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bernard lugan - Page 14

  • La revue de presse d'un esprit libre... (36)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Comme chaque année à la date anniversaire de la manifestation du 17 octobre 1961 orchestrée  par le FLN à Paris, les militants « anticolonialiste » commémorent une tuerie qui n’existe que dans leur imagination saturée d’ethnomasochisme. Ce que l’africaniste Bernard Lugan nomme un « massacre  sans cadavre »   :

     
    Le journal quotidien de Tv-Libertés fait sa une sur cette même manipulation avec un entretien avec Bernard Lugan  :
     
     
    L’Ojim (Observatoire du journalisme) consacre une vidéo de 16 minutes à la personne du désinformateur tranquille et célébré André Marie Paul Mouchard alias Laurent Joffrin :
     
     
    Comment les médias s’y prennent-ils pour relayer une information concernant la décision du président Macron d’accueillir 10000 migrants supplémentaires ? Tout se passe comme si pouvoirs politiques et médiatiques avaient entériné le fait que les migrations seraient devenues la norme. Une prétendue norme jamais interrogée et surtout jamais soumise à la décision souveraine des autochtones qui en subissent sans trop broncher les conséquences désastreuses et toujours tues :
     
     
    Les souvenirs truculents de Michel Audiard sur la libération de Paris et la rage des tondeurs FFI de la vingt-cinquième heure, le plus souvent, mais couverts néanmoins de médailles, de galons et de brassards. Eux aussi auront connu leur extase warholien  : 
     
     
    Les souvenirs identiques de Jean Rochefort contés avec l’émotion propre à ce grand artiste sans la touche truculente de Michel Audiard mais avec une gravité qui interroge la névrose des masses vengeresses abandonnées à leur vil ressentiment. Sur tout cela, on lira avec profit les deux livres de Patrick Buisson « 1940-1945. Années érotiques » parus au Livre de Poche :
     
     
    Michel Marmin qui a brillamment illustré les grandes heures de la nouvelle droite publie aujourd’hui ses mémoires. Il y relate avec un talent non dénué d’ironie 50 années d’engagement intellectuel qui l’ont mené successivement de Valeurs Actuelles au Figaro et à Éléments pour y écrire sur le cinéma, l’art, la musique et la littérature :
     
     
    Les saines remarques de Mathieu Bock-Côté dans une émission d’Éric Brunet. Autant Bock-Côté est doté d'un panache communicatif autant on peut se dispenser du babil libéral-poujadiste de l’animateur : 
     
     
    Selon Pierre-André Taguieff il y aurait une continuité logique entre l’islam quiétiste (et laïco-compatible), l’islamisme ordinaire et l’islamisme criminel qui tous se fonde sur les mêmes textes canoniques et intangibles. En effet l’islam, s’il n’est contenu ni par la raison, ni par un cadre politique contraignant est par nature guerrier. L’intelligentsia occidentale est particulièrement pointée du doigt pour le déni qu’elle opère sans cesse du caractère religieux des massacres que takfiristes et islamistes violents exécutent partout dans le monde.
    Pierre-André Taguieff, « L’islamisme et nous : penser l’ennemi imprévu » CNRS édition 2017 :
     
     
    Ingrid Riocreux si elle dénonce n’adhère pas, mais pas du tout à la campagne d’hystérie collective qui enjoint à chacune (et à chacun) de balancer son porc (et d’acheter le dernier album de Bertrand Cantat, quand même). Cette mode tapageuse de corbeaux victimisés et héroïsés aux allures revanchardes nous vient évidemment d’Amérique comme tant de choses déplaisantes aux âmes bien nées. Le Délathon, comme le dit Elisabeth Lévy, ne passera assurément pas par elle :
     
     
    Dans un point de vue tout de décence et de délicatesse, Bérénice Levet revient sur l’affaire précédente en faisant assaut de citations tirées de notre patrimoine littéraire. Elle aussi résiste à l’injonction du pénal et proclame que l’émancipation ne peut passer par la délation :
     
     
    Bérénice Levet était l’invitée d’Elise Blaise dans son émission « La semaine Politique » à propos de la campagne de lynchage publique intitulée avec beaucoup d’élégance « Dénonce-ton-porc ». Cette curée qui risque de décrédibiliser les véritables victimes tout en bousculant la mixité sexuelle dont la France est le théâtre depuis de long siècles est aussi une manière, sans doute inconsciente, de condamner les hommes blancs hétérosexuels tout en faisant l’impasse sur ces trop nombreux représentants des cultures intrinsèquement machistes, elles, dont les heureux titulaires semblent protégés, chez nous, par les féministe les plus intransigeantes.
     
     
    Dans l’émission hebdomadaire d’Elisabeth Lévy sur RCJ, Alain Finkielkraut s’en prend résolument à la campagne « balance ton porc ». Ces milliers de dénonciations anonymes vont-elles remplacer la justice sensée rendre des jugements fondés sur la preuve ? Elle traduit aussi une extension du domaine du harcèlement comparable à celle de l’extension du domaine du racisme. Tant qu’il y aura des hommes, dit-il, il y aura des tordus sur la terre mais la croisade puritaine ainsi engagée ne risque-t-elle pas de nous priver de la sublime mixité homme-femme qui faisait le charme de la France d’autrefois ? Le fond de l’affaire consiste bien comme il le montre à privilégier la philosophie libérale du contrat sur les rapports tacites et troubles entre les sexes jusqu’à nous contraindre à devenir collectivement une province de l’Amérique néo-puritaine, raisonnement déjà exprimé par Régis Debray :
     
     
    Comme Sarkozy avant 2007, Laurent Wauquiez, dans un entretien donné à l'hebdomadaire Le Point (19 octobre 2017), s’inspire très nettement des intellectuels conservateurs et identitaires dont il reprend dans son entretien des citations in extenso. 
    Le problème n’est pas tant de savoir ce qu’il dit aujourd’hui que de connaitre la façon dont il se comportera une fois parvenu à la tête de ce qu’il reste des Républicains. Sa volonté de réunir 
    la droite et le centre est à elle seule tout un programme. On a en effet besoin de voix de droite pour faire élire des candidats centristes qui sont le plus souvent attirés dans la besace social-démocrate.,L’expérience Sarkozy est révélatrice à cet égard et chat échaudé craint l’eau froide.
     
    Le pied nickelé Logan Alexandre Nisim fait trembler la République. Affirmatif ! Et il est défendu de rire de cette fable rocambolesque qui met en scène un apprenti cagoulard de 21 ans, maigrichon et timide, et sa phalange de cornichons recrutés sur le défouloir de Facebook (sans doute pour échapper aux investigations policières) qui se sont montés le bourrichon afin de nourrir leur fantasme de guerre civile et, effet pervers, de satisfaire la paranoïa du  camp du Bien. Celui-ci pourra dauber sur les « réseaux de l’ultra-droite » sans se priver des amalgames convenus qu’il s’interdit quand il s’agit d’attentats islamistes, bien réels ceux-là.  Alexandre Nisim Logan est-il un « déséquilibré »? C’est la question que personne ne pose et que pourtant les médias de propagande n’hésitent jamais à mettre sur le tapis quand il s’agit d’égorgeurs de « la religion de paix et de tolérance ». De cette histoire totalement bidon qui relève du bobard et empeste la machination barbouzarde le magazine L’Incorrect a dit à sa manière (après Le Monde du19 octobre) tout ce qu’il faut penser :   
     
    Jean-Yves Le Gallou traite précisément de ce sujet en ouverture d’I-média, son émission hebdomadaire de Tv-Libertés :
     
     
    Jean-Yves Le Gallou organise également avec la Fondation Polémia le troisième Forum de la Dissidence à Paris le 18 novembre. Un Plateau de choix pour cette démonstration qui promet de faire date. On y pulvérisera le politiquement correct, expression de la victoire du gauchisme libéral-libertaire qui a posé sur le pays un couvercle de plomb interdisant toute manifestation de la démocratie. Mot d’ordre : baisser les bras serait trahir; résister c’est combattre : 
     
     
    Kafka disait qu’il fallait lire des romans pour briser la mer gelée en nous. On ne lit pas pour se divertir. Milan Kundéra définit l’humour comme l’éclair divin qui découvre le monde dans son ambigüité morale et l’homme dans sa profonde incompétence à juger les autres. L’humour est l’ivresse de la relativité des choses humaines, le plaisir étrange issu de la certitude qu’il n’y a pas de certitude. Le roman est la sagesse de l’incertitude dit-il dans « L’art du roman ». Il y a de tout cela dans les deux romanciers invités d’Alain Finkielkraut lors de son émission Répliques du 21/10/2017. Ces deux hommes qui parlent de la littérature avec passion sont le nostalgique heureux Benoît Duteurtre auteur de « Pourquoi je préfère rester chez moi » (Fayard) et Patrice Jean auteur de « L’homme surnuméraire » (Rue Fromentin Édition) qui suggère, entre mille autres choses, que l’être féminin ne s’est émancipé de la tutelle patriarcale que pour tomber dans les rets du despotisme social. Pascal Eysseric écrivait dans le dernier numéro d’Éléments qu’il était la révélation de la rentrée :
     
     
    • Dans un entretien donné au Figaro (21 octobre 2017), Marcel Gauchet reconnaissant que « l’enseignement scolaire de l’histoire n’imprime plus » déplore que nous soyons passé du roman national à la fable multiculturaliste, troquant une fiction pour une autre et met en garde contre « les dérives d’une histoire pénitentielle et moralisante ». Ces deux conceptions du passé étant hémiplégiques, le problème essentiel que doit affronter l’histoire est « l’ethnocentrisme du présent » et son lot d’anachronisme qui a pour but de mettre le passé à la disposition d'un présent susceptible d’en remodeler à volonté les arcanes, idée qui selon lui est l’essence même du totalitarisme.
     

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  • Pétition du CRAN : pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur son blog et consacré à la pétition délirante du CRAN demandant à débaptiser les lieux publiques portant le nom de Colbert... Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016) et Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017).

     

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    Pourquoi le CRAN ne demande-t-il pas de débaptiser les écoles, collèges, lycées et rues Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot ?

    Le journal Le Monde nous apprend que le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) organisation ultra confidentielle mais percevant des subventions prélevées sur les impôts des Français, fait actuellement circuler une singulière pétition ayant pour cible le grand ministre que fut Colbert. Parmi les signataires de cette pétition, on relève les noms de Lilian Thuram (footballeur), Harry Roselmack (journaliste) et Rokhaya Diallo (journaliste-documentaliste). 

    Egalement celui d’une certaine Mireille Fanon-Mendès-France qui se présente comme « ancienne présidente du groupe d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine » (???). Ce titre ronflant fait d’elle, et en toute modestie, la porte-parole auto-proclamée de plus d’un milliard d’hommes et de femmes, ce qui n’est pas rien… Il pousse également à poser la question de savoir qui est l’actuel(le) président(e) de cet organisme et quels émoluments il (elle) perçoit du « machin » auquel la France, 5° contributeur à son budget ordinaire, verse annuellement 122,6 millions de dollars US prélevés, là encore, sur les impôts des Français.

    La pétition du CRAN demande rien de moins que de débaptiser les collèges et les lycées portant le nom de Jean-Baptiste Colbert et de déboulonner ses statues au motif qu’il « fonda la Compagnie des Indes occidentales, compagnie négrière de sinistre mémoire ».

    Mais pourquoi donc le CRAN s’en tient-il à Colbert ? Au nom du « vivre ensemble » et de l’antiracisme, n’est-il en effet pas nécessaire et plus urgent, de débaptiser les édifices publics portant les noms de Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot… pour commencer. La liste est en effet longue de ces personnalités constituant le panthéon de nos gloires républicaines et laïques, de ces figures montrées en exemple de la défense des droits de l’homme, de la tolérance, de la fraternité universelle et qui, en réalité, seraient d’horribles racistes-colonialistes dont les propos abjects font penser aux plus sombres heures de notre passé colonial-esclavagiste. Que l’on en juge :

    Victor Hugo, qui a donné son nom à 2555 rues et avenues de France, juste derrière Louis Pasteur, ce chantre de la liberté, n’hésita pas à afficher un détestable mépris à l’égard des Africains auxquels il alla jusqu‘à contester l’appartenance au genre humain :

    « L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie même a son histoire qui date de son commencement dans la mémoire humaine, l’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe.(…) Le Blanc a fait du Noir un homme (…) Emparez-vous de cette terre. Prenez-là. A qui ? à personne»

    Concernant la conquête coloniale, cette forme moderne de l’esclavage selon le CRAN, Jean Jaurès dont 2215 voies, rues, boulevards ou avenues portent le nom considérait que :

    « La France a d’autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale que (…) la civilisation qu’elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l’état présent du régime marocain »

    Léon Blum et Edouard Herriot ne sont pas dans le « top 10 » des noms de rues et voies, ce qui est heureux, même si des centaines d’écoles, collèges, lycées, maisons de la culture, portent encore leurs noms. Leurs cas sont en effet encore plus graves que ceux de Victor Hugo et de Jean Jaurès. Celui de Léon Blum est même emblématique. Cet internationaliste aux mains pures, ce défenseur de Dreyfus, cet indéfectible soutien des « républicains » espagnols devenu éminente personnalité du Front populaire, compterait en effet, aux côtés d’Arthur de Gobineau, de Vachet de la Pouge et même du taxinomiste racial George Montandon, parmi les théoriciens (horresco referens !) de l’inégalité des races puisque, cause aggravante, ce fut devant les députés qu’il osa déclarer, l’hémicycle en frémit encore, que :

    « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture ».

    Toujours devant les députés, Edouard Herriot, cette icône de la fraternité laïque, ce chantre de la tolérance républicaine si chère aux Lyonnais, ce frère de tous les humains, ce croisé du suffrage universel, n’a, quant à lui, pas craint d’oser dire que :

    « Si nous donnions le droit de vote aux peuples de l’Empire, la France deviendrait la colonie de ses colonies ».

    Alors, oui, amplifions le grand mouvement de nettoyage de l’histoire de France lancé par le CRAN, qui n’en manque décidemment pas, et établissons au plus vite des listes de personnalités qui ne méritent plus d’être respectées. Au nom de l’antiracisme et de l’amour du genre humain, épurons ! Epurons ! Epurons ! Et que revienne le temps béni des Fouquier Tinville, Carrier ou Collot d’Herbois…

    Bernard Lugan (Blog officiel de Bernard Lugan, 17 septembre 2017)

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  • Face aux fondamentalismes, ia réponse polythéiste !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°167, août - septembre 2017) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à l'actualité du polythéisme face aux fondamentalismes, dans lequel on pourra lire, notamment, un échange entre Michel Onfray et Alain de Benoist,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , avec de nombreux articles passionnants sur des thèmes aussi variés que la musique industrielle, la série Twin peaks, le lynchage médiatique ou la bombe démographique africaine. Une mention spéciale pour la couverture et sa charmante Grâce, qui nous livre son plus beau profil !...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Éditorial

    Les mœurs

    Forum

    L’entretien

    Le renouveau de la presse d’opinion

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : La liberté Daudet

    Une fin du monde sans importance par Xavier Eman

    Cinéma : Bernard Menez

    Champs de bataille : La pluie de Valmy

    Musique : Aux sources du jazz

    Sciences

    Le combat des idées

    De quoi le terrorisme est-il le nom ?

    L’Europe est-elle condamnée à subir le terrorisme ?

    À l’école du lynchage médiatique

    Quel sens donner à la guerre ?

    Les migrations pour les nuls

    Face au second choc migratoire, par Jean-Paul Gourévitch

    La bombe démographique africaine, par Bernard Lugan

    La décroissance : entretien avec Serge Latouche

    Chávez, une révolution inachevée

    La musique industrielle et la vieille Angleterre

    Twin Peaks le retour

    Éric Rohmer, un héritier du Grand Siècle

    Sa majesté Wyndham Lewis

    Le centenaire de Léon Bloy

    Dossier

    Face aux fondamentalismes, la réponse polythéiste

    Pour un réenchantement païen du monde

    La rencontre : Michel Onfray, Alain de Benoist

    Cheyenne-Marie Carron coté chrétien

    Cheyenne-Marie Carron côté païen

    Ces écrivains catholiques que le polythéisme attire

    Claude Seignolle, le réenchanteur

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Incorporated, la Metropolis du futur

    Philosophie : Qu’est-ce que la détresse ?

    L’esprit des lieux : Rome

    C’était dans Éléments : Les écrivains ressuscitent les dieux

    Éphémérides

     

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  • Algérie : une catastrophe annoncée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan, cueilli sur Polémia et consacré à la situation catastrophique de l'Algérie, dont l'effondrement pourrait avoir des répercussions dramatiques pour notre pays... Historien, spécialiste de l'Afrique, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016) et Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017).

     

     

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    Algérie : une catastrophe annoncée

    Les perspectives apparaissent bien sombres pour l’Algérie : même si le prix du pétrole remontait, les maux profonds et structurels dont souffre le pays ne disparaîtraient pas pour autant.

    La crise que traverse aujourd’hui l’Algérie est plus grave que celle de 1986, quand l’effondrement du prix du pétrole avait failli emporter le pays.

    En trente ans, rien n’a été fait pour diversifier l’économie et la nomenklatura a continué à se servir. Mais alors qu’en 1986 les réserves pétrolières algériennes étaient encore immenses, aujourd’hui les nappes sont en voie d’épuisement ; quant au FRR (Fonds de régulation des recettes), la réserve ultime de l’État, comme il n’est plus alimenté par les recettes pétrolières, il sera prochainement épuisé. La politique d’assistanat d’État ne pourra alors plus être suivie et, dans ces conditions, comment calmer la fureur de la rue ? Or, si le pays explosait, la Méditerranée occidentale serait embrasée ainsi que tout le Maghreb et le Sahel. Sans parler des conséquences migratoires pour la France.

    Le réveil du jihadisme

    Durant la décennie noire 1991, l’Algérie fut le théâtre d’une sauvage et sanglante lutte armée. Depuis le début de l’année 2016, l’intensification des actions armées traduit une volonté des jihadistes d’opérer un retour en force en Algérie, cible privilégiée d’Aqmi en Afrique du Nord. Si la bombe sociale algérienne n’a pas encore explosé, c’est grâce à la manne pétrolière qui permet à l’État de subventionner pour 70 milliards de dollars par an la consommation des “classes défavorisées”. Les subventions (essence, électricité, logement, transports, produits alimentaires de base, etc.), totalisent ainsi entre 25 % et 30 % du PIB. À ces sommes, il convient d’ajouter 20 % du budget de l’État qui sont consacrés au clientélisme. Avec 6 % de toutes les dotations ministérielles, le budget du ministère des Anciens Combattants est ainsi supérieur à ceux de l’Agriculture (5 %) et de la Justice (2 %).

    Plus généralement, une partie de la population algérienne est en voie de clochardisation, ce qui constitue une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment. Le chômage des jeunes atteint au minimum 35 % avec pour résultat l’émigration de la jeunesse et des diplômés. À ce jour, sans espoir dans leur pays, près de deux millions d’Algériens nés en Algérie ont ainsi émigré, dont une partie importante de cadres formés dans les universités durant les décennies soixante-dix et quatre-vingt. Sur ce total, en 2014, 1 460 000 s’étaient installés en France (Algeria-Watch, 21 septembre 2014) ; depuis, le mouvement a connu une amplification.

    La folle démographie

    Depuis 2000, parallèlement à la réislamisation de la société, nous assistons à la reprise de la natalité alors que, durant les deux décennies précédentes, un effort de contrôle des naissances avait été fait.

    Au mois de janvier 2017, l’Algérie comptait 41,2 millions d’habitants avec un taux d’accroissement annuel de 2,15 % et un excédent annuel de 858 000 habitants. Le chiffre des naissances vivantes (enfant nés vivants) illustre d’une manière éloquente cette évolution : en 2000 l’Algérie comptait 589 000 naissantes vivantes ; en 2012, elles étaient 978 000 et en 2015, 1 040 000. Comment nourrir ces bouches supplémentaires alors que l’Algérie consacre déjà le quart de ses recettes tirées des hydrocarbures à l’importation de produits alimentaires de base – dont elle était exportatrice avant 1962 ?

    Hydrocarbures en crise

    Le pétrole et le gaz assurent bon an mal an entre 95 et 97 % des exportations et environ 75 % des recettes budgétaires de l’Algérie, troisième producteur africain de pétrole. Or, la production de pétrole baisse et le pays n’aurait encore, selon certaines sources, que pour deux à trois décennies de réserves. Le 1er juin 2014, le Premier ministre algérien, M. Abdelmalek Sellal, déclara devant l’Assemblée populaire nationale (APN) : « D’ici 2030, l’Algérie ne sera plus en mesure d’exporter les hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement. […] D’ici 2030, nos réserves couvriront nos besoins internes seulement. »

    Aux tensions sociales s’ajoutent les problèmes ethniques qui prennent de plus en plus d’ampleur dans la région du Mzab entre Mozabites et Arabes. Le pays est également fracturé entre idéologie arabiste et berbérisme. Les Kabyles n’ont ainsi pas renoncé à lutter contre l’arabisation forcée qu’ils subissent depuis 1962, certains allant même jusqu’à parler de politique d’effacement de l’identité berbère. L’Algérie est en pleine incertitude avec un président qui n’aurait plus que quelques instants de lucidité par jour. Plusieurs clans sont prêts à s’affronter pour s’emparer ou pour conserver le pouvoir. Parmi eux, quelle est encore la force de l’armée ? Quel rôle Saïd Bouteflika pourrait-il jouer dans un proche avenir ? Le clan présidentiel réussira-t-il à imposer un successeur garantissant sa survie ? La rue viendra-t-elle perturber la succession présidentielle ? Voilà autant de questions qui demeurent en suspens et qui conditionnent l’avenir à court et à moyen terme de l’Algérie.

    Les perspectives algériennes sont donc sombres car, même si le prix du pétrole remontait, les maux profonds et structurels dont souffre le pays ne disparaîtraient pas pour autant. Ils découlent de l’artificialité de l’Algérie, des mensonges de sa fausse histoire et de l’imposture de ses mythes fondateurs. Rien ne pourra donc être entrepris en Algérie sans une volonté de fonder la nation algérienne, ce qui passe par la prise en compte de ses réalités géographiques, ethniques et historiques. À défaut, ses composants se replieront sur la segmentarisation, ce qui ouvrirait une voie royale aux islamistes.

    Bernard Lugan (Polémia, 30 juin 2017)

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  • L'émergence de l'Amérique impériale...

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    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 90, mai - juin 2017).

    Ouvert par l'éditorial de Philippe Conrad ("Un Empire du XXe siècle"), le dossier central est consacré à l'émergence de l'Amérique impériale à l'occasion de la première guerre mondiale. On peut y lire, notamment des articles Philippe Conrad ("1890-1914. La montée en puissance américaine" ; "Les États-Unis s'engagent dans la guerre"), de Rémy Porte ("Le président Wilson, un pacifiste en guerre" ; "La création de l'American Expeditionary Force"), de Jacques Berrel ("Les Sammies au combat") et de Jean Kappel ("La paix de Wilson" ; "America First. Le temps de l'isolationnisme").

    Hors dossier, on pourra lire, en particulier, des entretiens avec Rémy Porte ("L'histoire militaire n'est pas une simple «histoire bataille»"), avec le général André Bach ("Il y a cent ans, la crise de mutineries") et avec Benard Lugan ("Algérie, l'histoire à l'endroit"), ainsi que des articles d'Alessandro Campi ("Machiavel et Le Prince"), d'Henri-Christian ("De Gaulle/Saint-Exupéry : la grande discorde"), d'Yves Morel ("La vulgarisation historique en question"), de Martin Benoist ("Le système «Law»"), d'Emma Demeester ("Saint-Just, l'intransigeant"), de Philippe Conrad ("Yves Durand")  et d'Evelyne Navarre ("Notre-Dame de Vétheuil, un joyau du Vexin français"), ou encore les chroniques de Péroncel-Hugoz et de Philippe d'Hugues...

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  • Le « développement » peut-il arrêter la migration africaine vers l’Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'africaniste Bernard Lugan, cueilli sur Breizh info et consacré à la migration massive des Africains vers l'Europe. Historien, spécialiste de l'Afrique, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont dernièrement Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016) et Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017).

     

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    Le « développement » n’arrêtera pas la migration africaine vers l’Europe

    On ne ment ni à la géographie, ni à la démographie. La première montre que l’Afrique est l’arrière-cour de l’Europe ; la seconde enseigne qu’un trop plein démographique se déverse automatiquement dans un vide démographique.

    Face à cette double réalité, confrontés à une migration de masse qu’ils refusent de nommer, les dirigeants européens s’accrochent au mythe du « développement » postulé être un ralentisseur migratoire.

    Or, comme je l’ai expliqué dans mon livre « Osons dire la vérité à l’Afrique », le développement est une illusion. Pour trois raisons principales :

    1)      A supposer qu’il ait une efficacité, le « développement » ne pourrait avoir que des effets à très long terme ; or, il y a urgence.

    2)      Tout a déjà été tenté en ce domaine. En vain, car, dans les Afriques, la démographie est plus forte que la croissance. Un exemple : depuis 1960, la production agricole y a augmenté de 45%, mais la démographie de 110%…

    3)      Comme la croissance économique africaine (entre 1,4% et 1,6% en 2016), est inférieure à la croissance démographique (4%), comment, dans ces conditions prétendre « développer » un continent qui, d’ici à 2030, verra sa population passer de 1,2 milliard à 1,7milliard, avec plus de 50 millions de naissances par an ?

    Ce n’est donc pas de « développement » dont l’Afrique a besoin, mais d’une natalité raisonnable. A défaut, des dizaines de millions d’Africains continueront à rêver de venir s’installer en Europe où, par hédonisme, les femmes n’enfantent plus, où les hommes ont honte de leur virilité, où les vieillards sont désormais majoritaires et où les animaux de compagnie ont remplacé les enfants.

    Explication.

    Vu d’outre-Méditerranée, l’Europe est une terre à prendre. D’autant plus facilement que les migrations continentales sont facilitées en Afrique de l’Ouest par le passeport CEDEAO qui permet d’entrer librement au Niger, et de là en Libye. Une fois arrivés  dans l’espace Schengen, toute liberté est ensuite donnée aux migrants de circuler en Europe avec à peu près autant de chances de se voir expulsés que de gagner au loto.

    La cause de ces migrations de grande ampleur est l’envolée démographique. Avec un taux de croissance de 4% la population africaine double en effet tous les 18-20 ans. Au Niger, pays désertique où le taux de fécondité est de 7 enfants par femme, la population était de 3 millions d’habitants en 1960 et elle sera de 40 millions en 2040, puis de 60 millions en 2050. En Somalie, le taux de reproduction est de 6,4 enfants par femme et en RDC, il est de 6,1.

    Le phénomène ne touche pas que l’Afrique sud-saharienne. Ainsi, en Algérie le programme de planification familiale avait permis de faire baisser l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1990, à 2,8 en 2008. Or, avec la réislamisation du pays, depuis 2014, il a rebondi à 3,03.

    Résultat de cette démographie devenue folle, en 2100, avec entre 3,4 et 3,6 milliards d’habitants, le continent africain abritera 1/3 de la population mondiale dont les trois quarts au sud du Sahara. Le phénomène de déversement de la population africaine en Europe est inscrit dans ces chiffres car, localement, comme il sera impossible de nourrir et de donner du  travail à ces centaines de millions de jeunes africains, ces derniers n’auront d’autre issue que l’émigration.

    D’autant plus que, contrairement à ce qu’affirment les tenants de la « méthode Coué », la situation économique de l’Afrique est de plus en plus mauvaise. La baisse du prix du pétrole et de presque toutes les matières premières a en effet eu des conséquences catastrophiques pour des pays tirant entre 75 et 98% de leurs recettes de ces productions. Phénomène aggravant, quand les cours étaient hauts, ces pays pensèrent que la manne était éternelle et ils dépensèrent alors sans compter. Résultat, aujourd’hui, ils se trouvent face à des échéances qui ne sont plus couvertes. Les voilà donc contraints de s’endetter pour continuer à financer des projets non soldés ou tout simplement pour acheter la paix sociale et éviter la révolution. A peine sortis de la mortelle spirale de l’endettement des années 1980-1990, ils y ont donc replongé.

    Début 2017, la croissance économique dans les 45 pays de l’Afrique sud-saharienne a atteint son plus bas niveau depuis l’année 1999, passant de 5,1% en 2014 à 3,5% en 2015, pour atteindre entre 1,4% et 1,6% en 2016 (FMI, 24 octobre 2016). Les deux géants économiques de l’Afrique sud-saharienne sont quant à eux dans une situation préoccupante. En 2016, le Nigeria est ainsi entré en récession avec une croissance négative de -1,8%. Quant à la RSA, avec une croissance d’à peine 0,1%, elle échappe de justesse à la récession.

    Résultat :

    – 850 millions d’Africains sur une population totale de 1,2 milliard vivent dans la pauvreté et des dizaines de millions d’entre eux ne survivent que par l’assistanat. En 2015, l’APD (Aide pour le développement) pour toute Afrique a ainsi augmenté de 6,9%, soit 131,6 milliards de dollars.

    – 150 millions sont à la limite supérieure de la pauvreté,

    – 50 millions arrivent à subvenir à leurs besoins élémentaires,

    – 20 à 30 millions constituent en quelque sorte la « bourgeoisie » et une poignée, à l’image des Black Diamonds sud-africains vit dans l’opulence.

    Voilà pourquoi le « développement » tenté depuis les années 1960 n’est qu’un mythe, qu’une illusion, qu’un mirage et qu’un mensonge. Parce que rien ne pourra être entrepris sans une ferme et impérative politique de maîtrise de la démographie.

    Bernard Lugan (Breizh infos, 23 avril 2017)

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