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gender studies

  • Du mariage gay au cyborg asexué...

    Nous reprenons ci-dessous un article de Laurent Cantamessi, cueilli sur Causeur et consacré aux théories transhumanistes qui vont encore bien plus loin que celles du genre...

    Laurent Cantamessi est un des animateurs de l'excellent site Idiocratie.

     

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    Du mariage gay au cyborg asexué

    Un certain nombre de thèmes essentiels apparaissent en marge du débat autour du « mariage pour tous ». La question de l’adoption d’enfants par les couples homosexuels oppose ainsi d’un côté l’argument de la filiation biologique à la défense d’une filiation dématérialisée, nouvelle forme d’abstraction rationaliste assumée par les Etats et sécularisé par un acte administratif. En réclamant à toute force que soit reconnue comme un « droit » l’adoption d’un enfant par un couple homosexuel, les lobbies LGBT rouvrent la boîte de Pandore du principe de disponibilité du corps humain : disponibilité de l’enfant soumis aux désirs et aux revendications des individus et disponibilité des corps soumis aux exigences d’un désir (re)fondateur d’identité. En arrière-plan des arguments déployés par les partisans du « mariage pour tous » se profile le serpent de mer des théories du genre qui ré-émerge de façon récurrente à la faveur de tous les débats « sociétaux » , comme la réécriture des manuels de sciences naturelles ou la lutte contre la discrimination sexuelle à la maternelle (le nouveau combat psychédélique de Najat Vallaud-Belkacem).

    Une des déclarations fondatrices de la « panzerdialektik » des gender studies a été formulée par Judith Butler qui a déclaré, dans son ouvrage Trouble dans le genre, que l’on était désormais libre de choisir son identité sexuelle comme on sélectionne un vêtement dans sa penderie. Ce type d’assertions, qui forme le soubassement idéologique des théories du genre, à savoir que l’état, que nous croyons naturel, d’homme ou de femme, est une construction sociale, a été reformulé par un certain nombre de penseurs très proches de l’école gender mais qui ont poussé ses conclusions beaucoup plus loin. C’est ainsi le cas de Donna Haraway, biologiste et féministe américaine, qui a employé, dans son essai The Cyborg Manifesto, la métaphore du cyborg pour expliquer que des éléments qui nous semblent avoir une réalité biologique, comme le corps humain, sont seulement construits par nos idées sur eux. La métaphore du cyborg subvertit l’idée de naturalité et l’artificialité car le cyborg est un être hybride qui n’est ni une réplique complètement artificielle d’un original créé ni tout à fait un être humain puisque certains de ses organes ont été remplacés. En un sens, le cyborg constitue, de la même manière que le bateau de Thésée, un casse-tête philosophique. Tout comme le navire des Argonautes dont l’équipage remplace en cours de route tous les éléments à mesure de leur usure, le cyborg a remplacé progressivement tous ses organes par un certain nombre de prothèses identiques et la question se pose finalement de savoir s’il est toujours un être humain sans que l’on puisse vraiment le savoir. Sous la plume d’Haraway, le cyborg devient le modèle métaphorique d’une humanité débarrassée de la question même du genre. Plus d’hommes, plus de femmes, juste des hybrides.

    De façon allégorique et ironique, le cyborg d’Haraway représente le modèle social et culturel d’une société atomisée par la multiplication des désirs et des innombrables processus de micro-reconnaissance qu’ils suscitent. Le texte d’Haraway a d’ailleurs servi de modèle à une vaste contre-culture1. Le cyborg symbolise, comme elle l’écrit, « l’apocalypse finale de l’escalade de l’individuation abstraite, le moi par excellence, enfin dégagé de toute dépendance, un homme dans l’espace. »2“>là.] Cette évolution mène, pour Haraway, a une véritable mutation anthropologique. « C’est la fin de l’homme, au sens “ occidental ” du terme, écrit-elle, qui est en jeu. Nous sommes en train de vivre le passage d’une société industrielle et organique à un système d’information polymorphe – du tout travail au tout loisir, un jeu mortel. »

    Ce postulat repose sur la foi scientiste dans la capacité des machines à conférer à l’être humain de nouvelles fonctions qui doivent remplacer celles qui étaient auparavant dictées par un rapport à la nature et à l’autre désormais totalement obsolète. Dans le même temps, la distinction homme-machine, induite par la robotisation des tâches et la rationalisation extrême des rapports sociaux nous rapproche de la machine alors même que la complexification des processus et techniques mécaniques ou génétiques efface peu à peu la distinction entre nature et artificiel. « Nos machines sont étrangement vivantes, et nous, nous sommes épouvantablement inertes », conclut Donna Haraway. De fait l’avenir que dessine le Manifeste Cyborg dans ce monde transformé par la technologie est glaçant. La conception même de la valeur et de l’identité humaine est soumise à réévaluation. « N’importe quel objet, n’importe quelle personne peut être raisonnablement pensé en termes de démantèlement et de ré-assemblage. » C’est l’apogée effroyable de la théorie de la déconstruction que nous dépeint le féminisme gender et high tech de Donna Haraway, qui trouve notamment son aboutissement au sein du courant transhumaniste américain3, s’inspirant largement de ses thèses.

    Pour Donna Haraway, la mutation technologique et anthropologique qui s’annonce fournit l’occasion « de replacer le féminisme socialiste au centre d’une véritable politique progressiste » en libérant la femme de l’esclavage imposée par la société patriarcale traditionnelle. Elle permettra peut-être aussi de transformer complètement l’humanité en un modèle achevé de division des tâches et en une simple subdivision de segments de production et de consommation. Que cette atomisation et cette déréalisation servent les objectifs d’un certain nombre d’acteurs économiques pour lesquels le maintien d’une partie des cadres traditionnels représente un obstacle à la création de nouveaux marchés est peut-être un problème qui dépasse de loin la simple question du mariage homosexuel.

    Mais il faut rappeler à l’instar de Pierre Gripari, défunt auteur des Contes de la rue Broca, lui-même homosexuel, la réalité suivante : “La culture gay est une fiction qu’ont utilisée certains homos pour se faire reconnaître une place dans l’organisation socio-économique actuelle, qui tend à sectoriser les besoins de consommation pour optimiser les bénéfices qu’on peut tirer de chaque catégorie de population.”4 L’homosexualité, telle que la défendent et la mettent en scène les lobbies LGBT, n’est pas une identité, mais un segment de marché. Quant aux théories du genre, il faut avoir conscience que « l’utopie cyborg » de Donna Haraway, jusqu’aux délires transhumanistes, constituent leur soubassement idéologique déconstructeur au même titre que Simone de Beauvoir ou Jacques Derrida. Le débat autour du mariage gay devrait servir à rappeler quelles sont les armes des courants de pensée qui font, sous couvert de défense des droits de l’individu, la promotion d’une idéologie dont les aboutissements sont beaucoup moins rassurants que ce que les manuels de SVT, qui la relaient désormais, ou le discours intellectuel et médiatique souvent complaisants, laissent entendre.

    Laurent Cantamessi (Causeur, 8 décembre)

     

    Notes

    [1] Le manga Ghost in the shell : Innocence met d’ailleurs superbement en scène les visions futuristes et inquiétantes d’Haraway.
    [2] On trouvera sur internet de larges extraits voir des versions complètes du Manifeste Cyborg qui a été amplement relayé et commenté. http://www.cyberfeminisme.org/txt/cyborgmanifesto.htm et http://www.egs.edu/faculty/donna-haraway/articles/donna-haraway-a-cyborg-manifesto/
    [3] Le transhumanisme est un courant de pensée qui s’est développé aux Etats-Unis à partir des années 1980 et dont les thèses sont relayées en France par l’Association Française Transhumaniste. Mouvement matérialiste et ultraprogressiste, il postule que l’essor des technologies permettra de parvenir à un stade d’humanité améliorée qui aura banni le handicap, la laideur, la mort et la souffrance et aura largement relativisé les distinctions traditionnelles telles que le sexe en faisant des organismes de véritables outils modelables à volonté.

    [4] Pierre Gripari, interviewé par la revue Krisis (Sexualité ?, n°17) en 1995 et repris dans le dernier numéro de la revue Eléments (n°145, octobre - décembre 2012)
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  • Les snipers de la semaine... (27)

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    Au sommaire :

    - sur son blog Confitures de culture, Pierre Jourde dézingue l'entreprise de démolition de l'université entreprise conjointement par la droite sarkozyste et l'UNEF...

    La licence dans une pochette surprise

     

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    - sur Valeurs actuelles, Denis Tillinac rafale la gauche sociétale et son refus de l'altérité sexuelle.

    L'altérité hors la loi

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  • Homme - femme, mode d'emploi...

    Vous pouvez visionner ci-dessous une bonne chronique d'Eric Zemmour consacrée à l'introduction de la théorie du genre dans les programmes scolaires de biologie...


    "Z comme Zemmour" du 1er septembre 2011 par rtl-fr

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  • Le petit catéchisme du "genre"...

    "Gender studies", "queer theory"... Fini le normativisme de la sexuation et le différentialisme sexuel : place au choix, aux essais, au trans-genre... Bref, une nouvelle vague de politiquement correct à l'américaine déferle sur la France, et ce néo-catéchisme pour bobo libertaire fera l'objet d'un enseignement obligatoire à Sciences Po... Nous reproduisons ici un point de vue de la journaliste Frédérique de Watrigant publié par Valeurs actuelles dans son numéro 3853 (du 30 septembre au 6 octobre 2010).

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    Sciences Po frappé par le genre

    Les études sur le genre entrent à Sciences Po : une première conférence a été donnée le 27 mai et les enseignements seront obligatoires pour tous les étudiants à la rentrée 2011. Le programme de recherche et d'enseignement des savoirs sur le genre porte un nom prémonitoire : "Présage". Car en s'intégrant dans les cours dès le Collège universitaire de Sciences Po, il risque fort de mettre en péril les fondements pédagogiques d'un institut qui a largement fait ses preuves en fournissant à notre pays la majorité de ses cadres politiques depuis des décennies. Une nouvelle pierre apportée par son très médiatique directeur, Richard Descoings, pour transformer la vénérable maison selon ses vues personnelles.

    Pour comprendre ce qui est en jeu, il faut d'abord préciser ce que recouvrent les études sur le genre (plus connues sous le nom de gender studies) et la théorie du genre. Or la première difficulté naît du terme lui-même, dont le contenu sémantique est extrêmement large. En français, "études de genre" renvoie aux statistiques sur le sexe, aux "sexospécificités" en sociologie, à l'égalité des sexes en droit, à la parité en sciences politiques ... En bref, les études sur le genre recouvrent une nébuleuse dont il est très difficile de comprendre la portée, d'autant qu'elle se dissimule derrière des objectifs de promotion de la femme dans tous les domaines de la vie sociale et de combat contre les injustices sociales découlant des inégalités sexuelles.

    La confusion sémantique est une manière de voiler la conception anthropologique plus que singulière induite par la théorie du gender. Selon celle-ci, le genre désigne le sexe social, c'est -à -dire ce qui est déterminé par l'environnement social et culturel. Le sexe n'est plus perçu comme une différence biologique déterminée dès la naissance par la nature, mais comme une construction sociale déterminée par la culture. Plus encore, la différence des sexes est une aliénation imposée par la nature. Pour être libre, l'individu doit pouvoir choisir et construire sa propre identité sexuelle; d'où la substitution dans le vocabulaire du genre, masculin - féminin, au sexe, homme- femme, car l'individu serait mieux caractérisé par son orientation sexuelle que par son identité. Or, n'en déplaise aux partisans du gender, la réalité c'est que nous naissons homme ou femme et que cette condition ne peut être niée, sous prétexte qu'il existe une infime minorité de cas de confusion ou de transformation de l'identité sexuelle. La théorie du gender n'est qu'une nouvelle élucubration conçue par des intellectuels américains qui nient la réalité sociale pour créer un Homo sapiens selon leurs désirs. Le gender est d'ailleurs contesté par des scientifiques qui constatent qu'il est impossible de s'affranchir du déterminisme biologique. L'anthropologue Françoise Héritier (professeur honoraire au Collège de France) rappelait que « la différence des sexes - à la fois anatomique, physiologique et fonctionnelle - est à la base de la création de l'opposition fondamentale qui permet de penser ». Si le présupposé de sexe conçu comme exclusivement social est faux, comment peut-on de manière critique, comme le veulent les savoirs sur le genre, interroger la réalité sociale à travers cette grille d'analyse?

    Le propre de Sciences Po, qui s'appuie majoritairement sur l'enseignement de l'histoire, est de former les esprits à l'analyse critique. La solide culture générale que les étudiants y acquièrent vient de leur confrontation à différentes écoles de pensée ; ils apprennent ainsi à utiliser plusieurs portes d'entrée pour appréhender la réalité, et le résultat à la sortie donne des cadres parfaitement polyvalents, comme le montre la diversité des parcours professionnels des diplômés de l'école.

    C'est pourquoi la seconde objection à cet enseignement porte sur le caractère obligatoire des cours alors même que la plupart des enseignements à Sciences Po ne le sont pas. D'autant qu'il n'est pas question de proposer des enseignements contradictoires, permettant aux étudiants de porter un regard critique sur ces savoirs. Il ne s'agit pas en effet d'ajouter seulement une chaire de recherche, mais « de former l'ensemble des étudiants(es) de Sciences Po à la pensée sur le genre », comme il est précisé sur le site de Présage.

    Former signifie aussi façonner et donc faire entrer dans les cerveaux des plus jeunes une conception de la réalité on ne peut plus contestable, parce qu'irréelle. Le fait de cette obligation démontre bien qu'il s'agit avant tout de propager cette théorie au sein même des futures élites de notre pays, Sciences Po servant ici de simple cheval de Troie.

    Sensibiliser les étudiants aux inégalités politiques et économiques objectives entre les hommes et les femmes en leur proposant de les étudier en droit et en économie est une chose. S'attaquer à la conception de l'être humain en est une autre, autrement plus grave pour la cohésion et l'avenir de notre société.

    Frédérique de Watrigant (Valeurs actuelles, du 30 septembre au 6 octobre 2010 

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