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  • La France des autruches incapables d’anticipation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la nécessité de l'anticipation, au travers de la question des stupéfiants...

     Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

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    Cannabis et usage de stupéfiants : la France des autruches incapables d’anticipation

    Dix ans bientôt : le "Livre blanc de défense et sécurité nationale" paraît en juin 2008. Ces livres blancs sont d'usage sobres et lisses, mais avec véhémence, celui de 2008 appelle à l'an-ti-ci-pa-tion, saint-Graal de la défense à venir. "Anticipation... base de notre stratégie... très haute priorité... première ligne de défense... fondement d'une nouvelle doctrine" : hors de là, point de salut.

    Depuis, dans la vraie vie, notre appareil de défense-sécurité a-t-il appris à anticiper ?

    Mohamed Merah et autres fanatiques, tueries de Charlie-Hebdo, du Bataclan, etc. ? Raté. Les blitzkriege de Poutine, Crimée puis violente reconquête de la Syrie ? Raté encore. La mutation du gang salafiste d'abu Musab al-Zarqawi en un terrible "Etat islamique" ayant, vers 2014, plus de blindés que l'armée française ? L'explosion ravageuse du cyber-crime ? Rien vu ni prévu. 

    Faute à qui ? D'abord, aux architectes du Livre blanc - ignorant que le besoin d'un dispositif ou produit nouveau, un vaccin contre le Sida par exemple, n'induit pas sa faisabilité rapide. Vouloir anticiper n'est pas savoir le faire - tant d'obstacles existent sur cette route-là. 

    Le premier pour mémoire, car souvent dénoncé par l'auteur : les cyber-arnaques du big data-police-justice prédictive, etc. Pas plus qu'à l'ère d'Aristote, l'incertitude n'est aujourd'hui modélisable. Un jour peut-être, grâce à la physique quantique, mais demain matin, non.

    Reste l'obstacle majeur à l'anticipation, au décèlement précoce des dangers et menaces : l'aveuglement médiatique. Définissons-le à partir d'un exemple précis, les stupéfiants, la toxicomanie. 

    Sous la présidence Hollande, le gros de notre presse d'information fut bradée à deux milliardaires, menant désormais d'une main de fer des empires médiatiques Uberisés. Ce, non pour informer les lecteurs, mais pour leur vendre le capitalisme libertaire à la Soros, ici défini comme DGSI (Davos-Goldman-Sachs-Idéologie).

    Pour pulvériser la société à leur profit, Soros, filou-financier souvent condamné et ses complices milliardaires-libertaires glauques, prônent la libéralisation des drogues. Leur plan : créer la panique médiatique autour du cannabis. Vite, libéralisons ! Demain sera trop tard. D'où, le matraquage du Monde et de Libération sur la toxicomanie galopante en France et en Europe, que seule la libéralisation du cannabis saurait contrôler et encadrer.

    Or c'est faux : en Europe, l'usage de toutes les drogues, héroïne, cocaïne, amphétamines, cannabis, etc., baisse désormais - surtout là où ses ravages étaient les pires. En septembre 2012, le Daily Mail titre - inutile de traduire "Drugs are going out of fashion - dramatic fall in usage since 1996". En 2012 aussi, le World Drug Report signale qu'en Europe, l'usage de l'héroïne et de la cocaïne est en "baisse sensible", le cannabis étant, lui, "stable ou déclinant". Même constat dans le rapport Europe-2013 de l'Office français des drogues et de la toxicomanie (OFDT). En France ? Dès 2013, l'OFDT signale que, chez les jeunes de 17 ans, le cannabis recule. L'usage régulier (10 fois par mois) a même diminué de moitié de 2002 à 2011, de 12% à 6 % des 17 ans - signal fort : là sont les usagers de demain.

    Conséquence du recul des drogues en Europe, marché mondial N°1, 24 milliards d'euros par an dit l'Office européen des drogues et de la toxicomanie (OEDT): pour les cartels et mafias, une baisse de 15% de ce marché signifie perdre 3,5 milliards d'euros par an. Or dans le féroce milieu criminel, le chef n'enrichissant plus sa meute est éliminé. Ainsi et dès 2012, les criminologues alertent : les "parrains" inventifs se ruent sur des trafics palliatifs, êtres humains, contrefaçons, cyber-crime, etc.

    De fait, ces activités criminelles ravageant  la société, la santé publique, etc., explosent depuis lors. 

    Si, au lieu de gober les bobards-DGSI, notre appareil de sécurité avait ciblé à temps ces nouveaux périls criminels, il aurait attaqué le mal à sa racine - c'est cela, anticiper - au lieu d'attendre passivement, comme c'est le cas, que le mal soit fait.

    Aujourd'hui, ce recul de la toxicomanie éclate au grand jour. La 9e enquête OFDT-Escapad établit que, dans la cruciale catégorie des 17 ans, l'usage du cannabis est au plus bas depuis 2000 ; de 2014 à 2017, le nombre de ces jeunes fumant du hasch baisse de 9%. Les amphétamines et la cocaïne ? 8,8% en usent en 2014 chez les 17 ans, 6,8% début 2018. 

    Du bout des lèvres mais bien tard, les médias-DGSI l'avouent désormais. Or pourquoi libéraliser des drogues dont l'usage baisse de lui-même ? Voilà la vraie question. Et la tâche des officiels est désormais claire : affronter les menaces criminelles émergentes, au lieu d'écouter des sornettes médiatiques.

    Xavier Raufer (Atlantico, 12 février 2017)



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  • Liberté et sécurité face au défi migratoire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur Polémia et consacré au grave problème de sécurité que constitue la présence massive d'immigrés sur le sol de notre pays... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014), L'Homme défiguré (Apopsix, 2014) et L'homme héroïque (Apopsix, 2017).

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    Liberté et sécurité face au défi migratoire : le contrôle de la population

    En France, c’est un tabou de vouloir faire un lien entre l’immigration et le terrorisme. Pourtant, il est évident jusqu’à présent qu’il n’y a pas d’attentats terroristes dans les pays sans immigration musulmane comme la Pologne ou la Tchéquie. Il n’y a pas eu jusqu’à présent d’attentats islamistes à Prague ou à Varsovie !

    Mao-Tsé-Toung, l’ancien révolutionnaire et chef de la Chine communiste, l’a dit : le bon révolutionnaire ne peut être efficace que s’il vit dans le prolétariat comme le poisson dans l’eau. Il en est exactement de même des terroristes qui se réclament de l’islamisme révolutionnaire. Que ferait un terroriste islamiste à Varsovie entouré de Polonais catholiques ? Les terroristes ne sont pas, sauf exceptions rarissimes, des « loups solitaires ». Ils vivent en réseaux et c’est bien plus facile depuis l’avènement de l’informatique. Ils trouvent sur Internet des sources d’inspiration et des conseils pour mener des actions meurtrières.

    Il n’y a pas « les méchants terroristes » qui sont des tueurs et « les gentils musulmans » qui seraient pacifistes. Il y a toute une gradation entre le terroriste actif et le musulman indifférent. Il y a cinq cercles concentriques :

    – Au milieu, les terroristes prêts à tuer, quelques milliers de personnes en France qu’il faut surveiller de près ;

    – Puis il y a un deuxième cercle, celui de gens qui ne tueront jamais mais qui adhèrent aux idées révolutionnaires islamistes et qui sont prêts à fournir une aide logistique : prêter une voiture, un appartement, par exemple ;

    – Puis il y a le troisième cercle, celui de ceux qui approuvent l’idéologie des islamistes révolutionnaires mais qui ne mèneront aucune action en leur faveur. Cela peut faire des millions de personnes. C’est toutefois dans ce cercle infecté idéologiquement que peuvent apparaître de jeunes djihadistes nouveaux ;

    – Il y a ensuite le cercle des vrais indifférents, encore quelques millions sur les 7 millions de musulmans résidant en France ;

    – Enfin, il y a ceux qui sont ouvertement hostiles aux islamistes et aux attentats. Ils ne sont pas si nombreux que cela car beaucoup ont peur.

    On voit que le problème n’est pas seulement celui des terroristes actifs. Il faut surveiller des populations beaucoup plus nombreuses, peut-être des millions de personnes et c’est très difficile.

    L’Académie des sciences de Russie, avec son Institut d‘Orient, appelle notre attention sur ce qu’elle nomme des « califats localisés ». Il s’agit de quartiers de grandes villes où se concentrent des musulmans dont beaucoup sont des immigrés clandestins. Ils ne sont nullement recensés de façon exhaustive et ne tolèrent guère d’autres populations de religion ou d’ethnie différente. En France, des enquêtes ont été faites sur la persécution sournoise des juifs dans ces quartiers, si bien que certains veulent émigrer, vers des quartiers moins « toxiques » voire hors de France (voy. par exemple l’enquête de Stéphane Kovacs intitulée « Ces juifs apeurés qui déménagent pour fuir l’antisémitisme » dans le journal Le Figaro du 25 octobre 2017, page 8).

    Dans ces banlieues déstructurées mono-ethniques des imams peuvent prêcher la haine et former la jeunesse à détester l’Occident. Il faut empêcher les musulmans de s’intégrer à la société mécréante et les inciter à rejoindre les guerriers du djihad. Il y a bien longtemps que la police n’est plus présente dans ces « zones de non-droit » dont l’Etat français nie l’existence.

    Ces quartiers abandonnés par l’Etat ne le sont pas pour tout le monde. Apparemment, la mise en place d’un petit « califat délocalisé » se caractérise par une baisse de la criminalité et de la délinquance. Les autorités islamistes de fait décident si le trafic de drogue doit ou non s’arrêter. Ils sont plus efficaces que les assistantes sociales. Un jeune sans repères qui devient islamiste peut en effet adopter un comportement correct et renoncer à la délinquance. Mais ce calme sur le front de la criminalité est trompeur. Il n’empêche pas les accumulations secrètes d’armes et d’explosifs. On prépare les attentats du futur. Le paradoxe est que dans les démocraties occidentales (sauf la Suisse ou les États-Unis), la population est totalement désarmée sauf pour les islamistes ! La législation sur le port d’armes est ridiculisée. Le coordinateur antiterroriste près du président de la République, le préfet Bousquet de Florian, a cité le cas d’un terroriste arrêté aux Champs-Élysées à Paris qui avait obtenu six autorisations de port d’armes de différentes préfectures, et pourtant il était fiché « S » sur le fichier des suspects dans les services antiterroristes.

    Il y a des exceptions à cette situation notamment en Suisse et en Norvège où toute personne doit être enregistrée avec son adresse dans les fichiers de la police. Un de mes amis français est allé un jour à Genève en Suisse chez des amis helvétiques. Les amis partirent faire des courses et il resta seul dans l’appartement. On sonne à la porte. Il ouvre et se trouve face à deux gendarmes suisses qui lui disent : « Qu’est-ce que vous faites là ? » Il répond qu’il est venu passer le week-end chez des amis suisses qui ont cet appartement. On lui répond : Ils ont commis une faute ; ils devaient venir vous enregistrer dans nos bureaux. Le Français était étonné. « Mais alors comment savez-vous que je suis là ? » dit-il. Réponse des gendarmes : les voisins ! En Suisse, qui est indiscutablement une démocratie, il est normal de dénoncer une personne inconnue dans l’immeuble ! Dans une telle société, il est difficile de constituer des quartiers entiers avec des personnes inconnues. Le contrôle des populations pour assurer la liberté et la sécurité est assuré.

    Les Russes s’inquiètent de notre sécurité pour les années à venir. L’Arabie saoudite et le Qatar financent des mosquées et des tribunaux de la charia. Ces derniers concurrencent la justice de l’État. L’éducation des jeunes, les cours de Coran, l’arbitrage des conflits se font au sein d’enclaves géographiques où l’autorité de fait est détenue par l’imam. L’autorité musulmane locale organise les barrières mentales entre « sa » population et le reste du pays. Tout cela s’opère dans le cadre des lois et libertés garanties par les constitutions démocratiques interprétées selon l’idéologie des « droits de l’homme ».

    C’est pourquoi, déclarer verbalement la guerre aux terroristes comme le font les gouvernements occidentaux n’a guère d’effets dès lors que des territoires entiers, les califats délocalisés, prospèrent sous leurs institutions et que la police ne peut plus pénétrer sur les territoires concernés. Ces califats sont des noyaux d’enracinement pour les terroristes à venir et doivent être combattus comme tels et non tolérés par des pouvoirs publics inconscients.

    Cela passe par la répression des activités délictuelles (propagation de la haine, accumulation d’armes, etc…) mais aussi par la lutte contre l’immigration clandestine et l’organisation du retour des immigrés clandestins.

    Ivan Blot (Polémia, 20 novembre 2017)

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  • Les habits neufs de l'impérialisme...

    Les éditions Eska viennent de publier le neuvième numéro de la revue Sécurité globale dont le dossier est consacré aux "habits neufs de l'impérialisme", avec des contributions, notamment, de Xavier Raufer, d'Hervé Juvin, de Christian Harbulot et de Bruno Racouchot...

     

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    Au sommaire :

    À propos de la parution d’ Une France soumise. Les Voix du refus, par Georges Bensoussan

     

    Champ criminologique

    Prévenir la récidive : une expérience dans l’agglomération du Saint-Quentinois

    Le recours aux bombes artisanales (explosives ou incendiaires) en France : une dangereuse évolution

     

    Dossier : Les habits neufs de l’impérialisme

    Les habits neufs de l’impérialisme : pourquoi ? Comment ?, par Xavier Raufer

    De la lutte anticorruption au capitalisme du chaos, huit thèses sur une révolution du droit, par Hervé Juvin

    Géopolitique du droit américain : dernières nouvelles du front extérieur, par Oliver de Maison Rouge

    La conquête du monde immatériel, par Christian Harbulot et Nathalie Grasselli

    Cyberespace, nouvelles menaces et nouvelles vulnérabilités, par Philippe Muller Feuga

    L’Entreprise, acteur de la sécurité nationale, par Bertrand Pauvert

    Penser l’influence dans les rapports de force de la guerre économique : de la compétition aux manœuvres criminelles, par Bruno Racouchot

     

    Rubriques et chroniques

    Pangloss au paradis ?

    Pierre Manent et les Tontons Flingueurs

    Faits & Idées

     

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  • Une police des citoyens plutôt qu'une police de l'Etat...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du groupe Plessis, cueilli sur FigaroVox et consacré à la nécessaire réforme de la politique de lutte contre l'insécurité. Le groupe Plessis rassemble des hauts-fonctionnaires attachés à l'autorité de l'Etat et à la souveraineté nationale...

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    Délinquance : Créer une police des citoyens plutôt qu'une police de l’État

    Chacun le reconnaît, les chiffres de la délinquance ne sont pas bons , même si la multiplication des patrouilles et gardes statiques liées à Vigipirate peut les infléchir provisoirement. Les cambriolages se maintiennent à un niveau très élevé, le trafic de stupéfiants prospère, la lutte contre l'immigration clandestine fait plus que piétiner, sans parler de la lutte contre le terrorisme dont on connaît les liens étroits avec le milieu délinquant.

    Au ministère de l'intérieur ou à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy avait relancé avec vigueur la lutte contre la criminalité. A mettre à son actif: le renforcement du combat contre les trafiquants de drogues, la création des sûretés départementales pour lutter contre les criminels trop organisés et mobiles pour les commissariats mais pas assez dangereux pour faire partie des cibles de la police judiciaire, la création des GIR (groupes d'intervention régionaux), etc… De son côté, la gauche a lancé les zones de sécurité prioritaires et parié sur l'efficacité mécanique d'une relance de la hausse des effectifs.

    Pour une stratégie intégrée de lutte contre la délinquance

    Malgré cette action et des efforts budgétaires considérables, et en dépit d'une légère baisse de la délinquance de proximité, d'ailleurs peut-être imputable à des «variations» statistiques plus ou moins volontaires, les résultats sont restés et demeurent très insuffisants. Certes, l'incurie de l'actuel gouvernement et les absurdités de la politique pénale du tandem Hollande-Taubira n'y sont sans doute pas pour rien, mais l'explication est un peu courte et…rassurante.

    Dans l'impuissance française à contenir la délinquance se cachent sans doute des causes structurelles que même la droite, généralement plus attentive à ces questions, n'a pas su totalement prendre en compte.

    Pour l'avenir, il faut examiner ce dossier dans sa globalité. En effet, la réussite en la matière est absolument conditionnée par la compréhension d'un fait essentiel: la lutte contre la délinquance est un processus qui fait intervenir de nombreux acteurs et de nombreuses procédures. Le maillon le plus faible de cette chaîne est celui qui détermine la force de l'ensemble.

    Le premier devoir des acteurs politiques est donc de toujours rappeler que la lutte contre la délinquance n'est pas la seule affaire des forces de l'ordre, mais doit se concevoir comme une longue chaîne d'actions et de partenariats efficaces. Chacun de ces maillons doit être examiné et mis, ou remis, en état d'obtenir des résultats satisfaisants et de travailler de manière coordonnée avec les autres maillons. Le premier maillon, la prévention, est essentiel. Étrangement, il ne suscite aucun intérêt de la gauche depuis 2012 et c'est un gouvernement de droite qui a porté et fait adopter l'une des lois les plus ambitieuses en la matière . Il reste néanmoins encore beaucoup à faire. Les derniers maillons sont l'action judiciaire et la politique pénitentiaire. Ils ont subi un véritable saccage depuis…2009. Nicolas Sarkozy lui-même a reconnu que certaines mesures de la loi pénitentiaire dite «loi Dati» de 2009 n'étaient pas bonnes, comme le principe d'aménagement pour les peines jusqu'à deux ans de prison. C'est bien le moins que l'on puisse dire. L'absurde réforme de la double peine par Nicolas Sarkozy, si elle n'a pas abouti à sa complète suppression, a néanmoins entraîné une chute du nombre d'interdictions du territoire français avec deux conséquences: l'engorgement des prisons et le maintien sur le territoire de délinquants d'habitude que les forces de l'ordre et les tribunaux accueillent régulièrement. Il faut bien avouer que, depuis l'arrivée de Christiane Taubira place Vendôme, les choses se sont dramatiquement aggravées. Il sera opportun d'y revenir ultérieurement. Mais nous voudrions ici nous concentrer sur le second maillon de la lutte contre la délinquance, l'action policière, qui est le plus évoqué et le plus sollicité, mais qui est aussi en grande difficulté.

    Brisons d'abord un tabou: il faut reconstruire une politique de performance des services de sécurité. Celle-ci a été balayée par la gauche au motif qu'il s'agissait d'un artifice, d'une coupable «politique du chiffre», inefficace, voire mensongère. Certes, l'appareil statistique de la police était honteusement inexact, pour ne pas dire manipulé depuis des décennies. Il devait impérativement être fiabilisé. Il reste fragile mais l'on peut mettre au crédit de l'actuel gouvernement la mise en place d'un service statistique digne de ce nom en matière de délinquance. Certes, l'appréciation de la performance des forces de l'ordre mérite une réflexion à nouveaux frais qui fasse sans doute une part à des évaluateurs extérieurs au ministère de l'intérieur. Mais, au moment où chacun s'accorde à faire valoir l'importance de l'évaluation des politiques publiques, renoncer à fixer des objectifs précis à l'action policière est un dramatique retour en arrière. Et un retour en arrière qui n'a fait que renforcer l'une des caractéristiques communes à toutes les polices du monde mais si prégnante en France: la très forte inertie de l'appareil policier, rivée sur le culte du précédent, solidifiée par le corporatisme, «justifiée» par la difficulté et la dangerosité du métier.

    Mais, au-delà des chiffres, c'est l'ensemble de la stratégie et de l'organisation des forces de sécurité qu'il faut revoir. Et le socle d'une stratégie c'est le renseignement. Or, le renseignement criminel est dramatiquement fragile dans notre pays. En dehors des délinquants d'opportunité, les services de police et de gendarmerie sont désormais confrontés à des bandes mobiles et organisées, parfois à dimension internationale. C'est à leur éradication qu'il faut se consacrer. Face à ces groupes criminels et en dépit d'améliorations récentes, nos services de sécurité publique, dans les deux forces, sont beaucoup trop concentrés sur la réaction à l'événement. Il importe de leur redonner une réelle capacité d'anticipation sans quoi ils seront très souvent dépassés, découvrant en un lieu les forfaits d'équipes qui écumeront déjà d'autres cieux, à l'autre bout du territoire national. Il n'est pas d'autres moyens que de renforcer considérablement la fonction de renseignement criminel dans nos services. La police judiciaire commence, avec retard, à s'y impliquer avec le SIRASCO , mais cette dimension de l'action policière doit infuser dans tous les services. Ce qui suppose notamment de renforcer quantitativement et qualitativement les unités de renseignement territorial de la sécurité publique et de les orienter massivement, en lien avec la police judiciaire, vers le recueil de l'information sur les réseaux criminels. Cela impliquera de briser un autre tabou selon lequel seuls des policiers peuvent y travailler et obligera à faire appel à des compétences d'analyse reconnues de chercheurs et d'universitaires. A l'inverse, la police judiciaire doit s'investir résolument sur le terrain et coopérer davantage avec les services de sécurité publique et leurs unités d'investigations judiciaires, en particulier les sûretés urbaines et départementales. Cette évolution indispensable ne sera pas aisée car elle constitue un changement profond de sa culture professionnelle jusqu'à présent très orientée sur les «belles affaires». Bref, la coordination étroite entre services pour garantir la collecte, l'exploitation et la diffusion la plus efficace du renseignement est désormais un enjeu essentiel.

    Cette coordination ne peut elle-même aboutir qu'à la condition d'engager un profond mouvement de décloisonnement fonctionnel et territorial de la police. Cela signifie d'en finir avec une vision étroitement locale et, au mieux, départementale, qui n'est pas à l'échelle des réseaux criminels, mais aussi de rapprocher de manière très volontariste les différentes baronnies de la police, qui se perpétuent en directions générales, centrales, zonales voire départementales, de la sécurité publique, de la police judiciaire, de la police aux frontières, du renseignement, des CRS...sans compter la préfecture de police à Paris. Le temps est venu de moderniser la police par la création de directions régionales qui regrouperaient l'ensemble de ces services sur une aire géographique bien plus adaptée. Ces directions régionales seraient placées, comme les nouvelles régions de gendarmerie, sous l'autorité de préfets spécialisés, à l'image des inspecteurs généraux de l'administration en mission extraordinaire (IGAME) de l'après-guerre. Ces préfets de police régionaux seraient en relation directe avec le ministère de l'intérieur, les actuels préfets de région ayant bien trop de choses à faire pour s'impliquer autant que nécessaire dans les questions de sécurité, surtout dans le cadre des nouvelles régions. Les directions départementales de la sécurité publique devraient, quant à elles, s'intégrer à des directions départementales de la police nationale, au moins dans les départements les plus urbains, regroupant l'ensemble des services de police d'un même ressort administratif. En tout état de cause, il faudra bien, a minima, que les différentes directions centrales adoptent un mode d'organisation territoriale comparable qui permette de constituer de véritables états-majors régionaux efficaces contre le crime. Et c'est une faute politique que de ne pas avoir saisi l'occasion de la réforme territoriale pour mettre sur la table la question de l'organisation de la police.

    Faut-il aller jusqu'à la fusion des directions centrales de police concernées? Et transformer la direction générale de la police nationale (DGPN) en une véritable direction nationale intégrée, organisée non comme actuellement par tuyaux d'orgue, mais par fonctions (renseignement et anticipation, sécurité de proximité, ordre public et sécurisation, investigations judiciaires, police technique et scientifique…), à l'image de son homologue de la gendarmerie? Sans sous-estimer le caractère très ambitieux d'une telle réforme, qu'il faudra construire avec les plus motivés des personnels, elle est aujourd'hui indispensable si l'on veut moderniser notre police et assurer une meilleure utilisation de ses crédits.

    Au-delà de la police, il y aura ensuite lieu de renforcer la coordination avec la gendarmerie, les douanes et les services des impôts. Il ne suffit pas pour cela de proposer un décret , car ce décret existe déjà qui met à la disposition du ministre de l'intérieur, «en tant que de besoin», les services des douanes, des impôts, de la répression des fraudes! Au-delà des organigrammes et des textes juridiques, il faut désormais un commandement commun, un suivi et une évaluation unifiés des actions menées. Sans doute le temps est-il venu de prendre le dossier à bras le corps et de mettre en place un échelon national commun aux forces de sécurité, un secrétariat général à la sûreté nationale, apte à piloter et à évaluer les évolutions opérationnelles des uns et des autres. Pourquoi les nécessaires efforts de coordination opérationnelle consentis en matière de lutte contre le terrorisme ne seraient-ils pas utiles dans les autres domaines de la lutte contre la criminalité?

    En revanche, une évolution doit être impérativement écartée: la fusion police-gendarmerie. Les pouvoirs publics doivent pouvoir disposer de deux forces et, en particulier, d'une force militaire dont la disponibilité est statutaire, et qui offre des possibilités d'intervention graduées sur un large spectre, qui peut aller de la surveillance rurale à la lutte contre la guérilla urbaine.

    Mais le cœur d'une réforme durable et efficace se situe peut-être ailleurs. Les réorganisations sont une chose, leur mise en œuvre sur le long terme en est une autre. La police, comme la Justice, a besoin d'innovations, d'ouverture, de remise en cause régulière de ses pratiques qui sont, par nature, routinières et procédurières et qui s'inscrivent, de surcroît, dans un contexte particulièrement marqué par le corporatisme et le syndicalisme. Comment, du reste, prétendre restaurer l'autorité de l'Etat sans contenir l'influence de syndicats si courtisés qu'ils ont plus de poids que la hiérarchie policière?

    En d'autres termes, les réformes impulsées du haut risquent toujours d'être freinées, voire neutralisées, au moment de leur mise en application sur le terrain. Il n'y a guère qu'une solution pour sortir de cette impasse: instiller de l'autonomie et de la responsabilité dans le mode de fonctionnement de l'institution policière. Les grandes directions régionales de police dont les contours ont été ici esquissés à grands traits, devraient à la fois disposer de plus d'autonomie et être soumises à un régime de responsabilité sérieux.

    Autonomie: confions aux préfets spécialisés le soin de développer des stratégies adaptées à leurs territoires et fixons-leur des objectifs à atteindre, plutôt que de détailler à longueur d'instructions, de circulaires, de plans et de messages de commandement la façon d'agir des personnels.

    Responsabilité: organisons un dispositif sérieux d'évaluation des résultats des uns et des autres et redonnons aux citoyens une place dans ces structures qui sont censées les servir. Une première étape serait de réformer de fond en comble les méthodes d'inspection des forces de l'ordre en leur imposant le respect de certaines règles, et, au premier chef, l'indépendance des inspecteurs à l'égard de la hiérarchie policière. Comment croire un instant que l'inspection générale de la police nationale (IGPN) soit en capacité de porter une appréciation fiable sur la police alors qu'elle est directement soumise à son directeur général et peuplée de hiérarques des services? A-t-elle su éviter les abus illustrés par l'affaire Neyret? Ceux de la BAC de Marseille? Le scandale de l'Association nationale d'action sociale des personnels de la police nationale (ANAS)? Celui du Carlton de Lille, qui a mis en cause le chef de la Sûreté départementale et le directeur de la sécurité publique du Nord!? La manipulation des statistiques de la police? Faut-il supprimer l'IGPN? Peut-être pas, mais la contrôler plus étroitement, certainement!

    S'agissant de l'implication des citoyens, les Britanniques sont allés très loin, créant d'abord des autorités de police autonomes, puis confiant la responsabilité des entités locales de sécurité publique à des Police and crime commissioners élus par le peuple. Il n'est pas certain que notre pays soit mûr pour une telle évolution, qui vise à créer une police des citoyens plutôt qu'une police de l'Etat, mais pourquoi ne pas associer des comités de citoyens et/ou d'élus locaux à la définition des stratégies policières et au contrôle de leurs activités au niveau des directions régionales, mais aussi des circonscriptions de sécurité publique (les commissariats)?

    Il est temps, en effet, qu'en France les citoyens soient considérés comme des êtres majeurs et qu'une certaine forme de contrôle démocratique s'exerce localement sur l'autorité policière. Par ailleurs, la sécurité et la justice sont deux des rares secteurs où le simple citoyen est bien en peine de trouver des chiffres sur sa commune, son département, son commissariat ou le tribunal le plus proche… La règle en la matière est l'absence complète de transparence. Ici encore notre situation témoigne d'un réel retard par rapport aux Britanniques . En d'autres termes, il faut utiliser la vague de l'open data pour constituer des bases de données et des sites internet fiables à destination de nos compatriotes. Sans le regard critique des citoyens, les meilleures intentions de réforme risquent en effet de se perdre dans les sables.

    Groupe Plessis (Figaro Vox, 19 février 2016)

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  • La France, une nation mal défendue ?...

    Le 10 février 2016 Valérie Brochard, Eric Naulleau et Eric Zemmour recevaient dans leur émission sur Paris première le général Vincent Desportes et le Gérard Longuet, ancien ministre de la défense, pour évoquer la situation de l'armée française. Vous pouvez découvrir le débat ci-dessous, dans une vidéo mise en ligne par le site Nos médias.

    Auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, le général Desportes a récemment publié La dernière bataille de France - Lettre aux Français qui croient encore être défendus (Gallimard, 2015).

     

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  • Une guerre des nomades contre les sédentaires ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 26 janvier 2016 et consacrée à la question de l'afflux massif d'immigrants clandestins à Calais...

     


    Migrants : "À Calais, c'est la guerre des... par rtl-fr

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