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délinquance

  • Criminalité : mensonge et trahison du pouvoir...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 29 octobre 2022 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Xavier Raufer, pour revenir sur les mensonges et l’incurie du pouvoir en place face à la montée de la violence et de la criminalité...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

                                             

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  • Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Paul Tormenen, cueilli sur Polémia et consacré à la délinquance étrangère en France.

     

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    Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur

    Les médias ont récemment braqué leurs projecteurs sur des faits divers, parfois tragiques, impliquant des étrangers présents en France, légalement ou non. Pour prendre la mesure quantitative de la délinquance étrangère dans notre pays, force est de constater que les statistiques disponibles sont à bien des égards insuffisantes. À la suite d’autres parlementaires et leaders politiques, la sénatrice Valérie Boyer a, il y a quelques jours, interpellé le gouvernement afin d’obtenir davantage d’informations à ce sujet. Dans l’attente d’une hypothétique réponse, il faut se contenter de l’existant. Le présent article recense quelques données chiffrées officielles disponibles, et, parfois, leurs limites.

    Immigré ou étranger ?

    Les statistiques présentées ci-après ne concernent pas les immigrés au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration : est un immigré une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France (1). Les chiffres retenus ne concernent en effet que les personnes de nationalité étrangère présentes en France. Seules des statistiques ethniques permettraient d’appréhender la délinquance parmi la population immigrée au sens de la définition du Haut Conseil à l’intégration, ou au sens plus large qui a cours notamment aux Pays-Bas (personne née de parents d’origine étrangère) (2).

    Les statistiques officielles, un prisme réducteur

    Il est tout aussi important de souligner que les statistiques officielles que nous présentons ne concernent que le nombre de personnes mises en cause, condamnées et écrouées. Elles ne rendent compte qu’imparfaitement de l’ampleur de la délinquance en France, qu’elle soit le fait de Français ou d’étrangers. En effet, de nombreux délits ne sont pas connus des forces de sécurité, et, quand ils le sont, tous ne sont pas élucidés. Seule la partie émergée de l’iceberg est donc présentée.

    Les étrangers parmi les personnes mises en cause en 2021

    Le ministère de l’Intérieur publie chaque année un bilan sur l’insécurité et la délinquance. Ce document comptabilise les procédures relatives aux infractions pénales enregistrées par les services de police et les unités de gendarmerie avant leur transmission à l’autorité judiciaire. La mise en cause pénale ne se traduit pas forcément par une condamnation. L’autorité judiciaire peut par la suite requalifier les infractions et, si la procédure va jusqu’à l’audiencement au tribunal, relaxer ou condamner les personnes mises en cause.

    Selon l’INSEE, les étrangers vivant en France représentaient « officiellement » 7,7 % de la population française en 2021 (3). Cette même année, le bilan établi par le ministère de l’Intérieur fait ressortir que les étrangers ont été fréquemment surreprésentés parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits (4) :

    Les étrangers présents en France ont représenté en 2021 :

    • 13 % des mis en cause pour violences sexuelles ;
    • 16 % des mis en cause pour coups et blessures volontaires ;
    • 18 % des mis en cause pour homicide ;
    • 22 % des mis en cause pour vols avec arme ;
    • 23 % des mis en cause pour escroquerie ;
    • 31 % des mis en cause pour vols sans violence contre des personnes ;
    • 35 % des mis en cause pour vols violents sans arme ;
    • 40 % des mis en cause pour cambriolages de logements.

    Les dernières informations relatives à l’origine géographique des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit produites par l’INSEE remontent à 2019. Celles-ci font apparaître que 37,6 % des étrangers mis en cause pour un crime ou un délit cette année-là étaient issus du Maghreb, 20,6 % étant issus d’autres pays africains (5).

    Les vols et violences enregistrés dans les transports en commun

    Le service statistique du ministère de l’Intérieur recense périodiquement le nombre de personnes mises en cause pour vol et/ou violence dans les transports en commun (6). Le bulletin de septembre 2022 d’Interstats fait ressortir qu’en 2021 :

    • les étrangers représentaient 74 % des mis en cause pour vols sans violence et 50 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun hors Île-de-France ;
    • les étrangers représentaient 93 % des mis en cause pour vols sans violence et 81 % des mis en cause pour vols avec violence dans les réseaux de transport en commun en Île-de-France.

    Les ressortissants des pays du Maghreb sont les plus représentés parmi les étrangers mis en cause pour ces infractions, dans une proportion oscillant entre 39 % (vols avec violence hors IDF) et 68 % (vols avec violence en IDF).

    La délinquance des mineurs non accompagnés

    Deux parlementaires ont rendu public en mars 2021 un rapport d’information sur « les problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés » (MNA) (7). Les rapporteurs de la mission d’information soulignent l’absence de statistiques nationales sur la délinquance des MNA. Des auditions et le recueil d’informations glanées ponctuellement leur ont toutefois permis de dresser une tendance : les faits de délinquance de MNA augmentent fortement depuis quelques années.

    Le document contient notamment les informations suivantes.

    Le nombre de MNA déférés au parquet de Paris est passé de 1 557 en 2015 à 2 958 en 2019, soit une progression de + 7 %. Dans le périmètre de la préfecture de police de Paris, le nombre de MNA mis en cause n’a jamais été aussi important qu’en 2020 en nombre (5 046) et en proportion (11 % du total des mis en cause). Les actes délictueux seraient de plus en plus souvent commis avec violence.

    En province, à défaut de données statistiques nationales, les rapporteurs ont obtenu des informations de responsables départementaux de la sécurité publique. Ainsi, dans le département de la Gironde, « 23 % des mis en cause mineurs étaient MNA en 2018, contre plus de 40 % en 2020 ».

    Les condamnations

    Les informations les plus récentes du ministère de la Justice relatives au nombre de condamnations selon la nationalité et la nature des infractions concernent l’année 2020 (8). Celles-ci font ressortir les éléments suivants :

    • 305 condamnations ont été prononcées du chef d’une infraction criminelle (homicide, coup et violence, viol, etc.) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 17,64 % du total des condamnations (1 732). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour une infraction criminelle sont la nationalité algérienne (54) et marocaine (36).
    • 72 750 condamnations ont été prononcées du chef d’un délit (vols, escroquerie, destruction, dégradation) à l’encontre d’étrangers en 2020, soit 18,72 % du total des condamnations (463 445). Les nationalités les plus représentées parmi les personnes étrangères condamnées pour un délit sont la nationalité algérienne (12 934), marocaine (8 368) et tunisienne (5 503).

    Les personnes écrouées en France

    Le ministère de la Justice publie chaque trimestre des statistiques sur les personnes écrouées en France (9). Il est important de signaler qu’écroué ne veut pas systématiquement dire condamné. Le bureau de la donnée de l’administration pénitentiaire précise à ce sujet qu’« est écrouée toute personne ayant fait l’objet d’une mise sous écrou. L’écrou est l’acte par lequel est établie la prise en charge par l’administration pénitentiaire des personnes placées en détention provisoire ou condamnées à une peine privative de liberté ». Le placement sous écrou peut se traduire par une autre mesure que la détention, comme le placement sous surveillance électronique ou le placement à l’extérieur sans hébergement.

    Les étrangers représentaient en octobre 2021 (derniers chiffres disponibles) 24,9 % des personnes écrouées et détenues. Les Africains représentaient 56,9 % des étrangers écroués et détenus, les Algériens 20,2 %, les Marocains 12,9 % et les Tunisiens 6,5 %.

    Ces différents chiffres montrent donc indéniablement une surreprésentation des étrangers parmi les personnes mises en cause pour certains crimes et délits, parmi les personnes condamnées et parmi les personnes écrouées.

    Paul Tormenen (Polémia, 25 octobre 2022)

     

    Notes :

    (1) Immigré. Définition. Site de l’INSEE.
    (2) Michèle Tribalat. Assimilation : la fin du modèle français. Ed. du Toucan. 2013.
    (3) Population immigrée et étrangère en France. Données annuelles de 1921 à 2021. INSEE.
    (4) « Insécurité et délinquance : bilan statistique 2021 ». Ministère de l’Intérieur.
    (5) « Sécurité et société ». Auteurs des mis en cause par la police et la gendarmerie selon la nationalité. Année 2019. INSEE.
    (6) « Les vols et violences enregistrés dans les réseaux de transports en commun en 2021 ». Interstats Analyse n° 48.
    (7) « Problématiques de sécurité associées à la présence sur le territoire de mineurs non accompagnés ». Mission d’information. Jean-François Eliaou et Antoine Savignat. Assemblée nationale. Mars 2021.
    (8) Nombre de condamnations selon la nationalité des condamnés et selon la nature de l’infraction. Ministère de la Justice. 21 décembre 2021.
    (9) Statistique trimestrielle des personnes écrouées en France. Situation au 1er octobre 2021.

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  • Quand l'insécurité explose dans les campagnes...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'explosion de la délinquance en milieu rural...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014), Le crime mondialisé (Cerf, 2019)  et, tout récemment, A qui profite le djihad ? (Cerf, 2021).

     

                                              

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  • Macron : entre anarchie et dictature...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous Le samedi politique de TV Libertés, diffusé le 11 juin 2022 et présenté par Élise Blaise, qui recevait Xavier Raufer, pour revenir sur la situation sécuritaire alarmante de notre pays, qui s’aggrave au fil du temps, alors que jamais la déconnexion des élites n'a été aussi flagrante...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

                                    

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  • Un ministre de l'intérieur impuissant face à la délinquance...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'impuissance du ministre de l'intérieur face à la délinquance...

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014), Le crime mondialisé (Cerf, 2019)  et, tout récemment, A qui profite le djihad ? (Cerf, 2021).

     

                                           

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  • Insécurité: les chiffres ne disent pas tout !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre-Marie Sève, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la question de l'insécurité. L'auteur est délégué général de l’Institut pour la Justice.

     

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    Insécurité: les chiffres ne disent pas tout

    Le 1er septembre dernier, au micro d’Europe 1, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a réfuté la notion «d’ensauvagement» en expliquant que celle-ci développait «le sentiment d’insécurité», qui est «pire que l’insécurité». «L’insécurité, il faut la combattre, le sentiment d’insécurité, c’est plus difficile car c’est de l’ordre du fantasme». Il a terminé en expliquant que ce «sentiment» était nourri par «les difficultés économiques», «certains médias» mais aussi «le discours populiste».

    Pour ne pas employer un terme polémique - l’ensauvagement - le garde des Sceaux a utilisé une expression tout aussi polémique - le sentiment d’insécurité - qui n’a d’ailleurs pas manqué de susciter des réactions passionnées.

    La passe d’armes autour de ces termes entre le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice n’a rien d’anodine, et le choix des mots est devenu un marqueur politique.

    D’un côté, la notion de «sentiment d’insécurité» est utilisée pour minimiser, voire discréditer, les préoccupations du public au sujet de la montée de la délinquance. Les Français auraient le «sentiment» que leur sécurité se dégrade, mais ce «sentiment» ne serait pas corroboré par les statistiques de la délinquance, les sacro-saints chiffres! Ce sentiment serait donc de l’ordre du «fantasme», comme le dit Éric Dupond-Moretti, et le travail des pouvoirs publics serait alors d’expliquer aux Français en quoi cette peur est infondée.

    De l’autre côté, ceux qui pensent que l’insécurité augmente rejettent l’expression de «sentiment d’insécurité» et scrutent les statistiques, les contorsionnant parfois au passage, pour qu’ils confirment la réalité de l’ensauvagement.

    Dans les deux camps, tout le monde considère donc, implicitement ou explicitement, que les statistiques de la délinquance sont l’arbitre ultime en matière de sécurité. Or, et nous allons le démontrer, les chiffres ont des limites, qui, en matière d’insécurité peuvent réellement changer la donne. En effet, certains des aspects les plus importants du phénomène de l’insécurité ne se laissent pas appréhender par les chiffres.

    Nous ne devons ni négliger les statistiques ni nous arrêter à elles si nous voulons avoir une image fidèle de la réalité. Commençons donc par examiner très rapidement ce que nous disent les statistiques de la délinquance, avant d’expliquer en quoi elles sont insuffisantes.

    Il est incontestable que le nombre de crimes et délits, rapporté à la population, a très fortement augmenté entre la deuxième moitié des années 1960 et le milieu des années 1980. Entre 1964 et 1984, le taux de criminalité passe en effet de 13,54 pour mille à 67,14 pour mille. Depuis, ce taux fluctue tout en restant à un niveau très élevé, aux alentours de 60 à 70 pour mille. Si ces grands agrégats statistiques restent des ordres de grandeur, la hausse est néanmoins trop forte, trop longue et trop durable pour ne pas être considérée comme un changement majeur. Cette augmentation spectaculaire de la délinquance à partir des années 1960 a de plus été constatée dans un grand nombre de pays occidentaux, ce qui corrobore cette analyse.

    En constatant la stabilité relative des chiffres depuis 1980, on pourrait relativiser la notion d’ensauvagement récent. Mais le fait que le taux global de criminalité paraisse relativement stable depuis la fin des années 1980 signifie-t-il que la situation a cessé de se dégrader? Ce serait une grave erreur que de tirer une telle conclusion.

    Tout d’abord, il y a des évolutions structurelles de la délinquance. On constate notamment une diminution de la part des vols dans la criminalité globale, et une augmentation de la part des atteintes aux personnes, notamment chez les mineurs délinquants. Cette augmentation a été particulièrement marquée ces dernières années, tant en ce qui concerne les homicides et tentatives d’homicides que les coups et blessures volontaires. En considérant que l’ensauvagement concerne les actes les plus traumatisants, l’augmentation des violences par les mineurs y participerait certainement.

    D’autre part, il faut lire, dans la stagnation du nombre d’actes enregistrés, la baisse de la confiance de la population dans l’appareil judiciaire et ainsi subséquemment, les précautions prises par celle-ci dans sa vie quotidienne. Une hausse forte et durable de la délinquance, comme celle qui a eu lieu depuis les années 1960, a logiquement eu pour résultat une détérioration de cette confiance.

    Première conséquence: le taux de plainte a diminué, puisque de plus en plus de gens parviennent à la conclusion que «ça ne sert à rien». Les effectifs et les moyens de la police ne s’étant pas multipliés au même rythme que la délinquance (le ministère de l’Intérieur n’a pas multiplié par 5 la taille de ses bureaux en 20 ans), le nombre de plaintes pouvant être géré est resté lui aussi limité.

    Seconde conséquence: la population s’est adaptée à la nouvelle réalité. C’est cette conséquence qui explique que la culture ambiante des années 1960 voulait qu’on ne ferme pas sa voiture à clé, qu’on laisse les clés sur le contact en allant acheter du pain, que personne n’ait de système d’alarme chez soi, alors qu’aujourd’hui, les voitures sont des forteresses roulantes, chacun a intériorisé le fait de surveiller son sac à main, on se méfie des gens dans le métro qui ont les mains baladeuses, etc...

    Autrement dit, une hausse forte et durable de la délinquance est normalement suivie d’une phase en plateau, la cause de cette stabilité est l’adaptation de la population à une situation dégradée et non pas une stabilisation réelle.

    Enfin, Il faut admettre que le niveau absolu de la délinquance n’est pas le cœur du problème dans le débat sur l’insécurité. Le cœur du débat se situe sur le terrain moral.

    Plus précisément, la plainte au sujet de la montée de l’insécurité trouve sa source principale dans la perception que la délinquance est hors de contrôle ou est en train d’échapper à tout contrôle. Cette perception se fonde sur trois constats: la montée des incivilités, la croissance des «violences urbaines» et enfin, la justice, et plus largement les autorités publiques, ne traitent plus le crime comme elles le devraient.

    Chacun de ces points mériterait de longs développements. Penchons-nous simplement sur le dernier.

    En réalité, le grand public n’attend pas uniquement une réponse de diminution effective et réelle de la criminalité, mais également une réponse morale.

    Autrement dit, il attend que les autorités enlèvent les criminels des rues, mais aussi qu’elles donnent sa juste place au crime: au ban de la société. Qu’elles marquent nettement la différence qui existe entre le criminel et l’honnête homme, l’agresseur et la victime. Le crime doit valoir à son auteur un châtiment proportionné à sa gravité et le châtiment doit être prononcé et administré avec solennité. Le système doit également être prévisible: son fonctionnement doit être compréhensible par l’homme du commun, et ce que disent les autorités doit être fait.

    Or, le système pénal français ne répond plus à cette demande depuis des décennies. Aujourd’hui, dans la justice française, tout est fait pour envoyer les délinquants en prison le plus tard possible et le moins longtemps possible. Les peines exécutées n’ont plus qu’un lointain rapport avec les peines prononcées.

    Tous les Français constatent, année après année, que les magistrats font preuve de grande clémence à l’égard de délinquants endurcis. Ils constatent, année après année, qu’une partie des intellectuels, des universitaires, des hommes politiques tiennent un discours contestant la montée de la délinquance pourtant ressentie par tous, et discréditant même parfois ceux qui tentent de tirer la sonnette d’alarme - souvenons-nous du «mur des cons» sur lequel était notamment épinglé mon prédécesseur à l’IPJ, Xavier Bébin, aux côtés de parents de victimes ...

    Ils constatent que ceux qui ne manquent pas de verve pour critiquer les forces de l’ordre, la justice ou la prison, paraissent en revanche trouver beaucoup d’excuses aux délinquants forcément dominés, opprimés, victimes du racisme de l’État ou de la société française. Ils constatent, car il est impossible de ne pas le constater, que «la culture de l’excuse» est très présente non seulement dans les médias mais aussi au sein de l’État, parmi ceux dont la mission est de combattre le crime. Et inévitablement, ces constatations engendrent une inquiétude légitime.

    Éric Dupond-Moretti se trompe donc doublement: le sentiment d’insécurité n’est pas un fantasme, il est la conséquence d’une correcte perception de la réalité. Et ce qui alimente en priorité ce sentiment, ce n’est pas le «discours populiste» mais des déclarations comme les siennes.

    Pierre-Marie Sève (Figaro Vox, 15 septembre 2020)

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