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  • Ils sont pas fous, ces Roumains !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue grinçant de Cyril Benassar, cueilli sur Causeur et consacré à la question des Roms...

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    Ils sont pas fous, ces Roumains !

    Je peux bien l’avouer à présent, l’élection de François Hollande m’a plongé dans une crise de misanthropie aiguë. Je ne hais pas la terre entière mais j’en veux encore à cette majorité de Français votants qui, pour des raisons plus lamentables les unes que les autres, ont préféré la voix de la démocratie molle à celle de la république dure et la promesse de carottes à la garantie du bâton.

    Les vacances aidant, j’ai fui la réalité rabat-joie et les médias, incapable d’entendre un mot de plus du chef des armées aux intentions désespérément et irrémédiablement pacifiques qui préside au sommeil national, et j’ai tourné le bouton du poste et le dos à cette France où les chiens redemandent du collier et imposent des muselières antirépressives, antiracistes, antisexistes, antilibérales, à ce qui reste de loups. Mais l’actualité revient toujours me tirer par l’oreille tôt ou tard et c’est avec l’affaire du démantèlement des camps roms que j’ai fait ma rentrée en politique. Et je ne suis pas déçu.
    Quel spectacle comique que celui des gentils d’aujourd’hui, ministres, députés ou journalistes, venant dans les médias défendre inconditionnellement les décisions gouvernementales qu’ils dénonçaient hier, quand ils pourfendaient les méchants en criant au retour du pétainisme voire du nazisme. Comme il est drôle de les voir, gonflés de la responsabilité que donne l’exercice du pouvoir, avaler des couleuvres comme ils lançaient des vipères quand, enflés par le devoir de dénoncer les oppressions, ils se la jouaient accusateurs publics.

    Or rien ne distingue en l’occurrence la politique sarkozyste de sa sœur jumelle hollandiste. Les mêmes carcans européens, les mêmes impératifs électoralistes, les mêmes décisions de justice avec lesquels il faut ménager, sur la question rom, la chèvre et le chou et arbitrer entre le paysan ou l’artisan propriétaire et le romanichel chapardeur, entre l’usager du métro et le mendiant pickpocket, entre les réseaux électriques d’ERDF ou de la SNCF et les pillards de cuivre. Dans un Etat souverain, les seconds pèseraient bien peu face aux premiers qui font les élections, mais quand la Commission Européenne des droits de l’homme et le bobo qui ne voit des tsiganes qu’au cinéma et qui adore le jazz manouche, même et surtout joué par des gosses de stars, s’en mêlent, les forces s’équilibrent et les choses se compliquent.
    Voici sans doute pourquoi le problème que posent les nomades d’Europe reste entier, le traumatisme causé par la Solution finale n’aidant pas à réfléchir à une issue qui concilierait les intérêts des peuples sédentaires, les cultures des « gens du voyage » et l’idée que nous nous faisons de l’humanité. Mais les difficultés sont bien réelles et ne relèvent pas de fantasmes racistes, contrairement à ce qu’on dit dans Libé, sur France Culture ou au CNRS.

    De quoi vivent, dans leur ensemble, ces peuples vagabonds ? Il faut manquer singulièrement de curiosité, comme un journaliste de Médiapart quand il ne fouille pas les poubelles de Madame Bettencourt, pour ne pas enquêter sur la question. Depuis qu’on en voit à la télé, les montreurs d’ours ne font plus recette sur les places des villages, et depuis Ikéa, on ne rempaille plus les chaises. Or les gitans ou les manouches affichent un goût prononcé pour les Mercedes hors de prix, bien que les Allemands ne leur accordent aucune remise, même à titre de réparations. Quant aux Roms, s’ils vivent dans des taudis ou sur les trottoirs, c’est parce qu’ils viennent d’arriver et qu’ils n’ont que des associations humanistes et irresponsables pour pleurer mais pas ou disons très peu d’allocs. Parce que les possibilités d’échanges économiques avec les populations sédentaires ont pratiquement disparu, mais aussi pour des raisons culturelles qui tiennent aux structures tribales cultivant l’endogamie, les populations nomades sont pour une large part devenues, au mieux mendiantes et parasites, au pire, délinquantes et criminelles, et souvent un peu tout ça à la fois. De plus, quand on divise l’humanité entre les siens et les autres, les « humains » et les gadjos, les règles et les codes moraux qui valent pour le groupe ne s’appliquent pas aux autres, et tout est permis.

    Ainsi, dans toute l’Europe – car il ne me semble pas que ces mendiants/voleurs se soient tellement aventurés ailleurs avec succès, par exemple dans le monde arabe où règne pourtant une religion de paix et de tolérance – ces nomades, qui ne sont pas toujours bienvenus par ceux qui les côtoient, sont accueillis et aidés par les autorités, particulièrement en France. Sur la question, l’hypocrisie et les bons sentiments règnent. « Il faut intégrer les Roms !», braillent les uns. En Roumanie, Ceaucescu a bien essayé mais l’échec a été total et pourtant il n’était entravé dans sa tâche ni par les droits-de-l’hommistes ni même par les droits de l’homme. « Il faut leur trouver du travail !», déclarent les autres. Le « y-a-qu’à-faut-qu’on » de gauche en matière d’emploi est à redouter car dans l’état actuel du marché du travail, même non qualifié, et avec le chômage chronique (ta mère) des jeunes dans nos quartiers populaires et sensibles, nous pourrions bientôt voir se profiler une tournée générale d’emplois aidés réservés aux Bulgares et aux Roumains, pour donner dans le champ lexical qui ne stigmatise pas.

    En fait, la plupart ne veulent ni travailler, ni s’intégrer, et que celui qui n’a jamais vu un film de Tony Gatlif aille leur poser la question. Ils n’ont aucune envie de troquer leurs braséros pour un chauffage central dans un appartement en centre ville (et pour le loyer donc l’emploi stable qui va avec). « C’est tout à leur honneur !», s’exclament ceux qui respectent l’attachement farouche de l’autre à son mode de vie tout en jouissant pour eux-mêmes des bienfaits de l’alphabétisation, de l’exogamie, de l’égalité de la femme et de toutes les émancipations qui en découlent.
    Le problème déborde le cadre national et avec l’ouverture des frontières et la liberté de circulation, une règle implacable et perverse pèse sur les pays d’Europe. Les plus généreux sont les plus envahis, et les douze millions de nomades attendent à l’Est de voir dans quel pays de l’Ouest l’herbe est la plus verte en matière de droits sociaux – c’est-à-dire d’allocations, à commencer par celle qu’on leur donne pour repartir – et la justice plus clémente – c’est-à-dire laxiste. Notre terre d’accueil, patrie des Droits de l’homme, gouvernée aujourd’hui par la gauche, pourrait devenir une destination particulièrement prisée.

    Heureusement, l’électeur de base et de tous bords, qui tient plus à ses poules qu’à sa belle âme, veille et souffle sur le politique qui est sa girouette. Ainsi les démantèlements et les expulsions se poursuivent comme si l’ombre n’avait pas cédé la place à la lumière. Cela devrait durer à moins qu’un assouplissement de la législation n’accorde aux Roms le droit de vote. Mais j’ai tort d’évoquer cette idée alors que Terra Nova veille et je crains qu’on n’arrête pas le progressisme.

    Cyril Bennassar (Causeur, 5 septembre 2012)

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  • Ils ont tué l'histoire-géo !...

    "La quasi-suppression de l'histoire-géo en terminale S avait été conseillée à Luc Chatel par feu Richard Descoings, et Nicolas Sarkozy y tenait dur comme fer. Les nouveaux programmes du lycée ont été signés, pour Luc Chatel, par le directeur général de l'enseignement scolaire, Jean-Michel Blanquer, qui postule aujourd'hui à la direction de Sciences-Po."

    Les éditions Bourin viennent de publier un essai de Laurent Wetzel, intitulé Ils ont tué l'histoire-géo. Normalien et agrégé d'histoire, l'auteur a été inspecteur d'académie et s'est par ailleurs signalé par des positions courageuses lorsqu'il était maire de Sartrouville au début des années 90... 

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    "L’enseignement de l’histoire-géo va mal. Depuis des années, sous des gouvernements de gauche comme de droite, les réformes se sont succédé mais n’ont fait qu’aggraver la situation.
    Qui sont les responsables de ce fiasco et que faire ?
    Professeur d’histoire-géo et ancien inspecteur d’académie, Laurent Wetzel dénonce avec virulence les erreurs et les aberrations contenues dans les textes ministériels, le charabia des hauts fonctionnaires ainsi que l’incompétence de nombreux responsables de l’Éducation nationale.
    Mais tout n’est pas perdu. Aujourd’hui une vraie réforme est possible si l’on s’appuie sur ceux qui croient encore à l’importance de ces deux matières : les professeurs et les parents.
    Un livre réquisitoire sur un sujet qui nous concerne tous."
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  • Le souvenir d'un élan héroïque...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro la Nouvelle Revue d'Histoire, actuellement en kiosque, et consacré aux droites radicales en Europe.

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    Le souvenir d'un élan héroïque

    Ceux qui ont été happés dans leur jeunesse par les sortilèges de l’action politique restent souvent tentés de rechercher des solutions politiques à l’effondrement de notre ancienne civilisation européenne, en témoins stupéfaits et révoltés. À eux se pose l’éternelle question du « Que faire ? »

    Qu’est-ce que notre époque peut retirer des exemples et des échecs des « droites radicales » européennes d’autrefois ? Certainement pas des recettes politiques. On ne reverra plus ce qu’elles ont vécu, pas plus qu’on ne reverra le siècle de Louis XIV ou celui des Hohenstaufen. Il n’y aura plus jamais en Europe de « Grand Soir » à la façon de 1917, ni de révolution « immense et rouge » sur le mode fasciste. Non seulement c’est fini, mais nous savons que les espérances placées dans ces révolutions ont souvent très mal tourné, les meilleures intentions ayant souvent viré au cauchemar et aux catastrophes. Ce qui subsiste, c’est la constante leçon de l’hétérotélie : un grand projet volontariste aboutit souvent à des résultats opposés aux intentions. L’espérance libératrice de 1789 accoucha de la Terreur puis de la dictature napoléonienne. L’espoir d’une révolution communiste égalitaire aboutit aux tueries du stalinisme puis au colossal échec de 1989. L’espérance d’une nouvelle chevalerie présente dans le fascisme et le national-socialisme enfanta les boucheries de la Seconde Guerre mondiale et la destruction de toute une civilisation…

    Alors ? Ce qui subsiste des « droites radicales » c’est le souvenir d’un élan héroïque pour s’arracher aux pesanteurs du matérialisme, aux lois de l’économie, comme disaient les réprouvés d’Ernst von Salomon. Un élan poétique vers un horizon de grandeur et de beauté. Cela peut subsister dans des cœurs ardents, non pour imiter ce qui ne sera plus, mais pour inspirer de nouvelles énergies.

    Devant le vide sous nos pieds, la voracité démente du système financier, que faire pour y mettre fin sans revenir aux erreurs et horreurs du socialisme réel que fut le stalinisme ? La réponse n’est pas claire… C’est qu’il y a peu de vraies réponses politiques, sociales ou économiques à la folie de l’illimité. Les catastrophes prévisibles échappent au politique. Désolé pour ceux qui ont besoin de rêver à un système parfait, à une nouvelle utopie. Et je ne doute pas que de nouvelles utopies puissent encore surgir, bien que les Européens aient épuisé toutes les illusions sorties de leur cerveau imaginatif entre le XVIème et le XXème siècle. Mais sait-on jamais. L’oubli aidant, on verra sans doute resurgir ici ou là un « Front de gauche » rêvant d’un nouveau 1917, ou encore un « Front de droite » imaginant un humanisme viril, comme disaient les jeunes soldats de la Classe soixante.

    Pour me faire comprendre, je vais dire les choses autrement. Quand on est affronté à un système perçu comme insupportable ou catastrophique, un mouvement élémentaire de révolte et de bonne santé conduit à imaginer deux types de solution. La solution systémique ou la solution spiritualiste. La première imagine un autre système politique et social à travers une révolution. La seconde vise à une transformation des hommes par la propagation d’une autre vision de la vie, d’une autre spiritualité ou d’une autre philosophie. C’est ce que fit le stoïcisme dans la Rome impériale ou le confucianisme auprès des élites chinoises. C’est aussi ce que fit le christianisme après son adoption comme religion d’État de l’Empire romain. Les effets n’ont pas toujours coïncidé avec les intentions, mais le stoïcisme, par exemple, a continué d’imprégner fortement toute une part de l’éducation chrétienne puis laïque pendant des siècles, n’ayant rien perdu de son pouvoir formateur. C’est dire la force des « réformes intellectuelles et morales » quand elles répondent à une attente.

    Que notre époque, en Europe, soit en demande d’une profonde réforme intellectuelle et morale, c’est l’évidence. Mais, pour se réformer, suffit-il de s’indigner comme l’a proposé un trop habile pamphlet, caressant les molles aspirations des bobos ? J’en doute. À l’inverse, l’élan d’énergie qui animait la meilleure part des « droites radicales » d’autrefois pourrait-il contribuer à une telle réforme ? C’est une question que l’on peut poser.

    Dominique Venner (Nouvelle Revue d'Histoire n°62, septembre-octobre 2012)

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  • Parlez-vous le Haut elfique ?...

     

    "Namárië ! Nai hiruvalyë Valimar !
    Nai elyë hiruva ! Namárië !"

    Extrait du poème Namárië ("Adieu") chanté par Galadriel dans Le Seigneur des Anneaux

    Les éditions Fejtaine viennent de publier Le Haut elfique pour les débutants, un ouvrage d'Edouard Kloczko, distingué tolkiéniste, destiné à la l'apprentissage de la langue des Hauts elfes, parlée sur la terre sacrée de Valinor. C'est beau, délicieusement inutile et indispensable pour tous les amoureux de la Terre du Milieu...

     

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    "Tolkien a toujours considéré que l'oeuvre de sa vie n'était pas Bilbo le Hobbit ni Le Seigneur des Anneaux... Mais la langue des elfes. Philologue, il s'employa toute sa vie durant à créer non pas une mais des langues elfiques - avec leurs patois locaux et leurs évolutions. La plus connue est le Quenya, ou Haut elfique, dont Kloczko donne ici la plus complète et fidèle des initiations, le Maître n'ayant laissé que des fragments de grammaire ou de dictionnaire. Tolkien écrit dans l’une de ses lettres : « Je crois que fondamentalement mes écrits sont d’un seul tenant et à la base d’inspiration linguistique. (...) L’invention des langues en est le fondement. Les récits furent imaginés avant tout pour constituer un univers pour les langues et non pas le contraire.
    Pour moi, un nom vient en premier et l’histoire suit. J’aurais préféré écrire en « elfique ». Mais, bien entendu, une oeuvre comme Le Seigneur des Anneaux a été retravaillée et je n’y ai laissé que la dose de langues imaginaires que je pensais que le lecteur était capable de supporter (à présent, je sais que nombreux sont ceux qui en auraient voulu bien plus) ».
    Avec une fidélité, une passion et une érudition impressionnantes, Edouard Kloczko nous propose une véritable initiation à cet univers linguistique à la fois imaginaire et très réel dont parle Tolkien. Venez donc découvrir comment parlent et écrivent les elfes."

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  • Perspectives pour une fédération euro-russe...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur De Defensa et consacré au nécessaire rapprochement entre l'Europe et la Russie. Jean-Paul Baquiast est l'animateur des sites Europe solidaire et Automates intelligents.

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    Perspectives pour une fédération euro-russe

    Beaucoup d'Européens considèrent qu'un partenariat stratégique avec la Russie s'impose désormais, d'autant plus que l'influence américaine qui déterminait jusqu'alors les politiques européennes est en train de reculer sur de nombreux domaines. Par partenariat stratégique, on pourrait entendre une gamme d'accords possibles, d'abord économiques mais ensuite politiques. Ceci pourrait aller jusqu'à un rapprochement qui ferait de la Russie un membre de l'Union européenne doté d'un statut spécial - et parallèlement ferait de l'Union européenne un membre lui-aussi spécial de la Fédération de Russie. Pour simplifier, on parlera de la création d'une Fédération ou Union Fédérale euro-russe.

    Mais la Russie est-elle devenue suffisamment proche culturellement et politiquement de l'Europe pour d'une part rechercher une alliance européenne (il ne suffirait pas que l'Europe s'intéresse à la Russie. Il faudrait aussi que celle-ci s'intéresse à l'Europe) et d'autre part apporter dans une telle alliance des éléments qui renforceraient le poids géostratégique des deux ensembles, c'est-à-dire finalement de l'Europe elle-même, au sein de la future Fédération euro-russe

    Pour rassembler des éléments de réponse à cette question, il faut d'abord dans une première partie s'efforcer de porter un jugement aussi dépourvu d'idéologie que possible sur l'état actuel de la Russie et son évolution probable dans les prochaines années. Nous supposerons ici connues du lecteur les forces et les faiblesses de l'Europe.

    Dans une seconde partie, nous examinerons ce que pourraient être les structures et les politiques qu'adopterait une éventuelle Fédération euro-russe.

    1. L'état de la Russie.

    Cette question fait évidemment l'objet de multiples commentaires de la part des chroniqueurs politiques. Que pourrions nous suggérer pour notre part? Pour simplifier, limitons-nous à décrire les forces et les faiblesses contemporaines de ce qu'il convient encore d'appeler l’“Empire russe”.

    Mais pourquoi ce terme d'Empire. Si l'on admet que le monde actuel, devenu multipolaire, est un lieu de confrontation entre un certain nombre de grands ensembles organisés sous forme d'empires plus ou moins monolithiques, à la recherche des sources de la puissance, on distinguera trois de ces empires, disposant de forces et de faiblesses spécifiques: l'Amérique, la Chine et la Russie. On y ajoutera la nébuleuse des Etats se rattachant à l'islam qui s'efforcent de plus en plus de s'organiser en empire global, sous le vocable d'émirat. L'Europe pour sa part, malgré son organisation politique encore éclatée, conserve un poids suffisant pour pouvoir d'une certaine façon être regardée, sinon comme un empire, du moins comme une puissance potentiellement capable de jouer sa partition dans le monde multipolaire.

    Or, considérée comme un empire et confrontée à l'Amérique et à la Chine, voire à l'Europe, la Russie fait-elle encore le poids? On lui reconnaît aujourd'hui un certain nombre d'éléments de puissance. Le premier est un territoire immense, doté de richesses naturelles considérables dont une grande part reste encore inexploitée. Cet avantage devrait devenir de plus en plus grand, avec les transformations climatiques du monde. Les 9 mois d'hiver qui pour le moment encore pèsent d'un poids très lourd dans les activités russes devraient céder la place à des conditions plus favorables à une croissance mieux équilibrée.

    Un autre élément de force tient à la persistance d'une cohésion socio-politique certes peu favorable pour le moment encore aux libertés individuelles mais qui permet d'assurer l'unité de l'ensemble de l'Empire dans ses confrontations avec le reste du monde. Il s'agit d'un élément de puissance dont les Européens encore partagés en multiples centres de pouvoir se neutralisant au lieu de s'unir ne mesurent pas suffisamment l'influence.

    Cette cohésion est assurée par un accord implicite entre trois pouvoirs ou plus précisément entre trois oligarchies: le pouvoir de l'Etat et de son administration militaire et civile, le pouvoir de la couche dite en Russie des “nouveaux riches”, extrêmement réduite en termes d'effectifs mais qui détient désormais presque tous les leviers économiques, et le pouvoir de l'Eglise orthodoxe russe. Celle-ci, après une éclipse plus apparente que réelle sous le régime communiste, a repris les moyens dont elle disposait depuis des siècles pour s'imposer à des populations restées profondément traditionalistes et peu éclairées, au sens que nous donnons en France à ce terme hérité de l'ère des Lumières. Chacun a pu constater lors de la sanction disproportionnée ayant fait suite au procès des Pussy Riot, que l'Etat représenté par le président Poutine et l'Eglise représentée par le patriarche Kirill agissaient main dans la main, pour contrer les rares activistes occidentalisés contestant cette alliance entre l'Etat et la religion.

    La presse occidentale a parlé à l'occasion de ce procès d'une dérive autoritaire de la Russie. Mais c'était oublier d'une part que l'autoritarisme est aussi très répandu à l'Ouest, notamment aux Etats-Unis et d'autre part que l'union de l'Etat et de l'Eglise représente encore un très ancien partage de pouvoir, ayant toujours fait la force de l'Empire. On se souviendra que Staline lui-même, à la veille de la grande offensive allemande contre Moscou, en avait appelé aux forces réunies de l'armée soviétique et de la religion. Cela peut surprendre en France, mais il est clair qu'aujourd'hui, les mêmes alliances entre l'Etat, les oligarchies économiques et les forces religieuses sont mobilisées aux Etats-Unis pour assurer le succès tant des Démocrates que des Républicains.

    Quant aux oligarques représentés par les nouveaux riches qui tiennent en mains tous les leviers économiques, ils n'ont qu'un désir, se concilier les faveurs de l'Etat et de l'Eglise, y compris par la corruption, sans les attaquer de front. Ainsi pourront-ils continuer à mener tranquillement leurs affaires, sans craindre l'émergence d'une classe moyenne encore embryonnaire dont les exigences d'un accès aux produits de la croissance les empêcheraient d'en profiter tranquillement.

    Les faiblesses

    En contrepartie de ces éléments de puissance, la Russie souffre de faiblesses qui, si elles ne sont pas traitées rapidement, risquent d'en faire l'homme malade des prochaines décennies. Il est clair que ces faiblesses si elles devaient persister constitueraient autant d'obstacles à un éventuel rapprochement fédéral entre l'Europe et la Russie, pour la raison simple que l'Europe souffre dans certains cas un peu des mêmes maux.

    La liste en est longue. Il s'agit d'abord d'une situation démographique inquiétante: baisse de la natalité et situation sanitaire sans grande perspective d'amélioration, due notamment à l'abus de l'alcool, du tabac et des drogues qui affecte particulièrement les hommes. Il en résulte que les Russes ne peuvent pas assurer dans leurs provinces orientales et septentrionales une densité de population permettant de s'opposer à la pression démographique de la Chine et des autres pays asiatiques. Des immigrations massives devraient en résulter, qui affecteraient profondément la cohésion de l'Empire ayant fait sa force jusqu'à ce jour. Cette faiblesse démographique, qui ressemble d'une certaine façon à celle de l'Europe, est d'autant plus préoccupante qu'elle ne pourra recevoir de remèdes à l'échelle du présent siècle.

    Une autre faiblesse de la Russie tient à ce que l'on pourrait appeler son addiction récente et sans contre-pouvoirs au néolibéralisme mondial. Si rien n'est fait, l'entrée prochaine de l'OMC ne fera qu'aggraver les risques. Certes la Russie ne pouvait demeurer un monde protectionniste fermé aux influences extérieures. Mais si l'ouverture se poursuit d'une façon aussi “sauvage” que celle ayant suivi les précédentes vagues de privatisation, les bénéficiaires en seront la classe des nouveaux riches déjà évoqués. Or ceux-ci sont organisés pour détourner à leur profit la plupart des bénéfices provenant notamment de la commercialisation des potentiels économiques dont dispose encore la Russie, pétrole et gaz et matières premières. Ils ne s'en servent pas, comme cela s'est longtemps fait, soit aux Etats-Unis soit en Europe (dans le cadre du capitalisme industriel dit rhénan ou dans les services publics à la française) pour investir dans des équipements de long terme, dans la recherche et dans la mise au point de nouvelles technologies et applications productives.

    En dehors de quelques améliorations spectaculaires dans les grandes villes, profitant d'ailleurs quasi exclusivement aux nouveaux riches, les infrastructures demeurent incapables de faire face aux besoins d'un pays aussi grand. Parallèlement, dans tous les secteurs, même dans le domaine jusqu'ici privilégié du militaire et du spatial, les recherches, qu'elles soient fondamentales ou appliquées, périclitent, de même que la formation. Il en est de même du potentiel industriel de base, qui ne se renouvelle pas. Ce n'est évidemment pas le cas dans les pays asiatiques, en premier lieu chez le concurrent chinois. Pourquoi ce manque d'intérêt pour le long terme? Parce que les nouvelles oligarchies de nouveaux riches préfèrent placer leurs épargnes dans des paradis fiscaux ou aux mains de diverses maffias, quand il ne s'agit pas de les consommer d'une façon dont ne profitent que les pays rivaux de la Russie.

    En Europe, malgré de grandes difficultés, ce qui demeure des administrations centrales ou locales et des services publics s'efforcent, avec l'appui électoral des classes moyennes, de maintenir un flux minimum de formation et d'investissements productifs ou de recherche. Mais en Russie, les classes moyennes n'existent pas, du fait de la confiscation des gains de productivité par les oligarchies de nouveaux riches. Par ailleurs, ces mêmes oligarchies ont réussi, en généralisant la corruption à tous les niveaux, à neutraliser les quelques pouvoirs administratifs et politiques qui auraient pu s'opposer à elles au nom de l'intérêt général collectif, systématiquement présenté comme un retour au stalinisme. Ajoutons que l'Eglise orthodoxe a pour sa part renoncé à tout message évangélique de portée générale, se bornant à reconquérir les éléments de son ancienne puissance matérielle, y compris à travers des placements à l'étranger. Toutes choses égales d'ailleurs, on pourrait dire que la Russie, à une toute autre échelle, souffre des mêmes maux que la Grèce actuelle, rongée par une oligarchie vivant et investissant à l'étranger, par une administration corrompue et par une Eglise au seul service de ses intérêts patrimoniaux.

    Il est clair que si un éventuel rapprochement politique avec l'Europe se bornait, tant en Russie qu'en Europe même, à encourager au nom du néolibéralisme le pillage des ressources nationales par les oligarchies mondialisées, rien de bon ne pourrait en sortir.

    La guerre souterraine de l'Amérique contre la Russie

    Les éléments négatifs, que nous venons de résumer, handicapant le développement de la Russie en tant que puissance indépendante, découlent en partie de la guerre souterraine que continue de mener, vingt ans après la fin officielle de la guerre froide, l'empire américain contre ce qui fut longtemps son grand rival, l'empire russe. La Russie, à cet égard, ressemble là-encore beaucoup à l'Europe. Les Etats-Unis, comme ils l'ont toujours fait, consacrent ce qui leur reste de puissance géostratégique à empêcher qu'apparaissent à leurs frontières des ensembles politiques indépendants capables de limiter ou menacer leur influence. Ils sont pratiquement désarmés aujourd'hui face à la Chine mais les Européens clairvoyants savent que, dès la fin de la seconde guerre mondiale, les pouvoirs américains ont orienté la construction de l'Union européenne de façon à en faire un relais pour leurs intérêts géostratégiques. Aujourd'hui, ils continuent à le faire, d'une façon moins évidente mais tout aussi efficace, grâce aux appuis dont ils bénéficient dans les milieux européens atlantistes estimant plus profitables de conserver le statut de satellite plutôt qu'acquérir celui de compétiteur. Or contrôler la Russie, non seulement économiquement mais politiquement constitue pour les Etats-Unis un enjeu d'une toute autre importance, mais aussi d'une toute autre difficulté, que contrôler l'Europe. On peut considérer qu'ils y mettent aujourd'hui une grande part de leurs forces à l'international.

    Bien que disposant d'une puissance militaire encore sans égale, les Etats-Unis ne peuvent espérer se confronter directement à la force nucléaire stratégique russe, y compris à sa composante navale. On vient ainsi de découvrir qu'un sous-marin nucléaire du dernier modèle, de la classe Akula, aurait cet été patrouillé quelques jours ou semaines sans être détecté dans le golfe du Mexique. Par contre ils disposent de tous les éléments du pouvoir économique et surtout du soft power qui manquent aux Russes. La cible en est en priorité la jeunesse issue des classes moyennes encore embryonnaires que séduit non sans raison les modes de consommation, les productions culturelles et la liberté d'expression dont, mieux encore que l'Europe, l'Amérique semble être la référence mondiale.

    Face à ce soft power, il faut bien reconnaître que les vieux éléments de la cohésion russe, énumérés précédemment, notamment l'Etat et l'Eglise orthodoxe, paraissent assez désarmés. Quant aux nouveaux riches, à condition de ne rien céder de leurs sources patrimoniales de puissance, ils sont prêts à participer avec les oligarchies anglo-saxonnes et européennes à un éventuel partage du pouvoir sur le monde, partage à l'occasion duquel le vieux souci d'indépendance politique de la Russie pourrait être sacrifié.

    Les efforts de la diplomatie américaine et des éléments plus diffus de soft power utilisés par les Etats-Unis pour affaiblir la Russie se sont accrus depuis la fin de l'URSS. Les maladresses et erreurs du gouvernement russe, avant l'arrivée de Vladimir Poutine à la présidence, ont évidemment facilité le jeu des Etats-Unis pour détacher de l'influence de Moscou, entre autres, les républiques de Georgie et d'Ukraine. Mais aujourd'hui, sur le territoire même de la Russie, notamment dans les deux capitales de Moscou et Saint Petersbourg, il n'est un secret pour personne que de nombreuses organisations financées plus ou moins directement par les services et ONG américaines, constituées d'activistes russes, jouent un rôle considérable pour contrer l'action du pouvoir gouvernemental russe. Il s'agit d'une sorte de cercle vicieux, car plus le pouvoir central de Moscou accepte de se libéraliser, plus dans un premier temps tout au moins il donne d'ouvertures à des oppositions intérieures en partie activées par l'Amérique.

    L'influence du soft power américain n'est pas entièrement négatif, en ce sens qu'il contribue puissamment à l'ouverture sur l'extérieur et à un début de démocratisation du combat politique. Mais on comprend cependant que le Kremlin soit de plus en plus réticent à le laisser faire. Le gouvernement utilise malheureusement pour contrer les effets du soft power américain des moyens d'intimidation et de répression qui rappellent fâcheusement la dictature soviétique, même si l'ampleur en est bien moindre. C'est finalement ce que recherche peut-être en sous-mains la stratégie américaine visant à l'affaiblissement de la Russie. C'est toute la démocratisation en profondeur de la société russe, y compris à travers le rôle croissant de l'Internet au sein des classes moyennes, qui s'en trouve retardée.

    Il est clair que si l'Europe, soumise de plein fouet au soft power américain, notamment dans les Etats orientaux ex-satellites, ne réussit pas à s'en débarrasser pour adopter des politiques plus autonomes, le gouvernement russe actuel, qui cherche précisément sa voie vers plus d'autonomie, ne sera pas incité à se rapprocher d'une Europe qui serait un simple relais de l'influence américaine. Mais les rapports de force semblent en train de changer. La Pologne paraît ainsi actuellement soucieuse de prendre ses distances avec les pressions américaines au sein de l'Otan visant à faire adopter un BMDE (système de défense anti-ballistique) prétendument orienté contre l'Iran mais destiné en fait à relancer un vieux programme de guerre des étoiles dirigé contre la Russie. La Pologne, en termes très prudents, a évoqué la perspective d'une défense européenne qui serait essentiellement européenne, à la charge notamment de la France, de l'Allemagne et d'elle-même. On a parlé de réactiver le “triangle de Weimar”. L'Amérique a violemment réagi. Mais pour que de tels projets deviennent crédibles, ils devraient effectivement être repris et partagés par les grands Etats européens, notamment par la France socialiste. On pourrait alors envisager des coopérations stratégiques euro-russes, au sein d'une éventuelle Union fédérale entre les deux ensembles, thème que nous dorénavant aborder.

    2. Structures et politiques d’une éventuelle Fédération euro-russe.

    Un rapprochement stratégique, pouvant aller jusqu'à la mise en place entre l'Union européenne et la Russie d'une véritable structure fédérale, fut-elle très limitée à ses débuts, ne pourrait se produire que si les deux empires y trouvaient chacun des avantages propres. Nous pouvons admettre que si les pays européens (plus exactement l'eurozone) pouvaient ainsi s'adosser à un grand ensemble géographique, aux ressources potentielles considérables, ils y gagnerait précisément ce qui leur manque encore pour devenir une puissance capable de tenir tête à la Chine et à l'Amérique, dans la mesure où celle-ci continuera à empêcher leur développement. La démarche encouragerait par ailleurs en Europe les efforts de mutualisation de type fédéral interne qui manquent encore à des pays réticents à se rapprocher en profondeur. En contrepartie, la Russie pourrait trouver en Europe les ressources en savoir-faire scientifiques, industriel, économiques et gestionnaires qu'elle n'a jamais eu ou qu'elle a laissé perdre. Enfin, la démocratie politique européenne, unique au monde, représente un atout de puissance irremplaçable, dont la Russie pourrait progressivement s'inspirer.

    Comment concrètement envisager la mise en place d'une éventuelle Fédération euro-russe? Il s'agirait nécessairement d'une démarche à la fois très progressive, et ne modifiant que marginalement les deux ensembles partenaires. Néanmoins les domaines choisis devraient être suffisamment significatifs et porteurs d'effets positifs pour jouer un rôle d'entrainement.

    Sur le plan des structures, autrement dit des institutions, il serait intéressant d'envisager dès le début ce qui manque encore à l'Union européenne, un président et un parlement élus au suffrage universel, aux termes de débats aussi démocratiques que possible. Leurs compétences seraient nécessairement limitées, mais l'effet d'entrainement serait considérable.

    Par ailleurs, un exécutif, analogue au conseil des ministres européen, serait mis en place, doté d'un budget et de services administratifs suffisants pour mener des actions (ou politiques) communes.

    Les questions monétaires et de change étant enfin très importantes, il faudra décider de politiques communes entre la Banque centrale européenne, les banques de l'union et leurs homologues au sein de la fédération de Russie.

    Des politiques communes

    Il paraît indispensable que ces politiques s'affranchissent délibérément des contraintes de la globalisation imposées par les oligarchies néo-libérales aux Etats du monde. L'objectif de l'union fédérale euro-russe envisagée ici serait au contraire de sortir du Système, système de domination empêchant les Etats de valoriser eux-mêmes leurs propres ressources, d'investir et de créer de l'emploi au profit de leurs populations.

    La taille et la puissance de la future union euro-russe devrait dans ces conditions lui permettre de mettre en place un ensemble de réglementations fiscales, douanières, de protection sociale, de sauvegarde de l'environnement capables d'en faire ce que n'est pas encore l'Europe, une véritable puissance autonome (on pourra parler de forteresse) et non pas un espace ouvert à la concurrence des pays ne respectant aucune de ces normes.

    Au sein de cet ensemble protégé pourraient être définies des politiques d'investissements technologiques et scientifiques auxquels seraient affectés notamment les bénéfices des exportations. On mentionnera l'immense domaine de l'espace civil et militaire (où la Russie est en train de perdre rapidement ses compétences), celui des industries de défense ou plus exactement des industries dites duales, à applications civiles et militaires, celui des grands travaux d'infrastructure et de transport qui manquent encore à la Russie, et bien évidemment tous les domaines intéressant les technologies et sciences émergentes, dont nous ne ferons pas la liste ici. Les Etats-Unis par différentes voies s'en sont donné la maîtrise, la Chine y vise aussi, sans mentionner les autres « tigres » asiatiques. Si l'Europe et la Russie ne s'allient pas pour récupérer leur retard et suivre le mouvement, il en sera fini de leur indépendance géopolitique dans le monde de demain.

    Conclusion. Quels moteurs socio-politiques ?

    Nous avons rappelé que la Russie, comme dans une moindre mesure l'Europe, est dirigée implicitement par plusieurs oligarchies qui se donnent la main pour capturer à leur profit les valeurs ajoutées produites par le travail des populations de la base. Il s'agit des élites (dites aussi nouveaux riches en Russie), des administrations au triple niveau des Etats, des régions et des collectivités locales, ainsi finalement que des médias dits officiels. Des forces conservatrices, comme celles des Eglises et religions (y compris l'islam), en Russie et en Europe, pèsent généralement par ailleurs pour que les équilibres de pouvoir dont elles bénéficient ne changent pas.

    Comment dans ces conditions espérer que ces équilibres puissent évoluer, dans le sens esquissé ici? Il ne s'agirait pas d'envisager des mesures de type révolutionnaire classique, qui seraient étouffées dans le sang, tant en Russie qu'à l'Ouest. On peut par contre compter sur le développement dans les populations des échanges au sein de réseaux sur le type de l'Internet, qui jouent déjà un rôle considérable pour la maturation des idées au sein des classes moyennes et populaires. Le pire peut évidemment en provenir, comme le meilleur. Il semble cependant que globalement de tels réseaux jouent au plan d'ailleurs mondial un rôle important pour des prises de conscience et des mobilisations globales. Les oligarchies elles-mêmes seront obligées, dans leur propre intérêt, d'en tenir compte. C'est en tous cas dans cette perspective que nous publions, malgré ses insuffisances, le présent article.

    Jean-Paul Baquiast (De Defensa, 26 août 2012)

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  • Langue fantôme...

    "Dans cette décadence, Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s’aveugler pour mieux se renier, particulièrement la France et l’Angleterre ; loin d'être un ange exterminateur, ni une bête de l'Apocalypse, il est tout à la fois bourreau et victime, symptôme et impossible remède."

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier Langue fantôme suivi de Eloge littéraire d'Anders Breivik, deux courts essais de Richard Millet qui ont provoqué les hurlements des agents culturels de la bien-pensance...

    Langue fantôme.jpg

    "Faut-il se lamenter sur le sort du roman français, quasiment absent de la scène internationale ? Pas si sûr quand on mesure à quel niveau d'abêtissement conduit le roman dit "international ". Ainsi Umberto Eco n'a-t-il pas hésité à "réécrire" Le Nom de la rose à l'intention des lobotomisés du Culturel : suppression des citations latines, passages amputés des descriptions, appauvrissement du vocabulaire. Un processus de vulgarisation où seul subsiste le scénario, en attendant le video game. Ce qu'on appelle encore "roman" est ainsi devenu le lieu même de la destruction de la langue et de la littérature. La tiers-mondisation culturelle de la France le proclame de toutes parts. Et quand, à la mise à mort de la littérature, s'ajoute la négation de l'idée de nation, n'est-ce pas au néant qu'on donne droit de cité ? Ainsi, le massacre perpétré par Anders Breivik, en Norvège, loin de constituer l'acte d'un homme seul, encore moins celui d'un aliéné, renvoie les politiques et agents "culturels" au miroir d'une société qui, par-delà le scénario "multiculturaliste", a choisi de renoncer à toute communauté de destin, à ses racines vivantes, chrétiennes, donc littéraires."

     

     

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