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  • Les voyoux de la finance...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli dans Le nouvel Economiste et consacré aux moeurs délinquantes de la finance internationale...

     

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    Finance pousse-au-crime

    Cela devait arriver. Car de longue date, toute loyauté raillée, toute fidélité abolie, les requins de Wall Street ne nagent plus que « dans les eaux glacées du calcul égoïste » (dixit Karl Marx). Un cadre de Goldman Sachs a finalement craché dans la soupe, dénonçant une banque gavée de fric pour compte propre ; des clients pris pour des pantins, façon tir aux pigeons. Un environnement professionnel « toxique » – une banqueroute morale.

    Tel est exactement le terreau proto-criminel décrit dans « La finance pousse-au-crime », livre collectif écrit, à l’automne 2011, par l’auteur et des collègues. Des freins moraux sapés par l’avidité et l’impunité. Des médias et dirigeants hypnotisés par une « ploutocratie internationale» – formule prise dans la revue américaine The Atlantic, qui n’est pas vraiment un brûlot anarchiste. Premier ressort criminel : l’impunité. Qu’adviendrait-il d’un garagiste qui vendrait une voiture au système de freinage saboté et souscrirait ensuite, à son profit, une assurance-vie sur la tête de son client ? Il filerait droit en prison. Or d’analogues pratiques, voire pires, sont courantes à Wall Street, dans un effarant climat d’impunité :

    - Convaincue d’avoir blanchi 378 milliards de devises mexicaines suspectes ou carrément criminelles, Wachovia Bank est condamnée en 2010 à payer une amende représentant… 2% de son profit de 2009.

    - En 2010 aussi, Goldman Sachs est condamnée à 550 millions de dollars d’amende pour avoir « égaré des investisseurs » – 15 jours de ses bénéfices de l’année en cours.

    - La géante caisse d’épargne Washington Mutual s’effondre en 2008, provoquant la plus énorme faillite de l’histoire bancaire des Etats-Unis. Fin 2011, ses trois dirigeants sont condamnés à de grotesques “sanctions” financières, moins de 10% de ce qu’ils ont touché avant la crise.

    Mais d’usage, les banques et leurs dirigeants sont condamnés à… promettre de respecter à l’avenir la loi financière. De 1995 à 2011, 19 banques dont Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, Bank of America, etc., ont ainsi juré 51 fois de bien se conduire, pour récidiver dans la foulée – et jamais, la société de contrôle de la Bourse n’en a attaqué une seule pour violation de serment.
    Ni d’ailleurs vraiment tenté de contrôler les prédateurs. Ainsi, timidement prié désormais d’« identifier ses clients et employés et de donner des détails sur… sa manière d’éviter les conflits d’intérêts avec sa fortune personnelle » – bref, de sortir d’une quasi-mafieuse opacité – le spéculateur George Soros dénonce d’intolérables « contraintes » et s’empresse de fuir les curiosités officielles.

    La connivence, maintenant : en 2008, le sénateur américain promoteur de la principale loi de dérégulation de la finance, cette qui transforme Wall Street en jackpot pour prédateurs, devient le vice-président d’une des grandes banques de la place…

    Le pillage enfin. Fin 2011, la société de bourse MF Global s’effondre. Ex-sénateur et gouverneur du New Jersey, ainsi qu’ancien dirigeant de Goldman Sachs, le directeur général de MF Golbal « ne sait pas » ce qu’est devenu le milliard de dollars qu’il gère pour ses investisseurs. Quelque « erreur humaine » fait que l’argent a “disparu”. Même scénario pour la Libyan investment authority (LIA), vampirisée de 2008 à 2010 par une meute de fonds financiers, hedge funds et banques – des milliards de dollars s’étant, là encore, « évaporés ». Déposée début 2008 chez Goldman Sachs-Londres, la somme de 1,3 milliard de dollars s’est volatilisée à 98% en février 2010. Des pratiques en regard desquelles « Massacre à la tronçonneuse » fait figure de récréation enfantine…

    Au bout du chemin, la fraude financière proprement dite : transgressions, sciemment criminelles, des lois du marché ; techniques de dissimulation comptable, “innovations” financières crapuleuses. A Wall Street, prévient le professeur américain Bill Black, expert ès finance criminelle “Si vous ne cherchez pas la fraude, vous ne la trouverez pas ; si vous la cherchez, vous la verrez partout”.

    Mais il y a pire encore, car un peu de volonté politique permet de rechercher puis de sanctionner ces malversations financières. Le pire, c’est ce qui justement aveugle le contrôle politique, c’est l’habillage idéologique rendant la prédation chatoyante et désirable – la “société ouverte” chère au “bienfaiteur” Soros.

    Destiné à l’opinion et aux médias, ce séduisant habillage prôné par l’« élite de Davos » est par nous baptisé « DGSI », Davos-Goldman-Sachs-Idéologie. Mondialiste, libre-échangiste, il est fondé sur l’idée que “tout ce qui compte, se compte”. Ennemie résolue des nations, de leurs histoires et symboles, la DGSI vante les migrations et le multiculturalisme ; ce puissant dissolvant “ne se connaît plus d’extérieur, refuse qu’on soit étranger à ses cultes et ses pompes ; il se veut le système du monde, unique et clos comme une bulle” (Hervé Juvin “Le Renversement du monde”).

    Qui cède à ses sortilèges, qui tombe entre ses griffes, finit ravagé de fond en comble : Islande, Irlande, Grèce – en attendant sans doute le Brésil. Qui en est réduit là – et voilà le motif de l’avertissement des criminologues – dégringole directement du pousse-au-crime au criminel proprement dit. Depuis que les vautours ont commencé à survoler Athènes, vendant aux pathétiques politiciens grecs les ruineuses rustines leur évitant de couler trop vite, la criminalité explose dans ce qui fut naguère la métropole la plus paisible d’Europe – voire du monde développé. Vols à main armée multipliés par 2 ; homicides : + 50% ; des bandes balkaniques armées de kalachnikov exploitent des migrants clandestins d’Asie et d’Afrique ; des grappes de toxicomanes en manque rôdent jusqu’au centre-ville, nous dit l’International Herald Tribune du 15 juin 2011. Miracle – mirage – désastre. Telle est la recette de la DGSI. Telle est la réalité de la finance pousse-au-crime.

    Xavier Raufer (Le nouvel Economiste, 23 mars 2012)

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  • La société pornographique...

    Les éditions Bourin viennent de publier La société pornographique, un essai de Jean-Paul Brighelli. Normalien, professeur agrégé de Lettres, Jean-Paul Brighelli est l'auteur de plusieurs essais sur l'éducation et l'école, comme La fabrique du crétin : la mort programmée de l'école (Jean-Claude Gawsewitch, 2005). Il dénonce, en particulier, les dégats dramatiques provoqués par la mise en application de la Nouvelle Pédagogie développée par Philippe Meirieu et ses épigones.

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    "La pornographie assigne, impose, ordonne. Elle est la taylorisation de l’individu. L’érotisme est son exaltation. L’une est libérale, l’autre est résolument libertaire – ou libertin.
    La société pornographique met l’homme et la femme à la chaîne, en feignant de les libérer. Elle les segmente, en évitant de garder la tête – le sexe lui suffit. Elle tue le désir en prétendant le combler. Elle fait le vide. Elle fait le rien.
    Le monde libéral est d’essence pornographique. L’économie a trouvé sa transcription libidinale, et le désir s’exprime en termes de marché.
    L’obscène est sur la Toile, il est aussi dans les discours des politiques, les comportements des industriels, les prétentions des artistes. La Société pornographique est l’analyse globale d’un monde où l’Avoir s’est substitué à l’Être – et l’a éliminé."

     

     

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  • La Syrie, le pacifisme, la ville... : la bande-annonce d'Éléments !

    Vous pouvez regarder ci-dessous la bande-annonce du nouveau numéro de la revue Éléments (n°143, avril - juin 2012). Ce numéro est d'ores et déjà disponible en kiosque, mais vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

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  • Les snipers de la semaine... (41)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Médias, Bernard Lugan flingue les journalistes incultes et le panurgisme galopant...

    Pour le rétablissement des duels en matière de presse !

     

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    - sur Causeur, Luc Rosenzweig dézingue le mélenchonisme mondain, dernière mode du moment...

    Derrière Mélenchon, le printemps des staliniens

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  • Ne vous abstenez pas !...

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro du mensuel Causeur (n°46, avril 2012), dans lequel vous trouverez, notamment , les bonnes feuilles de Mémoire vive, le nouveau livre d'Alain de Benoist à paraître début mai aux éditions Bernard de Fallois.

    Le magazine Causeur est disponible par abonnement ou à l'achat au numéro sur le site Causeur.fr.

     

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    Ne vous abstenez pas !

    Quoique nous échappions fort heureusement aux normes de campagne tatillonnes du CSA, et que nous sortions volontiers nos griffes quand on nous parle de quotas, toute idée d’équité ne nous est pas étrangère. À preuve, après avoir mis François Hollande en couverture le mois dernier, il était légitime que nous offrions le même insigne privilège à Nicolas Sarkozy. N’ayez crainte, cependant, si le président sortant occupe la couverture, il ne la tirera pas à lui. Et si certains de nos auteurs et contributeurs, tel le primo-votant Charles Consigny, souhaitent de tout cœur sa réélection, d’autres font un autre choix ou plutôt d’autres choix. On ne sera qu’à moitié surpris que Jérôme Leroy vote Jean-Luc Mélenchon, on le sera plus que le chrétien moyennement progressiste Théophile le Méné, déçu par une droite qui a abandonné le sacré pour le marché, fasse son outing mélenchoniste.

    Laurent Bouvet souhaite pour sa part que François Hollande emporte la présidentielle. Mais pas n’importe comment. Si l’auteur inspiré de l’essai le plus réchauffant de cet hiver (Le sens du Peuple, Le Débat/Gallimard) a la dent dure avec les velléités ouvriéristes du président sortant, il ne donne pas quitus pour autant à son challenger socialiste, virilement tancé pour être plus attentif au babil des twittos qu’aux souffrances des prolos. Allez vous étonner, après ça que l’électorat populaire taraudé par un persistant sentiment de cocufiage risque de faire de l’abstention délibérée le vrai troisième homme de ce premier tour. Pour Elisabeth Lévy, cette désertion est compréhensible : « Ne voter pour personne, explique la cheffe, c’est la garantie de ne pas être trahi» avant de nuancer aussitôt son propre constat – on ne la refera pas- en rappelant que l’abstention, c’est aussi la garantie de ne pas être représenté. Ce qui n’empêchera pas Georges Kaplan de rester chez lui ce 22 avril, au nom du droit à se gouverner soi-même. On ne sera pas complet sans citer Antoine Menusier, qui verrait bien , quel que soit le président, François Bayrou à Matignon, Laurent Dandrieu, pour qui les promesses du candidat président sont aussi biodégradables que le papier sur lequel elles sont imprimées, et François Miclo, qui avec la complicité de Babouse, taille dix shorts biens ajustés. Pas de jaloux, le CSA sera enchanté.

    Last but not least, dans un registre, disons, métapolitique l’incorrigible Cyril Bennasar, dresse un parallèle aussi plaisant que peu complaisant entre vie érotique et vie politique et pour vous allécher, je vous en livre un extrait pour la route : « Les femmes à qui on ne la fait plus finissent par exiger des gages au prétexte qu’il n’y aurait pas d’amour sans preuves d’amour. Je pourrais en arriver là. Finirai-je par croire qu’il n’y a pas de politique, qu’il n’y a que des preuves de politique et par me ranger derrière un candidat solide, sincère et fiable, au programme réaliste mais aussi alléchant qu’un contrat de mariage ? J’en doute… »

    Sinon, comme à l’accoutumée, ce numéro 46 – publié sur 80 pages !- vous fera voyager : Agnès Poirier nous emmène en un Royaume désuni ou chaque classe sociale veut son école à elle, Jean-Robert Raviot nous explique que le “Printemps russe” annoncé à longueur de gazette se résume pour l’instant à la fronde des “moscobourgeois” qui rappellent furieusement nos élites mondialisées, tandis que Jean-Luc Gréau, Luc Rosenzweig et Philippe de Saint-Robert auscultent, chacun à leur façon, une Europe pas vraiment en top forme.

    À cela, on ajoutera pour faire bonne mesure une longue interview de François Cheng par Gérard de Cortanze, une autre de Patrice Gueniffey par Isabelle Marchandier sur Les Adieux à la reine, les bonnes pages, publiées en exclusivité par Causeur, de Mémoire vive, où Alain de Benoist raconte 40 ans d’aventure intellectuelle.

    Enfin, comme on élit pas son président de la République tous les jours, Causeur a décidé de faire une fleur à ses lecteurs : un supplément gratuit (à condition de payer le reste du journal, hein) mitonné par Basile de Koch et Les Jalons, son gang des pastiches, intitulé « Qui Choisir ». On y trouvera entre autres l’ultime crash test Sarkozy/Hollande, une interview de Laurence Parigot sur la nécessaire délocalisation en Inde dés élections présidentielle et législatives et un dossier exhaustif sur le vote hétéro, dont nous vous livrons (toujours gratuitement) les premières lignes : « La montée en puissance d’un fort sentiment identitaire hétérosexuel, avivé par les sarcasmes de la majorité morale gay et féministe au pouvoir, pourrait être une des clés de l’élection présidentielle. » Bref comme le dit Basile dans son édito « chacun trouvera, dans ce numéro spécial de Qui choisir, les éléments nécessaires pour procéder, en connaissance de cause, à son tri électif ».

    Marc Cohen (Causeur, 13 avril 2012)

    Pour pouvoir profiter de tout cela, vous avez comme chaque mois le choix entre l’achat au numéro (papier ou numérique), la souscription à l’offre Découverte (le dernier n° + les deux prochains pour seulement 12,90 €) ou l’abonnement 1 an (papier ou numérique). Dans ces conditions, ce serait vraiment trop bête de s’abstenir.

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  • C'est jeune et ça vote mal !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aimée Joubert, cueilli sur Causeur et consacré au succès que rencontre Marine Le Pen dans les sondages auprès des jeunes...

     

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    C'est jeune et ça vote mal

    C’était un temps ancien. Les étudiants arboraient des autocollants anti-fachos sur leurs sacs à dos. Ils reprenaient en chœur le refrain des Bérus expliquant que la « jeunesse emmerde le Front National » et ledit FN était rebaptisé F-Haine par des politologues en culottes courtes qui luttaient avec leurs mots à eux contre la bête immonde.

    En ce temps-là, vers 1993-1995, on combattait l’extrême droite en scandant des slogans et on avait honte d’avoir un tonton marseillais ou meusien qui votait Jean-Marie et ne manquait jamais une occasion de gâcher les réunions de famille en n’ayant même pas peur de le dire à table.

    L’étudiant, et par extension le jeune idéal, était le fer de lance de la lutte contre l’obscurantisme, la haine de l’étranger, le repli national. La mondialisation était son élément, l’Autre son ami. Le phénomène était planétaire : à l’époque, ce credo du « Tout ce qui est différent est forcément bon » fût férocement moqué par Tim Burton dans Mars Attacks !

    Mais nous voici en 2012, et ne voilà-t-il pas que le jeune est tenté par le vote Front National. Alors, le nouveau jeune serait-il raciste, xénophobe, frileux, nationaliste, bref déjà moisi ? En tout cas, un sondage CSA, publié dans Le Monde lundi 9, est venu foutre le bordel dans une image de la jeunesse cajolée par la gauche, qui en fait le fer de lance de la lutte contre le président sortant. 24% des 18-24 ans sont tentés par un vote pour Marine Le Pen à la présidentielle. Un score jamais atteint dans ces proportions par son père.

    Immédiatement la machine à explications officielles s’est mise en route : les jeunes les plus pauvres, les moins diplômés, les plus menacés par la mondialisation sont désespérés et donc votent pour l’extrême droite dans un mouvement de rejet. Les partis traditionnels, qui pourtant sortent l’artillerie lourde (le permis quasi gratuit, l’allocation autonomie, et bientôt la semaine des quatre mercredis) n’arrivent pas à les fixer. François Hollande est d’ailleurs, selon ce sondage, celui qui a perdu le plus chez les 18-24 ans.

    Alors, où est le problème avec les jeunes ? Et bien le problème, une fois de plus, c’est ces salauds de pauvres. Ainsi le magazine l’Etudiant brandit son propre sondage qui montre que ceux qui vont à l’université, poursuivent leurs études longtemps, eux, votent Sarkozy, Bayrou et Hollande et ne sont pas « extrémistes », même s’ils sont à une courte majorité à droite. François Hollande rassemblerait 30% de leurs intentions de vote, Nicolas Sarkozy est à peine derrière, captant 28% de leurs voix. François Bayrou n’obtiendrait, lui, que 11%.L’étudiant peut donc être de droite, surtout dans les grandes écoles, et vote PS ou Mélenchon en fac de Lettres. Mais ne vote pas Marine Le Pen.

    La vitesse avec laquelle les organisations de jeunesse (sous-entendu de gauche) sont montées au créneau après la publication du sondage, montre bien l’idée que des jeunes puissent voter à l’extrême droite les terrifie, les dégoûte. La stupeur journalistique devant le titre du Monde montre aussi que le jeune reste un inconnu, sauf quand il use ses fonds de Levis 501 à Louis-le-Grand, Dauphine ou Sciences-Po. Un jour sur deux, le media convoquera l’autre figure obligée du 18-25 le djeun de banlieue, de préférence né dans une famille immigrée, lequel sera potentiellement délinquant pour la droite, et honteusement discriminé pour la gauche.

    Comme l’électeur moyen serait un quarantenaire bobo, cadre sup’ séduit par Mélenchon et Hollande, au pire Bayrou et s’informant sur Twitter. A l’instar de la Mémé de Vesoul, certains ont rêvé qu’on pourrait remonter le film électoral en virant du casting le cousin prolo de 22 ans chauffeur poids lourds en intérim, la cousine aide soignante qui travaille de nuit, ou celle qui, bac en poche, ne trouve pas de boulot ou alors comme saisonnière deux mois par an à Palavas-Les-Flots. Ceux-là n’existent pas. Ne sont même pas des vrais jeunes, en fait.

    Pourtant les chiffres sont têtus, beaucoup de 18-24 ans, sont déjà sortis de l’école, sont au chômage ou travaillent. Evidemment, sauf exception, des petits boulots, des CDD, la galère de début de vie professionnelle, l’impossibilité d’avoir un logement à soi, le permis qu’on ne peut pas se payer sans l’aide de papy ou mamie.

    Autant dire que pour ceux-là, la peur du déclassement n’est pas juste une phobie. Dans pas mal de cas c’est une réalité. Alors ils s’énervent et peuvent avoir envie de voter pour ceux qui promettent de rétablir un Etat protecteur, et d’inventer de nouvelles frontières. Il n’est même pas certain qu’ils croient que ça puisse se produire, ils veulent juste donner un peu plus qu’un signe.

    Ces intentions de vote gênent, parce qu’elles renvoient à des jeunes pas propres sur eux, sans carte Amex ni même une banale Gold de base, n’ayant confiance ni dans le marché, ni dans l’Europe. Surtout, ces jeunes malvotants sont le signe que l’opération dédiabolisation menée par Marine Le Pen est peut-être en train de réussir. Les quotidiens, friands de ces nouveaux monstres qui sont allés en interroger leur font dire que « voter Marine c’est plus facile que Jean-Marie » et que sa tolérance de l’homosexualité, son personnage de femme divorcée, son modernisme séduisent. Ces jeunes là sont insensibles au discours crétin (pour rester polie) de Thierry Marchal-Beck le nouveau patron du MJS, ou aux tentatives hilarantes (pour rester gentille) de politique 2.0 des Jeunes Pop de Benjamin Lancar. Somme toute c’est une bonne nouvelle.

    La mauvaise c’est qu’après avoir voté Le Pen une première fois, ils risquent de remettre ça, y compris quand jeunes sera passée. Et finalement les hauts cris, des exégètes autorisés trahissent peut-être autre chose qu’une indignation face à une jeunesse statistiquement décevante. Comme une angoisse que ces futurs ex-jeunes fassent les bataillons puissants à venir du Front National en 2017 et pourquoi pas 2022, oubliant au passage de s’abstenir. Cette fois là, les promesses sur le permis de conduire à un euro ou l’allocation d’autonomie à deux balles ne serviront absolument à rien. On en vient presque à regretter qu’ils ne s’abstiennent pas comme ils le faisaient d’habitude, ces jeunes cons…

    Aimée Joubert (Causeur, 11 avril 2012)

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