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russie - Page 38

  • Feu sur la désinformation... (178)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Telford : l’horreur passée sous silence
      Le quotidien anglais Daily Mirror révèle « Le plus grand scandale de viols collectifs sur mineurs de l’histoire du Royaume Unis »; pendant des décennie jusqu’à 1000 jeunes filles auraient été violées. En France le scandale est passé sous silence par peur du « racisme » .
    • 2 : Le Zapping d’I-Média 
      Le Média AJ+ dénonce le racisme de la police et dénonce des contrôles de police « au faciès ». Les immigrés seraient davantage contrôlés par la police que les non immigrés. Mais c’est oublier qu’il y a davantage de délinquance dans les quartiers de l’immigration que dans les autres quartiers. Contrôler une vieille dame présente peu d’intérêt, la probabilité qu’elle soit délinquante étant très faible!

    • 3 : La Basilique Saint Denis : simple occupation ou profanation ?
      Dimanche 18 mars des clandestins manifestent dans l’enceinte de la basilique Saint Denis. Marine Le Pen évoque une « profanation », les décodeurs du monde crient à l’Intox. C’est le coup de l’arroseur arrosé. 
    • 4 : Les tweets de la semaine
      L’AFP, reine des bobards, certifiera t’elle demain les informations ? Emmanuel Macron a suggéré le 20 mars, que l'AFP "joue un rôle central" dans la certification des informations, pour combattre les fausses nouvelles. L’AFP qui ressemble de plus en plus à l’agence TASS, l’agence officielle du gouvernement soviétique. 
    • 5 : Poutine démocrate ou pas ?
      Élection présidentielle en Russie tout est bon pour disqualifier le président Poutine : longévité de son mandat, bourrage d’urnes. Pour les médias la Russie est dirigée par un « dictateur ». La réalité est autre : les libéraux soutenus par l’occident sont à 2% !

     

                                       

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  • Zakhar Prilepine : « On demande aux Russes d'avoir honte de leur existence »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Zakhar Prilepine à Eugénie Bastié pour Figaro Vox. Journaliste, combattant et publiciste, Zakhar Prilepine est également un des écrivains russes actuels les plus célèbres. Une partie importante de son œuvre est disponible en traduction française, dont ses romans San'kia (Actes sud, 2009), Le Péché (Syrtes, 2009), Une fille nommée Aglaé (Actes sud, 2015), son récit tiré de son expérience en Tchétchénie, Pathologies (Syrtes, 2017), ou encore son Journal d'Ukraine (La Différence, 2017) et, dernièrement, Ceux du Donbass (Syrtes, 2018).

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    Zakhar Prilepine : « On demande aux Russes d'avoir honte de leur existence »

    FIGAROVOX.- Que pensez-vous de la réélection triomphale de Vladimir Poutine?

    Zakhar PRILEPINE.- Je respecte le choix du peuple. À l'heure actuelle il n'existe pas en Russie un membre de l'opposition qui puisse contrebalancer ce choix. Un ex-membre des services secrets français a dit un jour que Poutine était un animal politique. Apparemment, ça plaît au peuple russe. Mais je crois que la Russie reste un pays démocratique. On regarde toujours les quatre mandats de Poutine: mais Merkel aussi entame son quatrième mandat. Aux États-Unis, il y a des dynasties présidentielles: Bush père et fils, les Clinton!

    «Je n'aime pas beaucoup le pouvoir soviétique. Simplement, ceux qui ne l'aiment pas du tout appartiennent à un type d'individus qui, en général, me révulsent» écrivez-vous dans L'Archipel des Solovki. Êtes-vous dans la nostalgie de l'URSS?

    Ce n'est pas le pouvoir soviétique qui compte en ce moment pour les Russes, il est écrasé, pitoyable, renié. Les gens font leur choix en grande partie par nostalgie. Ils réagissent à un antisoviétisme qui a viré à la russophobie chez certains. Les Occidentaux ont tendance à penser que les Russes ne regrettent pas le pouvoir soviétique, mais c'est pourtant le cas. Dans les années 1990, nous avons détruit le pays, anéanti l'économie, supprimé l'idée de gauche. Nous avons écrit des centaines de livres, de films, où il était question de haine à l'égard de l'union soviétique. On nous demande de nous sentir coupables, honteux de ce passé, de notre existence.

    On accuse les Russes d'être partout, de truquer les élections. Pensez-vous qu'il existe une russophobie en Occident?

    Je pense que la russophobie existe dans l'élite politique, mais qu'elle ne touche pas la plupart de la population. Je suis venue en France au moins 25 fois, et je n'ai jamais eu de conflits avec les lecteurs. La France est le seul pays européen à avoir accepté d'éditer mon livre «Ceux du Donbass». En revanche, les récits de ceux qui combattent côté ukrainien sont édités partout.

    Que pensez-vous de la décision d'Emmanuel Macron de boycotter le pavillon russe au Salon du Livre de Paris où vous étiez présent?

    Poutine n'aurait jamais fait ça en Russie. Ce n'est pas un geste contre la Russie de Poutine, mais un geste contre la littérature russe, qui est peut-être ce qu'il y a de plus européen en Russie. La littérature reste, tandis que les présidents passent.

    Dans Ceux du Donbass (éd. des Syrtes, 2018), vous racontez les chroniques de votre guerre en Ukraine. Pourquoi vous êtes-vous engagé dans le Donbass?

    Parce que je suis pour la démocratie. Les gens qui expriment le désir de vivre dans un espace culturel et politique souverain en ont parfaitement le droit. Les ambassadeurs occidentaux se sont déplacés place Maïdan où il y avait 300.000 personnes qui manifestaient contre le régime de Ianoukovitch (NDLR: président renversé par un mouvement anti-corruption et pro-UE en 2014), mais ils auraient dû aussi se déplacer dans le Donbass où des centaines de milliers de personnes manifestaient contre le régime de Porochenko [NDLR: président ukrainien depuis 2014]. Que les Européens m'expliquent quelle est la différence entre la liberté revendiquée à Kiev et celle revendiquée dans le Donbass? Pourquoi n'auraient-ils pas les mêmes droits?

    Comment jugez-vous la manière dont les médias occidentaux ont traité le conflit?

    La presse européenne ne s'intéresse pas à présenter les événements de manière objective. Le 2 mai 2014 a lieu à Odessa un incendie criminel de la Maison des syndicats par des rebelles pro-Maïdan, qui a coûté la vie à 42 manifestants anti-Maïdan. Ce massacre a été sous-traité par les médias occidentaux. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.

    Nous allons fêter cette année le centenaire de la naissance de Soljenitsyne. Votre Archipel des Solovki s'inspire de L'Archipel du Goulag. Quelle place tient-il dans votre filiation littéraire?

    Soljenitsyne est une figure immense, qui est à mon avis beaucoup plus politique que littéraire. Le texte de L'Archipel du goulag comporte énormément d'imprécisions et d'erreurs, ce qui peut se comprendre étant donné que Soljenitsyne n'a jamais eu la possibilité de consulter les archives à l'époque. Dans les années 1980, Soljenitsyne a écrit des textes assez nombreux qui parlaient de la perestroïka comme d'une énorme catastrophe pour la Russie. Ce ne sont pas les plus connus.

    Vous situez-vous comme lui dans une tradition slavophile?

    Non, car Soljenitsyne, à la différence de moi, avait l'idée d'une union des trois pays slaves: la Russie, l'Ukraine, et la Biélorussie. Je pense pour ma part que la Russie est un pays beaucoup plus complexe. Il y a une population musulmane, une population bouddhiste. Nous sommes plus proches aujourd'hui de certains pays asiatiques, comme la Chine, que d'autres pays slaves, comme l'Ukraine. Comme le disait Poutine, «si l'Europe ne veut pas entamer de dialogue avec nous, nous allons nous tourner vers la Chine et l'Inde».

    La Russie ne fait pas partie de l'Europe?

    C'est un espace eurasien, c'est à la fois l'Europe et l'Asie. Mais notre culture, elle, reste européenne. Dans une certaine mesure, la Russie garde la tradition européenne.

    Pourquoi la Russie sécrète-t-elle de si grands écrivains?

    C'est un pays très vaste à l'histoire complexe. Sans vouloir vous flatter, vous avez une littérature aussi bonne que la nôtre! Je pense que la francophilie russe qui existe depuis longtemps a eu un impact important sur la littérature russe. Lorsque la Russie est critiquée en France, les Français devraient se rendre compte que c'est eux-mêmes qui ont apporté beaucoup de choses à la Russie. Moi par exemple, on me reproche mon militarisme, mais je prends exemple sur Guillaume Apollinaire, Romain Gary et Antoine de Saint-Exupéry, avec qui j'ai grandi!

    «Notre différence tient dans le fait que nous nous punissons très vite et de nos propres mains - nous n'avons pas besoin pour cela des autres peuples.» écrivez-vous dans L'Archipel

    Il existe un masochisme russe, c'est vrai. Nous nous donnons nous-mêmes le fouet, mais parfois nous aimons que d'autres y participent. Prenons l'exemple de la Seconde Guerre mondiale: les pertes subies ont été énormes, 19 millions de personnes. Elles sont mortes en majeure partie en 1941-1942, tuées par l'Allemagne et ses alliés. Personne ne parle de ces millions de Russes sacrifiés pour vaincre le nazisme. Cette ingratitude et cet oubli blessent les Russes.

    Vous vous êtes rapproché récemment de l'Église orthodoxe. L'orthodoxie est-elle un pilier de l'identité russe?

    J'ai été baptisé en 1975, à l'époque soviétique. Nous avions des icônes et la Bible à la maison. Je ne suis pas un fervent croyant, toutefois je crois que Dieu existe, et que la religion orthodoxe fait partie de notre tradition culturelle. Mais en Europe, les gens exagèrent l'impact de l'église orthodoxe sur la politique russe et la population. Il y a plus de pratiquants dans les pays scandinaves ou en Grande-Bretagne qu'en Russie !

    Zakhar Prilepine, propos recueillis par Eugénie Bastié (Figaro Vox, 20 mars 2018)

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  • La russophobie, annonciatrice de la prochaine guerre européenne ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'analyse des causes de la russophobie chronique du Système, qui connait à l'occasion de l'affaire Skripal une nouvelle poussée...

    Haut-fonctionnaire et animateur de la Fondation Polémia, Michel Geoffroy vient de publier La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    La russophobie, annonciatrice de la prochaine guerre européenne ?

    Il ne se passe plus une semaine sans que la Russie soit mise en cause, directement ou indirectement, dans les médias mainstream et par les gouvernements occidentaux. Aujourd’hui, le Premier Ministre britannique accuse la Russie d’être « probablement responsable » (sic) de la mort de l’espion Sergueï Skripal et de sa fille Youlia.
    La russophobie devient une composante majeure du politiquement correct occidental.
    Mais que signifient en réalité cet acharnement et cette russophobie d’Etat ?

    C’est de plus en plus la faute aux Russes !

    Hier, on accusait les réseaux russes d’être à l’origine de la victoire du centre droit et de la Ligue du Nord lors des élections générales en Italie. Comme les démocrates américains accusaient les Russes d’avoir déstabilisé la candidature d’Hillary Clinton. Ou d’avoir « désinformé » les britanniques pour les conduire à choisir le Brexit.

    La chaîne Arte, dans son reportage du 6 mars dernier sur les mouvements pro-vie, y voyait bien sûr l’influence perverse des oligarques russes. Et on n’oubliera pas la Syrie, où tout est prétexte à mettre en cause le soutien russe au gouvernement de Bachar El Assad, alors qu’il a permis de mettre Daesh à genoux.

    A tout instant, la Russie devient le bouc émissaire en Occident. Des attaques de hackers ? Russes évidemment. Des sportifs privés de leur drapeau national par le Comité Olympique ? Des sportifs russes évidemment. Des « fake news » ? Exclusivement russes bien sûr.

    La russophobie devient le prêt à penser occidental.

    Mais dans quel but en réalité ?

    Les russophobes : la voix de leurs maîtres

    D’abord, les médias mainstream, propriété de l’oligarchie transnationale, ne font en la matière qu’appliquer la stratégie fixée par les Etats Unis depuis la chute de l’URSS : empêcher par tous les moyens la constitution d’une Europe « de l’Atlantique à l’Oural », pour reprendre la célèbre formule du Général De Gaulle, c’est-à-dire une alliance stratégique entre l’Europe et la Russie, susceptible d’équilibrer et finalement de contrebalancer la surpuissance américaine.

    La diabolisation de la Russie, qui est paradoxalement plus importante que lorsque l’URSS existait, sert ainsi à créer un obstacle psychologique à une telle alliance, en présentant ce pays comme un perpétuel agresseur, une perpétuelle menace.  Et par la même occasion, elle sert à diaboliser aussi ceux qui, en Europe, rêvent d’une Europe Puissance, en les accusant d’être des agents« de Poutine ».

    La Super Classe Mondiale qui a pris le pouvoir en Occident après la chute de l’URSS s’efforce en effet de maintenir par tous les moyens le leadership américain, car elle a besoin de lui pour faire avancer son projet de gouvernement mondial. Et pour semer le chaos partout, afin d’affaiblir les Etats-Nations qu’elle veut supplanter.

    En diabolisant la Russie, les médias et les gouvernements européens n’expriment donc, une fois encore, que la voix de leurs vrais maîtres : la Super Classe Mondiale.

    La russophobie : diaboliser ceux qui défendent les vraies valeurs

    En outre, la Russie incarne, comme justement nombre de pays de l’ex Pacte de Varsovie, des valeurs qui vont à l’encontre de la doxa libérale/libertaire et cosmopolite qui s’est imposée en Europe occidentale.

    Ces pays sont notamment patriotes, hostiles à l’immigration comme à l’islamisation, soucieux de préserver leur identité et leur religion chrétienne et adoptent une politique familiale dynamique et respectueuse des traditions morales. Tout le contraire de l’idéologie occidentale !

    La Russie incarne donc, non seulement un adversaire stratégique, mais aussi idéologique pour la Super Classe Mondiale qui règne au Forum de Davos. Elle devient pour cette raison, de plus en plus, un adversaire à abattre.

    La russophobie cache en effet l’attitude de plus en plus agressive et belliqueuse qu’adoptent les Occidentaux, et notamment les anglo-saxons, vis-à-vis de la Russie, selon un processus classique d’inversion accusatoire.

    La russophobie : une propagande de guerre

    En effet les Etats-Unis n’ont nullement renoncé à leur traditionnelle politique d’encerclement stratégique de la Russie, malgré la fin de la menace communiste en Europe et la fin des blocs Est/Ouest. Comme ils ne renoncent pas à la déstabilisation ou à la mise en tutelle de tous les pays musulmans anciens alliés de l’URSS. Comme ils multiplient les sanctions économiques vis-à-vis de la Russie. Comme l’ambassadeur américain à l’ONU, Nikki Halley, ne cesse de multiplier les provocations verbales vis-à-vis du « régime de Poutine » comme elle le dit bien peu… diplomatiquement.

    Contrairement à ce qu’ils avaient promis au gouvernement russe lors de la chute du mur de Berlin, les Occidentaux n’ont donc eu de cesse d’étendre l’OTAN, organisation dominée par les Etats-Unis, aux pays de l’ex Pacte de Varsovie, par le truchement des révolutions colorées. L’opération Euromaïdan – où les services secrets occidentaux ont joué un rôle des plus troubles – a servi ainsi à empêcher tout rapprochement économique entre l’Ukraine – pays ruiné – et la Russie. Et à renforcer l’encerclement de la Russie.

    Les Etats-Unis, non contents de remettre en cause l’équilibre nucléaire en Europe, n’hésitent d’ailleurs pas à vendre des armes antichars sophistiquées aux Ukrainiens, armes qui ne peuvent servir que contre la Russie. De même, l’OTAN multiplie les gesticulations militaires dans les pays baltes, dans une logique d’affrontement avec l’armée russe : une logique belliqueuse présentée évidemment sous l’angle de la protection de ces pays ! Mais une logique qui ravit les Etats-Majors européens puisque ceux-ci n’ont eu de cesse de se préparer à une guerre qui… n’a jamais eu lieu en Centre Europe, au grand dam de l’OTAN.

    Sur ce plan, force est de constater que l’élection de Donald Trump n’a rien changé du tout, sans doute parce que la politique internationale américaine relève plus désormais de « l’Etat profond » que des institutions démocratiques de ce pays.

    Danger russophobie !

    La russophobie occidentale n’est donc pas seulement ridicule. Elle n’est pas seulement une forme de racisme d’Etat, qui fait du peuple russe un coupable ou un danger par essence.

    Elle est surtout dangereuse car elle prépare les esprits européens à un affrontement avec la Russie : elle véhicule des bobards de guerre, un « bourrage de crâne » comme on disait pendant la Grande Guerre, qui toujours annoncent la vraie guerre !

    En effet, la Super Classe Mondiale n’a nullement renoncé à la guerre pour parvenir à ses fins. Car le monde est en passe de lui échapper. La puissance des anglo-saxons – qui constituait le cœur nucléaire de l’oligarchie occidentale – ne cesse de décliner à l’échelle du monde, dans tous les domaines et pas seulement économiques. Et les oligarques le savent bien.

    Les médias mainstream s’efforcent de nous cacher ce grand secret : le monde échappe aux mondialistes parce qu’il devient de plus en plus multipolaire. Parce que de grandes civilisations – notamment en Eurasie – se réinventent et veulent se libérer de la tutelle occidentale. Et qu’elles acquièrent de plus en plus les moyens de le faire.

    On ne peut donc exclure que certains oligarques anglo-saxons ne soient tentés, une nouvelle fois, de miser sur un conflit mondial pour maintenir leur leadership, c’est-à-dire leur domination et leur projet liberticide de gouverner le monde à leur seul profit.

    Un tel conflit serait évidemment catastrophique pour l’Europe qui serait certainement, de nouveau, un « théâtre d’opérations ». Mais cela n’entrerait-il pas aussi dans les intentions de la Super Classe Mondiale de détruire cette fois définitivement les Européens ?

    Il faut donc dénoncer les russophobes médiatiques européens pour ce qu’ils sont : non seulement des imbéciles, mais aussi des fauteurs de guerre au service de la Super Classe Mondiale.

    Michel Geoffroy (Polémia, 16 mars 2018)

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  • L'épopée sibérienne...

    Les éditions des Syrtes viennent de publier une étude historique d'Eric Hoesli intitulée L'épopée sibérienne - La Russie à la conquête de la Sibérie et du Grand Nord. Journaliste pendant trente ans, puis professeur à l'Université de Genève en tant que spécialiste du monde russe, Eric Hoesli est déjà l'auteur de A la conquête du Caucase (Syrtes, 2006).

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    " L'ouvrage est consacré à l'exploration de la Sibérie et du continent eurasien du XVIe au XXe siècle, la spectaculaire "conquête de l'Est". C'est un récit d'aventures grandiose, une véritable épopée, dont le fil conducteur est la recherche d'un nouvel eldorado, d'un continent inconnu. Elle commence par la saga des Stroganov, une famille de marchands poussée par l'appel de la fourrure, qui construit un empire au nord de la Moscovie et finance l'expédition du Cosaque Ermak en 1582, ouvrant ainsi la porte de la Sibérie. Puis le lecteur suit la longue et difficile avancée jusqu'au Pacifique à travers un désert de glace. Les premières expéditions sont des expériences de survie, qui revêtent ensuite un caractère scientifique : l'énigme d'une séparation entre l'Asie et l'Amérique, qui passionne les contemporains, conduit à la découverte du Kamtchatka, du détroit de Béring et de l'Alaska aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les explorateurs sont des savants qui, par leurs découvertes d'espèces inconnues ou disparues, leurs rencontres avec des peuples indigènes, participent à la mise en oeuvre d'une grande encyclopédie du monde. Dans la troisième partie l'auteur montre comment la Russie élargit sa sphère d'influence en Extrême-Orient et entre en concurrence avec l'Amérique, la Chine et l'Europe dans le contexte de la révolution industrielle. Le Transsibérien ou l'organisation du système concentrationnaire, du bagne tsariste au Goulag soviétique précèdent la conquête de l'Arctique puis les enjeux contemporains des hydrocarbures. L'Epopée sibérienne est un ouvrage de référence, riche et détaillé, rédigé dans un style accessible. L'auteur trouve un équilibre entre la rigueur historique et le souffle narratif. Le lecteur est emporté dans la description très pittoresque de la Russie, les épisodes sont décrits avec force détails, les situations sont reconstituées de façon précise et concrète. Fruit de nombreuses années de recherches effectuées dans les bibliothèques du monde, les archives russes récemment ouvertes, de nombreux voyages et rencontres avec les meilleurs spécialistes mondiaux, L'Epopée sibérienne est également le premier ouvrage complet écrit et publié en français sur le sujet. Il contient une cartographie originale (15 cartes) ainsi qu'un certain nombre d'illustrations souvent inédites. "

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  • De meilleures armes pour une planète plus sûre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dimitry Orlov cueilli sur le site Le Saker Francophone et consacré aux nouvelles armes russes présentées par Vladimir Poutine à l'occasion d'une récente allocution et à leur influence sur l'équilibre géopolitique de la planète. De nationalité américaine mais d'origine russe, ingénieur, Dimitry Orlov, qui a centré sa réflexion sur les causes du déclin ou de l'effondrement des civilisations, est l'auteur d'un essai traduit en français et intitulé Les cinq stades de l'effondrement (Le Retour aux sources, 2016).

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    De meilleures armes pour une planète plus sûre

    Beaucoup de gens semblent avoir perdu le fil quand il s’agit d’armes nucléaires. Ils pensent que les armes nucléaires sont comme les autres armes et sont conçues pour être utilisées en temps de guerre. Mais c’est une pure inertie mentale. Selon toutes les preuves disponibles, les armes nucléaires sont des armes anti-armes, conçues pour empêcher l’utilisation d’armes, nucléaires ou pas. Par essence, si elles sont utilisées correctement, les armes nucléaires sont des dispositifs de suppression de la guerre. Bien sûr, si elles sont mal utilisées, elles représentent un risque grave pour toute vie sur Terre. Il y a aussi d’autres risques pour toute la vie sur Terre, tel que le réchauffement planétaire incontrôlé causé par la consommation incontrôlée des hydrocarbures ; peut-être devons-nous inventer une ou deux armes pour empêcher cela aussi.

    Certaines personnes estiment que la simple existence d’armes nucléaires garantit qu’elles seront utilisées quand différents pays dotés d’armes nucléaires se retrouveront financièrement, économiquement et politiquement in extremis. Pour en « faire la demonstration » ils mettent en évidence le principe dramaturgique de l’arme de Tchekhov. Anton Tchekhov a écrit : « Если вы говорите в первой главе, что на стене висит ружье, во второй или третьей главе оно должно непременно выстрелить. А если не будет стрелять, не должно и висеть » [« Si vous dites à l’acte I qu’il y a un pistolet accroché au mur, alors il faut obligatoirement qu’à l’acte II ou III, il fasse feu. Sinon, il ne devrait pas être suspendu là. »].

    Et si vous faites remarquer que nous parlons de stratégie militaire et de géopolitique, pas de théâtre, on peut citer ensuite Shakespeare : « Le monde est une scène et tous les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ; ils font leurs sorties et leurs entrées… » et croire que c’est quod erat demonstrandum. Maintenant, je suis tout à fait d’accord avec Tchekhov en matière de dramaturgie, et je suis aussi d’accord avec Shakespeare, à condition de définir « le monde » comme « le monde du théâtre » dans lequel les deux mondes de la géopolitique et de la physique nucléaire sont dramatiquement différents.

    Laissez-moi l’expliquer en des termes qu’un bon dramaturge comprendrait. S’il y a une bombe nucléaire accrochée au mur dans l’acte I, il y a de fortes chances qu’elle soit encore accrochée à ce mur lors du dernier baisser de rideau. En attendant, peu importe combien d’autres armes sont présentes sur scène pendant le jeu, vous pouvez être sûr qu’aucune d’entre elles ne sera utilisée. Ou peut-être qu’elles le seront, mais alors tout le public sera mort, auquel cas vous devriez certainement demander à être remboursé parce que la pièce a été présentée comme un spectacle familial.

    Dans le monde réel, il est difficile de prétendre que les armes nucléaires n’ont pas été utiles comme moyen de dissuasion contre la guerre conventionnelle et nucléaire. Quand les Américains ont largué des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, ils ne l’ont fait que parce qu’ils pouvaient le faire en toute impunité. Si le Japon, ou un allié du Japon, avait possédé des armes nucléaires à l’époque, ces attaques n’auraient pas eu lieu. Il existe un nombre considérable d’opinions selon lesquelles les Américains n’ont pas atomisé le Japon pour obtenir une victoire (les Japonais se seraient rendus), mais pour envoyer un message à Joseph Staline. Staline a reçu le message, et les scientifiques et les ingénieurs soviétiques ont ont mis l’affaire en train.

    Il y a d’abord eu une période inconfortable, avant que l’URSS teste avec succès sa première bombe atomique, alors que les Américains envisageaient sérieusement de détruire toutes les grandes villes soviétiques en utilisant des frappes nucléaires. Mais ils ont mis ces plans de côté parce qu’ils ont calculé qu’ils n’avaient pas assez d’armes nucléaires à l’époque pour empêcher l’Armée rouge de conquérir toute l’Europe occidentale en représailles. Mais le 29 août 1949, lorsque l’URSS a testé sa première bombe atomique, ces plans ont été mis de côté – pas tout à fait de façon permanente, on en reparle plus bas – parce qu’une seule explosion nucléaire résultant d’une réaction soviétique à une première frappe américaine, aurait effacé, disons, New York ou Washington. Cela aurait été un prix trop élevé à payer pour détruire la Russie.

    Depuis lors – à l’exception d’une période comprise entre 2002 et il y a deux jours – la capacité des armes nucléaires à décourager une agression militaire est restée incontestée. Il y a eu quelques défis en cours de route, mais ils ont été traités. Les Américains ont jugé bon de menacer l’URSS en plaçant des missiles nucléaires en Turquie. En réponse, l’URSS a placé des missiles nucléaires à Cuba. Les Américains ont pensé que ce n’était pas juste, ce qui a provoqué la crise des missiles de Cuba. Finalement, les Américains ont été contraints de se retirer de Turquie, et les Soviétiques ont reculé à Cuba. Une autre menace pour le pouvoir de dissuasion des armes nucléaires a été le développement d’armes anti-balistiques capables d’abattre des missiles à tête nucléaire (en fait seulement les missiles balistiques, on en reparle plus tard). Mais cela a été largement reconnu comme une mauvaise chose, et une percée majeure a eu lieu en 1972, lorsque les États-Unis et l’URSS ont signé le Traité sur les missiles anti-balistiques.

    Pendant toute cette période, le principe qui maintenait la paix était la Destruction Mutuelle Assurée : aucune des deux parties ne devait provoquer l’autre au point de lancer une frappe nucléaire, car une telle action était garantie comme suicidaire. Les deux parties en ont été réduites à mener une série de guerres par procuration dans divers pays du monde, au détriment notable de ces pays, mais il n’y avait aucun risque que ces conflits indirects éclatent en une conflagration nucléaire à grande échelle.

    Entre-temps, tout le monde a tenté de s’opposer à la prolifération nucléaire, empêchant un plus grand nombre de pays d’accéder à la technologie des armes nucléaires – avec un succès limité. Les cas où ces efforts ont échoué témoignent de la valeur dissuasive efficace des armes nucléaires. Saddam Hussein, en Irak, n’avait aucune « arme de destruction massive » et a fini par être pendu. Mouammar Kadhafi de Libye a renoncé volontairement à son programme nucléaire et a été torturé à mort.

    Mais le Pakistan a réussi à acquérir des armes nucléaires, et par conséquent ses relations avec son ennemi juré traditionnel sont devenues beaucoup plus polies et coopératives, au point qu’en juin 2017, tous deux sont devenus membres à part entière de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) avec la Chine, la Russie et d’autres nations eurasiennes. Et puis la Corée du Nord a fait quelques percées en matière de bombes nucléaires et de missiles balistiques. Les États-Unis en ont été réduits à des menaces futiles et des postures guerrières alors que la Corée du Sud a exprimé un nouveau respect pour son voisin du nord. Les deux cherchent maintenant à se rapprocher.

    En 2002, la perspective d’une dissuasion nucléaire en continu a subi un revers majeur lorsque les États-Unis se sont retirés du traité ABM. La Russie a protesté contre cette décision et a promis une réponse asymétrique. Les responsables américains ont ignoré cette protestation, pensant à tort que la Russie était finie en tant que puissance nucléaire. Depuis lors, les Américains ont dépensé des sommes d’argent prodigieuses – des milliers de milliards de dollars – en construisant un système de défense anti-missiles balistiques. Leur objectif était simple : permettre de lancer une première frappe contre la Russie, en détruisant une grande partie de son arsenal nucléaire ; ensuite, utiliser les nouveaux systèmes ABM américains pour détruire tout ce que la Russie parviendrait encore à lancer en réponse. Le 2 février 2018, les Américains ont décidé qu’ils étaient prêts et ont publié un réexamen de leur posture nucléaire dans lequel ils se sont expressément réservé le droit d’utiliser des armes nucléaires pour empêcher la Russie d’utiliser sa force de dissuasion nucléaire.

    Et puis, il y a deux jours, tout s’est bien terminé lorsque Vladimir Poutine a prononcé un discours dans lequel il a dévoilé plusieurs nouveaux systèmes d’armes qui annihilent complètement la valeur du bouclier antimissile américain, entre autres choses. C’est la réponse que les Russes avait promis de livrer lorsque les États-Unis se sont retirés du traité ABM en 2002. Maintenant, 16 ans plus tard, le processus s’est terminé. La Russie s’est réarmée avec de nouvelles armes qui ont rendu le traité ABM complètement hors de propos.

    Le traité ABM portait sur les missiles balistiques, ceux propulsés par des roquettes qui font accélérer le missile à une vitesse  proche de la vitesse d’évasion. Après cela, le missile suit une trajectoire balistique – comme un obus d’artillerie ou une balle. Cela rend son chemin facile à calculer et le missile facile à intercepter. Les systèmes de défense antimissile américains reposent sur la capacité de voir le missile sur un radar, calculer sa position, sa direction et sa vitesse, et lancer un missile en réponse de telle sorte que les deux trajectoires se croisent. Au point de rencontre, le missile intercepteur est activé, détruisant le missile attaquant.

    Aucune des nouvelles armes russes ne suit des trajectoires balistiques. Le nouveau Sarmat est un ICBM sans le « B ». Il manœuvre tout au long de sa trajectoire et peut voler dans l’atmosphère plutôt que surgir au-dessus d’elle. Il a une courte phase de mise à feu, ce qui rend difficile son interception après le lancement. Il a la possibilité de parcourir des chemins arbitraires autour de la planète, par exemple par le pôle sud, pour atteindre n’importe quel point de la Terre. Et il transporte de multiples véhicules de rentrée hypersoniques manœuvrables dotés d’armes nucléaires qu’aucun système de défense antimissile existant ou prévu ne peut intercepter.

    Parmi les nouvelles armes dévoilées il y a deux jours, on a un missile de croisière à propulsion nucléaire d’une portée pratiquement illimitée et qui dépasse les Mach 10, et un drone sous-marin à propulsion nucléaire qui peut descendre à des profondeurs beaucoup plus grandes que n’importe quel sous-marin existant et se déplacer plus vite qu’aucun navire existant. Il y avait également un canon laser mobile présenté lors du show, dont on sait très peu de choses, mais qui est susceptible d’être utile quand il s’agira de faire frire des satellites militaires. Tout cela repose sur des principes physiques qui n’ont jamais été utilisés auparavant. Tous ont passé les tests et sont en cours de production ; l’un d’entre eux est déjà utilisé en service de combat actif dans les forces armées russes.

    Les Russes sont maintenant fiers de leurs scientifiques, ingénieurs et soldats. Leur pays est à nouveau en sécurité. Les Américains ont été arrêtés en chemin et leur nouvelle posture nucléaire ressemble maintenant à un cas sévère de lordose. Ce genre de fierté est plus important qu’il n’y paraît. Les systèmes d’armes nucléaires avancés ressemblent un peu aux caractéristiques sexuelles secondaires des animaux : comme la queue du paon ou les bois du cerf ou la crinière du lion, ils témoignent de la santé et de la vigueur d’un spécimen qui a suffisamment d’énergie à dépenser pour des accessoires bien visibles.

    Pour être en mesure d’exploiter un missile de croisière nucléaire hypersonique à portée illimitée, un pays doit disposer d’une communauté scientifique saine, de nombreux ingénieurs bien formés, d’une armée professionnelle hautement qualifiée et d’un establishment de sécurité compétent capable de garder l’ensemble secret, avec une économie industrielle puissante et assez diversifiée pour fournir tous les matériaux, processus et composants nécessaires sans avoir recours aux importations. Maintenant que la course aux armements est terminée, cette nouvelle confiance et compétence peut être transformée à des fins civiles.

    Jusqu’à présent, la réaction occidentale au discours de Poutine a suivi de près l’illogisme des rêves que Sigmund Freud a expliqué en utilisant la blague suivante :

    1. Je n’ai jamais emprunté de bouilloire
    2. Je vous l’ai retourné intacte
    3. Elle était déjà cassée quand je vous l’ai empruntée.

    Un exemple plus commun est l’excuse d’un enfant pour ne pas avoir fait ses devoirs : je l’ai perdu ; mon chien l’a mangé ; je ne savais pas que je devais le faire.

    Dans ce cas, les commentateurs occidentaux nous ont proposé ce qui suit :

    1. Il n’y a pas de telles armes ; Poutine bluffe
    2. Ces armes existent mais elles ne fonctionnent pas vraiment
    3. Ces armes fonctionnent et c’est le début d’une nouvelle course aux armements nucléaires

    Prenons ces arguments un par un :

    1. Poutine n’est pas connu pour bluffer ; il est connu pour faire exactement ce qu’il dit qu’il va faire. Il a annoncé que la Russie apporterait une réponse asymétrique aux États-Unis qui se retiraient du traité ABM ; et maintenant c’est le cas.
    2. Ces armes sont une continuation des développements qui existaient déjà en URSS il y a 30 ans mais qui ont été mis en sommeil jusqu’en 2002. Ce qui a changé depuis lors, c’est le développement de nouveaux matériaux qui permettent de construire des véhicules volant au-dessus de Mach 10, avec leur surface chauffant jusqu’à 2000ºC, et, bien sûr, des améliorations spectaculaires dans le domaine de la microélectronique, des communications et de l’intelligence artificielle. La déclaration de Poutine selon laquelle les nouveaux systèmes d’armes entrent en production est un ordre : ils vont donc entrer en production.
    3. Une grande partie du discours de Poutine ne portait pas sur des questions militaires. Il s’agissait d’augmentations salariales, de routes, d’hôpitaux et de cliniques, de jardins d’enfants, de maternités, de coups de pouce aux retraités, de logements pour les jeunes familles, de rationalisation de la réglementation des petites entreprises, etc. : améliorer considérablement le niveau de vie de la population. Le problème militaire a déjà été résolu, la course aux armements a été gagnée et le budget de la défense de la Russie est réduit et non augmenté.

    Une autre idée en Occident était que Poutine a dévoilé ces nouvelles armes, qui sont en développement depuis 16 ans au moins, dans le cadre de sa campagne de réélection (le vote est le 18 mars). C’est absurde. Poutine est assuré de la victoire parce que la grande majorité des Russes approuve son leadership. Les élections ne sont l’objet d’un combat que pour prendre la deuxième place entre les libéraux démocrates, menés par l’ancien cheval de guerre Vladimir Jirinovski, et les communistes, qui ont nommé un homme d’affaires oligarque non communiste, Pavel Groudinine, qui s’est rapidement disqualifié en ne dévoilant pas ses comptes bancaires à l’étranger et autres irrégularités et semble maintenant être entré dans la clandestinité. Ainsi, les communistes, qui étaient auparavant prévus pour la deuxième place, se sont brûlés les ailes et Jirinovski arrivera probablement en deuxième position. Si les Américains n’aiment déjà pas Poutine, ils aimeraient encore moins Jirinovski. Poutine a une attitude pragmatique et ambivalente à propos des « partenaires occidentaux » comme il aime à les appeler. Jirinovski, d’un autre côté, est plutôt habité d’un sentiment de revanche et semble vouloir infliger des souffrances à ces mêmes « partenaires occidentaux ».

    En même temps, il y a maintenant un comité, composé d’hommes et de femmes très sérieux, qui sont chargés de surveiller et contrecarrer l’ingérence américaine dans la politique russe. Il semble peu probable que la CIA, le Département d’État américain et les coupables habituels puissent avoir une quelconque efficacité en Russie. L’ère des révolutions colorées est terminée, et le train du changement de régime a vécu… alors qu’il rentre péniblement à Washington, où Trump a une chance d’être détrôné à l’ukrainienne.

    Une autre façon de voir la réaction occidentale aux nouvelles armes de la Russie est d’utiliser les 5 étapes du deuil d’Elizabeth Kübler-Ross. Nous avons déjà vu le déni (Poutine bluffe, les armes ne fonctionnent pas) et le début de la colère (nouvelle course aux armements). Nous devrions nous attendre à un peu plus de colère avant de passer à la négociation (vous pouvez avoir l’Ukraine si vous arrêtez de construire les missiles Sarmat). Une fois que la réponse russe sera bien perçue (« Tu as cassé l’Ukraine, tu paies pour la réparer ») nous passerons à la dépression (« Les Russes ne nous aiment plus ! »). Et finalement, l’acceptation. Une fois le stade de l’acceptation atteint, voici ce que les Américains peuvent utilement faire en réponse aux nouveaux systèmes d’armement de la Russie.

    Tout d’abord, les Américains peuvent mettre au rebut leurs systèmes ABM parce qu’ils sont maintenant inutiles. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a dit ceci : « То, что сегодня создаётся в Польше и Румынии, создаётся на Аляске и предполагается к созданию в Южной Корее и Японии — этот ‘зонтик’ противоракетной обороны, получается, ‘дырявый’. И не знаю, зачем за такие деньги теперь этот ‘зонтик’ им приобретать. » [« Ce qui est construit en Pologne et en Roumanie, et en Alaska, et qui est prévu en Corée du Sud et au Japon – ce ‘parapluie’ de défense antimissile – s’avère criblé de trous. Je ne sais pas pourquoi ils devraient maintenant payer aussi cher pour ce ‘parapluie’. »].

    Deuxièmement, les Américains peuvent laisser tomber leur flotte de porte-avions. Cela ne sert pour le moment qu’à menacer des nations sans défense, mais il existe des moyens beaucoup moins coûteux de menacer les nations sans défense. Si les Américains envisagent de les utiliser pour dominer les voies maritimes et contrôler le commerce mondial, alors l’existence de missiles de croisière hypersoniques et de sous-marins à portée illimitée qui peuvent se cacher à de grandes profondeurs pendant des années rendra les océans inaccessibles pour les groupes de combat de la marine américaine en cas d’escalade majeure (non nucléaire) parce que maintenant la Russie peut les détruire à distance sans mettre en danger aucun de ses biens ou de son personnel.

    Enfin, les Américains peuvent se retirer de l’OTAN, qui s’est révélée complètement inutile, démanteler leurs 1000 bases militaires dans le monde et rapatrier les troupes qui y sont stationnées. Ce n’est pas comme si, à la lumière de ces nouveaux développements, les garanties de sécurité américaines valaient encore grand chose aux yeux du monde, et les « alliés » américains s’en rendront compte rapidement. En ce qui concerne les garanties de sécurité russes, il y a beaucoup à offrir : contrairement aux États-Unis, qui sont de plus en plus considérés comme des voyous, inefficaces et maladroits, la Russie a scrupuleusement respecté ses accords internationaux et le droit international. En développant et en déployant ses nouveaux systèmes d’armes, la Russie n’a violé aucun accord, traité ou loi international. Et la Russie n’a aucun plan agressif envers qui que ce soit, sauf les terroristes. Comme l’a dit Poutine lors de son discours, « Мы ни на кого не собираемся нападать и что-то отнимать. У нас у самих всё есть. » [« Nous ne prévoyons pas d’attaquer qui que ce soit ni de prendre le contrôle d’un quelconque pays. Nous avons tout ce dont nous avons besoin. »].

    J’espère que les États-Unis ne prévoient pas d’attaquer qui que ce soit, parce que, vu leur histoire récente, cela ne fonctionnera pas. Menacer la planète entière et la forcer à utiliser le dollar américain dans le commerce international (et détruire des pays comme l’Irak et la Libye, quand ils refusent) ; assumer d’énormes déficits commerciaux avec pratiquement le monde entier en forçant les banques de réserve du monde entier à racheter la dette du gouvernement américain ; tirer parti de cette dette pour accumuler des déficits budgétaires colossaux (maintenant environ 1000 milliards de dollars par an) ; et voler la planète entière en imprimant de l’argent et en le dépensant dans divers scénarios de corruption – cela, mes amis, a été le business plan de l’Amérique depuis les années 1970 environ. Et il se défait devant nos yeux.

    J’ai l’audace d’espérer que le démantèlement de l’Empire américain se fera aussi efficacement que le démantèlement de l’Empire soviétique. (Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas humiliant ou qu’il ne va pas appauvrir l’Amérique, ou qu’il ne s’accompagnera pas d’une augmentation considérable de la morbidité et de la mortalité). Une de mes plus grandes craintes au cours de la dernière décennie était que la Russie ne prendrait pas les États-Unis et l’OTAN assez au sérieux en essayant juste d’attendre qu’ils changent. Après tout, qu’y a-t-il vraiment à craindre d’une nation qui a plus de 100 milliards de dollars de prestations non financées, des toxicomanes opioïdes, 100 millions de chômeurs sans emploi, des infrastructures vétustes et une politiques nationale délétère ? Et en ce qui concerne l’OTAN, il y a, bien sûr, l’Allemagne, qui est en train de réécrire « Deutschland, Deutschland, über alles » pour être « gender-neutral ». Que sont-ils censés faire ensuite ? Marcher sur Moscou sous une bannière arc-en-ciel et espérer que les Russes meurent de rire ? Oh, et il y a aussi le plus grand atout eurasien de l’OTAN, la Turquie, qui est actuellement en train de liquider les actifs kurdes de l’Amérique dans le nord de la Syrie.

    Mais simplement attendre aurait été un pari, parce que dans son agonie l’Empire américain aurait pu s’en prendre à la Russie par des moyens imprévisibles. Je suis heureux que la Russie ait choisi de ne pas jouer avec sa sécurité nationale. Maintenant que les États-Unis ont été neutralisés en toute sécurité en utilisant les nouveaux systèmes d’armes russes, je pense que le monde est un bien meilleur endroit. Si vous aimez la paix, il semblerait que votre meilleure option soit aussi d’aimer les armes nucléaires, les meilleures possibles, contre lesquelles aucune dissuasion n’existe, et maniées par des nations paisibles et respectueuses de la loi qui n’ont aucun dessein maléfique pour le reste de la planète.

    Dmitry Orlov (Le Saker Francophone, 6 mars 2018)

     

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  • Syrie : qui veut (vraiment) la paix ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son blog Bouger les lignes et consacré à la question du retour à la paix en Syrie... Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point et sur celui du Figaro Vox.

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    Syrie : qui veut (vraiment) la paix ?

     

    L'Occidental postmoderne goûte la lumière des évidences simples, la clarté des antagonismes légitimes. Il prend l'information pour de la connaissance, donne à fond dans la substitution de l'image au réel qui devient le quotidien de la politique et ne produit plus seulement une déformation du réel, mais une autre réalité. Et puis, la complexité le fatigue, le paradoxe le lasse, la mise en perspective l'égare. Il croit dans « le su parce que vu ». Il croit que les fake news tombent du ciel ou proviennent directement des enfers que seuls les bad guys et leurs hackers habitent. L'homme occidental a donc la conscience assoupie et les yeux bandés, mais sa sentimentalité exacerbée lui donne l'illusion d'avoir une conscience morale.

    Aussi bien ne voit-il aucune indécence, aucun cynisme dans la façon dont les médias occidentaux décrivent et montrent la situation militaire et humanitaire dans la Ghouta orientale. Et pourtant… La terreur bien réelle vécue par les populations civiles de cette banlieue damascène gangrénée depuis des années par les groupes djihadistes, le calvaire des enfants morts-vivants, pris sous les décombres des bombardements de l'armée syrienne appuyés par la Russie en prélude à une probable offensive terrestre dans l'espoir de réduire ce foyer islamiste qui bombarde régulièrement les faubourgs de la capitale dans un silence occidental assourdissant, sont présentés comme la marque d'une cruauté insensée, délibérée et ciblée des « forces du régime » et de ses soutiens contre la population civile effectivement prise au piège de cet affrontement sans merci. Comme si l’ogre Assad, chaque matin, réclamait à ses sicaires pour son petit déjeuner, son saoul de femmes et d’enfants démembrés et sanguinolents. Comme si ces malheureux civils étaient les cibles de ces bombardements et non les boucliers humains dont se servent impunément depuis des années les salafistes qui veulent faire tomber le président syrien et prendre le pouvoir à Damas pour le compte de leurs puissances mandataires. Des groupuscules ultraviolents qui le forcent ainsi à leur livrer son pays ou bien à faire la « guerre au milieu des populations » pour déclencher l'ire internationale et le diaboliser encore un peu plus…

    On s'est habitués au martyre au long cours du peuple syrien

    On a tellement voulu croire, et faire croire, que l'État islamique était le seul problème et qu'une fois sa réduction (relative) acquise, la guerre serait sans objet et s'étiolerait, que l'on a « oublié » qu'à côté des scories encore dangereuses de cette hydre spectaculaire se démènent toujours les groupes salafistes Al-Nosra et consorts qu'on laisse agir pour compromettre une victoire trop éclatante de l'axe Moscou-Téhéran-Ankara.

    Alors, pour ne pas parler de ce qui pose vraiment problème et nourrit le conflit, on braque les projecteurs sur une offensive gouvernementale, comme si on redécouvrait subitement que la guerre fait toujours rage et est insupportable… Pourtant, notre « coalition internationale » la mène contre le gouvernement syrien depuis 7 ans. Et l'on doit endurer les sommets de cynisme de l'ambassadrice américaine aux Nations unies qui reconnaît que « à cause de la Russie » le Conseil de sécurité « a manqué à son devoir » vis-à-vis des malheureux civils syriens en tardant à signer une résolution demandant un cessez-le-feu d'un mois. Elle ne dit évidemment pas pourquoi ce retard ! Car Moscou a voulu faire apporter quelques substantielles modifications au projet initial en excluant du cessez-le-feu les zones où sévissent encore les groupes terroristes, notamment Al-Nosra.

    La réduction militaire de l'abcès salafiste de la Ghouta devrait donc se poursuivre, les morts innocents se multiplier et nos inconscientes consciences, gargarisées de leur haute moralité abstraite et partiale, continuer de s'indigner. Quoi ? la guerre tue, est sale, injuste, laide, elle fait des victimes innocentes, surtout quand elle doit être menée au sein des populations civiles prises en otages ?

    Une indignation à éclipses pourtant depuis sept ans, mis à part quelques séquences stigmatisées comme la reprise d'Alep – alors que celle de Mossoul nous a laissés plus placides, car il s'agissait de nos bombes. Car on s'est habitués au martyre au long cours du peuple syrien. Tant que c'est à bas bruit, que ce sont nos frappes lointaines qui tonnent, que les morts que l'on fait sont « du mauvais côté » et point trop spectaculaires, on ne lève pas le nez de notre assiette. Sauf pour donner, de temps à autre, quelques leçons de morale de plus en plus inaudibles sur « le boucher Assad ennemi de son peuple » et les gentils rebelles insurgés au grand cœur qui veulent la démocratie et le bien-être de leurs concitoyens.

    De tragiques erreurs de jugement

    Cet ahurissant et persistant biais dans l'interprétation des faits a une origine. Depuis 7 ans en effet, on présente le conflit comme une lutte entre deux légitimités équivalentes qui seraient en concurrence finalement « normale » pour régir le pays. On fait comme si la Syrie n'était pas un État stable et sûr en 2011, comme si elle n'avait jamais eu de gouvernement légitime, mais un « régime » illégitime et honni, comme si c'était un territoire sans unité, un simple espace à conquérir, comme s'il ne s'agissait pas d'un pays souverain ; entré en résistance forcenée et nécessairement meurtrière, contre une agression tous azimuts venue de l'extérieur bien plus qu'aux prises avec une guerre civile, quelles qu'aient été la réalité et la légitimité des revendications politiques, sociales et économiques à l'origine des premières manifestations de 2011.

    Puis, de fil en aiguille, nous avons fini par nous convaincre de cette reconstruction des faits et par tomber dans un manichéisme dogmatique confondant, qui a déformé notre compréhension des choses et du coup a grandement affaibli notre capacité d'action. Nous avons cru que cette attitude néanmoins préserverait « nos intérêts ». Mais où en sommes-nous finalement de notre influence dans ce pays et même dans cette région dont nous nous préoccupons soi-disant tant ? Et quel poids nous accordent ceux qui dominent le jeu politique et militaire régional ?

    L'honnêteté impose d'admettre que nous sommes toujours largement hors-jeu, car nous ne voulons pas admettre nos tragiques erreurs de jugement et préférons ressasser les vieilles antiennes anti-Assad au lieu de chercher pragmatiquement à reprendre pied et langue dans le pays et à faire basculer les alliances dans le sens de l'apaisement et du compromis… dont les populations civiles seraient évidemment les premières bénéficiaires. Nous sommes malheureusement encore très loin d'une telle réforme intellectuelle et pour le coup « morale ». Alors, nous observons.

    Le trouble jeu américain

    L'affrontement Moscou-Washington bat son plein, attisé par les va-t-en-guerre néoconservateurs américains qui « environnent » fermement le président Trump et ont fait de l'Iran le nouveau rogue state à abattre. Washington veut miner la consolidation du « croissant chiite » qui traduit la renaissance de l'influence iranienne dans cette région stratégique et pour commencer, il veut que l'Iran sorte de Syrie. Les slogans très « calibrés » des récentes manifestations populaires en Iran ont clairement fait le lien entre le mécontentement « spontané » du peuple des provinces et les dépenses du pouvoir mises au service de la guerre menée en appui du pouvoir syrien. Le président Rohani ne s'y est pas trompé, qui a rappelé qu'il n'était pas comptable des fonds alloués aux gardiens de la Révolution sous tutelle du guide suprême Ali Khamenei.

    Alors, après l’échec de cette tentative de déstabilisation ou a minima de récupération d’une grogne populaire, pour pousser Moscou à lâcher son partenaire tactique iranien, l’Amérique remet une couche de sanctions (élément de chantage supplémentaire), une louche sur le délirant feuilleton du Russian probe du Procureur Mueller. Et en Syrie même, afin de contrôler les zones pétrolières de l'Est syrien pour peser sur la reconstruction économique et politique du pays, Washington s'engage militairement durablement aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes syriens (YPG) que Moscou ne défend pas vraiment des assauts turcs. Il semble en effet probablement plus important au Kremlin d'enfoncer un coin dans l'Alliance atlantique en laissant se développer l'affrontement Washington-Ankara à propos de ces mêmes Kurdes. L'Amérique se sert en tout cas des YPG – ce qui n'empêche pas ces derniers de demander parfois, comme à Afrin, le soutien des milices syriennes pro-Assad contre l'aviation et l'artillerie turques, car leurs liens avec le régime et l'armée sont anciens et puissants – pour empêcher de fait un règlement politique global sur lequel elle n'aurait pas la main, sachant que la Turquie, qui parraine le processus d'Astana aux côtés de Moscou et de Téhéran, ne peut admettre leur participation à un règlement politique.

    Cessons d'attiser les divisions intrasyriennes communautaires

    Parallèlement, ainsi que vient de le révéler la fuite d'un document diplomatique du Foreign Office, tout est fait pour casser le processus d'Astana (et celui de Sotchi), compromettre le succès des zones de désescalade (d'où la reprise des affrontements dans la Ghouta comme à Idlib) et redonner une crédibilité à celui de Genève, moribond et sans représentativité. À la manœuvre depuis janvier dernier, un « petit groupe américain sur la Syrie » composé des USA, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie… Et on s'étonne que la guerre ne finisse pas ! La guerre dont il est au demeurant toujours imprudent de clamer la fin.

    Plutôt que de s'indigner stérilement de la recrudescence des combats, on ferait mieux de cesser d'attiser les divisions intrasyriennes communautaires et confessionnelles en espérant encore démembrer ce pays pour lui dicter son avenir, chacun espérant se tailler la part du lion des marchés de la reconstruction. Le sentiment national syrien n'est pas un vain mot. C'est une réalité plus vivante que jamais, fortifiée par l'épreuve de la guerre et la résilience d'un peuple multiple, mais un, qui a refusé l'atomisation qu'on lui promettait. C'est autour d'un mot d'ordre de « la Syrie unie » que l'on devrait aujourd'hui chercher à faire naître un embryon de convergence des positions des puissances intervenantes au service des intérêts véritables du peuple syrien dans toute sa diversité, et non plus des leurs.

     

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 28 février 2018)

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