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  • Le cercle doré...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de Paul Fortune, cueilli sur son blog et consacré à l'affaire du producteur Harvey Weinstein qui secoue Hollywood et le monde du cinéma... On doit à Paul Fortune un excellent récit intitulé Poids lourd.

     

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    Le cercle doré

    Harvey Weinstein semble être la preuve qu’il faut juger les gens sur leur physique. Laid et obèse, le regard torve et libidineux,  on ne peut l’imaginer autrement qu’en prédateur sexuel au contact gluant et à l’odeur insupportable. Ce genre de type me dégoûte aussi bien physiquement que moralement, mais en faire un horrible violeur me rappelle surtout le proverbial chien qu’on accuse de la rage pour le tuer, et il me semble qu’il y a une différence entre coucher avec cette limace à force de pression et se faire violer par une quinzaine de migrants dans un local à poubelles. Hollywood n’est pas Rotherham, loin s’en faut.

    Ne soyons pas naïfs. Quand un homme aussi puissant que Weinstein est la cible d’accusations de ce genre, c’est que d’autres puissants ont tout intérêt à ce qu’il en soit ainsi. Ce genre d’affaire ne fait surface que parce que certains le veulent bien. Weinstein ne doit pas manquer d’ennemis, c’est le lot de tous les puissants, et il n’est certainement pas arrivé là où il est sans marcher sur quelques pieds, pour dire le moins. Il avait perdu de sa superbe ces derniers temps, les affaires allaient moins bien, il commençait à être physiquement diminué. Il était vulnérable et ses ennemis ont saisit l’opportunité de lui envoyer le coup de grâce. Qui sont-ils ? Ont-ils agit par intérêt ou par pur désir de vengeance pour des turpitudes passées ? Nous l’ignorons. Lorsqu’un homme au sommet de sa puissance est attaqué de la sorte, tout se règle avec un gros chèque, en toute discrétion. Et si l’actrice qui l’accuse de viol persiste, elle finit généralement dans un accident de voiture après avoir absorbé un cocktail d’alcool et de médicament. Mais si le nabab est en perte de vitesse, alors tout peut s’enchaîner très vite car ses ennemis ne le lâcheront plus.

    Tout le monde savait. Exactement comme pour DSK. Exactement comme pour Baupin. Exactement comme pour tant d’autres, hier ou demain. Mais bizarrement tout le monde se met à parler d’un coup. Pourtant, ce que toutes ces actrices ne disent pas, c’est qu’elles ont acquis fortune et gloire grâce au système qui cautionne ce genre d’agissement. En vérité, elles ont payé leur ticket d’entrée dans le cercle doré en toute connaissance de cause. Quel métier peut vous apporter du jour au lendemain, avant l’âge de 30 ans, fortune et gloire ? Sportif professionnel, musicien ou acteur. À moins d’être héritier ou entrepreneur de génie, personne d’autre ne peut arriver si haut si vite. Les places sont peu nombreuses et très lucratives. Le prix du ticket d’entré pour le cercle doré est donc très élevé. Depuis que le monde est monde, c’est ainsi que les choses fonctionnent. Peu importe que cela soit bien ou mal, moral ou immoral. L’accès au cercle doré coûte cher, tellement cher que toutes ces actrices n’assument jamais totalement le prix qu’elles ont dû payer. Mais sur le moment, elles ont fait le choix de la gloire et de la fortune plutôt que celui de l’anonymat et des jobs de serveuse pour joindre les deux bouts entre deux castings minables. Je ne juge pas leur choix, je juge leur hypocrisie. Je ne dis pas que leur choix a été facile, je ne nie pas les contraintes et pressions dont elles ont pu faire l’objet, je comprends parfaitement qu’un homme de pouvoir comme Weinstein a abusé de leur faiblesse. Mais elles pouvaient refuser de monter dans sa chambre d’hôtel. Cela aurait signifié la fin de leur carrière. Terminé les admirateurs, les grandes maisons, la nuée de courtisans et d’assistants de toutes sortes. Fini le confort, l’adulation. Elles ont préféré payer le prix de la chair. Sans joie, avec honte et dégoût peut-être. Mais personne ne me fera croire qu’elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient. Quand on veut faire son chemin à Hollywood, on sait où on met les pieds. Weinstein n’est pas un type bien. Mais si on veut fréquenter des gens biens, on ne va pas à Hollywood.

    Il y aura d’autres Weinstein. Parce qu’il y aura toujours des gens qui voudront désespérément entrer dans le cercle doré. Celles qui accusent Weinstein auront-elles le courage de jeter dans la balance tout ce qu’elles ont gagné grâce à lui ?

    Paul Fortune (Blog de Paul Fortune, 15 octobre 2017)

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  • Les guerriers dans la rizière...

    Les éditions Flammarion viennent de publier un essai historique de Pierre-François Souyri intitulé Les guerriers dans la rizière - La grande épopée des Samouraïs. Professeur à l'université de Genève, Pierre Souyri fait partie des meilleurs spécialistes européens de l'histoire du Japon et a récemment publié Kamikazes (Flammarion, 2015) et Moderne sans être occidental (Gallimard, 2016).

     

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    " Que savons-nous vraiment des samouraïs, ces guerriers si chers à nos imaginaires occidentaux ? L'historien Pierre-François Souyri, fin connaisseur du Japon où il a longtemps vécu, raconte leur longue histoire, enrichie ici de récits anciens qui ont nourri leur geste. La légende de ces terribles guerriers, où un sens aigu de l'honneur le dispute souvent aux plus viles trahisons, n'y est jamais démentie. Pourtant, les samouraïs furent bien plus que de simples combattants aux mœurs exotiques. Ils ont évolué tout au long du millénaire que dura leur histoire et se sont adaptés aux réalités de leur temps. S'ils furent, lors des guerres médiévales, capables de la plus extrême violence, y compris envers eux-mêmes, ils s'imposèrent, dans les siècles qui suivirent, en administrateurs avisés, en hommes lettrés, pénétrés de poésie et de spiritualité, amateurs d'art, de thé ou de théâtre. Car – et ce n'est pas un paradoxe, mais la belle découverte de cet ouvrage –, si certains d'entre eux ne voulurent jamais rompre avec un passé révolu, nombre de samouraïs surent se porter aux avant-gardes politiques et intellectuelles, façonnant ainsi le Japon que nous connaissons aujourd'hui… "

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  • Macron, le contre-populiste...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la notion de post-vérité... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif »

    Il est évidemment un peu tôt pour juger l’action d’Emmanuel Macron. Il semble pourtant déployer un peu plus d’habileté politique que ses deux prédécesseurs. Mais est-ce vraiment un exploit ?

    J’avais inventé, il y a quelques années, l’expression de « pensée unique », qui est aujourd’hui reprise partout. Ayant écrit, dès 1977, qu’il fallait penser simultanément ce qu’on avait pensé jusque-là contradictoirement, ce n’est pas moi qui pourrais être choqué par le « en même temps » cher à Macron. Mais encore faut-il savoir ce que recouvre cette expression.

    Au lendemain de primaires qui se sont révélées désastreuses à droite comme à gauche, mais qui ont très bien fonctionné comme révélateur de la crise des partis, Macron a été le seul à faire primer la logique électorale sur la logique « identitaire » parce qu’il était le seul à n’être sûr ni de perdre (comme Hamon) ni de gagner (comme Fillon). C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec, au premier tour, moins d’un quart des suffrages exprimés. Dans une démocratie devenue liquide, sinon gazeuse, il a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux grands partis ne mettait plus en scène que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul.

    Macron est avant tout un contre-populiste. Il reprend à son compte le nouveau clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les bourgeoisies libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante).

    Contrairement à l’hyper-Président Sarkozy et à l’hypo-Président François Hollande, Macron est un homme difficile à cerner. Il a un ego hypertrophié et un tempérament autoritaire, un mental d’adolescent cynique qui rêverait d’un bonapartisme moderniste et libéral. Mais il n’est pas Napoléon, et l’on ignore comment il se comporterait en situation d’urgence. Pour l’instant, il communique plus qu’il ne règne. Il fait des déclarations contradictoires (certaines ne sont pas mauvaises) dans l’espoir de séduire chacun, mais en prenant le risque de décevoir tout le monde. Il ne supporte pas qu’on lui résiste, il n’aime pas les corps intermédiaires, il est insensible aux aspirations populaires, il n’a rien à dire à la France qui va mal. Tout cela n’est pas de bon augure.

    Pour quelles raisons, exactement ?

    Parce que nous assistons à une autre révolution, sociologique celle-là : c’est la disparition progressive de ces classes moyennes qui n’avaient cessé de grossir à l’époque du compromis fordiste, quand la richesse accumulée en haut de la pyramide sociale finissait par redescendre vers le bas. Aujourd’hui, la pyramide a été remplacée par un sablier : les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, et les classes moyennes sont en voie de déclassement et de paupérisation. C’est ce qu’observe depuis longtemps Christophe Guilluy : « Le grand sujet caché depuis trente ans, c’est la disparition de la classe moyenne au sens large […] Ce qui explose, c’est la classe moyenne occidentale qui n’est plus intégrée au modèle économique mondialisé […] La loi Travail n’est que la suite d’une longue succession de mesures qui ne visent qu’à dépouiller une classe moyenne qui ne sert plus à rien. »

     

    La nouvelle structuration de l’électorat est le reflet de cette dynamique économique et sociale. Le vote Macron en est l’illustration parfaite : il a obtenu ses meilleurs résultats dans les grandes villes mondialisées, à commencer par Paris, où il a aussi bien gagné les suffrages des bobos et des libéraux de gauche que de la bourgeoisie de droite (y compris celle de la Manif pour tous). De même, les électeurs parisiens de Mélenchon se sont en quasi-totalité rabattus sur Macron au second tour, alors qu’ailleurs beaucoup ont préféré s’abstenir (39 %) ou, plus rarement, voter pour Marine Le Pen (14 %). Les retraités, eux aussi, ont massivement voté pour lui – avant de découvrir qu’ils étaient les grands perdants de sa nouvelle politique fiscale…

    Après les ouvriers, les employés et les commerçants, les professions intermédiaires et bientôt les retraités : les classes moyennes sont appelées à rejoindre les classes populaires face à un « monde d’en haut » qui se trouve de plus en plus dans une position de domination de classe, car il a définitivement renoncé à prendre en charge « ceux d’en bas ». C’est aussi pourquoi l’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif. D’autant qu’en période d’insécurité et d’attentats, tout le monde se radicalise.

    L’avenir de La France insoumise ?

    Avec 19,6 % des voix au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a réalisé le meilleur score d’un candidat « de gauche » à la présidentielle depuis Georges Marchais en 1981. Par rapport au FN, La France insoumise est beaucoup plus interclassiste et moins populaire. Elle touche bien moins d’ouvriers et d’employés que le Front national (25 et 24 % des voix contre 39 et 30 %), mais beaucoup plus de diplômés des couches moyennes et supérieures (26 % contre 17 %). Elle est aujourd’hui passée en tête chez les jeunes, et réalise des scores deux fois supérieurs à sa moyenne nationale dans la population d’origine immigrée.

    La France insoumise a certainement de l’avenir. Pour l’heure, elle tire un grand bénéfice d’être une force nouvelle. Elle a vampirisé le PS et traite par le mépris les derniers restes du PC. Elle profite de la crise du FN pour se poser comme la seule force d’opposition au macronisme. La grande question, à moyen terme, est de savoir si elle pourra à elle seule occuper l’espace ouvert à gauche par la formation du bloc macronien. Difficile d’en dire plus pour l’instant.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 octobre 2017)

     

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  • Tour d'horizon... (133)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur la lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Eric Branca sur la guerre de l'information menée par les États-Unis contre de Gaulle...

    La guerre secrète de Washington contre de Gaulle, cas d'école du soft power américain

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    - sur Theatrum Belli, on peut découvrir un texte de Régis Boyer, grand spécialiste de la civilisation scandinave récemment décédé, consacré à la figure du Destin dans le monde nordique...

    Le guerrier nordico-germanique face au Destin

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  • Feu sur la désinformation... (157)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Cohen contre Zemmour entre censure et mépris.
      Zemmour et Naulleau, invités de « C à vous » sur France 5. Pendant 25 minutes, Anne Elisabeth Lemoine, comme Patrick Cohen, ont tout fait pour isoler et blâmer Eric Zemmour. Deux visions du journalisme se sont affrontées : la liberté d’expression d’un côté et la censure au service du politiquement correct de l’autre.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Individualisme poussé à l’extrême... Dimanche 8 octobre, dans l’émission Salut les terriens, le youtubeur Jeremstar a annoncé qu’il allait se marier avec… Lui-même : « Je pense que finalement je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi extraordinaire que moi-même ». La blague est d’autant plus gênante que le narcissique Jeremstar s’est mis en scène en essayant des robes de mariée.

    • 3 : Dove victime de l’hystérie « antiraciste »
      Une publicité pour le savon Dove s'attire les foudres du politiquement correct. Un photomontage enflamme Twitter, les médias suivent en dénonçant une publicité raciste... Une femme de couleur se transformerait en femme blanche sous l’effet du gel douche. Mais la publicité a été volontairement tronquée pour y voir un message haineux et les médias sont tombés dans le panneau de l’hystérie « antiraciste ».
    • 4 : Les tweets de la semaine
      Bertrand Cantat en Une des Inrocks, L'ancien membre du groupe Noir Désir revient sur la scène médiatique et fait la couverture du journal bobo. Le chanteur y fait la promotion de son nouvel album dans lequel il vante l’immigration de masse et l’accueil des clandestins. Une leçon de morale difficile à entendre venant de l’homme qui a massacré à coup de poings sa compagne Marie Trintignant.
    • 5 : Attentat de Marseille : Opération diversion, le préfet limogé
      Attaque terroriste à Marseille par un clandestin tunisien délinquant. Le gouvernement fait croire à des dysfonctionnements administratifs. Une version reprise en cœur par les journalistes qui n’ont pas pris la peine de lire le rapport de l'Inspection Générale de l'Administration. La paresse journalistique au service de la communication gouvernementale.

                               

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  • Essais sur le mythe...

    Les éditions Allia viennent de publier un recueil de textes de Walter F. Otto intitulés Essais sur le mythe. Philosophe et historien des religions Walter F. Otto est notamment l’auteur de deux livres importants, traduits en français : Les Dieux de la Grèce et Dionysos, le mythe et le culte.

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    Dans les temps archaïques, lorsque le mythe n’était pas seulement le battement d’ailes d’un rêve, et ne provoquait pas seulement un bref séisme au fond de l’âme humaine, comme si le monde lui-même s’était soudain déclaré ; lorsqu’il parut dans toute sa violence irrésistible, telle une colonne de feu projetant ses lueurs à l’horizon, alors les peuples allèrent à sa rencontre par des actes cultuels dont le sens originel nous est devenu à vrai dire aussi obscur que le sens propre du mythe. »
     
    Cronos dévorant ses enfants, Athéna sortie de la tête de Zeus ou Persée tranchant la tête de Méduse... Aujourd'hui encore, la sauvagerie des mythes nous frappe alors même que leur invraisemblance nous maintient à distance. Là est la nature ambivalente du mythe, qui a perdu sa capacité de persuasion sans perdre de sa puissance visionnaire. Le mythe gît dans l’ombre quand la raison se déploie dans la lumière, comme le jour cède à la nuit, comme une part cachée de nous-mêmes.
    Dans cet ensemble de quatre essais complémentaires (La percée jusqu'au mythe antique au XIXe siècle ; Mythe et parole ; Le mythe ; La langue comme mythe), parus entre 1934 et 1959, Walter F. Otto nous montre combien les représentations et les impulsions qui nous habitent s’accordent secrètement avec le mythe. Loin d'être un récit primitif, il est aux origines mêmes de toute création : civilisation, langue, art et poésie."
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