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déconstruction - Page 2

  • «Le “wokisme” prospérera tant qu'il n'aura pas d'opposition structurée contre lui»...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné au Figaro Vox par Nicolas de Pape et consacré au wokisme.  Journaliste, romancier et essayiste, Nicolas de Pape vient de publier Tout doit disparaître (Edilivre, 2021).

     

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    «Le “wokisme” prospérera tant qu'il n'aura pas d'opposition structurée contre lui»

    FIGAROVOX. - Dans votre livre, vous abordez ce qui constitue selon vous «une révolution culturelle sans précédent». Comment la définissez-vous et en quoi est-elle inédite ?

    Nicolas DE PAPE. - On vit aujourd'hui l'avènement d'une sorte de tyrannie des minorités au caractère quasi-religieux, hystérisant le politiquement correct et animée par des croyants dont le but, pas toujours avoué, est d'en finir avec «l'Occident» vécu comme une réminiscence systémiquement patriarcale, raciste, post-coloniale et discriminatoire d'un autre âge. Cette révolution s'incarne notamment dans ce qu'on appelle aujourd'hui les «wokes», c'est-à-dire les «éveillés» aux discriminations, lesquelles seraient en quelque sorte inscrites dans les gènes de notre civilisation.

    C'est sans doute la première fois dans l'histoire contemporaine qu'une révolution de ce type mobilise autant d'acteurs en même temps : ce que l'on nomme à tort «l'État profond», en réalité des personnes influentes qui partagent la même idéologie. Ce qui rend cette révolution également inédite est bien sûr la révolution numérique portée par les «Big Tech» (les fameux GAFAM – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) qui servent d'amplificateur au wokisme et dont les dirigeants partagent partiellement l'idéologie.

    Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a investi des centaines de millions de dollars lors de la dernière campagne présidentielle américaine «pour des élections justes» mais qui visaient clairement à empêcher la réélection de Donald Trump et permettre celle de Joe Biden. Celui-ci a clairement surfé sur le wokisme, notamment en nommant un ministre transgenre. Récemment, la presse a salué le courage d'une lanceuse d'alerte au sein de Facebook, Frances Haugen. Le paradoxe est qu'elle critique son ancien employeur, non pas parce que celui-ci attente à la liberté d'expression, mais parce qu'il ne censure pas suffisamment les «réactionnaires» anti-progrès.

    Dans The Game, le journaliste italien Alessandro Barrico explique que les «hippies milliardaires» de la Silicon Valley se vivent comme des révolutionnaires dont les inventions numériques empêcheront à jamais la résurgence des tyrannies du 20e siècle. La transformation de Facebook en «Meta», un méta-monde que M. Zuckerberg espère peuplé d'avatars, fait penser au film d'anticipation Matrix des sœurs Wachowski (toutes deux transsexuelles d'ailleurs) dans lequel les humains vivent dans des bocaux et croient vivre une existence rêvée mais qui est purement numérique. On le voit : cette idéologie percole, encouragée par l'industrie du loisir, Hollywood et Netflix…

    Quels sont les faits et les réalités qui nous permettent de mesurer l'ampleur du phénomène ?

    Ces néo-révolutionnaires utilisent les bonnes vieilles recettes du théoricien Gramsci : «agit-prop» (agitation propagande) via des manifestations incessantes dénonçant un «racisme imaginaire» (Pascal Bruckner) ; utilisation des médias de masse et mobilisation de la jeunesse, future génération au pouvoir, cours de déconstruction machiste pour les hommes, etc.

    En second, lieu on voit l'apparition d'une série de néologismes complaisamment utilisés en boucle par les médias, comme le «féminicide». Auparavant, on parlait de crime passionnel lorsqu'un homme tuait son épouse ou sa compagne. Certes, les violences faites aux femmes sont une plaie sociétale mais ce mot néoféministe laisse entendre que nous vivrions dans une société systémiquement patriarcale.

    Du côté de l'écologie radicale qu'on peut associer à cette néo-révolution en vertu de l'intersectionnalité des luttes - tout en nous annonçant un cataclysme climatique -, elle a inventé les termes de «justice climatique» et d'«écocide». Pensez qu'on songe à inscrire ce dernier dans le droit pénal international... Dans les démocraties aussi, la langue est une arme de destruction massive. Voyez le Robert qui a introduit le pronom «iel» dans sa dernière édition… Les nouveaux croyants utilisent la technique du salami : ils avancent par tranche et ne reculent jamais, insultant leurs adversaires pour les intimider.

    Ce mouvement se caractérise selon vous par une offensive menée contre la figure paternelle...

    Lorsqu'Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, s'exclame qu'une femme ou même une grand-mère peut être un père, elle participe de la relativisation du statut du père. Tout est interchangeable ! Or, même dans les familles traditionnelles, le père n'est que l'homme que la mère désigne aux enfants comme leur papa. Son statut est très fragile. Avec le phénomène des mères célibataires militantes et l'homoparentalité (pour laquelle je n'ai pas d'opposition de principe), des enfants peuvent être privés de père. Pour les garçons, il fallait alors avoir l'intelligence de la part des couples lesbiens d'adjoindre une forte figure virile autour de la famille comme un parrain par exemple. Mais puisque le masculin et le féminin n'ont plus tellement d'importance aujourd'hui, est-ce bien nécessaire ?

    Vous dressez le portrait de Jordan Peterson, un psychologue canadien qui s'évertue à déconstruire les arguments néo-féministes. Avons-nous des Jordan Peterson en France ?

    À ma connaissance, le seul intellectuel ressemblant peu ou prou à Jordan Peterson en France est le sociologue Mathieu Bock-Côté qui est… Canadien lui-aussi. L'avantage de Jordan Peterson est qu'il est psychologue clinicien. Il peut donc démonter, exemples cliniques à l'appui, la théorie du genre. Mais l'espoir en France vient des femmes avec notamment la philosophe et journaliste Peggy Sastre qui officie au Point et à Causeur et qui propose une lecture biologique et évolutionniste des questions sexuelles et de genre. Des journalistes comme Elisabeth Lévy et Natacha Polony ne s'en laissent pas conter.

    En Belgique, nous avons la professeure honoraire de l'Université libre de Bruxelles, l'historienne Anne Morelli, femme de gauche et féministe historique qui déconstruit souvent les arguments des néo-féministes. Elle a d'ailleurs signé la Tribune du Monde avec Catherine Deneuve sur «la liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle». Pour elle, c'est devenu «à la mode» d'être féministe. Aux États-Unis, les wokes sont tenus en respect par les TERF (Trans-exclusionary radical feminist), des femmes féministes «binaires» presque aussi radicales qui estiment que les transgenres «invisibilisent» le vrai combat pour le droit des femmes. Les TERF pensent à juste titre que permettre à des athlètes trans devenues femmes de participer à des compétitions sportives avec les femmes biologiques est une injustice. Imaginez que Rafael Nadal concoure chez les femmes… Il gagnerait encore 13 autres Roland-Garros !

    Comment la Belgique, votre pays, réagit-elle à cette révolution culturelle ?

    La Belgique est idéologiquement coupée en deux, entre une Flandre très à droite et une Wallonie très à gauche. Le seul parti wallon «de droite», le Mouvement réformateur est plus ou moins l'équivalent de la République en marche. En Wallonie, un «cordon sanitaire» créé jadis contre d'authentiques néofascistes, s'applique désormais à tous ceux qui se situent à la droite du centre droit. La Droite politique y étant extrêmement discrète, l'Establishment et la presse évoluent entre mansuétude envers le wokisme (qu'ils confondent avec le progressisme) ou neutralité prudente. En Wallonie, il n'y a pas de Figaro ou CNEWS… Par exemple, un Eric Zemmour wallon serait interdit de télévision en vertu de ce cordon sanitaire. Mais cela vaudrait aussi pour Éric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan, Marion Maréchal, Philippe de Villiers… Les Français se plaignent mais la France est quand même le pays de Voltaire !

    Alerter sur la menace d'une révolution culturelle qui couve et menacerait nos civilisations, c'est un procédé que la gauche a souvent utilisé, parlant de menace fasciste ou réactionnaire. Ne pensez-vous pas tomber dans l'écueil d'une hystérisation du débat et surévaluer l'ampleur réelle de la menace woke ?

    Je n'aime pas les procédés outranciers que vous décrivez, mais il vaut mieux prévenir que guérir. Les grandes révolutions qui dévorèrent leurs enfants ont pour la plupart commencé par une poignée d'agitateurs se réunissant dans un estaminet (lors de la prise de la Bastille, Louis XVI indique dans son journal : «rien»). Aujourd'hui, c'est insidieux : les idées woke percolent partout y compris au sein des Ressources humaines des entreprises dont certaines proposent déjà aux employés des cours d'écriture inclusive ou de conscientisation au «privilège blanc».

    Dans mon pays, le directeur de la Banque nationale a été traité de machiste par une équipe de journalistes néo-féministes («Les Grenades») parce qu'il avait pointé « le charme » comme atout premier de la femme. Anecdotique à côté des nombreuses célébrités françaises accusées à tort de viol, pensons à Luc Besson par exemple. À l'ère de #BalanceTonPorc, tous les hommes sont présumés coupables, voyez Nicolas Hulot.

    Le problème est que le wokisme n'a pas d'opposition structurée pour le moment. La France, inventrice de la French Theory, reçoit aujourd'hui en pleine figure sa propre médecine. On le voit avec Rama Yade, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, revenue de trois ans «d'immersion woke» à Washington et qui prétend subir une «micro-agression» lorsqu'elle regarde la statue de Colbert. Et à l'université, temple du savoir, c'est déjà la guerre, si l'on en croit Nathalie Heinich[1]. Des professeurs seraient «obnubilés par le genre, la race et les discours de domination». Selon certains membres de l'Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires[2], «l'université est aujourd'hui le théâtre d'un affrontement idéologique mené par les tenants de la déconstruction contre l'Institution elle-même».

    Nicolas de Pape (Figaro Vox, 26 novembre 2021)

     

    Notes :

    [1] « Ce que le militantisme fait à la recherche », tract Gallimard.

    [2] https://www.lepoint.fr/politique/exclusif-le-rapport-qui-secoue-l-universite-les-extraits-16-06-2021-2431333_20.php#xtmc=theses-de-doctorat-woke&xtnp=1&xtcr=1

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  • La France a-t-elle dit son dernier mot ?...

    Les éditions Rubempré viennent de publier le nouvel essai d'Eric Zemmour intitulé La France n'a pas dit son dernier mot. Le journaliste polémiste poursuit sa réflexion entamée avec Le suicide français (Albin Michel, 2014) et Destin français (Albin Michel, 2018) et veut désormais envisager des solutions qui permettrait de sortir notre pays de son marasme.

     

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    " Dans la tête d'Eric Zemmour. Journal d'une autobiographie politique.

    « J'avais mis au jour dans le Suicide français la mécanique de l'idéologie progressiste qui a conduit notre pays à l'abîme. Mises en danger, ses élites ont compris que la survie de leur projet passerait par la radicalisation du processus de destruction.
    Rarement nous n'avons été aussi affaiblis, désunis, subvertis, envahis qu'aujourd'hui.
    Pas un jour sans sa provocation, sans sa déconstruction, sans sa dérision, sans son humiliation.
    J'ai décidé de poursuivre le récit des choses vues, des choses tues, trop longtemps tues. Pour que la France ne se contente pas d'avoir un futur mais trace aussi les voies d'un avenir. Pour continuer l'histoire de France.
    L'histoire n'est pas finie.
    La France n'a pas dit son dernier mot. » "

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  • Déconstructeurs et déconstruction...

    Le 29 juin 2021, Rémi Soulié recevait sur TV libertés Baptiste Rappin pour évoquer avec lui l'idéologie de la déconstruction et ses initiateurs les plus connus, Jacques Derrida, Gilles Deleuze et Michel Foucault. Philosophe, Baptiste Rappin a concentré sa réflexion sur les implications de la révolution managériale dans nos sociétés contemporaine et est l'auteur de plusieurs essais sur le sujet, dont De l'exception permanente (Ovadia, 2018). Il vient de publier un Abécédaire de la déconstruction (Ovadia, 2021).

     

                                                   

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  • Feu sur la désinformation... (331)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias, présentée cette semaine par Michel Geoffroy et Nicolas Faure.

    Au sommaire:

    • 1 : L’image de la semaine
      À Avignon, un émouvant hommage a eu lieu pour saluer la mémoire d’Éric Masson, tué par un délinquant extra-européen. Et il se pourrait bien que cet hommage soit le point de départ d’une véritable révolte policière.
    • 2 : Délitement : militaires et policiers brisent l’omerta
      Militaires, gendarmes, policiers… Ils ont tous multiplié les appels à sauver la France ces derniers jours. Les médias et les politiciens de gauche, affolés, tentent de diaboliser ces lanceurs d’alerte.
      Mais il se pourrait bien que la libération de la parole à laquelle nous assistons soit massive.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Silence médiatique sur la déconstruction de l’État
      Dans un incroyable silence des journalistes, Emmanuel Macron poursuit son œuvre de déconstruction de la grandeur de la France. De nombreuses institutions sont en effet réformées en catimini.

     

                                      

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  • Abécédaire de la déconstruction...

    Les éditions Ovadia viennent de publier un Abécédaire de la déconstruction de Baptiste Rappin

    Philosophe, Baptiste Rappin a concentré sa réflexion sur les implications de la révolution managériale dans nos sociétés contemporaine et a publié plusieurs essais sur le sujet, dont De l'exception permanente (Ovadia, 2018). Il a également publié des articles dans les revues Krisis et Nouvelle Ecole.

     

     

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    " Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault : tels sont certainement des noms qui résonnent à l’oreille de nos contemporains. Et il s’agit, en effet, des philosophes les plus connus d’un courant de pensée que l’on peut raisonnablement qualifier de « déconstruction ». Toutefois, loin de se limiter à l’étude de ces trois figures, cet Abécédaire de la déconstruction aborde également les idées et les concepts développés par Maurice Blanchot, Roland Barthes, Jacques Rancière, Jean-Luc Nancy, Giorgio Agamben, Judith Butler et par bien d’autres encore. C’est le succès rencontré par la déconstruction dans les milieux intellectuels, tant à l’Université que dans la sphère politico-médiatique, qui se trouve à l’origine de cet ouvrage. "

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  • Racialistes, indigénistes : parviendront-ils à « déconstruire » la France ?...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Anne-Sophie Nogaret et Sami Biasoni, réalisé par Edouard Chanot pour son émission Parade - Riposte et diffusé le 25 février 2020 sur Sputnik,  à l'occasion de la sortie de leur essai intitulé Français malgré eux - Racialistes, décolonialistes, indigénistes : ceux qui veulent déconstruire la France (Toucan, 2020).

     

                                       

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