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europe des nations

  • Jérôme Rivière sonne le tocsin !...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un recueil de chroniques de Jérôme Rivière intitulé Tocsin - Chroniques contre les liquidateurs de la France. Député européen, Jérôme Rivière est porte-parole à l’international du Rassemblement national et membre du bureau de la Fondation Identité et Démocratie.

     

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    " Depuis mon élection au Parlement européen sur la liste soutenue par Marine le Pen, je me suis efforcé de défendre les intérêts de ceux qu’on ne défend plus et qui ne veulent pas mourir, mes compatriotes.
    Ces chroniques en portent l’empreinte. Elles sont un hymne en faveur d’une Europe des nations et de la grandeur de la France. Une France, fière de son histoire, de son art de vivre et consciente de la dette qu’elle a vis-à-vis de ceux qui ont forgé notre pays. La civilisation française est ancienne, elle s’est bâtie en plusieurs siècles. Elle mérite qu’on la préserve.
    J’entends porter la voix d’un peuple qui veut continuer à vivre libre. "

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  • Face aux grands ensembles civilisationnels, une Europe politiquement unifiée est nécessaire...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question de la souveraineté. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « À terme, une Europe politiquement unifiée est parfaitement possible et surtout nécessaire »

     
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    Le souverainisme semble revenir à la mode. De plus en plus de personnalités, mais aussi d’intellectuels, s’en réclament désormais. Doit-on vous compter parmi eux ?

    J’ai beaucoup d’amis souverainistes, dont je partage souvent les diagnostics. Je n’ai pas de mal, non plus, à penser, comme Michel Onfray, que « le contraire du souverainisme, c’est la vassalité, la soumission, la dépendance, l’assujettissement, la tutelle », bref, la servitude. Mais personnellement, je ne me définirais pas comme souverainiste, car il n’est que trop visible que le terme est équivoque et qu’il peut renvoyer à des choses très différentes. La seule chose certaine est que le souverainisme est rigoureusement incompatible avec le libéralisme, qui refuse toute forme de souveraineté politique au motif qu’elle constitue une menace pour la liberté individuelle.

    Rappelons aussi que la souveraineté et l’identité ne vont pas nécessairement de pair. Une nation ayant perdu son identité peut très bien être souveraine, un pays doté d’une identité forte peut ne pas l’être du tout. Il est évidemment souhaitable que l’une et l’autre aillent de pair (la souveraineté garantissant alors le maintien de l’identité), mais cela n’a rien d’automatique. Il faut savoir, en outre, ce que l’on entend par souveraineté : l’autonomie ou l’indépendance ? Ces deux mots ne sont pas synonymes, d’autant que le désir de souveraineté se heurte nécessairement à des contraintes naturelles. Des pays comme la France, l’Allemagne ou l’Italie peuvent se donner les moyens de la souveraineté, mais le mot n’a pas le même sens pour l’Islande, la Finlande ou la principauté du Liechtenstein. Enfin, dans un monde de plus en plus interdépendant, l’autosuffisance ne peut se concevoir qu’à l’échelle continentale.

    La souveraineté se décline dans tous les domaines : souveraineté politique, qui est affaire de volonté, souveraineté militaire, qui implique que l’on quitte l’OTAN, souveraineté économique et énergétique, etc.

    On peut, bien sûr, décliner le terme à l’infini, mais il reste que la notion même de souveraineté est une notion politique. S’il n’y a pas de souveraineté politique, la souveraineté n’existe pas. Le problème est que la démocratie politique renvoie à deux choses complémentaires, mais différentes : la souveraineté nationale et la souveraineté populaire. Ceux qui s’affirment, aujourd’hui, souverainistes n’ont souvent en tête que la première. Pour reprendre une distinction introduite par Régis Debray, ils sont « républicains » plus que « démocrates » – ce qui n’est pas mon cas. Il faudrait, ici, situer le souverainisme par rapport à trois familles différentes : les identitaires, les « républicains » et les populistes. Le fait est que la souveraineté populaire est le principe de base de la démocratie, tandis que la souveraineté nationale peut très bien coexister avec une dictature. Les deux choses sont donc bien différentes. Pour moi, souveraineté politique et souveraineté populaire n’ont de sens que si les deux vont de pair.

    Pour compliquer les choses, les souverainistes se réfèrent en général, de manière implicite, à la souveraineté telle qu’elle a été définie au XVIe siècle par Jean Bodin (Les Six Livres de la République) : comme une puissance perpétuelle, indivisible et absolue, théorie qui a servi de fondement à la monarchie absolue et de principe fondateur au jacobinisme de l’État-nation. Mais cette façon de concevoir la souveraineté politique n’est pas la seule possible. Johannes Althusius (Politica methodice digesta, 1603), pour ne citer que lui, en tenait au contraire, non pour une souveraineté omnicompétente, mais pour une souveraineté répartie, faisant une large place au principe de subsidiarité (ou principe de compétence suffisante), à l’autonomie de la base et à la liberté des groupes. On est là dans une optique très différente, qui nous rappelle que l’Europe a connu, dans son histoire, deux grandes formes politiques elles aussi bien distinctes : l’État-nation dans sa partie occidentale (France, , ), l’empire dans sa partie centrale (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie).

    L’idée de souveraineté européenne paraît, aujourd’hui, chimérique : en cas de crise, les États ne s’en remettent qu’à eux-mêmes, comme on l’a vu avec la crise sanitaire. Une souveraineté européenne est-elle pour autant inatteignable ?

    Les souverainistes affirment souvent que la nation est le seul cadre dans lequel la souveraineté soit envisageable. Au fond, ils pensent, comme Maurras, que la nation est « le plus vaste des cercles communautaires qui soient, au temporel, solides et complets » et que la souveraineté politique ne peut s’exercer qu’à cette échelle. Ils ajoutent, en général, qu’une Europe politique est impossible car il n’y a pas de peuple européen, oubliant qu’il n’y avait pas, non plus, de peuple français quand l’État français a commencé d’exister (et qu’en 1789, la majorité des Français ne parlaient pas le français). Je ne partage pas cet avis. Je pense qu’à terme, une Europe politiquement unifiée est parfaitement possible, et qu’elle est surtout nécessaire. Je comprends très bien que, dans la situation actuelle, on se replie sur les souverainetés nationales (ou ce qu’il en reste), mais je suis convaincu qu’il ne peut s’agir que d’un pis-aller. Dans un monde multipolaire, l’avenir est aux grands ensembles civilisationnels et continentaux. L’« Europe des nations » est une formule sympathique, mais elle est synonyme d’Europe impuissante, puisque les gouvernements sont incapables de s’accorder sur des politiques communes. Dans l’immédiat, c’est l’Union européenne, véritable anti-Europe, qui doit disparaître – car elle n’est pas (ou plus) réformable –, puisqu’elle a voulu faire de l’Europe un marché alors que celle-ci doit devenir une puissance autonome, en même temps qu’un creuset de culture et de civilisation.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 4 août 2020)

     

     
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  • Oser l'Europe des nations ?...

    Les éditions de l'Observatoire viennent de publier un essai de Christian Saint-Etienne intitulé Osons l'Europe des nations. Économiste et universitaire, titulaire de la Chaire d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers, Christian Saint-Etienne est notamment l'auteur de La Puissance ou la mort - L’Europe face à l’empire américain (Seuil, 2003).

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    " Peut-on sauver la construction européenne ? Et faut-il sauver cette Europe maintenant vieillissante et impuissante ?
    À l'heure où les États-Unis et la Chine dominent la mutation numérique, son économie n'a pas effacé les effets de la crise. L'Union a été rejetée par ses propres citoyens. Et son influence internationale ne cesse de se réduire. Principal levier de la désintégration de l'Europe ? Maastricht. À l'origine d'une gigantesque faille dans la construction européenne, le traité de 1992 fut un véritable marché de dupes, plutôt que le ciment d'un bloc indestructible.
    La création d'un puissant noyau dur d'États européens prêts à relever le défi de notre époque (troisième révolution industrielle, nouvelle hiérarchie des nations) est une nécessité vitale si l'Europe veut continuer d'exister comme acteur de l'Histoire. Il est urgent de refonder une vraie puissance européenne, en faisant confiance aux nations ! Nous en avons actuellement l'opportunité. Mais la fenêtre d'action se refermera vite."

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  • Pourquoi opposer l'Europe des régions à celles des nations ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la question des régions, en France comme en Europe...

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    Pourquoi opposer l’Europe des régions à celle des nations ?

    Régionalisme contre colbertisme, le débat ne date pas d’hier. Était-il opportun pour le gouvernement de le relancer, à la va-vite, après deux déculottées électorales ?

    « À la va-vite » est l’expression qui convient, puisqu’il n’est prévu ni référendum ni consultation ou concertation préalables. Personnellement, je n’ai pas d’objection de principe au redécoupage ou au regroupement de certaines régions. Encore faut-il que celles-ci soient considérées comme des entités dont l’identité repose d’abord sur l’histoire et la culture, non comme des territoires technocratiques ou des fiefs électoraux. Or, l’intention affichée par François Hollande de ramener de 22 à 14 le nombre des régions répond surtout à des considérations technocratiques ou électorales. S’y ajoute le désir de réduire le coût du « mille-feuille » administratif, en faisant primer la « cohérence économique » sur les considérations identitaires.

    Cette façon de faire s’apparente à la manière dont la Révolution française avait en 1790-91 créé les départements dans une optique de « rationalisation » dont l’objectif était de démanteler les anciennes provinces. L’argument économiste de la « taille critique » que devraient automatiquement avoir les régions n’est pas plus convaincant. En Allemagne, la taille moyenne des 16 Länder n’excède pas la dimension moyenne des régions françaises actuelles. Certains de ces Länder sont même assez petits, comme la Sarre, le Mecklembourg ou le Schleswig-Holstein, pour ne rien dire de la ville de Brême, qui est un État au même titre que la Bavière ou le Land de Rhénanie-Westphalie. La puissance d’une région ne dépend pas toujours de sa superficie ni de sa population.

    Le seul trait positif du projet gouvernemental est de prévoir la réunification de la Normandie (la folle idée de Laurent Fabius de la rattacher à la Picardie ayant été abandonnée), que le Mouvement normand de Didier Patte réclame depuis plus de quarante ans. On peut aussi approuver le regroupement de la Bourgogne et de la Franche-Comté, voire celui de l’Alsace et de la Lorraine, bien que la première soit tournée vers l’est (le pays de Bâle et le Bade-Wurtemberg), tandis que la seconde regarde plutôt vers la partie septentrionale de l’ancienne Lotharingie. Tout le reste est contestable, voire absurde.

    La région Poitou-Charentes va être mariée avec le Centre et le Limousin, alors qu’il aurait fallu rapprocher le Poitou-Charentes de la Vendée, réunir le Centre et les Pays de la Loire et regrouper l’Auvergne, le Limousin et l’ancien Berry. La fusion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées, celle de la Picardie et de Champagne-Ardennes sont pareillement injustifiables. Mieux aurait valu faire fusionner Midi-Pyrénées et Aquitaine afin de reconstituer l’ancienne Guyenne et Gascogne. Quant à la décision d’isoler Nantes du reste de la Bretagne, entérinant ainsi l’amputation pratiquée en 1941 par le régime de Vichy, c’est un véritable scandale.

    Vous militez de longue date pour une Europe des régions, mais vous avez aussi beaucoup d’amis chez les partisans d’une France souveraine. Ça doit être chaud, chez vous, les débats ! Pensez-vous qu’une synthèse soit plausible entre ces deux positions, a priori pas vraiment conciliables ?

    Je n’oppose pas l’Europe des régions à celle des nations. Je pense qu’il faut les défendre les unes comme les autres, ce qui se fait sans peine dans une optique fédéraliste fondée sur le principe de subsidiarité. Ce fédéralisme n’a évidemment rien à voir avec celui que l’on attribue à tort à l’Union européenne, laquelle ne repose nullement sur le fédéralisme intégral tel que le comprenaient Alexandre Marc ou Denis de Rougemont, mais sur le centralisme bruxellois. Quant à la « synthèse » dont vous parlez, elle pourrait s’établir à partir d’une réflexion commune sur la notion de souveraineté. Mais il y a deux façons de comprendre la souveraineté : à la façon de Jean Bodin (1529-1596), comme allant de pair avec la nation « une et indivisible », ce qui a d’abord abouti à l’absolutisme monarchique, puis au jacobinisme républicain ; ou bien à la façon de Johannes Althusius (1557-1638), fondateur du fédéralisme, qui répartit la souveraineté à tous les niveaux. Dans le premier cas, l’autorité la plus haute (qu’elle soit parisienne ou bruxelloise) est omnicompétente ; dans le second, c’est la règle de la compétence suffisante qui s’impose.

    Au sein de l’« extrême droite », avec tous les guillemets que ce vocable suppose, l’un des principaux reproches faits à Marine Le Pen demeure son « jacobinisme ». Cette critique est-elle légitime et, si oui, est-elle véritablement si importante en une époque où tout paraît se déliter, les régions comme les nations ?

    Laissons de côté l’extrême droite, à laquelle je n’appartiens pas. Il me paraît en effet évident que Marine Le Pen est très hostile au régionalisme et qu’elle assimile l’Union européenne à l’Europe, ce que je trouve dommage. Le jacobinisme se situe dans la perspective d’un jeu à somme nulle : tout ce qui est accordé aux régions serait enlevé à la « nation ». Je pense au contraire qu’une nation n’est forte que de la vitalité et de la liberté de ses composantes, que l’État et la nation ne sont pas la même chose, que nationalité et citoyenneté ne sont pas forcément synonymes, et que les régions devraient même été dotées d’un véritablement Parlement, à l’instar du Landtag existant dans les Länder, lesquels ne menacent en aucune façon l’unité de l’Allemagne. Cela dit, vous n’avez pas tort de dire qu’à une époque où tout paraît s’effondrer, de telles considérations sont assez inactuelles. Leur inactualité relative pourrait justement permettre d’en discuter calmement.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 18 juin 2014)

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