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françois bousquet - Page 30

  • Gilets jaunes et blouses blanches : des «métiers de merde» ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré à la remise en lumière, provoquée par la crise sanitaire, des métiers essentiels à la survie de la société. Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019).

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    Biopolitique du coronavirus (7). Gilets jaunes et blouses blanches : des «métiers de merde» ?

    Est-ce que je fais un « bullshit job », un boulot à la con, ou pas ? That is the question. De ce point de vue, le confinement a agi un peu comme un sérum de vérité : si je suis confiné, si je télétravaille, ne serait-ce pas parce que j’exerce un de ces boulots à la con ? Aïe, aïe, aïe ! Cette question a été posée pour la première fois par David Graeber dans un article qui a défrayé la chronique altermondialiste en 2013, avant de devenir cinq ans plus tard un livre à succès, passionnant et foutraque, au ton joyeusement persifleur, Bullshit jobs (2018). Lisez-le. Le coronavirus lui a donné une actualité nouvelle et brûlante (merci à Dominique Méda de nous avoir récemment rappelé son existence).

    David Graeber ressemble à son livre : il est aussi anarchiste que son bouquin est anarchique. Méthodologiquement parlant, il a même un côté professeur Didier Raoult. Ses sources sont parfois fantaisistes, il glane ses exemples au fil des discussions sur les réseaux sociaux. Bref, il est contre les échantillons représentatifs là où il n’y a pas de raison de les convoquer. C’est ce qui rend ses intuitions si stimulantes. Même s’il ne l’avouera pas, le slogan d’Occupy Wall Street : « Nous sommes les 99 % », c’est lui. Il faut dire qu’il les connaît bien, ces 1 % restants puisque dans son domaine d’élection, l’enseignement de l’anthropologie à la London School of Economics, l’une des écoles les plus sélectes au monde, il appartient à cette élite, académique en l’occurrence, et que partout ailleurs son gauchisme débraillé lui confère le capital culturel légitime pour faire l’intéressant sur les ondes de la BBC et de Radio France. À part cela, c’est un type très attachant.

    Nomenclature des jobs à la con

    Marx distinguait deux classes sociales antagonistes, Graeber s’en tient à deux types de boulots qui recoupent sur un mode désopilant la vieille rivalité marxiste : les « bullshit jobs », les boulots à la con, qui n’apportent rien à la communauté, mais rapportent beaucoup d’argent à ceux qui les exercent ; et les « shit jobs », les métiers de merde, qui apportent beaucoup à la communauté, mais qui ne rapportent rien à ceux qui les exercent.

    À dire vrai, Graeber est surtout intarissable sur les « bullshit jobs », peut-être parce que, comme activiste d’extrême gauche, il n’a jamais eu accès qu’à des gars qui en faisaient partie. Mais je l’ai dit, c’est un garçon sympathique et drôle. De toutes les catégories de jobs à la con qu’il recense, ma préférée demeure « cocheur de cases », qui rappelle ce chef-d’œuvre absolu de critique sociale (et métaphysique) qu’est « Le journal d’un fou » de Nicolas Gogol dans ses Nouvelles pétersbourgeoises, avec son petit fonctionnaire qui taille des crayons et consigne dans son journal une folie grandissante de plus en plus inaccessible.

    À part ça, Graeber passe en revue tout ce que les « bullshit jobs » comptent d’analystes financiers, d’agents immobiliers, de personnel administratif (il y a autant de « bullshit jobs » dans le privé que le public, mais ce dernier a déjà donné lieu à une littérature surabondante, inutile de s’y attarder), d’avocats d’affaires, de forçats du télémarketing qui vous appellent depuis Madagascar, de responsables des ressources humaines, de vendeurs de joujoux connectés débiles, d’organisateurs de séminaire, d’utilisateurs de Power Point, de coiffeurs pour chien, d’animateurs de réunion et, last but not least, tous ces types qui pondent des rapports d’activité aussi volumétriques que des piles de containers métalliques, le « reporting », comme disent les néomongoliens quand ils sont en mode « corporate » – la maladie verbomotrice du capitalisme terminal.

    La soviétisation du néolibéralisme

    C’est ce qui pousse Graeber à comparer le néolibéralisme à la bureaucratie soviétique, deux armées de parasites en miroir. En régime capitaliste avancé, le travail inutile gagne du terrain partout. Ainsi selon Graeber, jusqu’à la moitié du travail utile – les métiers socialement utiles donc – est perdue en travail inutile (rédaction de rapports chronophage, perte de temps en réunions interminables et autres stages de formation superflus, etc.).

    Mais le problème est plus vaste. Songez au temps fou gâché à remplir des formulaires, à renseigner des demandes d’inscription numériques, à noter des identifiants qu’on perd et des mots de passe qu’on ne retrouve pas. Ou encore à télécharger des séries addictives au lieu de bosser, à se gratter le nez au lieu de réfléchir à ce qu’on fera à Macron après le déconfinement ou à faire défiler des applications sur son smartphone pour écrire des informations aussi capitales que : « Tu as bien fermé la porte du frigo ? » ou « Qu’est-ce qu’elle est cruche, Cindy ! Non, mais allô quoi ! »

    Où sont passés les analystes financiers ?

    En résumé, le néocapitalisme est un mélange de productivisme et de parasitisme. Comment est-ce possible ? Il suffit de lire les travaux d’Ivan Illich sur la contreproductivité. Passé un certain stade, tout gain se transforme en perte. Les cercles vertueux dégénèrent en cercles vicieux. C’est vrai plus encore des institutions en situation de monopole, sans autre prédateur qu’elles-mêmes, ce qu’est le système capitaliste, qui multiplient les activités inutiles chargées d’encadrer d’autres activités qui finissent par devenir à leur tour inutiles. Si inutiles qu’elles pourraient disparaître sans que personne ne s’en aperçoive. La preuve par le Covid-19. Qui a remarqué la disparition des promoteurs immobiliers et des analystes financiers ?

    On en arrive ainsi, de job foireux en boulot oiseux, à un tiers de personnes, aux États-Unis, au Royaume-Uni et sûrement en France, qui pensent que leur boulot n’a pas plus de sens qu’il n’a d’utilité sociale. Cela a même donné lieu à un nouveau syndrome : le « brown-out », littéralement la baisse de courant ou chute de tension. Une sorte de neurasthénie molle et ouateuse, sensation plus houllebecquienne que kafkaïenne, qui s’incarne ou se désincarne dans la figure du déprimé déprimant.

    Les nouveaux galériens

    Voilà pour les « bullshit jobs », venons-en aux « shit jobs », les métiers de merde, socialement dévalorisés, mais indiscutablement utiles. Si jamais ils venaient à disparaître, la société s’effondrerait sur elle-même. Sans eux, pas de pain, pas de soins dentaires, pas de pâtes alphabet pour les enfants, pas d’enlèvement des poubelles. Ceux qui les exercent sont les soutiers de la société de consommation et les galériens de la société de service : ils en assurent le « back office », selon les termes de Denis Maillard dans Une colère française (2019). On admettra volontiers qu’aucun d’entre eux ne peut bosser en télétravail.

    Macron les a gazés, éborgnés, matraqués, poursuivis. Sans pitié. Aujourd’hui, il les félicite. Subitement, les zéros sont devenus des héros, les derniers de cordée des premiers de tranchée et les Gilets jaunes sont passés sans transition des gardes à vue aux nuits de garde. Ça ne les a pas beaucoup changés, me direz-vous. Le gouvernement qui n’a jamais été avare en LBD et grenades lacrymogène (la notion de stock stratégique trouve ici tout son sens) n’a pas cru bon de leur fournir des masques !

    Jérôme Fourquet et Chloé Morin ont comparé la sociologie des professions jugées de première nécessité, sinon vitales, en période de pandémie, et celle des Gilets jaunes : le moins qu’on puisse est qu’elles présentent nombre de points communs. On y trouve pêle-mêle des caissières, des chauffeurs routiers, des aides-soignantes, des livreurs, des facteurs, des éboueurs, des magasiniers, les fameux « caristes ». C’est un prolétariat sans gloire et sans mythe mobilisateur. La maison du peuple, c’est désormais l’entrepôt. Chez les hommes, l’entrepôt a désavantageusement remplacé l’usine. Chez les femmes, c’est l’aide à la personne – et elle n’a pas avantageusement remplacé le personnel des maisons bourgeoises d’antan.

    L’inégalité devant le risque

    Une des thèses centrales d’Ulrich Beck, l’auteur de La Société du risque (1986), livre central pour comprendre notre temps, c’est que, à l’heure de la globalisation, les risques sont de plus en plus indiscriminés, singulièrement dans les sociétés dominées par ce qu’il appelle la « subpolitique technologique » : plus le risque se mondialise, plus il est socialement indifférencié – bref il se « démocratise ». Ainsi les particules fines ou le réchauffement ne font-elles pas le tri entre le cadre supérieur et l’ouvrier. C’est vrai. Mais il faut néanmoins des décontamineurs à Fukushima ou à Tchernobyl, et, sauf erreur, ce ne sont pas des militantes d’Osez le féminisme qui sont les premières à se porter volontaires. Pas plus que ce ne sont des suffragettes ou des cadres supérieurs qui achètent des pavillons pourris avec vue sur la centrale de Flamanville ou de Fessenheim en espérant faire une plus-value immobilière avant leur cancer de la thyroïde. Aussi convient-il de nuancer cette sociorépartition du risque et son exposition, hier aux coups de grisou, aujourd’hui aux virus ou autres.

    Cette inégalité devant la mort s’observe plus chez les hommes. Les ouvriers vivent six ans de moins que les cadres (pas les ouvrières), chiffre jusqu’ici incompressible. Une réserve, mais de taille, dans ce tableau aussi implacable qu’une tragédie grecque : l’inégalité par temps de guerre. Si de tout temps c’est l’infanterie qui a été l’arme la plus exposée, la plus sacrifiée, celle où on dénombre le plus de morts, il est faux d’imaginer que cette saignée n’affecte que le prolétariat troupier. Aujourd’hui, les médecins sont en première ligne, les pharmaciens aussi, sans parler des élus locaux, des commerçants-artisans et dans une moindre mesure des enseignants. Et pour mémoire, ce furent les officiers inférieurs, en 1914-1918, qui subirent les plus lourdes pertes. Pour un fantassin sur quatre massacré dans les tranchées, un officier d’infanterie sur trois, dont son lot de saint-cyriens certes, mais aussi de profs – depuis le normalien jusqu’à l’instit (au statut autrement supérieur qu’aujourd’hui), la profession proportionnellement la plus touchée.

    Compter les sous ou compter les morts

    Le gouvernement français n’est pas pressé de donner le bilan des personnels de santé infectés par le Covid-19. En Italie, on sait qu’il y a déjà eu une centaine de médecins décédés. En France ? Circulez, y’a rien à voir. Il serait pourtant très simple de réunir les données des agences régionales de santé. Mais Macron en a peur, Olivier Véran ne sait pas qu’elles existent et Jérôme Solomon s’embrouille tout le temps dans ses tables de multiplication. Ces Messieurs savent pourtant compter, mais les sous, pas les morts (le prémonitoire « Vous comptez les sous, on comptera les morts ! » scandé à l’automne dernier par des blouses blanches en grève).

    Alors bien sûr, on ne va pas ajouter sa voix au concert de louanges quotidiennes douteuses adressées aux soignants – trop attendues et trop entendues pour être crues sur parole. Mais une fois de plus on vérifie que la société abrite des trésors de dévouement en dépit du laminage constant de la philosophie utilitariste qui postule la recherche de l’intérêt individuel, seule unité de mesure des peines et des plaisirs. Cette philosophie, qui au cœur du néolibéralisme, ne résiste pas un instant à l’analyse. Son contraire non plus du reste. Nous sommes ainsi faits que nous recherchons le gain et la sympathie, nous nous débattant en permanence entre la sociabilité naturelle de notre espèce et un quant à soi non moins naturel, la recherche de l’intérêt et le désintéressement, la confiance et la défiance, l’ami et l’ennemi. Ni ange ni bête, comme dit Pascal, qui, pourtant en bon janséniste, voyait le mal partout.

    Rendons grâce au virus. Il a rappelé à une certaine médecine dorée et dévoyée ses missions hippocratiques essentielles, qu’elle avait eu parfois tendance à négliger. Un peu comme dans le sketch que les Inconnus avaient consacré aux hôpitaux publics, avec un chef de service aussi crâneur que branleur qui arrive en retard, traverse négligemment les couloirs, visite en dilettante les malades, avant de s’éclipser prématurément en confiant à son assistant : « Bon, je file, j’ai un cours. »

    – À la Sorbonne ?

    – Non, à Roland-Garros !

    De toute évidence, on n’en est plus là.

    L’hôpital ne se fout plus de la charité

    Sans le coronavirus, l’hôpital public français était programmé pour finir à l’institut médico-légal. Vingt ans qu’on le démolit, lit après lit, bâtiment après bâtiment, service d’urgence après maternité. Vingt ans de coupes budgétaires avec pour conséquence une centaine de milliers de lits perdus. En dix ans, près de 12 milliards d’économie (tout cumulé). Dès avant 2008, on a choisi de sauver « nos » banques, pas notre hôpital. Pour un banquier sauvé, combien de lits sacrifiés ? Ici comme ailleurs, le service de la dette est devenu une servitude insupportable. Avec la tarification à l’activité, qui a généralisé l’abattage médical et son illusoire culture du résultat, on a instauré un hôpital d’entreprise mis au régime forcé du management automobile, suivant la logique du « lean management » (to lean, « dégraisser, mincir »). L’administration hospitalière cherche partout des gains de productivité.

    Enfin pas partout ni pour tout le monde : ce régime décharné ne vaut que pour le patient français, pas pour l’immigré clandestin. Car étonnamment, les syndicats qui braillent à raison leur mécontentement ne pointent jamais le coût délirant de l’AME, l’Aide médicale de l’État, près d’1 milliard par an, pour des pseudo-migrants qui viennent faire soigner gratuitement – tant qu’à faire – de lourdes et très coûteuses pathologies. Savez-vous que la Sécurité sociale engage en moyenne chaque année plus de dépenses de soin pour un « sans-papiers », qui n’a jamais cotisé, que pour un Français, qui a cotisé toute sa vie ?

    Ni bonnes ni nonnes

    L’hôpital, c’est aujourd’hui trente infirmiers agressés chaque jour, une douzaine d’infirmiers depuis 2016 suicidés sur leur lieu de travail, des patients de moins en moins patients, 30 % d’infirmiers qui abandonnent leur métier dans les cinq ans qui suivent l’obtention du diplôme d’infirmier et plus des deux tiers des effectifs qui travaillent en horaires décalés. Eh bien, nonobstant cela, nonobstant ce gâchis, nonobstant ces cadences infernales, l’hôpital a tenu, singulièrement les femmes surreprésentées. Ni bonnes ni nonnes, hurlaient hystériquement les féministes dans les convulsions de 1968. Oui-da, Mesdames ! Mais enfin, il n’y a rien de déshonorant à servir les malades. Il suffit de relire un des plus grands témoignages sur que soigner veut dire pour s’en assurer, je veux parler du prodigieux Un Souvenir de Solferino (1862) du futur fondateur de la Croix rouge, Henry Dunant. À lire et à relire. Avec les vieilles chroniques par temps de peste où les plus beaux témoignages, les plus déchirants, à tous les coups, sont ceux adressés aux religieuses – vos ancêtres. On naît femme, on ne le devient pas.

    François Bousquet (Éléments, 28 avril 2020)

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  • Quand la Terre ne tourne plus !...

    Sixième semaine de confinement, mais Le Plus d’Éléments ne chôme pas. On ne passera pas du jour au lendemain de la nuit à la lumière, le monde d’après se fera attendre, mais il ne ressemblera pas au monde d’avant... Retrouvez ses rédacteurs avec ce rendez-vous hebdomadaire sur TV Libertés. Alain de Benoist et le monde d’après, François Bousquet et la biopolitique, Patrick Lusinchi et le pouvoir du rire. Un confinement tout en réflexion et relaxation !

     

                                    

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  • L’immunodéficience des élites...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur le site de la revue Eléments et consacré l'échec des élites du système face à la crise sanitaire. Journaliste et essayiste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a notamment publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017) et Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2019).

     

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    Biopolitique du coronavirus (4). L’immunodéficience des élites

    Un jour où Maurice Barrès, le chantre du nationalisme, comparait la France à un tableau avec en son centre la « colline inspirée », celle de Domrémy, dans les Vosges, où Jeanne d’Arc grandit, Aristide Briand, onze fois président du Conseil, vingt-six fois ministre sous la Troisième République, installé à vie dans le radical-socialisme (une fois passés les élans fiévreux de la jeunesse), lui répondit : « Fort bien ! Mais nous avons les cadres ! » C’est une réponse que ni Macron ni ses pairs ne pourraient faire, d’abord parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’esprit, ne fût-ce que celui de l’escalier ; ensuite parce qu’ils ont fait disparaître le cadre et qu’ils voudraient effacer le tableau, la France, pour la grand-remplacer par une « smart nation » tropicale. Misère des élites !

    Comment expliquer cette déchéance, d’une République à l’autre, d’une génération de maîtres à l’autre ? L’éclairage de deux sociologies que tout oppose peut nous aider à y voir plus clair : celle de Vilfredo Pareto, le grand théoricien de la production des élites, et celle de Pierre Bourdieu, le grand théoricien de leur reproduction. Pareto disait dans un passage fameux de son très épais Traité de sociologie générale que l’histoire est un cimetière d’aristocraties. À remarquer qu’en France, ce serait plutôt une morgue, dans le double sens du mot, hautain et cadavérique. Les élites y sont mort-nées, faute de circulation sanguine. Pas assez de sang neuf – l’EPO des élites – pour les régénérer et en fouetter la vitalité. À ce stade de décrépitude, les élites ne sont plus que vampiriques, elles ne recherchent plus que du sang frais dans l’espoir d’y trouver un sursaut.

    La consanguinité est reine de France. Entre des boomers décolorés, des soixante-huitards défraîchis et des « fils et filles de », la reproduction des plus nuls a définitivement remplacé la sélection des meilleurs. Au sein des institutions, l’endogamie règne sans partage. Ce qui nous vaut cette société pétrifiée, stratifiée et calcifiée – « bloquée », comme disait Michel Crozier – , régentée par une armée de clones : les experts, les conseillers, les dircabs, les technos, les énarques, qui forment l’arête supérieure des cumulards à la tête de l’État. Une néobourgeoisie arc-en-ciel, américanomorphe, libérée d’on ne sait trop quoi parce que libérée d’à peu près tout, libérale avec le monde entier exception faite de ses compatriotes, ouverte à tout sauf quand ses intérêts sont en jeu, affranchie mais d’abord de la loi, passionnément remplaciste sauf des places qu’elle occupe. Plus une caste qu’une classe sociale.

    Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le Covid !

    Un exemple, un seul, digne du plus haut comique (républicain, cela va de soi). On se souvient que, sous Hollande, la ministre de la Santé était Marisol Touraine, autre « fille de », celle-ci du soporifique Alain Touraine, le plus puissant somnifère de la Faculté de sociologie. Il est désormais acquis qu’elle restera dans l’histoire du coronavirus comme la dame recyclage qui a envoyé au vide-ordures des centaines de millions de masques FFP2. Or, qui grenouillait dans son premier cercle ? Un joli carré d’as de l’embrouille : Benjamin Griveaux, Gabriel Attal, Jérôme Salomon, Olivier Véran. Griveaux est le premier mort du coronavirus, Piotr Pavlenski a débranché son respirateur. Le freluquet Gabriel Attal sévit auprès de Jean-Michel Blanquer comme secrétaire d’État. Mais Olivier Véran et Jérôme Salomon ? L’un dirige le ministère de la Santé, l’autre en est le directeur général. On se pince pour y croire. Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le Covid ! Passe-moi les masques, je les ferai disparaître !

    Cela s’appelle en bon franglais le système des revolving doors. Il fonctionne en France avec une belle efficacité. C’est même la dernière chose qui fonctionne. Mais là où les élites anglo-saxonnes se contentent de passer du public au privé, les françaises y ajoutent le passage public to public, comme diraient les snobs. Emmanuel Todd a très bien identifié cette exception française dans son dernier livre quand il parle d’une énarchie stato-financière dont l’archétype est Emmanuel Caméléon. Elle ne jure que par le marché, mais ne connaît que l’État dont elle est la classe parasitaire attitrée, cumulant les défauts du public et les tares du privé. L’inertie et la rapacité. Jamais on ne lui a appris à prendre des initiatives, on lui a plutôt appris à ne surtout pas en prendre.

    Y a-t-il jamais eu une élite en France ?

    Je ne sais plus qui a dit de l’Angleterre qu’elle avait toujours été sauvée par son élite et la France par son peuple. Un sage assurément. La phrase est moins pétaradante quand on en renverse les termes, du moins de ce côté-ci de la Manche : jamais les élites n’ont sauvé la France (sans quoi quelque historien charitable nous l’aurait appris). C’est sûrement cette fatalité qui a donné à notre histoire son cours ondulatoire, instable, erratique, avec des hauts et des bas. Le tempérament national, toujours en quête d’une figure providentielle, plus populiste que conservateur, plus insurrectionnel que réformiste, réactif à défaut d’être actif, ne favorise pas l’éclosion d’une élite. Il faut dire que celle qui nous en tient lieu va chercher ses modèles à l’étranger depuis le XVIIIe siècle. Voltaire a montré la voie. Depuis lors, elle pense en anglais, quand bien même son français est irréprochable, et celui de l’auteur des Lettres philosophiques (d’abord publiées sous le titre des Lettres anglaises) l’était plus que nul autre. Ah, le fouet verbal d’Arouet ! Si l’insipide Nicolas Baverez pouvait en apprendre le maniement, ils serait au moins lisible à défaut d’être intelligible…

    Dans ce panorama, il y a tout de même eu une exception notable, la Troisième République en ses jeunes années. On peut ne pas l’aimer, rien ne nous y prédispose d’ailleurs. Elle était terne, aussi grisonnante que les rouflaquettes de ses présidents du Conseil et de ses « frères » maçons à l’allure de prélats défroqués. Ils ne rataient jamais une occasion de faire une bonne affaire et tiraient sur les ouvriers avec un sang-froid que Christophe Castaner et Laurent Nuñez n’ont jamais cru pouvoir égaler, même en rêve. Oui, oui, on est en droit de ne pas l’aimer, cette jeune Troisième, elle n’en a pas moins créé une élite – ce qui n’a jamais été donné à Macron ni à La République en marche. Ses adversaires antidreyfusards – le sabre, le goupillon et surtout la plume, les plus belles plumes d’alors que ce bon Marcel Proust s’imaginait pouvoir concilier – ont parlé de République juive, plus encore de République protestante, mais elle fut d’abord et avant tout, au milieu des avocats, la République des professeurs, titre d’un petit ouvrage croustillant d’Albert Thibaudet, qui fut mieux qu’un grand critique, l’un des plus sûrs analystes de son temps. Une incubatrice de talents. Comment ? Grâce à un remarquable système de détection et de bourses. Si du reste elle a tenu aussi longtemps, c’est qu’elle a d’abord été un régime de hussards noirs, de normaliens sortis du rang, d’instituteurs maigres et affamés de savoir, de provinciaux montés à Paris la boue aux pieds.

    Quand les boursiers formaient l’élite

    « À nous deux Paris ! » lançaient-ils comme Rastignac, mais la géographie de leur ambition, plus sage, plus académique, plus ascétique aussi, n’était pas celle de Rastignac, trépignant sur le promontoire de Montmartre : elle se tenait sous les combles de la montagne Sainte-Geneviève, dans les chambres de la rue d’Ulm, les internats de Louis-le-Grand et d’Henri-IV. Ainsi, un demi-siècle après Balzac, la montagne Sainte-Geneviève, qui abritait la pension de Madame Vauquer où couvaient les féroces appétits des jeunes lions balzaciens, accueillerait d’autres ambitions, celles qui animeraient les futurs maîtres de la Troisième République, qui furent avant tout des maîtres d’école – et l’école, leur plus belle réussite.

    En ce temps-là, l’écrasante majorité des normaliens étaient boursiers. Combien aujourd’hui le sont-ils ? Même chose avec les agrégés, même chose avec les élèves des écoles normales d’instituteurs. Barrès, le grand Barrès, professeur lui aussi mais d’énergie, vomissait ce monde-là. Il l’a férocement croqué dans sa prodigieuse trilogie, « Le roman de l’énergie nationale ». Mais ne lui en déplaise, les vrais héritiers étaient alors les boursiers. Songez à Péguy. Quid de nos jours ? Les très rares profils sortis du peuple qui ont rejoint les rangs de l’élite, les Didier Eribon, les Édouard Louis, les Annie Ernaux, sont pour la plupart des « transfuges de classe ». Autrement dit des traîtres. Ils n’appartiennent plus au monde dont ils sont issus, mais aux minorités dont ils ont épousé la cause.

    Tel maître, tel valet

    Adieu la République des professeurs ! Celle des Rastignac est revenue, mais ils s’appellent Cahuzac ; et Marsay, l’autre jeune lion balzacien, splendide, comme tout ce qu’a conçu le Surhomme qui rédigea La Comédie humaine, a déchu au rang d’un Emmanuel Macron. La nôtre, de République, est un régime d’enfants gâtés, immatures et inconsistants, frappés dès la sortie de l’école du principe de Peter – et même de Peter Pan chez Macron – qui pose que toute personne, ici toute caste, a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence. Rien que des amateurs, Macron, parlant de son gouvernement, l’a lui-même concédé. Il faut dire que ses ministres ont tous été à bonne école. Tel maître, tel valet. Après tout, un pays qui s’affaisse lentement mais sûrement peut tolérer une élite aussi nulle. La gestion des affaires courantes s’accommode de la médiocrité générale. Elle requiert une médecine palliative que des gouvernants aux compétences limitées savent lui administrer en métronomes du déclin. Mais qu’une situation d’exception survienne, qu’une crise, qu’une pandémie apparaissent, impossible de cacher cette nullité sous la table de l’Élysée : elle est bien trop criante – insultante pour tout un peuple avide de comparaisons. Ô Allemagne qui nous donne une fois de plus la leçon, nous qui la lui faisons si souvent…

    D’une guerre à l’autre, notre bon Frankreich serait-il voué à être toujours en retard ? D’une stratégie, d’un vaccin, d’une technologie, d’une mise à jour. Depuis le début de la crise du coronavirus, Macron et Philippe traînent trois à quatre semaines de retard (Sibeth Ndiaye trois ou quatre siècles), retard incompressible, dans tous les domaines, prédictif, préventif, curatif. On n’est bon, on l’a dit, que dans le palliatif. Nul partout ailleurs. Dans l’anticipation du risque, dans la décision, dans la gestion, dans le calendrier. Pas seulement sur les masques, jugés superflus, ni sur les vaccins, déclarés inutiles, mais sur la réquisition, tardive, parcimonieuse, de nos dernières machines-outils, sur le recours – sacrilège – aux labos vétérinaires pour les tests sérologiques, sur la composition du Conseil scientifique, si prudent, si académique, si lié au privé, sur le maintien des municipales, sur la mobilisation des cliniques privées, etc.

    À chaque fois, quelques bonnes volontés ont alerté le gouvernement très en amont, mais autant parler à un sourd. À chaque fois, il a tergiversé, repoussé la prise de décision, prétextant un jour qu’on ne saurait confondre la médecine animale et la Grande Médecine, exit les vétos ; un autre jour reculant devant le refus du terrifique Gérard Larcher et des barons du Sénat, bonjour le veto sénatorial. Nul, zéro pointé, bonnet d’âne, au coin, au poteau !

    Le conformisme est son nom

    Quand Alain de Benoist a pour la première fois formulé la notion de pensée unique, il a mis un nom sur la plaie des élites en général et des françaises en particulier : le conformisme endémique. Pour elles, il n’y a jamais d’alternative, jamais de plan B, pas même des options – rien qu’une autoroute uniforme nous conduisant au bout de l’ennui. Partout un même conformisme, politiquement correct, médicalement correct, technocratiquement correct, qu’importe. Cette religion de l’unique et de sa propriété est « le » critère de sélection. Hors cela, hors la pensée unique, point de salut.

    À Sciences Po, à l’ENA, on ne fabrique plus des serviteurs de l’État, mais des serviteurs de la dette, des contrôleurs de gestion. Ces écoles sont des moules. Comment en sortirait-il autre chose que des séries ? Calibrées comme des produits industriels, programmées comme des logiciels – et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont très exactement : ils sont là pour accomplir des programmes. On fabrique des pilotes automatiques, à peine des technocrates, tout au plus des techniciens, si médiocres qu’ils nous feraient regretter le temps des ingénieurs qui pilotaient eux du moins des programmes industriels. Comment cette espèce, qui gère si mal les situations ordinaires, aurait-elle pu faire face à une situation extraordinaire ? Impossible. À elle une fois pour toutes l’intendance et les dépendances, pas plus. À l’Élysée peut-être, mais alors à l’entretien des écuries !

    On est tellement accoutumé à ce pilotage automatique qu’on ne comprend plus les situations d’urgence et les régimes d’exception, là où l’essence schmitienne du politique se révèle. On est formaté à suivre des procédures de contrôle, à respecter des protocoles de gestion, à déchiffrer des règlements, à appliquer des process, ce qui revient à tous les niveaux à suivre scrupuleusement les critères de convergence maastrichtiens. La feuille de route tracée d’avance, sur la base de la règle des 3 %, on fait le « job », comme ils disent. Lequel job ne consiste plus qu’à trouver des marges de manœuvre et à mettre au régime sec toutes les administrations, dont les hôpitaux.

    La pierre angulaire

    On fera valoir qu’on n’a jamais que les élites qu’on mérite. Certes. Il ne faudrait cependant pas oublier qu’elles ont séquestré la représentation nationale. Tout un pays mis sous le boisseau, ce n’est pas rien, mais il aspire à retrouver la lumière. Si les Gilets jaunes ont montré une chose, c’est bien que le peuple ne consent pas à sa mort programmée, qu’il abrite, tout déglingué soit-il, tout abandonné, des réserves de colère et de vitalité. On ne voit rien de tel chez l’élite. La France d’en haut est couchée depuis si longtemps qu’on ne l’imagine pas pouvoir un jour se redresser. Il n’y a rien à attendre d’elle, on ne peut ni la réformer ni l’infiltrer, ni la changer, seulement la renverser. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, enseignent les Évangiles à la suite des Psaumes, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire. Phrase fabuleuse. Il en a toujours été ainsi. Toujours. Le salut ne vient jamais du Système, mais de ses marges, de ses dissidences, là où on façonne la pierre angulaire. Persévérons à la façonner, elle finira par dominer l’édifice.

    François Bousquet (Éléments, 17 avril 2020)

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  • Covid-19 : Macron s'en va-t-en guerre, Eléments fait le bilan !...

    En congé forcé pour cause de confinement, Le Plus d'Éléments n'en est pas pour autant au chômage partiel. Retrouvez ses journalistes pour un rendez-vous hebdomadaire sur TV Libertés. Billets d'humeur et nouvelles perspectives sont au programme avec dans ce numéro, Nicolas Gauthier, François Bousquet et Bruno Lafourcade !

     

                                  

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  • Géopolitique de la BD...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°183, avril 2020 - mai 2020) est en kiosque !

    A côté du dossier consacré à la bande-dessinée, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés et des entretiens, notamment avec le prix Nobel d'économie Angus Deaton, le philosophe Dany-Robert Dufour, l'historien et analyste militaire Michel Goya, le sinologue François Julien et le contre-cool Pierre Robin, ainsi que les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Ludovic Maubreuil, de Fabien Niezgoda, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen et de Bastien O'Danieli...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

    Eléments 183.jpg

    Au sommaire :

    Éditorial

    Halte à la transparence, par Alain de Benoist

    L’entretien

    Dany-Robert Dufour : « Nous allons vers le chaos » , propos recueillis par Thomas Hennetier

    Cartouches

    Roland Jaccard est mince, le regard d’Olivier François

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    1917, la guerre comme dans un jeu vidéo, par Ludovic Maubreuil

    Carnet géopolitique : Coronavirus, l’extension du contrôle social, par Hervé Juvin

    À la Saint-Crépin, les Français voient leur fin, par Laurent Schang

    Les leçons de Delphes (4/4) : la gestion du commun, par Fabien Niezgoda

    Le rhinocérat, par Bruno Lafourcade

    Économie, par Guillaume Travers

    Bestiaire : une même conscience du corps chez le chien, l’éléphant et l’homme, par Yves Christen

    Sciences, par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées

    Le « privilège blanc » à l’épreuve des faits, par François Bousquet

    Angus Deaton, l’agonie de la classe ouvrière blanche, propos recueillis par Guillaume Travers

    Les viols de masse en Grande-Bretagne, par François Bousquet et Thierry Dubois

    La France de Johnny et la France de Marine, par François Bousquet

    Portfolio : Le peuple jaune dans les rues de Paris

    Connaissez-vous la bourgeoisie blanquette de veau ? par François Bousquet

    Vincent Lapierre au cœur de la guérilla médiatique, propos recueillis par David L’Épée

    Xavier Eman, une fin du monde très importante, par Jean Ernice

    Michel Goya, l’avenir de la guerre, propos recueillis par Laurent Schang

    François Jullien, le détour par la Chine, propos recueillis par Claude Chollet

    Le prince et l’idiot, psychologie de l’enfant unique, par Christophe A. Maxime

    Patrick Eudeline et Nicolas Ungemuth : la chanson française ? propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Pierre Robin, l’homme qui n’a jamais voulu être cool, propos recueillis par Olivier François

    De l’usage du tatouage dans la société du spectacle, par Marie Chancel

    Dossier

    Géopolitique de la bande dessinée

    François Pernot : les mangas et les comics vont-ils tout écraser ? Propos recueillis par Guillaume Travers

    Monsieur le chien, un provocateur à poil dur, par David L’Épée

    Jean-Christophe Delpierre : l’Umour au temps de Macron, propos recueillis par David L’Épée et Pascal Eysseric

    L’érotisme discret de la bande dessinée franco-belge, par David L’Épée

    Les 19 bandes dessinées préférées d’Éléments, par la rédaction

    Tintinophiles, tintinologues, tintinopathes… , par Fabien Niezgoda

    Olrik, l’interrogatoire secret, un document pour l’histoire, par Jean-Jacques Langendorf

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Reconquête : le grand défi du coronavirus, par Slobodan Despot

    Un païen dans l’Église : l’ours cordé de Saint-Lizier en Ariège, par Bernard Rio

    Séries télé & politique : The Capture, par Pascal Eysseric

    L’anti-manuel de philosophie : la raison suffit-elle à connaître le réel ? par Jean-François Gautier

    L’esprit des lieux : Dresde sous les bombes, par Hélène Meyer

    C’était dans Éléments : lire Rabelais avec Michel Ragon, propos recueillis par Sophie Massalovitch

    Éphémérides

     

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  • A la rencontre de Patrick Buisson...

    Pour son émission Orages de papier, sur TV Libertés, en partenariat avec La Nouvelle Libraire, François Bousquet reçoit l'écrivain et publiciste Patrick Buisson. Celui-ci est notamment l'auteur d'une étude historique, 1940-1945, années érotiques (Albin Michel, 2008), et d'un essai politique important, La cause du peuple (Perrin, 2016).

     

                                          

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