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georges steiner

  • Rebatet et Les Deux étendards...

    Les éditions Via Romana viennent de publier l'Etude sur la composition des Deux Etendards, un texte inédit, écrit par Lucien Rebatet sur la base de ses notes de travail rédigées au cours de la rédaction, longue et compliquée, de son roman Les Deux étendards. Ce document, indispensable à tous les admirateurs de ce chef d’œuvre, a été édité, présenté et annoté par Pascal Ifri, universitaire américain, spécialiste de l’œuvre de Rebatet et auteur, notamment de Les Deux étendards de Lucien Rebatet - Dossier d'un chef d'oeuvre maudit (L'Age d'homme, 2001) et de Rebatet, (Pardès, 2004).

     

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    " François Mitterrand divisait le monde entre « ceux qui avaient lu Les Deux Étendards et ceux qui ne l'avaient pas lu ». Le roman de Lucien Rebatet (1903-1972) est pourtant un ouvrage tabou depuis sa parution en 1952 chez Gallimard. Et malgré ses 20 000 exemplaires écoulés, il demeure selon Georges Steiner « l'un des chefs d’œuvre secrets de la littérature moderne ». Les Deux Étendards n'aborde pourtant pas la politique mais l'amour, la religion et l'art. Son intrigue a pour protagonistes trois jeunes gens : Michel, le double de l'auteur qui dans les années vingt rejette son éducation cléricale et monte à Paris pour se consacrer à l'art et à la séduction ; Régis, son ami d'enfance qui habite Lyon où il étudie pour intégrer la Compagnie de Jésus, et Anne-Marie, lycéenne pure et mystique qui vit une relation, telle Héloïse, avec ledit Régis Ce qu'il en advient constitue le nœud et le génie d'un roman qui éclaire subtilement le sort de notre condition humaine. Étude sur la composition des Deux Étendards, rédigé à Clairvaux derrière les barreaux, entre 1950 et 1951, est un document inédit, unique et fascinant qui lève le voile sur le processus intime de la création romanesque à travers l'histoire d'une œuvre et de sa gestation. C'est le roman d'un roman, qui se lit comme un roman."

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  • Tour d'horizon : vers une nouvelle affaire Heidegger ?...

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    Après la publication de la biographie accusatrice et diffamatoire de Victor Farias, Heidegger et le nazisme, en 1987, puis celle de l'essai absurde et malhonnête d'Emmanuel Faye, Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie, en 2005, une nouvelle « affaire » Heidegger commence à poindre avec la publication prochaine en Allemagne des Cahiers noirs d'Heidegger, dans lesquels résiderait la preuve tant attendue par certains de son antisémitisme...

    Ces Cahiers noirs, dont la publication doit mettre un point final à l'édition allemande des œuvres complètes du philosophe, constituent un journal de pensée, tenu par le philosophe entre 1930 et 1970. Les trois premiers tomes, couvrant la période 1930 – 1941, qui sortent en Allemagne en mars prochain, comportent plus de mille pages. On a donc là un document exceptionnel appelé à rentrer en résonance avec l’œuvre publique d'Heidegger.

    Mais las ! Il semblerait que, dans ce massif imposant, on ait découvert une quinzaine de passages dans lesquels l'auteur d’Être et Temps aborde la question juive. Il évoquerait ainsi l'esprit de calcul des Juifs et leur « déracinement hors de l’Être » et renverrait dos-à-dos nazisme, psychanalyse, judaïsme, christianisme et même antisémitisme... A priori, pas de quoi, donc, faire d'Heidegger un émule d'Edouard Drumont ou de Julius Streicher, et, a fortiori, pas de quoi remettre en cause les milliers de pages qu'il a écrits. Mais il n'en faut pas plus aux éternels contempteurs du philosophe pour relancer le procès en sorcellerie et pour reproduire inlassablement l'équation Heidegger = Nazisme = Shoah.

    Car il est dangereux le philosophe qui écrit :

    « La décadence spirituelle de la terre est déjà si avancée que les peuples sont menacés de perdre la dernière force spirituelle, celle qui leur permettrait du moins de voir et d'estimer comme telle cette dé-cadence (conçue dans sa relation au destin de " l'être "). Cette simple constatation n'a rien à voir avec un pessimisme concernant la civilisation, rien non plus, bien sûr, avec un optimisme ; car l'obscurcissement du monde, la fuite des dieux, la destruction de la terre, la grégarisation de l'homme, la suspicion haineuse envers tout ce qui est créateur et libre, tout cela a déjà atteint, sur toute la terre, de telles proportions, que des catégories aussi enfantines sont depuis longtemps devenues ridicules. »

    ou

    «Le commencement est encore. Il ne se trouve pas derrière nous comme ce qui a été il y a bien longtemps ; tout au contraire il se tient devant nous. En tant que ce qu'il y a de plus grand, le commencement est passé d'avance au-dessus de tout ce qui allait venir, et ainsi déjà au-dessus de nous-mêmes, pour aller loin au-devant. Le commencement est allé faire irruption dans notre avenir : il s'y tient comme la lointaine injonction à nous adressée d'en rejoindre à nouveau la grandeur (…) Nous nous voulons nous-mêmes. Car la jeunesse, la plus jeune force de notre peuple – celle qui, par-dessus nous, déjà tend au loin – la jeunesse a déjà décidé. La magnificence pourtant et la grandeur de cette rupture et de ce départ, nous ne la comprenons entièrement que si nous portons en nous le profond et ample consentement d'où la vieille sagesse grecque a puisé cette parole: Tout ce qui est grand s'expose à la tempête... »

    Dossier :

    Heidegger, la preuve du nazisme par le « Cahier noir » ?, par Nicolas Weil

    Heidegger et l'antisémitisme, par Peter Trawny

    Heidegger : une pensée irréductible à ses erreurs, par Hadrien France-Lanord

    "Ni accuser ni défendre", par François Meyronnis

    Du nouveau sur Heidegger et les « Cahiers noirs », par Nicolas Weil

    Heidegger ensorcelé, par Stéphane Zagdanski

    Faire face à l'ouverture des "Carnets noirs" d'Heidegger, par Gérard Guest

    Pour suivre l'évolution de l'"affaire", on pourra suivre le blog heideggerien : Sur l'antisémitisme de Martin Heidegger

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    Pour découvrir Heidegger et sa pensée, on pourra lire ou consulter :

    - l'article de Robert Steuckers dans le dernier numéro de Réfléchir et Agir (n°46, hiver 2014), Heidegger - La tradition, la révolution, la résistance et l'"anarquisme" ;

    - d'Alain de Benoist, l'article Heidegger critique de Nietzsche

    - le numéro 37 de la revue Nouvelle Ecole, Lectures de Heidegger (passionnant mais difficile à trouver...);

    - de Silvio Vietta, Heidegger critique du national-socialisme et de la technique (Pardès, 1993) ;

    - de Georges Steiner, Martin Heidegger (Champs, 2008) ;

    - de François Fédier, Entendre Heidegger (Pocket, 2013) ;

    - le Dictionnaire Martin Heidegger (Cerf, 2013) ;

    - de Heidegger, Essais et conférences.

     

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  • Le retour des Gaulois...

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    Le numéro de juillet-août 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré aux Gaulois. On pourra y lire, notamment, des articles de Philippe Conrad ("La Gaule redécouverte", "La Gaule romanisée" ), de Jean-Louis Bruneaux ("Sanctuaires, druides et dieux"), de Michel Thibault ("Druides d'hier et d'aujourd'hui"), de Yann Le Bohec ("La conquête de César"), de Mickaël Fonton ("Les deux batailles d'Alésia"), de Jean Kappel ("Comment ils sont devenus nos ancêtres"),  de François-Laurent Balssa ("Pourquoi ils ne sont plus nos ancêtres") et de François Bousquet ("Henri Vincenot, le dernier Gaulois").

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles de Julien Thouéry ("Zone euro : dans la tourmente espagnole"), de Michel Marmin ("Jeanne d'Arc illumine le septième art"), de François-Laurent Balssa ("Georges Steiner, l'inimitable professeur"), d'Henri Soldani ("1917, année de tous les dangers")ou d'Arnaud Guyot-Jeannin ("Gustave Thibon, mystique réaliste"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour ("Le roi est nu").

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  • Ce que valent les civilisations...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et qui prend pour point de départ la polémique sur les civilisations déclenchée par la "petite phrase" de Claude Guéant... 

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    Ce que valent les civilisations...

    Ce fut un beau vacarme ! Dans le vif de la campagne présidentielle, le ministre de l’Intérieur avait lâché une petite phrase destinés à faire grimper les sondages dans une opinion excédée par la présence islamique : « Les civilisations ne se valent pas… » La puissante coterie « culturelle » prit feu comme on l’attendait. Manquait cependant au chœur des indignés un très grand intellectuel, George Steiner, auteur récent d’une page admirative sur la Grèce antique : « L’incandescence de la créativité intellectuelle et poétique en Grèce […] aux Ve et VIe siècles avant notre ère, écrit-il, demeure unique dans l’histoire humaine. À certains égards, la vie de l’esprit n’a été ensuite qu’une copieuse note en bas de page. […] Le “politiquement correct” pénitentiel qui prévaut aujourd’hui et le remord du post-colonialisme aidant, il est délicat ne serait-ce que de poser les questions sans doute pertinentes, de demander pourquoi l’ardente merveille qu’est la pensée pure ne l’a emporté presque nulle part ailleurs (quel théorème nous est venu d’Afrique ?) (1) »

    De cette créativité exceptionnelle, les Européens ont hérité. Et cet héritage fut le socle de leur civilisation aujourd’hui fortement ébranlée, mais toujours apte à renaître comme plusieurs fois déjà au cours d’un très long passé. Cette espérance me venait à l’esprit en lisant l’ouvrage que vient de publier Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste (2). Chroniqueur au Figaro littéraire et auteur de plusieurs essais, Paoli cite d’ailleurs aussi l’extrait du livre de George Steiner auquel je viens de faire allusion.

    Dans le très complet et intelligent décryptage qu’il fait de l’idéologie antiraciste, Paul-François Paoli est en bonne compagnie, apportant une contribution originale aux réflexions développées par Alain Finkielkraut, Renaud Camus, Richard Millet et autres téméraires bretteurs. Il développe une analyse assez remarquable et très complète des causes intellectuelles et historiques qui ont fait de la France, au fil des siècles, la nation européenne la plus déracinée avant de devenir la terre d’élection de l’universalisme puis de l’antiracisme : « Fille aînée de l’Église, puis fille autoproclamée de la Raison avec Descartes, enfin pays des Lumières et de la grande Révolution, à chaque fois nous superposons au peuple français un principe qui en serait l’âme et l’emblème. C’est le fameux discours sur les “valeurs universelles” ». Les Français sont sans doute les seuls au monde avec les Américains à croire qu’un pays et un principe peuvent se confondre. S’ils le croient c’est que ce leur fut enseigné et répété sur tous les tons de génération en génération au point de s’inscrire dans leurs « représentations ».  Or, constate Paoli, à la suite de la décolonisation, on a vu se décomposer le grand récit que les Français avaient raconté au monde depuis quelques siècles. Le pays de Descartes et de la Raison, berceau des Lumières, s’imaginait vouée à être la nation exportatrice des idéaux universalistes de liberté, d’égalité et de fraternité. Ce grand récit, souligne Paoli, a atteint son apogée durant l’Exposition coloniale de 1931. Affreusement affaiblie par le bain de sang de 14-18, l’ex Grande Nation s’est mirée une dernière fois au spectacle de ses colonies. L’effondrement de 1940, la défaite de Diên Biên Phu et la perte de l’Algérie ont scellé la fin de cette illusion. Et pourtant, « nous continuons d’imaginer que nous avons un “message” à délivrer à l’humanité, de Mayotte à l’Afghanistan en passant par la Lybie… » Nous n’avons pas compris que le projet utopique d’unification de l’humanité issu du message chrétien et de la Révolution française, n’intéressait plus personne, pas plus les Chinois que les Musulmans. Après la fin de la guerre d’Algérie, ce qui subsistait de ces idéaux a servi de terreau à l’idéologie antiraciste, instrument du « grand remplacement » décrit par Renaud Camus. Avec un rare courage, Michèle Tribalat, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED) a décrit de l’intérieur la logique du système : « La réalité, la mise en évidence des faits ne comptent guère. […] Travailler sur l’immigration, c’est partir en mission contre ceux qui pensent mal. […] L’antiracisme idéologique structure l’expression savante et ordinaire sur l’immigration (3) ». Il en était ainsi dans le système soviétique avant son effondrement soudain. La réalité du socialisme ne pouvait être ce que chacun pouvait observer. La perception des victimes était fausse et réactionnaire. On sait ce qu’il est finalement advenu de ce tripotage après 1989.

    Dominique Venner

    (www.dominiquevenner.fr, 28 février 2012)


    Notes

    1. George Steiner, La Poésie de la pensée, Gallimard, 2011.
    2. Paul-François Paoli, Pour en finir avec l’idéologie antiraciste, François Bourin Editeur, 180 p., 20 €.
    3. Michèle Tribalat, Les Yeux grands fermés, l’immigration en France, Denoël, 2010.
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