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maxime tandonnet - Page 3

  • L'immonde autocratie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré à la pratique autocratique du pouvoir telle qu'elle s'est installée au sein de la Ve République depuis plusieurs années, pour atteindre son paroxysme avec Emmanuel Macron.

    Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014). Il a également publié des biographies d'André Tardieu (Perrin, 2019) et de Georges Bidault (Perrin, 2022).

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    L'immonde autocratie

    Il est des circonstances exceptionnelles, dans l’histoire, où l’intuition d’un homme ou d’une femme bouleverse le cours du destin. Elles sont connues: la rencontre de Jeanne et du Dauphin, le 18 Brumaire qui met un terme au chaos révolutionnaire, ou l’Appel du 18 juin. Les héros n’ont d’ailleurs aucun intérêt à s’éterniser – ou s’institutionnaliser – car la durée leur est généralement défavorable et ternit la mémoire de leur exploit.

    Pour le reste, le bien d’une communauté nationale est toujours, toujours le fruit d’un dialogue entre plusieurs visions ou sagesses. Les grands Capétiens qui ont fait la France ne décidaient rien seuls. Les choix décisifs pour le pays s’effectuaient à l’issue d’interminables débats au Conseil du roi, entouré des plus grands esprits d’une époque. Toute bonne décision est le fruit d’une délibération prenant en compte un cadre historique, institutionnel, les mentalités dominantes, le respect des principes collectifs et des traditions nationales ou diplomatiques, la volonté de préserver l’unité.

    La République parlementaire avait de gigantesques défauts, notamment l’instabilité gouvernementale: encore que celle-ci était largement de surface et couvrait la permanence d’hommes d’Etat qui revenaient d’un ministère à l’autre. Avec ses faiblesses, elle se prêtait – mieux qu’aujourd’hui – à l’impératif de dialogue et de concertation d’où sont sorties de grandes politiques, par exemple le développement des libertés sous la IIIe République ou les conditions des Trente glorieuses sous la IVe.

    La France, au fil des décennies depuis l’instauration de la Ve République, a fait naufrage dans l’autocratie. Le processus est de long terme: l’actuel occupant de l’Elysée n’en est pas l’inventeur, même s’il en est le produit et désormais l’incarnation paroxystique. Cela signifie qu’elle remet son destin, non pas à la délibération d’une équipe consciente des nécessités de l’intérêt général, mais aux seuls soubresauts psychologiques d’un individu.

    La faute suprême est de penser que le parcours politique de ce dernier qui l’a porté à la fonction suprême est la garantie d’une intelligence supérieure qui lui servira de boussole pour guider le pays. Non, l’intelligence, celle qui permet de percevoir les enjeux historiques d’une époque et les décisions optimales qui s’en dégagent, n’a strictement aucun rapport. Sa réussite elle est plutôt le fruit d’une exceptionnelle mégalomanie et de la désinhibition, c’est-à-dire l’ambition maladive de s’asseoir sur le trône et l’absence de surmoi (ou de conscience) qui libère de tout scrupule à tuer le père, à trahir ses amis et à ériger le mensonge, les manipulations et l’hypocrisie en système de pouvoir.

    L’autocratie à la française est un mode de pouvoir qui substitue, comme critère essentiel des choix à accomplir, la vanité d’un individu au sens de l’intérêt général. Elle débouche sur des politiques qui exaltent l’apparence, la surface des choses, la mise en valeur de l’image du chef, au détriment de l’avenir collectif: d’où l’augmentation vertigineuse de la dette publique, l’effondrement scolaire ou industriel du pays, l’indifférence aux phénomènes de désintégration qui se manifestent par l’explosion des violences. L’autocrate ne s’intéresse pas (ou peu) au long terme, mais au coup d’éclat qui fait parler de lui, le montre en provocateur audacieux, le met en valeur, sublime sa personne, quel qu’en soit l’incohérence ou les effets délétères. Son objectif essentiel est la « trace » qu’il laissera.

    Ce mode d’exercice du pouvoir – l’autocratie – s’appuie sur le culte de la personnalité, l’exaltation médiatique et obsessionnelle d’un visage. Il favorise la courtisanerie, l’obséquiosité d’un cercle d’hommes et de femmes prêts à se prosterner pour bénéficier de la lumière qui en émane. Elle se fonde sur une logique de servitude volontaire, consiste à attiser, manipuler les émotions collectives, notamment la peur, pour les convertir en allégeance au sauveur ou protecteur national. Le mythe du sauveur – comme celui du « bouc émissaire »- est de toutes les formes de propagande, la plus fertile.

    La question centrale n’est pas la Constitution de 1958. Son application à la lettre (article 5, 20, 21), ne conduit pas forcément à l’autocratie. Elle tient plutôt à l’état de la société, son narcissisme croissant (« l’ère du vide » de Lipovetski 1983), sa dépolitisation et sa surmédiatisation, son déclin intellectuel qui la pousse à l’exaltation obtuse plutôt qu’à l’esprit critique, à un certaine certaine tradition française sensible au plumage du paon … Toujours est-il que de décennie en décennie, la sublimation d’un individu l’emporte sur les choix d’intérêt général et de long terme.

    Il ne fait (à mes yeux) aucun doute que ce mode de gouvernement fondé sur la vanité au détriment du bien commun contribue fortement au déclin de la France sur le long terme: désindustrialisation accélérée, effondrement scolaire, désœuvrement généralisé, ou chômage de masse, fragmentation de la société et violence, appauvrissement, explosion de la dette collective, désorganisation et déclin des grands services publics.

    Comment en sort-on? La meilleure solution est d’en sortir par la voie démocratique. Dans trois semaines, les Français ont une occasion inespérée de lancer un message puissant contre la dérive autocratique de leur système politique en refusant d’élire « une majorité présidentielle absolue ». En soi, cela ne réglera pas tous les problèmes évidemment. Mais le refus d’une majorité absolue marquerait un coup d’arrêt et le début d’une prise de conscience. Aucun risque d’aggraver l’impuissance publique: elle est déjà totale, masquée par une débauche d’exubérance narcissique.

    Cependant, rien ne permet de parier que cette prise de conscience est en voie de se produire. Il peut tout autant ne rien se passer du tout pendant de longues années, la poursuite d’un grand naufrage dans un monde d’exaltation vaniteuse, de mensonges et de courtisanerie, tandis que le déclin se poursuit inexorablement. Mais en l’absence de solution démocratique, un soulèvement populaire est tôt ou tard à redouter: il suffit parfois de peu de chose, une étincelle dans le baril de poudre.

    Maxime Tandonnet (Blog de Maxime Tandonnet, 25 mai 2022)

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  • Les snipers de la semaine... (237)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Breizh-Info, Julien Dir revient sur l'émoi médiatique autour du joueur de football Idrissa Gueye...

    Propagande politique dans le sport. Je soutiens Idrissa Gueye !

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    - sur son blog personnel, Maxime Tandonnet dézingue la « droite républicaine » et ses trahisons...

    Politique : entre la trahison et le déshonneur

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  • Les snipers de la semaine... (236)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Maxime Tandonnet dézingue la classe politique et les tristes palinodies de ses membres...

    Nouvelles de la caste

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    - sur Hashtable, H16 prend dans sa ligne de mire l'identité numérique, nouvelle étape vers la surveillance totale...

    Avec Macron, le flicage numérique est « en marche » accélérée et cadencée

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  • Les snipers de la semaine... (234)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog personnel, Maxime Tandonnet vide son chargeur, avec rage et dégoût, sur Macron, l'homme du chaos qui vient...

    L’indifférence et le chaos…

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    - sur La pompe à phynances, Frédéric Lordon allume Macron et son gang de représentants de la Firme...

    La Firme des animaux - Leur société et la nôtre

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  • Les snipers de la semaine... (232)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur son blog, Maxime Tandonnet dénonce la sinistre fumisterie qu'est devenue la démocratie française...

    Naufrage dans la médiocratie

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    - sur Flamberge et Belladone, Mahaut Hellequin mobilise sa verve contre Macron...

    Tout sauf Macron

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    - sur Hashtable, H16 allume l'Union européenne et sa conception très particulière de l’État de droit...

    Une Europe « inclusive et ferme ta gueule »

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  • Quand la France connaît une tragédie démocratique...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Maxime Tandonnet au site Droite de demain et consacré à la crise démocratique que connaît notre pays.

    Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014). Il est également l'auteur de biographies d'André Tardieu et de Georges Bidault.

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    La France connaît une tragédie démocratique

    Européennes, municipales, régionales et départementales…les Français ont boudé les urnes. À deux mois des élections présidentielles ne doit-on pas craindre la même désaffection et comment résoudre la crise de la démocratie française ?

    En effet, après un scrutin de 2017 qui a été dénaturé par le scandale autour de François Fillon, les élections de 2022 s’annoncent absolument neutralisées par la succession des crises, épidémies de covid 19, Ukraine. La posture présidentielle de « fausse non-candidature », le problème des parrainages, le matraquage sondagier, les difficultés de Valérie Pécresse candidate officielle du principal parti d’opposition, la valse des trahisons, ont pour effet d’annihiler le débat démocratique sur le bilan du quinquennat et sur la préparation de l’avenir. Pour la première fois, le climat est au désintéressement général face à une présidentielle présentée comme jouée d’avance. La France connaît une tragédie démocratique. 

    La crise liée à la pandémie de la Covid-19 a consacré la résurrection de l’État sous toutes ses formes, État-providence, État-pompier, État régalien… et jeté une lumière glaçante, sur les lourdeurs et absurdités de la bureaucratie. Selon vous quel État va sortir de cette crise inédite et comment sortir de l’impuissance publique ?

    Rien dans le déroulement de cette non-campagne ou dans le programme des candidats ne permet de concevoir une rénovation de l’Etat. A voir comment les choses se déroulent, la volonté démocratique de changer les choses est écrasée, inexistante. On peut même craindre aujourd’hui que ces phénomènes soient voués à s’aggraver : la hausse vertigineuse des dépenses publiques et de la dette vont se poursuivre, comme une drogue destinée à anesthésier les tensions dans le pays, son appauvrissement et sa désindustrialisation, l’impuissance des institutions. Cet effondrement se traduit par l’exubérance de la communication : le grand spectacle sert à recouvrir le désastre. On ne voit pas à ce stade de qui permettra d’inverser la logique, en tout cas à moyen terme. La pente est raide…  Un jour, le pays se trouvera au pied du mur et la prise de conscience devra se produire, mais nous n’en sommes pas là. 

    Pendant cette pandémie les esprits libres se sont fait rares. La politique a ses propres exigences. Comment rester un “esprit libre” face au pouvoir de l’opinion et en admettant une obligation d’action ? 

    A mes yeux, le passe vaccinal est emblématique du pire de ce que la société politique peut produire. Cette mesure emblématique est rigoureusement inefficace et ne prétend même pas à l’efficacité (le vaccin n’empêche pas la transmission du virus). Sous le voile du progressisme, elle procède de méthodes de communication les plus douteuses : désigner implicitement une partie de la population – non vaccinée – comme bouc émissaire de maux qui tiennent en grande partie aux dirigeants politiques (réduction des moyens hospitaliers).  Son objectif déclaré – forcer les non vaccinés à se faire vacciner – n’a même pas été atteint. Et pourtant, le pouvoir persiste et signe, l’opposition soutient dans l’ensemble ces méthodes de même qu’une vaste majorité de l’opinion selon les sondages. Cela montre l’état de déliquescence morale et intellectuelle d’une société. Les quelques esprits libres et lucides qui gardent le cap dans la tempête doivent aujourd’hui s’unir par-delà les clivages du passé. 

    Lors de cette campagne présidentielle, le régalien sera inexorablement mis en avant, notamment dans une période chaotique marquée par la poursuite de l’augmentation de la violence. Pourtant la préoccupation des Français sur des questions fondamentales comme l’avenir de la démocratie française, les libertés sont très peu repris, pour quelles raisons ? La gouvernance doit-elle être un thème électoral pour 2022 ?

    Parce que nous sommes avant tout dans le médiatique, l’émotionnel et l’immédiateté. S’intéresser à la préparation de l’avenir, notamment au fonctionnement de la démocratie française suppose un retour à la raison, à la prospective, à la capacité de se projeter dans l’avenir. Or, l’effondrement du niveau scolaire, depuis des décennies, annihile la capacité d’une société à réfléchir sur son destin. Ce nivellement et cet aveuglement touchent aussi bien la majorité des commentateurs que l’opinion en général.  Des images médiatiques montrant une agression vont provoquer une (légitime) émotion collective. Cependant, les spectateurs de ce drame ne vont pas pour autant s’interroger sur une faillite de long terme d’un système politique qui a abouti à l’impuissance de l’Etat et au chaos d’une société sur plusieurs décennies. L’affaiblissement de la culture politique et de l’esprit critique est au cœur de la tragédie démocratique. 

    Que voulez-vous dire sur la faillite des institutions ?

    Le système politique français (pas seulement les institutions, mais leur pratique et la culture politique) a abîmé la démocratie. Il a engendré une sorte de gourou élyséen qui absorbe toute la substance du politique. La vie publique se limite pour l’essentiel à sa logorrhée quotidienne et ses gesticulations médiatiques tournées ver sa réélection, comme dans un vulgaire régime autocratique. De fait, le gouvernement n’existe plus, le parlement est annihilé, les collectivités territoriales affaiblies, la presse neutralisée. Nul ne décide plus grand chose dans le champ du concret. La politique se réduit pour l’essentiel à n’être qu’un spectacle éthéré destiné à occuper les esprits. La faiblesse se déguise en autorité. Les courroies de transmission entre le pouvoir central et la Nation sont rompues. Tout est à repenser, à reconstruire. La démocratie est à réinventer, par le référendum, le renouveau des libertés locales, la refondation de la représentation populaire… Tout le reste en dépend dès lors que la gouvernance conditionne l’efficacité des politiques. Mais qui cela intéresse-t-il ? 

    Jamais la liberté n’a autant été abîmée. Cet état dont le gouvernement nous a privé et où l’opposition a eu bien du mal à la défendre. Comment la droite doit elle retrouver ces fondamentaux ?

    Nous en saurons plus dans quelques mois, en fonction du résultat des présidentielles et législatives. Mais a priori, elles ne se présentent pas dans les meilleures conditions pour les idées auxquelles nous croyons.  Lors de la crise sanitaire, une poignée d’hommes et de femmes, généralement étiquetés à droite, mais pas seulement, parlementaires et intellectuels, ont montré leur attachement à la liberté face à l’Absurdistan bureaucratique et à la terrifiante dérive du passe vaccinal ainsi que leur lucidité et leur force de caractère en résistant au vent de folie collective. Il leur faut s’unir, même en partant d’un tout petit nombre, et tenter de reconstruire quelque chose en livrant la bataille des idées. 

    Maxime Tandonnet (Droite de demain, 27 février 2022)

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