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Métapo infos - Page 224

  • Les Horreurs de l'amour...

    Les éditions du Dilettante viennent de rééditer le superbe roman de Jean Dutourd intitulé Les Horreurs de l'amour.

    Journaliste et écrivain, que l'on peut classer, comme l'a fait Dominique Venner, dans la catégorie des anarchistes de droite, Jean Dutourd (1920 - 2011) est l'auteur d'une œuvre importante au sein de laquelle on retiendra, notamment, Au bon beurre (1952) ou Les Taxis de la Marne (1956)...

     

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    " Par une belle journée de juin, deux amis se promènent dans Paris. Ils parlent d’Édouard Roberti, député, marié, père de trois enfants, qui à cinquante ans s’est amouraché d’une jolie secrétaire de vingt-cinq ans, Solange Mignot. Cette liaison s’est terminée au bout de trois ans par un crime. Qu’est-ce que la passion amoureuse ? Jusqu’où peut-elle mener ?

    Dès les premières lignes, on est happé par ce grand roman publié à la NRF en mai 1963 ; des critiques soulignèrent que Dutourd inventait une nouvelle forme de roman.

    De ce roman, Jean Giono écrivait :«Ce livre a pour plus de cent ans de lecteurs dans le ventre. Jean Dutourd est sans doute le premier grand romancier véritable non seulement de sa génération, mais de bien d’autres.»  Et Jean Paulhan :«Je suis très bouleversé. Que ce soit une grande chose, pas le moindre doute là-dessus : une grande chose comme personne n’en avait vu depuis longtemps. » André Thérive parle de«chef d’œuvre insulaire», c’est-à-dire unique en son genre. Et Albert Cohen :«J’en suis enthousiaste. Ce livre est immense, un grand chef-d’œuvre.» "

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  • La pitié, arme de destruction massive...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré à l'invasion migratoire.

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

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    Immigration. La pitié, arme de destruction massive

    L’invasion de l’Europe par les masses venues du tiers-monde n’est possible que parce que les immigrants indésirables arrivent chez nous armés de notre propre pitié – laquelle, d’ailleurs, ne provoque chez eux que mépris et arrogance. De mémoire, dans Les Sept piliers de la sagesse, T. E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, écrivait : « J’eus pitié d’Ali et ce sentiment nous dégrada tous deux ». L’état de déliquescence des Occidentaux est tel qu’ils sont bien incapables, comme l’avait pressenti Jean Raspail, dans le Camp des saints (1973), de s’opposer à un envahisseur venu de pays en pleine explosion démographique. En Occident, sous l’empire des droits de l’homme et de l’antiracisme, les gueux exotiques sont sacrés et suscitent une mauvaise conscience apitoyée. Le cas typique de l’Ocean Viking, au mois de novembre, est à cet égard saisissant. Voilà que le gouvernement français reproche au gouvernement italien de ne pas se comporter comme il conviendrait à un ordre de sœurs de charité… Des organisations puissantes, réputées non gouvernementales (ONG), arment (!) des navires qui vont chercher des immigrants en phase avec les passeurs dont ils sont les complices objectifs. Il s’agit bien d’une politique de destruction de l’homogénéité du tissus civilisationnel et ethnique européen ; il s’agit bien d’une politique de grand remplacement de nos peuples millénaires psychologiquement désarmés par des décennies d’ordre moral anti-discriminatoire.

    État souverain et contrôle des frontières

    Le député RN Grégoire de Fournas a été sanctionné pour s’être exclamé dans l’hémicycle, au sujet des passagers importuns de l’Ocean Viking : « Qu’ils retournent en Afrique. » Pour ce propos d’un bon sens élémentaire, il a été sanctionné par ses pairs, non pas certes pour la substance dudit propos, mais hypocritement pour avoir provoqué le chahut… de ses collègues gauchistes. ! Après les affaires de Jean-Marie Le Pen devant le parlement européen, cette péripétie disciplinaire en dit long sur la décomposition de l’inviolabilité parlementaire.

    Un État qui n’a pas la maîtrise de ses frontières, fût-ce en collaboration avec d’autres, n’est plus souverain.

    Bien sûr, il y a des solutions, énoncées ci-après, pour tarir cette immigration inopportune, mais aucune n’est suffisamment humanitaire pour les droits de l’homme (les solutions 2, 3 et 4 étant en réalité subsidiaires, tant la mesure n° 1 paraît pouvoir éliminer les parasites qui sont légion).

    1. Refus de toute aide publique ou sociale ;
    2. Restauration d’un délit de séjour illégal sur le territoire national pour les expulsés, avec interdiction à vie de solliciter la résidence ou la naturalisation ;
    3. Internement administratif illimité pour ceux qui ne justifient pas de leur pays d’origine ou n’obtiennent pas de passe consulaire de ce pays (nonobstant des mesures de rétorsions contre ledit pays) ;
    4. Refus de tout asile politique pour qui ne justifie pas de façon sûre de son identité (même privés de leurs papiers Assange et Snowden peuvent justifier de qui ils sont).

    Si nous ne sommes plus capables de cela, alors la question se pose de savoir s’il est raisonnable de conserver une armée, incongrue dans un État qui a pour objet principal les droits de l’homme et le droit d’asile universel et illimité (convention de Genève de 1951, dévoyée car caduque), donc la charité universelle.

    Volonté et instruments juridiques

    Depuis 1945, sous influence américaine, les États européens n’ont cessé de s’emberlificoter de liens moraux qui les désarment. Pour ne pas s’enliser dans la multitude de conventions ou traités, nous n’en mentionnerons ici que les trois plus saillants.

    1. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et son protocole additif donnant compétence à la cour européenne des droits de l’homme de condamner les États, au profit de n’importe quel individu. La Cour se donne les apparences de dire le droit, mais elle juge en réalité en équité, ce qui lui donne toute licence de faire purement et simplement de la morale (pitié), en rupture avec notre tradition juridique.
    2. La Convention de Genève de 1951 sur le droit d’asile, qui avait un sens à l’époque, savoir garantir à ceux qui fuyaient l’Europe communiste le non refoulement et le droit corrélatif de vivre dans le monde libre. Aujourd’hui la convention de 1951 rend potentiellement éligibles tous ceux qui vivent dans des pays non démocratiques et sûrs, c’est à dire, à la louche, quelques sept milliards d’êtres humains… L’asile politique, comme en bénéficia Victor Hugo aux Îles anglo-normandes, doit rester un privilège rare. Julian Assange ou Edward Snowden auraient dû en bénéficier, mais en aucun cas des quidams improbables. Bien sûr, aucune allocation ne doit être versée à un quémandeur d’asile.
    3. Le Conseil constitutionnel doit être remis à sa place initiale, celle d’avant sa jurisprudence de 1971 et la réforme Sarkozy qui l’a ouvert aux recours individuels (2008) à la manière américaine, ce qui n’avait jamais existé en France.

    Dissolution de la volonté régalienne

    Cela dit, en attendant et bout du compte, face aux bateaux des ONG qui prétendent faire du sauvetage en mer, tels l’Ocean Viking, y-a-il des solutions ?

    Ces bâtiments richement subventionnés (notamment par nos collectivités locales de gauche !) sollicitent objectivement les passeurs et recueillent les passagers volontaires d’embarcations dont 99/100 ne sont pas en naufrage, puis ils refusent de les conduire dans les ports les plus proches. Ces ports, tels Sfax (Tunisie) ne seraient pas sûrs, proposition fausse et raciste (un port de pays musulman serait-il par nature non-sûr?).

    Pour les empêcher de venir exclusivement dans les ports européens, nous avons certes une marine militaire. Mais que vaut-elle en l’état de décomposition apitoyée de notre société et, qui plus est, sous le surveillance menaçante des juges ?

    Dans le Camp des Saints, Jean Raspail imaginait une exercice test, effectué par un commandant dans l’ignorance de l’équipage à la demande du Ministère : approcher un bateau chargé d’envahisseurs désarmés, hommes, femmes et enfants, et faire se préparer les hommes au tir pour l’arrêter. Raspail imagine alors une mutinerie des marins de « l’escorteur 322 » : « Ici la tourelle. Commandant ! Commandant ! Nous ne tirerons pas ! Nous ne pouvons pas !… Ici la mitrailleuse avant. Ce n’est pas possible, Commandant ! Ne donnez pas cet ordre ! Nous refusons d’obéir ! » (chapitre XXVII).

    Sommes-nous capables de résister ? Notre armée a-t-elle encore une justification ? L’empire de la pitié promet à toute nation une déliquescence rapide, impitoyable et honteuse.

    Éric Delcroix (Polémia, 18 novembre 2022)

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  • Démondialiser la musique...

    L'Institut Iliade en association avec la Nouvelle Librairie vient de publier un essai de Thierry Decruzy intitulé Démondialiser la musique - Une réponse au naufrage musical européen.

    Thierry DeCruzy est notamment un contributeur de Polémia et du mensuel Politique Magazine, il travaille sur le rôle de la musique dans la société. En mars 2021, il a réalisé le hors-série du quotidien Présent, Musique, combat identitaire. Il anime également des émissions de radio dissidentes.

     

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    " «Si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique », aurait dit Platon. Rarement évoqué, le pouvoir politique et culturel de la musique est pourtant essentiel et son impact sur le psychisme en fait un outil privilégié de contrôle des masses. Il convient donc de se poser la question de ce que l’on écoute et des motifs qui conduisent à ces choix. De même qu’il a fallu prendre conscience que les produits alimentaires industriels pouvaient contenir des éléments toxiques, il est nécessaire de s’interroger sur le rôle des enregistrements que diffuse l’industrie musicale. Ainsi, il est toujours étonnant de rencontrer des individus conscients de leur identité, de l’importance de leur histoire, défenseurs de leur culture, et qui écoutent pourtant les musiques des « troupes d’occupation culturelle ». En réalité, les choix musicaux de la jeunesse sont moins faits sur des critères esthétiques que communautaires, et qui l’imprègnent ensuite inconsciemment. Le présent ouvrage s’attache à présenter le rôle de la musique et la manière dont elle est exploitée par l’industrie musicale afin de proposer des solutions pour démondialiser son écoute. "

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  • Dépasser le vieux nationalisme...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non dans laquelle il évoque la figure d'Adriano Romualdi au travers de son essai La Droite et la crise du nationalisme (Sentiers perdus, 2022).

    Historien et germaniste, Adriano Romualdi (1940-1974) était considéré en Italie, avant sa mort, comme un des disciples les plus prometteurs de Julius Evola.

     

                                              

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  • Sparta, troisième année...

    Les éditions Aidôs publient le troisième numéro de la revue Sparta, dirigée par Philippe Baillet. Vous pouvez découvrir ci-dessous la présentation de cette publication qui a pris un rythme annuel, disponible sur le site d'Akribeia.

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    " Au sommaire :

    Un copieux dossier, « Mélanges indo-européens », composé de quatre articles de Jean Haudry, avec en ouverture un texte fondamental, « La guerre chez les Indo-Européens », qui retrace l’histoire des interprétations de cette réalité chez nos lointains ancêtres. Dans un autre texte, J. Haudry revient sur l’histoire et l’emploi de désignations impropres comme « indo-européen » et « indogermain » ainsi que sur l’adjectif « aryen », puis, dans un autre article, sur un ouvrage allemand qui étudie les périodes de réchauffement et de refroidissement du climat dans l’histoire de l’Europe. Le dossier se referme avec un texte intitulé « La royauté indo-européenne ».

    Dans un article intitulé « Royauté, sacerdoce et castes dans l’œuvre d’Arthur M. Hocart (1883-1939) », Giovanni Monastra retrace la carrière de cet anthropologue et ethnologue britannique, dont plusieurs ouvrages ont été traduits en français (l’un d’eux par le sulfureux George Montandon), avant de présenter les grandes lignes de sa pensée et de comparer son point de vue sur le régime indien des castes aux considérations, sur le même sujet, d’auteurs comme Coomaraswamy, Guénon ou Evola. Avec « Hélène de Sparte », Jean Bataille revisite le récit homérique de l’expédition contre la ville de Troie à travers la réhabilitation de la figure d’Hélène, fille de Zeus, la seule qu’il ait eue d’une mortelle, et la protégée d’Aphrodite. Il se penche sur le culte d’Hélène à Sparte et sur ses liens avec la fonction secrète ou cryptie.

    Après le « domaine traditionnel » au sens large, Sparta fait une large place à la critique sociale avec la fin de l’étude du sociologue Raimondo Strassoldo sur l’art moderne et contemporain. C’est son fonctionnement social que l’auteur analyse ici, passant en revue les agents centraux et les agents marginaux du « système » de cet art, où la cooptation et le soutien mutuel corporatiste sont de mise.

    Mettant à profit sa connaissance des États-Unis, où il a passé une vingtaine d’années, Tomislav Sunic affirme, dans un bref et roboratif article, que la pensée unique « n’est jamais que le dernier avatar de la pensée biblique », dont l’origine est à rechercher en Amérique. Il insiste sur le comportement névrotique et les contradictions de nombreux conservateurs et traditionalistes nord-américains, volontiers hostiles aux Juifs en privé mais très fortement imprégnés de biblisme messianique et moralisateur.

    Avec « La question kurde : une approche ethno-identitaire », de David Rouiller, c’est un article particulièrement fouillé, une véritable synthèse de tous les aspects de la question kurde qui nous est proposée. L’auteur a servi de 2001 à 2012 dans les unités combattantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). L’auteur retrace l’histoire tragique du Kurdistan, terre répartie sur quatre États, qui ne s’accordent que sur la répression de l’identité kurde et sur le contrôle, si important, de l’or bleu, le « pays des Kurdes » étant le château d’eau du Moyen-Orient. Peuple d’origine indo-européenne, les Kurdes sont aujourd’hui plus de 40 millions. Ils ont adopté la religion qui leur fut imposée de force, une forme de l’islam sunnite, mais en préservent leurs coutumes et leur littérature orale traditionnelle, qui renvoie souvent à un culte archaïque du soleil et du feu. Après les nombreuses révoltes du passé, notamment contre la domination ottomane, Öcalan et le PKK ont voulu surmonter les divisions tribales et territoriales des Kurdes pour leur donner une véritable conscience nationale. Pour ce faire, le PKK a souvent pris, comme le démontre l’auteur, une allure plus mystique et fortement identitaire que simplement politique.

    Recourant aux figures mythologiques de Mnémosyne, la déesse de la mémoire, et de Léthé, qui représente le fleuve de l’oubli, T. Sunic nous livre pour sa part une méditation sur la culture de la mémoire et la culture de l’oubli.

    L’article de Ferréol Pellerin, « Albert Cossery, le contemplateur épicurien », se penche sur l’œuvre de ce singulier écrivain d’origine égyptienne et d’expression française, né en 1913 et mort en 2008. Sa sagesse qui fait l’éloge de la paresse n’est pas sans rappeler, sous certains aspects, celle d’Épicure : elle aussi célèbre le culte de l’amitié, non moins que l’indifférence au sérieux et à la folie, qui vont toujours de pair.

    Avec le dernier article de ce vol. 3, « Les études raciales en Allemagne de 1933 à 1945 », T. Sunic nous livre une étude érudite qui relève pleinement de la « perspective ethnoraciale ». S’aidant de nombreuses citations de « psychologues raciaux » de l’époque nationale-socialiste, il démontre que la « raciologie » de celle-ci était loin d’être uniforme et reflétait souvent une qualification scientifique élevée. Il affirme par là même occasion, à juste titre, qu’il n’y a jamais eu d’ « idéologie » nationale-socialiste, mais bien une « vision du monde », ce qui est tout à fait différent.

    Suivent encore trois nécrologies : du philosophe et politologue Claude Polin, de l’essayiste brésilien Olavo de Carvalho, enfin du jeune militant  et intellectuel ukrainien Serhiy Zaïkovskyi, tombé les armes à la main dans la défense de Kiev le 24 mars 2022, et dont l’itinéraire politique et culturel est retracé de manière très informée par Pascal Lassalle.

    Une nouvelle rubrique, celle des comptes rendus, poursuit pour partie l’exploration de la « perspective ethnoraciale », avec notamment trois comptes rendus respectivement consacrés à une biographie de Heinrich Himmler, au château du Wewelsburg, à l’histoire et au symbolisme du svastika.

    Un index des noms cités vient clore ce volume, qui est illustré, pour l’essentiel, de gravures d’Albrecht Dürer et de Georg Sluyterman von Langeweyde. "

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  • Corrida : faut-il défendre une tradition en tant que tradition ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Rémi Carlu, cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré à la corrida, à l'occasion de la relance du débat sur l'interdiction de cette tradition.

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    Corrida : défendre une tradition en tant que tradition

    « Le malheur de ce siècle est que chaque chose est mise en discussion », se désolait il y a deux siècles Edmund Burke dans ses Réflexions sur la Révolution de France. Et depuis lors, c’est peu dire que le cyclone infernal de la révision tourne à plein régime et renverse tout ce qu’il peut. Dernière cible dans son œil : la corrida, dont les chances de survie sont précaires.

    Du débat qui a débuté cette semaine, un élément est en droit de nous surprendre : tous les débatteurs répètent à l’envi que l’argument de la tradition ne vaut à peu près rien, opposants comme partisans – ceux-ci étant toujours heureux de prêter le flanc à l’adversaire en pensant que cette première concession leur permettra ensuite d’être admis dans le cercle du débat (scoop : ce n’est pas le cas). « L’argument de la tradition ne suffit pas et ne vaut rien, parce que toutes les traditions ne sont pas bonnes et légitimes, d’ailleurs les Aztèques pratiquaient l’anthropophagie donc c’est bien la preuve ».

    Penchons-nous sur cet argument un peu court, en ce qu’il rate complètement ce que signifie ontologiquement la tradition. Car celle-ci n’est pas la persistance d’un folklore, dont on aurait depuis découvert, grâce à la raison moderne et au progrès, qu’il était plus ou moins irrationnel, mais qu’il faudrait bon an mal an perpétuer par devoir mémoriel ou culturel. La tradition n’a jamais été un légalisme coutumier, ni ne réclame aucun aveuglément moral.

    Bien au contraire, la tradition est un principe actif, résolument actif : elle filtre sans relâche pour ne laisser passer que les pratiques conformes aux principes qui régissent notre civilisation, et qui toujours, quand c’est nécessaire, les polit, les amende, les réoriente, les actualise en fonction même de cette destination principielle. Car la tradition n’est rien d’autre que les volontés sédimentées de cent générations qui, les unes à la suite des autres, ont consenti et retravaillé, chéri et transmis. Ainsi, la tauromachie aurait peut-être des racines romaines, en tout cas des origines attestées dès le VIIIe siècle (les courses de taureaux) et surtout le XIIIe (le combat apparaît), pratique qui ensuite lentement, par le joli polissement de la civilisation, fut codifiée jusqu’à aboutir à sa forme moderne au XIXe siècle. Et à côté du polissement, quel tri ! Pour une seule et unique pratique qui se transmet dans le temps, combien d’autres retenues, purgées, fort heureusement détruites, qu’elles fussent polythéistes ou panthéistes, magiques ou sanguinaires. Pour la tauromachie, combien de sources miraculeuses renversées, de mariages forcés supprimés, de lynchages barbares abolis. En vérité, les traditions sont le chef-d’œuvre d’une civilisation, parce que la tradition est en le principe agissant.

    De là, une tradition ne peut être immorale puisque sa formation sédimentaire est précisément le chemin qui mène à cette moralité (entendu ici de manière relativiste, en fonction des principes qu’une civilisation se donnent) – et pour nous autres Occidentaux, parce que nourris au sein de la Vérité chrétienne, à la moralité même. Voilà pourquoi il n’est plus chez nous une seule tradition qui nous soit, en toute objectivité, moralement infâme et inacceptable – quoique certaines puissent restées questionnables. Voilà pourquoi toutes les questions de la corrida (utilité du combat, souffrance animale, ritualisation de la mort, etc) sont en fait contenues et traitées par la tradition. Depuis mille ans, celle-ci a répondu pour nous – sauf à croire que nous fûmes précédés par cent mille millions de salauds : la corrida n’est pas contraire à nos règles morales parce que si elle l’était, il est très probable qu’elle n’aurait pas survécu.

    Certes donc, cette dimension volontaire (mais diffuse !) de la tradition induit que rien n’est jamais acquis et qu’il nous faut toujours, en artisans de la civilisation, polir ; gardons à l’esprit toutefois que nombre de besogneux nous ont précédés à la tâche, de sorte que la prescription doit être notre régime principal, et la réforme notre exception, et l’abolition notre exception de l’exception. La réforme, s’il doit y en avoir une, doit se faire la main tremblante, et plus tremblante encore à mesure que la tradition en question est ancienne. En clair, l’argument de la tradition est presque suffisant – sauf à revendiquer un délai d’application ou une découverte morale du point de vue laïc, ou un « désenveloppement du dogme » du point de vue spirituel.

    Du crépuscule civilisationnel

    La remise en cause d’une tradition comme la corrida implique dès lors au moins trois choses. Primo, la rupture entre les générations. Ce qui agit derrière cette volonté d’interdire, c’est bien l’orgueil moderne d’un homme qui ne se considère plus comme un nain juché sur des épaules de géants, d’un homme qui a non seulement perdu confiance dans la sagesse de TOUS ses ancêtres mais qui par ailleurs les met en accusation pour immoralisme, ou barbarie, ou scélératesse. En clair, c’est bien l’ubris d’une génération qui ne se pense plus comme un minuscule chaînon d’une longue lignée, mais qui s’en fait le procureur. Cette génération ne croit plus en rien si ce n’est en elle-même, et en sa raison plus éclairée, et en sa dignité plus grande, et en sa moralité supérieure (ce qui est pour le moins cocasse puisque ladite génération n’a cessé de nier, ou de relativiser, ou de parcelliser la morale).

    Deuxio, la mise à mort des communautés particulières. S’il est de bon ton de parler régionalisme, de louer la France d’en bas, de faire l’éloge de la diversité, il n’est plus grand monde quand il s’agit de descendre des nuées pour les défendre in concreto. Or, ce à quoi l’on assiste avec la mise à morts des traditions, c’est bien à l’uniformisation insupportable de la France par l’arasement de ses coutumes, par l’effacement de ses couleurs, par la disparition de ces mille particularismes qui faisaient jadis notre richesse culturelle. Et avec elles, des communautés de vie, de pensée et de représentation qui se continuaient à travers le temps en s’enracinant dans un espace bien déterminé.

    Tercio, le basculement civilisationnel. Car ne nous trompons pas de débat : ce que l’on juge illégitime en pointant du doigt des traditions comme la corrida, ce ne sont pas tant ces traditions elles-mêmes que les principes civilisationnels qui les ont filtrées et polies. En questionnant la production finale, c’est bien le filet et la lime qu’on accuse, c’est l’artisan et l’atelier dont on espère changer. Qui ne voit derrière les arguments anti-corrida, qui tracent un signe d’égalité scandaleux entre l’homme et l’animal, la Créature et la Création, un nouveau paradigme antispéciste et panthéiste qui signerait, s’il l’emportait, le crépuscule de notre civilisation ? Et c’est pourquoi cette question n’est pas aussi apartisane qu’on veut bien le dire : quelques progressistes peuvent bien défendre la corrida par plaisir personnel ou libertarisme philosophique, le conservateur a le devoir de la défendre, quand bien même il ne l’aimerait pas.

    « Dans notre monde européen, les mœurs et la civilisation, et toutes les bonnes choses qui tiennent à elles dépendent depuis des siècles de deux principes et résultent de leur combinaison : je veux dire l’esprit de noblesse et l’esprit de religion », continuait Burke. Sous prétexte de sauver les taureaux, c’est bien ce monde-là que les anti veulent mettre à mort.

    Rémi Carlu (L'Incorrect, 17 novembre 2022)

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