Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'attaque de la bande de Gaza par l'armée israëlienne...
Israël et les patriotes français
Encore une fois, « l'Etat hébreux », comme disent avec gourmandise les journalistes, agressent, à l'heure où ces lignes sont écrites, le petit territoire de Gaza, d'une largeur de six à douze kilomètres, d'une superficie de 360 km2, où s'entassent, comme dans un camp de concentration, 1,6 millions de réfugiés.
Cette offensive musclée rappelle celle perpétrée fin 2008 – début 2009, nommée par les Israéliens « Opération Plomb fondu », qui fit, d'après un bilan dressé le 19 janvier, 1 315 morts parmi les Palestiniens, dont plus de 410 enfants et 100 femmes, et 5 285 blessés, tandis que, du côté des assaillants, on comptait 3 civils et 10 soldats tués, ainsi que 113 soldats et 84 civils blessés. C'est dire la disproportion manifeste entre les forces en présence.
Israël invoque toujours la « légitime défense" pour justifier ses actions meurtrières, que ce soit pour des « assassinats ciblés », des destructions méthodiques, des opérations de plus vaste envergure, argument repris en boucle par les médias occidentaux, qui mettent en avant, de façon quasi mécanique, comme s'ils obéissaient à une consigne, le refrain des « milliers de roquettes » tirées de la bande de Gaza. Ces mêmes « commentateurs" ne rappellent jamais que ces tirs sont la plupart des fois inopérants, qu'ils n'occasionnent presque jamais de mort ni même de dégâts matériels conséquents, tandis que les missiles lancés par avions, hélicoptères, ou du sol, ruinent complètement les infrastructures palestiniennes, et tuent de nombreuses personnes, combattants ou civils. De même, ces spécialistes de la « communication » ont l'art de tourner une situation pourtant claire (un gros écrase sans pitié un petit) en faveur des agresseurs, en reprenant la vision israélienne, et en donnant largement la parole à ses représentants. Or, ce qu'on avance comme étant des actes « terroristes » ne sont pas des « provocations » auxquelles il serait justifié de répondre, mais des actions de résistance à une situation d'oppression et de colonisation dont l'exemple devrait passer pour passablement suranné de nos jours, puisque manifestement, un peuple a résolu de s'emparer par la force des terres d'un autre peuple. L'emploi d'un lexique connoté est une clé majeure de la manipulation des esprits, comme le terme « terroriste » l'indique suffisamment. J'écoutais tout à l'heure un présentateur de France inter évoquer la lutte d'Israël contre les « groupes armés », ce qui, finalement, revient à placer l'entreprise belliqueuse de l'Etat sioniste sur le même plan (intérieur) que la traque, par des services de polices, de noyaux particulièrement dangereux d'activistes politiques, sans compter le mépris affiché pour la violence qui n'est pas étatique, laquelle, étrangement, paraît beaucoup plus « propre » et admise. Ce qui donne une idée de l'engagement idéologique de ceux qui sont censés nous informer, et de l'intégrité éthique de ces personnages.
Ce déni de justice, pourtant ne suscite pas la révolte de gouvernements, qui, pourtant, n'ont pas de mots assez outranciers pour condamner un Etat légitime comme celui de la Syrie, accusé de tous les crimes contre l'humanité. Or, Israël n'a rien à envier aux régimes les plus durs, lui qui, non seulement se réclame d'une appartenance confessionnelle, voire ethnique, ce qui est pour le moins singulier en regard des normes contemporaines des convenances internationales , mais présente à sa tête un gouvernement qui, sur le spectre politique, serait situé franchement à l'extrême droite, ce qui ne semble pas déranger outre mesure nos « champions de la liberté ». Les derniers sondages organisés sans la population israélienne, et certains pogroms xénophobes, n'indiquent-ils pas des tendances racistes ?
Au contraire : on voit les ministres de cet Etat scélérat parader avec tout ce que l'Europe et l'Amérique comptent d'officiels, on prend acte que ses structures participent aux instances d'une Europe qui, nonobstant, ne cesse de faire la leçon au monde entier, et on apprend même que Tsahal s'entraîne sur le sol de notre continent, notamment en Roumanie. Ce n'est d'ailleurs guère un secret qu'Israël jouit de nombreux soutiens au sein des sphères dirigeants des nations européennes, et au cœur même de l'Union. On s'explique mieux que des facilités commerciales, des relations culturelles, des cadeaux diplomatiques, militaires et politiques lui soient offerts de plus en plus ouvertement, sans soulever de protestations. Aucun autre pays, si l'on prenait n'importe quelle mesure politique disqualifiante, ne se conduirait ainsi sans essuyer l’opprobre universelle. La pauvre Serbie a fait bien moins, et a cependant payé le prix fort de la terreur atlantiste. Et pourtant Israël agit comme il veut, quand il veut, où il veut. Les exemples ne manquent pas de connivence, ni de complicités au plus haut niveau, et de façon militante, comme l'a montré, sous Sarkozy, la véritable épuration dont a fait l'objet le personnel des Affaires étrangères, et, sous Hollande, les louanges hyperboliques qui couvrent cette « grande démocratie que le monde entier envie », et qui suscite tant de « jalousie ».
Quelle attitude à avoir face à une situation qui dure depuis plus de soixante ans et pourrit les relations internationales, au point qu'une troisième guerre mondiale est ouvertement envisagée, avec l'usage de l'arme nucléaire, qu'Israël possède sans que des remous se fussent manifestés dans la conscience des puissants du Nouvel Ordre mondial ?
D'aucuns, parmi les nationaux, avancent que le conflit proche-oriental ne concerne pas la France. Ce n'est certes pas l'avis de ceux qui la gouvernent, puisqu'ils se donnent corps et âme à l'un des belligérants. Du reste, le reproche fait aux pro-palestiniens d'importer les querelles des bords du Jourdain sur les rives de la Seine relève de la plus pure hypocrisie, car le crif, la LDJ, le Bétar et les « amis d'Israël » ne manquent jamais une occasion d'intervenir en faveur de leur champion. D'autres soutiennent carrément l'entité sioniste, en raison du danger islamiste qui minerait la France et ses banlieues.
Or, ces arguments sont incohérents et inefficients de notre point de vue. Non qu'il faille absolument s'attacher, en matière de politique et de guerre, à la morale. Comme nous le montrent les dirigeants occidentaux, la morale ne vaut que comme rhétorique. Pour le reste, c'est-à-dire l'action, on se comporte comme n'importe quel barbouze. Admettons qu'Israël ait le droit d'user de tous les moyens. Encore s'agit-il tout de même de préciser que, même jadis, où l'on était moins regardant, l'utilisation de la force sans entrave n'était, à la longue, pas très bien considérée. Comme le faisait remarquer Machiavel : « Il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, l'autre avec la force. La première est propre aux hommes, l'autre nous est commune avec les bêtes. » Or, il semble évident qu'Israël se fout de la loi internationale, et a fait de la force brute sa philosophie dans ses relations avec ses voisins (hormis quand il les achète).
D'un point de vue « égoïste », c'est-à-dire qui concerne les Français, et, plus largement, les Européens, nous avons tout à perdre dans une politique internationale qui appuierait le sionisme. Le problème palestinien n'est pas seulement un problème "arabe", mais il est - surtout- un problème "national", identitaire, et singulièrement celui d'un peuple qui, qu'on le veuille ou non, tente de résister à l'empire (dont Israël est le fer de lance dans la région). A ce titre, nous, Français patriotes, "identitaires" etc., nous nous devons d'être solidaires avec lui, car nous avons les mêmes ennemis qui tentent de nous déraciner.Claude Bourrinet (Voxnr, 15 novembre 2012)