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moyen-âge - Page 3

  • Les filles au Moyen-Age...

    Les éditions Agnès b. viennent de sortir en DVD le film d'Hubert Viel, Les filles au Moyen-Age. Jeune réalisateur, revendiquant l'influence de Rohmer et Godard, Hubert Viel signe avec ce film son deuxième long-métrage.

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la critique que Ludovic Maubreuil a fait du film d'Hubert Viel dans la revue Éléments.

     

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    Les filles du Moyen-Age

    Un gallo-romain lapide une femme adultère qui ne peut réprimer un sourire complice ; Clovis grelotte sous l’eau de son baptême ; Charles VII rechigne face à l’intransigeance de Jeanne d’Arc, la qualifiant de « Mlle Je-sais-tout » etc… Dans Les Filles au Moyen-Age d’Hubert Viel, au fil de saynètes en noir et blanc, six enfants d’aujourd’hui, âgés d’une dizaine d’années, interprètent pour nous quelques pages de l’Histoire de France. D’ordinaire, les films joués entièrement par des enfants suivent une constante, celle du mimétisme avec le monde adulte. Du Bugsy Malone d’Alan Parker (1976) au Big City de Djamel Bensalah (2006), l’objectif consiste toujours à reprendre une à une, et le mieux possible, les mimiques et les postures du genre. En bout de chaîne, on obtient l’exécrable  Enfants de Timpelbach (2007), inscrivant dans son récit même (des enfants laissés à l’abandon devant organiser la vie d’un village), ce souhait d’atteindre la copie conforme. Chez Hubert Viel au contraire, il ne s’agit nullement de singer les grandes personnes, mais bien de laisser libre cours à ces jeux de rôles enfantins (« on dirait qu’on serait ceci, qu’on ferait cela »), où chacun est à la fois le personnage qu’il s’invente et son propre démiurge, où la règle est de jouer ostensiblement à faire semblant. Dans Les Filles du Moyen-Age, on se chamaille et on se réconcilie, on se moque et on se protège, d’une manière si franche et naïve, si puérile en somme, qu’elle en devient intempestive. En laissant la fantaisie, la fraîcheur et l’humour contaminer des figures historiques, on ne sombre pas nécessairement dans la parodie, car on peut ainsi approcher autrement les délicats dilemmes et les émotions fortes d’une époque si souvent caricaturée. Passer outre le pittoresque des conventions, habituels trompe-l’œil d’un Moyen-Age fossilisé, permet d’appréhender le sens profond de ce qui s’est alors joué. La survenue d’une révélation, l’expression d’une influence, la mise en place d’une relation particulière, toutes ces situations d’autant plus inattendues que notre connaissance de cette période s’avère faussée, deviennent manifestes lorsqu’elles sont ainsi relatées par des cœurs simples. 

    Au-delà même de l’intervention d’enfants, le fait de confronter de la sorte notre époque à son passé, incite à voir en ce dernier non pas une somme d’archaïsmes, un florilège de valeurs périmées, mais bien un héritage vivifiant. C’est au beau film de Franck Cassenti, La Chanson de Roland (1978), que Les Filles au Moyen Age fait alors penser. Au XIIe siècle, des comédiens itinérants y relatent à chacune de leurs étapes, le récit épique ayant pris tragiquement fin au Col de Roncevaux. Le film propose ainsi un dialogue fécond entre cette histoire jouée, datant de trois siècles plus tôt, et celle, tout aussi complexe, qui s’écrit sous les yeux de ses interprètes. De même, Hubert Viel, ne versant ni dans le dispositif distancié ni dans la reconstitution, choisit un espace intermédiaire construit autour de mises en abyme éprouvées par les personnages eux-mêmes, lesquels réalisent ainsi les correspondances et les écarts entre ce qu’ils jouent et ce qu’ils vivent. C’est par leur intermédiaire que le spectateur peut entrer en communion avec l’œuvre, accéder à son tour aux relations entre lois pérennes et vérités d’un jour. C’est en cela que l’on peut qualifier Les Filles de cinéma participatif, car il évite aussi bien le regard surplombant, satisfait de la manipulation des signes, que l’expérience immersive, réduite à la fascination des formes

    Dans Les Filles au Moyen-Age, l’Histoire n’est pas jugée linéaire mais cyclique, comme les métaphores du cercle et de la spirale, dans plusieurs séquences, en témoignent. Cette conception périodique des faits et des actes ne nous paraît pas absolument raccord avec l’eschatologie chrétienne et c’est justement l’une des richesses (l’un des paradoxes ?) du film que de mettre en lien le cercle et la croix. Hubert Viel propose un discours résolument chrétien mais délivre une esthétique laissant une grande place à l’effusion païenne, tout particulièrement grâce à ces mouvements de caméra à la fois minutieux et contemplatifs, célébrant la magnificence du paysage sans pour autant perdre de vue le trajet précis de l’individu qui l’arpente, ne se servant ainsi jamais de l’un comme faire-valoir de l’autre. La beauté du film réside justement dans l’évidence avec laquelle les personnages s’inscrivent dans leur écrin naturel, dans la limpidité de leur présence, telle une émanation littérale, au cœur des prairies, des forêts et des rivières qui les entourent.

    Voici donc un film qui parvient, le plus simplement du monde, sans frime ni ruse, à réunir Pan et Jésus. Au temps du cinéma arrogant et technicien qui ne sachant plus que faire de l’un comme l’autre, s’empresse de les oublier, au temps du règne sans partage de l’assèchement naturaliste comme du formalisme ornemental, c’est sans doute ce que l’on peut appeler une bonne nouvelle.

    Ludovic Maubreuil (Eléments n°159, mars - avril 2016)

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  • Chevaleresses !...

    Les éditions Perrin publient cette semaine une étude de Sophie Cassagnes-Brouquet intitulée Chevaleresses - Une chevalerie au féminin. Professeur d'histoire médiévale à l'Université de Toulouse, Sophie Cassagnes-Brouquet est également romancière.

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    " Les femmes, paraît-il, seraient partout et toujours porteuses d'un pacifisme marqué par une sainte horreur de la violence, tandis que la guerre serait une activité exclusivement masculine. Ce stéréotype a masqué, dans l'histoire du Moyen Âge, la présence de combattantes conscientes et actives. L'enquête débute avec l'apparition des premières cavalières de l'âge féodal et leur participation aux croisades, et se clôt avec la figure de Jeanne d'Arc, à la fois réelle et idéale.
    Des femmes, aristocrates pour l'essentiel, partagèrent l'idéal chevaleresque de l'époque, organisèrent des tournois, furent intégrées dans les ordres militaires de chevalerie. Dans la littérature, les chevaleresses prennent la forme de " belles guerrières ", les Neuf Preuses de la légende. Ces guerrières de fantaisie trouvent un écho dans les authentiques exploits de certaines dames à qui les hommes n'ont guère à remontrer.
    Ainsi le Moyen Âge n'a pas été aussi " mâle " qu'on l'a pensé. "

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  • L'épée : usage, mythe et symbole...

    Une exposition consacrée à l'épée, en tant que symbole du Moyen Age, mais aussi en tant qu'arme et en tant que mythe, se tient au Musée de Cluny à Paris (Métro Cluny - la Sorbonne) tous les jours (sauf le mardi), de 9 heures 15 à 17 heures 45,  jusqu'au 26 septembre 2011.

    Le catalogue de l'exposition est d'ores et déjà disponible en librairie sous le titre L'épée : usage, usage, mythe et symbole, publié par les éditons de la Réunion des Musées nationaux.

     

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    "L'épée, arme de combat, symbole de pouvoir et de justice, objet d'apparat, est l'objet le plus représentatif du Moyen Age, tant par son omniprésence que par l'empreinte qu'elle a laissée dans l'Histoire et l'imaginaire. Aucune autre production profane de cette période n'a suscité autant
    d'intérêt et de fascination. Etroitement associée au chevalier, dont elle est l'arme par excellence,
    elle possède une part de personnification. La relation qui l'unit à son propriétaire est indéfectible. Elle accompagne le chevalier dans la vie et le suit dans la tombe, elle symbolise le pouvoir temporel et spirituel, elle est l'expression matérielle de la justice. Objet réel aux multiples usages, l'épée est également un objet mythique. Sa permanence à l'époque contemporaine se traduit par de nombreuses survivances. L'exposition présentée au musée de Cluny et, pour la partie consacrée au
    XVIe siècle, au musée d'Ecouen, se propose d'aborder tous les aspects de l'épée, du Moyen Age à l'époque contemporaine, dans sa matérialité la plus concrète comme dans ses aspects symboliques et mythiques. Les épées forment une part significative des objets exposés (70 épées). Cependant, de nombreux thèmes sont évoqués avec des oeuvres d'autre nature (manuscrits, gravures, peintures, objets d'art, photographies, vitraux)."

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  • Chrétiennes et musulmanes, les racines de l'Europe ?...

    Les racines de notre Europe sont-elles chrétiennes et musulmanes ? Tel est le titre de l'essai historique de Guy Rachet, publié aux éditions Jean Picollec. A cette question importante, l'auteur, spécialiste de l'antiquité, et en particulier de l'Egypte ancienne, apporte une réponse qui réfute la vulgate actuelle. Ni musulmanes, ni chrétiennes, les racines de l'Europe sont essentiellement gréco-latines. L'ouvrage est particulièrement bien documenté et est doté d'une riche bibliographie.

     

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    "Les racines de l'Europe ? Voilà un sujet important et d'actualité. Guy Rachet, avec sa culture, se fondant sur une vaste documentation sérieuse, diversifiée, s'attaque. souvent avec verve et toujours avec courage, à ce débat voire à ce choc des civilisations. Textes et références à l'appui. Guy Rachet prouve que sur le socle des Celtes, Germains, Slaves, Latins, Hellènes s'est épanouie une civilisation novatrice et libératrice. Il atteste que le Moyen Âge européen n'a jamais été la période obscure et barbare que d'étranges " europhobes " ont professée. qu'il n'y a jamais eu de rupture avec la tradition gréco-romaine, et que, contrairement à l'islam dont le Coran a toujours été aux fondements de l'enseignement, celui des clercs du Moyen Age était établi avant tout sur la connaissance des auteurs latins dits " profanes ". Guy Rachet met ici en valeur la prodigieuse floraison d'art, de peinture. de sculpture, d'architecture (romane et gothique), de littérature, de philosophie et de science, qui marque cette période. Un ensemble qui fait de l'Europe du Moyen Age puis de la Renaissance un des joyaux de la civilisation. Il est patent que c'est à la Grèce que l'Europe doit ce qui la distingue dans le concert des peuples et des nations."

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