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propagande - Page 11

  • Le Grand Journal ou Goebbels à Beverly Hills...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli sur le site de l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique et consacré au décryptage du Grand Journal de Canal Plus, grand-messe de la bien-pensance...

     

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    Le Grand Journal ou Goebbels à Beverly Hills

    Il y a quelques mois, nous évoquions le cas Canal, les difficultés que rencontrait actuellement la chaîne, ses origines et ses évolutions, lesquelles avaient fini par aboutir à un mélange inquiétant de dérision et de fanatisme. Le visionnage attentif de son émission-vitrine en cette rentrée médiatique allait être l’occasion de détailler les procédés très particuliers que celle-ci emploie et qui lui permettent d’assener une espèce de matraquage idéologique indolore et pourtant permanent. Le temps de la propagande « à la papa » telle qu’usitée par Goebbels ou Staline est bien définitivement révolu. Plus de slogans manifestes, plus de foi affirmée avec éclat, plus de mythologie en toc orchestrée de manière pompeuse, plus de dénigrement littéral du déviant. Non, au Grand Journal, on est modernes, on fait dans le bourrage de crâne high-tech, on formate tout en finesse, on agresse à la Sun Tzu (le grand stratège chinois), c’est-à-dire systématiquement par un biais indirect. On est pourtant bel et bien en présence d’une véritable machine de guerre idéologique, très construite, très offensive, bien que peut-être de moins en moins efficace…

    Rappelons que cette émission, qui prit la suite de Nulle part ailleurs, avait d’abord était élaborée afin de répondre au problème que posait la création, par la gauche au pouvoir, d’une chaîne cryptée inaccessible aux pauvres, en proposant au moins quelques programmes en clair. Cette nécessité avait alors été transformée en moyen de racoler des CSP+, cœur de cible de la chaîne, et attirer ainsi de nouveaux abonnés. Qu’en est-il donc du Grand Journal au début de la saison 2014-2015, alors que la chaîne a subi de nombreuses attaques et qu’elle a, l’année dernière, rappelé Antoine de Caunes, figure de l’antique Nulle part ailleurs, pour tenter de renouer avec son souffle originel en le mettant à la tête de son programme phare ?

    Le règne des chroniqueurs

    Ce qui frappe d’emblée lorsqu’on observe le montage général, la mise en scène et les gimmicks de l’émission, c’est à quel point les chroniqueurs qui y participent sont ici « starifiés ». Bien sûr, ce phénomène tient à une tendance générale qui s’est développée au cours des vingt dernières années, mais il atteint dans le Grand Journal un degré incomparable. Le générique est toujours précédé d’un sketch mettant en scène certains des chroniqueurs. Avant chacune des parties qui composent le programme, ce n’est pas l’invité ou le thème qui est introduit, mais les visages et les noms de ces héros qui se succèdent dans un montage éloquent et une image idéale. Enfin, régulièrement, ceux-ci sont intégrés comme figures dans les différents sketchs, dans les vidéos parodiques, dans les scènes des Guignols. Ce qui produit deux effets concomitants : premièrement, traités sur le même plan que les politiques, les sportifs ou les artistes célèbres, ils y gagnent un statut symbolique comparable. Deuxièmement, cela participe à fonder un facteur déterminant du discours implicite : l’esprit de connivence. On peut également remarquer que ces « stars » à la place des « stars » semblent toutes – hormis le disgracieux Jean-Michel Aphatie -, issus d’un casting photo drastique. Que l’on préfère passer à l’écran des gens au physique avenant est tout à fait compréhensible, mais encore une fois, par son côté systématique, le Grand Journal atteint sur ce point un niveau objectivement caricatural. Et ce, toujours pour la même raison : faire des chroniqueurs les vraies vedettes, les vecteurs essentiels du désir et de l’identification, à la place des invités. Quant à ces derniers, en raison de la brièveté des séquences, de leur enchaînement tambour battant, de la multiplicité des chroniqueurs qui les entourent et s’en nourrissent comme prétexte à leurs gags, ils en ressortent, à quelques exceptions près, à l’état de simple carburant d’une machine qui ne fabrique que sa propre gloire.

    Une propagande VIPiste

    Si c’est l’équipe du Grand Journal qui est starifiée, c’est donc que c’est à elle et à son « esprit » que le téléspectateur est convié à adhérer, et non directement à des invités qui, en proposant diverses visions du monde, pourraient du moins entretenir un panel d’opinions un rien démocratique. Il ne s’agit pas de s’identifier à un peuple entier mythifié et au dictateur censé l’incarner, mais à une caste, une caste de journalistes branchés et télégéniques, la « hype » friquée et bien-pensante, vis-à-vis de laquelle le CSP+ visé par le programme peut davantage se sentir à portée que le téléspectateur de TF1. Il s’agirait « d’en être ». D’où la culture permanente de cet esprit de connivence qui tranche avec les codes traditionnels de distance objective. D’où la règle de l’implicite qui prévaut toujours en matière idéologique, et non l’exposition claire des partis pris possibles. C’est en effet toujours l’implicite qui caractérise une aristocratie : seuls ceux qui y appartiennent sont initiés à ses rites, on n’expose pas ceux-ci au vulgaire. Paradoxe typique de la gauche mitterrandienne et de sa télé par excellence : on se présente comme de gauche, et même à la gauche de Hollande, mais l’ouvrier de chez Renault peut toujours attendre pour capter les sous-entendus ; le pauvre paysan ne sera représenté que par les séquences de L’Amour est dans le pré rediffusées dans le zapping pour faire s’esclaffer les beaux gosses médiatiques ; la femme de ménage comprend d’instinct qu’elle n’aura jamais la moindre chance d’être intégrée parmi les « élus » casseurs de ringards. Sauf que, comme au Grand Journal, on ne pense pas, mais on déconne dans l’entre soi pailleté, on n’a pas l’occasion de s’arrêter sur ce genre de contradictions.

    Le cas Polony

    Passons à présent à la constitution de cette équipe. Il n’y a pas grand chose à dire sur Antoine de Caunes, animateur assez transparent, si ce n’est qu’il est physiquement très présentable et qu’il apporte la caution des heures de gloire de Nulle part ailleurs, censée donc régénérer un programme à bout de souffle. L’introduction en cette rentrée de Natacha Polony, ancienne chroniqueuse du talk show de Laurent Ruquier, concourt à la même tentative de rénovation du Grand Journal. Il est fort possible que les critiques touchant au ronron autosatisfait de l’émission aient poussé les producteurs à intégrer un zeste de « diversité » et de débat en la personne de Polony. Dans l’émission de Ruquier, On n’est pas couchés, les chroniqueurs bénéficient également d’une place de premier ordre, mais l’effet d’équipe n’y a pas sa place, puisqu’il s’agit d’un tandem et, jusqu’alors, d’un tandem gauche / droite produisant plus de discorde que de connivence. Une discorde qui avait atteint des niveaux assez outrageux entre Natacha Polony et Aymeric Caron. L’avantage était la possibilité d’ouvrir le débat, un débat qui, en règle générale, peut en effet se tenir étant donnée la durée significative accordée aux échanges. Qu’allait donc donner l’introduction de Polony, intellectuelle « de droite » (enfin, de gauche chevènementiste, mais passons…), dans le sérail des bobos triomphants ? Eh bien, au début : rien. Et ensuite : pas grand chose. Au début, rien, l’intello rouquine est digérée par la machine, on la fait, dès le 1er septembre, participer à des sketchs et on lui consacre le même jour une parodie de la bande annonce du film Lucy de Luc Besson. Quoiqu’érudite et sérieuse, elle est une déconneuse branchée et starifiée comme les autres. Surtout, elle est très discrète et peine à trouver ses marques lors des premières émissions. À partir du 4 septembre, notamment face à Eric Ciotti revenant d’Irak, la polémiste commence de s’affirmer enfin. Elle pose de bonnes questions. Reste que le format du débat ouvrant le talk show ne permet ni d’y répondre vraiment, ni de développer une analyse. Ce que Christiane Taubira (le 10 septembre) sait parfaitement, qui botte en touche dès que Polony évoque son traitement de la délinquance, expliquant qu’il faudrait pour cela le cadre d’une autre émission… Les questions de Polony peuvent donc bien fuser, moins conformistes, plus pertinentes ou plus dérangeantes certes que celles des autres, elles resteront lettres mortes et avalées dans le flux d’une émission qui prétend ouvrir des débats sans laisser à personne le temps de s’expliquer.

    Le cas Aphatie

    Dans cette première partie du programme où se tiennent en général deux discussions avec un invité puis des journalistes ou témoins sur un thème politique ou sociologique, Jean-Michel Aphatie est le pendant de Polony. Le vieux journaliste basque est une caricature outrancière de la suffisance, telle qu’acquise à tremper depuis des décennies dans la vase de la Pensée Unique qui a inondé tous les grands médias. Le 2 septembre, face à Nicolas Dupont-Aignan venu témoigner du mouvement de grève des maires refusant la réforme des rythmes scolaires, Aphatie, après lui avoir reproché de chercher le spectaculaire pour se faire de la promotion, lui affirme tout bonnement : « C’est pour votre bien que je dis ça. Ça peut vous servir. » Le 12 septembre, face à Axel Kahn qui revient d’explorer la « France périphérique », alors que l’invité expose comment le développement de ces territoires oubliés n’implique pas forcément une augmentation des dépenses publiques, Aphatie rétorque, catégorique : « Bah… Sans dépenses publiques, c’est impossible. » On ne saura pas pourquoi. Mais visiblement, Aphatie maîtrise mieux tous les sujets possibles que ses invités auxquels il ne laisse de toute manière que très peu de temps pour répondre. Figure de vieux sage recadrant tout le monde au milieu de la déconnade et assenant sans la moindre gêne ses vérités toutes faites, Aphatie ne rechigne pas pour autant à l’autocélébration et à la clownerie qui sont la marque de la maison. Ainsi, le 8 septembre, l’émission s’ouvrira sur une scène particulièrement grotesque : le chroniqueur, affublé d’un chapeau pointu et devant une bougie, chante : « Joyeux anniversaire à moi… » À un tel stade d’autosatisfaction, il faut croire que l’idée qu’on puisse se rendre ridicule n’a simplement plus la possibilité de jamais surgir.

    La tyrannie du montage

    Entre les quelques questions de Polony auxquelles on n’a pas le temps de répondre et les assertions péremptoires d’Aphatie, l’invité est également systématiquement coupé par des extraits vidéos, des tableaux de statistiques, voire par un sketch. Le portrait à l’écran de l’invité est en outre titré d’un adjectif censé résumer d’emblée ce qu’on est censé penser de sa personne. Le tout sur une durée de moins d’une dizaine de minutes entièrement maîtrisée par les organisateurs du plateau. Dans un tel contexte, il est évident que l’invité a peu de chance d’incarner autre chose que la marionnette qu’on a décidé qu’il incarnerait avant que ne s’animent les vraies marionnettes des Guignols de l’info… Le procédé est totalement déloyal et contraire à la constitution du moindre débat. D’abord, diffuser des extraits vidéo, sélectionnés, coupés, montés hors de leur contexte et les assener à un invité sommé de se justifier (encore une fois, sans disposer du temps pour cela) et pris totalement au dépourvu représente une méthode pour le moins malhonnête. Ensuite, les sketchs de Sébastien Thoen répondent également à un procédé pour le moins pervers. Celui-ci va interroger des gens dans la rue soit sur le mode de la blague soit sur celui du témoignage brut. Il place donc le sujet du débat sous le signe de la dérision, ou colporte des réactions censées avoir le poids du réel. Sauf qu’on peut évidemment monter les extraits qu’on a sélectionnés et ceux-ci n’ont bien entendu aucune valeur objective. Mais présentés de cette manière, ils se trouvent lestés d’un effet de réel totalement factice et comminatoire. Idem en ce qui concerne les chiffres que Jean-Michel Aphatie fait brutalement surgir sur un écran au cours de la discussion, qu’il s’agisse de sondages ou de statistiques. Ceux-ci produisent immédiatement un effet de vérité objective et indiscutable, alors qu’on sait bien que les chiffres doivent au contraire être manipulés avec beaucoup de précautions et mis en perspective, sans quoi on peut bien leur faire dire à peu près tout et n’importe quoi. Mais prenons un exemple particulièrement éloquent, lors du passage de Nicolas Dupont-Aignan sur le plateau du Grand Journal, le 2 septembre.

    Dupont-Aignant : lynchage orchestré

    Parce qu’il est représentant d’une droite gaulliste classique, Dupont-Aignan est d’emblée considéré comme un ennemi politique par les déconneurs de l’émission qui demeurent très sérieux en matière de rectitude idéologique. Le 2 septembre, il est invité au sujet de la polémique autour de la réforme des rythmes scolaires, suite au cadenassage des écoles par des maires refusant d’appliquer cette réforme. Il est probable que l’essentiel des téléspectateurs dans ces échanges confus, rapides, lapidaires qui acculent totalement un Dupont-Aignan débordé, ne retiendra que l’adjectif qui souligne son portrait en lettres capitales dès le début du « débat » : « LE PROVOCATEUR ». On aurait pu écrire : « le rebelle », « l’insoumis », « le frondeur », mais toutes ces épithètes ont, à gauche, une résonance positive. On choisit donc de l’étiqueter simple « provocateur », exposant d’ailleurs dans un premier temps comment cette provocation est une provocation contre la République. « Le principe républicain, c’est d’appliquer la loi », déclare Aphatie, plus méprisant que jamais. Donc d’expulser Léonarda ? a-t-on envie de lui répliquer. Même Natacha Polony y va de son soupçon d’anti-républicanisme. Dupont-Aignan tente de revendiquer le simple droit de grève. La rhétorique est archi-classique. À gauche, quand on désobéit : on résiste au fascisme. À droite quand on désobéit : on assassine la République, et donc on concourt au fascisme. À gauche, quand on obéit, c’est parce qu’on est attaché à la République. À droite, quand on obéit c’est par esprit de collaboration. Il n’y a rien d’autre à comprendre. S’ajoute à cette première pseudo-démonstration, un sketch de Sébastien Thoen qui donne la parole à des enfants, lesquels ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas aller à l’école. Le procédé est totalement grotesque. Pourquoi ne pas convier des élèves de CM2 à s’exprimer sur le plateau dans ce cas ? Enfin, dernière partie de la démonstration, Aphatie fait défiler plusieurs extraits qui tendraient à prouver que Dupont-Aignan a toujours fait dans la provocation et dans le spectaculaire au cours de sa carrière politique. Sauf que collecter des extraits vidéo sur une longue carrière politique, puis les rassembler permet évidemment d’illustrer n’importe quoi. On aurait tout aussi bien pu démontrer que l’homme avait toujours été dépressif ou optimiste, grincheux ou lyrique, amateur de thé ou de café. Surtout, dans une démocratie médiatique comme la nôtre, quel homme politique ne verse pas dans le spectaculaire ? Mélenchon, invité le 11 septembre, ne sera jamais accusé d’un tel vice, alors qu’il s’y vautre en permanence (il allait quelques jours plus tard s’afficher avec Jérôme Kerviel à la fête de l’Humanité). En tout cas, la démonstration est achevée : Dupont-Aignan n’est qu’un vulgaire provocateur, sa provocation a des relents plus ou moins fascistes, et ne sert en définitive que son carriérisme politique. Hormis ce lynchage parfaitement orchestré, on ne retiendra aucun échange véritable sur la question de fond : celle de la réforme des rythmes scolaires…

    Taubira, Mélenchon : ceux qui triomphent

    A contrario, quelques invités politiques, exclusivement de gauche, ressortent triomphaux de l’expérience. Ce furent Taubira et Mélenchon lors de ces deux premières semaines. Cela tient autant du fait qu’ils bénéficient d’un traitement de faveur que de leur propre talent en de semblables circonstances. Traitement de faveur : Taubira est annoncée par cette phrase de de Caunes : « Rare en télévision, ce soir, elle a accepté l’invitation du Grand Journal. » Pour une fois, c’est donc l’invitée qui est mise à l’honneur et accueillie avec gratitude. Ensuite, Taubira, comme Mélenchon, bénéficieront d’un temps d’antenne supérieur aux autres invités politiques, comme si on ne se décidait pas à les quitter et que l’on désirait leur avis sur tout, Taubira parvenant même à se faire réinviter en direct pour une autre émission. Mais l’autre point important, c’est également que ces deux invités sont de véritables bêtes médiatiques et qu’ils désamorcent tous les pièges que nous avons décrits plus haut afin de conserver la maîtrise de l’entretien ; et ils les désamorcent sans doute pour les avoir étudiés en amont. Ainsi, après un extrait de Martine Aubry suite auquel on demande à Christiane Taubira de réagir, celle-ci réplique : « Je suis étonnée de la transition… » mettant en relief la perversité du procédé du montage sauvage d’extraits en cours de débat. Comme Aphatie coupe la ministre, celle-ci rétorque, offensive : « Je peux finir une phrase ? » et force les chroniqueurs à lui laisser le loisir de s’expliquer. Mélenchon, lui, observant son portrait qui le montre grimaçant avec le titre : « ANTISYSTÈME », fait remarquer : « Elle n’est vraiment pas belle, la photo ! », révélant encore la déloyauté de ces raccourcis caricaturaux. À son sujet, d’ailleurs, le sketch réalisé par Sébastien Thoen sera pour une fois parfaitement complaisant. En effet, le comique demande des signatures de soutien au président du Front de Gauche dans le quartier huppé du XVIe arrondissement. C’est la bourgeoisie du XVIe qui est la vraie cible du sketch, que l’on tente de ridiculiser et non l’invité lui-même. Cette bourgeoisie représente une autre cible rituelle de Canal++ (avec le peuple ringard de province), non tant par esprit anti-bourgeois puisqu’en vérité, si la nouvelle bourgeoisie branchée et médiatique de gauche ne perd jamais une occasion de tacler la vieille bourgeoisie de droite, c’est simplement en raison d’une rivalité obsessionnelle.

    La bouillie commune

    En dehors de ces cas extrêmes, on pourra remarquer la prestation tout à fait correcte d’Eric Ciotti le 4 septembre, évoquant la situation en Irak et parvenant à formuler un propos sans être en permanence interrompu. Sur le même sujet -l’intervention contre l’État Islamique-, le 12 septembre, les invités parviennent également à développer à peu près leurs aperçus. Quand le thème est difficile et que l’invité en a une connaissance particulière que ne peuvent partager les chroniqueurs, le brouillage manipulatoire du discours est moins effectif et, faute de débat, on peut au moins entendre une analyse rapidement ébauchée. Sinon, la grande majorité des invités appartient à l’aile gauche du parlement : Stéphane Le Foll, Bernard Poignant, Julien Dray, Jean-Marie Le Guen, et bien sûr Mélenchon et Taubira. La plupart du temps, seule une bouillie confuse surnage de ces échanges truffés des lieux communs du politiquement correct. De toute manière, l’important ici, ce ne sont pas les idées, c’est le sketch. Lorsque les sujets sont délicats, ils sont en général éludés d’un slogan convenu. Le cas Mehdi Nemmouche, par exemple, qui soulève tout de même beaucoup d’inquiétudes sur l’intégration et la radicalisation de l’Islam en Europe, est résolu par le terme : « PSYCHOPATHE », accolé à son portrait. Ainsi peut-on bien s’enfoncer dans le crâne qu’un cas clinique marginal n’est le symptôme de rien en ce qui concerne la situation de l’Islam en France. Néanmoins, le mauvais accueil de la société française vis-à-vis de ces populations immigrées sera tout de même pointé du doigt. En somme, ce ne sont pas les dérives de l’Islam fanatique qui sont criminelles, mais les Français de souche qui, par leur méchanceté, les rendent inéluctables.

    Rissouli et la chasse aux fachos

    Parmi les (trop) nombreuses rubriques qui émaillent cette première partie, on trouve celle de Karim Rissouli, tellement anecdotique qu’on se demande bien ce qu’elle est censée nous apprendre. Une suite de flash info sans la moindre cohérence constitue en général son intervention. Cependant, le 9 septembre, le chroniqueur donne dans le scoop inédit. On nous montre des images d’une réunion sur le parvis de la mairie de Calais, où une foule est échauffée par un ex militant du FN, Yvan Benedetti. La population de Calais, exaspérée par le nouveau camp de réfugiés installé chez elle, est encouragée par Benedetti à s’organiser et, Rissouli force un peu le propos, à former des milices. Le chroniqueur, en bon adjuvant de la police de la pensée, en appelle à une condamnation judiciaire des déclarations du tribun. Le tatouage d’une croix gammée dans le cou d’un des hommes assistant au discours est zoomée pour faire s’effarer le téléspectateur. Encore une fois, on manipule sans vergogne. Qu’il y ait un skinhead à Calais et que celui-ci ait eu envie de se rendre à ce genre de réunion n’est symptomatique de pas grand chose, et sûrement pas de ce que laisse entendre le chroniqueur : que l’assemblée serait un regroupement de nostalgiques du IIIème Reich… Tenant son « affaire », Rissouli revient le lendemain avec des images des migrants, montrant la misère qui est la leur et comment les associations qui s’en occupent sont totalement débordées. Que ceux-ci soient également des délinquants qui enfreignent la loi française et qu’ils se livrent à de nombreuses déprédations dans la ville de passage qu’est pour eux Calais n’est bien sûr jamais mentionné. La population calaisienne elle-même n’est jamais interrogée ou prise en compte. Non, vu des studios parisiens et de la hype de Canal+, le problème est d’une simplicité déroutante : les méchants fachos d’un côté et les gentils migrants de l’autre. Et la seule question à se poser revient à se demander pourquoi l’État n’enferme pas les premiers et ne nourrit pas les seconds.

    L’esthétique du zapping

    Dans cette première partie, Augustin Trapenard assure la caution culturelle « dure ». Le 11 septembre, de Caunes l’introduit en prétendant que se vulgarise à Paris l’expression « se faire trapenardiser », pour poursuivre l’autocélébration permanente que l’émission se rend à elle-même. Bien, mais pour ce qui est de haute culture, Trapenard ne relaiera durant ces semaines de rentrée littéraire que les romans qui font le « buzz », lesquels sont rarement promis à une quelconque postérité. Le 2 septembre, le « critique littéraire » nous append que Frédéric Beigbeder bousculerait les codes du roman… On peut certes apprécier les productions du plus mondain des romanciers français, mais affirmer, après Joyce, Proust ou Céline, que Beigbeder bousculerait les codes du roman relève tout de même de la bêtise la plus manifeste. Enfin, cette première partie du Grand Journal s’achève dans le « Zapping », métaphore de tout ce qui précède. Le rythme est trop rapide pour le moindre début de réflexion, mais cette vitesse générale est un moyen de propagande subliminale. Au lieu de marteler sans cesse le même slogan, on fait tout défiler dans une confusion et un relativisme délirants, en orchestrant néanmoins les choses de manière à ce que ne surnage au delà de l’agression du flux, qu’une vision extraordinairement simpliste et autoritaire des choses. Dans le zapping, trois types d’extraits dominent la sélection. 1) Des extraits de documentaires sérieux qui, en quelques secondes, ne nous apprennent rien, mais instillent l’idée que les monteurs auraient une véritable conscience politique. 2) Des extraits d’émissions de téléréalité ou de jeux télévisés pour ménagères, laissant entendre que chez Canal+, on n’est pas des ploucs et qu’on peut donc se gausser librement de ces derniers. 3) Des extraits du Grand Journal de la veille, induisant le fait que l’émission est donc la référence ultime dans le domaine médiatique. En outre, la même technique de montage sélectif permet d’inclure des témoignages unilatéraux qui, sur chaque sujet, offrent systématiquement le même filtre idéologique limité. Par exemple, le 1er septembre, on diffusera les images d’un peuple ukrainien révulsé par Poutine. En aucun cas les arguments des partisans, pourtant nombreux, du président russe. Lequel sera juste après présenté dans Les Guignols sous les espèces d’un conquérant impavide. Voilà comment fonctionne le bourrage de crâne du Grand Journal : sans avoir l’air d’y toucher et sans se donner les moyens d’aucun débat véritable et constructif, on divulgue en permanence, sur le ton de la déconnade, une idéologie ultraformatée qui passe comme un code implicite d’appartenance à une élite VIP autocélébrée tout en faisant fantasmer au spectateur le bonheur de s’y identifier.

    Batterie de sketch

    La suite de l’émission, au centre de laquelle s’insinuent Les Guignols de l’info, marionnettes mythiques qui en sont comme la perle au milieu de l’huître, ne déroule presque plus qu’une interminable succession de sketchs brefs, de gags mitraillés jusqu’à épuisement par une armée d’adulescents. Rire et chansons version bobo n’offre plus que mille variations sur le même ton. Les Guignols consacrent l’essentiel de leur énergie dans le Hollande bashing. Cet acharnement pourrait paraître étrange de la part d’une émission si marquée à gauche, pourtant la gauche dont on se réclame ici est une espèce d’utopie immaculée, un trailer pour le meilleur des mondes qui n’a d’autre fonction que d’être exhibé sur l’écran de son portable dernier cri. L’engagement politique se résume dans le fait de porter un tee-shirt Che Guevara en se rendant à sa soirée privée. Quant à l’analyse générale du monde telle que divulguée par les Guignols, elle est d’une simplicité redoutable. En Amérique : des dictateurs sanguinaires. En Russie : des dictateurs sanguinaires. Au Moyen-Orient : des dictateurs sanguinaires. En France : un incapable, Hollande, qui laisse Valls faire le travail, mais Valls, c’est déjà Sarkozy, Sarkozy, c’est plus ou moins Marine Le Pen, Marine, elle n’est jamais présentée sans son père, Jean-Marie, qui lui est toujours Hitler… En somme, le monde est peuplé d’ignobles fascistes. Heureusement, des studios de Canal++, on résiste avec humour et on empoche les bénéfices financiers, moraux et narcissiques qui en résultent.

    Éternelle adulescence

    C’est donc une vision du monde d’ados niaisement idéalistes, binaires, irresponsables, ignorants et narcissiques, mais forts en vannes et munis d’un compte en banque d’adultes parvenus qui imprègne tout le programme. Apogée soixantuitarde. Dans la seconde partie, dominent la sous-culture américaine, le sport, et les performances des jeunes stars du Net recrutées par Canal. On se demande à ce moment-là si l’émission ne s’adresse pas en fait exclusivement à un public à peine pubère. La fameuse « miss météo » du Grand Journal, cette année la jolie Raphaëlle Dupire, ne passera pas le 8 septembre, ne se sentant pas à la « hauteur » de sa mission. Elle sera donc relayée ensuite par Alison et Poulpe. Cette séquence est également symptomatique. Sous prétexte de mépriser la météo, info beauf par excellence, et au lieu de se contenter de ne pas la présenter, l’émission propose de la tourner en dérision à travers le sketch d’un jeune mannequin qui incarne peu ou prou une bimbo de l’époque de Stéphane Collaro avec moins de poitrine et davantage d’esprit. Hormis la séquence du Gorafi, le vendredi, les comiques du Web repérés par l’équipe du Grand Journal ne donnent pas grand chose dans un tel contexte et développent le même humour ultra stéréotypé qui se limite à une succession mécanique de vannes d’une phrase. On a beau changer les têtes, Alison, Poulpe, Jérôme Niels, la très médiocre Nora Hamzaoui, il semble que se poursuive sans interruption la même et unique litanie qui finit par assommer d’ennui le téléspectateur ayant passé la vingtaine.

    Kultur Kampf

    Hormis ce robinet à vannes, donc, la « culture », c’est soit la rubrique « pop culture » de Mathilde Serrell qui égraine des nouvelles dans la même superficialité alerte qui fonde le rythme de l’émission, soit des invités qui peuvent certes être Ora-ïto et Daniel Buren (9 septembre), pour faire dans l’épate-bobo, Houellebecq avec Délépine et Kervern, qui s’en sortent en effet plutôt bien, à l’instar de Benoît Poelvoorde. Mais plus généralement, on tombe sur Luc Besson pour le navet blockbuster Lucy, Cameron Diaz pour le navet blockbuster Sextape, Charlotte le Bon et Helen Mirren pour le navet bien-pensant Les Recettes du bonheur… En soi, pourquoi pas ? Simplement, si on prétend mépriser le plouc à longueur de temps, encore faudrait-il avoir les moyens culturels de se le permettre. On aura également le nageur Florent Manaudou et les stars de la rentrée littéraire Frédéric Beigbeder et Emmanuel Carrère. Mais surtout, le 10 septembre, un grand moment de communion autour de Djamel Debbouze et de Mélissa Theuriau, incarnant à eux deux le summum artistique, humain et moral tel que peut le rêver la clique du Grand Journal. Il est comique, elle est journaliste de gauche ; elle est belle, il est d’origine maghrébine ; ils sont un couple mixte et un couple qui travaille ensemble et, en l’occurrence, elle vient de réaliser un documentaire pour Canal+ à la gloire de l’improvisation théâtrale (et donc de Djamel Debbouze dont ce fut la voie d’avènement). Béatitude et extase. Personne, à ce moment-là, ne se permettrait la moindre dérision. On baigne dans le sacré. Mais également dans l’idéologie. Car derrière le film, le couple cherche à imposer l’improvisation théâtrale aux programmes scolaires… Laquelle possède en effet mille vertus. Mais pose également mille problèmes qu’il eût été opportun de soulever. Plutôt que la langue de Racine, l’inhibition de l’étude et l’intégration de l’héritage, on valorise ainsi le « viens comme tu es », « parle comme tu peux », et « dispense-toi des modèles ». Étant donnée la dégradation actuelle de la transmission, on peut penser qu’il serait bon d’actionner d’autres leviers que celui-ci pour relever le niveau général. On peut aussi penser que Djamel Debbouze ne représente pas forcément non plus le modèle absolu à donner en exemple aux jeunes Français comme s’il s’agissait d’une version XXIème siècle de l’ « Honnête homme » pascalien du XVIIème.

    Goebbels à Beverly Hills

    Si dans les régimes totalitaires classiques, la propagande adoptait la forme d’un certain lyrisme paternaliste à l’attention d’un peuple massifié et infantilisé, la propagande divulguée en permanence par le Grand Journal adopte celle de la déconne adulescente à l’attention d’une masse atomisée à laquelle on propose le fantasme de rejoindre un carré VIP. Quant à ce carré VIP, cette élite autocélébrée et décérébrée, elle ressemble moins à une aristocratie qu’à une bande de lycéens « populaires » dans une série américaine. Lorsque cette élite du fond du bus se penche du côté droit, elle voit des fachos ; du côté gauche, elle voit des ringards. Elle méprise autant le petit peuple des loosers que les bandes rivales en classe à Louis le Grand. Sa vacuité pailletée n’a d’égale que sa morgue. Et elle sévit du lundi au vendredi dès 19h10. En clair, sur Canal+.

    OJIM (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique, 23 septembre 2014)

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  • Feu sur la désinformation... (13)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • Partie 1 :  L’éducation nationale et la photo black black black.

    • Partie 2 : James Foley et le bobard de l’AFP.

    • Partie 3 : Brèves : le n°3 du gouvernement russe à Paris - L'affaire du Mistral - The parisienne.

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  • La publicité, arme de l'idéologie dominante...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la publicité... 

     

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    Le message publicitaire ? Le bonheur réside dans la consommation…

    La réclame a toujours existé, puisqu’un fabricant a besoin de faire savoir que ses produits existent ; mais cela semble être devenu une industrie à part entière. Le faire savoir compterait-il plus désormais que le savoir-faire ?

    Le problème ne tient pas à l’existence de ce qu’on appelait autrefois la« réclame ». Il tient à ce que la publicité envahit tout et mobilise les esprits dans des proportions dont les gens ne sont même pas conscients. Un enfant connaît aujourd’hui beaucoup plus de marques publicitaires qu’il ne connaît d’auteurs classiques. Les paysages urbains sont défigurés par des panneaux publicitaires qui prolifèrent comme des métastases. Les campagnes n’y échappent pas non plus. La télévision ne propose plus des programmes financés par la publicité, mais des messages publicitaires entrelardés de programmes qui ne sont là que pour inciter à regarder les premiers. Rappelez-vous les déclarations de Patrick Le Lay, ancien PDG de TF1, en juillet 2004 : « Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »Même chose dans la presse, puisque les principaux titres ne peuvent plus survivre qu’en accumulant les pages de publicité. Dans tous les cas, la publicité se voit dotée d’un pouvoir qui va bien au-delà du « faire savoir » – d’autant qu’elle n’est pas la dernière à véhiculer des images, des slogans (de plus en plus fréquemment proposés en anglais, d’ailleurs), des situations, des rapports sociaux, voire des types humains, qui sont en stricte consonance avec l’idéologie dominante. Autrefois, on parlait de propagande. Aujourd’hui, on parle de communication. La publicité est devenue la forme dominante de la communication (y compris, bien sûr, de la communication politique) dans la mesure où elle tend à s’instaurer comme la forme paradigmatique de tous les langages sociaux.

    Dans un entretien précédent, vous disiez considérer la publicité à la télévision comme infiniment plus obscène que n’importe quel film pornographique. Etait-ce une allusion à l’habitude des publicitaires de dénuder des femmes pour vendre des yaourts ou des voitures ? Ou bien vouliez-vous dire que le point commun de la publicité et de la pornographie est qu’elles suscitent l’une et l’autre de la frustration ?

    Ce qui est obscène ne se rapporte pas seulement à la sexualité, mais aussi à la morale sociale, à tout ce qui choque la « décence commune » chère à George Orwell. Étymologiquement, l’« ob-scène » est ce qui n’appartient pas à la scène, ou ne devrait pas lui appartenir. La publicité est obscène, non seulement parce qu’elle est mensongère (toutes les publicités sont mensongères), mais parce qu’elle véhicule implicitement un seul et unique message : le bonheur réside dans la consommation. La raison d’être de notre présence au monde est réduite à la valeur d’échange et à l’acte d’achat, c’est-à-dire à un acte performatif qui voue nécessairement à la frustration (car toute possession dans l’ordre de la quantité appelle nécessairement le désir de posséder plus encore). Jean Baudrillard l’avait bien montré dans ses travaux pionniers sur le système des objets : la publicité est le principal vecteur d’une logique inhérente au système capitaliste qui consiste, d’un côté, à persuader les individus qu’ils éprouvent réellement tous les besoins qu’on veut leur inculquer, et de l’autre à susciter en eux des désirs que la consommation ne peut satisfaire.

    Le pouvoir de la publicité est de faire oublier qu’un produit est issu avant tout d’un travail, c’est-à-dire d’un certain type de rapport social, et de le faire percevoir comme un simple objet consommable, c’est-à-dire une commodité. L’expérience économique réelle est remplacée par des signaux visuels inhérents à un message conçu en termes de séduction. En dernière analyse, l’individu ne consomme pas tant le produit qu’on l’incite à acheter que la signification de ce produit telle qu’elle est construite et projetée dans le discours publicitaire, ce qui l’infantilise et occulte la capacité du produit acheté à revêtir une véritable valeur d’usage. La publicité, enfin, contribue au conformisme social – et à un ordre social obéissant aux modèles diffusés par la mode – dans la mesure où elle se fonde sur une forme de désir purement mimétique : en cherchant à nous convaincre de consommer un produit au motif qu’il est consommé par (beaucoup) d’autres, la publicité nous dresse à calquer notre désir sur le désir des autres, en sorte qu’en fin de compte la consommation est toujours consommation du désir d’autrui. Conscience sous influence !

    De plus en plus de cinéastes – Ridley Scott au premier chef – viennent de la publicité. Simple effet du hasard ?

    Même les réalisateurs qui ne viennent pas de la publicité sont touchés. La porosité de la frontière entre la publicité et le cinéma n’a rien pour surprendre, puisque l’une et l’autre relèvent du système du spectacle, mais le plus caractéristique est que la publicité influe de plus en plus sur l’écriture cinématographique. De plus en plus de films destinés au grand public – et non des moindres – ressemblent à une suite de clips publicitaires, ces derniers étant d’ailleurs de plus en plus conçus eux-mêmes comme de très brefs courts-métrages.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 mai 2014)

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  • Feu sur la désinformation !... (5)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé.

    Au sommaire :

    • Partie 1 : La réinfosphère et le journalisme vus par le journaliste David Doucet (Les Inrocks), commentaire de Jean-Yves Le Gallou
    • Partie 2 : La manipulation par l’occultation : l’exemple de la victoire du PSG
    • Partie 3 : Les médias de propagande sur la victoire de Conchita Wurst

     

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  • Le retour des films de propagande...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré au film Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? , qui, après avoir bénéficié d'un lancement promotionnel appuyé par les médias du système, connait un très fort succès en salle...

     

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    « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? » , un film de grossière propagande

    Ce film de Philippe de Chauveron, qui rencontre un très gros succès, raconte l’histoire d’une famille française catho dont les quatre filles épousent respectivement un Chinois, un Arabe, un juif et un Ivoirien catholique. Il s’agit toujours (comme dans les séries télévisées) de femmes françaises ”de souche” qui épousent des hommes d’autres origines – et non pas le cas inverse – ce qui a une connotation symbolique très forte. Pourquoi n’ose-t-on jamais mettre en scène des femmes musulmanes qui épouseraient un Français de souche ? Car un message central de cette comédie correspond à un des piliers de l’idéologie dominante : l’apologie du métissage, sous la forme du mariage mixte, de préférence quand la femme est européenne. La ficelle éculée du mariage mixte idyllique a été inaugurée par le film américain  Devine qui vient dîner ce soir (film de Stanley Kramer de 1967 avec Sidney Poitier).  

    D’autre part, ce film de propagande est fondé sur un mensonge central, un retournement orwellien de la réalité, comme dans le cinéma soviétique : l’œuvre de fiction moralisatrice opère une distorsion du réel. Ce que vous voyez, croyez et vivez est une illusion, la réalité est tout autre. Dans le film Indigènes (autre énorme succès), on défendait le cliché historiquement  faux que les soldats africains et maghrébins avaient joué un rôle central dans la Libération.  Dans bon nombre de séries TV populaires (par exemple Plus belle la vie), la réalité sociologique de l’immigration est complètement inversée. Le réel n’est pas photographié mais truqué. Dégoulinant de politiquement correct, d’utopisme, d’humour rose bonbon, de bien-pensance et de bons sentiments antiracistes, le propos de ce film est d’être un hymne à la ”diversité“, à l’intégration réussie, à la mixité bienheureuse. C’est-à-dire l’inverse même de la réalité et de l’expérience vécues par des millions de Français. L’idéologie délirante défendue dans cette comédie à message politique sous un habillage de divertissement est en fait celle du think tank Terra Nova qui inspire le PS : le communautarisme est compatible avec le ”vivre ensemble”. Ce qui n’empêche pas Geoffroy Didier, représentant de la droite de l’UMP, de se féliciter de ce « film culte ». Un film qui défend pourtant ouvertement la vision d’une France future ”déseuropéanisée” dans son substrat, largement arabo-musulmane, africaine et asiatique, complètement contraire à la vision de De Gaulle. Mais une France forcément harmonieuse et heureuse, comme chacun peut le constater…

    Cerise sur le gâteau, le film montre une parfaite entente réconciliée entre le halal et le casher, entre arabo-musulmans et juifs au sein d’une même famille ; ce qui constitue un déni complet, un de plus, de la réalité.

    Eric Zemmour est un des rares à avoir tout compris. Dans sa critique, Une France rêvée qui n’existe pas(1) il note : «  le succès de ce film rejoint celui d’Intouchables [...] : la France se regarde complaisamment dans son miroir universaliste, le magnifique modèle de l’assimilation [...]. Mais ce miroir a été brisé, piétiné, saccagé. C’est bien parce que ce modèle français est mort qu’on l’exalte. Comme une irrépressible nostalgie. Comme un mythe des origines. La société française refuse de voir l’inéluctable ; espère encore naïvement qu’on peut revenir en arrière, effacer ses tragiques erreurs. C’était mieux avant, on veut – on peut – y retourner, tel est le message subliminal du film, qui emporte l’adhésion populaire. La France déteste l’avenir qu’on lui a imposé, et vénère le passé qu’on lui a arraché. »  

    Le pire, c’est que les Français, moutonniers, plébiscitent ce film d’un conformisme en béton qui cartonne au box office : 5, 65 millions d’entrées au bout de trois semaines. En dépit d’une médiocrité scénographique, du jeu stéréotypé des acteurs, des dialogues cuculs et d’effets comiques bas de gamme et téléphonés. On reste sidéré devant l’angélisme gentillet d’une partie du public français. Mais le réalisateur qui oserait faire un film ou un reportage sur la réalité de l’immigration, de la ”diversité ”, carboniserait sa carrière. Et de toutes façons, la censure et tout l’appareil de propagande subtil du système de distribution cinéma/TV grand public a tout verrouillé et veille au grain.  

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 12 mai 2014)

     

    Notes :

    (1) Le Figaro, 10-11/05/2014

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  • Décryptage des médias sur TV libertés...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la première d'I-Média sur TV libertés, une émission hebdomadaire consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia. La chasse à la désinformation, aux manipulations et au politiquement correct est ouverte !...

     

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