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Métapo infos - Page 856

  • Macron et l'amnésie bienveillante des médias...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Natacha Polony, publiée sur Figaro Vox et consacrée à la bienveillance persistante, et qui plus est amnésique, des médias vis-à-vis d'Emmanuel Macron.

    On notera que Natacha Polony, qui faisait entendre dans les médias du système une voix discordante vient d'être évincée la même semaine de la chaîne Paris Première, où elle dirigeait une émission, et d'Europe 1, où elle était en charge de la revue de presse matinale...

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    Natacha Polony : «Macron et l'amnésie bienveillante des médias»

    Ne sentez-vous pas cet air nouveau, cette fraîcheur qui fait de la France un pays désirable et plein d'élan? Les commentateurs, cette semaine, rivalisaient d'originalité. On vante son «pouvoir d'attraction», cette façon de «secouer une torpeur». Tel ancien ministre de l'Économie semble nous dire, comme Jack Lang en mai 1981, que «la France est passée de l'ombre à la lumière». L'Europe aussi. Oui, même l'Europe, depuis Macron, «pense printemps».

    Ceux qui croyaient que le rôle des médias dans le débat démocratique est de mettre en perspective, de donner les éléments intellectuels et factuels qui permettent de percer la surface des événements, sont de doux utopistes. Intelligence: du latin inter-ligere : relier les choses entre elles (l'imbécile dit «je ne vois pas le rapport»). Mais il y a longtemps qu'on n'exige plus le latin dans le cursus honorum du commentateur professionnel. L'époque est à la séquence. L'une chasse l'autre. La présidence jupitérienne chasse la campagne électorale, la lumière chasse l'ombre du populisme, la célébration du Bien chasse la mobilisation générale et obligatoire contre l'épouvantail du Mal.

    Ainsi, avant, il fallait s'élever contre le risque d'une montée du «protectionnisme» qui allait jeter à bas des décennies de construction européenne. Le candidat Macron célébrait la mobilité des travailleurs en Europe, dont bénéficiaient les Français, et fustigeait la tentation du «repli». Aujourd'hui, le président déclare: «L'Europe est le seul espace qui ne se défend pas. Je ne suis pas protectionniste mais un défenseur de la juste protection.» D'aucun appelleraient cela le «protectionnisme intelligent». Mieux, dans sa première grande interview à plusieurs quotidiens européens, dont Le Figaro , il lance: «On ne peut pas continuer à faire l'Europe dans des bureaux, à laisser les choses se déliter. Le travail détaché conduit à des situations ridicules. Vous pensez que je peux expliquer aux classes moyennes françaises que des entreprises ferment en France pour aller en Pologne car c'est moins cher et que chez nous les entreprises de BTP embauchent des Polonais car ils sont payés moins cher? Ce système ne marche pas droit.» Applaudissements journalistiques. Tant mieux! Mais on réclame le droit de s'étonner.

    De même, avant, il fallait condamner Bachar, l'assassin de son peuple, et dénoncer l'autocrate Poutine qui le maintenait au pouvoir. Quiconque osait suggérer que la France, si elle veut peser, n'a pas vocation à s'aligner sur les faucons américains mais doit discuter aussi avec le maître du Kremlin était considéré par les éditorialistes comme un «ami des dictateurs», un «fan de Poutine et el-Assad». Le candidat Macron s'inquiétait d'ailleurs de cette dangereuse «allégeance». Aujourd'hui, le président reçoit Poutine et invite le président syrien à la table de négociations sans faire du départ d'Assad un préalable parce qu'on «ne (lui) a pas présenté son successeur légitime!». Admiration médiatique. Tant mieux! Mais on s'interroge.

    Que le président adopte une politique aux accents proches de ceux d'un Védrine, d'un Chevènement ou d'un Séguin, est plutôt rassurant. Mais l'amnésie journalistique ne l'est pas. Les mêmes se passionnent pour les affaires d'assistants parlementaires du MoDem mais se gardaient d'y mettre le nez quand l'unique combat était contre un FN dont la malhonnêteté était démontrée par… des affaires d'assistants parlementaires. Les mêmes découvrent une enquête pour favoritisme visant Business France, un organisme dirigé par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Pourtant, le 8 mars, Le Canard enchaîné publiait un petit article sur une soirée à la French Tech Night de Las Vegas organisée sans appel d'offres pour plus de 380.000 euros en janvier 2016 par Havas et Business France pour permettre au ministre de l'Économie de séduire - pardon, rencontrer - les entrepreneurs français du numérique. Mais l'article juste au-dessus, à propos d'un prêt de 50 000 euros accordé à Fillon par un ami, avait mobilisé leur attention.

    On s'amusera de cette amnésie «bienveillante». Surtout si elle permet que soit menée une politique qui serve les intérêts de la France et de ses classes moyennes et populaires. Mais une question subsiste. Est-il possible d'être porté au pouvoir sans professer les dogmes atlantistes et néolibéraux qui ont conduit le pays à la désindustrialisation et les classes populaires dans les bras du FN? Et puisqu'un dirigeant peut tenir un discours et son contraire, ces accents nouveaux mariant régulation et juste mesure diplomatique ne servent-ils qu'à donner des gages aux 60 % d'inscrits qui ont voté blanc ou se sont abstenus lors du second tour des législatives? Le système économico-politique qui impose depuis des décennies le libre-échange et la gouvernance technocratique reprend très vite ses droits face aux combattants de circonstance.

    Natacha Polony (Figaro Vox, 23 juin 2017)

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  • Autopsie de la défaite...

    Les éditions Pierre de Taillac viennent de publier un essai de Gilles Haberey et Hugues Perot intitulé Les 7 péchés capitaux du chef militaire. Officiers supérieurs de l'infanterie, praticiens des opérations, les deux auteurs ont déjà publié L'art de conduire une bataille (Pierre de Taillac, 2016).

     

    Haberey_Les 7 péchés capitaux du chef militaire.jpg

    " S’engager sans renseignement, se laisser imposer le terrain, subir le rythme de l’adversaire, sous-estimer son ennemi, manquer d’audace, s’obstiner inutilement, céder à la panique... Tels sont les 7 péchés capitaux que le chef militaire ne doit pas commettre s’il ne veut pas courir le risque d’une lourde défaite. Après le succès de L’Art de conduire une bataille (Prix de la Saint-Cyrienne 2017), Gilles Haberey et Hugues Perot analysent les causes des grands désastres tactiques. Ils s’appuient sur de nombreux exemples historiques et révèlent les erreurs à éviter absolument lorsque l’on mène une armée en campagne. Cet essai passionnant permet de comprendre comment des chefs intelligents en viennent à prendre des décisions erronées qui les conduisent à la catastrophe... Une lecture indispensable pour tous ceux qui commandent des hommes. "

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  • Lénine, Macron et les révolutions orange...

    Nous reproduisons ci-dessous un billet d'Eric Werner, cueilli dans le n°82 d'Antipresse, lettre d'information gratuite, disponible par abonnement et financée par les dons de ses lecteurs.

    Penseur subtil et profond, Eric Werner est l'auteur de plusieurs essais marquants comme L'avant-guerre civile (L'Age d'Homme, 1998 puis Xénia, 2015) L'après-démocratie (L'Age d'Homme, 2001), Douze voyants (Xénia, 2010), De l'extermination (Xénia, 2013) ou Le temps d'Antigone (Xénia, 2015) et de recueils de courtes chroniques comme Ne vous approchez pas des fenêtres (Xénia, 2008) et Le début de la fin et autres causeries crépusculaires (Xénia, 2012). Il vient de publier dernièrement Un air de guerre (Xénia, 2017).

    On peut également suivre les chroniques de l'auteur sur L'avant-blog - Chronique de la modernité tardive.

     

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    Lénine, Macron et les révolutions orange

    Dans le Figaro, Nicolas Baverez relève : « Appliquant les principes léninistes, Emmanuel Macron, soutenu par un petit groupe d’individus déterminés, a compris que le pouvoir était à prendre » [1]. Le même commentateur parle de « révolution politique ». Révolution d’en haut, forcément, puisqu’elle est le fait « d’un petit groupe d’individus ».

    Emmanuel Macron n’est évidemment pas Lénine. En revanche, on pourrait se demander si le candidat malheureux des Républicains à l’élection présidentielle, François Fillon, était complètement dans l’erreur lorsque, se référant aux actions, à l‘évidence coordonnées, de la justice et des médias officiels à son encontre (actions, en fin de compte, qui lui ont coûté l’élection), il évoquait un « coup d’Etat institutionnel ».

    Nous ne sommes évidemment pas en 1917. Mais on n’en observe pas moins qu’un des tout premiers actes du nouveau pouvoir a été l’élaboration d’un projet de loi ayant pour effet de pérenniser l’état d’urgence actuel, en en transférant les principales dispositions dans le droit commun. On aura ainsi la chose, mais pas le mot. Astucieux, non ? Avec les lois antiterroristes, on était déjà allé très loin. Mais là, carrément, on dépasse toutes les limites. Il est évident que si un tel projet était adopté, ce serait la fin, en France, de l’Etat de droit.

    Baverez évoque le précédent de 1917. Mais une autre comparaison s’impose ici: non plus avec Lénine, mais avec les révolutions orange des deux dernières décennies. Parler de répétition serait bien sûr trop dire. La France n’est ni la Géorgie, ni la Serbie, ni moins encore l’Ukraine. Mais la mondialisation a ses exigences propres, exigences qu’on pourrait résumer en disant que le « monde ancien » s’efface devant le « monde d’aujourd’hui ». C’est ce que disent les médias, et s’ils le disent c’est qu’ils ont de bonnes raisons de le dire. Le monde ancien s’efface, sauf que, parfois, il renâcle à le faire. Et donc le processus se bloque, à tout le moins marque le pas. Comment le remettre en marche ? Parfois les choses se font toutes seules, parfois aussi non : il faut les y aider. Je ne dirais pas, en l’occurrence, que c’est ce qui s’est passé. Une couleur, quelle qu’elle soit (rose, rouge, verte, orange), n’est pas en elle-même une preuve. Mais en l’occurrence, c’est assez coloré orange.

    Machiavel dit dans le Prince que « la fortune est femme» et qu’il est «nécessaire, pour la tenir soumise, de la battre et heurter » [2]. En d’autres termes, il faut savoir saisir la bonne occasion. On peut penser, en l’occurrence, que c’est ce qui s’est passé. Macron et surtout ses soutiens ont su saisir la bonne occasion. Comme le relève Baverez, ils ont compris que le pouvoir, en France, était « à prendre ». Certains leur reprochent aujourd’hui d’avoir détruit l’ancien système des partis en France. Ils ne l’ont pas détruit, car, en fait, il était déjà mort : mort, même, depuis longtemps. C’était une coquille vide. Ils n’ont donc fait que profiter de la situation. C’est aussi ce qu’avait fait Lénine en 1917 : Lénine et ses soutiens (les services spéciaux de Guillaume II). La fortune est femme, dit Machiavel.

    A partir de là on s’interroge: de quoi, au fait, est mort l’ancien système des partis en France ? A quoi cela tient-il qu’une simple chiquenaude ait suffi à le mettre par terre ?

    En simplifiant, on pourrait dire que tant le PS que les Républicains, les deux partis dits de gouvernement, étaient en proie à des contradictions internes. C’est de cela, en fait, qu’ils sont morts. Commençons par le PS. Le PS est essentiellement aujourd’hui un parti pro-immigrés. Citons ici Jacques Julliard : « La gauche a tout misé sur les immigrés, dont elle a décidé de faire un prolétariat de rechange » [3]. Or le PS se présente en même temps comme le défenseur du modèle social européen. Ce n’est pas compatible. On ne saurait à la fois, comme c’est le cas aujourd’hui, laisser entrer tout le monde en Europe et maintenir en vie le modèle social européen. Ce n’est pas possible. A un moment donné on est amené à choisir. Le PS a d’ailleurs choisi : il a choisi l’immigration contre le modèle social européen. Mais il n’assume pas son choix. Il a ainsi perdu toute crédibilité. Quand il parle de justice sociale, de défense des droits acquis, d’autres choses encore de ce genre, personne ne le prend plus au sérieux.

    Quant à l’autre parti de gouvernement, les Républicains, lui aussi est pris dans une contradiction interne. Les Républicains sont les héritiers du gaullisme, à ce titre ils devraient se poser en défenseurs de l’Etat et de la nation. Ce qu’ils font dans une certaine mesure encore, mais en paroles seulement. Car, avec le temps, ils se sont progressivement alignés sur les positions mondialistes. Tout comme les autres partis de droite aujourd’hui en Europe occidentale (à l’exception, il est vrai, des conservateurs anglais, mais depuis peu seulement), les Républicains adhèrent au programme néolibéral d’abolition des frontières. Par là même aussi, ils sont devenu un parti pro-immigrés. Or on ne saurait à la fois ouvrir les frontières au monde entier et dire qu’on défend la nation. Là non plus, ce n’est pas possible. La contradiction n’est plus ici entre l’immigration et la défense du modèle social européen, mais entre l’immigration et la nation. Les Républicains n’ont pas voulu voir cette contradiction, encore moins s’y confronter : ils en payent aujourd’hui le prix fort.

    Le fond du problème est donc l’immigration et ses conséquences. Le double effondrement du PS et des Républicains résulte de l’incapacité de ces deux partis à se confronter à leurs propres contradictions internes en la matière. A contrario, la grande force de Macron et du « petit nombre d’individus déterminés » qui le soutiennent est d’avoir compris tout cela. Eux sont des mondialistes assumés. Ils ont depuis longtemps fait leur deuil de la nation, tout comme ils ont depuis longtemps fait leur deuil du modèle social européen. Ouvrir les frontières au monde entier ne leur pose donc aucun problème. Le « monde ancien » s’efface devant le « monde aujourd’hui » : c’est comme ça, et c’est très bien comme ça. Ils sont sans état d’âme.

    Eric Werner (Antipresse n°82, 25 juin 2017)

    Notes :

    1. Le Figaro, 19 juin 2017.

    2. Le Prince, chapitre 25.

    3. Eléments, mars-avril 2016.

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  • La France vassale...

    Nous vous signalons la publication du vingtième numéro de la revue Perspectives libres consacré à la vassalisation de la France.

    La revue Perspectives libres, dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, est publiée sous couvert du Cercle Aristote et est disponible sur le site de la revue ainsi qu'à la librairie Facta.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Dossier : la France vassale

    Relever la tête – Pierre-Yves ROUGEYRON

    Une France triangulée sur le plan des idées en politique étrangère – Clément NGUYEN

    L’Etat ? du Droit ! – Lucas LEROUX

    La France contre le Management – Baptiste RAPPIN

    La nation qui rasait les murs – De la vassalisation et de l’auto-vassalisation de l’Espagne – Nicolas KLEIN

    Quelle géographie pour la France ? – Julien FUNNARO

    Libres pensées

    Au cœur du délire paranoïde, une analyse psychiatrique d’une fiction littéraire. Maurice G. Dantec, Les Racines du Mal – Léo GONNET

    Entretien avec le Dr Jack Rasmus sur son ouvrage « Systemic Fragility in the Global Economy » – Entretien réalisé par Julien FUNNARO

    Libres propos

    Harry Potter face aux électeurs – Françoise BONARDEL

    Quand les écrits de Ricardo et de Mill étayent ou réfutent les plaidoyers des économistes officiels en faveur de la mondialisation – Paul A. SAMUELSON

    Vers la fin du régime de protection exorbitant des investisseurs étrangers ? – Franck DUHAUTOY

    Mauricio Macri et la nouvelle position de l’Argentine sur les routes de la drogue – Matias MAGNASCO

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  • Un coupable idéal ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque la condamnation d'Eric Zemmour à la suite de propos concernant les musulmans résidant en France et leur appréciation des djihadistes...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié l'automne dernier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Un coupable idéal : Éric Zemmour

    Il est remarquable que le « milieu intellectuel » ne se soit pas ému de la nouvelle condamnation d’Éric Zemmour pour « incitation à la haine envers les musulmans », laquelle survient après une précédente condamnation pour « incitation à la discrimination raciale ». Peut-être est-on las de son cas ; ou alors est-ce un effet de la canicule. Il va pourtant de soi que ces condamnations constituent  non seulement une injustice mais des actes de guerre – des épisodes de la guerre civile en cours : celle que mène, contre les nations décrétées « vieilles », voire contre l’idée même de nation, le pouvoir mondialisé, qui a fait une valeur suprême de l’immigration de masse, surtout celle dont l’islam est le glaive. Le capitalisme mondialisé aime l’islam parce que celui-ci mine de l’intérieur les nations européennes, auxquelles on enseigne en outre à se renier, sur tous les plans, afin d’« accueillir » l’ « autre », fût-il plein d’une haine immémoriale contre les chrétiens et les juifs.

    La clique médiatico-politico-littéraire qui gouverne, en parallèle, sous le nom de « Culture », consent donc à la condamnation de Zemmour. Cette clique, qui aurait tant voulu passer sous silence le meurtre de Sarah Halimi par un djihadiste spontané, « issu de la diversité » (et donc une chance pour la « vieille nation française »), affiche même sa satisfaction de voir punir un « récidiviste ». Pendant ce temps, les « fichés S » et leurs innombrables soutiens locaux et internationaux peuvent se promener avec des permis de port d’armes et des passeports en bonne et due forme, en affichant leur haine de la France, du sionisme, du christianisme.

    Pendant ce temps, aussi, Jacques Toubon, « défenseur des droits », majordome de la protection des « minorités » auto-victimisées, déclare, à propos du projet de loi anti-terroriste, que celle-ci « vise dans 99% des cas des personnes qui ont toutes la même religion », i.e. les musulmans. « Tout se passe comme s’il existait en France des gens qui ne seraient pas “pareils”  et qui présenteraient par essence plus de risques », ajoute ce repenti du gaullisme pur et dur. En effet, les musulmans ne sont pas « pareils » et ils créent non seulement des « risques » mais encore un état de guerre civile par leur refus de s’assimiler, leur agressivité vestimentaire et religieuse, leur mépris des femmes et des coutumes françaises. Ils sont élevés, particulièrement les Algériens, de façon identitaire, dans la haine de la France et de l’Occident, au profit de la super-nationalité de l’Oumma. Ce ne sont ni des juifs ni les chrétiens qui commettent des attentats, partout dans le monde. Cette haine reçoit la bénédiction de l’idéologie multiculturelle comme celle du gauchisme culturel qui entretient l’univocité victimaire : ainsi, parce que noire, Danièle Obono, femme député fraîchement élue du mouvement boboïque La France insoumise, en refusant de dire « vive la France », devient la « victime » de ceux qui lui reprochent son manque de patriotisme – et qui sont donc fatalement « racistes ». La guerre civile se joue aussi sur le terrain sémantique.

    Ce que dit Zemmour, et pour quoi il est condamné, je le dis ici même, depuis plusieurs années. Nous sommes donc, lui et moi, coupables de témoigner de la décomposition d’une nation qui a été exemplaire pendant des siècles. Zemmour (comme naguère Renaud Camus) est condamné par une justice aux ordres du capitalisme mondialisé. Pour avoir remarqué la portée symbolique d’un nom arabe (« El Khomry ») nommant, pour la première fois dans l’histoire de France, une loi importante de la précédente législature, j’ai été répudié par Le Point, le dernier magazine qui me donnât la parole. Il n’est pas moins dangereux de montrer que la quasi totalité de la production littéraire contemporaine est nulle ou insignifiante ou encore un fait de propagande. Dans un cas comme dans l’autre (et Dieu sait s’ils sont liés !), je touchais le cœur du Système.

    En condamnant Zemmour, en empêchant un écrivain de s’exprimer librement, l’État, au nom de la raison économique et d’une illusoire paix civile, se fait le complice de la terreur islamiste – celle qui accompagne les attentats en imposant le silence aux musulmans prétendus pacifiques et intégrés, comme aux indigènes, lesquels sont seulement autorisé à disserter, hors amalgame », sur les imperfections du « vivre ensemble » et à y trouver des remèdes en se soumettant à l’islam.

    Cette condamnation s’explique aussi par le fait que le Système ne peut tolérer qu’un seul « fou du roi » : Zemmour a été remplacé par Onfray, médiatiquement compatible, car indéfectiblement gauchiste. J’avancerai encore ceci : c’est sans doute parce qu’il est juif que Zemmour est donné en pâture à l’ire judicaire par un pouvoir étatique soumis au lobby musulman, qui exige des gages – de plus en plus de gages.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 24 juin 2017)

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  • L’Orient est-il toujours rouge ?...

    Les Editions des Livres Noirs font paraître une brochure de David L’Epée intitulée Socialismes asiatiques : l’Orient est-il toujours rouge ? qui réunit quelques textes de l’auteur consacrés aux modèles socialistes chinois et nord-coréen. Passionné par l’histoire des idées et les sciences politiques, David L'Epée collabore régulièrement aux revues Eléments et Rébellion.

    Cette brochure d'une soixantaine de pages est en vente sur les sites des revues Krisis et Rébellion.

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    Entretien de la revue Rébellion avec David L'Epée

    Quelle a été la genèse de la publication de cette brochure ?

    Ayant ces dernières années publié plusieurs articles courts consacrés à la Corée du Nord1, j’avais commencé de travailler sur un article de fond, plus fourni, sur l’histoire de ce pays hors du commun et notamment l’histoire de son modèle économique très particulier. Un article que je souhaitais proposer à Rébellion car, comme le savent bien certains de nos collaborateurs – je pense notamment à notre ami Thibault Isabel qui, comme moi, use et abuse de ce privilège ! – cette revue a sur les autres l’avantage d’offrir de larges plages d’expression à ses contributeurs, ce qui permet de publier des articles longs, prenant le temps d’aller au fond des choses et de faire des analyses poussées qui seraient impossibles sur le modèle court d’une chronique d’une ou deux pages. Seulement, il s’est avéré que cet article, même découpé en parties, n’était pas publiable en l’état dans la revue, que j’avais cette fois vraiment dépassé les bornes… C’est pourquoi Olivier Gnutti et Louis Alexandre m’ont proposé de publier ce texte sous forme de brochure (un peu sur le même modèle que celle qu’ils avaient fait paraître quelques années auparavant sur Costanzo Preve2), additionné de deux autres textes consacrés, eux, au socialisme chinois.

    De la revue à la brochure on peut dire en quelque sorte que la boucle est bouclée car un de tes premiers articles publié dans Rébellion parlait, déjà, de la Chine.

    Il s’agissait en effet d’une série de réflexions que nous avions publiées sous le titre Chroniques chinoises3 et que j’avais écrites à mon retour d’un séjour d’un an dans l’Empire du milieu. J’étais revenu de ce long voyage avec le manuscrit d’un livre, Les Enfants de Yugong (sous-titré Comment la Chine déplace les montagnes), que j’avais présenté à plusieurs éditeurs – j’en profite ici pour remercier Slobodan Despot, des éditions Xénia, qui m’avait donné quelques bons conseils – mais qui n’est finalement pas sorti, du fait que j’étais alors pris par un certain nombre d’affaires (j’étais encore, je le confesse, en pleine période militante…). Au dire des deux éditeurs qui avaient manifesté de l’intérêt pour mon manuscrit, il avait le défaut de coller à une actualité trop précise, celle de la Chine du gouvernement Hu Jintao, plongée dans la préparation des Jeux Olympiques de 2008. C’était donc un livre à sortir immédiatement ou jamais, et je n’ai pas su réagir assez vite – ce qui ne m’attriste pas plus que ça car ce livre avait, je m’en rends compte en le relisant aujourd’hui, beaucoup de défauts, et si j’avais à le réécrire, j’en ferais quelque chose de bien différent. Je me souviens d’une phrase de Sartre, que m’avait cité un de ces deux éditeurs, qui dit que la littérature d’actualité, c’est comme les bananes : ça doit se manger sur l’arbre. Je suis assez d’accord avec ça.

    Y a-t-il un rapport avec ce manuscrit non publié et les deux textes de ta brochure consacrés au socialisme chinois ?

    Indirectement oui. Un de ces textes est la transcription partielle d’un entretien que j’ai donné à mon retour de Chine dans l’émission La Radio Vraiment Libre (RVL) au micro de mon ami Patrick Berger4 qui, si je ne m’abuse, occupait encore à l’époque des fonctions dans une cellule locale du PCF. Je m’en souviens très bien, nous avions enregistré l’émission à Saint-Ouen et j’avoue que, revenu depuis peu dans notre chère Europe multi-kulti, le contraste visuel entre Pékin et Saint-Ouen était assez frappant ! L’autre texte, qui est un texte de fond, et que j’ai intitulé Parti de rien, parti de tous (tout le monde n’a pas le talent du Canard enchaîné pour trouver des titres accrocheurs !), est la version réécrite d’un chapitre de mon livre consacré à la doctrine économique du Parti communiste chinois. Un texte qui n’est pas à consommer comme une banane hors saison mais plutôt comme une nature morte, une sorte d’arrêt sur image de l’état des forces et des divisions du Parti à un moment donné, celui de l’année 2006-2007, période durant laquelle j’ai pu constater sur place ce qu’il en était, faire mes propres recherches et rencontrer plusieurs acteurs du milieu politique, syndical et associatif. Ce recul temporel me donne maintenant davantage d’assurance dans les hypothèses que je posais alors (notamment celle des rapports stratégiques entre le développement social de la Chine et sa montée en puissance au sein de la mondialisation) et qui semblent s’être vérifiées grosso modo. Je serais par contre incapable de faire ce même type d’analyse pour la Chine actuelle, celle de la présidence Xi Jinping, c’est encore trop tôt et il me paraît vraiment difficile d’y voir clair pour le moment. Peut-être dans quelques années…

    Tu parles de la Chine en t’appuyant sur ta connaissance personnelle du pays mais tu ne peux pas en dire autant de la Corée du Nord…

    C’est vrai, et cette inexpérience pratique est peut-être le talon d’Achille de cette brochure. J’ai beaucoup étudié la question du socialisme nord-coréen (« socialisme » auquel il faudrait dans l’idéal ajouter beaucoup de guillemets, comme le comprendront mes lecteurs) mais je n’ai de ce système très étrange qu’une connaissance théorique. Raison pour laquelle, comme journaliste, je proposerai bientôt à Rébellion un entretien avec quelqu’un qui s’est rendu il y a quelques mois en Corée du Nord, que j’ai rencontré récemment et qui a bien voulu me confier son témoignage – un témoignage assez étonnant comme vous le verrez. Cela étant dit, j’envisage de plus en plus sérieusement d’entamer les démarches nécessaires pour me rendre moi-même là-bas, dans des conditions qui restent à définir. Je ne suis ni un zélateur ni un ennemi du régime, juste un observateur curieux et donc forcément attiré par les zones troubles, ces espaces irréductiblement autres qui semblent à première vue échapper à ce qu’on nous présente comme l’histoire en marche. Mon tout premier article publié en Suisse à mon retour de Chine s’appelait d’ailleurs L’exotisme au cœur de la mondialisation5. Une sorte de quête personnelle à laquelle je reviens toujours…

    Note :

    1 Par exemple : Corée du Nord : derrière les mots de la propagande (dans le n°144 d’Eléments, juillet-septembre 2012) et Comprendre la Corée du Nord (dans le n°162 d’Eléments, septembre-octobre 2016)

    2 Hommage à Costanzo Preve : textes et entretiens, OSRE, 2014

    3 Article en deux parties paru dans les n°28 et 29 de Rébellion, entre janvier et avril 2008

    4 La Chine pour les nuls (RVL, février 2008) – l’émission, d’une durée de deux heures, est disponible sur YouTube.

    5 L’exotisme au cœur de la mondialisation, in. Le Cafignon, octobre 2007

     

     

     

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