Vous pouvez visionner ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 11 septembre 2012 et consacrée à la polémique entre Libération et Bernard Arnault...
"La Chronique d'Eric Zemmour" : Arnault vs Libé... par rtl-fr
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Vous pouvez visionner ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 11 septembre 2012 et consacrée à la polémique entre Libération et Bernard Arnault...
"La Chronique d'Eric Zemmour" : Arnault vs Libé... par rtl-fr
Les éditions Perrin publient dans leur collection de poche Tempus un excellent petit livre de Laurent Henninger et Thierry Widemann intitulé Comprendre la guerre - Histoire et notions. Les deux auteurs, spécialistes de l'histoire militaire, sont chercheurs à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire et ont collaboré au Dictionnaire de stratégie (Puf, 2000), édité sous la direction de Thierry de Montbrial et de Jean Klein.
"Manuel d'initiation à l'histoire militaire et à la pensée stratégique, ce livre a pour ambition de donner les clés de compréhension du fait guerrier.
De la définition de la tactique ou de la guerre juste à des réflexions sur le mercenariat ou la dissuasion nucléaire, la guerre est ici évoquée sous ses différentes formes (de la bataille rangée au terrorisme) et dans l'essentiel de ses aspects politiques, sociaux et psychologiques.
A travers l'explication de cinquante notions, toujours enrichie d'exemples historiques, les auteurs décryptent les grandes questions de défense et éclairent la geste guerrière."
Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de François Bousquet, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré à l'affaire "Richard Millet"...
Qui veut lyncher les dissidents ?
Qui l’eût cru ? Vingt ans après la chute de l’Union soviétique, des dissidents réapparaissent… Mais cette fois à l’Ouest, où de nouveaux censeurs prétendent leur interdire de s’exprimer. Visés en cette rentrée : Richard Millet et Renaud Camus, deux des plus grands écrivains français.
« Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer », disait Voltaire. Heureuse époque que celle de l’auteur du Traité sur la tolérance, car aujourd’hui il ne suffit pas de combattre les idées des autres, encore faut-il les faire interdire. L’écrivain Richard Millet vient d’en faire l’expérience, lui qui a fait paraître, coup sur coup, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux, deux essais à rebours de la pensée dominante (De l’antiracisme comme terreur littéraire et Langue fantôme) et un récit qui ne l’est pas moins, puisqu’il y est question de la grande mosquée qui se dresse désormais à Rotterdam : Intérieur avec deux femmes. Quel crime a-t-il commis ? Il a consacré à la fin de Langue fantôme, magnifique méditation sur la paupérisation de la langue, une vingtaine de pages au tueur d’Oslo, intitulée de façon délibérément provocante Éloge littéraire d’Anders Breivik.
Millet a beau condamner catégoriquement (comment imaginer qu’il en soit autrement ? ) le geste de Breivik, voir en lui « le symptôme monstrueux de la décadence et de la perte de sens de l’Europe », les professionnels de l’indignation se sont empressés de le transformer en avocat de la “cause” du Norvégien et de réclamer sa “peau”.
Ce qu’ils ne lui pardonnent pas ? S’être attaqué sans détour ni artifice aux méfaits du multiculturalisme. Symptôme, Breivik est aussi prétexte. Mais plutôt que d’affronter Millet sur le terrain du débat, ils ont choisi de le lyncher, médiatiquement s’entend, opération menée en meute, car on ne se livre jamais seul à cette sorte de chasse à l’homme, qui, bien conduite, doit s’achever par la mise à mort du “coupable” (fût-elle symbolique).
Dans les Démons, Dostoïevski consacre des pages extraordinaires au sujet. « Partant d’une liberté illimitée, je conclus à un despotisme illimité », dit même l’un des personnages. On ne saurait mieux définir la conception à géométrie variable que les gardiens de la pensée unique se font de la liberté d’expression.
Mais Millet n’en a que faire. Il ne se contente pas d’écrire divinement bien, il fait preuve de cette chose naguère très répandue, mais qui, de nos jours, se fait aussi rare dans les rues que les voitures à cheval : le courage, comme les dissidents soviétiques en leur temps. Peut être s’est-il d’ailleurs souvenu du célèbre discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne à Harvard, en 1978, où l’auteur de l’Archipel du goulag fustigea ce qu’il appela « le déclin du courage », à ses yeux « le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui ». On ne parlait pas encore de politiquement correct et la dissidence était réservée aux grandes voix qui, de l’autre côté du Mur, s’élevaient contre le Moloch totalitaire. Le communisme est mort à l’Est, mais il a été remplacé à l’Ouest par l’antiracisme, dont Alain Finkielkraut a dit qu’il était « le communisme du XXIe siècle ».
Le philosophe voulait dire par là que l’antiracisme est devenu une idéologie de substitution au marxisme : la continuation du trotskisme par d’autres moyens – construire une société sans discrimination ni frontière, dans laquelle l’homme serait un agneau pour l’homme. Un vrai conte de fées. La Fontaine se serait contenté d’en tirer une fable. D’autres en ont fait une religion : l’« antiracisme dogmatique », selon l’expression de Léon Poliakov, le meilleur spécialiste du sujet.
Cette religion a tellement été intériorisée qu’elle fonctionne sous le régime du consentement et de l’unanimité. Malheur aux réfractaires, dont l’irremplaçable Éric Zemmour. Cela fait quelque temps que le chroniqueur à RTL, au Figaro Magazine et au Spectacle du monde n’est plus seul. Mais le voici aujourd’hui rejoint par ce qui se fait de mieux en France, littérairement parlant : Richard Millet et Renaud Camus, devenus en l’espace de quelques semaines “ceux que la gauche adore détester”, un peu comme dans les “deux minutes de la haine”, rituel quotidien du célèbre roman de George Orwell, 1984, durant lequel la population est invitée à déverser sa haine pendant quelques minutes contre les “ennemis du Parti”.
Car pour avoir appelé à voter Marine Le Pen à la dernière présidentielle, Renaud Camus (qui n’a rien à voir avec Albert Camus) a lui aussi été pareillement lynché. Ses éditeurs, les maisons P.O.L et Fayard, ont dans la foulée rompu les contrats qui les liaient à lui. Jérôme Garcin, directeur des pages culturelles du Nouvel Obs et producteur du Masque et la Plume, s’est alors fendu d’un billet rédigé dans un langage de charretier, s’achevant par un très élégant : « Il serait temps aussi qu’il fermât sa gueule » !
Rien ne prédisposait pourtant Millet et Camus à devenir des dissidents. Éditeur attitré de deux prix Goncourt (les Bienveillantes, de Jonathan Littell, et l’Art français de la guerre, d’Alexis Jenni), Millet est membre à part entière du très prestigieux comité de lecture des éditions Gallimard. Quant à Camus, longtemps proche des avant-gardes, ami de Roland Barthes et d’Aragon, il n’a jamais fait mystère de son homosexualité. Bref, rien de commun avec les présumés nervis et autres crânes rasés, moitié hooligans, moitié psychopathes, que la gauche s’acharne à ressusciter, comme le Golem de Prague, histoire de s’offrir des frissons à bon compte.
Chacun d’eux est entré en dissidence selon son tempérament. Millet de façon tonitruante, avec la vigueur d’un polémiste redoutable. Camus avec la politesse exquise d’un homme de l’Ancien Régime. Ils auraient pu poursuivre l’écriture d’une oeuvre exigeante, loin de l’agitation médiatique, mais ils ont choisi de dire la vérité, suivant en cela l’exhortation de Péguy : « Qui ne gueule pas la vérité, quand il la sait, se fait complice des menteurs et des faussaires ! » Qu’est-ce que la vérité, chipoteront les sceptiques, en souvenir d’un célèbre procurateur de Judée mort il y a deux mille ans ? Pour qui veut la connaître, rien de plus simple, selon Millet : il suffit pour cela d’emprunter le RER à Châtelet-Les Halles le soir. Une expérience somme toute ordinaire.
Scandale ! Et le Monde, sous la plume de Raphaëlle Rérolle, de réclamer à mots couverts, sur le ton “feutré de l’édition”, son limogeage des éditions Gallimard. Du temps de l’affaire Kravtchenko et des procès de Moscou, cela s’appelait une “purge”.
C’est dans ce contexte que le titre de l’un des trois livres de Millet prend tout son sens : De l’antiracisme comme terreur littéraire.
Petit florilège. Sylvain Bourmeau (directeur adjoint de Libération) à propos de Millet : « Je me demande une nouvelle fois comment Gallimard peut accepter de publier ça. » Jérôme Garcin, à propos de Camus : « On se demande pourquoi un éditeur publie ça. » Notez bien le “ça”, sur lequel Freud et Lacan auraient eu beaucoup à dire. Plus prudente, Raphaëlle Rérolle attend le retour de vacances d’Antoine Gallimard, le patron de Millet, pour savoir ce qu’il en fera. Une logique inquisitoriale qui renoue bel et bien avec les défuntes pratiques soviétiques, en démasquant chez l’un une “xénophobie apocalyptique” et chez l’autre un “laborieux taxidermiste de la langue”. Il ne manque plus que l’inoxydable “hyène dactylographe” des années Jdanov !
D’hier à aujourd’hui, la répression a changé de nature. On n’envoie plus les gens au goulag, mais comme le remarque Millet, on leur fait subir « l’opprobre ». Tout ce qui touche, de près ou de loin, à la critique du multiculturalisme est soigneusement prohibé. On en parle comme Tartuffe parlait de la poitrine de Dorine : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. […] cela fait venir de coupables pensées. » Immortel Molière, qui aurait droit à la même cabale des dévots.
L’un des plus grands spécialistes de l’URSS, Martin Malia, cité par Renaud Camus dans le premier numéro des Cahiers de l’Innocence (éditions David Reinharc, 2012) qui met à l’honneur la dissidence, disait du marxisme-léninisme qu’il n’est pas une attaque contre les abus du capitalisme, mais contre la réalité. Tentative condamnée sur le long terme, « mais qui sur une certaine période réussit à créer un monde surréel défini par ce paradoxe : l’inefficacité, la pénurie et la violence y sont présentées comme le souverain bien ». Il y a un peu de cette analyse dans le dernier livre d’Élisabeth Lévy, la Gauche contre le réel. Ou comment le “déni de réel” s’est métamorphosé en “délit de réel”. Car il ne suffit plus d’escamoter la réalité, encore faut-il la rendre illégale, à Moscou comme à Paris.
Or, pour appréhender le réel, rien ne vaut le langage de la vérité, et pour cela, revenir aux dénominations exactes, comme nous y invitait sagement Confucius, à quoi s’emploient Millet et Camus, au grand scandale des nouveaux dévots qui ont peur de la pseudo-réalité qu’ils ont créée et dont ils ne savent si elle sera multiraciale ou multiraciste, sinon probablement les deux. Tout, donc, plutôt que la vérité. D’où le règne actuel du non-dit, de la dénégation ou encore de l’antiphrase (la grande figure de style des univers totalitaires décrits par George Orwell) : le blanc, c’est le noir ; la liberté, c’est la censure. C’est ainsi que l’on a créé cette novlangue de l’antiracisme – l’espéranto de la mondialisation – qui rappelle à s’y méprendre la langue de bois soviétique et que Millet et Camus déconstruisent brillamment. Ce qui leur vaut les foudres de la police de la pensée – pour un temps seulement. Car comme le dit Martin Malia, ce « monde surréel » ne peut pas durer. Les dissidents le savaient, qui, du fond de leur nuit, se répétaient, à l’instar d’une prière, le mot de Mikhaïl Boulgakov dans son grand roman le Maître et Marguerite : « Les manuscrits ne brûlent pas. » Surtout quand les éditeurs sont courageux !
Répondant aux inquisiteurs qui le sommaient de licencier Richard Millet, Antoine Gallimard leur a opposé une fin de recevoir sans équivoque : « Millet a toujours été un lecteur éditeur de qualité, attentif, et n’a jamais failli à son professionnalisme, ni fait jouer ses convictions idéologiques dans ses recommandations littéraires », déclarait-il le 31 août à l’Express. Avant de préciser que s’il ne partageait pas les convictions de Millet, il lui reconnaissait le droit de les exprimer. Voltaire, heureusement, a toujours des disciples.
François Bousquet ( Valeurs actuelles, 6 septembre 2012)
Les éditions du Rubicon viennent de publier Casapound - Une terrible beauté est née, un ouvrage d'Adriano Scianca, préfacé par Gabriele Adinolfi, l'auteur de Pensées corsaires (Editions du Lore, 2008) et un des inspirateurs de cette aventure. Un ouvrage passionnant, et doté d'un superbe cahier photographique, qui permet de découvrir Casapound, ce réseau radical italien qui investit tous les champs d'activité : de la politique à l'aide humanitaire, du sport au syndicalisme, de l'aide sociale aux conférences, au cinéma ou à la musique...
L'ouvrage est disponible à la Librairie Facta (sur place ou sur commande).
"CasaPound ? CasaPound !Depuis quelques années déjà, les actions et les prises de positions de l’organisation politique italienne nourrissent les discussions de la mouvance nationaliste, patriote et identitaire française. Beaucoup tentent de comprendre le succès et l’attraction de CasaPound. Résolument novatrice, insolente et avant-guardiste, CasaPound étonne, questionne, intrigue, irrite, séduit.
Centre social, structure politique, révolte de la jeunesse, réseau de solidarité active, syndicat, mouvement artistique, sportif et culturel… CasaPound Italia est à la fois tout cela et bien plus. Mais surtout CasaPound vit et vit intensément.
Au confluent du mouvement, du lobby, de la contre-société et de l’Ordre, tel un organisme en constante évolution, CasaPound Italia fait germer une nouvelle forme de militance, une forme profondément positive, une forme conquérante. Enracinée sur des principes intangibles, CasaPound a su se libérer des carcans réactionnaires réducteurs et sclérosants du « milieu », opérant par là une rupture salvatrice et créatrice, un dépassement vitaliste, affirmatif. Cette forme, nous l’appréhendons mais souvent sans comprendre ce qui structure CasaPound. Il manquait à nos débats un outil de compréhension de l’essence du phénomène. C’est justement à cette tâche qu’Adriano Scianca s’est attelé en écrivant Riprendersi tutto (Tout se réapproprier, nom de l’ouvrage en italien).Journaliste, diplômé en philosophie, à 32 ans, Adriano est surtout un militant qui participe depuis ses débuts à l’aventure de CasaPound. Il en est d’ailleurs aujourd’hui le responsable culturel. Son travail d’écriture nous propose, sous la forme d’un abécédaire clair et didactique, une plongée philosophique et esthétique dans l’identité profonde de CasaPound : Action, Fascisme, Identité, Style, Nature, Femme… constituent quelques-unes des entrées de ce manifeste passionnant croisant vision du monde et données applicatives.
Cet ouvrage fondamental – tant par l’éclairage qu’il procure sur la méthode que par l’esprit de conquête qu’il véhicule – se devait d’être traduit pour tous ceux qui, en France, souhaitent nourrir leur réflexion et leur action aux sources de la révolution organique que porte CasaPound"
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux informations relatives à la volonté de Bernard Arnault d'acquérir la nationalité belge, manifestement pour échapper à l'impôt en France...
Bernart Arnault, Poutine et l'Etat
L’argent n’a ni patrie, ni odeur. En annonçant qu’il allait requérir la nationalité belge, Bernard Arnault semble confirmer cet adage, qui n’est pas sans fondement. Déjà, sous la Restauration, Stendhal dénonçait les banquiers, légitimistes ou républicains, qui finançaient la flotte d’Ali Pacha destinée à écraser l’insurrection grecque. Notre histoire donnerait maints occurrences de ces dérives antinationales ou antipopulaires d’une ploutocratie qui suit la logique du profit, d’autant mieux qu’il est particulièrement ardu de voir clair dans des stratégies financières qui demandent les vertus d’opacité, de roublardise, et d’entourloupe qui ne sont pas à la portée du premier perdreau, surtout s’il s’agit de vol de haute stratosphère, comme il s’avère avec le sieur Arnault, qui n’est pas devenu la quatrième fortune du monde, et la première d’Europe, pour rien. Si l’on prend la peine de lire sur Wikipedia l’épopée affairiste de cet artiste du fric, on a vite le tourni. Le monde de l’agent est une véritable usine à gaz, et il faut vraiment avoir le goût et le courage de s’y perdre pour s’y reconnaître.
Quoi qu’il en soit, tout puissant soit-il, et tout en lui consentant un grand talent, Bernard Arnault renferme des petitesses, voire des mesquineries, assez insolites pour qui a l’habitude de penser à l’échelle planétaire. On veut bien croire que désirer devenir belge, ce qui, en soi, ne constitue pas une honte, pour échapper à l’impôt, ou permettre, via Monaco, à ses héritier d’obtenir de plus grandes parts de gâteaux, n’est pas glorieux, du point de vue de l’homme du commun, qui ne comprend pas comment on peut être prisonnier d’une fortune aussi colossale . Combien de vies pour dépenser 41 milliards de dollars ? A cela, on rétorquera que, justement, l’homme du commun ne peut comprendre cette ivresse, cet orgueil, comme celui par exemple du seigneur, ou du paysan, attaché, contre toute raison, à sa terre. Certaines folies sont incompréhensibles pour celui qui n’en est pas. Ayons donc l’esprit large, et ne tombons pas dans le ressentiment des gauchistes haineux et curés mal fagotés, qui reprochent seulement aux puissants d’être puissants. Au fond, si les Anciens ont condamné l’amour de l’agent, l’avarice, c’est qu’il s’agissait d’une passion qui éloignait de la sagesse, et si Jésus, et après lui, l’Eglise, ont enjoint de choisir entre Dieu et Mammon, ce n’était pas parce que les riches en soi devaient finir automatiquement en enfer, et combien de « pauvres », faux riches si envieux, devraient connaître ce sort !, mais parce qu’ils étaient trop corrompus dans leur cœur et leur esprit pour se détacher suffisamment de leur avoir, et le mettre au service d’autrui.
Issu du patronat nordiste, si enclin au paternaliste, Bernard Arnault a très vite adopté les tares du capitalisme moderne. Son attitude présente connaît des antécédents, plus ou moins glorieux. Ami de Nicolas Sarkozy, des mains duquel il fut promu, le 14 juillet 2011, officier de la légion d’honneur, il est représentatif de ce patronat qui a pour Bernard Henri Levi, cette nullité, les yeux de Chimène, et a choisi, pour paraphraser Churchill, la voie du large, le grand large de l’Empire américain, bien sûr. C’est d’ailleurs aux Etats-Unis qu’il émigre en mai 81, durant trois ans. Craignait-il pour sa tête ? Sa propension à subventionner l’art dit « contemporain », véritable savon à vilains cosmopolite, potlatch qui donne un supplément « artistique » à une oligarchie internationale vide et avide, est l’un des signes de son attachement à une caste qui se contrefiche des racines et des identités.
Faut-il l’admirer comme un personnage balzacien ? Lorsqu’il berne Fabius en recevant, en 1984, 2 milliard de francs du gouvernement, contre la promesse de ne pas licencier les salariés du groupe Broussac dont il vient de s’emparer, il arrive à tirer les marrons du feu, en revendant les actifs les plus importants, ce qui occasionne une restructuration, le licenciement des malheureux, et, finalement l’injonction, de la part de la Commission européenne, en 1987, de rembourser une partie des sommes reçues, obligation qui ne concerne plus, dès lors, le sieur Arnault. Bien joué, l’artiste ! Les affaires, c’est comme la guerre, qui n’a rien à voir avec la morale ! Relisons sa déclaration du 14 décembre 1984, adressée à Fabius, qui fleure bon la tartuferie politicienne de haute volée : « J'assurerai personnellement la direction de la DBSF et je procéderai à la mise en œuvre du plan industriel et social tel qu'il a été communiqué aux administrations ». Ni plus, ni moins. Il oublait de dire qu’il ne garderait pas longtemps la dite direction…
Quoi qu’il en soit, les ténors de l’UMP peuvent crier leur indignation, et accuser Hollande de stupidité, eux qui avaient, par le bouclier fiscal, bloqué le taux d’imposition des plus riches à 50% maximum. Qui est stupide ? Est-il intelligent de laisser agir le bandit ? Imaginons que l’on donne le droit au renard de manger dix poules dans le poulailler, et que tout à coup, vous rectifiiez cette permission à la baisse, sans avoir un droit de regard sur le poulailler du voisin, qui octroie le droit de trucider douze poules… Vous allez dire que ce n’est là qu’un raisonnement par l’absurde, car il est improbable qu’un fermier abandonne ses poules à un prédateur. Et pourtant…
Nous savons très bien, en effet, combien la Commission de Bruxelles possède un talent certain pour veiller à tout ce qui touche notre vie. Les règlements tatillons ne manquent pas, et quand on ne passe pas à la caisse, c’est notre existence qui est mise en boîte. Les lois et décrets qui instaurent le libéralisme le plus dogmatique ont aussi cours, sans que les parlements nationaux aient leur mot à dire. Et la tendance lourde de cet appareil législative s’oriente toujours dans le sens du moins disant social, vers la déréglementation, la dénationalisation, et l’aggravation de la condition des salariés. De ce côté-là règne une homogénéisation merveilleuse, qu’accentuera l’adoption de la fameuse « règle d’or » des 3%. En revanche, les règles fiscales, les passe-droits, les ponts dorés en direction des paradis fiscaux sont, en Belgique, au Luxembourg, à Monaco etc. (sans parler des facilités pour blanchir l’argent sale) à la dispositions des gens de fric. L’Europe est devenue un immense poulailler où le renard est libre comme l’air. Lui seul détient la liberté réelle, celle d’entrer, de sortir son avoir, de miser comme il veut, de subtiliser son magot, sa fortune, tandis que les peuples n’ont que cette liberté fallacieuse de se vendre, si l’on veut bien d’eux.
D’où vient cette richesse ? N’y a-t-il pas un devoir moral, sinon civique, de rendre au pays ce qu’on lui a soutiré ? Le riche échappe-t-il à cette grande famille qu’est la patrie ?
Encore une fois, la Russie de Poutine s’offre à nous comme modèle. Ceux que l’on a appelés les « oligarques », et qui mériteraient mieux le titre de « ploutocrates », les Khodorkhovski, qui mettaient en coupe réglée un pays livré, sous Eltsine, à l’anarchie et au vol, ont été matés par Poutine. Ce dernier ne les a pas tous fait condamner. Ceux qui croupissent en prison, notamment certains du groupe Ioukos, n’ont que ce qu’ils méritent. Ils imposaient en effet leur loi à l’Etat. Maintenant, c’est l’inverse et les choses ont vraiment changé au moment des législatives en 1999, et lors de la première campagne présidentielle de Vladimir Poutine. A la fin 2000, le Président a convoqué les principaux oligarques les plus riches de Russie et leur a proposé le contrat suivant :
« Vous ne vous mêlez plus de politique, vous payez vos impôts et nous vous laissons faire vos affaires tranquilles. » Sous entendu, vous êtes patriotes, sinon couic !
Ainsi l’Etat devrait-il agir avec les milliardaires qui se croient au-dessus de tout, et singulièrement de leur propre pays : « Vous faites vos affaires, vous remplissez vos devoirs, et rien de plus. »
Encore faudrait-il rompre avec la logique mondialiste et financière. Ce n’est pas une autre histoire, c’est la même…Claude Bourrinet (Voxnr, 9 septembre 2012)
Le numéro de septembre 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque.
Le dossier est consacré à la Légion étrangère. On pourra y lire, notamment, des articles de François d'Orcival ("Legio patria nostra" ), de Geoffroy Lejeune ("Etre légionnaire"), de Claude Jacquemart ("Par le sang versé"), d'Alexis Neviaski ("Képi blanc et croix gammée"), d'Arnaud Imatz ("Gloire et misère du Tercio"), et de Michel Marmin ("Un légionnaire nommé Jean des Vallières").
Hors dossier, on pourra aussi lire des entretiens avec Richard Millet ("On nous empêche, au fond, de penser la vraie diversité") et avec l'archéologue Jean Guilaine ainsi que des articles de Philippe Conrad ("Le néolithique, ferment de l'histoire") et de Jacques de Guillebon ("Jacques Ellul. Contre l'empire de la technique"). Et on retrouvera aussi la chronique de Patrice de Plunkett.