Au sommaire cette semaine :
- sur Metamag, Auran Derien dézingue les "élites" mondialisées qui hantent le Forum de Davos, en Suisse...
Davos 2017 : éloge de la médiocrité satisfaite
- sur Acrimed, Benjamin Lagues allume la presse et sa soumission face aux géants d'internet...
Servitude volontaire de la presse (et de l’État) face aux géants du numérique
auran derien
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Les snipers de la semaine... (137)
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La corruption, arme de la mondialisation ?...
Nous reproduisons ci-dessous un excellent article d'Auran Derien, cueilli sur Metamag et consacré à la corruption comme moteur de la mondialisation.
La corruption, arme de la mondialisation
Le dernier rapport publié par Transparency international considère que le niveau de corruption est décevant dans la zone Euro, notamment en Grèce et en Italie. Il reprend ainsi un discours démagogique sur la corruption du secteur public puis affirme niaisement que la lutte contre la corruption est l’une des clés pour sortir la Grèce de la crise.
Plus le gang globalitaire crée des centres du type Transparency, plus l’hypocrisie se répand et plus les mensonges éhontés peuvent circuler. A la fin, l’infamie couvre notre monde en toute légalité. Car là est l’escroquerie fondamentale dont ne parle jamais Transparency : la corruption légale est la norme en occident. Selon le Service Central de Prévention de la Corruption (SCPC qui fonctionne en France) celle-ci utilise des professionnels, dénommés conseils voir intermédiaires en accommodement dans les affaires. Des sociétés spécialisées, où tout est légal, se chargent de l’industrie de la corruption. Deux méthodes sont particulièrement répandues : la facturation de prestations fictives par des sociétés domiciliées dans des paradis fiscaux et les sur-facturations et sous-facturations d’achats et de ventes entre sociétés liées.
De plus, la corruption passive et le trafic d’influence ne sont pas couverts par les conventions que promeut la globalisation pestilentielle et ses pitres tarifés. La corruption passive désigne le cas où l’initiative de la demande de pots-de-vin est prise par le décideur ou l’exécutant détenteur d’un pouvoir de décision ou d’exécution.
Le trafic d’influence est qualifié d’ “actif” lorsque la personne qui souhaite une décision en sa faveur propose des avantages à un tiers susceptible d’influencer le décideur. Le trafic d’influence est passif lorsqu’un personnage qui peut jouer un rôle dans la décision propose de sa propre initiative ses services illégaux et rémunérés.
Une corruption pas seulement financière.
Le favoritisme qui conduit à sélectionner une entreprise peu efficace est une forme de pot-de-vin. C’est un sabotage. Du point de vue de l’efficacité économique globale, la corruption réside tout autant dans le fait de recevoir un “dessous-de-table” (somme versée à un quidam pour favoriser un projet) non déclaré que dans celui de bâcler son travail, d’être paresseux, incompétent et sans conscience professionnelle. Chaque fois, des personnes ou des groupes vivent largement sans fournir une contribution positive à l’ensemble. Le parasite, fléau de l’Europe maastrichtienne, est aussi et surtout un corrompu. Pourquoi ne pas en parler?
Pas de supra classe globalitaire sans corruption.
La curiosité intellectuelle des grands penseurs de Radin (selon la belle expression forgée autrefois par feu Pierre Dac) à propos de la lutte contre la corruption ne va pas jusqu’à interroger le monde dont ils sont l’émanation. Pourtant, le psychanalyste Horst-Eberhard Richter, alors directeur de l'Institut Sigmund Freud de Francfort, a publié en 1996 un ouvrage au titre explicite : « Le grand art de la corruption », dans lequel il se préoccupe de démontrer de manière systématique comment la corruption est l’instrument de contrôle indispensable pour la classe dominante globalitaire.
Il n’est ni le premier ni le seul. On peut dire que la corruption morale est organisée systématiquement et très consciemment. Un changement de valeurs a été imposé peu à peu en Europe à travers un nouveau paradigme introduit depuis la deuxième guerre mondiale: toutes les élites attentives aux voies de leur conscience, préoccupées par la vérité, et voulant œuvrer pour le bien-être général, bref ceux qui cherchaient à mener une vie utile aux autres, ont été transformées en monstres de foire, uniquement préoccupées par leurs plaisirs. On citera l’Institut Tavistock mais tant au M.I.T. que dans d’autres universités soi-disant prestigieuses, de petites coteries réfléchissent à la façon de corrompre la population le plus efficacement possible.
Mensonge pieux, double morale, etc.
Les éthologistes incitent à penser que l’être humain, il y a très longtemps, a appris à faire confiance à son prochain, une fois passée la période probatoire d’observation. Ce “degré de confiance” s’est accru dans les sociétés européennes du fait de la liberté d’expression qui y a régné en comparaison avec d’autres civilisations. Car la liberté d’expression a un avantage fondamental : beaucoup de faussaires, sur des affaires simples, sont démasqués et signalés. Cependant, le centre névralgique du mensonge, comme l’a enseigné Nietzsche, est au cœur des religions monothéistes et de leur caste sacerdotale qui a besoin du mensonge pour vivre.
Produire du faux est devenu une activité à plein temps pour des canailles cherchant à vivre en parasites sur la société de confiance. Pour cela, il convient de retourner les signes “crédibles”, ceux qui sont transmis par éducation, une fois que l’on a bien étudié la mentalité de la population que l’on veut tromper. Ainsi, on constate en Europe que le désert s’étend - des pans entiers de l’économie disparaissent, d’autres deviennent les auxiliaires de prédateurs, comme la banque et la grande distribution - et cela laisse de marbre les chargés d’étude de la corruption...Par exemple, ils parlent peu - ou jamais - des partenariats public-privé pratiqués à l'Organisation Mondiale de la Santé...et qui expliquent que 45 millions d'Européens aient été vaccinés pour le seul profit de quelques multinationales lors de la pandémie de grippe A (H1N1) .
La corruption n’a bien sûr rien à voir avec le niveau d’intelligence. Au contraire, beaucoup d’observations montrent que la plupart des personnes à haute capacité intellectuelle sont défaillantes dans la réussite matérielle et sociale. Le succès mondain nécessite la présence d’un facteur que les étatsuniens ont appelé “social or machiavellian intelligence”, considéré comme indépendant du QI, mais dont le niveau influe grandement sur la position socio-économique des individus. La compétition sociale suppose une intention de réussir. Y parvenir impose de développer une certaine lucidité par laquelle on détectera des signaux qui dévoilent les intentions des autres. Il s’ensuit que l’émission de fausses informations sera stratégiquement avantageuse pour celui qui les émet, lorsque de tels signaux sont suffisamment rares pour être interprétés par les autres comme véridiques. C’est exactement ce à quoi nous convie Transparency : faire croire que la corruption émane du politique, ce qui est exact en partie, mais n’est pas l’essentiel dans un monde occidental qui répand le néant, crée partout le désert.
La réalité, sordide, est que le monde des affaires, et les membres fanatiques de la supra classe mondiale incarnent la corruption, et utilisent tous les moyens pour qu’elle prospère, dont les services spéciaux. Dans les grands groupes américains, les services secrets (CIA notamment) entretiennent des agents dans le cadre du programme "NOC" (No official cover). Ce sont des officiers de la CIA qui se présentent comme des cadres ordinaires. Ils sont envoyés en mission dans des pays “amis" - comme les pays européens - et ont pour fonction de recruter des agents, choisis parmi les dirigeants : patrons, hauts fonctionnaires, politiciens. La corruption est donc systématique de la part des multinationales.
Quel avenir pour l’Europe ?
On ne pourra pas reconstruire rapidement un monde où la recherche de la vérité, la liberté de pensée et de parler, ainsi que l’éthique de l’honneur guideront des élites véritablement choisies. La tyrannie des trafiquants est désormais trop installée pour que l’esprit public s’évade de la propagande crasseuse que les médias imposent au quotidien. La corruption est une donnée pratique dont on peut limiter les effets et l’importance par l’éducation, les associations indépendantes de penseurs, la diversité des centres de diffusion et la limitation du pouvoir des congrégations multinationales. La globalisation pousse dans l’autre sens. Aussi incarne-t-elle aujourd’hui l’inhumanité.
Auran Derien (Metamag, 9 janvier 2013)
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Tobin or not Tobin ?...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Auran Derien, cueilli sur Metamag et consacré à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières dans onze pays de la zone euro...
Tobin or not TobinOnze Etats de la zone euro affirment qu’ils vont donner leur accord ferme en faveur d’une taxe Tobin sur les transactions financières. Certains pourraient s’imaginer que le temps est venu de se servir de la finance pour organiser l’Europe des peuples. Pourtant c’est faux. Une fois de plus, il s’agit de viser à côté, afin que rien ne change mais que les européens puissent penser que du nouveau est né.La taxe Tobin dans le système de prédation.Lorsqu’en 1971 le président américain Nixon prit la décision de rompre la relation entre l’or et le dollar, les devises commencèrent à fluctuer et la spéculation s’installa pour le plus grand profit de gangs spécialisés et au détriment de tous les autres. Alors le professeur Tobin - qui reçut le “prix Nobel” d’Economie en 1981 - proposa d’instaurer un impôt sur les opérations de change pour mettre un grain de sable dans les rouages de la spéculation. A mesure que les "voyous" de la finance créaient des crises plus fréquentes, à mesure que l’enfer progressait en Europe et en occident, la réflexion de Tobin sortit de ses limbes sous une forme différente: utiliser les fonds pour aider les pays pauvres.Le projet initial consistait à freiner la spéculation à court terme et à donner des ressources aux organisations internationales. Il s’agissait finalement de proposer une simple bifurcation au projet totalitaire de domination du "soviet suprême de la finance". Car le problème fondamental qu’il faut résoudre est très différent: il s’agit de changer de paradigme. L’obsession actuelle de donner le droit d’émettre la monnaie à une association de financiers spéculateurs débouche sur l’horreur des destructions massives de toutes les formes de vie civilisée. La monnaie n’est pas un bien comme les autres. Ce n’est pas une marchandise mais un système de créances et dettes qui circulent et se transforment sans jamais s’arrêter. On se réfèrera, une fois de plus, au dernier livre de B.Lietaer où il nous explique que les systèmes locaux de crédit mutuel dépassent aujourd’hui le nombre de 2.500, phénomène qui traduit bien l’inadéquation des "banksters" d’avec les besoins sociaux des populations.Ce projet de Taxe, pour lequel il faut que neuf pays envoient une lettre officielle, suppose un accord sur sa base de calcul, le taux appliqué et les modalités de perception. Comme les anglo-saxons ont truffé le monde de paradis fiscaux, qui prendra au sérieux les effets bénéfiques de cette utopie destinée à perpétrer les crimes financiers?La canaille bancaire s’installera dans les centres off-shore, les opérations s’effectueront à l’ombre des confettis de l’Empire britannique fiscalement vierges, mais la commission de Bruxelles, thyase de sycophantes serviles, disposera d’un budget pour faire exécuter les ordres de ses maîtres, les néantologues occidentaux. La dérive de ce projet stupide est déjà prévisible lorsqu’il est annoncé que la Commission européenne prévoit de taxer à partir de 2014 les transactions portant sur les actions et les obligations à 0,1% et celles sur les produits dérivés à 0,01%. Les premiers promoteurs et défenseurs de cet impôt avaient pour leur part estimé qu’il faudrait taxer toutes les transactions à 0,1%. Pourquoi le pire, les produits dérivés, ne le seraient-ils qu’à 0,01%? En attendant, on suppose, que le "soviet suprême de la finance" obtienne 0,001%, etc... Bruxelles se moque de nous.Une concurrence institutionnelle féconde plutôt qu’une TobinerieL’économiste Pierre Leconte, entre autres, a affirmé qu’il est primordial de casser les monopoles de la finance car ils font régner la terreur sur les hommes politiques. Les fonctionnaires et élus de Bruxelles en sont une parfaite illustration, eux qui sont soudoyés par les 3.000 lobbys qui y sont enregistrés. Il convient aussi de supprimer le FMI qui est un appareil prédateur et destructeur, une centrale de justifications mensongères en faveur du "soviet suprême" de la finance. La mégère très apprivoisée qui occupe le fauteuil de président n’est-elle pas un excellent exemple de l’absence totale d’idées ?Au FMI on aboie quand une idée originale passe…. Parmi les réformes indispensables à un monde plus harmonieux, il convient d’interdire le projet destructeur du grand marché transatlantique; de sanctionner la publicité mensongère sur les actifs financiers et d’éliminer les armes de destruction massive que sont les marchés à terme.Mettre en concurrence des structures institutionnellesVoilà la liberté nécessaire et le véritable progrès. Un autre monde européen pourrait aussi s’appuyer sur les quatre principes proposés par F. Lordon. Cela offrirait une véritable alternative aux agents économiques mondiaux. Il s’agit d’empêcher la formation des bulles spéculatives; d’imposer des régressions à l’activité financière qui, de auto-centrée, doit à nouveau se mettre au service de l’économie productive; de cloisonner le marché financier mondial ; de faire de l’Europe une zone d’activité financière autosuffisante, en restreignant les mouvements de capitaux, ce qui passe par l’abrogation de l’article 63 du traité de Lisbonne.Il y aurait donc la possibilité de choisir entre les structures des spéculateurs de la finance actuelle et les institutions alternatives de la Zone européenne reconstruite. La taxe Tobin, si elle voit le jour, est une esquive volontaire pour laisser le champ libre aux néantologues financiers, tout en remplissant les caisses de l’Europe qui pourra ainsi imposer plus fermement la mort à crédit de ses populations. Il serait plus judicieux de proposer une réforme fiscale pour taxer la nature et défiscaliser l’homme.Les projets de TVA verte comme la fiscalité sur les produits énergétiques sont cohérents avec le souci d’améliorer les finances publiques et de pousser à la transition vers une économie plus économe en carbone et énergies fossiles. Bien sûr, la fiscalité sur l’environnement doit remplacer celle qui pèse sur les ménages. La taxe Tobin alors, pourrait être étudiée dans la perspective de l’ancien Président Brésilien, Lula da Silva qui, en 2003, a proposé d’appliquer ce principe aux ventes d’armes et d’utiliser les ressources collectées pour lutter contre la famine et la pauvreté.Auran Derien (Metamag, 15 octobre 2012)