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maurras - Page 4

  • "Maurras : une victime de l'inculture contemporaine..."

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien paru dans Flash magazine et reproduit sur le site Voxnr, dans lequel Alain de Benoist répond aux questions de Christian Bouchet sur Charles Maurras.

     

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    Christian Bouchet : Vous avez écrit sur Charles Maurras, vous êtes connu comme possédant dans votre bibliothèque un rayon de Maurassiana que nombre d’Universités vous envieraient, vous êtes-vous jamais considéré comme maurrassien ou, a minima, comme influencé par sa pensée ?

    Alain de Benoist : Non, jamais. À l’âge de seize ans, j’ai fréquenté pendant quelques mois un cercle d’Action française. Ce que j’y ai entendu ne m’a pas convaincu. Par la suite, j’ai du lire cinq ou six cents livres de et sur Maurras – j’ai même publié une bibliographie maurrassienne de près de deux cent cinquante pages –, sans que cela fasse de moi un disciple du maître de Martigues. La pensée de Maurras est à la fois l’héritière de l’école contre-révolutionnaire et du positivisme d’Auguste Comte ; or, je ne suis ni un positiviste ni un contre-révolutionnaire. Maurras était convaincu qu’aucune forme de souveraineté politique ne pouvait s’étendre au-delà de la nation ; je suis un Européen convaincu. Maurras pensait que la solution des problèmes de la France impliquait un retour à la monarchie. Qui peut encore croire cela aujourd’hui dans notre pays – exception faite peut-être des immigrés marocains qui sont généralement de grands admirateurs de leur roi ? Que l’état général de la société soit aujourd’hui le même dans tous les pays occidentaux, qu’ils soient des républiques ou des monarchies, montre que Maurras surestimait nettement les mérites de l’institution.

    Idéalisant l’Ancien Régime, Maurras n’a pas vu comment la monarchie française, désireuse de liquider l’ancien ordre féodal, a constamment promu la bourgeoise au détriment de l’aristocratie, ni comment elle s’est employée à mettre en œuvre un processus de centralisation politique et de rationalisation administrative que la Révolution, comment l’avaient bien vu Tocqueville, Renan ou Sorel, a seulement accélérée et aggravée. Hostile à la Révolution, il se réclamait du nationalisme, sans réaliser que c’est seulement à partir de 1789 que le mot « nation » prend un sens politique : « Vive la nation ! » est à l’origine un cri de guerre contre le roi.

    Je suis tout aussi en désaccord avec le classicisme de Maurras (probable compensation de son romantisme intérieur), qui débouche souvent sur une apologie implicite du rationalisme, avec sa critique de la démocratie, que je trouve bien conventionnelle, et bien sûr avec sa germanophobie (les Allemands n’étaient pour lui que des « candidats à l’humanité » !). Lui qui admirait tant les « quarante rois qui ont fait la France » aurait dû se souvenir que les dynasties mérovingienne, carolingienne et capétienne étaient toutes d’origine germanique, et que le nom même de la France lui vient d’un conquérant germain.

    Cela dit, n’ayant jamais été maurrassien, je ne m’en sens que plus libre pour affirmer l’importance de Charles Maurras dans l’histoire des idées. Maurras est certes resté aveugle sur bien des choses – il n’a aucun regard sociologique, ignore tout des doctrines économiques et, de façon générale, ne sait analyser aucun des facteurs à l’œuvre dans les dynamiques sociales –, mais son œuvre n’en est pas moins imposante, et même incontournable. Il représente en outre l’exemple rare d’un homme qui sut être à la fois un théoricien politique et un journaliste de haut niveau, tout en ayant aussi une production poétique et littéraire considérable, et en animant un mouvement politique qui a perduré pendant plus d’un siècle. Il y a enfin chez lui un héroïsme intellectuel auquel je suis sensible. Le problème, c’est que les gens de gauche se sentiraient déshonorés de lire Maurras, et que les gens de droite préfèrent regarder la télévision. Condamné par l’Église de 1926 à 1939, désavoué par son Prince, prisonnier de son public, victime de lui-même, Maurras est aujourd’hui l’un de ceux, innombrables, qui font les frais de l’inculture contemporaine. Moi qui n’ai jamais partagé ses idées, je trouve que c’est un scandale.

    Christian Bouchet : Les héritiers politiques de Maurras relèvent, en quasi-totalité, de la butte-témoin idéologique et de l’engagement muséal. Comment se fait-il, alors que Maurras a eu quelques continuateurs brillants, que ceux-ci n’aient pas su actualiser sa pensée pour le XXIème siècle ?

    Alain de Benoist : Il est difficile d’actualiser au XXIème siècle la pensée d’un homme qui, à bien des égards, était déjà dépassé au XXème. Maurras est avant tout un homme de la fin du XIXème siècle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la plupart des meilleurs analystes du maurrassisme estiment que la période de l’Action française la plus intéressante est celle de ses débuts. À l’époque où L’Action française n’était encore qu’une petite « revue grise », l’AF n’hésitait pas à professer des idées fédéralistes et socialisantes, ainsi que le faisait au même moment le jeune Barrès dans La Cocarde, et même à lancer des appels à la classe ouvrière. Maurras allait jusqu’à écrire : « Otez la démocratie, un communisme non égalitaire peut prendre des développements utiles » ! Mais l’AF s’est condamnée elle-même en 1914, en se ralliant au système au nom de l’« union sacrée » – erreur que Georges Sorel n’a pas commise. Après la Première Guerre mondiale, où elle paya d’ailleurs un lourd tribut, elle devient une ligue qui va devenir de plus en plus captive d’un public conservateur et réactionnaire.

    Il est arrivé aux maurrassiens ce qui arrive à tous ceux qui se réfèrent à un seul maître, surtout quand celui-ci est l’homme d’un système (en l’occurrence le royalisme, dont il prétendait démontrer la nécessité à la façon d’un théorème). Victimes de leur dévotion pour le vieux Maurras qui-avait-tout-prévu et qui-ne-s’est-jamais trompé, ils ont été incapables de mesurer les limites de sa pensée, condition indispensable pour la renouveler. L’Action française, qui a été affectée durant toute son existence par d’innombrables scissions, est aujourd’hui en phase terminale. L’historiographie dont elle fait l’objet – et ce n’est sans doute pas une coïncidence – se porte au contraire plutôt bien. Je pense ici surtout à la série de colloques internationaux sur Maurras et l’Action française organisés à l’initiative d’Olivier Dard, de l’Université de Metz. La lecture des actes de ces colloques est absolument passionnante parce qu’elle nous apprend beaucoup de choses que l’on ignorait encore hier.

    Christian Bouchet : Pensez-vous qu’un maurrassisme républicain soit possible et puisse être d’actualité ? Et tout particulièrement dans le champ des relations internationales ?

    Alain de Benoist : Un « maurrassisme républicain » ? Un dévot d’Action française parlerait d’oxymore ! je n’y crois guère moi non plus, à moins de faire de cette formule un synonyme de ce qu’on appelle aujourd’hui le souverainisme – le thème de « la France seule » pouvant éventuellement servir de point de passage. Mais alors, ce sont les limites de ce souverainisme qu’il faudrait souligner. Les critiques des souverainistes sont souvent justes, mais ce qu’ils proposent relève du restaurationnisme. Un seul exemple : c’est très bien de dénoncer la « mondialisation libérale », mais si c’est pour en revenir au bon vieux capitalisme patrimonial, en s’imaginant qu’il cesse d’être un système d’exploitation dès lors que son action s’inscrit dans le cadre national, à mon avis, cela ne vaut pas la peine. Et puis, n’oublions quand même pas ce que Maurras écrivait dans L’Action française du 10 juin 1912 : « Ni implicitement ni explicitement, nous n’acceptons le principe de la souveraineté nationale, puisque c’est au contraire à ce principe-là que nous avons opposé le principe de la souveraineté du salut public, ou du bien public, ou du bien général » !

    (Entretien paru dans Flash magazine n°71)

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  • Un terroriste très néo con...

    Dans le numéro 72 de Flash, le journal gentil et intelligent, on s'intéresse au très étrange Anders Behring Breivik, puis on part crapahuter sur les cyber champs de bataille où la guerre fait rage. Pour nous remettre de nos émotions, Philippe Randa nous commente le hit parade de l'été - sexe, pognon et politique – avant de nous laisser partir faire la teuf avec Topoline à Saint Eustache, au concert de Pierre Henry ... Bonne lecture !

     

     

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    Au sommaire :

     

    Anders Behring Breivik, un terroriste très néo con : Christian Bouchet balaie les fantasmes et Clovis Casadue débusque les barbouzes

     

    Purges des scientifiques en Iran : pas de vacances pour la CIA et le Mossad

     

    Cyberattaques : la Troisième guerre mondiale fait rage ; Marie-Claude Roy se planque

     

    Maurras (suite et fin) : qu'en dit-on à l'Action Française ? François Marcilhac se confesse dans ce numéro

     

    Le pouvoir économique a-t-il totalement mangé le pouvoir politique ? Eléments de réponse avec Arnaud Guyot-Jeannin

     

    Sexe, pognon et politique : le hit parade de l'été commenté par Philippe Randa

     

    Culture iranienne ? L'intellectuel iranien Ramezanali Vashegani Farahani malmène les idées reçues

     

    Pierre Henry : le père de la techno a fait trembler Saint Eustache ; Topoline y était

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  • L'homme qui voulait le retour du roi...

    Dans le numéro 71 de Flash, le journal gentil et intelligent, on s'intéresse à Maurras et... à Ségolène Royal, mais aussi à Bernard Hinault, à la menace que fait peser internet sur les journaux papier ou encore au sport spectacle... Bonne lecture !

     

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    Au sommaire :

    Charles Maurras, l'homme qui voulait le retour du roi. Que reste-t-il de son héritage? Alain de Benoist le juge incontournable... Yves Chiron lui est fidèle... Georges Feltin-Tracol est critique... Nicolas Gauthier le trouve rock and roll... Arnaud Guyot-Jeannin le tient pour paradoxal... Sylvain Roussillon, "gauchiste" d'Action française?...

    Le sport spectacle? Parlons en avec Pierre le Vigan.

    Ségolène Royal, tube de l'été ? Philippe Randa se pose la question.

    La révolution numérique finira-t-elle par clouer le bec aux canards de papier ? L'essayiste Bernard Poulet tire la sonnette d'alarme.

    Bernard Hinault à la sauce Jacques Dutronc : le "Blaireau" sort de son terrier, par Pierre Gillieth.

    Le Moine ou comment filmer un  clerc torturé avec sobriété. Topoline lève la soutane.

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  • Georges Valois, itinéraire et réceptions...

    Les éditions Peter Lang viennent de publier Georges Valois, itinéraire et réceptions, un ouvrage dirigé par Olivier Dard, universitaire spécialiste de l'entre-deux-guerres et de l'histoire des idées, qui regroupe les contributions de onze auteurs. Georges Valois est une figure de la pensée non-conformiste. Membre de l'Action française, il a animé avant la première guerre mondiale (1912-1913), avec Edouard Berth, le Cercle Proudhon, inspiré par Georges Sorel. Après 1918, il s'éloigne progressivement de Maurras, et poursuit l'oeuvre du Cercle Proudhon, en fondant Le Faisceau, un mouvement idéologiquement fasciste. Après l'échec de cette tentative et après celle de la création d'un parti républicain syndicaliste, il se rapproche progressivement de la SFIO. Après la défaite de 1940, il s'engage dans la résistance et meurt en déportation en février 1945 à Bergen-Belsen.

    Sur l'aventure du Cercle Proudhon, on peut utilement consulter l'importante préface d'Alain de Benoist aux Cahiers du Cercle Proudhon (Avatar éditions, 2007).

     

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    Issu d'un colloque organisé avec le soutien de la Maison des sciences de l'homme de Lorraine les 18 et 19 février 2010 à l'université Paul Verlaine-Metz, ce volume s'inscrit dans une série de publications relatives à l'histoire de l'Action française et de ses réceptions. Les 11 contributions qu'il réunit et qui ont été rédigées par des chercheurs français et étrangers permettent de revenir sur l'itinéraire d'une figure singulière qui symbolise tout à la fois l'histoire du maurrassisme, du fascisme français et des relèves de l'entre-deux-guerres et qui est mort en déportation. Non content de s'attacher aux éléments controversés de l'itinéraire de Georges Valois, ce volume aborde pour la première fois la question de son influence et de ses réceptions à l'étranger en étudiant spécifiquement la portée de ces dernières en Belgique, en Espagne et en Italie.

    Contenu :

    Olivier Dard : Introduction

    Yves Guchet : Georges Valois. Bilan d'un itinéraire 

    Allen Douglas : Ruptures et continuités : à la recherche de Georges Valois

    Samuel Kalman : Georges Valois et le Faisceau : un mariage de convenance 

    Alain Chatriot : Georges Valois, la représentation professionnelle et le syndicalisme

    Olivier Dard : Le Nouvel Age de Georges Valois

    Michel Grunewald : Georges Valois et l'Allemagne jusqu'en 1940 

    Francis Balace : Georges Valois et la Belgique : les méandres d'une réception 

    Geneviève Duchenne : Georges Valois, l'Europe et la Belgique (1930-1933) 

    Miguel Angel Perfecto : La réception de Georges Valois en Espagne 

    Michela Nacci : La réception de Georges Valois dans le nationalisme italien du début du XXe siècle

     Didier Musiedlak : L'Italie fasciste et Georges Valois 

    Olivier Dard : Conclusion.

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  • Littérature et politique...

    Les éditions Flammarion rééditent dans leur collection de poche Champs l'essai de Stéphane Giocanti, initialement paru en 2009 et intitulé Une histoire politique de la littérature. Professeur de français, Stéphane Giocanti s'est déjà signalé par la publication d'une copieuse biographie du fondateur de l'Action française, Charles Maurras : le chaos et l'ordre (Flammarion, 2006) ainsi que par celle d'un roman, Kamikaze d'été (Edition du Rocher, 2008).

     

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    "François Ier fut roi de France et poète. Le cardinal de Richelieu institua quarante immortels pour fixer sa patrie sur un Olympe littéraire. Avant d'être empereur, Napoléon rêva d'être écrivain. Le romancier Malraux fit un inoubliable ministre de la Culture, pour la gloire d'un général publié lui-même dans la bibliothèque de la Pléiade... Nulle part ailleurs qu'en France politique et littérature ne forment un couple aussi singulier. Et les écrivains, font-ils bon ménage avec la politique ? C'est la question posée par ce livre irrévérencieux, qui invite le lecteur à découvrir des consanguinités surprenantes entre auteurs d'hier ou d'aujourd'hui, de droite ou de gauche, pour le meilleur et pour le pire. Car le peuple indiscipliné des écrivains regorge de courtisans et de guerriers, d'idéologues et de prudents, de sceptiques et de pamphlétaires, de vaillants et de lâches, de prophètes et de mystiques, sans oublier ceux que Stéphane Giocanti appelle joliment les plantés et les maudits : ceux qui se sont fourvoyés dans le ridicule ou le tragique. Une promenade inédite dans l'histoire littéraire, de Victor Hugo à Richard Millet."

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  • Soliloque du prisonnier

    Les éditions de l'Herne, dans leur collection des carnets, rééditent un texte oublié de Charles Maurras, Soliloque du prisonnier,avec une préface de François l'Yvonnet. Une entreprise courageuse, qui mérite d'être soutenue.

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    "Le Soliloque du prisonnier est un texte à part. Ni écrit de combat, ni essai littéraire, il était destiné à être publié en espagnol dans un  journal  sud-américain. D’où la clause de  style,  Maurras  y  fait  parler Maurras. Il défend la « latinité » ou plutôt une certaine idée  de la « latinité », alors qu’à la même époque, l’Europe se construisait sur des bases marchandes.

    Une « méridionalité » plus spirituelle que géographique, aux vastes contours mais sans ambition impériale, qu’illuminerait le soleil d’Apollon. Rien à voir avec l’« abominable utopie » d’une « Europe confédérée sous la direction de l’Allemagne », chère à Déat et autres Luchaire."

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