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Livres - Page 600

  • D'un protectionnisme l'autre

    Les Presses Universitaires de France publient dans leur collection Major, D'un protectionnisme l'autre - La fin de la mondialisation ? , un solide dossier sur le protectionnisme dans le monde d'aujourd'hui, coordonné par David Colle. Parmi les contributeurs figure l'économiste Jacques Sapir, un des fervents défenseur de cette politique.

     

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    "Un monde d’entreprises (Rapport Anteios 2009) avait souligné en quoi l’expression « économie de marché » tendait à faire oublier le rôle essentiel et le pouvoir des entreprises. L’expression « libre-échange» ne masque-t-elle pas la réalité moins douce d’une « mise en concurrence » ? Depuis deux siècles, le libre-échange a certes gagné du terrain, mais alors que de nombreuses théories économiques nous ont démontré ses avantages absolus sur le protectionnisme, il semble que ce dernier soit toujours « renaissant ». Le protectionnisme a-t-il ses raisons que la raison économique ne veut point reconnaître ?
    L’économique bute sur le politique, les choix sociaux et culturels de nations ou groupes de nations. Il bute aussi sur le « temps », au sens où la concurrence des biens et services et la circulation du capital sont bien plus rapides que les ajustements du capital humain et des modèles sociaux : la concurrence est plus rapide que le reclassement d’une ouvrière textile dans le secteur des nanotechnologies… ou que l’amélioration des conditions de travail dans les mines chinoises. Ainsi s’explique un protectionnisme dont les formes semblent en perpétuelle évolution et qui méritait pour cela une nouvelle définition, tant il concerne aussi les mouvements de capitaux, d’information et ceux des hommes. Ainsi s’explique un protectionnisme qu’il ne s’agit pas de défendre ou de condamner mais de comprendre…"

    Table des matières

    Introduction. — Le protectionnisme a-t-il un sens ?, par David Colle

    LE SENS HISTORIQUE DU PROTECTIONNISME
    I. Protectionnisme et avènement des nations – Le protectionnisme ou l’intérêt de nations ayant des intérêts dans le monde, par David Colle
    II. Le protectionnisme en pensée et en actes – Le protectionnisme à travers la pensée économique, par Roxana Babulescu, Hugues Poissonnier
    III. D’un protectionnisme l’autre… – L’évolution des formes de protectionnisme, par Renaud Chartoire, Jean-Pierre Noreck
    IV. Le régionalisme est-il un protectionnisme ? – Les unions régionales face au multilatéralisme, par Frédéric Teulon
    V. Le laisser-passer, source de laisser-faire – La libéralisation des services, par André de Seguin

    LE PROTECTIONNISME, CONTRESENS ÉCONOMIQUE ?
    VI. Du contresens économique au sens politique – Raison du libre-échange, raisons du protectionnisme, par David Colle
    VII. Réussite et espoirs déçus – Ouverture commerciale et développement économique, par Hugues Poissonnier
    VIII. Le vrai sens du terme – Le libre-échange ou la mise en concurrence sociale des nations, par Jacques Sapir
    IX. La mise en concurrence financière des territoires – La finance mondiale et les États, par Jacques Sapir

    LE SENS POLITIQUE DU PROTECTIONNISME
    X. Le protectionnisme, une histoire de groupes d’intérêts – Économie politique de la politique commerciale, par Xavier Enselme
    XI. Indépendance stratégique et pérennité de l’idée de nation – L’État, acteur du protectionnisme d’hier et de demain, par Patrick Lallement
    XII. Allons-nous vers une nouvelle guerre froide ? – Le protectionnisme et la guerre économique, par Frédéric Munier

    Conclusion. — Le protectionnisme entre guerre et paix, par David Colle

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  • A quoi sert l'histoire ?

    A quoi sert l'histoire ?, c'est le titre d'un essai court, percutant et polémique (dans le bon sens du terme), publié aux éditions DIE et signé par un mystérieux Hannibal, qui serait "un journaliste connu de la grande presse".

    L'histoire, selon l'auteur, peut prendre quatre formes principales. A l'histoire-connaissance (dont l'ambition est scientifique), s'oppose l'histoire-action (écrite pour servir un but politique), et à l'histoire de la tour d'ivoire (celle du spécialiste), s'oppose l'histoire du forum (celle destinée au grand public). Alors,"de quoi est faite l'histoire qui compte ? Est-ce la science ou une soupe d'images directrices qui meut l'homme Occidental" ? Pour répondre à ces questions, l'auteur s'attache "moins à la vérité qu'au mensonge, et moins au mensonge qu'à la mécanique de l'histoire-action, à la façon dont elle utilise mythes et  réalités pour en tirer un jugement." Peu importe "la réalité d'un fait, la véracité d'un récit : ce qui compte ici, c'est l'utilisation politique et morale de ce récit. Peu importe de savoir si untel a eu raison ou tort d'accuser Napoléon de crime contre l'Humanité, on [examine] à travers lui la machine à exploiter l'histoire. C'est le fonctionnement du tribunal de l'histoire qui nous importe."

    Un ouvrage à ne pas manquer, donc.

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    "De Gaulle a dit : " On ne fait pas l'histoire avec des vérités mais avec une ambition.
    " Depuis la Grèce antique deux histoires cohabitent : l'une s'efforce de ressembler à une science, l'autre est une action. C'est l'histoire-action qui remplit la tête des gens, par tous les moyens de communication. Or l'histoire juge. Elle forme notre morale, prescrit certains comportements, en proscrit d'autres. Il est donc capital de savoir qui écrit l'histoire à l'usage du peuple, et dans quel dessein.
    Le sort des Juifs pendant la seconde guerre mondiale, loin d'être un détail de l'histoire, en est devenu le coeur. Hannibal analyse ce phénomène sans complaisance. Une indispensable introduction à notre nouvelle mentalité occidentale. "
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  • Konrad Lorenz dans le fleuve du vivant (II)

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    L'oeuvre de Konrad Lorenz, qui avait été largement publiée en collection de poche dans les années 80-90, mais qui avait un peu disparu des librairies ces dernières années, semble connaître un retour en grâce, puisque qu'après Les fondements de l'étologie, publié au deuxième semestre 2009 dans la collection Champ Flammarion, L'agression doit ressortir dans la même collection au cours du premier trimestre 2010.

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    "A côté de la théorie de la relativité d'Einstein ou de la psychanalyse freudienne, l'éthologie, science neuve dont Konrad Lorenz s'est fait l'initiateur et qui étudie le comportement animal de manière comparative, fait désormais partie, quarante ans après sa naissance, de la culture occidentale. Œuvre profondément personnelle, le présent volume est une véritable "somme" de la pensée de Lorenz ; qui veut seulement en contester les résultats ne pourra l'ignorer. Dans l'introduction, Lorenz illustre à grands traits les directions du développement de l'éthologie et ses propres positions théoriques. La première partie, consacrée aux aspects méthodologiques essaie de tracer les frontières sûres de l'étude comparée du comportement et en établit les règles rigoureuses. Puis le concept de système, ou plutôt d'unité fonctionnelle indivisible révèle toute sa fécondité pour l'étude de la nature. La conclusion affronte les modifications du comportement obtenues par l'apprentissage : s'il est vain de tenter une explication à fondement unique, comme le voudraient les behaviouristes, il est indubitable que même ces "programmes ouverts" contiennent une quantité notable d'information acquise par l'espèce. Accusé d'"innéisme" excessif. Lorenz se défend avec vigueur. Il survole ici les aspects du comportement humain, mais les résultats de l'éthologie animale ont une portée si générale que la référence transparaît. L'édifice lumineux mais fragile de notre rationalité, nous avertit Lorenz, repose sur un terrain d'instincts primordiaux que nous partageons avec des créatures bien plus primitives dans l'échelle de l'évolution et avec qui nous devons compter."
    Pour découvrir l'oeuvre de Lorenz, on peut aussi lire les entretiens qu'il avait accordé à Frédéric de Towarnicki et qui voennent d'être publié en poche aux éditions Rivages.
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    "Je reste optimiste ; de petits points lumineux d'espoir commencent à briller, ici et là, beaucoup de gens commencent à prendre conscience des grands dangers de notre futur, la pollution, la surpopulation, etc. Et alors la peur est un détonateur qui déclenche le salut." (Konrad Lorenz)

    Les entretiens de Frédéric de Towarnicki avec Konrad Lorenz datent des années 1970 et 1980. Ils permettent de mieux comprendre la pensée de l'un des fondateurs de l'éthologie - la science des comportements animaux. Konrad Lorenz a reçu le Prix Nobel en 1973.

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  • Le siècle juif ?...

    A signaler le livre de l'historien américain Yuri Slezkine, Le siècle juif (La découverte, 2009), dont la thèse mérite sans doute d'être méditée...

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    "« L’Âge moderne est l’Âge des Juifs, et le XXe siècle est le Siècle des Juifs. La modernité signifie que chacun d’entre nous devient urbain, mobile, éduqué, professionnellement flexible. […] En d’autres termes, la modernité, c’est le fait que nous sommes tous devenus juifs. »
    Yuri Slezkine montre qu’il existe, dans la plupart des civilisations traditionnelles, une opposition structurale entre une majorité de paysans et guerriers « apolliniens » et une minorité de « mercuriens », « nomades fonctionnels » vulnérables et persécutés. Tout comme les Chinois d’outre-mer en Asie, les Parsis et les Jains dans le sous-continent indien, les Juifs sont les dignes descendants de Mercure, « le patron des passeurs de frontières et des intermédiaires ; le protecteur des individus qui vivent de leur agilité d’esprit, de leurs talents et de leur art » et dont le succès leur attire une jalousie parfois mortelle.
    Avec le XXe siècle, le capitalisme « ouvre les carrières aux talents », tandis que le nationalisme transforme tous les peuples en « peuple élu », convaincu de son destin singulier. Les Juifs deviennent les modernes par excellence. Et, de fait, leurs grandes « Terres promises » au XXe siècle furent bien l’Amérique capitaliste et libérale et Israël, « le plus excentrique des nationalismes ». Mais on oublie souvent que la Russie soviétique fut le grand réservoir d’utopie et de promotion sociale pour les Juifs. Mobilisant la démographie et la sociologie autant que la littérature, l’auteur montre que les Juifs jouèrent un rôle absolument central dans l’édification de l’URSS, avant que la machine stalinienne ne se retourne contre eux.
    Méditation sur le destin du peuple juif, pour lequel le XXe siècle fut tout à la fois une apothéose et une tragédie, ce livre propose une réflexion inédite et profonde sur la modernité, le nationalisme, le socialisme et le libéralisme. "
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  • Fêter Noël

    " Noël, fête de la mémoire, fête de la famille, fête du souvenir, fête de la foi et de l'espérance, a traversé siècles et millénaires sans mourir. Cela aussi, c'est un "miracle" que cette fête qui ne meurt jamais, qui renaît sans cesse, dans les époques et les lieux les plus différents, à l'image même de ce dont elle porte témoignage au coeur de l'hiver et de la nuit."

    Alain de Benoist, Fêter Noël

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    L'ouvrage sympathique et érudit d'Alain de Benoist est toujours disponible aux éditions Pardès.

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    "Noël... Chaque année, à l'approche du 25 décembre, une ambiance joyeuse règne dans tous les foyers. On installe le sapin, on le décore de guirlandes, de boules et de bougies
    Les enfants attendent avec espoir la merveilleuse visite du Père Noël, tandis que les parents, dans le plus grand secret, préparent les cadeaux. Et le soir tant espéré arrive enfin, avec ses festivités. Fêter Noël, c'est obéir à la plus vieille tradition du monde. Aussi est-ce tout naturellement que l'Église, à l'aube de notre ère, devait faire coïncider la naissance du Christ avec l'antique et païenne fête de Noël. C'est cette fabuleuse histoire qui nous est contée dans ce livre, ainsi que celle de toutes les traditions qui y sont aujourd'hui attachées. D'où vient la coutume du sapin
    Quand le Père Noël a-t-il fait sa première apparition ? Pourquoi le porc, la dinde ou l'oie sont-ils tout particulièrement à l'honneur dans les agapes nocturnes du 24 décembre ? Autant de questions auxquelle
    l'auteur nous offre des réponses pittoresques et savantes
    nous invitant par la même occasion à une passionnante redécouverte du folklore de la campagne française et des différentes régions d'Europe. Rempli d'illustrations anciennes et modernes, ce livre unique en son genre nous propose enfin de multiples suggestions pratiques, afin de nous permettre de fêter Noël dans la joie "
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  • La grâce de l'Histoire

    Philippe Grasset, l'animateur du remarquable site d'analyse De Defensa, consacré aux questions politico-stratégiques, et l'auteur des Chroniques de l'ébranlement et du Monde malade de l'Amérique, prépare la publication d'un essai de philosophie de l'histoire intitulé La grâce de l'Histoire, dont on peut lire ici l'introduction. Il explique ci-dessous son projet.

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    Philippe Grasset parle de La grâce de l’Histoire

    Au départ, le projet était limité, dans l’ampleur chronologique du sujet, autant que dans le fond et dans les ambitions d’interprétation. Il devait beaucoup à une première expérience que vous connaissez (Les Âmes de Verdun, livre et album photographique dont vous pouvez consulter les différents caractères), et à une idée générale concentrée sur la période 1919-1933 et ses rapports conceptuels avec notre crise actuelle. Cette idée générale se résumais en ceci qu’on trouvait dans cette période entre 1919 et 1933 (ces dates sont justifiées précisément dans le cours du livre) un éveil considérable et un courant d’analyse et de polémique d’exceptionnelle qualité à propos de certains caractères (machinisme, américanisme, technologisme, communication, etc.) qui sont les fondements de notre grande crise actuelle. Cette crise elle-même était perçue dans ses signes précurseurs, au point que nombre des textes publiés pendant la période pourrait l’être aujourd’hui – certains sont republiés actuellement –, faisant bien meilleure figure que ceux qu’on trouve dans le courant de l’édition, venus de nos penseurs postmodernes de la crise.

    A l’étude et à la réflexion, la chose s’est transformée, le cadre s’est élargi, l’ambition a grandi, le sujet lui-même a pris ses aises et réclamé plus d’observations, de largeur de vue, d’efforts, de considération, voire de respect pour lui-même. Ce qui apparaissait, peu à peu à découvert, s’imposait bientôt comme une immense crise affectant toute une civilisation, et l’enquête réduite aux bornes initiales s’avérait de plus en plus incomplète et, en vérité, fort étriquée. Le projet a changé. Dès que le titre fut choisi, en mars dernier, un peu comme s’il s’imposait de lui-même, le sort en était jeté… La grâce de l’Histoire exigeait que l’on allât plus loin, beaucoup plus loin. Je me suis exécuté. Il y a des mots qui ont des exigences.

    Cela explique le retard apporté à ce que nous avions primitivement prévu comme calendrier pour la mise en ligne. Il faut aussi savoir que la rédaction de l’ouvrage n’est pas terminée: fin de la sixième Partie encore à faire, septième Partie (qui est la conclusion) à écrire complètement mais dont le canevas est déjà constitué en reprenant la thèse complète de l’ouvrage, avec ses perspectives; travail conséquent de relecture à faire dans les quatrième et cinquième Parties. Le travail se poursuivra donc parallèlement à la publication, et il s’agit là, au fond, du principe même du “feuilleton” dans le sens traditionnel du genre, qui est écrit à mesure de la publication. C’est suggérer également combien il est justifié de penser qu’il y aura des modifications entre la publication en ligne et la publication en édition classique que nous projetons ensuite. Le calendrier est donc à peu près celui d’une publication tous les 20-25 jours ; la première aujourd’hui, la seconde le 10-15 janvier 2010, la troisième le 30 janvier-5 février 2010 et ainsi de suite. Mais j’espère que vous comprendrez que ce calendrier est théorique, qu’il peut être changé selon la bonne marche du travail de l’auteur.

    La veine de l’“histoire prophétique”

    Il s’agit d’un “essai métahistorique”, ou de métahistoire, ou de “philosophie de l’Histoire”. La “méthode”, si l’on veut bien passer sur ce mot, fait un grand appel à l’intuition, au moins autant qu’à l’expérience et à la connaissance, elle est très exhaustive, dans le choix des choses jugées importantes et dans la mise à l’écart des autres. Le style, qui est peu habituel pour un livre d’histoire comme on en a la coutume aujourd’hui, joue son rôle dans l’équilibre et la force recherchées du livre, s’il y a effectivement de l’une et de l’autre. La veine se réclame d’un courant très fécond dans la littérature française du passé, et qui s’est malheureusement tarie, de l’“histoire prophétique” (que je jugerais illustrée par des écrivains comme Châteaubriant, Maistre, etc.). J’ai retrouvé ce passage sur “l’historien prophétique” dans le livre de Pierre Kaufmann, L’inconscient politique (Vrin, 1988), p.36 – ce passage seul, sans les observations idéologiques qui l’accompagnent, qui ne sont pas nécessairement de ma chapelle; ce passage a l’avantage de résumer l’ambition de cette catégorie de la littérature qu’est l’“historien prophétique” :

    «26 mai 1789 : Schiller prononce à l’Université d’Iéna la leçon inaugurale de son cours d’histoire : Qu’est-ce que l’histoire universelle et pourquoi l’étudie-t-on ?, acte de foi dans le développement de la civilisation à l’échelle de l’humanité entière : l’historien de l’histoire universelle, en effet, n’est pas seulement l’historien du passé mais aussi bien et surtout l’historien prophétique de l’avenir…»

    Je le répète avec force, je ne suis pas sûr d’adhérer aux conceptions qui accompagnent cette citation mais je trouve dans cette citation l’ampleur de l’ambition dont je parle, quelle que soit l’orientation choisie et l’esprit politique qui la marque. Cette ampleur universelle, je l’espère, se retrouve dans La grâce de l’Histoire même si le sujet est volontairement réduit à quelques acteurs (principalement Allemagne, Etats-Unis, France, et aussi, moins présent, l’Angleterre). Ces acteurs suffisent à illustrer la thèse et constituent les principaux instruments de démonstration du phénomène universel que je veux décrire. Les spécificités nationales, si elles sont longuement et profondément étudiées, ne le sont qu’en fonction de leurs rapports avec le phénomène universel qui est le sujet de l’essai, et nullement par rapport aux spécificités nationales dont on voudrait faire des cas particuliers, et éventuellement des cas destinés au bûcher régulièrement rallumé pour brûler les nationalismes qui, c’est bien connu dans nos temps d’une crise universelle suscitée par un système technologique et de communication global qui nous emprisonne, semblent constituer le danger le plus pressant et le plus infâme. La paille et la poutre et la querelle sur le sexe patriotique des anges, voilà qui devrait être inscrit comme deux des spécialités olympiques phares des Jeux Olympiques réformés par postmodernisme.

    La poids de La grâce de l’Histoire

    Le point principal de La grâce de l’Histoire, que nous avons déjà mentionné ici et là, est bien que nous nous trouvons dans une “deuxième civilisation occidentale” depuis le passage du XVIIIème au XIXème siècle. C’est un point essentiel parce qu’il doit modifier nombre de nos visions et de nos conceptions, tant du passé (“première civilisation”) que du présent (“deuxième civilisation”). Cette idée de “deuxième civilisation” est venue dans le cours de la réflexion et de l’écriture, elle s’est imposée d’elle-même.

    Ma conviction est que des conditions nouvelles, ou les germes puissants de conditions entièrement nouvelles, embrassant tous les aspects de la vie économique, psychologique, culturelle et sociale, et la politique par conséquent, sont brutalement apparues dans l’espace de vingt années de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème siècle, établissant effectivement une rupture de civilisation. Trois événements sont principalement la cause ou les signes de cette rupture, et ils forment à eux trois la matrice de la “deuxième civilisation”: les deux Révolutions (l’américaine, ou américaniste, et la française) et le choix de la thermodynamique pour la production d’énergie (ce que nous résumons par l’expression de choix du feu que l’on retrouve dans le cours du texte, marquées en italique comme référence au livre d’Alain Gras publié en 2007 sous ce titre). Ce point essentiel du choix du feu, qui est le moins connu des trois événements de rupture que nous mentionnons, est une idée qui n’est pas nouvelle – signe de son importance. Notre ami Guglielmo Ferrero le mentionnait ainsi, en 1924 (dans la fameuse période 1919-1933), dans son Dialogue aux sourds:

    «C’est le culte du Feu, du vieux Dieu Agni, qui renaît, déguisé, dans le rationalisme dominant de plus en plus toutes les formes de l’activité humaine; la grande industrie, les machines de métal mues par la vapeur ou l’électricité; la civilisation quantitative, à grande production, qui remplace les anciennes civilisations qualitatives.»

    Mais l’hypothèse va plus loin, ou plus haut. L'idée de cette “deuxième civilisation” ainsi détaillée nimbe toute l’approche du thème ainsi choisi. Elle concerne l’Histoire dans le sens le plus haut qu’on peut donner au mot. C’est l’essentiel du propos et je ne sais encore sous quelle forme il sera précisé, et comment l’esprit en sera présenté; il formera une part importante du point de vue du sens fondamental de l’ouvrage, dans sa conclusion. C’est le mystère, ou le Mystère on verra, de La grâce de l’Histoire qui n’est pas encore achevée, à l’heure et au jour où ces lignes paraissent.

    Je m’adresse aux lecteurs de defensa.org, qui savent certes dans quelles conditions ce livre est lancé et qui souscrivent à l’esprit de ce projet. Ils ont un rôle à jouer, directement et même indirectement, en y souscrivant et en répandant le bruit de sa publication. Nous ne comptons pas trop sur les ci-devant, encore sur le devant de la scène, faisant fonction de critiques officiels de genre de la littérature historique, pour s’emparer de la chose. Ils ont d’autres chats à caresser dans le sens du poil.

     

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