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état islamique

  • Feu sur la désinformation !... (264)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans son nouveau format, un numéro de l'émission I-Média sur TV libertés consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours de Nicolas Faure.

    Au sommaire :

    • 1 : L’image de la semaine
      Après des mois d’une grève très dure mais peu relayée par les médias dominants, les personnels hospitaliers montrent encore un peu plus leur détermination.
    • 2 : France Inter contre Jésus : le blasphème à sens unique
      Frédéric Fromet, « humoriste » et chansonnier officiel de France Inter a récemment décidé de s’attaquer à Jésus, de qui il fait un « pédé » dans son dernier « sketch ». Habitué des propos christianophobes, Frédéric Fromet n’attaque jamais aussi violemment l’islam. Courageux mais pas téméraire !
    • 3 : Revue de presse
      Un vent de liberté à Sud Radio où un pédopsychiatre nous explique que les jeunes violents sont très majoritairement extra-européens … Des journalistes perdus face à des jeunes candidats patriotes… Emmanuel Macron pontifiant face à des journalistes… La semaine médiatique aura été chargée !
    • 4 : Djihadistes : enfin la prise de conscience médiatique ?
      Et si, enfin, les journalistes français comprenaient que les islamistes sont une menace pour les Français ? Si l’on écoute avec attention les débats autour de la question de la libération des soldats de l’Etat islamique, on sent poindre une lucidité bienvenue… mais très tardive !
    • 5 : Coup de chapeau
      Breizh-info révélait lundi matin l’agression sexuelle d’une jeune bretonne mineure par un extra-européen. Après cet article, les autorités ont été obligées de communiquer et la presse régionale dominante a été obligée d’évoquer l’affaire.

     

                                          

     

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  • Retour des djihadistes : quand l'Etat protège les barbares...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Julie Gé, cueilli sur Polémia et consacré aux djihadistes partis de France pour combattre au sein de l’État islamique et condamnés à mort par les autorités irakiennes...

    Djihadistes_France_Irak.jpg

    Retour des djihadistes. L’État protège les barbares

    L’agitation médiatico-juridique bat son plein autour de la condamnation à mort, prononcée par le tribunal antiterroriste de Bagdad, à l’encontre de 9 «Français » appartenant au groupe Etat islamique.

    Une opinion publique hostile à ce retour

    Sébastien Chenu a résumé le fond de la pensée de l’immense majorité de nos concitoyens à l’égard de ces condamnés en indiquant avec une remarquable économie de mots : «  J’en ai rien à foutre des djihadistes français condamnés à mort en Irak ».

    Abrupt mais efficace et traduisant parfaitement l’état d’esprit d’une opinion publique qui n’en peut plus de subir sur son sol des attentats islamistes et de devoir, de surcroît, supporter le rappel permanent de l’existence de ces barbares.

    La seule réserve à émettre donc sur cet avis lapidaire de Sébastien Chenu tient à la juxtaposition des termes « djihadistes » et « français » qui peut heurter quelques sensibilités et surtout permettre un débat qui ne devrait avoir lieu.

    Malgré le désintérêt légitime pour le sort des condamnés à mort manifesté par 90 % des sondés, l’Etat français « s’active au plus haut niveau » pour faire commuer la peine de mort en incarcération à vie dans le cadre de négociations diplomatiques dont on ne saura jamais, si elles aboutissent, ce qu’elles nous auront coûté financièrement et politiquement.

    Les droits de l’homme, piège idéologique

    Les associations du Camp du bien s’activent également.

    Les Droits de l’Homme sont entrés en scène aux côtés de l’Etat de droit.

    A ceux qui estiment qu’il serait moral, face à la barbarie, d’abandonner les barbares au sort qu’ils ont librement choisi, rappelons que les choix politiques successifs de nos dirigeants ont, malheureusement autant que méthodiquement, enfermé la France dans les rets quasi irréversibles des «  Droits de l’Homme » depuis l’ère Mitterrand.

    Le 9 octobre 1981 la peine de mort était abolie par une loi. Il fallait ensuite lier la France par des verrous successifs et étendre l’abolition aux temps de guerre, quelle que soit l’horreur des exactions commises.

    Ce fut chose faite par la ratification des protocoles additionnels n° 6 et 13 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la modification de la constitution par l’ajout d’un article 66-1 et la ratification du pacte de New York de 1989.

    Ainsi, alors qu’en 2015, l’opinion publique, rattrapée par la réalité, se déclarait favorable à l’abandon de l’abolition (sondage Ipsos  avril 2015  52% favorables), le retour en arrière s’avèrerait très difficile voire impossible, sauf à sortir des traités internationaux et de l’UE si intransigeante sur «ses valeurs ».

    Les pays (les USA n’en font pas partie, non plus que la Chine, l’Iraq, l’Arabie Saoudite etc.) qui ont eu la faiblesse, l’imprévoyance ou la soumission de se lier à des règles internationales en se privant des moyens de lutter à armes égales avec les barbares ont fait clairement le choix de faire supporter à leurs propres populations les pires massacres sans pouvoir éliminer définitivement leurs auteurs.

    Par ailleurs l’exemplarité de la peine et son potentiel caractère dissuasif est sortie de la strate de réflexion de nos décideurs politiques.

    Ils ne sont pas davantage concernés par la notion de « réparation » incluse dans les peines et ont ainsi exacerbé le sentiment, qui se généralise, d’une inégalité flagrante entre le traitement protecteur accordé aux barbares et celui accordé aux victimes et à l’ensemble de la société.

    Au-delà du territoire français, ils refusent avec un cynisme éhonté, d’envisager que des populations d’Iraq ou de Syrie, ayant subi les atrocités de Daech, puissent juger inconcevable que la France, pourvoyeuse de tortionnaires, ait en outre l’outrecuidance, au nom de ses propres lois, de vouloir adoucir la peine prononcée.

    De façon générale, il est de plus en plus criant que les droits de l’homme deviennent paradoxalement un outil de protection de leurs pires ennemis, lesquels excellent à utiliser tous leurs ressorts.

    Les victimes, quant à elles, sont le plus généralement traitées comme des faits divers dont on tait volontairement les souffrances pour ne pas créer d’amalgames ou éviter de devoir exercer une juste sévérité à l’encontre des délinquants, criminels et barbares.

    De là naît une lancinante interrogation : quel est le but recherché par l’utilisation de ces droits de l’homme ?

    Les ethnomasochistes veulent sauver leurs djihadistes

    Si la volonté première a pu être de favoriser une évolution de notre société vers davantage d’humanité et de tolérance, on voit aujourd’hui que l’effet social inverse se produit et que la barbarisation se répand. Or, ce constat visible de tous, loin de remettre en cause la politique de «droits de l’homme », la voit se renforcer.

    Le but serait-il donc moins avouable que celui avancé par les tenants de cette prolifération humaniste ?

    Des éléments de réponse se trouvent dans l’évolution « progressiste » imposée à notre société, buts et moyens confondus : libéralisme marchand, baisse des niveaux de vie, de la qualité et du nombre des services publics, recherche d’une relève consumériste et maintien d’un système capitaliste exsangue s’accompagnant d’une immigration non contenue voire recherchée et de droits de l’homme généreusement attribués aux populations migrantes et à leurs descendants.

    Les promoteurs de cette évolution manient l’ingénierie sociale avec une efficacité redoutable jusqu’à présent, arrivant à imposer aux foules, victimes de leurs décisions la tyrannie de l’inacceptable : les attentats inévitables, l’immigration que rien ne peut stopper , les charges financières et sociales de ces dérives, l’existence de zones de non droit dans lesquelles prolifèrent insécurité et délinquance , les restrictions de liberté , la coexistence avec d’autres cultures déclarées de valeur égale et point d’orgue de notre totale déculturation, «  LE DJIHADISTE FRANÇAIS » devenu composante de notre population

    Dès lors, nos gouvernants s’empressent de défendre cette nouvelle composante irréductible de notre nouveau monde pour donner, à moindre frais, l’illusion d’un état de droit dont ils se gargarisent. Ils y gagneront l’estime des progressistes et de quelques avocats signataires de tribunes et ardents défenseurs des droits de l’homme dans ses pires dévoiements.

    Les droits de l’homme seront saufs et redorés après les mutilations et arrestations arbitraires des six derniers mois infligées à une catégorie qui est dans la mauvaise case de l’ingénierie sociale.

    Entre de mauvaises mains, les droits de l’homme sont un outil et une arme redoutable utilisés de façon convergente par gouvernants et criminels pour asservir et non libérer les peuples.

    Il est grave qu’ils soient utilisés au profit de barbares qui se sont volontairement placés en marge de l’humanité et de toute appartenance à une communauté nationale, hors celle de l’Etat Islamique qu’ils ont voulu contribuer à créer par la terreur et le sang.

    Julie Gé (Polémia, 22 juin 2019)

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  • Tour d'horizon... (161)

     

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    Au sommaire :

    - dans le Bulletin de la société linguistique de Paris, trois chercheurs linguistes du CNRS démontent les thèses de Jean-Paul Demoule développées dans son livre Mais où sont passés les Indo-Européens? Le mythe d’origine de l’Occident (Seuil, 2014).

    L'indo-européen n'est pas un mythe

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    - l'Association de soutien à l'armée française met en ligne l'article du colonel Legrier qui critique la conduite des opérations menée par la coalition occidentale contre l'Etat islamique - un article retiré du site de la revue Défense nationale à la demande du cabinet de la ministre des Armées.

    La bataille d'Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

     

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    - sur Philitt, Isabelle Grazioli-Rozet revient sur la rencontre entre Ernst Jünger et Mircea Eliade...

    « Jünger et Eliade interrogeaient le phénomène religieux dans un monde déserté par le divin » (1/2)

    « Pour Jünger et Eliade, Antaios est un défi métaphysique lancé au monde  moderne » (2/2)

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  • Quand le Dragon enquête...

    Les éditions DLV viennent de publier un polar d'Emmanuel Albach intitulé Le gamin aux lunettes noires. Ancien journaliste au Figaro et à l'AFP, Emmanuel Albach a fait partie des quelques dizaines de volontaires français qui se sont engagés en 1976 dans la guerre du Liban aux côtés des phalangistes chrétiens. Il a raconté cette expérience de jeunesse dans Beyrouth 1976, des Français aux côtés des Phalangistes (Synthèse nationale, 2015). Il a également publié un roman de politique fiction,  Le grand rembarquement (Dualpha, 2016).

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    " A la suite du meurtre d'un de ses amis, Le Dragon enquête dans une banlieue parisienne prétendument bourgeoise et paisible, mais d'où l'Etat islamique prépare une terrible vengeance... Avec Le Dragon -libraire enquêteur au passé tumultueux- et la jolie Charlotte, flingueuse sans état d’âme, les bastos sifflent fort aux oreilles de la racaille acquise à Daech. "

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  • Pourquoi cette étrange pusillanimité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au singulier et consacré à l'attentat islamiste de la rue Monsigny à Paris, le 12 mai 2018 dans la soirée. Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Je ne sais pas mais il faudrait !

    A chaque fois l'imprévisible surgit et frappe.

    A chaque fois le terrorisme armé d'un couteau ou d'un véhicule fait irruption dans notre quotidienneté, blesse, meurtrit, massacre pour mourir à son tour.

    Dans la soirée du 12 mai, un Russe tchétchène de 20 ans naturalisé français en 2010, Khamzat Azimov, fiché S depuis 2016, entendu déjà par la police au mois d'avril 2017, a respecté à la lettre ce processus malfaisant et a fini comme évidemment il le souhaitait.

    Un jeune homme de 29 ans est mort poignardé, et il y a eu plusieurs blessés. La police est intervenue 9 minutes après l'attaque, évitant l'aggravation de ce bilan déjà trop lourd. Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur lui ont naturellement rendu hommage.

    Compassion exprimée par plusieurs communiqués officiels pour les victimes et leurs familles.

    Le président de la République déplore "le prix du sang une nouvelle fois payé par la France" - ce qui est tragiquement vrai - mais ajoute "qu'elle ne cèdera pas un pouce aux ennemis de la liberté". Je comprends mal cette dernière affirmation.

    Il me semble que c'est faire beaucoup d'honneur aux terroristes islamistes que de les percevoir seulement comme des ennemis de notre "liberté". Un pouce ? Malheureusement chaque crime est déjà une défaite. Faut-il considérer alors que notre résolution continuera à s'afficher telle quelle en espérant un avenir moins sanglant sur ce mode odieusement intermittent ?

    Analyses médiatiques de plus en plus pauvres parce que condamnées à reprendre quasiment mot pour mot les considérations développées pour les précédents attentats. En ce sens le dialogue sur France Inter entre une "spécialiste" de la Tchétchénie et le journaliste a été surréaliste le 13 mai : le second s'obstinait à lui faire déclarer du nouveau quand lassée elle était incapable de sortir des sentiers déjà longuement battus.

    Pour ne pas évoquer le bavardage profus et de pur remplissage sur BFMTV dans la soirée du 12 mai avec la mention qui aurait été comique en d'autres circonstances de "l'auteur présumé". Un auteur qui n'était plus à présumer : ce criminel, heureux d'obtenir sa mort comme une récompense, ayant frappé et tué au vu de beaucoup !

    Sur les plateaux de télévision et dans les émissions de radio on s'exprimera sentencieusement sur ce terrorisme renouvelé. Avec la même objectivité froide et prétendument savante d'après l'action.

    Le parquet antiterroriste de Paris - remarquable et auquel heureusement on a renoncé à accoler un Parquet national sur le modèle du PNF dont les prestations ont été pour le moins contrastées - est saisi et nous avons eu droit encore à une exemplaire communication du procureur Molins, dont quelques-uns de ses collègues devraient s'inspirer.

    Les parents, les familiers du tueur mort sont entendus, placés en garde à vue. Des perquisitions opérées. Pour mettre au jour des connexions ? Pour trouver des explications à cette ignominie qui résulte de desseins délirants et d'une appétence perverse pour un sacrifice digne de ce nom seulement si un massacre l'a précédé ?

    Face à cette réalité à l'implacable et tragique redondance, la routine de l'horreur terroriste jamais programmable, artisanale même si elle est téléguidée, insaisissable, laisse au sens propre et figuré désarmés. Il n'est pas indifférent que même un Jean-Luc Mélenchon ait fait profil bas en déclarant : "Je n'ai pas l'intention de dire que le gouvernement aurait laissé faire, ça n'est pas vrai" (LCI) et, à rebours, il est absurde de la part de LR et du FN de dénoncer "l'inaction d'Emmanuel Macron".

    L'envie, face à ce tableau sombre et menaçant, gangrenant le présent et pourrissant le futur, est de se révolter, de refuser l'angoisse de l'inéluctable. Ce pessimisme serait désespérant qui interdirait même de concevoir d'autres modalités de lutte jamais encore expérimentées. Mais lesquelles ? La modestie m'oblige à admettre que je ne sais pas. Pourtant il faudrait.

    Encore conviendrait-il de ne pas s'obstiner par dogmatisme à récuser des opportunités opératoires de nature à prévenir d'autres désastres.

    J'admets qu'il ne suffirait pas d'une politique internationale atone et aphone ou d'orientations radicalement différentes pour s'attirer les bonnes grâces de nos adversaires fanatiques.

    Il n'est même pas sûr qu'une démocratie encore plus musclée, à la supposer possible sans dénaturer profondément son esprit et permettant un quadrillage de tous les instants, serait décisive dans l'éradication du terrorisme organisé ou de l'instant. Il y aura toujours sur notre destin collectif et nos destinées individuelles son risque et, bien plus, malgré la fermeté républicaine, sa concrétisation. Aussi rare qu'on l'espère.

    Cependant comment ne pas s'étonner alors de l'entêtement avec lequel le pouvoir, encore par la voix de Benjamin Griveaux pourtant bien gêné aux entournures et ressassant une leçon désaccordée avec le réel, maintient sa position sur les fichés S français et étrangers ? (Grand Jury RTL-Le Figaro- LCI)

    Le porte-parole du gouvernement a eu beau répéter que la fiche S servait à la police et au renseignement et qu'elle leur avait permis de déjouer un certain nombre d'attentats, il n'est pas parvenu à convaincre qu'un changement de législation pour les nationaux - autorisant leur interpellation par exemple - et l'expulsion des étrangers ne seraient pas efficaces pour mieux combattre le danger terroriste et éviter son aléatoire survenue.

    Dès lors que pratiquement tous les criminels islamistes ont relevé ou relèvent de cette catégorie trouble, le bon sens n'imposerait-il pas de se pencher sur elle pour une exploitation plus efficiente et enfin coercitive des données personnelles de chaque fiche ? Pourquoi cette étrange pusillanimité qui nous prive d'une chance de plus, d'une avancée probable, cette répugnance à transformer un outil en une arme ?

    Stagnation d'autant plus regrettable que c'est sans doute sur ce seul plan que la mélancolie du "je ne sais pas" pourrait être effacée par le volontarisme concret du "il faudrait".

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 14 mai 2018)

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  • Après la chute de Raqqa, que devient l'Etat islamique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son blog, Huyghe.fr, et consacré à l'avenir de l’État islamique. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe a publié récemment La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et, dernièrement, DAECH : l'arme de la communication dévoilée (VA Press, 2017).

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    Après Raqqa

    On annonce que Raqqa, capitale de l'État Islamique est quasiment achevée ; la défaite de Daech est-elle proche ?

    François-Bernard Huyghe : En effet, même si la « prise des derniers mètres de Raqqa» est annoncée depuis plusieurs semaines, cela finit par être vrai : il semble bien que cette fois, les Forces démocratiques syriennes, composées de Kurdes et d’Arabes, soient en train de conquérir les derniers bastions et d’évacuer les dji derniers djhadistes - syriens et étrangers-, sans doute vers deir Ezzor qu’ils tiennent encore ; là-bas ils sont confrontés à l’armée syrienne et à ses alliés russes. Aujourd’hui le califat contrôlerait moins de 8% du pays, ce qui commence à ressembler à une déroute pour une organisation territorialisée.
    Sur le plan militaire, que ce soit en Irak et en Syrie où il avait dessiné ses frontières et prétendait exercer sa souveraineté, le califat est condamné par la disproportion des forces. Au mieux il aura un sursis. Son slogan des débuts « le califat durera et s’étendra », les mots qui avaient incité des milliers d’étrangers à aller faire la hijra et le djihad au pays de Cham (traduisez : aller vivre religieusement et combattre sur les territoires tenus par le califat), sont ceux d’une utopie qui a échoué. Pourtant..
    Perdre des batailles n’est pas perdre une guerre, tant que le vaincu n’a pas reconnu sa défaite. Cela peut se faire soit formellement (par un traité ou une reddition) soit de fait, lorsqu’il n’y a plus de combattants refusant de déposer les armes et continuant à se penser en guerre. Et pour les derniers fanatiques, le choix sera ouvert :
    - Continuer la lutte ailleurs en Syrie ou Irak, comme des groupes de guérilla.
    - Rejoindre d’autres groupes armés djihadistes, comme Hayat Tahrir al-Cham, rattaché au « courant historique » al Qaïda / al Nosra (quitte à admettre que la fondation prématurée d’un califat par al Baghdadi était une erreur stratégique)
    - Aller essaimer et renforcer des groupe affiliés à Daech, mais plus loin, au Pakistan, en Afghanistan, en Égypte, en Libye, etc.
    - Pour les « foreign fighters », européens, par exemple, revenir dans leur pays d’origine, échapper, s’ils peuvent, à la prison et relancer une action terroriste.
    - Dernière hypothèse : prendre leur « retraite » en redevenant salafistes « quiétistes » (qui ne font pas le djiahd) ou en se convaincant de l’excellence des valeurs démocratiques qu’ils ont combattues. Nous aimerions que cette option soit la plus vraisemblable.

    Ils pourraient continuer le combat ?

    On le voit, la vraie défaite de Daech ne peut être que psychologique - renoncer à une lutte sans issue aux objectifs impossibles (conquérir le monde) et renoncer à traitet comme ennemis tous ceux qui ne partagent pas cette utopie-. Mais psychologique, pour eux, cela veut dire spirituel : il faut qu’ils se persuadent que Dieu ne leur fait plus obligation de poursuivre le djihad universel. Or, justement, la propagande du califat les prépare à l’hypothèse d’un défaite « apparente » sur le terrain, une défaite qui ne serait en fait qu’une épreuve, avant une victoire finale plus éclatante encore. Après la période utopique (rejoindre le califat où règne la loi divine et qui « durera et s’étendra »), voici une sorte de prophétisme millénariste : la victoire est d’autant plus proche que nos ennemis croient l’avoir emporté. Autrement dit, il n’est pas garanti que la leçon du réel (la perte du territoire) décourage ceux étaient attirés par le projet de conquérir et convertir le monde. La rage pourrait gagner chez ceux qui verront dans les événements la confirmation que les mécréants et les hypocrites persécutent les musulmans depuis des siècles.

    Le terrorisme risque-t-il de se développer en compensation ?

    Quand on perd la guerre classique, il est tentant de mener la « guerre du pauvre » qu’est le terrorisme. La multiplication des attentats en Occident pour « compenser » la chute du califat ? Ces derniers mois les attaques avec une voiture, un couteau, des bonbonnes de gaz qui n’explosent pas toujours, éventuellement avec des armes à feu se sont multipliés. Dans certains cas, la piste djihadiste ne peut être prouvée, dans d’autres on incrimine un mécanisme psychologique d’imitation ou on cherche des causes psychiatriques... Il n’empêche que la tendance lourde semble être à des attaques menées sans grands moyens ou grande organisation, donc d’autant plus difficiles à déceler. La possibilité d’une « routine » terroriste, c’est-à-dire d’attentats relativement fréquents pas forcément très efficaces du fait de l’inexpérience de leurs auteurs, mais motivés par le désir de venger le califat et de punir les pays de la coalition est tout sauf absurde. Et la propagande djihadiste basée sur le ressentiment peut encore nourrir longtemps ce désir de violence compensatrice.

    François-Bernard Huyghe (Blog de François-Bernard Huyghe, 18 octobre 2017)

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