Au sommaire cette semaine :
- dans le cadre du Collège International de Philosophie, Stéphane Zagdanski évoque la pensée de Guy Debord...
- sur le site d’Égalité et Réconciliation, Laurent Guyénot évoque l'importance du culte des ancêtres...
spectacle
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Tour d'horizon... (235)
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Consciences sous influence...
Les éditions Culture & Racines viennent de rééditer un essai de Stuart Ewen, historien et sociologue américain, daté de 1976 et intitulé Consciences sous influence - Publicité et genèse de la société de consommation. L'ouvrage est présenté par Lucien Cerise, l'auteur de Gouverner par le chaos (Max Milo, 2010) et d'Oliganarchy (Le Retour aux Sources, 2013).
" En 1983, Stuart Ewen publiait en France « Consciences sous influence - Publicité et genèse de la société de consommation ». Ce livre culte, devenu une référence incontournable de la critique sociologique d'inspiration situationniste, est aujourd'hui republié aux éditions Culture & Racines. Stuart Ewen y retrace l'origine de ce que Guy Debord nomma le Spectacle, premier allié du productivisme industriel dans la guerre culturelle menée pour l'expansion du modèle de société américain, et dont l'iconographie fondée sur l'exhibition de corps jeunes, féminins et plutôt dévêtus a entièrement colonisé les médias et les imaginaires, élaborant au fil du temps une véritable société de l'indécence. La «décence commune », notion bien connue de George Orwell et Jean-Claude Michéa, est la première cible dans ce travail d'influence des consciences étalé sur plusieurs décennies. Car une telle régression n'a rien de naturel. Dans son ouvrage, Stuart Ewen démontre que ce nouvel ordre « libéral libertaire » mondial, loin d'être l'aboutissement d'une évolution spontanée, a bien été implanté de manière concertée selon des méthodes scientifiques de planification et d'ingénierie sociale. Les dévoiler pour s'en affranchir, tel est le défi auquel ce livre nous invite. "
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Divertir pour dominer...
Les éditions L'échappée viennent de publier sous la direction de Cédric Biagini et Patrick Marcolini un recueil intitulé Divertir pour dominer 2 - La culture de masse toujours contre les peuples. Cédric Biagini dirige les éditions L'échappée et Patrick Marcolini, maître de conférence à l'université de Montpellier, est philosophe et historien des idées.
" Visionnage boulimique de séries, addiction aux jeux vidéo, gamification des activités sociales, consommation devenue divertissement ordinaire, pornographie banalisée, invasion des musées par les marques, etc. Plus aucun espace n’échappe aux productions culturelles du capitalisme hypermoderne. Le culte du fun et de la transgression, le refus immature des contraintes, la quête de sensations fortes, l’exaltation du narcissisme et les bricolages identitaires, fabriquent un nouveau type d’individu.
Face à cette déferlante, journalistes, chercheurs et intellectuels, y compris les plus subversifs – et peut-être même surtout eux –, ont rendu les armes. À tel point que certains voient dans la culture de masse l’art de notre temps, démocratique et... rebelle. D’autres se contentent d’y dépister les stéréotypes et les rapports de domination et de fantasmer une possible réappropriation des contenus.
Ce livre prend le contre-pied de ces abdications. Il s’inscrit dans une tradition de critique de l’aliénation, du spectacle et des modes de vie capitaliste, qu’il ravive en démontrant comment les derniers avatars de la culture de masse, omniprésents et plus efficaces que jamais, laminent les sociétés et domestiquent les esprits." -
Guy Debord et la stratégie...
Les éditions L'échappée viennent de publier un recueil de notes de lectures de Guy Debord intitulé Stratégie. Figure de proue et principal penseur du mouvement situationniste, Guy Debord est l'auteur de La société du spectacle et des Commentaires sur la société du spectacle. Il est également l'inventeur d'un jeu de réflexion stratégique, dont les règles ont été publiés dans Le jeu de la guerre (Gallimard, 2010).
" La réflexion sur la stratégie est au cœur de la pensée de Guy Debord. Héritiers du dadaïsme, du surréalisme puis du lettrisme, lui et ses compagnons de route ont cherché un nouveau passage vers une contestation aussi large que possible des conditions de vie dans nos sociétés modernes. Ils n’ont eu de cesse de porter concrètement la lutte hors du champ de l’art, dans le domaine de la vie quotidienne : la révolution doit être d’abord la modification des perspectives au sein de cette vie. Les propositions théoriques de Guy Debord s’accompagnent ainsi tout au long de l’aventure d’un violent désir d’action pour faire changer la face d’un monde dont il rejette les faux-semblants, avec en ligne de mire la mise en œuvre effective de son projet révolutionnaire. Le Jeu de la guerre imaginé par Debord dès le milieu des années 1950 témoigne de la place qu’a occupée dans sa réflexion la nécessité de penser stratégiquement tout projet d’action, quel qu’il soit. "
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La France a froid !...
Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque le climat mortifère qui règne en France ...
Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.
La France a froid !
« La France a froid », grelotte la domesticité journalistique, et avec elle des millions de brebis urbaines qui semblent découvrir qu’en hiver il fait froid et que ce froid peut être glacial, ainsi qu’en Estonie ou en Bouriatie. Ainsi dépêche-t-on en province des « envoyés spéciaux » pour parler du « front du froid » comme s’il s’agissait de conflits locaux récurrents qui ont lieu entre le Haut-Karabagh et l’Azerbaïdjan. Ces « reporters » s’adressent aux Français sous trois flocons de neige, tandis qu’on redessine, quasi militaire, la carte de France en des couleurs vertes, jaunes, oranges, rouges, pour l’opération baptisée par la météorologie d’État « vigilance » ― vocable qu’on croyait réservé aux dévots de la pureté gauchiste, qui ont fini par s’asseoir et font maintenant l’histoire de leur printanière station debout : quand on est définitivement sorti de l’Histoire et qu’on œuvre pour la falsification générale, le plus petit pet estudiantin, le moindre rot bourdieusio-foucaldien devient une épopée pour campagnols, et il faut donc « écrire » Nuit debout – à quoi s’attachent sociologues et romanciers post-littéraires, las d’écrire sur Détroit, Che Guevara ou leur bi-sexualité.
La France a froid de la même façon qu’elle avait eu peur, il y a quarante ans, comme l’avait déclaré un domestique télévisuel à propos du meurtre d’un enfant par un psychopathe qui avait échappé à la guillotine, à une époque où ce châtiment métaphysique existait encore. Parole restée célèbre, et qui fait songer que la France n’a pas cessé d’avoir peur, à commencer d’elle-même : d’être elle-même, veux dire, et aussi de son ombre, c’est-à-dire de son héritage millénaire. Qu’elle ait froid ou qu’elle souffre de la canicule, elle ne cesse de se lamenter sur son sort, lequel est pourtant assez confortable, puisqu’elle meurt, doucement, déprimée, indifférente, négligente, étranglée d’idéologie, de droits et d’«avantages sociaux », et consentant, en fin de compte, à sa propre disparition. Une étude récente ne montre-t-elle d’ailleurs pas que la fécondité des Françaises (pour peu qu’on n’y compte que les Françaises de souche) n’est plus que de 1,91 enfant par femme ― 1 enfant 91 étant un humanoïde bien singulier, peut-être un prototype trans-humaniste, un avorton qui a trop lu Le Clézio, ou encore un produit de la PMA pour tous ; en tout cas un enfant pas tout à fait achevé, et voué à souffrir de ce froid contre lequel beaucoup s’insurgent, et pour lequel ils en veulent à la Nature de ses rigueurs hivernales, sans considérer qu’il y a une autre glaciation en cours : celle de la langue française, le pédagogisme socialiste, qui avait un peu reculé sur la « simplification » de l’orthographe, ayant trouvé le moyen d’ajouter à la suppression du latin et du grec celle du complément d’objet, jugeant peu intelligents les petits Français, naguère « chères têtes blondes », et rebaptisés (métissage post-colonial oblige) 1,95, ou 2,01 et bientôt 1,91…
Le même froid touche la France littéraire : Leïla Slimani, dont la syntaxe est plus poudreuse que le sable du Sahara, pose en couverture du magazine para-pornographique Elle, tandis que Houellebecq était, à l’occasion du numéro des Cahiers de L’Herne qui lui est consacré, l’invité du journal télévisé de France 2, dont le présentateur, plus conciliant encore que ses confères de Télé Pyong Yang, faisait mine d’accueillir un « provocateur », mot destiné à contourner celui de « rebelle » ― qui eût révélé le pot-aux-roses, même aux imbéciles qui le regardaient la « télé » entre la poire et le fromage. Houellebecq n’a rien dit ; il s’est contenté d’être là ― ne rien dire étant suffisant pour le Spectacle devenu tout entier pornographique, tels l’hiver, la presse officielle, Thomas Pesquet dans l’espace, les adieux d’Obama, ce Hollande américain…
La Nature, elle, si souvent violentée par l’homme, qui croit l’avoir maîtrisée comme il le fait des ventres et des esprits, fait payer de plus en plus cher le Spectacle, et se rappelle à nous par des accès de fureur dignes d’être châtiés par la Cour européenne des droits de l’homme ou le Tribunal international de La Haye : ainsi une avalanche a-t-elle emporté, non pas quelque crétin qui s’est cru trop rebelle en faisant du ski hors-piste, mais tout un hôtel, en Italie, causant une trentaine de morts. Il ne se trouve parmi eux, me signale un ami italien, nul signataire de la liste Otto-Ernaux.
Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 21 janvier 2017)
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Une force illégitime...
Nous reproduisons ci-dessous une chronique décapante de Richard Millet, cueillie sur son site officiel et consacré à l'invasion migratoire en cours. Écrivain, Richard Millet vient de publier Tuer (Léo Scheer, 2015), ouvrage dans lequel il revient avec beaucoup de profondeur, après La confession négative (Gallimard, 2009), sur l'expérience fondatrice qu'il a connue au travers sa participation aux combats de la guerre du Liban...
Une force illégitime
L’actualité, c’est-à-dire le Spectacle, abonde en déclarations et évènements dont l’accumulation suscite une zone d’incertitude entre le mensonge, l’oubli et l’indifférence, sur laquelle se fonde la politique, autre nom du Spectacle. Ainsi a-t-on peu commenté le chiffre donné par Bruxelles, la semaine dernière, à propos du nombre de migrants appelés, d’ici 2017, à aborder aux rives heureuses de l’Europe : 3 millions – le double, probablement, comme tout chiffre donné par les « instances officielles », et sans préciser s’il tient compte de ceux qu’on commence à appeler les « réfugiés climatiques », auquel cas le chiffre devrait être multiplié par trois ou quatre, ce qui, une fois encore, me fait songer que les espaces déserts du Massif central ne resteraient plus dépeuplés.
Trois millions de migrants : trois millions de musulmans, majoritairement, qu’appelle la pompe aspirante de la grande culpabilisation occidentale, alliée aux « besoins » du capitalisme mondialisé, et qui s’ajouteront à leurs coreligionnaires déjà présents sur le théâtre des opérations, le nombre faisant déjà partie de la guerre (comme on le voit à Calais, ces jours-ci, où les « migrants » attaquent les forces de l’ordre) et celle-ci s’étendant à présent du Proche-Orient et de l’Afrique à l’Europe prétendue vieille, à propos de laquelle la Propagande préfère s’en prendre aux Européens de souche ou récemment assimilés qui n’« accueillent » pas assez volontiers les migrants et refusent de s’en laisser conter sur l’alliance objective entre l’Etat islamique, ses parrains (turcs, qataris, saoudiens) et les nations occidentales qui semblent avoir intérêt à ce que l’Etat islamique dure, lequel Etat avait, on l’oublie, récemment promis cette invasion aux « Croisés »…
Les conséquences de ce peuplement forcé sont incalculables, l’immigration extra-européenne contribuant déjà, depuis quarante ans, à la destruction des nations qui ont donné le meilleur de la civilisation ; des nations qui ne sauraient être considérées du point de vue ethnique comme les Etats-Unis d’Amérique, quel que soit leur degré d’avilissement et de tiers-mondisation (comme on peut le constater avec le patron de Google venu faire l’aumône de 83 millions d’euros à des start-up françaises, générosité intéressée qu’on croyait réservée à l’Afrique). La question du nombre est ici démoniaque, car une force illégitime que le « sens de l’histoire » tente de faire passer pour irrésistible. J’élève là-contre une voix solitaire, refusant de voir la culture (et non « ma » culture) sacrifiée à ce nombre qui arrive avec ses lois, son code civil, son refus de s’assimiler. Je refuserais de voir, comme au Canada, pays insignifiant à tout point de vue, et non pas une nation mais un conglomérat multiculturel, un ministre de la défense sikh arborant barbe et turban. Pourquoi pas une ministre des affaires sociales en burqa ou un secrétaire d’Etat mélanésien avec un os dans le nez ! Rien de plus contraire à l’essence d’un pays comme la France et des nations européennes. Ce serait aussi illégitime que de voir James Bond (le personnage créé par Ian Flemming étant, comment le nier, un Blanc) incarné par un acteur noir, comme le bruit court à ce sujet. Non que j’attache de l’importance à James Bond ; mais il ne viendrait à l’idée de personne de faire incarner Porgy et Bess par des chanteurs blancs. James Bond est un des marqueurs du Spectacle comme il y en a du cancer. Le cancer du multiculturalisme est particulièrement à la hausse, tout comme celui de la confusion qui fait prendre Hollande pour exégète de Clausewitz, Jérôme Garcin pour un écrivain et André Glucksmann, qui vient de mourir et dont il ne restera rien, pour un penseur : le seule penseur considérable de notre temps, avec Emmanuel Levinas et Gilles Deleuze, c’est René Girard, mort la semaine dernière, et dont l’œuvre continue à agir…
Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 10 novembre 2015)