre ans plus tard il cédera la place au Second Empire. Ceci explique sans doute cela. En 1871, rebelote. La France venait de perdre une guerre, celle qu’elle avait elle-même déclenchée contre la Prusse. Le régime issu de cette défaite, une autre république, avait donc une revanche à prendre : revanche qu’elle prit sur sa propre population. Ce fut la « semaine sanglante » : 20’000 prisonniers passés par les armes. A défaut d’être capables de défendre le pays contre l’ennemi extérieur, les pouvoirs en place, en France, sont volontiers tentés de se refaire une santé aux dépens de l’ennemi intérieur : les gens qui ne sont « rien ». Chacun mesure aujourd’hui le zèle que met le président Macron à défendre les frontières de la France et son autonomie dans tous les domaines.

    Eric Werner (Antipresse n°164, 20 janvier 2019)

     

    NOTES
    1. Cf. en particulier les textes réunis sous le titre : Du mensonge à la violence, Calmann-Lévy, coll. Pocket, 2012.

    2. Cf. l’entretien d’Aude Lancelin avec David Dufresne, Le Média, 7 janvier 2019.

    3. Dolf Œhler, Le spleen contre l’oubli. Juin 1848, Payot, 1996, p. 28.

    4. Cf. Mathieu Rigouste, La domination policière, Une violence industrielle, La fabrique, 2016. En 1951 déjà, dans la première partie de The Origins of totalitarianism, Hannah Arendt avait relevé cet effet boomerang du colonialisme. Paul Virilio reprendra plus tard cette thématique dans L’Insécurité du territoire (1993).

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  • Italie, le laboratoire politique du populisme...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°176, février 2019 - mars 2019) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à l'Italie comme laboratoire du populisme, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec Olivier Rey, Natacha Polony et Alain Finkielkraut, les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang, d'Yves Christen et de Slobodan Despot et l'anti-manuel de philosophie de Jean-François Gautier...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Éditorial           

    Éléments, mode d'emploi, par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien

    Olivier Rey contre les humanoïdes associés, propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Jean-Louis Kuffer, la passion de lire

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Léo Malet et André Héléna, les maîtres du roman noir français, par Pascal Esseyric

    Hayao Miyazaki l'enchanteur , par Ludovic Maubreuil

    Pierre-René Serna, dans la lignée de Philippe Muray, par Michel Marmin

    Champs de bataille : C'est beau un char la nuit, par Laurent Schang

    Bestiaires : Un dragon contre la société nomade, par Yves Christen

    Sciences

    Le combat des idées

    Entretien avec Natacha Polony : Marianne et les Gilets jaunes

    Sociologie des Gilets jaunes : la France des ploucs émissaires, par François Bousquet

    Pourquoi tant d'inégalités : la société ouverte et ses ravages, par Guillaume Travers

    Entretien avec David L'Epée : Vers une confluence des populismes

    Fabrice Grimal parie sur la radicalisation de la jeunesse, propos recueillis par David L'Epée

    La France périphérique en culotte courte, par Anne-Laure Blanc

    L'animalisme n'est pas un humanisme, par Alain de Benoist

    Pour ou contre le véganisme, par Benoît Labre et François Bousquet

    Le plaidoyer d’Alain Finkielkraut pour les animaux de ferme, propos recueillis par PascalEsseyric

    Steven Samson, un américain de la Rive gauche, propos recueillis par Olivier François

    Pascal Thomas reçoit Éléments, propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Louis-Ferdinand Céline aux enfers, par François Bousquet

    Dossier

    Italie, le laboratoire politique du populisme

    Dans la tête de Matteo Salvini, par Antonio Rapisarda

    Italie, le pays du populisme intégral, propos recueillis par Alain de Benoist et pascal Esseyric

    Les migrants vus d’Italie, par Guiseppe Giaccio

    La CasaPound de l’intérieur : une Rome révolutionnaire, par David L'Epée

    Brève histoire de la musique alternative italienne, par Mario Marchal

    Rencontre avec Adriano Scianca : l’esprit corsaire

    Le syndicalisme italien : rencontre avec Paolo Capone

    Les fumetti neri, un antidote au politiquement correct, par Guillaume Travers

    Campo Hobbit, le Mai 68 de la « Destra » italienne

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Rendez-nous le cash !, par Slobodan Despot

    Un païen dans l'église : La chapelle Saint-Martial de Jabrelles-les-Bordes, par Bernard Rio

    Philo : Qu'est-ce qu'un destin ?, par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : Se perdre à Barcelone, par Ludovic Maubreuil

    C’était dans Éléments : Le capitalisme tue l'âme des peuples

    Éphémérides

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  • « Les Gilets jaunes ont rendu visible la partie la plus française de la France »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh Info, dans lequel il évoque la révolte des Gilets jaunes et le "débat" lancé par Emmanuel Macron et fait un tour d'horizon de l'actualité... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

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    Alain de Benoist : « Les Gilets jaunes ont rendu visible la partie la plus française de la France »

    Breizh-info.com : Tout d’abord en France, le mouvement des Gilets jaunes se poursuit, tandis que s’annonce un grand débat national qui semble n’intéresser personne. Où va-ton ?

    Alain de Benoist : Que le mouvement des Gilets jaunes se poursuive encore et que plus de la moitié des Français souhaitent voir ce mouvement se poursuivre est déjà un événement extraordinaire. Je m’en réjouis, bien sûr. Après une période d’inquiétude, les médias se plaignent maintenant d’avoir fait l’objet de « violences » sans se s’interroger un seul instant sur les raisons de leur discrédit. Le chef de l’État écrit des lettres et organise un « grand débat » dont on sait d’avance qu’il ne répondra pas aux attentes essentielles des Gilets jaunes. Tout cela serait risible, si cela ne relevait pas d’un mépris de classe qui s’avère apparemment indéracinable. Cela dit, il est vain de se demander sur quoi le mouvement peut déboucher.

    Il a déjà débouché sur ce qui faisait sa raison d’être : rendre visible la partie la plus française de la France. Pour le reste, les causes n’ayant pas changé, il faut s’attendre à un nouvel épisode dans l’ordre des conséquences. C’est la raison pour laquelle j’ai parlé de « répétition générale ».

    Breizh-info.com : La question cruciale de l’immigration est reléguée au second plan, y compris par les meneurs des Gilets jaunes (alors que sur certains ronds-points, elle est très présente). N’est-ce pas pourtant la préoccupation principale ?

    Alain de Benoist : C’est en effet une préoccupation dont on sait très bien qu’elle est présente à l’esprit des Gilets jaunes (et c’est un euphémisme). Mon hypothèse est qu’ils ont très bien compris qu’en mettant ce problème en avant, ils auraient donné des raisons supplémentaires de les diffamer à ceux qui les détestent, ce qui aurait permis de faire l’impasse sur leurs autres revendications. N’oubliez pas que, lorsque des Gilets jaunes ont découvert des migrants clandestins dans un camion qu’ils contrôlaient, et qu’ils les ont remis à la police, cela a suffi à déclencher contre eux une plainte de la CGT des Douanes (!). L’explication vaut ce qu’elle vaut, mais on ne peut oublier qu’il n’y a populisme que lorsque l’insécurité culturelle (l’immigration) s’ajoute à l’insécurité sociale (le pouvoir d’achat).

    Or, ce sont les classes populaires et la fraction inférieure des classes moyennes qui sont le plus victimes de cette double insécurité Si le référendum d’initiative populaire (ou « citoyenne ») était adopté, les choses pourraient devenir beaucoup plus claires, mais on sait bien qu’il y a toutes chances pour que les pouvoirs publics s’arrangent pour exclure l’immigration des questions qu’il serait possible de poser.

    Breizh-info.com : Vous avez vivement critiqué le programme de Jair Bolsonaro au Brésil. Pourquoi ? 

    Alain de Benoist : Indépendamment du fait que l’homme m’est profondément antipathique, la réponse est simple : j’ai critiqué le programme de Jaïr Bolsonaro parce que c’est un programme libéral (et même ultralibéral) et que je suis un adversaire du libéralisme.

    Breizh-info.com Par ailleurs, un mot sur l’arrestation de Battisti ?

    Alain de Benoist : Je vais sans doute encore choquer quelques bons esprits, mais je ne suis pas de ceux qui se réjouissent de l’arrestation de Cesare Battisti. Les faits qui lui sont reprochés sont vieux de quarante ans et s’inscrivent dans le cadre d’un contexte politique (les « années de plomb ») qui est aujourd’hui révolu. En pareil cas, je suis partisan de l’amnistie. Carl Schmitt, qui a écrit de très belles pages sur ce sujet, a maintes fois rappelé que, par opposition à la loi du talion qui ne veut jamais rien oublier, l’amnistie est l’une des formes les plus civilisées de la pensée et de la pratique judiciaires en Europe. C’est aussi mon avis.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh infos, 17 janvier 2019)

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  • Tour d'horizon... (158)

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    Au sommaire cette semaine :

    - dans A voix nue, sur France Culture, Guillaume Erner s'entretient avec Jean-Claude Michéa...

    La chance d’avoir des parents communistes (1/5)

    Paris avant les bobos (2/5)

    Qui n’a pas connu Montpellier dans les années 80 (3/5)

    Devenir un auteur par accident (4/5)

    Décroissance dans les Landes (5/5)

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    - sur StratpolXavier Moreau s'entretient avec Yannick Jaffré à propos de la révolte des Gilets jaunes, en trois parties...

    Emmanuel Macron est-il machiavélien ?

    Xénocratie

    Gilets Jaunes : un printemps français

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  • Feu sur la désinformation... (218)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : Les médias ouvrent enfin les yeux sur ceux qui les perdent
      Après plusieurs semaines de silence gêné sur les violences policières, les médias ont enfin décidé d’évoquer le sujet. Gageons qu’ils n’auraient pas attendu autant s’il s’était agi de Poutine, d’Orban ou même de Marine Le Pen.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Sur BFM TV, Jean-Michel Apathie et Apolline de Malherbe se questionnent sur la défiance des Gilets Jaunes à l’encontre des médias. Pendant ce temps-là, le CSA s’inquiètent de l’influence de Russia Today.

    • 3: Lettre et le néant
      Empêtré dans ce que les communicants appellent pudiquement une « séquence compliquée », Emmanuel Macron a réagi en 2 temps. Et les journalistes ont été conquis.
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Le CSA s’inquiète du manque de diversité ethnique dans les médias français. Toujours aucune inquiétude en ce qui concerne la diversité d’opinion.

    • 5 : Eurovision : médias en pâmoison
      Le grand favori pour représenter la France à l’Eurovision en 2019 s’appelle Bilal Hassani, un youtubeur homosexuel d’origine maghrébine. Évidemment, les médias adorent !

     

                               

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  • Violence : la compétition symbolique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog Huyghe.fr et consacré aux enjeux symbolique que recèle la question de la violence dans la révolte des Gilets jaunes... Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

     

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    Qui a dit guerre civile ? (3) - Violence : la compétition symbolique

    Après les déclarations de Luc Ferry (1) (Et alors ? Écoutez franchement, quand on voit des types qui tabassent à coups de pied un malheureux policier qui est par terre. Qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois… On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies), après des appels à la dénonciation (Madeleine Schiappa contre les gens qui contribuent à la cagnotte dite «du boxeur» que l’on devrait inculper comme complices, Aurore Bergé indiquant qu'elle allait signaler à la justice les propos de cadres de LFI incitant à la violence), après que l’on ait invoqué l’ultra-sécurité et l’ultra-fichage ultra-préventif contre l’ultra-violence… difficile de ne pas ressentir l’ultra-peur des dirigeants face aux classes dangereuses.

    Ou de ne pas penser à la marquise de Sévigné écrivant en 1675 lors de la répression de la révolte dite « du papier timbré » : On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre. Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures, et de ne point jeter des pierres dans leur jardin.

    La question de la violence, sur fond de dramatisation et de culpabilisation, est devenue décisive pour au moins deux raisons.

    — Cette violence autour des Gilets jaunes ne ressemble pas à celle des vieilles manifs ou émeutes qui répondaient à un schéma territorial connu. Soit on se bagarrait avec la police ou les soldats dans son quartier, devant son université, son usine etc, éventuellement avec occupation illégale des lieux familiers comme l’atelier, le quartier ou la fac. Soit le peuple, ou ceux qui luttaient en son nom, marchait vers la Bastille, le Palais d’Hiver, etc. pour en finir.
    Or dans les affrontements actuels, on voit bien des «territorialisés» se rassembler près de chez eux, aux carrefours (mais le carrefour n’est pas le lieu où l’on habite mais le lieu où ça circule et où l’on peut ralentir métaphoriquement un processus qui vous broie). Il y a aussi les mobiles pendulaires. Ceux qui, neuf semaines de suite, ont fait un long trajet pour affirmer : 1) nous sommes le peuple, nous allons où nous voulons, devant vos boutiques de luxe ou dans vos ministères. Après tout, c’est le peuple le patron 2) Nous voulons être entendus, nous réunir pour nous sentir bien et faire plus de bruit, nous voulons vous défier et vous dire notre colère en face.

    Car qui dit violence dit humiliation et affirmation, lutte de statut et de territoire, compétition symbolique avec l’autre.

    — Cette violence structure complètement le front idéologique.
    La dimension de surenchère symbolique a enclenché un cycle infernal : pas de manif, elle est interdite - mais nous avons bien le droit…- fachos subversifs - mais vous nous gazez - vous être manipulés par des extrémistes, vous allez monter à Paris pour détruire et pour tuer - mais nous sommes pacifiques, nous sommes tout, nous voulons tout - vous menacez la République - mais c’est nous, la République, et maintenant, nous voulons la démocratie directe - vous êtes d’une violence inouïe, il faut vous répondre par une ultra-fermeté, foule haineuse - ben oui, maintenant, on vous déteste, vous et la presse à votre botte qui fait du deux poids deux mesures - vous attaquez la liberté de la presse qui, par ailleurs, vous invite trop à vous exprimer - mais il y a des violences policières, des yeux crevés, des passages à tabac - de pire en prie vous vous radicalisez et maintenant, vous glorifiez Robin des Boxes, au mépris de la République, alors que nous vous proposons un Grand Débat, etc.

    La question de la violence a été traitée en termes de responsabilité :

    Extrême-droite ? les preuves sont peu concluantes quand on en est réduit à prendre le drapeau picard ou celui de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste comme indices d’une infiltration brune.
    Extrême-gauche ? Un dimanche aux Champs-Elysées, certainement. Pour le reste, guère En tout cas, pas mille black blocs comme le 1° mai dernier.
    Racaille ? Pilleurs? Il y en eût certainement et qui n’avaient aucune intention politique.
    Mais il est devenu évident, au fil des semaines, que de « vrais » Gilets jaunes réagissaient fortement souvent en se justifiant : vous nous gazez et nous ne sommes pas des délinquants.

    Du coup la représentation de la violence est devenu déterminante dans le discours.
    Impossible de passer sur un plateau de télévision sans se voir poser la question cruciale de la condamnation : vous condamnez bien les violences ? Vous n’allez pas les justifier ? Vous ne niez pas que cette manifestation était interdite ? Et cette violence inouïe ? Vous êtes bien pour les gentils contre les méchants ? Vous n’allez pas relativiser et mettre sur le même plan maintien de l’ordre et insurrection ? Vous n’avez pas de double discours ? Pas de casier, pas d’objet contondant ? Vous êtes sûr que vous êtes sincèrement indigné ? Vous êtes bien contre Hitler, contre Staline et contre la torture des chatons queers de moins de 50 ans ?

    C’est la compétition au plus moralement légaliste pacifique respectueux des valeurs de la République, sans oublier l’inévitable : vous n’avez pas peur que cela favorise les extrémistes ? Mais évidemment, plus le discours joue dans le registre incapacitant (la haine à laquelle il ne faut pas inciter comme facteur explicatif général), plus la réalité obéit à une autre logique. Les forces de l’imaginaire se sont mises en branle : épopée, batailles, résistance (on ne lâchera pas, voire héroïsation (le boxeur du peuple…).

    Une vision de la violence est en train d’émerger qui n’est pas sans rappeler Sorel côté Gilets jaunes : facteur d’unité de classe, productrice de mythes mobilisateurs, grande révélatrice des fronts. En face, le discours macronien contre la chienlit et pour l’ordre semble (s’il faut en croire le dernier sondage IFOP) l’aider à rassembler une partie de la droit bourgeoise souvent fillonienne autour du parti de l’ordre. Cela peut-il tenir jusqu’à l’irruption du tragique dans le conflit (un mort tué de main d’homme d’un côté ou de l’autre par exemple) ?
     
    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 9 janvier 2019)
    Note :
    (1) Par la suite, Luc Ferry a rectifié en précisant qu’il songeait à des armes non létales.
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