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bhl - Page 7

  • Tour d'horizon... (62)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site du Point, journal qui abrite le bloc-note de BHL, Armin Arefi produit un article embarassé à propos du rapport établi par le Massachusets Institute of Technology sur l'utilisation du gaz sarin dans la banlieue de Damas...

    Attaque chimique en Syrie : le rapport qui dérange

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    - sur le site de Causeur, Laurent Cantamessi rappelle les lourdes responsabilités de l'Union européenne dans la dégradation de la situation en Ukraine...

    Ukraine : Poutine : un coupable si idéal...

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  • A Kiev, rien de nouveau...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la situation en Ukraine et à la présentation biaisée et orientée qu'en font les médias du système...

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    A Kiev, rien de nouveau

    L’Ukraine, traditionnellement divisée culturellement entre occidentalistes et slavophiles par le fleuve Dniepr, joue un rôle crucial dans le « grand jeu »  américain d’isolement et de morcellement de la Russie. C’est pourquoi le Système cherche à intégrer l’Ukraine dans le camp occidental à tout prix, donc dans le machin appelé Union européenne.

     

    Alors que ce projet n’était pas l’ordre du jour pour le gouvernement ukrainien, voilà, par un curieux hasard – quand la Russie est occupée par ses Jeux d’hiver de Sotchi – que des manifestations vont croissant à Kiev et, nous dit-on aussi, dans la partie occidentale de l’Ukraine.

     

    On nous refait le coup de la Syrie

     

    Bien entendu, pour nos médias ces manifestants, forcément pacifiques, sont odieusement réprimés par un « pouvoir » aux abois. On nous refait déjà le coup de la Syrie. Si au moins le gouvernement ukrainien avait la bonne idée d’utiliser du gaz sarin, l’illusion serait complète.

     

    « Sanglante répression en Ukraine », titre ainsi Le Monde du 20 février.

     

    Pourtant, quand on nous montre des images – bien choisies – de ces manifestations chaotiques, on voit des manifestants « pacifiques » mais curieusement casqués, protégés par des boucliers, jeter des armes incendiaires contre les forces antiémeutes : on ne sait d’ailleurs plus vraiment si l’on nous montre des images d’émeutiers ou de policiers.

     

    Si l’on pousse l’audace jusqu’à s’informer auprès d’agences de presse non occidentales, les doutes se renforcent. On découvre, par exemple, que la police a saisi des armes dans un train à destination de Kiev, que des policiers sont tués par balles ou que le gouvernement conseille aux habitants de rester chez eux en raison de la présence d’éléments violents sur-armés qui cherchent manifestement l’affrontement insurrectionnel dans les rues (site de l’agence Ria Novosti du 20 février, par exemple).

     

    Mais rassurez-vous : ces mauvaises informations ne viendront pas troubler notre quiétude au Journal de 20 heures car l’Union européenne a déjà choisi son camp : celui du Bien. La preuve : BHL est déjà en scène. Tremblez dictateurs !

     

    Les fidèles toutous européens

     

    « Kiev réprime, Bruxelles menace », écrit sans rire le journal économique Les Echos dans son édition du 20 février.

     

    En effet, les fidèles toutous européens s’empressent de s’ingérer dans les affaires ukrainiennes dans le sens voulu par le grand frère américain.

     

    On nous dit ainsi que la France, l’Angleterre, la Pologne et les Etats-Unis ont réussi à « persuader » l’Allemagne d’adopter une position ferme vis-à-vis du gouvernement de Viktor Ianoukovitch et de s’engager dans la voie de sanctions. Bien évidemment il s’agit de sanctionner les dirigeants ukrainiens pour « permettre à l’Ukraine de connaître sa transition politique vers de nouvelles élections et un rassemblement », comme a déclaré François Hollande le 19 février. La simple énumération de ces aimables gouvernements « persuasifs » –tous alignés sur les Etats-Unis, comme nous l’a encore récemment rappelé M. Hollande s’agissant de la France – en dit long sur les dessous de cette belle détermination européenne.

     

    Les bons et les méchants

     

    Car comprenez bien : pour Bruxelles il y a la bonne répression et la mauvaise. La bonne, c’est par exemple celle que l’on inflige aux Grecs pour les forcer à accepter les mesures imposées par le FMI et la BCI : à Athènes, les canons à eau et la police anti-émeute étaient par conséquent tout à fait justifiés pour faire rendre raison à ces truands de Grecs. Mais à Kiev, ces mêmes canons à eau (on dit alors des camions « armés de canons à eau », cela fait plus terrible – cf. Les Echos du 20 février) et ces mêmes CRS nous sont dépeints sous de telles couleurs que le fâââchisme n’est pas loin. A moins que ce ne soit la terrible ombre portée du nouveau Tsar Poutine.

     

    Il y a aussi la bonne manif et la mauvaise. La bonne manif aux yeux de l’Union européenne c’est celle qui se trouve sur la Place Maïdan. La mauvaise, c’était par exemple celle des « manifs pour tous » en France.

     

    On sait aussi, depuis la triste affaire du Kossovo, qu’il y a pour l’Union européenne la bonne « épuration ethnique » et la mauvaise : la bonne, c’est celle qui a permis d’éliminer les Serbes orthodoxes du Kossovo, avec l’aimable participation de l’OTAN ; la mauvaise, c’est celle qui pourrait faire partir les musulmans d’Europe.

     

    L’arme des lâches

     

    Les sanctions contre les dirigeants ukrainiens seraient, dit-on, financières –comme le gel des avoirs – ou commerciales en portant embargo sur certains  équipements et armes.

     

    Ah les sanctions économiques ! L’arme des lâches par excellence, très prisée des Anglo-Saxons, d’ailleurs.

     

    Mais quel meilleur symbole aussi de la triste impuissance carcérale européenne. Car on sanctionne à tout bout de champ au sein de l’Union européenne.

     

    On sanctionne les opinions comme les fromages s’ils ne sont pas corrects. On sanctionne les Etats en déficit budgétaire excessif ou qui se rendraient coupables de ne pas vouloir rembourser les gentilles banques. On met en demeure la Grande-Bretagne d’accorder le droit de vote aux détenus. On accuse de discriminations ceux qui auraient la tentation de préférer acheter ce qui est produit chez eux. On met en quarantaine l’Autriche parce qu’elle a été coupable de faire entrer des méchants populistes au gouvernement. On met en garde les Pays-Bas parce qu’on trouve que les populistes progressent trop dans les élections. On menace la Hongrie parce que son chef de gouvernement a eu l’audace de déclarer qu’un couple se composait d’un homme et d’une femme ; ou parce qu’il ne respecterait pas le sacro-saint principe d’indépendance des banques centrales. On lance un avertissement à la Suisse parce que dans une votation les Suisses réclament des quotas d’immigration. On avertit les Ecossais que s’ils obtiennent leur autonomie ils ne seront pas reconnus par l’Union européenne.

     

    Une maison de redressement

     

    L’Union européenne devient chaque jour un peu plus une maison de correction, où l’on distribue allégrement claques, avertissements et punitions et où l’on met toujours les peuples en retenue, du moins les autochtones : une maison de redressement où pullulent les radars, les caméras de vidéosurveillance, les accès protégés, les services de police et où l’on espionne les communications et Internet ; où l’on contrôle ce que vous devez penser et de quoi vous avez le droit de rire.

     

    Fichez leur la paix !

     

    Mais ce qu’aiment le plus faire les tristes nains européens c’est de se mêler des affaires des autres, mais sans en avoir les moyens – à la condition, en outre, que le grand frère yankee le leur demande gentiment.

     

    « Droit d’ingérence », « devoir de protéger », « urgence humanitaire » : on ne manque pas d’idées à Bruxelles quand il s’agit de s’affranchir de la souveraineté des Etats, de s’ingérer dans les affaires de la Libye, de la Syrie ou de l’Ukraine, de se mêler avec délectation des guerres civiles africaines alors que l’on ne se montre pas capable de régler ses propres affaires ni de définir ses frontières : voilà à quoi se résume notre belle « politique étrangère commune », comme la fille du même nom.

     

    Une politique aventuriste, en outre. Car l’Union européenne, sans défense, ne dispose pas des moyens de son ingérence.

     

    La Libye ou la République centre africaine, c’était loin. Mais l’Ukraine se situe à moins d’une étape du tour de France, comme disait De Gaulle. Et c’est en outre un enjeu stratégique pour la Russie.

     

    Qu’allons-nous gagner à jouer les mouches du coche à Kiev ? à apparaître une nouvelle fois comme les petits télégraphistes de l’Oncle Sam ?

     

    A nos seuls risques et périls.

    Michel Geoffroy (Polémia, 20 février 2014)

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  • La famille Enthoven...

    " Raphaël chantait Carla Bruni, devenue Sarkozy. Raphaël, c'est évidemment Raphaël Enthoven, étoile montante de la philosophie mondaine télévisuelle, figure du Tout-Paris germanopratin et vedette de France Culture. Il s'agit aussi du fils de Jean-Paul Enthoven, meilleur ami de Bernard-Henri Lévy, qui a d'abord épousé sa fille, Justine Lévy, avant de partir du riad de BHL à Marrakech au bras de Carla Bruni, laquelle vivait jusqu'alors avec son père, Jean-Paul. Si vous n'avez pas compris, ça n'est pas grave, c'est l'histoire d'une famille exemplaire de la république des lettres qui tient du vaudeville et du pilpoul. Explications..."

    L'excellente lettre d'information bimensuelle Faits & Documents publie son dernier numéro de l'année avec un portrait consacré à la famille Enthoven et à son rôle dans la médiacratie culturelle...

    Il est possible de s'abonner sur le site de Faits & documents ou de se procurer la lettre au numéro à la librairie Facta.

     

     

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    Faits & Documents est une lettre bimensuelle de 12 pages, rédigée par Emmanuel Ratier, qui traite essentiellement de l’actualité politique et culturelle française et internationale.

    Dans chaque numéro :

    • L’homme de la quinzaine : le portrait « décapant » d’une personnalité agissant dans l’ombre ou à découvert, avec de nombreux détails inédits.

    • La vie politique : une série d’échos inédits et exclusifs sur l’Élysée, le Parlement, le gouvernement, les partis, les hommes politiques. Et aussi les nominations, le parlement européen, les votes significatifs, coup de griffe et coup de chapeau, les damnés de la terre, la gauche caviar, « affaires » et scandales, les financiers qui mènent le monde.

    • Le document : c’est-à-dire la reproduction, avec un commentaire, d’un texte confidentiel, comme une invitation maçonnique adressée à un responsable politique, une circulaire administrative autorisant la polygamie pour les étrangers, etc.

    • Le dossier : une enquête détaillée sur un sujet spécifique, le plus souvent français. Par exemple, le Réseau Voltaire, les activistes de Ras l’Front, le congrès du B’naï B’rith, le point sur la loi scélérate Fabius-Gayssot.

    • Dans le secret de lobbies : les organisations religieuses et « communautaires », les groupes mondialistes et pro-imigrés, les sociétés secrètes, la franc-maçonnerie, etc.

    • À l’étranger : des informations méconnues portant sur le nationalisme à travers le monde et sur des sujets internationaux pouvant vous intéresser directement.

    • Kiosque : une rubrique culturelle sélective. Les livres intéressants à paraître ou venant de sortir en général dans de petites maisons d’édition ou étrangères. Un agenda pour les expositions, les colloques et conférences de qualité. Internet.

    • Information et désinformation : la vie interne des journaux, des télévisions, des journalistes. Les manipulations de l’information. Une revue des revues (les articles les plus intéressants parus ici ou là, en général dans la petite presse nationaliste, dans la presse spécialisée ou à l’étranger). Les désinformations de la quinzaine, etc.

    • Politiquement incorrect : cette rubrique humoristique et détendue parle des « perles » de la quinzaine et des sujets habituellement passés sous silence.

     

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  • Les snipers de la semaine... (67)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Causeur, Jérôme Leroy dézingue François Hollande, symbole d'une classe politique évanescente...

    François Hollande, l'homme invisible

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    - sur Marianne, Jack Dion flingue BHL et ses séides dont les appels à la guerre contre la Syrie encombrent les médias...

    Syrie : pour en finir avec la BHLisation des esprits

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  • La caste des pousse-au-crime...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue Geoffroy Lejeune, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré aux inquisiteurs de la gauche bien-pensante, qu'ils soient intellos, samtimbanques ou rebellocrates médiatiques...

     

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    Christophe Alévêque - Pascale Clark - Raphaël Enthoven

     

    La caste des pousse-au-crime

    Ces figures de proue du prêt-à-penser peuvent être regroupées en trois familles du politiquement correct — de gauche, forcément.

    Ils sont partout. Sur les plateaux télé, dans les studios des chaînes de radio, en librairie, sur scène, dans les salles obscures… pour promouvoir en choeur le même catéchisme bien-pensant.

    Les intellos-intouchables. La société du spectacle les a proclamés “experts”, “philosophes” ou “intellectuels”. Figures tutélaires de la gauche bien pensante, forcément “engagés”, ils règnent en maîtres sur le “camp du Bien”, se faisant volontiers les inquisiteurs d’un modèle qu’ils abhorrent : ainsi de leur pape, Bernard-Henri Lévy, dénonçant chez les opposants au mariage gay « la marée noire de l’homophobie ancestrale », ou du grand mécène du lobby gay Pierre Bergé, qui, après avoir défendu la gestation pour autrui (« Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »), les a qualifiés d’« humus antisémite et antigay »

    Parmi ces “intellectuels”, outre Raphaël Enthoven, qui voit dans la légalisation du mariage homosexuel l’aboutissement logique du primat de la culture sur la nature, vient l’inénarrable “psy” Gérard Miller, qui se félicite de pouvoir enfin « dire merde aux milliers de manifestants qui étaient contre ce projet [le “mariage pour tous”, NDLR] », et regrette que l’humour de son ex-amie Frigide Barjot soit « mis au service d’une cause absolument abominable »

    Les saltimbanques. L’essayiste Philippe Muray les avait surnommés les « artistocrates ». Chantres de la gauche morale du cénacle parisien, Charles Berling, Jacques Weber et Pierre Arditi n’égalent pas leur consoeur Josiane Balasko. Fervent soutien des expulsés de Cachan, en 2006, cette dernière s’est distinguée en devenant la même année la “marraine républicaine” d’un jeune homosexuel algérien menacé de prison dans son pays. À cette liste — non exhaustive — doit être ajoutée Emmanuelle Béart, célèbre pour avoir squatté l’église Saint-Bernard en 1996 avec des sans papiers… Mais aussi Philippe Torreton, comédien de toutes les indignations, renvoyé à ses chères études par Fabrice Luchini après avoir sévèrement attaqué Gérard Depardieu pour son exil.

    Parmi ces saltimbanques se distingue aussi l’antisarkozyste névrotique Christophe Alévêque. L’actualité impose enfin de décerner une palme à Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-point (qui avait accueilli la pièce antichrétienne Gólgota Picnic en 2011), entré au Panthéon des inquisiteurs en usant, à l’égard de Frigide Barjot, d’une reductio ad Hitlerum (aussi appelée “point Godwin”, qui consiste à comparer ses adversaires à Hitler ou au nazisme) : « Le papa et la maman, ça a quand même donné aussi Hitler. Il faut quand même le rappeler »

    Les « rebellocrates » médiatiques L’expression est, là encore, de Philippe Muray, qui, pour caractériser ces caciques du système médiatique, usait aussi de deux détournements : les « mutins de Panurge », faux rebelles défendant la pensée dominante, pouvant muer en « matons de Panurge » prêts à mordre ceux qui s’écartent de leurs voies. Ils ont leurs relais médiatiques : le Nouvel Observateur, les Inrockuptibles (tous deux partenaires, avec d’autres, de la soirée au Théâtre du Rond-point), mais aussi Marianne, Libération… On trouve aussi Rokhaya Diallo, fondatrice du mouvement Les Indivisibles, pour laquelle il est incongru de s’interroger : « Mais vous trouvez ça normal qu’un Malien ou qu’un Algérien en France depuis trente ans n’ait toujours pas le droit de voter ? »

    Restent Pascale Clark, redoutable intervieweuse sur France Inter, surtout lorsque ses cibles sont choisies (Marine Le Pen, Nadine Morano, Tugdual Derville, Robert Ménard…), et Audrey Pulvar, égérie incontestable des croisés du nouvel ordre moral, cachée derrière des lunettes dont elle a enfin dévoilé le prix (3 300 euros). Pour Pulvar, rire sur les Roms relève du crime contre l’humanité (voir ses nausées face au Comte de Bouderbala, humoriste pourtant peu suspect de frénésie discriminante), être de droite est un péché originel, le tout justifié par une “certaine” idée du journalisme : sous l’apparence de l’impartialité, une lutte effrénée pour toutes les causes du politiquement correct.

    Geoffroy Lejeune (Valeurs actuelles, 7 février 2013)

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  • Enracinement et universalisme...

    « Le déracinement intégral (…) constitue bien, pour tout libéral conséquent, l’unique condition préalable de toute société réellement libre et universelle. »

    Vous pouvez lire ci-dessous un extrait d'un entretien avec Jean-Claude Michéa, publié dans le journal espagnol El Confidential, et reproduit sur Ragemag. Auteur de plusieurs essais essentiels, Jean-Claude Michéa a récemment publié Le complexe d'Orphée - La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès (Climats, 2011).

     

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    1/ Pourquoi les élites font-elles l’éloge d’un mode de vie nomade et itinérant ?

    La mobilité perpétuelle du capital et du travail est au cœur même de la logique capitaliste. Elle est le seul moyen – soulignait déjà Adam Smith – de permettre à l’offre et à la demande de s’ajuster de façon optimale. De là, la nécessité libérale d’un monde sans frontières dont l’invitation permanente à la mobilité – géographique ou professionnelle – constitue aujourd’hui la valeur centrale. Dans la mesure où la gauche occidentale contemporaine considère désormais ce cadre du capitalisme mondialisé comme historiquement indépassable – au nom de l’idée, médiatiquement imposée par Bernard-Henri Levy et les « nouveaux philosophes », selon laquelle toute volonté de rompre avec le capitalisme ne pourrait conduire qu’au goulag – il est donc logique que la célébration du caractère émancipateur de la mobilité généralisée soit devenue un rouage essentiel de son nouveau programme. Le problème c’est que ce mode de vie « nomade » (qui est d’abord, on l’oublie trop souvent, celui des élites globales et du monde médiatique) ne saurait être universalisé sans contradiction.

    Contrairement à l’illusion que s’efforcent de répandre les classes dirigeantes, il faut rappeler, en effet, que le fameux « tourisme de masse » ne met en jeu que 4% de la population mondiale et que l’immigration, au sens strict, n’en concerne que 2% (même en comptabilisant les nombreux « expatriés » des pays riches). Si ce nouveau mode de vie sans frontière devait devenir la norme – comme le capitalisme global l’exige à présent – on se heurterait donc rapidement à des problèmes écologiques et énergétiques insurmontables (sans même prendre en considération le fait qu’il rendrait impossible tout investissement affectif durable et tout lien social solide). L’ONU elle-même reconnaissait, dans un rapport récent, que d’ici 2050 il sera absolument indispensable de réduire de façon drastique « les transports automobile et aérien et le commerce international à longue distance ». Avec cet éloge du mode de vie migratoire et de la mobilité généralisée on retrouve donc, sous une autre forme, l’éternel problème que posera toujours le projet libéral d’une croissance infinie dans un monde fini.

     

    2/ Comment articuler enracinement et universalisme ?

    La question de l’enracinement est particulièrement complexe, ne serait-ce que parce qu’elle autorise bien des dérives. Il faut donc d’abord rappeler – conformément aux enseignements de base de l’anthropologie et de la psychanalyse – que l’aptitude à donner, recevoir et rendre (c’est-à-dire l’aptitude à dépasser son idéal de toute-puissance infantile et à s’inscrire sous les chaînes humanisantes de la réciprocité) ne s’acquiert habituellement que dans ces relations en face à face qui définissent la socialité primaire (la famille, le village, le quartier, le lieu de travail etc.). Il est, en effet, extrêmement difficile d’accéder au sens des autres – ou d’intégrer une quelconque « loi symbolique » (Lacan) – quand on n’a jamais connu la moindre relation un peu stable ou, a fortiori, quand son seul partenaire est un écran d’ordinateur. Bien entendu, cela ne signifie pas que les dispositions à la solidarité qui auront pu prendre naissance dans ce cadre local s’appliqueront ensuite automatiquement aux autres groupes humains (nous savons bien, malheureusement, qu’une communauté n’est jamais si unie que lorsqu’elle a su s’inventer des boucs émissaires). Le processus d’universalisation critique qui permettra éventuellement d’élargir à d’autres communautés les relations de confiance et de réciprocité forgées au sein de ces « groupes primaires » (Charles Cooley, 1864-1929) ne saurait être « naturel » (même si on ne doit pas négliger le fait que toutes les sociétés connaissent, par ailleurs, les principes de l’alliance et de l’hospitalité). Il exigera toujours un travail de remise en question éthique et politique, fondé sur la prise de conscience – comme l’écrivait Levi-Strauss – que l’humanité ne s’arrête pas aux frontières de la tribu. Et aucun « sens de l’histoire » ne rend un tel travail « inéluctable » ni même « irréversible »

    De ce point de vue, la critique des limites d’une vie purement locale – de son étroitesse culturelle et des risques de « repli identitaire » qu’elle inclut par définition – est forcément au cœur de toute démarche universaliste qui – à l’image de celle qui sous-tend le projet socialiste – entend bien élargir à des groupes humains toujours plus vastes, voire à l’humanité toute entière, le bénéfice de ces habitudes premières de loyauté, de générosité et de reconnaissance. Toute la question est alors de déterminer quelle conception des rapports dialectiques entre l’universel et le particulier est la plus à même de favoriser l’avènement d’une société véritablement « ouverte » et qui ne renoncerait pas pour autant à encourager cet esprit du don et ces pratiques de solidarité qui ne peuvent surgir qu’à partir d’un enracinement culturel particulier. Or pour les libéraux (et particulièrement pour les libéraux de gauche) la réponse ne saurait faire aucun doute. Leur philosophie utilitariste les amène toujours, en effet, à saisir les impératifs traditionnels du don et de la réciprocité sous leur seul aspect « étouffant » et « culpabilisant» (un psychanalyste verrait sans doute dans cette forme d’affectivité un effet classique des ravages exercés dans l’enfance par une mère possessive et castratrice ou par un père absent).

    D’un point de vue libéral, l’idée même de dette symbolique – ce que nous devons, par exemple, à nos parents, nos voisins ou nos amis – ne peut être comprise que dans sa dimension contraignante (il suffit de relire Adolphe de Benjamin Constant) et jamais dans ce qu’elle peut aussi avoir d’humainement enrichissant et donc d’émancipateur. C’est pourquoi, aux yeux des libéraux, l’individu ne saurait connaître de liberté effective que s’il parvient à s’arracher définitivement au monde étouffant des appartenances premières (on songe à tous ces films hollywoodiens qui diabolisent les modes de vie de l’« Amérique profonde ») et à placer sa nouvelle existence – celle du self made man qui ne doit plus rien à personne – sous la seule protection tutélaire des mécanismes impersonnels du marché autorégulé et du droit procédural. Deux institutions censées être « axiologiquement neutres » et qui ne font appel, par définition, qu’à l’« égoïsme rationnel » du sujet (Ayn Rand), sans jamais exiger de lui la moindre implication psychologique ou morale. En ce sens, le déracinement intégral (dont la figure platonicienne de l’ « intellectuel sans attache » de Karl Mannheim représente une forme extrême) constitue bien, pour tout libéral conséquent, l’unique condition préalable de toute société réellement libre et universelle (et c’est ce qui explique, au passage, que le mépris de la vie paysanne ait toujours formé le noyau dur de l’imaginaire capitaliste).

    Tout le problème est ainsi de déterminer dans quelle mesure un monde sans frontière, qui se serait émancipé de toutes les contraintes traditionnelles du don et de l’échange symbolique, pourrait encore être dit véritablement humain. S’il est clair, en effet, que l’expérience locale ne peut jamais constituer que le point de départ de l’aventure humaine, il est non moins clair que c’est le développement dialectique des acquis moraux et culturels liés à cette expérience première – et non leur négation abstraite – qui seul pourra conduire à un monde effectivement commun, autrement dit à un monde dont les valeurs universelles ne seront jamais séparables du cheminement concret qui aura permis à chaque peuple – à partir de ses traditions culturelles particulières – de se reconnaître en elles et de se les approprier (rien n’est donc plus absurde, de ce point de vue, que l’idée qu’on pourrait exporter les « droits de l’homme » par la seule force des baïonnettes). C’est ce que Miguel Torga avait su formuler de façon admirable lorsqu’il écrivait, en 1954, que « l’universel, c’est le local moins les murs » (le penseur occitan Felix Castan évoquant, quant à lui, l’idéal d’un monde situé « à mi-chemin du tout abstrait et du tout enraciné »). C’est pourquoi le célèbre avertissement que Rousseau avait placé au début de l’Emile s’applique plus que jamais au monde uniformisé du marché-roi et du droit abstrait. « Défiez vous – écrivait-il – de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres les devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins ». C’était assurément une critique lucide et prophétique de ces nouvelles élites globales (et de tous ceux qui en ont intériorisé l’imaginaire touristique) qui entendent désormais décider du destin de tous les peuples de la terre en fonction de leur seul intérêt égoïste. Il est à craindre, en effet, qu’un « citoyen sans frontière » ne puisse jamais devenir un véritable citoyen du monde.

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