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gabriel martinez-gros

  • L’autodéfense populaire, notre héritage...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site de Dextra et consacré à la question de l'autodéfense populaire.

     

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    L’autodéfense populaire, notre héritage

    Le lundi 4 octobre 2021, la revue Front Populaire organisait un débat entre Michel Onfray et Eric Zemmour. A la question : « Est-ce que vous pensez que devant l’ensauvagement de la société, il faut permettre aux français de se réarmer ? », ce dernier répond lapidaire : « Il faut rétablir la force de l’Etat ! ». Car c’est bien connu, si tous les Français s’arment ce sera l’anarchie, le far west, avec des fusillades comme aux Etats-Unis. Pourtant, pour qui a pris la peine de suivre le déroulement du mouvement Black Lives Matters de 2020, il apparaît assez évident que ce qui a empêché qu’en de multiples endroits les émeutes ne dégénèrent en pogroms antiblancs, c’est justement le fait que les descendants des cow-boys soient encore largement armés. Sachant que chaque phénomène américain fini par apparaître quelques temps plus tard en Europe, il n’est pas difficile d’imaginer qu’une situation de tensions similaires aurait, en France, une issue bien plus dramatique.

    Rétablir la force de l’Etat ? C’est pourtant bien l’Etat qui, pour alimenter la machine capitaliste, autorise et organise la venue des populations allogènes dans notre pays qui sont la cause directe de « l’ensauvagement de la société ». La passivité des autochtones aux innombrables violences dont ils font l’objet s’explique moins par une lâcheté intrinsèque face aux agresseurs qu’une crainte légitime des représailles de l’Etat lorsqu’ils s’organisent pour y faire face. L’actualité juridique nous présente régulièrement le cas d’un malheureux commerçant qui, après un énième braquage, sera condamné pour avoir abattu son agresseur qui prenait la fuite. Pour respecter les règles de la « légitime défense » il aurait dû essayer de le faire quand celui-ci le tenait en joue… La volonté de l’Etat de conserver le monopole de la violence légitime est logique. Pour bien administrer un peuple qu’on accable toujours plus d’impôts, alors qu’on déconstruit toujours plus ses biens et services publics, il faut le tenir en respect. On n’aurait pas réprimé avec autant d’assurance les gilets jaunes si la moitié d’entre eux avait eu le droit au port d’arme.

    Pour calmer les contestations légitimes la droite nous parle « sécuritaire ». Il suffirait d’un peu de volonté politique, d’augmenter les moyens de la police, de ressortir le karcher, voir (quand Jean-Michel droitard a un coup dans le nez) « d’envoyer l’armée dans les banlieues » ! C’est méconnaitre la nature des agressions dont nous faisons l’objet que de vouloir appliquer les vieux remèdes à la situation inédite qui est la nôtre. Nous ne subissons pas l’invasion d’une armée régulière et les actes terroristes, aussi terribles puissent-ils êtres, ne sont que la pointe émergée de l’iceberg de l’insécurité. L’ennemi est dans notre pays, dans notre village ou notre quartier, nous sommes forcés de le côtoyer chaque jour et sa carte d’identité à la même valeur que la nôtre. Nous l’avons bien identifié mais il demeure « invisible » aux yeux des institutions avant d’être passé à l’acte. Bernard Wicht l’a bien expliqué dans son ouvrage Citoyen-Soldat 2.0 : « Nos sociétés sont entrées dans l’ère de la « guerre civile moléculaire », c’est-à-dire un type d’affrontement inédit, se déroulant de manière aléatoire dans le cadre de la vie quotidienne, au milieu de la foule, à une micro-échelle, celle du citoyen lui-même, là où équilibre de la terreur ne se mesure plus en mégatonnes nucléaires mais à coups de couteaux et de pistolet ». Même avec la meilleure volonté du monde et en s’en donnant les moyens, l’Etat ne pourrait rien pour nous. Aussi inutile qu’un militaire qui patrouille dans une gare ou un policer qui arrive toujours cinq minutes trop tard.

    Les tensions continuant de monter et l’Etat ne voulant pas mettre un terme à la société capitalisto-multiculturelle par la remigration, la sécession ou tout autre procédé, la société se dirige vers une solution toute trouvée et en adéquation avec le développement de la cybernétique : la surveillance globale. Pour ne pas avoir à désigner l’ennemi et à le surveiller particulièrement, il faut surveiller tout le monde. Vidéo-surveillance, pass sanitaire ou vaccinal, géolocalisation, écoute, … La population utilise tous les moyens technologiques qui le permette, il suffit donc de s’arranger pour récupérer les données d’utilisations. Si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez rien à craindre… Nous pensons qu’il s’agit là d’un rêve de boomer qui, isolé dans son pavillon verrouillé à double tour, a peur des jeunes, des extrémistes, du covid et de la vie. Être entourés de racailles et/ou de caméras c’est avant tout être seul et impuissant, c’est la fin de la civilisation telle que nous la concevons.

    Se fondant sur les écrits du philosophe arabe Ibn Khaldûn (1332-1406), l’historien Gabriel Martinez-Gros explique que notre société tend à s’approcher de ce qu’il nomme le « despotisme oriental » : une masse sédentaire, désarmée et fiscalisée, une caste supérieure vivant de cet impôt et une soldatesque barbare chargée de maintenir la « paix ».

    A l’inverse de ce modèle, la tradition européenne est celle de l’autodéfense et du citoyen-soldat. Elle serait d’ailleurs selon Max Weber l’une des causes principales du formidable développement de nos sociétés. « Il en allait tout autrement en Occident. Ici, et jusqu’au temps des empereurs romains, les armées continuèrent à s’équiper par elles-mêmes, qu’elles soient formées par le ban et l’arrière-ban des paysans, par des troupes de chevaliers ou des milices bourgeoises ». Le citoyen de la Grèce antique n’avait droit à la parole sur l’agora que parce qu’il était, ou avait été, hoplite dans les armées de la cité. Les légionnaires romains, les plébéiens, pouvaient faire la « grève de la guerre » lorsqu’une décision des patriciens leur déplaisait, les seigneurs féodaux pouvaient s’opposer à la politique du suzerain en retirant leurs forces de l’ost royale et les communes bourgeoises pouvaient refuser un nouvel impôt en fermant et fortifiant leurs villes. C’est ce relatif équilibre et ces contre-pouvoirs qui ont permis à l’Europe d’avoir ce foisonnement de réflexions divergentes, d’innovations techniques ou artistiques et de préserver une plus grande liberté du citoyen.

    Comme lors de la chute de l’Empire romain ou durant les raids des vikings, sarrasins et hongrois durant l’Empire carolingien, le peuple désarmé se tourne naturellement vers ceux qui peuvent assurer sa défense. D’abord les institutions, qui ne pourront les « défendre » qu’au prix du renoncement de leur liberté comme expliqué précédemment, et vers de nouveaux acteurs qui vont émerger en son sein. Ce sera par exemple la figure du chevalier au début du Moyen-âge. Notre rôle est de devenir l’un de ces nouveaux acteurs et de propager la volonté d’autodéfense autour de nous. Au-delà de la problématique concrète de la sécurité, l’autodéfense est un élément de résurrection de la civilisation : elle n’est possible que dans une véritable communauté, elle oblige à définir le « nous » et le « eux », les droits et les devoirs de chacun, elle crée un espace de liberté au sein duquel peuvent s’épanouir tous les aspects de la vie en communauté : le travail, les arts, la famille, la culture, …

    L’autodéfense ne s’improvise pas mais s’organise intelligemment. Il ne faut pas aller plus vite que la situation. Nous devons remplacer l’Etat à mesure que celui-ci s’efface et ajuster nos moyens en fonction du niveau de la menace. Il est stupide de partir bille en tête s’acheter un fusil automatique sur des réseaux douteux complètements infiltrés par la police. Vous ne l’utiliserez jamais ou juste avant de finir mort ou en prison. Avec la législation en vigueur et en l’état actuel des choses, un groupe de camarades avec des poings, des couilles et du cœur suffit largement.

    « Les longues périodes de paix favorisent certaines illusions d’optique. L’une d’elles est la croyance que l’inviolabilité du domicile se fonde sur la Constitution, est garantie par elle. En fait, elle se fonde sur le père de famille qui se dresse au seuil de sa porte, entouré de ses fils, la cognée à la main. » Ernst Jünger.

    Dextra (Dextra, 20 octobre 2022)

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  • Tour d'horizon... (232)

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    Au sommaire cette semaine :

    - une conférence de Jean-François Kervégan consacrée à l'ouvrage de Carl Schmitt, Le nomos de la terre...

    Carl Schmitt et le jeu des espaces : le nomos contre la « loi »

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    - sur la chaîne Youtube de la Nouvelle Action Royaliste, une conférence de Gabriel Martinez-Gros sur son essai historique, La traîne des empires...

    Empires : berceaux des religions

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  • La traîne des empires...

    Les éditions Passés Composés viennent de publier un essai de Gabriel Martinez-Gros intitulé La traîne des empires - Impuissance et religions

    Professeur émérite d’histoire de l’Islam médiéval à l’université de Nanterre, Gabriel Martinez-Gros est l’auteur, notamment, de Brève histoire des empires (Seuil, 2014), de L’Empire islamique (Passés Composés, 2019) et de De l’autre côté des croisades (Passés Composés, 2021), tous succès critiques et publics.

     

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    " Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d’empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l’Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu’un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l’impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu’il passe de l’agir militaire et politique au dire religieux.

    La résonance avec le monde moderne est frappante. La fin de l’extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l’Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l’affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l’idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante. "

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  • Fureurs islamistes et défaite de la paix...

    Les Presses universitaires de France viennent de publier un court essai de Gabriel Martinez-Gros intitulé Fascination du djihad - Fureurs islamistes et défaite de la paix. Universitaire, spécialiste de l'histoire de l'Islam médiéval, Gabriel Martinez-Gros est notamment l'auteur de Brève histoire des empires (Seuil, 2014).

     

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    " Nous protégeons les animaux, Daesh égorge des hommes. On pourrait en conclure que nous vivons sur des planètes différentes… Il n’en est rien. La violence de l’État Islamique se nourrit de notre désarmement, elle est l’envers des progrès pacifiants de la civilisation. Le djihadisme incarne la puissance d’une idéologie religieuse qui nous méprise et nous insulte. C’est là notre vraie blessure : l’histoire est peut-être en train de changer de camp, à notre détriment. Notre pacification sourcilleuse abandonne au djihadisme l’immense fascination de la violence collective. "

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