Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

alain de benoist - Page 102

  • Dominique Venner, présent !...

    Nous vous signalons la parution aux éditions Les Bouquins de Synthèse nationale de Dominique Venner présent !, un recueil d'hommage à l'auteur du Coeur rebelle, réalisé sous la direction de Lionel Muresan. On y trouve des contributions de Gabriele Adinolfi, Alain de Benoist, Francis Bergeron, Renaud Camus, Guillaume Faye, Georges Feltin-Tracol, Bruno Gollnisch, François Sidos, Gilbert Sincyr, Pierre Vial et bien d'autres…

    Ce livre peut être commandé ici.

     

    Dominique Venner présent.jpg

     

    " Il ne nous appartient pas de commenter le geste ultime de Dominique Venner.

    Nous rappellerons seulement la place essentielle qui fut la sienne dans le combat nationaliste au cours des années 60. Après la fin de l'Algérie française, il fut l'un des instigateurs de deux mouvements, la Fédération des étudiants nationalistes et Europe Action, qui allaient être à l'origine d'un grand bouleversement idéologique au sein de notre famille politique, à savoir l'introduction de la dimension civilisationnelle européenne dans la doctrine nationaliste. Ses écrits, en particulier son fameux texte intitulé "Pour une critique positive", ont marqué durablement les générations militantes qui se sont succédées depuis cette époque tumultueuse. Enfin, en lançant, il y a une dizaine d'années, la Nouvelle Revue d'Histoire, Venner a probablement aussi été à l'origine de l'une des initiatives les plus intelligentes depuis bien longtemps.

    Dominique Venner a voulu donner à son acte une signification politique. Nul ne peut encore préjuger de l'impact que celui-ci aura réellement sur notre peuple. Quoi qu'il en soit, le devoir de chaque militant nationaliste est de continuer et d'amplifier le combat contre l'oligarchie mondialiste et sa politique destructrice de nos identités et de nos libertés, le combat pour que revive une France française dans une Europe européenne. C'est sans doute là le plus bel hommage que l'on puisse rendre à la mémoire de Dominique Venner.

    Voilà pourquoi nous avons décidé de publier ces quelques témoignages, à la fois sur l’homme et sur son engagements, afin de faire, à notre modeste niveau, en sorte que l’acte fatal de Dominique Venner et le message qu’il nous a laissé ne tombent pas dans l’oubli. "

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Sur la liberté d'expression...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. A cette occasion, Alain de Benoist revient sur la question de la liberté d'expression...

     

    Alain_de_Benoist 6.jpg

     

    Liberté d’expression : elle ne vaut que par ce qui la délimite

    Il ne vous aura pas échappé que sur Boulevard Voltaire, la liberté d’expression est reine. Pourtant, certains commentateurs s’indignent parfois d’y lire des articles sur lesquels ils ne sont pas d’accord ! Surpris de voir les mêmes hurler à la censure médiatique et prêts à l’exercer à leur tour ?

    Pas surpris du tout. Quand on a, comme moi,
    été toute sa vie confronté à la bêtise de droite et à la malhonnêteté de gauche, on est vacciné. Mais je plains Robert Ménard d’avoir à subir les reproches de ce genre d’olibrius. Ils appartiennent malheureusement à une espèce assez répandue. « Nous n’avons pas de curiosité après l’Évangile », disait Tertullien. Eux, ils n’ont pas de curiosité après leur petit catéchisme. Dans leur vie personnelle, ce sont souvent des gens qui ne supportent pas la contradiction. Prendre en compte des points de vue différents leur est insupportable. Ils ne veulent lire que ce avec quoi ils sont « d’accord ». Ils ne veulent apprendre que ce qu’ils savent déjà (ou qui va « dans leur sens »). Ce sont, au fond, des gens qui ont peur : ils ne veulent rien connaître des arguments adverses, parce qu’ils sont incapables de les réfuter. Ils se plaignent de la censure, mais s’ils en avaient le pouvoir, ils en instaureraient immédiatement une autre. S’ils critiquent la pensée unique, ce n’est pas en tant qu’elle est unique, mais parce que ce n’est pas la leur. J’ai beaucoup de mal à prendre ces gens-là au sérieux. Le simple fait qu’ils ne soient jamais effleurés par le doute montre à la fois qu’ils ne sont pas intelligents et que ce ne sont pas des esprits libres.

    Pour moi, qui ai passé la plus grande partie de mon existence à lire des revues et des livres avec lesquels je n’étais « pas d’accord », et qui m’en félicite, ce que j’apprécie dans cet espace de liberté qu’est Boulevard Voltaire, c’est précisément de ne pas avoir à tout y approuver, à commencer avec l’islamophobie rabique (bien distincte de la nécessaire critique de l’islamisme radical ou des délires salafistes) qui règne dans tant d’articles, et surtout de commentaires. Je déplore aussi l’attention portée à la moindre anecdote de la politique française, que je trouve si ennuyeuse (la seule politique qui compte, c’est la politique internationale). Mais quelle importance ? Même dans les âneries, on trouve à s’informer ! Boulevard Voltaire, en tout cas, cesserait de me compter parmi ses lecteurs si l’on n’y entendait plus qu’une seule voix.

    Dans les trois revues que vous avez fondées, « Nouvelle École », Éléments et Krisis, vous arrive-t-il de publier des papiers sur lesquels vous êtes en franc désaccord ?

    Bien entendu, et tout particulièrement dans Krisis, qui se définit depuis sa création comme une « revue d’idées et de débats ». J’y publie très souvent, non seulement des textes sur lesquels je suis en complet désaccord, mais aussi des tribunes libres dont les auteurs soutiennent des points de vue parfaitement opposés. Il n’y a que comme cela que l’on peut se forger librement une opinion. Dans son essai sur L’argent (1913), Péguy disait très justement qu’« une revue n’est vivante que si elle mécontente chaque fois un bon cinquième de ses abonnés ». « La justice, ajoutait-il, consiste seulement à ce que ce ne soient pas toujours les mêmes qui soient dans le cinquième. Autrement, je veux dire quand on s’applique à ne mécontenter personne, on tombe dans le système de ces énormes revues qui perdent des millions, ou en gagnent, pour ne rien dire, ou plutôt à ne rien dire. » Ce n’était pas mal vu.

    Quelles sont les limites de la liberté d’expression et, d’ailleurs, est-il opportun de vouloir lui fixer des limites ?

    Par inclination personnelle, j’aimerais qu’il n’y en ait pas, mais je crains que ce ne soit pas possible. Il en va de la liberté d’expression comme de la liberté tout court : elle ne vaut que par ce qui la délimite. La liberté absolue, la liberté hors-sol, est vide de sens. Il y a d’abord les limites imposées par la loi. Je ne suis pas spécialement légaliste, mais il me paraît évident que Boulevard Voltaire n’a pas vocation à la clandestinité ! Il y a ensuite les limites qui tiennent au passage de la libre opinion à l’imputation calomnieuse et à la diffamation. Il y a enfin les limites que chacun devrait s’imposer : pas d’injures, pas de procès d’intention, pas d’attaques ad hominem, pas de dérision systématique, pas de grossièretés ni de ricanements. Mais là, j’en demande sans doute trop…

    Aujourd’hui, on a l’impression que le débat intellectuel n’existe plus ou qu’alors, il est devenu consanguin et sans surprises… On exagère ?

    On n’exagère pas du tout. L’immense majorité des débats se déroule aujourd’hui entre des individus qui affirment partager les mêmes « valeurs ». Comme ils tendent à criminaliser les valeurs qu’ils récusent, le débat disparaît de lui-même. En général, ils ne se disputent que sur les meilleurs moyens de parvenir aux mêmes buts. Cela dit, un débat intellectuel n’exige pas seulement que des points de vue opposés soient en présence. Il faut encore que certaines règles soient observées. Que l’on ait assimilé les principes de la disputatio. Que l’on ait compris que l’art de persuader ne relève pas de la sophistique, mais de la rhétorique de l’argumentation (de l’ethos, et non pas du pathos). Que l’on ait appris à décomposer un discours en thématiques, et les thématiques en propositions. Et surtout que l’on ait admis une fois pour toutes qu’un débat n’est pas un match de boxe, à l’image de ces « débats télévisés » où l’important est de savoir qui a écrasé l’autre, qui a fait la meilleure impression et le mieux imposé son « image ». Le vrai but d’un débat, c’est de clarifier les concepts et de faire progresser le savoir. Cela demande certes de l’érudition, mais aussi un peu d’humilité. Être convaincu d’avoir raison ne doit jamais empêcher de penser que les raisons de l’autre peuvent aussi contenir une part de vérité. Ce n’est pas affaire de tolérance, mais de discernement.


    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 20 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 1 commentaire Pin it!
  • Un véritable désastre...

    Alain de Benoist, directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et éditorialiste de la revue Eléments, répond, dans un entretien diffusé le 29 août 2013, aux questions de la radio iranienne francophone, IRIB, à propos des menaces d'action militaire formulées par les États-Unis et la France contre le régime syrien.

     

    Lien permanent Catégories : Dans le monde, Décryptage, Entretiens, Géopolitique, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Un livre testament...

    Alain de Benoist a lu le dernier livre de Dominique Venner, Un samouraï d'Occident - Le bréviaire des insoumis, paru au mois de juin aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, et nous reproduisons ci-dessous la critique qu'il en a donné à Polémia

     

    Samouraï d'occident.jpg

    On ne peut aborder Le samouraï d’Occident comme on aborde d’autres livres. Quand y on lit cette phrase : « Seule la mort subie n’a pas de sens. Voulue, elle a le sens qu’on lui donne, même quand elle est sans utilité pratique », ou bien encore : « C’est ici et maintenant que se joue notre destin. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant, surtout au dernier instant. C’est en décidant soi-même, en voulant vraiment son destin, que l’on est vainqueur du néant ». En lisant cela, il est difficile de ne pas sentir ses mains trembler.

    La noblesse d’âme

    Dominique Venner a achevé d’écrire ce livre « au solstice d’hiver » 2012. Il savait à ce moment-là, et depuis longtemps, qu’il se donnerait la mort. Il s’est tué à Paris le 21 mai 2013, on sait où et de quelle façon. Son dernier livre, paru quelques semaines plus tard, est donc bien un testament. Cette mort volontaire, dont François Bousquet a pu écrire que, « longuement méditée, minutieusement préparée et sereinement accomplie », elle « porte en elle la noblesse d’âme qui a accompagné toutes les étapes de sa vie », c’est elle, évidemment, qui éclaire et donne tout son sens à son livre.

     

    Un livre à la ligne aurorale

    Le samouraï d’Occident est un livre simple, au meilleur sens de ce terme, un livre qui relève d’une « ligne claire », une ligne qu’on pourrait aussi dire matutinale ou aurorale, parce qu’elle fait apparaître des vérités. La vérité est en fin de compte toujours très simple. Les complications ne commencent que lorsqu’il faut argumenter. Dominique Venner n’était pas un intellectuel, ni même à proprement parler un théoricien. (A la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons, il n’avait d’ailleurs pas de sympathie excessive pour les intellectuels !) Son essai n’en va pas moins au fond des choses – à la chose même, c’est-à-dire à l’essentiel. On comprend pourquoi quand on lit sous la plume de cet admirateur inconditionnel des poèmes homériques – de « ces poèmes sacrés qui nous disent ce que nous étions dans notre aurore, à nuls autres pareils » – qu’ « Homère montre mais n’explique pas, ne conceptualise pas ». Telle est bien la voie empruntée par Venner. Pour exposer et faire comprendre sa conception du monde, il montre lui aussi. Il amène au regard, et par là à l’esprit, ce qui relève de la vérité de l’histoire, de la vérité de l’homme et de la vérité du monde.

    Le rapport à la nature et les modèles éthiques

    L’ouvrage, on vient de le dire, se veut l’exposé d’une conception du monde. Une conception structurée. Venner dit que « le premier principe du stoïcisme est la cohérence » (le second étant l’ « indifférence aux choses indifférentes »). Sa vision du monde est elle aussi parfaitement cohérente. Elle privilégie deux axes : le rapport à la nature et les modèles éthiques qui permettent à l’homme de donner le meilleur de lui-même. L’essentiel du livre, qui reprend la matière de plusieurs textes publiés ces dernières années en les assemblant d’une manière qui en fait précisément bien apparaître la cohérence, est consacré à ces deux thèmes.

     

    Et d’abord à la beauté de la Nature, cette Nature dont Héraclite disait qu’elle « aime à se cacher », qui fut si longtemps désacralisée et qui constitue pourtant toujours un recours. « En rupture absolue avec l’antique sagesse, écrit Venner, la raison des Modernes, chrétiens ou athées, a cherché à en finir avec l’enchantement de la Nature comme avec la perception des limites nécessaires et avec le sentiment tragique de la vie cultivé depuis Homère ». Il explique comment y revenir d’une manière qui n’est pas sans évoquer le « recours aux forêts » dont parlait Ernst Jünger dans son Traité du rebelle.

    La tenue ? « Cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre ». Venner passe en revue quelques-uns des « maîtres de la tenue » qui lui sont familiers : les héros homériques, auxquels il consacre quelques-unes de ses plus belles pages, les Vieux Romains, dont la vie s’organisait autour de la gravitas, de la virtus et de la dignitas, les stoïciens, qui « ont fait du suicide l’acte philosophique par excellence, un privilège refusé aux dieux », les samouraïs enfin.

    La couverture du livre reproduit la célèbre gravure de Dürer, Le Chevalier, la Mort et le Diable (1513). « Le solitaire Chevalier de Dürer, ironique sourire aux lèvres, continue de chevaucher, indifférent et calme. Au Diable, il n’accorde pas un regard ». Dominique Venner se sentait de toute évidence frère de ce grand insoumis qui a traversé le temps et qui nous parle encore. Cependant, lui qui pensait que les grandes civilisations constituent des « planètes différentes » n’hésite pas à se présenter aussi comme un « samouraï d’Occident », comme un adepte des préceptes du Bushido. L’un des chapitres de son livre propose d’ailleurs un « détour par le Japon, exemple de complète altérité en regard de l’Europe ».

    « Exister, c’est combattre ce qui me nie »

    « Exister, c’est combattre ce qui me nie », dit encore Dominique Venner. De l’invasion programmée de nos villes à la négation volontaire de la mémoire européenne, au fil des pages, il ne cesse en effet de s’insurger contre ce qui le nie. Il met en cause la « métaphysique de l’illimité », c’est-à-dire cette démesure (hybris) par laquelle l’homme a entrepris d’arraisonner le monde en confondant le « plus » et le « mieux ». « Si les Européens ont pu accepter si longtemps l’impensable, c’est qu’ils ont été détruits de l’intérieur par une très ancienne culture de la faute et de la soumission », écrit-il aussi, en proposant d’opposer à cette culture une éthique de l’honneur : « Je souhaite qu’à l’avenir, au clocher de mon village comme à ceux de nos cathédrales, on continue d’entendre la sonnerie apaisante des cloches. Mais je souhaite plus encore que changent les invocations entendues sous leurs voûtes. Je souhaite que l’on cesse d’implorer le pardon et la pitié pour en appeler à la vigueur, à la dignité et à l’énergie. »

    « La tradition, c’est ce qui ne passe pas et qui revient toujours »

    Dominique Venner se réclamait de la tradition, terme auquel il donnait un sens qui n’est pas le plus courant. « La tradition est la source des énergies fondatrices. Elle est l’origine. Et l’origine précède le commencement […] La tradition n’est pas le passé, mais au contraire ce qui ne passe pas et qui revient toujours sous des formes différentes ». C’est en incarnant la tradition qu’Antigone se dresse face à Créon, au nom d’une légitimité immémoriale opposée à la légalité du désordre établi. « L’insoumis est en rapport intime avec la légitimité. Il se définit contre ce qu’il perçoit comme illégitime. »

    Telle est aussi la raison pour laquelle Venner rejette toutes les fatalités historiques. Ceux qui l’ont connu savent à quel point il était étranger aux propos négatifs, aux critiques personnelles et aux ragots. Il était tout aussi étranger aux prophètes de malheur qui annoncent l’inéluctable déclin. S’il s’adresse à une Europe « entrée en dormition », c’est avec la certitude qu’elle se réveillera. Martin Heidegger a écrit que l’homme est inépuisable, en ce sens qu’il garde toujours en réserve plus qu’il ne montre : « Il y a toujours provision d’être ». Venner dit simplement : « L’histoire est le domaine de l’inattendu ». Aussi, par son geste romain, a-t-il voulu délivrer un message de protestation (« Je confesse mon dégoût pour l’imposture satisfaite des puissants et impuissants seigneurs de notre décadence »), mais aussi de fondation, c’est-à-dire tout à la fois de volonté et d’espérance – d’ « espérance argumentée et raisonnée », comme l’a écrit Bruno de Cessole.

    « La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon »

    Ce « bréviaire » n’est ni un petit catéchisme ni un livre de recettes (même si l’auteur suggère quelques conseils « pour exister et transmettre »). C’est plutôt une boussole. Et aussi une main tendue pour nous amener vers les cimes, là où l’air est plus vif, où les formes deviennent plus nettes, où les panoramas se dévoilent et les enjeux apparaissent. C’est une invitation à devenir ce que l’on est. Et c’est encore de l’œuvre d’Homère – dont les Anciens disaient qu’il était « le commencement, le milieu et la fin » – que Dominique Venner tire cette triade qui résonne comme une consigne : « La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ».

    Venu à l’histoire par l’observation critique du présent, devenu « historien méditatif » après avoir été combattant, cet homme « qui offrait un curieux mélange d’acier trempé et de velours, de froideur et d’incandescence, de raideur et d’élégance » (François Bousquet, encore) est devenu par sa mort un personnage de l’histoire de France – un « homme illustre » au sens de Plutarque. L’historien fait désormais partie de l’histoire. Lisez son testament.

    Alain de Benoist (Polémia, 11 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Livres 5 commentaires Pin it!
  • Un antiracisme sans races ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque la question du racisme et de l'antiracisme...

     

    Alain_de_Benoist 6.jpg

     

    L'antiracisme sans races, ça va être compliqué !

    Le mot « race » vient d’être officiellement supprimé des documents officiels. En finir avec le mot pour éradiquer les maux : n’est-on pas une fois encore en pleine pensée magique ? D’ailleurs, s’il n’y a pas de races, comment peut-il y avoir du racisme ? Et de l’antiracisme, au passage ?

    Rassurez-vous. Si elle affirme en effet ne plus reconnaître « l’existence d’aucune prétendue race », la République française déclare toujours qu’elle « condamne le racisme ». En fait, ce qui va être plus difficile à justifier, c’est la condamnation pour « incitation à la haine raciale », c’est-à-dire pour incitation à la haine de quelque chose qui n’existe pas. Il va aussi être plus difficile de justifier l’apologie du métissage, qui désigne désormais un mélange d’entités imaginaires, voire la promotion de la « diversité », puisqu’« il n’y a pas de diversité des races » (François Hollande, 12 mars 2012). Enfin, comme les gens s’entêtent à voir et reconnaître des « races » autour d’eux, il va falloir les persuader qu’ils sont victimes d’une illusion d’optique. Tous mes vœux à ceux qui voudront se charger de cette tâche !

    Cela dit, vous n’avez pas tort de parler de pensée magique, puisqu’on confond les mots et les choses. On pourrait aussi parler de démonologie, dans la mesure où il s’agit d’énoncer des formules rituelles et des mantras pour exorciser les “pensées mauvaises”. Mais on ne peut qu’être frappé également de la concomitance entre l’affirmation de la non-existence des races et l’offensive de l’idéologie du genre, qui raisonne à partir de prémisses identiques. La race serait comme le sexe une « construction sociale » sans réalité substantielle. D’où une même stratégie, typiquement orwellienne, de substitution lexicale : « population » au lieu de « race », « genre » au lieu de « sexe », « parent » au lieu de « père » et « mère ». L’idée sous-jacente est que lutter contre le racisme implique de nier l’existence des races, tout comme lutter contre le sexisme conduirait à nier l’existence des sexes. La réalité est évidemment qu’on peut accorder aux hommes et aux femmes les mêmes droits sans exiger d’eux qu’ils deviennent androgynes. Et qu’on n’assurera pas l’égalité par la négation de la diversité, ou par sa réduction à la mêmeté.

    Que disent d’ailleurs les scientifiques de cette notion pour le moins controversée ? Y a-t-il unanimité sur le sujet ?

    L’étude des races a beaucoup évolué depuis l’approche typologique du XIXe siècle. Dans son livre paru au Seuil en 2008, L’humanité au pluriel, Bertrand Jordan souligne que l’analyse de l’ADN permet de définir des groupes d’ascendance au sein de l’espèce humaine, que « les différences génétiques entre groupes humains existent » et qu’elles « sont ancrées dans l’histoire déjà longue de l’humanité ». Le fait est que depuis le premier séquençage du génome humain (2001), les travaux se multiplient sur les marqueurs génétiques qui identifient des appartenances de groupes. La diversité humaine n’est donc pas seulement individuelle, mais aussi collective, la prise en compte de ces pools génétiques permettant de retracer la phylogénie des populations humaines. Ce n’est évidemment pas qu’une affaire de peau, puisqu’en médecine légale on peut aussi bien identifier l’appartenance ethnique par l’examen du squelette ou celui de l’ADN. Comme l’écrivaient Nancy Huston et Michel Raymond dans Le Monde du 17 mai dernier, dire que l’espèce humaine s’est diversifiée au cours de l’évolution en populations qui possèdent des marqueurs génétique distincts est une simple constatation, qui n’implique aucun jugement de valeur. À partir de là, certains chercheurs tiennent à conserver le mot « race », d’autres non, ce qui n’a finalement pas une grande importance : le « débat sur les races » est finalement plus affaire de sémantique que de biologie moléculaire ou de génétique des populations. Vous noterez au passage qu’en 2008, Barack Obama a publié un livre intitulé De la race en Amérique. Et que les statistiques ethniques sont d’usage courant aux États-Unis.

    C’est ce qui a permis de savoir que Barack Obama n’a dû son élection qu’aux “minorités”…

    N’exagérons rien. Dans les seize élections présidentielles qui ont eu lieu aux États-Unis entre 1952 et 2012, un seul démocrate, Lyndon B. Johnson en 1964, a recueilli une majorité de votes chez les Blancs. Quant à Obama, il a séduit plus de Blancs que nombre de ses prédécesseurs démocrates. Neuf candidats démocrates, tous Blancs, ont recueilli un pourcentage de votes de l’électorat blanc inférieur à celui obtenu en 2012 par Obama
    (39 %). Jimmy Carter, par exemple, n’avait recueilli que 33 % des votes de cet électorat en 1980.

    Vous-même, qui avez écrit deux livres pour condamner le racisme (Contra el racismo et Europe, tiers monde, même combat), pouvez-vous résumer votre pensée sur la question ?

    Vaste sujet ! Le Dictionnaire historique et critique du racisme qui vient de paraître aux PUF, sous la direction de Pierre-André Taguieff, ne compte pas loin de 2000 pages… Disons pour faire bref qu’il est essentiel de bien distinguer les théories d’un côté (dont l’étude relève de l’histoire des idées), et de l’autre les comportements (dont l’étude relève de la sociologie). Les théories racistes sont celles qui, soit postulent une inégalité entre les races, soit considèrent l’appartenance de race comme facteur essentiel de l’histoire des hommes, ce qui implique la toute-puissance du déterminisme racial. Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour souscrire à ce genre de théories. Au sens des comportements, le “racisme” est une attitude de méfiance ou d’hostilité irraisonnée, souvent instinctive et spontanée, envers ceux qui appartiennent (ou qu’on croit appartenir) à une autre race. Cette méfiance ou cette hostilité n’a évidemment pas besoin d’être “théorisée” pour se manifester. Ce n’est qu’une forme parmi d’autres d’altérophobie ou d’hétérophobie, c’est-à-dire d’allergie à l’Autre-que-nous.

    J’y ajouterai une troisième forme de racisme. C’est celle qui consiste à déclarer les différences inexistantes, superficielles ou sans importance. On ne stigmatise plus l’Autre, on dit seulement que cet Autre n’existe pas, qu’il n’est en définitive que le Même. Ce racisme-là se pare souvent du masque de “l’antiracisme”. Plus pervers, il n’en est aussi que plus dangereux.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 11 août 2013)

    Lien permanent Catégories : Entretiens 0 commentaire Pin it!
  • Sur l'individualisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un court entretien donné par Alain de Benoist le 6 juin 2013 au Gruppo Opifice, groupe métapolitique de Cagliari, en Sardaigne, au cours duquel il revient sur la question de l'individualisme...

     

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 1 commentaire Pin it!