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michel onfray - Page 19

  • Le catéchisme postmoderne...

    Nous reproduisons ci-dessous le texte d'humeur que Michel Onfray a publié dans le journal Le Monde daté du 9 janvier 2011.

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    Le catéchisme postmoderne

    Notre civilisation politiquement correcte diffuse, par le biais des médias légitimes financés par le marché, une pensée unique contre laquelle un intellectuel digne de ce nom ne saurait aller. Voici quelques-uns de ces lieux communs du catéchisme de notre époque : le libéralisme constitue un horizon indépassable en dehors duquel il ne saurait y avoir que gauche irresponsable, stalinisme, communisme, marxisme-léninisme, néobolchevisme et autres billevesées d'irresponsables ignorant la science économique, religion des temps sans religion ; l'Europe est une chance pour les nations et les peuples, une garantie contre les guerres, les dévaluations, les krachs boursiers, le chômage de masse ; Internet est un lieu de liberté libertaire, un espace de circulation élargie de la vérité qui échappe au marché ; l'islam est une religion de paix, de tolérance et d'amour et quiconque, livre en main, pointe dans le Coran pléthore de sourates antisémites, homophobes, misogynes, phallocrates, bellicistes, intolérantes, célébrant la torture ou la peine de mort, passe pour un dangereux islamophobe compagnon de route du Front national ; le terrorisme international provient des villages les plus reculés d'Afghanistan où il faut faire régner la terreur militaire occidentale, mais sûrement pas du Pakistan, qui a l'arme nucléaire, ni des monarchies du Golfe, qui possèdent le pétrole...

    Et puis cette idée largement répandue que quiconque parle de démocratie réelle ou revendique le souci du peuple est un démagogue ou un populiste ! Il faut bien que ces élites aient peur et de la démocratie authentique et du peuple véritable pour réagir de façon pavlovienne avec pareille insulte...

    La machinerie gaullienne a bipolarisé la vie politique. Elle ne laisse de chance, pour gouverner la nation, qu'à deux formations libérales : une droite et une gauche, que, souvent, le style et le ton séparent plus que les idées et le fond. Dès lors, quiconque doute du bien-fondé de ce système devient un homme à abattre.

    Ainsi, cette antienne en passe de devenir vérité de science politique qu'en 2002 un certain Jean-Pierre Chevènement aurait fait perdre Lionel Jospin dont on s'évertue à oublier qu'il avait pourtant clamé haut et fort que son programme n'était pas de gauche. Il est tellement plus facile de massacrer le bouc émissaire que d'analyser les raisons d'un échec pour prendre sa part de responsabilité.

    Les mêmes belles âmes recommencent : Jean-Luc Mélenchon prendrait le risque de faire perdre la gauche ! La gauche libérale, autrement dit la gauche de droite, la gauche dite de gouvernement, ne perd pas une occasion de se placer au centre, mais elle voudrait en même temps conserver le bénéfice et les suffrages de son aile gauche... Plutôt que de savoir qu'on ne peut avoir le beurre centriste et l'argent du beurre de gauche, la Rue de Solférino stigmatise ceux qui revendiquent clairement une gauche digne de ce nom.

    Pour éviter le débat sur la nature des gauches, une fois les arguments remisés, on insulte : populiste celui qui s'installe sur d'authentiques positions de gauche et réaliste celui qui nous vend une soupe libérale servie dans un bol vendu par le PS ! A la queue leu leu, les billettistes, les éditorialistes, les journalistes, les intellectuels qui disposent de leur rond de serviette dans les officines médiatiques libérales activent la machine à gifles : démagogue par-ci, populiste par-là...

    Pourtant, il suffit de se souvenir des discours tenus par leurs soins depuis des années : quid de la panacée libérale ? L'euro devait apporter le paradis sur terre, l'amour entre les hommes, du travail à gogo, la fraternité entre les peuples, le cosmopolitisme dans les chaumières, la fin du racisme... Nous en sommes loin : chômage, misère en quantité, pauvreté, paupérisation galopante, pays en faillite, foyers en détresse, prolétarisation des peuples, pleins pouvoirs à une mafia richissime et un carcan bureaucratique européen serré au plus près de la nuque citoyenne...

    Quid d'Internet, qui devait nous apporter la Bibliothèque nationale gratuitement dans nos campagnes reculées (ah ! ce bon Jacques Attali...), faciliter la vie de l'intelligence en mettant le savoir digne de ce nom à disposition de tout le monde ? Tout passe par le Net et quiconque ne dispose pas d'un ordinateur est un citoyen de seconde zone. Les traces laissées par l'usage de nos ordinateurs servent aux marchands, aux publicitaires, aux polices diverses et multiples. Ne parlons pas de la possibilité pour chacun de dire tout et n'importe quoi, de montrer son indigence sans vergogne pour en informer la planète en temps réel.

    Quid de la liberté qui devait régner à Bagdad, dont l'Occident jurait qu'il deviendrait le phare de la démocratie dans cette région ? Ou de l'Afghanistan ? Des villages détruits, des femmes et des enfants massacrés par les armées d'occupation, dont la France, sous prétexte d'empêcher des attentats dans le reste du monde.

    Quid du peuple dont plus personne ne parle sans une moue de dégoût, sauf Marine Le Pen, qui pourrait bien en retirer des bénéfices. On ne peut longtemps l'humilier en le négligeant au profit de l'oligarchie qui professe ce catéchisme politiquement correct, sans générer une colère qui, un jour, emporte tout sur son passage. Les élections présidentielles sont, malheureusement, des occasions de régler des comptes - qu'on le veuille ou non, c'est ainsi. L'oubli du peuple est la première cause de la colère du peuple. Sachant cela, la colère s'évite - si l'on veut. Sinon...

    Miche Onfray (Le Monde, 9 janvier 2011)

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  • Nietzsche : Se Créer Liberté

    Le tome 1 de la bande dessinée de Michel Onfray (scénario) et Maximilien Le Roy (dessin) consacrée à la vie de Friedrich Nietzsche, et intitulée Nietzsche - Se Créer Liberté, que nous avions annoncé il y a quelques mois, sortira à la mi-mars aux éditions du Lombard.

    Nietzsche-Se-Creer-Liberte.jpg

    "Un siècle après la mort de Nietzsche, notre époque n'a toujours pas examiné en quoi sa philosophie était porteuse d'immenses révolutions. Nous proposons ici un portrait, une esquisse pour un portrait. Quelques traits de crayon pour signifier une énergie. Un Nietzsche poète, un penseur qui tient la juste et bonne distance entre les idées et les métaphores, les concepts et les images, un fleuve, un volcan, un orage qui pense et écrit. Un Nietzsche voyageur, solitaire, libre-penseur, fuyant le grégaire et les morales d'institutions, les dogmes religieux et leurs faux paradis...

    Un Nietzsche " dynamite", comme il se décrivait lui même."

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  • Nietzsche : Se Créer Liberté

    Le tome 1 de la bande dessinée de Michel Onfray (scénario) et Maximilien Le Roy (dessin) consacrée à la vie de Friedrich Nietzsche, et intitulée Nietzsche - Se Créer Liberté, que nous avions annoncé il y a quelques mois, sortira à la mi-mars aux éditions du Lombard.

    Nietzsche-Se-Creer-Liberte.jpg

    "Un siècle après la mort de Nietzsche, notre époque n'a toujours pas examiné en quoi sa philosophie était porteuse d'immenses révolutions. Nous proposons ici un portrait, une esquisse pour un portrait. Quelques traits de crayon pour signifier une énergie. Un Nietzsche poète, un penseur qui tient la juste et bonne distance entre les idées et les métaphores, les concepts et les images, un fleuve, un volcan, un orage qui pense et écrit. Un Nietzsche voyageur, solitaire, libre-penseur, fuyant le grégaire et les morales d'institutions, les dogmes religieux et leurs faux paradis...

    Un Nietzsche " dynamite", comme il se décrivait lui même."

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  • Le recours aux forêts... de Michel Onfray

    Michel Onfray, philosophe et fondateur de l'Université populaire de Caen, a publié en 2009 aux éditions Galilée, Le Recours aux forêts - La tentation de Démocrite. Pierre le Vigan, qui a récemment publié Le Front du Cachalot (éditions Dualpha, 2009) et Inventaire de la modernité avant liquidation (éditions Avatar, 2007), en a fait une lecture critique.

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    Le Recours aux Forêts de Michel Onfray

     

    Le Recours aux Forêts : c’est le titre du dernier ouvrage du profus Michel Onfray, auteur souvent discutable – quand il faisait l’apologie de Robespierre par exemple –, franchement erroné parfois, moins novateur souvent qu’il ne l’espère (voir sa Contre-philosophie néanmoins utile) mais fréquemment stimulant. C’est déjà cela. Donner l’envie de débattre. Le recours aux forêts, c’est l’exil forcé de ceux qui ont désobéi aux lois de la communauté mais c’est aussi le refuge des hommes libres. Contre les révolutionnaires de la table rase, qu’il assimile aux hommes du ressentiment (ce qui explique peut-être son éloignement de Besancenot !), Michel Onfray défend la vertu de l’utopie comme « possibilité d’un monde ». (Resterait bien sûr à savoir si ce monde a vocation à être une île ou à irriguer tout le monde.) L’écologie « véritable », celle qu’il appelle, est définie comme une sagesse païenne. Il est ici question de Ralph Waldo Emerson, de Henry David Thoreau et de son récit « Walden ou la vie dans les bois ». Ce sont les origines lointainement danoises des Onfray qui entreraient en résonance avec sa fascination pour le Nord et singulièrement pour l’Islande, polarité nordique complémentaire de sa fascination pour le soleil.

    Ce recours aux forêts, avant tout symbolique (elles sont peu nombreuses en Islande par exemple) serait aussi une voie stoïcienne afin de « sortir d’une pièce enfumée ». Cette pièce est bien sûr notre monde aliéné dans une certaine « modernité ». L’épicurien Michel Onfray se réfère ici plutôt à un certain stoïcisme. Il se réfère aussi à Démocrite, contemporain de Socrate, et à son idée d’une infinité des mondes, son matérialisme philosophique et son refus de la peur des dieux, refus qui annonce Epicure et Lucrèce. « Contente-toi du monde qui t’est donné » dit Démocrite, si détesté par Platon. L’un (Platon) recherche des arrières-monde, l’autre (Démocrite) se contente du monde. Pourquoi diable Michel Onfray a-t-il fait précéder son texte « Postface en guise de préface », qui est une méditation honorable, par une sorte d’improbable poème intitulé « Permanence de l’apocalypse », et quelque peu ridicule ?

    Pierre Le Vigan

     

    Le Recours aux Forêts. La tentation de Démocrite, Galilée, 80 pages, 14 euros.

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