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  • L'identité avant la nation...

    Les éditions Vendémiaires viennent de publier un essai historique de Thierry Dutour intitulé La France hors la France - L'identité avant la nation. Thierry Dutour est maître de conférence à la Sorbonne et spécialiste du Moyen-Âge.

     

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    " Au Moyen Âge, les Français vivaient pour beaucoup loin de France. Du XIIe au XVe siècle, dispersés «depuis l’Arabie jusqu’à l’Irlande», c’est principalement hors du territoire de notre pays, à Dublin, Londres, dans les États latins d’Orient issus des croisades ou dans le Péloponnèse qu’ils prirent conscience d’une identité commune. Durant ces siècles, le plus ancien manuscrit de la Chanson de Roland, qui évoque la « douce France », fut rédigé en Angleterre. On entendait chanter en français dans les rues de Jérusalem. On bâtissait, à Chypre, de sublimes cathédrales gothiques, sœurs de celles de Paris et d’Amiens. Et c’est dans les régions francophones du Saint Empire romain germanique que l’usage du français se répandit précocement dans les écrits pratiques.

    Être Français n’avait alors rien à voir avec l’occupation d’un territoire ou la soumission à un pouvoir politique. La France était là où l’on avait le sentiment de faire partie d’une communauté de langue, dont découlait une culture, une vision partagée de l’homme et de la vie en société.

    Dans cet essai iconoclaste, Thierry Dutour invite à se défaire des préjugés qui nous présentent le passé à travers le prisme déformant des idées d’aujourd’hui. Avec un postulat renversant : avant le lien à une terre, avant l’État, il y avait les Français, sans souci de frontières. "

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  • Notre chemin...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman sur la douloureuse affaire ukrainienne.

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Notre chemin

    Il faut se méfier des réponses simples à des problèmes complexes. Ce serait un truisme affligeant que de dire cela si notre époque n’avait pas en détestation la tempérance, la nuance, la gradation, et même la simple analyse. Notre temps n’aime rien davantage que le manichéisme, l’hystérie et les vociférations.  Chacun est sommé de choisir son héros et de combattre à mort (sur les réseaux sociaux ou les plateaux télé, n’exagérons rien…) pour celui-ci, abandonnant au passage toute bribe d’honnêteté et tout semblant de mesure. Un monde d’idolâtres, de « groupies », de « supporters » sans cervelle, aussi pavloviens qu’agressifs.

    Ainsi, il semble qu’il soit impossible d’être favorable à l’autonomie et l’indépendance ukrainienne sans devenir immédiatement un abject « anti-russe » et, plus grave encore, un horrible « anti-Poutine ». Pourtant, n’étant ni Russe ni Ukrainien, mais Français, c’est une position qui n’a rien d’absurde ni d’intenable, à part, bien sûr, pour les fanatiques (à distance) des deux camps qui semblent s’être trouvés de tristes patriotismes de substitution.

    Dans le monde chaotique et hyper-interconnecté dans lequel nous vivons, où des intérêts immenses et contradictoires s’entrecroisent et des lobbys multiples se concurrencent, il faut être bien présomptueux pour prétendre connaître l’issue et les conséquences concrètes des événements et des crises qui secouent le monde. Souvenons-nous, par exemple,  du drame Yougoslave. Faut-il cracher rétrospectivement sur ceux qui avaient choisi le camp Croate ?

    Face aux nouvelles pythies de facebook et d’instagram, aux Nostradamus de la géopolitique et autres grands spécialistes du billard diplomatique à douze bandes, le militant sincère n’a qu’un choix qui paraît à peu près digne: tenter d’être fidèle à des principes immuables et transcendants et servir les seuls intérêts de son pays.

    Ainsi, au nom de l’anti-impérialisme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, il convient de défendre le combat des ukrainiens pour vivre dans leur patrie, selon leurs règles, traditions et lois, sans avoir à être les domestiques obligés de leur puissant voisin. Et ce quelques soient les contingences et les circonstances. Est-ce nous qui vivons dans un pays membre fondateur de l’Otan qui allons insulter (ou simplement dénigrer le combat) des nationalistes ukrainiens parce que le leur va peut-être un jour rejoindre cette organisation ? Avons-nous des leçons à leur donner sur la divergence entre le combat mené et les gouvernements qui nous représentent ? Un peu de décence et d’humilité, en ce domaine comme en bien d’autres, ne serait pas superflu…

    Ensuite, au nom des intérêts de la France, il est impérieux de refuser le suivisme Otanesque et la subordination aux Etats-Unis, et il est urgent de rompre avec la criminelle niaiserie de la prétendue  « défense des droits de l’homme » qui n’est que le cache-sexe de la stratégie d’hégémonie américaine.

    Mais, entre deux Empires, nous n’avons pas à choisir notre vassalité.

    C’est avec cette fameuse « troisième voie », qui fait sans doute ricaner les cyniques rebaptisés « réalistes » et « pragmatiques » après un voyage semi-officiel et trois coupes de champagne, qu’il faut renouer, sous peine de disparaître. Car l’époque ne manque pas de gens prêts à se soumettre et à servir le puissant du jour, mais les volontés et les intelligences pour forger notre propre puissance se sont, quant à elles, tragiquement raréfiées.

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 23 février 2022)

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