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démographie - Page 4

  • Géographie des populations...

    Les éditions Armand Colin viennent de publier une étude de Gérard-François Dumont intitulé Géographie des populations - Concepts, dynamiques, prospectives. Economiste, démographe et géographe, professeur à la Sorbonne, Gérard-François Dumont est aussi président de la revue Population & Avenir et a, notamment publié Démographie politique - Les lois de la géopolitique des populations (Ellipses, 2007) et, avec Pierre Verluise, Géopolitique de l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural (PUF, 2015).

     

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    " Depuis le début du XXIe siècle, quatre grandes tendances démographiques s’observent à l’échelle mondiale : la généralisation de la transition démographique, la mondialisation des migrations, la montée de l’urbanisation, le vieillissement de la population ; et l’idée d’une évolution homogène et convergente des populations semble s’imposer.
    Pourtant, derrière la réalité incontestable de ces quatre processus, des analyses précises montrent qu’il n’en est rien. Leur déploiement est non seulement varié selon les territoires, mais il connaît également une forte diversification géographique en fonction de leurs intensités et de leurs calendriers. Si bien que, contrairement aux idées reçues, il n’y a aucune convergence démographique selon les pays, ni donc de mondialisation en démographie. Les études prospectives laissent même entrevoir des divergences accrues.
    Pour le démontrer, cet ouvrage propose une étude fine et totalement renouvelée de la géographie des populations du monde, en expliquant clairement les grands concepts, en analysant les dynamiques locales et en présentant les scénarios du futur.
    Un ouvrage assorti de nombreuses figures originales et d’un cahier cartographique présentant les grands indicateurs à l’échelle mondiale. "

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  • Europe, terre à prendre...

     

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur Médias-Presse.infos et consacré à l'afflux de migrants africains en Europe. Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017) et, dernièrement, Mai 68 vu d'en face (Balland, 2018).

     

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    Bernard Lugan analyse la migration africaine dans une Europe « terre à prendre »

    Les actuelles arrivées de migrants africains en Europe constituent les prémices d’un phénomène massif qui va connaître une amplification considérable dans les prochaines décennies.

    Laissons parler les chiffres :

    - Avec un taux de croissance de 4 % la population africaine double tous les 18-20 ans.
    - Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050.
    - En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.
    - En Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

    Résultat :
    D’ici à 2030, l’Afrique va voir sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an.
    - En 2100, avec plus de 3 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale, dont les trois quarts au sud du Sahara.

    Pour des centaines de millions de jeunes africains, la seule issue pour tenter de survivre sera alors l’émigration vers l’Europe.

    Bloqués par leurs pré-supposés idéologiques et moraux, les dirigeants européens qui s’obstinent à ne pas tenir compte de cette réalité, ont choisi de s’accrocher au mythe du « développement ». En France, des Insoumis au Front national, tous défendent ainsi – certes à des degrés divers –, le postulat du développement ralentisseur migratoire. Et tous sont dans l’erreur. Comme je l’ai expliqué dans mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique [1], le développement de l’Afrique est en effet une illusion et parfois même une escroquerie intellectuelle et politique.

    Pour deux grandes raisons :

    1) À supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait en effet avoir que des résultats à très long terme. Or, il y a urgence.

    2) Tout a déjà été tenté en ce domaine depuis les indépendances, il y a plus de six décennies de cela. En vain car, en dépit des sommes abyssales déversées pour tenter de la faire « démarrer », l’Afrique régresse.

    Loin de se développer, l’Afrique s’appauvrit globalement année après année

    Selon les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000 par 189 États, aucun recul de la pauvreté africaine ne peut être envisagé sans un minimum de croissance annuelle de 7 % soutenue durant plusieurs années. Conclusion : comme il faut une croissance de 7 % par an pour simplement commencer à réduire la pauvreté, le calcul est vite fait, année après année, il manque donc à l’Afrique entre 3 et 4 % de croissance pour atteindre l’objectif des OMD. Donc, loin de se combler, la pauvreté africaine augmente et cela d’autant plus inexorablement que la démographie galopante y efface les quelques gains de croissance.

    Comment prétendre développer l’Afrique quand les investisseurs s’en détournent ?

    Le discours politique répétitif est l’appel à l’investissement « moteur du développement », mais comme les investisseurs n’investissent pas en Afrique, nous restons donc dans le domaine incantatoire.

    Dans son rapport de mai 2018, la BAD (Banque africaine de développement) souligne ainsi que pour les investissements dans le seul domaine des infrastructures, l’Afrique a besoin annuellement de 170 milliards de dollars d’IED (Investissements étrangers directs), alors que, au total de tous ses postes, elle n’en reçoit que 60 mds.

    Début juin 2018, à la lecture du rapport sur les IED publié par la CNUCED (CNUCED, World Investment Report 2017), nous apprenons qu’en 2017, sur les 2000 milliards (mds) de dollars d’IED mondiaux, l’Afrique n’en recueillit en effet que 60 mds, un volume dérisoire en baisse de 3 % par rapport à 2016 (Banque mondiale). L’Afrique, dans l’ensemble de la globalité de ses 54 pays et de son 1,2 milliard d’habitants a donc reçu presque autant d’IED que Singapour (61,6 mds pour 6 millions d’habitants), et moins que l’Irlande (79,2 mds pour 5 millions d’habitants)… Voilà qui en dit plus que les longs discours lénifiants sur le devenir de l’Afrique et sur son « développement »…

    Une chose est donc certaine, le credo du « développement » ne freinera pas le déversement du surplus démographique africain sur l’Europe. Comment en serait-il d’ailleurs autrement alors que rien ne peut être entrepris sans un strict contrôle des naissances que les Africains refusent d’envisager et que l’Europe n’est pas en mesure de leur imposer ?

    Vue d’outre-Méditerranée, l’Europe continuera donc d’être considérée comme une terre à prendre. D’autant plus facilement qu’elle est peuplée de vieillards repus ou épuisés, d’hommes s’interrogeant sur leur virilité, de femmes n’enfantant plus et dont les dirigeants sont soumis au diktat permanent de l’émotionnel…

    Bernard Lugan (Media-presse.info, 27 juin 2018)
     
    Note :
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  • La ruée vers l'Europe...

    Entre 150 et 200 millions d'Africains en Europe en 2050 ?... Théorie délirante de complotiste d'extrême droite ? Dystopie surgie du cerveau maladif d'un émule de Jean Raspail ou de Michel Houellebecq ?... Non... Simplement, une hypothèse considérée comme crédible par Stephen Smith, ancien responsable des pages Afrique à Libération, puis au Monde, dans son essai intitulé La ruée vers l'Europe - La jeune Afrique en route pour le vieux Continent, publié chez Grasset. Cette fois-ci, nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas été prévenus par cette enquête, que l'auteur veut objective dans ses constats, sinon dans ses conclusions... Stephen Smith avait déjà provoqué la polémique avec son livre Négrologie : pourquoi l'Afrique meurt (Calmann-Lévy, 2003).

     

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    " L’Europe vieillit et se dépeuple. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe  siècle.
    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants  ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.
    L’Afrique «  émerge  ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine  : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.
    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une «  forteresse Europe  » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt les valeurs européennes.
    L’égoïsme nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux. "

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  • Démographie : la question des limites...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les questions de la natalité et de la démographie... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Contrairement à ce que l’on croit, l’avortement n’est pas la cause essentielle de la baisse de la natalité… »

    En France, le taux de fécondité serait passé sous le seuil des deux enfants, soit celui du renouvellement des générations. Certains s’en alarment, alors que d’autres font de même de la surpopulation mondiale. Ces deux attitudes sont-elles légitimes et, en même temps, ne seraient-elles pas contradictoires ?

    On a enregistré en France 767.000 naissances en 2017, avec un taux de fécondité de 1,88 enfant par femme, ce qui n’a pas empêché la population globale de continuer à croître en raison du solde naturel (l’excédent de naissances par rapport aux décès). Cela dit, les données démographiques ne veulent rien dire en elles-mêmes. Elles n’ont pas le même sens selon qu’on est en situation de sous-population ou de surpopulation. Trois problèmes, en particulier, sont à prendre en compte. Le premier est celui de la pyramide des âges (à volume de population égal, cette pyramide peut être équilibrée ou détériorée). Le second est la composition de la population (l’apport de l’immigration, quelles sont les catégories les plus prolifiques ?). Le troisième est le différentiel de natalité par rapport aux zones voisines, à commencer par le continent africain (6-7 enfants par femme aujourd’hui, plus de 40 % de moins de 16 ans, une population de 1,2 milliard d’habitants appelée à doubler d’ici à 2050).

    Contrairement à ce que l’on s’imagine souvent, la cause essentielle de la baisse de la natalité n’est pas à rechercher dans les avortements, ce qui a maintes fois été démontré (la grande majorité des avortements est compensée par des naissances futures qui ne seraient pas survenues si ces avortements n’avaient pas eu lieu), mais dans des évolutions propres à la société moderne, à commencer par le travail des femmes. L’âge moyen, à la naissance du premier enfant, n’a cessé de reculer ces dernières décennies, car de plus en plus de femmes préfèrent donner la priorité à leur carrière professionnelle. Quand elles envisagent d’avoir un enfant, il est souvent trop tard. S’y ajoutent d’autres facteurs : l’hédonisme (avoir des enfants est perçu comme une diminution de liberté), le mode de vie urbain, peu favorable aux familles nombreuses, etc.

    « Croissez et multipliez » : cette injonction n’est pas que le fait du christianisme, mais concerne aussi les deux autres religions révélées, le judaïsme et l’islam. Mais faire toujours des enfants en plus grand nombre est-il véritablement une valeur en soi ?

    L’Église catholique s’est, en fait, montrée moins conséquente que les deux religions que vous citez (moins conséquente, aussi, que l’Église orthodoxe), puisqu’elle a interdit la procréation à ses élites ecclésiastiques, ce qui a exercé un sévère effet dysgénique sur la société globale. Cependant, le simple désir de quantité ne peut jamais être une « valeur en soi ». « Croissez et multipliez » n’est, à l’origine, qu’un impératif de survie pour tout groupe désireux de se perpétuer. Cet impératif biologique a ensuite reçu un habillage religieux, pour le rendre plus contraignant, à une époque où il s’agissait avant tout de maximiser le nombre des fidèles. Il ne peut pas avoir le même sens dans un monde peuplé de quelques dizaines ou centaines de millions d’habitants (en 1700, on n’en comptait même pas encore un milliard) ou dans un monde qui en compte, aujourd’hui, 7,5 milliards et en comptera probablement 12 milliards à la fin du siècle. Il ne faut pas oublier, non plus, que les familles nombreuses, dans le passé, étaient très souvent décimées par la mortinatalité et la périnatalité : faire beaucoup d’enfants était le seul moyen d’être assuré d’en voir survivre quelques-uns.

    Croire, sous prétexte « d’accueillir la vie », qu’il faut faire toujours plus d’enfants, ou encore qu’on pourrait se livrer à une sorte de concurrence nataliste avec des populations ou des pays à la fécondité plus exubérante, c’est se leurrer d’illusions. Je suis surpris, à cet égard, de voir que, même parmi ceux qui se prononcent pour le maintien des limites et des frontières, et qui déclarent détester la démesure et l’illimitation, la question des limites démographiques ne soit presque jamais posée. On peut, certes, spéculer à l’infini sur les possibilités qu’il y aura de nourrir demain encore plus d’hommes qu’il n’en existe. Mais quelle que soit la réponse donnée, l’évidence est qu’il existe nécessairement une limite. Passé un certain seuil, la croissance démographique aggrave la destruction des écosystèmes et l’appauvrissement des ressources naturelles. Aboutissant à des mégapoles monstrueuses de plus de vingt ou trente millions d’habitants (Tokyo, Mexico, Séoul), elle est, en outre, profondément polémogène et génératrice d’incessants troubles politiques et sociaux. Pas plus qu’une croissance matérielle infinie on ne peut avoir une croissance démographique infinie dans un espace fini.

    Pour Emmanuel Todd, la démographie permet d’expliquer nombre d’événements. À l’en croire, la chute de l’URSS était inscrite dans la baisse de sa natalité, tandis que le chaos des révolutions arabes l’était dans sa hausse, amenant trop de jeunes diplômés sur un marché du travail déjà saturé. Quelle est donc la part du facteur démographique dans les grands bouleversements historiques ?

    Le facteur démographique est un facteur de première importance, ce que l’on peut démontrer par bien d’autres exemples que ceux donnés par Emmanuel Todd. Mais ce facteur n’intervient pas de manière mécanique ou automatique. Il est sensible à la décision politique (la Russie a déjà redressé sa natalité). Et le nombre n’est pas tout : le peuple juif a traversé les millénaires alors qu’il représente à peine 15 millions d’individus dispersés dans le monde, soit, numériquement, guère plus que la population de l’Île-de-France.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 12 février 2018)

     

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  • « Grand remplacement » : complot, fantasme ou réalité ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique remarquable d'Edouard Chanot sur Radio Sputnik, datée du 29 janvier 2018 et consacrée à la question du « Grand remplacement »...

     

                                  

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  • Manipulation des chiffres de l'immigration : en Belgique aussi...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain Destexhe, sénateur belge de centre-droit, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux manipulations des chiffres de l'immigration en Belgique...

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    Le marché de Molenbeek...

     

    Alain Destexhe : «Voici comment on manipule les chiffres de l'immigration en Belgique»

    Dans cet article, je montrerai comment les statistiques de l'immigration sont manipulées et instrumentalisées en Belgique par les tenants de l'idéologie multiculturaliste, qui exerce une domination quasi totale dans les universités, les ONG, les institutions publiques et les médias.

    Ce texte a cependant une portée plus générale car les mécanismes décrits sont aussi appliqués ailleurs en Europe. Ainsi, dès les premières lignes de son dernier rapport sur la migration, Eurostat mélange allègrement chiffres et idéologie: «la migration à elle seule ne pourra certainement pas inverser l'actuelle tendance au vieillissement de la population observée dans de nombreuses régions de l'Union».

    En 30 ans, comme la France, la Belgique s'est transformée en profondeur. Sans débat public, elle est devenue un pays d'immigration massive accueillant plus d'un million de personnes en dix ans dans un pays de 10 millions d'habitants. De 2000 à 2010, le solde migratoire y a été neuf fois plus important que celui des Pays Bas, quatre fois plus important que celui de la France ou de l'Allemagne et même plus important que celui des États-Unis, un pays historiquement plus ouvert à l'immigration.

    Pourtant, cette réalité statistique a été cachée à la population. Les élites qui décident de ce dont on peut parler se sont bien gardées de mettre en évidence des chiffres qui n'auraient pu qu'alarmer une population dont on exige maintenant qu'elle s'adapte hic et nunc à cette nouvelle donne. Il ne faut y voir ni grand complot, ni l'œuvre d'un Big Brother, mais, au mieux, une adhésion enthousiaste de ceux qui prétendent forger l'opinion au grand rêve multiculturaliste ou, au pire, à la mise en œuvre de puissants mécanismes de défense relevant de la psychologie, comme la sublimation (de la diversité), le déni (de la réalité) ou le refoulement (de ce qui dérange).

    Présenter l'immigration sous forme de flux et non de stock

    Les statistiques migratoires sont en général présentées sous forme de flux annuels: tant de personnes sont entrées ou sorties telle année ; tant de réfugiés ont été accueillis. Si le nombre diminue par rapport à l'année précédente, on insistera lourdement sur ce point, beaucoup moins s'il augmente. En revanche, une statistique sur 10 ou 20 ans ne sera guère reprise, en supposant qu'on puisse la trouver sans faire les calculs soi-même. À l'échelle d'un pays, les chiffres d'un flux annuel sont rarement inquiétants ; sur une décennie, ils deviennent alarmants. On parlera par exemple de 40 000 naturalisations en une année (le flux) mais on ne rappellera pas qu'il y en eut 200 000 en trois ans et un demi-million en 10 ans (le stock): 5% de la population! De même, on n'écrira pas que plus d'un million d'immigrés sont arrivés en quelques années.

    Les Européens repartent, les autres restent

    En Belgique, petit pays très ouvert sur ses voisins et hébergeant la capitale de l'Europe avec son cortège de fonctionnaires et de lobbyistes, les immigrations d'Européens sont, en termes de flux, toujours supérieures à celles émanant des autres continents. Français et Néerlandais arrivent assez logiquement en tête. Ce fait rassurant sera toujours très lourdement souligné. Jamais cependant l'analyse ne sera faite sur 10 ou 20 ans. On constaterait alors qu'un grand nombre d'Européens retournent dans leur pays, que les Belges eux-mêmes quittent davantage leur royaume plutôt qu'ils n'y reviennent (leur solde migratoire est toujours négatif) mais que les Marocains, Algériens, Turcs, et presque toutes les autres nationalités, sauf les Américains, ont une incontestable tendance à s'établir définitivement en Belgique.

    Les projections démographiques ne sont pas reliées à l'immigration

    Régulièrement, reprenant des projections officielles, les médias constatent que la population du royaume augmente et que cette tendance va continuer, mais cette augmentation n'est jamais liée à l'immigration alors que, depuis les années 2000 au moins, elle est entièrement explicable par l'immigration. En quinze ans à peine, la Belgique gagne un million d'habitants, passant de 10,2 millions en 2000 à 11,3 millions en 2015, une hausse de 10 % sur une très courte période. Et au cours des prochaines décennies, le pays devrait encore gagner un ou deux millions d'habitants alors qu'il est déjà un des plus denses au monde, confronté à de nombreux problèmes liés à cette densité (habitat, transport, environnement, …)

    Jamais cette augmentation ne sera mise en relation avec le nombre de musulmans qui va doubler (1 250 000, soit 11,1 % de la population) ou tripler (2 580 000, soit 18,2 %!) en 2050 selon les flux migratoires et d'après les projections du très sérieux Pew Research Center. Le titre honnête d'un article sur les projections démographiques devrait être «Nous serons bientôt un million de plus, en majorité des musulmans», ce qui ne pourrait manquer de créer un débat utile sur la démographie, la densité de population ou l'intégration de ces musulmans. Dans Le Soir, l'universitaire de service Corinne Torrekens balaye cependant la sérieuse enquête du Pew: «Il y a un côté boule de cristal (…). On se demande d'ailleurs d'où vient cette nécessité de compter» (sic). «Sinon pour alimenter le fantasme que l'islamisation se dresse tel un rempart alors que nous sommes dans une dynamique de pluralisation de l'appartenance». La novlangue a de beaux jours devant elle!

    Le choix des mots favorise l'occultation des problèmes

    L'augmentation continue de la population de Bruxelles (1 % par an en moyenne, taux exceptionnel pour une ville européenne) est qualifiée de choc démographique voire de bombe démographique mais jamais de choc ou bombe migratoire. L'immigration et la fécondité plus grande des femmes d'origine immigrée expliquent pourtant entièrement cette augmentation, malgré le départ continu de «Belges de souche» ou d'immigrés plus anciens vers la Flandre et la Wallonie. Les problèmes sociaux (90 % des allocataires sociaux à Bruxelles sont d'origine immigrée), la tension sur les services publics (administration, hôpitaux, transports publics avec le doublement du nombre de voyages en 15 ans), le besoin de nouvelles places dans les écoles - 40 000 en dix ans - son coût évidemment considérable ne seront, soit pas abordés du tout (et donc jamais débattus), soit présentés comme s'ils étaient totalement étrangers à la problématique migratoire.

    Le mépris envers les inquiétudes de la population

    Un des moyens les plus sûrs pour disqualifier l'inquiétude légitime de la population consiste à la faire passer pour ignorante. Ainsi, on fera un sondage pour demander quel est le pourcentage d'immigrés ou de musulmans dans le pays et, à chaque fois, on se gaussera de constater que la perception est toujours supérieure à la réalité. Autrement dit si les Belges (ou les Européens) étaient mieux informés ou moins stupides, leurs angoisses s'évanouiraient et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce genre d'enquêtes ou de sondages n'est cependant pratiqué que pour les chiffres migratoires, jamais pour le taux de chômage, le taux d'analphabétisme ou la croissance du PIB. Dans ce domaine, l'immigration bénéficie de l'exclusivité. On pourrait évidemment retourner l'argument. Si la perception est telle, c'est précisément parce que la situation est déjà très alarmante. À lieu de la tourner en dérision, l'inquiétude devrait être prise en considération.

    L'effet boule de neige du regroupement familial

    En Belgique, environ 50 % de l'immigration est liée au regroupement familial. C'est beaucoup plus que chez nos voisins et dans la plupart des pays européens, mais tous sont touchés par ses conséquences. Ce type d'immigration est, par définition, exponentiel et, littéralement, sans fin, à travers la reconnaissance des réfugiés, les mariages blancs ou gris, le caractère endogame de la majorité des mariages des Turcs et de Marocains, les fraudes massives, etc. Les conséquences quasi mécaniques du regroupement familial sur la démographie ne sont jamais expliquées.

    Sauf s'il y a une prise de conscience, par la magie du regroupement familial et les arrivées à travers la Méditerranée, l'immigration de masse va continuer. Ces mécanismes d'occultation de l'importance de l'immigration sont partout à l'œuvre en Europe. Si on veut la contrôler et la freiner, selon le souhait de la grande majorité des Européens, encore faut-il que ces derniers puissent d'abord prendre connaissance de la gravité de la situation à travers une présentation honnête des statistiques et de leurs conséquences!

    Alain Destexhe (Figaro Vox, 29 janvier 2018)

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