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déclin - Page 4

  • Spengler et la fin de la civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par David Engels à la revue Philitt et consacré à Oswald Spengler, l'auteur du Déclin de l'Occident. Historien, titulaire de la chaire d’Histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles, David Engels a publié Le déclin - La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013). Il préside également The Oswald Spengler Society.

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    David Engels : « Pour Spengler, il n’y a aucune connotation négative à parler de la fin d’une civilisation »

    PHILITT : Chez Spengler la culture s’éteint dans la civilisation crépusculaire. Pourriez-vous, dans un premier temps, revenir sur cette distinction capitale entre culture et civilisation chez Spengler ? Possède-t-elle une réelle singularité ou s’agit-il d’un lieu commun de son époque sans grandes variations ?

    David Engels : En effet, Spengler reprend ici un concept qui, dans la philosophie de l’Occident, remonte au moins jusqu’au XVIIIe siècle, quand Schiller mit en avant la distinction fondamentale entre ce qu’il appela la poésie « naïve » et la poésie « sentimentaliste », dont la première serait spontanée, originale, véritable, et la seconde, artificielle, épigonale, imitative. Cette distinction stylistique fut également appliquée, surtout dans la pensée allemande – pensons ici particulièrement à Thomas Mann –, à la distinction entre deux types de sociétés : la première, appelée « Kultur », équivalait aux grandes périodes classiques de l’histoire (l’Athènes de Périclès, l’Italie de la Renaissance, etc.) et se caractérisa par un foisonnement de créations originales dans tous les domaines, combinées avec un certain vitalisme (peut-être même barbarisme) dans l’exubérance à la fois politique, artistique et spirituelle. La seconde, appelée « Zivilisation », était vue comme artistiquement stérile ou du moins confinée à l’imitation des grandes époques précédentes, mais se caractérisait par son haut degré de technicité, sa volonté impérialiste, son idéologie rationaliste et sa poursuite de l’individualisme et du profit.

    Spengler hérita de cette tradition et l’appliqua à l’entièreté des sociétés humaines, distinguant donc respectivement aussi dans l’Antiquité gréco-romaine, l’Égypte pharaonique, la Mésopotamie ancienne, l’Inde védique, la Chine classique, le monde byzantino-musulman et le Mexique, une phase « culturelle » et une phase « civilisatoire ». Mais sa grande originalité ne réside pas seulement dans le systématisme avec lequel il tenta de prouver l’existence de ces phases dans chaque culture, mais aussi le déterminisme avec lequel il combina ce dualisme avec sa vision biologiste de l’histoire : pour Spengler, la « civilisation » apparaît comme l’annexe stérile et pétrifié à la « culture » et ne peut mener, tôt ou tard, qu’à la fossilisation et l’extinction d’une société, alors qu’auparavant, ces phases étaient plutôt perçues comme des mouvements oscillatoires. Et selon Spengler, l’occident a commencé à rentrer dans sa phase « civilisatoire » depuis le début du XIXe siècle (en analogie avec l’époque hellénistique dans l’Antiquité), ce qui met notre XXIe siècle en parallèle avec le Ier siècle av. J.C. et donc avec la période des guerres civiles à Rome – un parallèle audacieux, mais visionnaire, comme j’ai tenté de le démontrer moi-même dans mon livre Le déclin.

    Peut-on dire que Spengler est un théoricien de la décadence ? En effet, la décadence ne suppose-t-elle pas une dégénérescence continuelle, un éloignement irrémédiable d’un âge d’or originel, incompatible avec une vision cyclique de l’histoire ? Peut-on parler d’une théorie de la décadence non linéaire ?

    Il est vrai que la décadence joue un grand rôle dans les passages consacrés à l’époque contemporaine de la vie de Spengler. Néanmoins, il faut se méfier de trop simplifier, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, Spengler se veut (sans toujours y arriver) un théoricien objectif de l’évolution des grandes sociétés humaines. Certes, c’est pour les phases de « Kultur » qu’il éprouve la plus grande sympathie, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il apporterait un regard « moralisateur » à la « Zivilisation ». Tout au contraire, Spengler s’est même plaint que les lecteurs aient tendance à confondre le « Déclin de l’Occident », le « Untergang des Abendlandes » (« Untergang » signifiant, en allemand, à la fois naufrage et crépuscule) avec le naufrage d’un paquebot, alors qu’il aurait pu intituler son ouvrage « Le parachèvement de l’Occident » sans pour autant changer le sens qu’il voulait donner à ce stade final d’une civilisation.

    En effet, pour Spengler, qui se réclame de l’école philosophique du vitalisme, si influent par le biais de Schopenhauer et de Nietzsche, le vieillissement d’une société tient la même place métaphysique que son adolescence ou sa maturité ; il n’y a donc, a priori, aucune connotation moralisante négative à parler de la fin d’une civilisation, bien que l’appel répété à embrasser courageusement cette fin imminente et à remplir son devoir sans espoir de victoire sonne, à certains moments, un peu creux et cache mal la grande sensibilité et nostalgie de Spengler qui, à choisir, aurait préféré de loin vivre au XVIIIe siècle qu’au XXe siècle, comme il le déclara un jour.

    Trouve-t-on chez Spengler, comme dans l’œuvre de José Ortega y Gasset, l’idée d’une décadence effective sur le seul plan historique, c’est-à-dire une décadence qui, dans ses diverses manifestations, se limiterait au déclin d’un substrat culturel abstrait sans générer pour autant une perte de vitalité, un abattement moral ou une souffrance psychique – autrement dit, la décadence historique s’accompagne-t-elle d’une décadence psychologique ou, au contraire, d’un « amor fati » ?

    La réponse qu’apporte Spengler à cette question est ambivalente. Certes, d’un côté, la phase civilisationelle d’une société mène tôt ou tard, par le biais de la croissance des grandes mégapoles et de leur individualisme extrême, leur polarisation sociale, leur culture des « pains et des jeux », leur rationalisme inhumain et leur détachement de la plupart des conditions de la vie physique et biologique « réelles », à un déclin démographique monstrueux, à peine comblé par la vampirisation de la campagne et l’importation d’étrangers et d’immigrés. Ceci implique que le nombre des personnes véritablement « porteuses » de la culture se réduit de plus en plus à une infime élite, alors que les grandes masses sombrent peu à peu dans un primitivisme à peine caché par le haut degré de technicité atteint à cette époque-là. De ce point de vue, l’on pourrait dire, en effet, que la fin d’une civilisation mène, comme chez Ortega y Gasset, à une certaine « décadence » psychologique suite à l’émergence de ce que l’on a appelé la culture de masse (terme qui est d’ailleurs une véritable « contradicio in adiecto »).

    Néanmoins, Spengler était persuadé qu’en parallèle à ce mouvement, l’on allait assister au retour des « grands individus », à ces « Césars », qui, par la force de leur volonté, arriveraient à se hisser aux sommets des foules et à construire, dans une lutte apocalyptique entre les forces ploutocratiques de la « monnaie » et celles, plébiscitaires, du « sang », cet empire final qui représente la fin de chaque grande civilisation. Selon Spengler, il est du devoir de l’historien de préparer les dernières forces vitales de la société à cette réalité et à leur enseigner un certain « amor fati » les poussant à embrasser ces nécessités de leur plein gré. En vue de la constellation politique actuelle, où la confrontation entre les élites libérales et les forces populistes a mis de côté toutes les distinctions idéologiques préalables, force est de constater que Spengler avait, là aussi, une bonne intuition…

    Les signes du déclin évoqués par Spengler – irréligion, recul de la forme traditionnelle, rationalisation du droit (remplacement des droits acquis par les droit naturels), prévalence de l’utilité technique et de « l’intelligence froide et perspicace » sur « la haute production artistique et métaphysique », exode rural, etc. – révèlent une dilatation du champ politico-social portée par un mouvement expansionniste de facture impérialiste ou cosmopolite. Cette dilatation maximale, ultime étape avant un éventuel nouveau départ, ne pourrait-elle pas représenter une sortie radicale (mais non belliqueuse) du politique et de la politique, une fin de l’histoire qui serait en même temps une fin de l’Homme, une fin du progrès et du perfectionnement, un retour à l’animalité selon des perspectives déjà entrevues par Alexandre Kojève ?

    D’abord, insistons bien sur le fait que la phase finale d’une civilisation, représentée par ces grands « empires universels » tels que l’empire romain, mais aussi celui des Ramessides en Égypte, des Han en Chine ou des Fatimides dans l’islam, ne furent jamais le véritable point de départ pour un renouveau, mais plutôt un point final. Certes, tant qu’il y aura des êtres humains, l’Histoire, dans un certain sens, continue ; mais selon Spengler, elle n’aura aucun sens morphologique proprement dit : ce sera juste un va et vient de diverses dynasties allant en général de pair avec un recul graduel du niveau civilisationnel général. Jamais, comme Spengler le précise bien, le cœur géographique d’une civilisation éteinte ne pourra devenir le point de départ d’une nouvelle culture : celle-ci sera toujours centrée dans un autre « paysage », et même si, après un certain temps, il y avait un recoupement géographique (ou un phénomène de réception culturelle), celui-ci sera toujours basé sur une reprise purement subjective du matériel historique, à l’image de l’utilisation secondaire et souvent à contre-sens du but initial de spolies architecturales.

    Se pose ici évidemment la question du futur de cette terre quand la civilisation occidentale sera éteinte, car elle embrasse, par le phénomène très mal-compris de la « mondialisation », le monde entier. C’est d’ailleurs le sujet d’un petit essai extrêmement intéressant, intitulé L’homme et la technique, dans lequel Spengler prédit de manière assez époustouflante, cent ans à l’avance, toute une série d’événements se passant aujourd’hui sous nos yeux, et annonce aussi que la fin de la civilisation occidentale impliquera celle du « progrès technique » et amorcera un long recul civilisatoire, peut-être accéléré par des incidents spectaculaires tels que des guerres mondiales et des cataclysmes écologiques. Selon Spengler, au cas où une nouvelle culture devait se construire quelque part, dans quelques centaines d’années, se serait en tout cas autre part qu’en Europe, et sans grand lien organique avec celle-ci.

    Dacid Engels (Philitt, 7 avril 2019)

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  • Rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Ozon, cueilli sur son blog Centurie News dans lequel il nous livre une synthèse de déclinologie inspirée par Thorstein Veblen, Joseph Tainter, Oswald Spengler et ... l'actualité.

     

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    Rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme

    Plus une société gagne en puissance, plus elle gagne en étendue, en nombre et doit accompagner cette évolution en se dotant d'institutions et d'infrastructures, d'idéologie et de moyens de contrôles, pour assurer la coexistence de ses parties. Dans un premier temps, l’accès à des ressources abondantes et peu chères (ressources issues de ses conquêtes et contrôlées par sa puissance militaire et technologique notamment), permet de ne pas faire peser le coût de cette complexification aux membres de la société. A ce stade, ce processus semble profitable à chacun. La société s’étend, procède à de nouvelles conquêtes, agrège ou soumet des populations de plus en plus différentes, et administre des territoires de plus en plus étendus. Le maintien des services publics (prise en charge des plus faibles, administration, éducation, puissance militaire, police intérieure, justice, etc.), dans une société étendue, hétérogène et complexe pèse de plus en plus lourd.

    A mesure de l'accroissement de puissance et de l'augmentation de l'étendue des territoires et des populations à administrer, si la société ne trouve pas d’accès à de nouvelles ressources abondantes et à bas coûts (soit parce qu’elles sont épuisées, soit parce qu’elles sont inaccessibles), un mécanisme de dégradation des services et des avantages fournis par l’Etat et une augmentation de la pression fiscale se met en place. Logiquement, il faut faire peser sur le corps social et ses actifs les coûts de fonctionnement d'une société qui a changé de nature et est devenue progressivement et structurellement déficitaire. 

    Cette augmentation de la pression économique par la diminution progressive des mannes des conquêtes, des énergies facilement accessibles à bas coûts (or, esclavage, pétrole, dette, etc.) et par l'augmentation des coûts de fonctionnement de la complexité sociale, entraîne la hausse des revendications corporatistes et suscite de plus en plus de comportements individualistes et asociaux. En réaction, le cœur du pouvoir renforce ses moyens de coercition, d’éducation ou de contrôle (armées, éducation, propagande) pour maintenir le "vivre-tous-ensemble", mater les révoltes fiscales et territoriales etc.  Ces efforts génèrent alors des coûts de fonctionnement supplémentaires qui pèsent à nouveau sur ses membres. Simultanément, les institutions encouragent l’hyper-sociabilité pour renforcer leur cohésion. Elles s'attaquent à leurs "alphas" pour assurer leur pacification interne de plus en plus menacée. Ce processus de domestication, assuré par des institutions de plus en plus maternantes et, de fait, de plus en plus liberticides, devient indispensable au fur et à mesure de la perte de cohésion ethno-culturelle.

    L’État pratique alors une politique de population, visant à brasser, défaire ses parties encore différenciées pour prévenir les menaces sécessionnistes et garantir la cohésion et l’homogénéité de l'ensemble politique. C'est souvent à ce stade que les institutions, prélèvent dans des populations extérieures les ressources de travail ou les troupes de combat qu'elles ne peuvent plus constituer à l'intérieur en toute confiance, du fait de la progression de la communautarisation. Comme l’écrivait Michel Drac,"Les déplacements de population sont, depuis des millénaires, une stratégie des cœurs impériaux pour fragiliser leur périphérie. Il accompagne cette politique d'un éventail de justifications idéologico-religieuses pour promouvoir cet objectif et les intérêts de ses élites par une redéfinition des critères d'attribution de la citoyenneté ou de l'exercice des fonctions institutionnelles.

    A un certain stade, des composantes de plus en plus nombreuses de la société n’ont plus intérêt à se maintenir dans l’organisation (pertes de liberté, pression fiscale, etc.) et aspirent à recouvrer leur autonomie dans des ensembles qu'elles espèrent plus homogènes, plus efficaces et plus conformes à leurs aspirations culturelles ou religieuses. L’État n’assure plus correctement ses missions régaliennes et perd progressivement le contrôle de la situation tout en tentant de maintenir à flot un système devenu structurellement déficitaire et en jouant sur la monnaie et la dette (dévaluation, dilution métallique, etc.). Un phénomène de dislocation lente se met alors en place (pertes de compétences, dégradation des infrastructures, perte d’autorité des institutions, etc.). Ayant fait la chasse aux « alphas » (pour renforcer l’obéissance sociale et le vivre-tous-ensemble) et aux normes fondatrices qui les ont fait naître, les sociétés complexes perdent progressivement leurs défenses immunitaires (préjugés vitaux communs) et s'effritent par l’incapacité à maintenir leur cohésion interne et leur capacité à faire face aux rapports de forces internes et externes.

    L’État et les institutions chargées de la cohésion sociale et politique sont impossibles à réformer, faute d’une unité de vue et d’intérêts communs dans un espace politique perçu comme artificiel et en sursis, peuplé de groupes humains aux intérêts disparates. La société finit alors par se disloquer lentement en blocs qui cherchent à refonder leur cohésion plus ou moins affectée par des siècles de biopolitique. Bientôt, de nouveaux stress (guerres, famines, épidémies, invasions, révolutions technologiques, etc.) produiront de nouvelles réponses et de nouvelles alliances. L’apparition d’un nouvel ensemble reprenant les attributs de la puissance et de l’ordre engagera alors de nouvelles synergies historiques.

    La France, épuisée, s'est fondue à la fin de la dernière guerre mondiale, dans un ordre politique suscité par une nouvelle puissance impériale : les Etats-Unis. Elle s’est occidentalisée, abandonnant son Empire pour devenir elle-même une banlieue militaire et culturelle du système occidental. 

    Certains ont voulu voir dans la construction européenne une façon de construire la paix et d’assurer la puissance des nations européennes, exsangues du fait de leurs rivalités. En vain. Quelles que soient les aspirations contradictoires des artisans de la construction de l’Union Européenne, celle-ci elle a été sabotée puis annexée par l’État profond occidental et titube sous les coups de l’affaiblissement de son empire. 

    "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles" grondait Paul Valery au lendemain d'une guerre qui marqua la fin d'un monde. Pourtant, l'histoire nous l'a montré, les peuples survivent souvent aux civilisations, pour peu que l'on ne les définissent pas comme des sociétaires mais comme des substances historiques et sensibles. Entre déconstruction, communautarisation, dé-compétence et apparition de nouvelles communautés politiques activées par les éternels stress historiques (territoire, ressources, reproduction), "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». 

    Laurent Ozon (Centurie News, 3 avril 2017)

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  • Les cinq stades de l'effondrement...

    Les éditions Le Retour aux sources publient cette semaine un essai de Dimitry Orlov intitulé Les cinq stades de l'effondrement. D'origine russe, Dimitry Orlov est ingénieur et a centré sa réflexion sur les causes du déclin ou de l'effondrement des civilisations...

     

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    " Les cinq stades de l'effondrement :

    • Stade 1 : L'effondrement financier
    • Stade 2 : L'effondrement commercial
    • Stade 3 : L'effondrement politique
    • Stade 4 : L'effondrement social
    • Stade 5 : L'effondrement culturel

    Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

    L’auteur a vécu l’effondrement de l’Union Soviétique. Immigré aux États-Unis, il a su conserver, à l’instar d’un Soljenitsyne, un regard critique sur son nouveau pays et sur les sociétés occidentales en général.
    Il a su y déceler les prémices d’un effondrement et les faits lui donnent de plus en plus raison…

    Dmitry Orlov est ingénieur et a travaillé dans de nombreux domaines incluant la recherche en Physique des Hautes Énergies, le commerce en ligne et la sécurité informatique. Durant les huit dernières années, il a expérimenté un mode de vie autonome grâce aux énergies renouvelables, en abandonnant maison et voiture. À la place, il vit sur un voilier, naviguant le long de la côte Est de l'Amérique du Nord, et se rend au travail à bicyclette. Dmitry croit qu'avec une technologie appropriée nous pouvons grandement réduire notre consommation personnelle de ressources tout en demeurant parfaitement civilisés. "

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  • La France est-elle sur le déclin ?...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Hervé Juvin, réalisé le 8 octobre 2015 par Élise Blaise pour TV Libertés, dans lequel il aborde la question de l'hyperpuissance américaine et du déclin de la France. Essayiste, Hervé Juvin a récemment publié Le Mur de l'Ouest n'est pas tombé (Pierre-Guillaume de Roux, 2015).

     

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  • Les dix causes du déclin français...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et qui analyse sans fausse pudeur les causes du déclin de la France...

     

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    Les dix causes du déclin français

    Nombre de pays d’Europe connaissent un pareil déclin, avec certaines de ses causes, mais aucun n’incorpore à la fois toutes les causes. Résumons-les, ces dix plaies de la France.

     

    1) Le vieillissement et l’insuffisance du renouvellement démographique dans la population de souche que ne parviennent même pas à compenser des flux migratoires massifs et les naissances d’origine étrangère. La propagande sur la ”natalité française” est de la poudre aux yeux. Qui naît ?  

     

    2) Une colonisation de peuplement majoritairement extra-européenne qui s’apparente à terme à un remplacement de population ; elle est fondée sur le regroupement familial, l’afflux constant de clandestins ou faux demandeurs d’asile pratiquement inexpulsables, des régularisations et des naturalisations de grande ampleur. S’y adjoint une islamisation accélérée et revendicative qui pose des problèmes de plus en plus insolubles.

    Cette immigration de submersion ne consiste pas en l’apport d’une force de travail créatrice mais en un surpoids constant de populations à charge, en outre source d’insécurité croissante (”colonisation par le bas”). (1) Ce phénomène global, inouï dans toute l’histoire de France, provoque une ”déseuropéanisation” rapide à la fois culturelle et ethno-anthropologique du pays. Elle peut entrainer sa disparition pure et simple. Les élites, intellectualisées et protégées, nient les faits, les minimisent ou s’en félicitent.  L’objectif (suicidaire) d’une partie de l’oligarchie de gauche est par les naturalisations et le vote des étrangers, de ”changer le peuple”

     

    3) La fuite à l’étranger d’une proportion notable des jeunes élites françaises, dramatique perte de substance due à l’absence de perspectives économiques et à une dégradation de l’écosystème social. « Il n’est de richesse que d’hommes », selon l’adage de Jean Bodin, mais il voulait dire par là d’hommes de qualité.

     

    4) L’écrasement de la société civile par un État Providence pachydermique qui étouffe les initiatives au lieu de les encourager. (2) Charges insupportables sur les entreprises, fiscalité confiscatoire, réglementations décourageantes, Code du Travail ubuesque, adiposité d’une fonction publique pléthorique et surprotégée dans ses privilèges, emplois aidés et allocations indues, tout cela contribue à entretenir un chômage endémique. Au nom du ”socialisme” (vieille idéologie idéaliste) au rebours de toute démarche ”sociale” de prospérité générale, a surgi une fausse générosité qui appauvrit tout le monde…sauf les très riches, les parasites et les apparatchiks.

    D’autre part, l’assèchement des budgets militaires qui s’ensuit – pris comme variable d’ajustement – bloque l’effet des retombées technologiques majeures du secteur techno-militaire (paradigme parfaitement intégré par les Américains, les Russes et les Chinois) et  dégrade le niveau international de la France et de l’Europe.    

     

    5) Le naufrage de l’Éducation nationale qui, par égalitarisme, par laxisme démagogique, par pédagogisme intellectuel (le crétinisme soixante-huitard) a dégradé le niveau global de connaissances et détruit la qualité de l’instruction générale pour le peuple, qui était la base de la vraie pensée républicaine. Conséquences : arrêt de l’ascenseur social, sans parler d’un enseignement ingérable du fait de l’éclatement ethnique des classes. À terme : baisse de niveau, déjà entamée, école de classe à deux vitesses et lacune de performances chez les futures générations.

     

    6) La puissance des corporations minoritaires, nouvelles pseudo-aristocraties. Des syndicats non représentatifs mais subventionnés, qui détruisent objectivement les emplois par leurs revendications délirantes et écoutées, au réseau des associations ultra minoritaires mais entretenues et bien en cour,  les factions bien organisées s’imposent à la puissance publique, par intimidation et efficacité métapolitique. Le citoyen de base doit se taire face à cette alliance des vieux dogmes marxistes et du trotskisme embourgeoisé. Sans le dire, voire sans le savoir, la gauche rétablit l’Ancien Régime et sa société de castes ossifiées.

     

    7) La déconstruction du socle familial  et du lignage par l’oligarchie. Tout est lié : la politique fiscale anti-familles est corrélée avec  les mesures ”sociétales” en faveur du mariage homo et de la facilitation de l’avortement de confort, comme avec la simplification du divorce.  La ” famille de souche” est déconsidérée alors que, chez tous les peuples, elle constitue la base des rouages sociaux et des transmissions d’héritage.

     

    8) L’arasement de l’identité historique et ethno-culturelle française et européenne. Enseignement de l’histoire nationale et européenne en berne, encouragement officiel du communautarisme identitaire des nouvelles populations immigrées (idéologie de Terra Nova, lobby central de la gauche bourgeoise/trotskiste), préférence étrangère de fait (discrimination positive), utopie multiraciale, donc multiracisme à la clé, etc., la liste est longue. La haine de soi et l’ethnomasochisme sont de la partie, comme l’auto-culpabilisation et le cynisme nihiliste. Le délitement mental des élites ne leur enlève ni leur force ni leurs moyens devant l’apathie d’un peuple qui n’a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive. Ajoutons à cela la perte des repères esthétiques chez les classes moyennes semi-cultivées face à l’imposture de l’”art contemporain”. Fermons le ban.

     

    9) La dégradation du cadre de vie et de la sûreté publique. La constante sociologique depuis 40 ans, en dépit des rémissions provisoires, est l’augmentation continue de la criminalité et de l’insécurité.  Les deux causes majeures en sont l’immigration de masse incontrôlée (comme dans tous les pays du monde depuis l’Antiquité) et le laxisme judiciaire. Ce dernier provient de  l’ambiance idéologique globale qui influence la formation des magistrats et les législations européennes qui, au nom d’une interprétation erronée des Droits de l’Homme, préfèrent les coupables aux victimes ; et paralysent toutes les réactions de défense. Globalement , le criminel est devenu une victime, un malade à soigner. Inversion du réel.

    Cette ambiance d’insécurité croissante a des conséquences graves en terme de performance économique générale. Le coût, matériel direct et psychologique dérivé, de la criminalité rampante ou violente ou bien de l’escroquerie mafieuse, est un facteur supplémentaire de découragement de l’initiative dans un climat qui détruit l’écosystème social.          

     

    10) La soumission à une Union européenne  anti-européenne. Partie d’une bonne idée (regroupement solidaire de tous les peuples européens) l’UE suit une voie de travers, une impasse catastrophique dans beaucoup de domaines, qui affaiblit les nations européennes sans suivre la prescription : ”l’union fait la force”.  Il ne s’agit pas d’abolir l’UE mais de la réformer de fond en comble. La France pourrait le faire, par un coup de sang,  mais elle ne l’a jamais osé.

    L’Union européenne n’a jamais performé dans les domaines de la stratégie industrielle, de la défense, de la souveraine numérique (3) face aux USA, de la politique monétaire, etc. Mais elle est très forte pour ouvrir les frontières à tous vents et pour édicter des règles de protection des délinquants et des envahisseurs. Toujours cette interprétation biaisée et falsifiée des Droits de l’Homme.

     

    Toutes ces causes sont liées les unes aux autres selon le phénomène de l’interaction réciproque bien connue de la Théorie générale des Systèmes de Ludwig von Bertalanffy. Chacune des causes renforce et aggrave les autres et multiplie leurs effets. Il s’agit toujours d’”effets-causes ”.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 26 janvier 2014)

     

    Notes :

    (1) La balance comptable coûts/avantages en termes de PIB, sans parler des autres facteurs, est nettement défavorable aux pays ayant choisi l’immigration ; l’exemple du Japon, qui a choisi la fermeture migratoire, malgré une démographie déclinante, est sans appel.  L’idéologie et son train de morale valent peu face à la réalité comptable. 

    (2) Différence fondamentale entre l’État Providence, lourd et coûteux, et l’État fort, léger et efficace. L’adipeux et l’athlète.  

    (3) Cf. l’essai La souveraineté numérique de Pierre Bellanger (Stock). 

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  • Le siècle du déclin européen ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au déclin de l'Europe...

     

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    Le XXIe siècle, siècle du déclin européen ?

    La XXIe conférence des ambassadeurs, réunie cet été, avait pour thème « La France puissance d’influence » : un choix bien symbolique qui renvoie à l’ambition de l’Union européenne de jouer les « soft power », posture dont on voit une nouvelle fois les piètres résultats dans la crise syrienne.

    Une manipulation sémantique

    Le fait d’accoler les termes puissance et influence constitue une manipulation sémantique, comme le concept de « soft power ».

    Les puissants sont influents en raison même de leur puissance et de leur capacité de nuisance. Les Etats-Unis et Israël sont donc des nations influentes par exemple.

    Par contre, l’inverse se vérifie beaucoup plus rarement : l’influence ne peut produire les mêmes effets que la puissance, en particulier lorsque des enjeux vitaux se trouvent en jeu.

    Car il en va de l’influence diplomatique comme des arts martiaux : il s’agit d’un succédané à l’emploi de la force, donc une technique à l’usage des faibles. Il n’y a qu’au cinéma que les arts martiaux triomphent des hommes d’armes : dans la vraie vie c’est un peu différent.

    On veut donc nous faire croire que notre influence se maintiendrait quand notre puissance et celle de l’Europe diminuent. C’est une tromperie.

    Le déclin européen

    Car le XXIe siècle se caractérise, au contraire par la marginalisation rapide et profonde de la présence, de la culture, de la puissance et de l’influence européennes dans le monde : un déclin plus profond, en tout cas, que lorsque Oswald Spengler publia en 1918 son célèbre ouvrage Le Déclin de l’Occident. Car même après les hécatombes de la Grande Guerre et de la révolution communiste, l’Europe possédait encore de nombreux atouts. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    Beaucoup de nos concitoyens n’ont cependant pas conscience d’avoir changé d’époque. On leur a, certes, beaucoup parlé de la mondialisation, mais sans en dévoiler la véritable nature.

    La mondialisation ne se réduit pas à l’ouverture des marchés ni à Internet, en effet. Elle se traduit avant tout par une profonde modification des rapports de forces entre les continents et les civilisations, comme l’avait analysé, parmi d’autres, Samuel Huntington, dans son livre Le Choc des civilisations : une modification qui s’effectue à nos dépens.

    Mais l’oligarchie européenne et française n’a eu de cesse de masquer cette dure réalité, afin de cacher sa propre responsabilité dans le déclin européen. Il est temps d’ouvrir les yeux.

    Marginalisation démographique d’abord

    Le XXIe siècle se caractérise d’abord par la réduction de la part relative des Européens – c’est-à-dire des Blancs caucasiens, comme disent les Américains – à l’échelle de la population mondiale et cela sur tous les continents, y compris l’Europe où se produit leur « grand remplacement » programmé du fait de l’immigration. La natalité et la fertilité des Européens ne cessent de chuter, au contraire des autres ethnies, y compris aux Etats-Unis.

    Or, jusqu’au début du XXe siècle l’Europe restait une zone de forte croissance démographique, dans un monde en général moins peuplé (sauf en Chine et en Inde). L’exemple de l’Afrique est édifiant sur ce plan : hier vaste continent peu peuplé, aujourd’hui bombe démographique.

    Ce déclin démographique signifie qu’à l’aune des Nations unies, la voix des Occidentaux se fait déjà et se fera de moins en moins entendre. En outre, le rayonnement d’une culture ne se dissocie pas de la fertilité de la population qui la porte. Comment les Européens peuvent-ils croire au maintien de leur « influence » et de leurs « valeurs » alors que leur régression démographique –tant absolue que relative – est rapide ?

    Marginalisation économique ensuite

    La croissance économique – c’est-à-dire l’augmentation des dépenses et des richesses globales – n’est plus l’apanage des Européens. La France s’enorgueillit d’un « rebond surprise de la croissance » au second trimestre (Le Monde du 15 août 2013) à… 0,5%. On a les succès que l’on peut !

    Mais l’ascenseur social se bloque et les classes moyennes s’appauvrissent, inversant un mouvement bicentenaire, partout en Europe. Sans parler des taux de chômage structurels élevés que connaissent désormais les Européens et qui n’ont rien à envier à ceux de la Grande Dépression des années 1930, même si les systèmes de « traitement social » les masquent en partie.

    Mais pendant ce temps les usines tournent en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Inde et encore en Amérique du Nord. On en vient à envier les taux de croissance de l’Afrique !

    L’Europe n’est plus dans la course

    Comme le soulignait le prix Nobel d’économie Edmund Phelps, ce déclin n’a rien d’accidentel car il recouvre un phénomène culturel plus profond : « L’histoire de l’innovation s’est arrêtée à la fin des années 1960 » en Europe (Le Monde du 29 août 2013), phénomène masqué par la bulle Internet et le développement exponentiel des télécommunications (dont les produits ne sont pas construits en Europe au demeurant).

    E. Phelps relève que ces innovations ne concernent en réalité qu’un petit nombre d’industries. Car les grandes entreprises européennes ont axé leur développement sur l’ingénierie financière et la rentabilité à court terme et non pas sur l’innovation. La faible innovation provoque en outre une baisse de la productivité du travail. Il suffit d’ailleurs de voyager en Asie ou en Inde pour se rendre compte qu’il y règne une tout autre ambiance, un tout autre esprit et une tout autre activité que dans la vieille Europe, même si le niveau de vie y est différent.

    Les Européens avaient jusqu’au début du XXe siècle le monopole de l’innovation et de la technique : ils l’ont perdu au profit de la côte Est des Etats-Unis, de l’Asie et de l’Inde, qui se trouvent aujourd’hui dans la même situation que le Japon au XIXe siècle. Après la phase d’appropriation – et de copie – des techniques utilisées par les « diables étrangers » viendra celle de leur développement propre et rapide.

    Comme hier la marine russe de 1905 se croyait à l’abri dans ses vieux cuirassés poussifs, les Européens vont tranquillement au devant d’un futur Tsushima technologique.

    Marginalisation militaire et stratégique aussi

    On aborde rarement ce sujet car il est au surplus masqué par l’activisme médiatisé des Occidentaux qui adorent aller bombarder de loin et de haut (on est « chef de guerre » courageux, que diable !), à des fins « humanitaires », des pays souverains mais démunis des moyens de riposte, sous l’œil attendri des caméras.

    Mais le recours aux armes hightech et aux drones ne modifient pas durablement les données de la géopolitique et de la puissance, d’autant que le reste du monde s’en dote à son tour rapidement, comme le montrent la prolifération nucléaire ou celle des forces navales.

    Plutôt que d’interroger les candidats à l’élection présidentielle française sur le nombre de nos sous-marins, il serait plus judicieux de leur demander de citer les armements dont dispose le reste de la planète, y compris sur le pourtour de la Méditerranée ! Mais les autruches préfèrent regarder ailleurs…

    Les mains molles

    Car plus que les armements, c’est la volonté et la détermination de les utiliser qui compte finalement. Or l’Union européenne ne sait pas se décider sur des enjeux vitaux. Elle reste à la remorque de tous les événements car elle cumule tous les inconvénients : une multiplicité d’Etats et un « machin » bureaucratique central qui détruit toute souveraineté sans la remplacer par quelque chose de solide.

    En outre, qui, en Europe, voudrait mourir pour la Commission européenne ? ou pour le droit à l‘avortement et le mariage des homosexuels ?

    Il n’y a pas plus de martyrs européens qu’il n’y a de guerriers européens, à quelques rares exceptions près : seulement des professionnels en uniforme qui considèrent maintenant le combat comme une sorte d’accident du travail qu’il conviendrait que le commandement empêche (cf. la plainte déposée par les familles des victimes françaises de l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan contre… la hiérarchie militaire).

    Car les jeunes Européens ont désappris le sens du sacrifice et le métier des armes. On confie la défense désormais à des armées mercenaires car composées d’une part croissante issue des « minorités ». Les Européens n’osent même plus dire qu’ils font la guerre.

    Rongée par l’individualisme, l’hédonisme, la repentance et la loi de Mammon, la génération européenne Peace and Love actuellement au pouvoir n’a en réalité plus rien à défendre sinon sa médiocre existence.

    Il n’est que d’entendre les lamentations des bisounours européens devant la façon dont évolue la crise en Egypte pour se rendre compte de leur impuissance ridicule. Mon dieu, les militaires égyptiens ont violenté les islamistes en les expulsant de la Mosquée ! Mon dieu, le sang a coulé ! Peut-être, mais les islamistes paraissent mis hors d’état de nuire alors qu’ils prolifèrent en Europe.

    Machiavel n’est plus italien mais égyptien, manifestement…

    Marginalisation morale enfin

    Les Européens ne savent pas non plus qu’ils se sont isolés du reste de la planète en se cramponnant à ce qu’ils nomment leurs « valeurs », un sport dans lequel l’oligarchie française excelle.

    Les Européens présentent ces valeurs comme universelles mais de moins en moins de terriens les partagent ! D’ailleurs les Européens se révèlent déjà incapables de les faire respecter dans leurs propres banlieues et ils voudraient les imposer à toute la terre !

    Car c’était une chose de prétendre incarner des « valeurs » et des « immortels principes » quand on possédait, seul, des canons et des machines à vapeur, c’est-à-dire quand l’idéologie s’accordait avec le nombre et la puissance. Mais lorsqu’on devient minoritaire, curieusement, le caractère « universel » desdites valeurs n’apparaît plus. Comme c’est bizarre…

    Des valeurs méprisées

    En fait, les valeurs que les Européens présentent toujours comme « universelles », pour se rassurer, sont incomprises par la majorité des terriens.

    Par exemple, notre laxisme pénal étonne parce que la plupart des pays autres qu’européens punissent sévèrement les voleurs, les criminels et les délinquants, ce qui en général les dissuade de recommencer, n’en déplaise à Mme Taubira. Ils ne comprennent pas notre attitude bienveillante vis-à-vis de la drogue et des drogués. Pas plus qu’ils ne comprennent que nous gardions si mal nos frontières et notre nationalité : partout ailleurs qu’en Europe la police des frontières et les douaniers font leur travail scrupuleusement, même et surtout dans les pays touristiques. Ni que nous dégradions nos écoles et nos universités, alors qu’ailleurs on les respecte et que l’on conçoit l’accès au savoir comme un privilège.

    Ils ne comprennent pas non plus notre lubie du mariage homosexuel, comme le montre le fait que la France ait dû renoncer à engager la révision des conventions matrimoniales la liant avec des Etats qui ne reconnaissent pas l’homosexualité comme un droit. Bref, ce mariage ne sera pas « pour tous », ce qui en dit long sur la réalité de la « puissance d’influence » dont se targue tant notre oligarchie ! Que dire aussi de la façon dont les pays musulmans et africains perçoivent notre féminisme obsessionnel…

    Incomprises, ces valeurs apparaissent d’autant plus insupportables quand les Européens les invoquent pour s’ingérer dans la politique des Etats voire les agresser militairement. Et les militaires occidentaux de s’étonner de ne pas être accueillis en libérateurs dans ces pays !

    Ces valeurs ne provoquent plus l’envie comme au XIXe siècle, mais au contraire le mépris : le mépris que l’on a pour la jobardise des Européens si généreux vis-à-vis de tous les étrangers, le mépris pour une Europe d’autant plus portée sur la « moraline » qu’elle est impuissante, le mépris que le tribunal de l’histoire a toujours eu pour les peuples décadents.

    Europe, réveille-toi !

    On pourrait multiplier les exemples de la dégringolade de l’Europe, mais rien n’y ferait.

    Une conclusion s’impose : s’ils veulent continuer d’exister dans l’histoire, les Européens doivent percevoir le XXIe siècle comme un défi à relever et non pas comme la morne fatalité d’un déclin repeint aux couleurs du triomphe des « valeurs universelles ». Les bisounours officiels se trompent et nous trompent : le XXIe siècle sera dur et non pas « soft » pour l’Europe.

    Beaucoup d’Européens ressentent les choses comme cela et enragent de voir dans quelle impasse l’oligarchie, l’œil dans le rétroviseur, les conduit.

    Il est temps qu’ils se mobilisent pour réveiller la belle en dormition, avant qu’il ne soit trop tard.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 septembre 2013)

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