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  • Feu sur la désinformation... (445)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et animée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, et Floriane Jeannin.

     

                                           

     

    Sommaire :

    La météo de l’info : Les médias de grand chemin

    Déchaînement médiatique contre les manifestations en hommage à Thomas

    “L’extrême droite” à “l’assaut” de l’Europe ?

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    Les pastilles de l’info :

    Crépol / Roman sur Isère, suite…

    Après le pass sanitaire, avant la pass énergie, voici le pass JO !

    L’IA serait-elle de gauche ?

    On en a plein le dos de Julien Pain

    Au revoir Michèle Rivasi

    Conclusion

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    Portrait piquant de Patrick Cohen

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  • Les relations internationales à l’ère de la mise en données du monde...

    Les éditions Le Cavalier bleu viennent de publier un essai de Jamal Atif, Isabelle Ryl et J. Peter Burgess intitulé Géopolitique de l'IA - Les relations internationales à l’ère de la mise en données du monde.

    Universitaires, Jamal Atif et Isabelle Ryl sont chercheurs dans le domaine de l'intelligence artificielle. Quant à J. Peter Burgess, il est philosophe et politologue, professeur et directeur de la Chaire de Géopolitique du risque à l’école normale supérieure.

     

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    " Si l'intelligence artificielle a bouleversé notre quotidien, elle a également profondément transformé les relations internationales en abolissant les frontières « classiques » au profit de l'espace cyber et en introduisant une nouvelle ressource clé, la donnée, et les usagers qui la produisent. Elle a également fait émerger de nouveaux acteurs, les géants du numérique, qui se hissent au rang de quasi-États avec lesquels il faut désormais compter. Elle modifie enfin les possibilités d'affrontement entre États en produisant de nouvelles armes ou en intervenant dans certaines élections. Au travers de nombreux exemples, les auteurs montrent combien l'intelligence artificielle transforme la géopolitique, ses acteurs et ses territoires, et quels sont les enjeux d'une gouvernance de cette technologie hors-norme. "

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  • Rideau de fumée sur l'Intelligence A'rtificielle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur son site Europe solidaire et consacré aux annonce d'Emmanuel Macron consacrées à la recherche sur l'Intelligence Artificielle. Jean-Paul Baquiast anime également le site d'information techno-scientifique Automates intelligents.

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    Emmanuel Macron ne veut rien comprendre à l'Intelligence Artificielle IA

    Emmanuel Macron vient de proclamer le 29 mars avec beaucoup d'emphase que l'IA est un enjeu d'avenir pour l'économie française. Elle sera, dit-il avec raison, à l'origine des principaux progrès de l'industrie de l'avenir, mais il aura aussi un enjeu éthique, car l'IA est une technique qui touche de près à ce qui fait la spécificité humaine.

    C'est pourquoi sa maîtrise économique importe. Parvenir à développer les techniques fondamentales, les processus scientifiques et les marchés naissants est un enjeu crucial. L'exemple de l'Internet le prouve : avoir laissé à d'autres la création des outils numériques a provoqué une forte dépendance économique et à l'anémie industrielle.

    Tous ceux qui connaissent un peu l'1A et aussi l'IA dite avancée savent que celle-ci est bien plus que ce qu'en a dit Emmanuel Macron. Elle est désormais associée à toutes les sciences et techniques, civiles et militaires. Beaucoup considèrent que le monde de demain sera globalement numérique ou artificiel. Le rapport Villani dit à peu près la même chose 1).

    Comme nous l'avons souvent signalé ici, Google se veut, en association avec le département américain de la défense, le maitre du futur Univers global. Il investit des sommes considérables sur l'IA, en rachetant pour ce faire la plupart des laboratoires et start-up européens et français du domaine.

    Or du discours d'Emmanuel Macron il est ressorti que la France, sous sa présidence, investira d'ici 2022 la somme ridicule de 1,5 milliard d'euros supplémentaires. En moyenne, ce seront 3,75 % d'augmentation de l'ensemble des dépenses publiques d'innovation. Cet argent était déjà promis par François Hollande. Rappelons qu'en dehors de Google cité plus haut, les investissements de recherche d'Amazon s'élèvent à 16 milliards d'euros par an.

    La France renonce  

    Le constat est malheureusement clair : la France renonce à jouer les premiers rôles dans la bataille mondiale de l'IA qui se déroule actuellement. Elle y  renonce au nom de la « bonne gestion » et de la « maîtrise des dépenses publiques »  Macron  compte apparemment, en bon élève de la Banque Rothschild, sur le secteur privé :  310 millions d'euros pour l'amorçage de start-up dans le secteur, mise à disposition des données du secteur public de la santé, encouragement des chercheurs du secteur public à obtenir des détachements jusqu'à la moitié de leur  temps de travail pour créer leur entreprise.

    Il ne veut pas voir que tous les investissements de recherche en IA, autres que ceux des GAFA américaine ont été faits en Europe à partir de fonds et projets publics

    La France d'Emmanuel Macron a donc décidé de servir de lieu de sous-traitance aux  géants privés américain du secteur de l'IA. Mais les grands groupes privés multinationaux feront leurs choix d'implantation et de recherche en fonction de leurs intérêts. La place de la France dépendra de trois critères : le coût du travail, un niveau d'imposition faible et un flux de subventions publiques déguisées. L'augmentation des salaires des chercheurs français, comme le recommande le rapport Villani, ne sera pas leur priorité. Les meilleurs continueront donc naturellement d'aller proposer leurs services ailleurs, et notamment chez les donneurs d'ordre des sites français.

    De plus, l'appel à la création de start up en IA par de jeunes chercheurs correspond à un pillage organisé des compétences – quand il en reste – du secteur public. Souvent, celles-ci vivent du  transfert de technologies développées initialement dans la sphère publique vers des grands groupes privés. Le chercheur développe son idée avec les moyens publics, créé sa société et la développe en conservant un pied dans le public, puis la revend aux géants étrangers du secteur.

    Le gouvernement a salué la création par Google et l'École polytechnique d'une chaire consacrée à l'IA. Qui profitera de cette chaire ? Avant tout Google qui dirigera dans son propre intérêt la recherche, qui disposera d'un vivier de chercheurs et qui profitera des dépenses publiques de recherche. Mais Google ne produira et n'agira que là où il pourra maximiser son profit. Avec ce type de partenariat, mais aussi avec la création de centres de recherche de Samsung ou Fujitsu, la France accepte d'être sous-traitant de ceux qui dominent déjà le secteur.

     Faut-il rappeler l'entrée massive de Microsoft dans l'institut de recherche publique français INRIA ? En a-t-il résulté une avance quelconque de la France dans le domaine de la micro-informatique ?

    La stratégie du gouvernement n'est pas étonnante : elle consiste à privilégier les mécanismes du marché et renoncer à l'action de l'État. En matière d'IA ceci annonce une défaite de plus dans cette bataille fondamentale pour l'avenir de l'humanité. Ce n'est pas la stratégie, on le constate aujourd'hui, de la Chine ni même, avec des moyens plus modestes, de la Russie.  

    Le monde de demain sera américain, chinois et russe, mais la France n'y aura pas de place.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 30 mars 2018)

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  • Penser le transhumanisme avec la Tradition...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julien Rochedy, cueilli sur son blog et consacré à la question du transhumanisme.

     

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    Penser le transhumanisme avec la Tradition

    La guerre des Intelligences de Laurent Alexandre

    Le livre du docteur Laurent Alexandre « La guerre des intelligences » est à mettre dans toutes les intelligences. Son objet est sans appel : nous sommes en train de vivre une véritable révolution anthropologique, peut-être la plus importante de toute notre histoire, et personne ou presque, en Europe, ne s’y intéresse véritablement. Est-ce encore un signe de la volonté presque maladive des européens de sortir définitivement de l’Histoire et, donc, du jeu des puissances ? Peut-être bien, hélas, mais ce ne sera pas le sujet de cet article.

    J’aimerais réfléchir à haute voix sur la thèse de Laurent Alexandre – laquelle me semble difficilement contestable – et sur la réaction philosophique et politique que nous devons avoir à son égard. Quand je dis « nous », je parle bien sûr des Français, et plus généralement des Européens, mais chacun comprendra que je me concentre plus encore sur les réactions des penseurs « de droite », « conservateurs » et/ou traditionalistes, dont je fais parti, car cette révolution qui est à l’œuvre nous invite aussi à révolutionner nos idées.

    Résumons rapidement la thèse du docteur Alexandre : l’intelligence artificielle et la dépendance à son égard ne cessent de croitre. Celle-ci dépasse déjà les capacités humaines en bien des domaines et pourrait logiquement détruire la plupart des métiers que l’on croyait autrefois dévolus aux hommes et aux hommes seuls (comme la médecine par exemple). Afin de « concurrencer » cette IA, et, surtout, de pouvoir la manier, l’homme devra nécessairement améliorer ses capacités cognitives, sous peine d’être complétement dépassé. Dès lors, tous les progrès de l’IA appellent par nature des progrès de ce que l’on appelle le « transhumanisme », l’un ne pouvant aller sans l’autre. Ainsi, sauf à cesser toutes recherches sur l’IA, et à détruire dès maintenant les smartphones que nous avons entre les mains, les études et les pratiques sur le génome, le cerveau et notre corps ne s’arrêteront pas et bouleverseront très bientôt notre expérience de l’humain. Inutile de dire que personne ne détruira son Smartphone, et que, de toutes façons, si un pays décidait unilatéralement l’arrêt des recherches, la Chine et les Etats-Unis, qui se conçoivent encore comme des puissances (contrairement à nous), ne sont pas prêts, eux, de cesser.

    Que tous ceux qui doutent de cette thèse lisent le livre de Laurent Alexandre avant de continuer de lire cet article. Je le crois très convainquant, et je partirai donc du postulat que sa thèse est véridique.

    Le bio-conservatisme et la peur du transhumanisme

    La première réaction des « gens de chez nous » face au transhumanisme et au progrès de l’IA est la peur, voire le dégout. Ceux-ci nous font entrer dans un monde que nous ne connaissons pas et nous sommes naturellement gorgés de fantasmes à son propos. Nous imaginons un monde déshumanisé où règnerait la froide technique, rempli de manipulations génétiques accomplies par de patibulaires scientifiques à l’accent allemand. De surcroit, nos conceptions holistes et communautaires regimbent face à l’idée d’un homme-Dieu démiurge de lui-même, sorte d’acmé de l’individualisme libéral occidental, prêt à abolir les règles de la Création pour satisfaire son Ego et sa soif de puissance. La réaction « instinctive » d’un être humain est de plisser les yeux en signe d’inquiétude et de défiance. Si cet « être humain » est de droite, c’est à dire plus rétif que les autres à ce que l’on appelle « le progrès », il les plissera d’autant plus en signe d’agressivité, souhaitant s’enfermer dans une idéologie « bio-conservatrice » dont l’unique objet ne peut être qu’un statu quo, lui-même ne voulant pas revenir sur les progrès de la médecine et de ses superordinateurs qu’il utilise déjà.

    Je suis personnellement parti de cet instinct, que je crois normal et plutôt sain. J’ai partagé de prime abord les conceptions « bio-conservatrices ». Mais désormais, je les crois vaines. Le transhumanisme passera comme sont passées toutes les autres révolutions techniques et humaines, laissant toujours les conservateurs dans leurs larmes au bord de la route. Depuis au moins deux siècles, les conservateurs perdent toujours car ils ne peuvent, en définitive, que perdre, la vie et l’Histoire étant par essence des fleuves mouvants que nul ne peut arrêter. Les conservateurs n’arrêtent jamais rien, ils ajoutent seulement de l’aigreur aux tremblements de terre qui agitent périodiquement l’humanité. Il faut être sûr de cela : ne pas accepter la révolution à l’œuvre, pour des raisons morales et éthiques, n’empêchera en rien que celle-ci suive son cours.

    Je crois, dès lors, qu’il faut non pas aborder cette question avec des positions conservatrices, mais plutôt traditionalistes. La différence est énorme. Le conservatisme est une défiance et une prudence qui peuvent dégénérer en sclérose. Il faut garder la défiance et la prudence, mais se garder de la sclérose. C’est en quoi la pensée traditionaliste est utile.

    Objectifs de la pensée traditionnaliste

    La pensée traditionnaliste n’est pas, contrairement à ce que l’on peut croire, « réactionnaire ». Elle s’intéresse plutôt au sens donné à l’humanité et aux exigences particulières qui lui échoient. Deux éléments la caractérisent depuis l’origine : la volonté d’amélioration de l’homme et l’harmonie avec l’Univers auquel il doit accéder. Voyons donc si ces deux ambitions peuvent se marier avec le « transhumanisme ».

    Contrairement à la pensée roussauiste du « bon sauvage », la pensée traditionnelle n’a de cesse de valoriser depuis ses origines l’éducation et la sélection. L’homme n’est pas, par nature, quelque chose ayant une « valeur en soi », mais plutôt quelque chose qui peut, potentiellement, accéder à la valeur, par ses actes et ses pensées, ses réflexions et ses réalisations. Depuis le jeune hindou à l’école du maître brahmane jusqu’au polytechnicien actuel, l’on sait qu’un être humain nécessite d’être formé, instruit et éduqué, voire parfois « dressé », pour atteindre le véritable statut « d’homme » qui seul, lui fait honneur. C’est en travaillant sans cesse sur son corps et sur son esprit que l’homme peut se différencier de l’animal, produire de l’art et de la philosophie, amplifier son influence dans le monde, se protéger des périls et développer au mieux ses capacités. L’éducation, du moment que l’on valide son principe, a pour objectif d’accroitre les capacités cognitives et physiques de l’être humain, et ce depuis l’origine.

    Cette éducation et son corollaire, la sélection, ont fondamentalement pour objectif d’améliorer l’espèce, laquelle est ainsi capable d’explorer l’univers, de percer les mystères de l’Esprit, de mieux comprendre la nature du monde à travers la philosophie et la spiritualité, et de produire l’art, c’est à dire, précisément, ce qui excite l’imagination et la création au service de la beauté et de l’émerveillement. C’est à travers ces objectifs que l’humanité trouve son sens depuis la nuit des temps, un sens qui lui est propre, qui la différencie des autres espèces mammifères et qui seul, lui fait honneur.

    Quel est l’objectif suprême de cette éducation, de cette volonté d’améliorer l’homme et de l’augmenter ? A la source de la pensée Traditionnelle, les brahmanes de la période védique, celle des incomparables Upanishads, orientaient les hommes afin qu’ils puissent intégrer et comprendre « l’âtman », c’est à dire « l’âme du monde », afin d’être véritablement en contact avec la Création, avec l’Univers. Cette faculté d’atteindre l’âtman, le stade ultime, demandait des capacités cognitives de hautes volées, et toute la société brahmanique était tournée vers cet objectif suprême. Le christianisme médiéval n’était pas loin non plus de partager un objectif similaire, invitant les « meilleurs », c’est à dire les saints, à se « connecter » à Dieu par des exercices spirituels, philosophiques et métaphysiques qui n’étaient assurément pas à la portée de tout le monde. Dans l’Islam soufi, la plus spirituel qui existe, l’objectif n’est pas différent : il faut être capable de pénétrer l’ « Un », sorte de resucée de l’âtman védique. Ainsi, tous les grands courants de pensées spirituels, les plus élevés de l’histoire humaine, ont toujours réclamé plus d’intelligence, plus de capacités et plus de force.

    Nature et dignité de l’homme

    En somme, lorsque l’on résume la pensée traditionnelle, les objectifs qu’elle demande à l’humanité et les différents moyens pour les atteindre, l’on constate que tout était fait pour améliorer l’humanité (et notamment son intelligence) afin de mieux comprendre l’Univers. C’est là le sens de la « dignitas » de l’homme autrefois théorisé dans l’humanisme classique. Dans les possibilités qu’offre le transhumanisme, notamment l’amélioration du QI et la force du corps, il n’y pas de différences de nature avec le « sens » de l’Homme que donnait autrefois la Tradition, seulement une différence de degré. A partir du moment où nous sommes d’accord avec l’idée que l’homme trouve sa dignité dans l’amélioration de lui-même par l’éducation et le dépassement en vue de mieux conquérir l’Univers, de mieux le comprendre, et dans sa capacité à créer, il n’y a dès lors pas lieu d’incriminer les nouveaux moyens pour y parvenir. C’est comme si l’on trouvait raisonnable d’aller d’un point A à un point B à cheval et déraisonnable d’y aller en voiture. C’est comme si l’on trouvait raisonnable de tuer un homme avec un gourdin mais pas de le tuer avec une arme à feu. Cela serait absurde. Le principe reste le même, seuls les moyens changent. Par conséquent, si le conservateur « valide » le principe, il doit s’ouvrir aux nouveaux moyens au service du même principe, sous peine d’être illogique en plus d’être aigri.

    On pourrait me rétorquer que les différents moyens autrefois utilisés pour atteindre ces objectifs humains appartenaient encore à la nature quand les méthodes transhumanistes ne sont que techniques. A ceux-là, une réflexion : le philosophe allemand Schelling, à la fin du XVIIIe siècle, introduisit dans la pensée occidentale la « philosophie de la nature », sorte de prémisse du romantisme allemand du siècle suivant, lequel, après deux siècles de pensées rationalistes et abstraites, renouera quelque peu avec la pensée de la Tradition et de son lien charnel avec la Nature. Or, que nous dit Schelling ? Que les accomplissements de l’homme, puisque lui-même fait parti de la Nature, sont à interpréter comme des accomplissements de la Nature elle-même. La technique, l’art et les constructions humaines ne sont pas des tentatives d’échapper à la Création, mais bien des phénomènes issus de la Création elle-même. Le transhumanisme et l’intelligence artificielle sont aussi des créations de la Nature, car il est dans la nature même de l’homme de créer.

    L’enjeu : le sens donné au transhumanisme

    L’enjeu sur la question du transhumanisme appartient davantage au sens avec lequel l’humanité doit l’utiliser plutôt que sur la question de savoir s’il faut l’abolir ou non. Afin que les choses soient claires, prenons des exemples concrets : le transhumanisme doit-il servir à l’homme médiocre qui ne veut plus que jouir, en se faisant greffer trois vagins et deux anus pour prendre plus de plaisir, comme dans un roman de Houellebecq ? Ou doit-il plutôt servir l’homme qui augmenterait ses capacités intellectuelles et physiques pour mieux atteindre les objectifs que la Tradition lui a prescrit: créer, conquérir et comprendre ? L’IA doit-elle permettre aux hommes médiocres de ne plus travailler, la robotique remplaçant tous les travaux, et par conséquent se complaire dans une inactivité oisive sous curatelle d’un revenu universel, ou au contraire pousser l’homme à chercher de nouveaux théâtres d’expansion, qu’ils soient physiques (l’univers, l’écologie) ou intellectuels (l’art, la spiritualité) ? Plus prosaïque encore : l’IA et le transhumanisme ne doivent-ils servir que la puissance de nos concurrents que sont les Etats-Unis et la Chine, ou doivent-ils aussi permettre à l’Europe de rester une puissance mondiale ?

    Toutes ces questions montrent que la droite a tort de s’enfermer dans un posture négative à l’égard de ce progrès technique, car en vérité celui-ci demande absolument qu’on lui détermine un « sens » pour son utilisation. Ce sens, si la pensée de la Tradition ne lui donne pas en souhaitant échapper au débat et en fermant les yeux, lui sera alors procuré par des individus en effet peu recommandables, des apprentis sorciers imbus d’eux-mêmes et aux instincts médiocres. Je le répète : la question du sens donné au transhumanisme doit seul être l’enjeu, le débat, pas le transhumanisme en lui-même qui, de toutes façons, est déjà là.

    Il y aurait encore bien des choses à dire. Je m’arrête là pour aujourd’hui, mais les perspectives que nous offrent ces nouvelles technologies, si elles peuvent nous faire tourner la tête, demandent justement une colonne vertébrale solide. C’est pourquoi la Tradition peut parfaitement épouser les progrès techniques et humains : elle doit être la colonne grâce à laquelle nos têtes tiendront, surtout si celles-ci deviennent, demain, plus lourdes d’intelligence.

    Julien Rochedy (Blog de Julien Rochedy, 29 mars 2018)

     

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