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islamisme - Page 7

  • Gagner la guerre contre l’Islam radical : une question de cohérence...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Jean-Bernard Pinatel, cueilli sur Geopragma et consacré à la nécessaire mise en cohérence de l'action diplomatique de notre pays que devrait imposer une lutte sérieuse contre l'islamisme sur le territoire français... Officier général en retraite et docteur en sciences politiques, Jean-Bernard Pinatel a déjà publié plusieurs essais dont Russie, alliance vitale (Choiseul, 2011) et Carnet de guerres et de crises 2011-2013 (Lavauzelle, 2014).

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    Pour gagner la guerre contre l’Islam radical, une définition précise de la menace et une mise en cohérence de notre politique intérieure et étrangère constituent un impératif vital

    Depuis mars 2012, la France est confrontée à un nombre d’attentats islamistes sans précédent qui ont causé 267 morts et probablement plus de 700 blessés au sein de notre population. Le dernier en date étant la décapitation de Samuel Paty, professeur d’Histoire et de Géographie à Conflans-Sainte-Honorine le 16 octobre 2020 qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Il faut aussi prendre en compte nos pertes militaires dans des opérations extérieures contre les djihadistes de l’Islam radical :  90 morts et près de 1000 blessés en Afghanistan depuis 2003 et 46 morts et plus de 300 blessés au Sahel depuis le début de l’opération Serval. 

    Ce rappel des morts et des blessés sur notre territoire national et lors d’opérations extérieures démontre clairement que nous sommes en guerre. Après la prise de conscience du Président Macron et ses paroles fortes, se borner à prendre des mesures uniquement sur le territoire national ressemblerait à un coup d’épée dans l’eau. 

    Nos dirigeants doivent d’abord prendre conscience de la nature réelle de la menace. C’est pourquoi la France ne peut se désintéresser de la déstabilisation du pourtour méditerranéen et du Moyen-Orient. Non pas en y contribuant de façon irresponsable en voulant imposer comme en Syrie ou en Libye la démocratie par la force des armes mais en aidant les pays et les peuples de ces régions à conforter leurs structures étatiques et à se développer. La non-intervention militaire dans les affaires intérieures d’un Etat, sauf si les autorités légitimes nous en font expressément la demande, doit redevenir la règle dans les relations internationales. A contrario, l’intervention secrète ou armée dans un but préemptif comme les Etats-Unis de Bush junior l’ont fait en Irak au nom d’une menace potentielle inexistante ont abouti à la destruction des structures étatiques irakiennes et ont fait le lit de l’Islam radical. 

    De même, l’intervention dans un but humanitaire telle que la Grande-Bretagne et la France l’ont menée en Libye et en Syrie doit être bannie. Car ce type d’intervention est susceptible de générer le chaos et de coûter plus de vies qu’il n’en sauve. En conséquence, pour gagner cette guerre et assurer la sécurité des Français, la France doit comprendre la nature réelle de la menace et mettre en cohérence sa politique intérieure et sa politique étrangère : sur le territoire national, en Europe et hors d’Europe.

    Sur le territoire national

    Le préalable à la définition d’une stratégie efficace contre l’islamisme radical n’est pas rempli car l’unanimité est loin d’être totale parmi nos dirigeants sur la nature de la menace à laquelle nous sommes confrontés. Désigner clairement l’ennemi est un préalable pour le combattre. Nos responsables politiques et militaires déclarent à l’envie « nous sommes en guerre ». Mais, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre la nature du conflit dans lequel nous sommes engagés. Nous ne sommes pas confrontés à une guerre asymétrique, concept si cher aux américains. Nous faisons face à une guerre révolutionnaire mondiale à finalité religieuse, menée par les wahhabites de l’Etat islamique et d’Al-Qaida qui se voient comme des moudjahidines[1] et par les Frères Musulmans qui veulent, par la prédication et par une action coercitive de long terme, installer des Etats islamiques fondés sur le droit (la Charia) et les pratiques de l’Islam du temps de l’Hégire.

    Mais depuis 2012, tant à l’Elysée que sur les plateaux de télévision tout s’est passé comme si le tout Paris politique et médiatique s’était bouché les yeux et les oreilles : « Barbares, énergumènes, psychopathes, tous les qualificatifs étaient bons pour écarter la référence à la foi »[2]. Une grande partie de la classe politique de gauche et de ses maîtres penseurs qui monopolisent la parole dans les médias est responsable de la négation ou la minimisation du fait religieux. Les idéologues athées, matérialistes ou hédonistes qui sont actuellement au pouvoir ne peuvent pas comprendre que les djihadistes préfèrent « une belle mort à une belle vie » et que pour les djihadistes « la mort n’est pas un sacrifice nécessaire à la victoire, elle est la victoire même »[3]. La gauche, encore profondément marquée par Marx, la révolution libertaire de 1968 et Nietzsche, pense que Dieu est mort. Se bouchant les yeux et les oreilles pour ne pas accepter les faits, elle cherche des causes à cette « folie suicidaire » dans l’inadaptation sociale, la pauvreté économique ou une dérive à partir de la petite délinquance. Il est vrai que de nombreux dirigeants de la communauté musulmane préfèrent souvent ce discours simplificateur et erroné. Il leur évite de devoir admettre publiquement que, depuis l’Hégire, la guerre religieuse fait rage au sein même de l’Islam[4]

    Mais une partie de la droite ne fut pas de reste. Les liens particuliers qu’avait établis Nicolas Sarkozy avec l’émir du Qatar ainsi que la politique d’investissements que ce pays réalisait en France ont contribué à occulter l’importance du soutien que le Qatar apportait à l’Islam radical au travers des Frères Musulmans et de la chaine Al Jazeera international. 

    Cette évaluation erronée de la menace a conduit nos dirigeants politiques de gauche comme de droite à bâtir une stratégie d’action inefficace sur le long terme. Ils ont ainsi focalisé leurs actions sur tous les lieux de « radicalisation » : les banlieues sensibles, les prisons, Internet. Ils ont créé des centres de « dé radicalisation » qu’ils ont inondé de subventions d’Etat. Lorsqu’on en fera un vrai bilan honnête, on constatera qu’il est aussi affligeant[5] que le bilan qu’ont fait les américains de leurs centres d’entrainement des rebelles modérés en Turquie. En refusant de considérer les djihadistes comme des convertis à une déviance radicale de l’Islam, ils ont continué d’autoriser les imans salafistes et les Frères Musulmans à poursuivre leur endoctrinement, à condition toutefois qu’ils ne prononcent pas dans les médias des paroles de haine contre les Juifs ou contre l’égalité homme femme, etc. 

    Ainsi la France depuis 15 ans a conduit une stratégie qui a accru la menace au lieu de la réduire. Nicolas Sarkozy a renversé Kadhafi et François Hollande a mené une guerre en Syrie pour déstabiliser Assad. Ces actions militaires ont occasionné leur lot de dégâts collatéraux qui ont renforcé la haine de la France chez les Musulmans. 

    A l’intérieur du territoire national ils se sont contentés d’instaurer un Etat d’exception policier et judiciaire, d’organiser de grandes manifestations compassionnelles pour les victimes des attentats, de grands défilés pour rappeler les valeurs républicaines, et de créer des centres de dé radicalisation. Cette stratégie était condamnée à l’échec et je l’ai dénoncée dans mon dernier livre[6].

    Avec elle, nous ne pourrons pas venir à bout de cette menace. Tout au plus nous pourrons la rendre acceptable encore quelque temps. Ne voulant pas reconnaître que nous sommes confrontés à des convertis et non pas à des radicalisés, nos dirigeants sous-estiment le pouvoir religieux et laissent se propager cet Islam radical dans la communauté musulmane[7]

    Sans cette prise de conscience tardive du Président Macron, qui doit être suivie par des actes concernant les imams propagandistes et les lieux où ils exercent leur daw’a, tout porte à croire que nier le fait religieux déboucherait sur la fin décrite si brillamment par Michel Houellebecq dans son essai « Soumission »[8], ou alors sur une guerre civile.

    En Europe

    La question migratoire et le contrôle de ses flux doivent devenir le premier des sujets de préoccupation et d’action des instances et des chefs d’Etat européens. L’Europe-passoire qui accueille sans contrôle des flux de migrants non identifiés et dont on ne connait ni les intentions ni le niveau d’adhésion à cette déviance de l’Islam n’est plus acceptable.

    Cela passe par la renégociation des accords de Shengen et la création d’un corps de garde-frontières et de garde-côtes à la hauteur de cet enjeu afin d’être à même de résister au chantage d’Erdogan. Le rattachement et les moyens de cette organisation devront dépendre directement des chefs d’Etats européens qui en fixeront les règles. Durant le temps nécessaire à la mise en place de ces moyens nous devons fermer nos frontières, l’épidémie COVID nous en fournit le prétexte.

    Comment accepter en effet ce constat d’impuissance de Loïc Garnier, chef de l’unité de coordination de la lutte antiterroriste, estimant que 200 « revenants » de Syrie[9] sont déjà en janvier 2017 sur le territoire national parce qu’ils « sont sortis de nos radars en prenant des routes improbables » et qu’ils sont arrivés à tromper la vigilance de nos services de police.[10]

    Il s’avoue incapable d’évaluer dans cette population le nombre de ceux qui sont missionnés pour commettre des attentats ou encore de ceux qui restent à un niveau dangereux plus ou moins élevé. Evidemment cette action doit être menée aussi au niveau de la Cour européenne de justice pour signifier que la France refuse de se soumettra à ses condamnations. Et cela va arriver vite quand le gouvernement au lieu de libérer les terroristes qui arrivent en fin de peine les placera dans un centre de rétention de son propre chef ou sous la pression populaire.

    Hors d’Europe 

    Il n’est pas possible de gagner une guerre sans avoir créé le contexte international qui conditionne la victoire. Il doit être clair pour tous que le seul ennemi de la France est aujourd’hui l’Islam radical et la guerre qu’il nous mène. Sont donc également nos ennemis ceux qui n’ont pas condamné explicitement ses actes ou qui diffusent une idéologie qui les justifie. 

    Notre politique étrangère doit donc être définie en appliquant comme premier critère que nos ennemis sont aussi les Etats, les organisations publiques ou privées, terroristes ou non, les personnes qui aident de quelque façon que ce soit ces organisations ou ces cellules terroristes dont le discours et les actes permettent de les rattacher à la mouvance wahhabite, salafiste ou à celle des Frères Musulmans. Cela signifie à contrario que tous ceux qui les combattent directement ou indirectement sont « de facto » nos alliés. C’est vrai en premier lieu pour la Fédération de Russie qui est confrontée sur son sol à la même menace. Les Frères Musulmans sont interdits sur son territoire et considérés comme une organisation terroriste depuis 2003[11]. La France devra donc demander la suspension immédiate de toute sanction à son égard. C’est également vrai pour les régimes syrien et irakien, quelles que soient nos réserves sur leur fonctionnement interne.

    Il faudra aussi signifier clairement au Président Erdogan qui revendique son appartenance aux Frères Musulmans en faisant leur signe de ralliement (la Rabia) dans ses apparitions publiques que nous n’accepterons plus son double jeu. La politique néo-islamiste et pan-Ottomane qu’il déploie avec la complicité passive des Etats-Unis et de l’OTAN en Méditerranée orientale, menaçant deux pays de l’Union européenne (la Grèce et Chypre) intervenant directement en Libye et dans le Haut-Karabagh en y injectant des milliers de djihadistes et des forces spéciales, ne peut plus être tolérée. La France doit désormais durcir sa pression pour que l’Union européenne prenne des sanctions contre la Turquie et sur les Etats-Unis pour qu’elle l’exclue de l’OTAN. Nous avons un moyen de pression : c’est la menace de retrait de la France de l’organisation militaire comme l’avait fait en son temps le général de Gaulle.

    De même nous devons nous adresser fermement à l’Arabie Saoudite et au Qatar en leur demandant de prendre des mesures efficaces pour que tous leurs sujets, qu’ils appartiennent ou non à la famille princière, ainsi que les banques saoudiennes et qataries stoppent leur aide financière ou de tout autre nature à ces organisations, à leurs combattants, à leurs imans, et à la diffusion de leur daw’a. 

    Il faudra également signifier aux Etats-Unis et à nos alliés européens que nous considérerons désormais comme hostile toute action secrète qui, pour quelque raison que ce soit, apporterait une aide directe ou indirecte à ces organisations. En effet, comment un chef d’Etat ou un ministre pourrait-il à l’avenir prononcer des paroles de réconfort à des familles de victimes et les regarder dans les yeux en sachant que par son inaction ou par sa vassalisation à des intérêts qui ne sont pas ceux des français, il est co-responsable de leur malheur. L’indignité, le mensonge, le cynisme et l’indifférence affective au sommet de l’Etat ne sont plus acceptables et les Français l’ont enfin compris.

    Pour triompher de cette guerre révolutionnaire mondiale à finalité religieuse que mène l’Islam radical, il est essentiel et de mettre fin à l’évaluation erronée de la menace et des risques qu’elle fait courir à la France et à notre République et de réaliser la mise en cohérence totale de notre politique intérieure et étrangère.

    Général (2s) Jean-Bernard Pinatel (Geopragma, 26 octobre 2020)

     

    Notes :

    En arabe : combattant de la foi qui s’engage dans le Djihad

    [2]Un silence religieux, Jean Birnbaum, la gauche face au djihadisme, seuil janvier 2016

    [3]Un silence religieux, op.cit. page 2014

    [4]La division entre chiites et sunnites est apparue dès la mort du prophète et s’est encore accentuée au milieu de XVIIIème siècle avec l’apparition du wahhabisme. Comment, pour un croyant modéré, ne pas être tenté d’occulter les millions de morts musulmans que cette guerre religieuse et en particulier la daw’a mortifère, des wahhabites a entrainé parce que les islamistes radicaux considéraient ces musulmans comme des shirks, des takfirs ou des Kanaris.

    [5]http://www.marianne.net/deradicalisation-quand-amateurisme-tourne-arnaque-100245770.html

    [6]Histoire de l’Islam radical et de ceux qui s’en servent, Lavauzelle ; Mai 2017, 315 pages

    [7]En leur temps les vizirs ottomans avaient nié pendant près d’un demi-siècle tout caractère religieux aux «révoltés » du Nedj.  Ils considéraient le wahhabisme comme un discours justificatif de leurs razzias et de leurs conquêtes.

    [8]J’ai lu, 2015

    [9]Sans parler des terroristes dans nos prisons qui en fin de peine doivent être placés dans des centres de rétention et s’ils sont étrangers ou double-nationaux être expulsés de notre territoire

    [10]Le Figaro, 18/1/2017 page 2.

    [11]. C’est aussi le cas en Egypte, en Cisjordanie et en Syrie où les Frères Musulmans ont toujours eu une branche armée secrète et ont commis des centaines d’attentats notamment contre Israël

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  • Islamisme : séparatisme ou recherche de l'hégémonie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque, notamment, la volonté affichée par le président de la République de lutter contre le séparatisme islamique. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019) et La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Alain de Benoist : « Emmanuel Macron se berce d’illusions sur le séparatisme islamiste ! »

    Avec son discours des Mureaux, et son intention d’afficher d’engager la lutte contre le « séparatisme islamique », semble avoir découvert des réalités qu’il ne voyait pas auparavant. Est-ce à mettre à son crédit ? Peut-on dire qu’il est en train de reprendre la main ?

    Macron a beaucoup de défauts, mais il n’est pas totalement idiot. Il y a certainement beaucoup de choses dont il s’est rendu compte depuis le début de son mandat, et surtout il a mesuré les attentes de l’opinion sur certains sujets. Cela dit, je ne crois pas un instant que ses déclarations des Mureaux vont lui permettre de reprendre la main. Au départ, il y a déjà un problème de vocabulaire. Le mot « séparatisme » est généralement synonyme d’« indépendantisme ». Or, les islamistes ne veulent nullement se séparer territorialement de la France. Ce qu’ils veulent, c’est y instaurer une contre-société conforme à leurs croyances à leurs mœurs, et l’étendre autant qu’il est possible, ce qui n’est pas la même chose. N’oublions pas qu’en France, c’est l’État qui est laïc, pas la société. L’islamisme vise la société civile pour y établir une hégémonie culturelle. Il a d’autant moins de mal à la viser que l’État libéral fait de la laïcité un principe de dépolitisation, ce qui fait que les pouvoirs publics se retrouvent impuissants face à une influence métapolitique. On a longtemps cru que l’intégration était seulement une affaire politique, économique et sociale. On a oublié le paradigme civilisationnel.

    Macron n’a pas la même attitude vis-à-vis de tous les séparatismes. Il condamne le séparatisme corse ou le séparatisme catalan, mais il accepte de soumettre à référendum les exigences des séparatistes kanaks. Il encourage même le séparatisme à Hong Kong ou au . En France, en parlant de « séparatisme », il vise en fait le « communautarisme » – les « appartenances communautaires militantes », comme disait Luc Ferry lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale –, terme qui n’est pas moins équivoque. Mais comme il veut aussi « construire un islam des Lumières dans notre pays » (l’espoir fait vivre), il se garde bien de s’en prendre à l’islamisme tout court. Macron dit que son projet « a vocation à faire le lien entre l’insécurité liée au terrorisme et l’insécurité du quotidien ». Mais cette « insécurité au quotidien, à quoi est-elle liée ? » Le chef de l’État n’a même pas prononcé le mot « immigration », ce qui montre qu’il n’a nulle intention de s’attaquer aux causes profondes de de ce qu’il dénonce. S’il le faisait, il sait d’ailleurs très bien qu’il se heurterait immédiatement au veto des juges constitutionnels et de ceux de la Cour européenne des droits de l’homme.

    Le politologue Frédéric Saint Clair dit très justement que « le rôle de la République n’est pas de distinguer le bon islam du mauvais islam, ou de faciliter l’émergence d’un islam des Lumières. C’est aux musulmans de le faire, s’ils le souhaitent. La République, elle, doit définir le cadre politique et culturel de la nation ». Il est tout à fait douteux qu’on y parvienne en favorisant l’enseignement de l’arabe dans les jeunes classes, en s’en prenant indistinctement aux écoles hors-contrat (catholiques incluses), ou en remettant en cause les prérogatives familiales en matière d’éducation à domicile. Il est tout aussi maladroit de s’en prendre à ceux qui pensent qu’il existe des lois « supérieures à celles de la République » : pour les chrétiens, qui placent la « loi naturelle » au-dessus de la loi civile, l’avortement ne saurait être légitime au seul motif qu’il est devenu légal. Pour l’instant, on en est aux effets d’annonce. Il y aura quelques mesures plus contraignantes prises ici et là. Mais on n’ira pas plus loin.

    Macron semble aussi se rendre compte que la France est cruellement absente sur la scène internationale. En Europe, il n’a pratiquement enregistré que des échecs ? Est-ce la raison pour laquelle il tente de façon voyante de « sauver le Liban », sans oublier le soutien qu’il apporte aux opposants de Loukachenko, le président de la Biélorussie ?

    Ici, c’est la naïveté du chef de l’État qui apparaît stupéfiante. Prenons l’exemple du Liban qui, aujourd’hui, se trouve effectivement au bord du gouffre. Le Liban est un beau pays, avec lequel la France entretient depuis longtemps des liens privilégiés. Mais c’est aussi un pays qui, quasiment depuis sa naissance, en 1920, est divisé entre des clans rivaux, qui sont tous sans exception (à l’exception notable du Hezbollah) objectivement dirigés par des trafiquants ou des mafieux. S’imaginer qu’on va remettre de l’ordre dans tout cela en incitant ingénument les Libanais à adopter de bonnes règles de « gouvernance » à l’occidentale revient, non seulement à les humilier publiquement, ce qui n’est jamais recommandé au Proche-Orient, mais aussi à prêter aux intéressés un comportement rationnel qui est aux antipodes des règles qui régissent dans ce pays les relations religieuses, sociales et politiques des familles et des clans.

    La France est pareillement démunie devant la Turquie d’Erdogan, qui joue les matamores en Méditerranée, intervient militairement en Libye, combat les Kurdes en Syrie, viole la souveraineté terrestre et maritime de la Grèce et de Chypre. Elle l’est d’autant plus qu’elle ne peut compter ni sur la diplomatie européenne, qui a toujours été inexistante, ni sur l’Allemagne, qui est l’otage de sa minorité turque, ni sur l’OTAN, dont la Turquie est membre. Là encore, face à l’islamo-nationalisme turc, l’État français en est réduit à une pure agitation.

    Macron ne connaît en fait de l’intérieur aucun des grands dossiers internationaux dans lesquels il tente de s’immiscer pour redorer son blason. Le contraste est frappant avec Poutine. La Russie joue déjà au Proche-Orient le rôle déterminant que l’on sait. C’est sous son égide que l’avenir de Loukachenko va se déterminer. Et c’est aussi à l’initiative de Poutine qu’il y a quelque chance de voir l’Azerbaïdjan (aujourd’hui soutenu à la fois par la Turquie et par Israël) et l’Arménie parvenir à un quelconque modus vivendi. Macron, lui, a son avenir derrière lui.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 octobre 2020)

     

     

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  • La désintégration ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré à l'assassinat islamiste de Conflans vu comme un symptome de la désintégration accélérée de notre pays. Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014).

     

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    La désintégration

    La décapitation d’un professeur d’histoire à Conflans n’est que dans la continuité d’une longue série d’attentats en cours depuis 2012. M. Paty est la 263e victime de l’islamisme. La vague se poursuit, inexorablement. Ceux qui n’ont pas la mémoire courte le savent. A chaque fois, les réactions de la société politico-médiatique française sont strictement identiques: hystérie de quelques jours, indignation furibonde, hommages solennels, marches blanches, bouquets de fleurs, grandiloquence, coups de menton, annonces spectaculaires, toujours les mêmes, expulsions, fermetures , interdictions, etc. Et toujours le même discours: « Cette fois, plus jamais pareil! » Mais rien n’y fait, la tragédie continue.

    Essayer de prendre de la hauteur, de resituer la vague sanguinaire dans son contexte historique. La France est sur la pente d’une désintégration accélérée. Les fanfaronnades de ses dirigeants, de gouvernement en gouvernement, ne doivent leurrer personne. L’Etat est débordé par la violence qui se déchaîne partout. Les flux migratoires en hausse fulgurante (asile, titres de séjour) échappent à son contrôle. Le territoire se morcelle en enclaves étrangères et se hérisse de frontières intérieures. L’école au centre de la tragédie, confrontée au chaos, n’assure plus correctement la transmission du savoir et de l’intelligence, produisant une génération en déshérence. La nature ayant horreur du vide, l’idéologie islamiste s’engouffre dans l’espace laissé vacant par la culture française. L’explosion de la dette publique (120% du PIB), est la mesure de l’impéritie et de l’incapacité des gestionnaires de la chose publique. Les principes et les repères de la nation achèvent de voler en éclat, tels que la solidarité nationale (avec 9 millions de pauvres). Amalgame? Non, tout ceci procède d’une même faillite de long terme.

    La France, au prise d’une vertigineuse poussée de l’inculture et de la bêtise, est privée de boussole, à l’image d’un bateau ivre: où est le bien, où est le mal? Les déclarations de ses plus hauts dirigeants prônent le haine de soi, la culpabilité et la repentance. La suppression emblématique de la figure paternelle à travers la « PMA sans père » n’est pas le moindre aspect de cette œuvre de destruction des repères. Les scandales, l’arrogance et le mépris du peuple sont au cœur de la décomposition. Bref, la France se désagrège, se dissout dans la médiocrité, prend l’eau de toute part et le meurtre horrible de M. Paty n’est qu’une étape supplémentaire dans ce désastre.  Aucune gesticulation, aucune pitrerie ne doit entretenir l’illusion. Remède miracle? Il n’en existe que pour les imbéciles. C’est au prix d’un changement radical de perspective et d’un effort de plusieurs décennies, peut-être de plusieurs générations, qu’un début de redressement est envisageable. Il passe à la base, par une prise de conscience, un retour à l’intelligence collective, mais nous en sommes bien loin et la pente tragique se poursuit.

    Maxime Tandonnet (Blog personnel de Maxime Tandonnet, 20 octobre 2020)

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  • Les snipers de la semaine... (206)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site de la revue Éléments, Xavier Eman dézingue le concours Lépine de la réaction niaise ou grotesque qui s'est à nouveau ouvert après le sauvage assassinat islamiste de Conflans...

    En attendant le prochain massacre… sans haine ni amalgame

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    - sur son site, l'Observatoire du journalisme allume le gouvernement qui, tirant prétexte de l'utilisation des réseaux sociaux par certains protagonistes de l'assassinat islamiste de Conflans, veut relancer la loi Avia...

    Au secours, la loi Avia revient !

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    Au secours, la loi Avia revient !
    Au secours, la loi Avia revient !
    Au secours, la loi Avia revient !
    Au secours, la loi Avia revient !
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  • Feu sur la désinformation... (302)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias, présentée cette semaine par Michel Geoffroy et Nicolas Faure.

    Au sommaire:

    • 1 : L’image de la semaine
      Des images, évidemment presque pas diffusées par les médias dominants, montrent que certains « jeunes » semblent peu enclins à la compassion après l’assassinat de Samuel Paty par un migrant islamiste.
    • 2 : Islamisme : la prise de conscience médiatique ?
      Si certains médias persistent à vouloir minorer la dangerosité de la menace islamiste ou bien à détourner l’attention en attaquant les catholiques, il semble y avoir une prise de conscience générale au sein des médias français.
    • 3 : Revue de presse
    • 4 : Retour de la censure et perspectives
      Profitant du drame, certains voudraient remettre sur le devant de la scène la loi Avia. Pour clore l’émission, Michel Geoffroy reviendra sur les perspectives liées à ce timide début de prise de conscience générale.

     

                              

     

     

     

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  • Séparatisme, le mot qui ne veut rien dire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Boisguilbert, cueilli sur Polémia et consacré au discours du président de la République sur le séparatisme, prononcé au Mureaux le 2 octobre.

     

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    Séparatisme, le mot qui ne veut rien dire

    Le 2 octobre, le président Macron a dévoilé son plan contre le séparatisme. Le séparatisme, ce serait l’islamisme. Mais, alors, pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi pas une loi contre l’islamisme ? Tout simplement par peur d’être taxé d’islamophobie, enfant adultérin du racisme.

    On va donc une fois de plus noyer le poisson. On va faire de l’amalgame, le pas d’amalgame est à géométrie variable. On parlera peut-être de séparatisme corse mais certainement pas du kanak, pourtant d’actualité. On va surtout fustiger celui de prétendus suprématistes blancs car, en France, certains rêveraient d’un « Orania » comme en Afrique du Sud. C’est bien sûr ridicule. L’islamisme, qu’il ne faut jamais confondre avec les gentils islamiques, des musulmans sans problèmes, eux, serait donc un séparatisme parmi d’autres. Mais l’islamisme est-il un séparatisme ? Cela se discute. Certes, les islamistes sont séparatistes car ils veulent vivre hors la république en appliquant les lois de la charia. Mais ce n’est pas un aboutissement comme le serait l’indépendance de la Bretagne. Ce n’est qu’une étape. L’islam ne veut pas se séparer du monde, il veut le dominer et imposer par là même la vraie foi aux mécréants. Le but final n’est donc pas le séparatisme mais la domination du pays et la soumission de sa population aux lois islamiques ou islamistes — on ne sait plus bien, sauf qu’au final c’est la même chose.

    L’islam ne veut pas faire sécession mais dominer

    Ainsi le séparatisme basque est une revendication d’indépendance. Pour le moment, la Seine-Saint-Denis ne veut pas se séparer territorialement de la république. La séparation de l’église et de l’état- pilier de notre laïcité- n’a jamais été un séparatisme. Les catholiques réfractaires et persécutés n’ont jamais voulu créer un Etat ni refuser les lois de la république, pas plus que les juifs et les protestants.

    Il y a eu des tentatives séparatistes cependant pendant les guerres de religion dont on se souvient vaguement, avec le siège de La Rochelle par Richelieu. Mais il faut bien voir que le rétablissement du pouvoir royal partout dans le royaume contre le séparatisme huguenot a été la conséquence d’une suite de massacres. C’était la guerre civile et religieuse Les huguenots se réunissent à La Rochelle le 25 décembre 1620. Lors de cette assemblée générale, la décision a été prise de résister par la force à la menace royale et d’établir un « État dans l’État ». La République protestante fut partagée en huit cercles ayant chacun son conseil provincial, ses finances, son armée et son chef militaire, sous la direction du duc de Rohan. Macron n’envisage pas pour le moment de campagnes militaires contre les territoires perdus de la république.

    Mais sur cette ambigüité du séparatisme, sur la grosse subtilité sémantique, le président joue gros. L’opinion ne l’attend pas sur un assaut contre un « camp des saints fictifs » mais contre le danger d’islamisation du pays par un mouvement religieux et politique. Le projet de loi contre les séparatismes, qui doit être présenté cet automne et adopté début 2021, constituera à la fois le premier et le dernier test grandeur nature en matière de régalien pour l’exécutif. « Le texte a vocation à faire le lien entre l’insécurité liée au terrorisme et l’insécurité du quotidien. Ne pas répondre à cette demande sociale qui s’exprime, ce serait une erreur politique», esquisse un conseiller de l’exécutif cité par Le Figaro. La République indivisible n’admet aucune aventure séparatiste”, a déclaré Emmanuel Macron. La criminalité au quotidien n’est pas un séparatisme. Macron n’a donc aucune chance de s’en tirer. Il a choisi un mauvais mot, faute d’oser utiliser le bon. Le vrai séparatisme c’est celui entre le peuple français et ses dirigeants traitres à notre identité historique.

    Pierre Boisguilbert (Polémia, 03 octobre 2020)

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