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colonisation - Page 5

  • Immigration, Islam : quelles solutions pour sortir de l'impasse...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de Laurent Ozon, consacrée à la question de l'immigration, dans le cadre d'une conférence organisée à Nice par Egalité et Réconciliation et Les Non-Alignés.

     

    Vous pouvez également regarder ici l'intervention d'Albert Ali et les réponses des intervenants aux questions du public.

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  • Les droits de l'homme, nouveau colonialisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Nicolas Gauthier et publié sur Boulevard Voltaire. Alain de Benoist y évoque les droits de l'homme et la question de l'identité...

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    Les droits de l'homme, nouveau colonialisme ?

    L’Europe a rompu avec sa tradition colonisatrice pour ensuite verser dans un tiers-mondisme lacrymal. Aujourd’hui, à l’heure de la « repentance », on a l’impression que les néo-évangélistes des droits de l’homme ont remplacé les Pères blancs de jadis. Éternel retour ?

    Au XIXe siècle, la colonisation fut le fait de ceux qu’on a appelés les « trois M » : les militaires, les missionnaires et les marchands. Les marchands se sont souvent enrichis, ce qui n’a pas été le cas de l’État (la colonisation a toujours coûté plus cher à la métropole qu’elle ne lui a rapporté). Les missionnaires n’ont pas trop mal réussi, puisque les deux tiers des catholiques de la planète sont aujourd’hui des habitants du tiers monde. Les militaires livrent désormais des guerres d’agression rebaptisées « interventions humanitaires » ou « opérations de police internationale ». Quant à la repentance, elle devrait en toute logique être surtout pratiquée dans les milieux de gauche puisque, à l’époque de Jules Ferry, le colonialisme était clairement une idéologie de la gauche laïque : au nom de l’universalisme du progrès, il s’agissait d’aider les « races inférieures » à combler leur « retard » en les faisant accéder aux « révélations des Lumières ».

    Mais chacun sait bien que la colonisation peut revêtir des formes très diverses : politique, économique, technologique, culturelle, idéologique, etc. De ce point de vue, il n’y a aujourd’hui plus guère de pays qui puissent se dire indépendants. La colonisation, enfin, est un terme qui se rapporte en toute rigueur au peuplement, et non à la conquête. La France n’y a procédé qu’en deux occasions : en Algérie (avec conquête) et au Québec (sans conquête). Savez-vous qu’à l’apogée de l’Empire français, l’Algérie mise à part, il n’y a jamais eu plus de 500.000 Français vivant dans les colonies ? Aujourd’hui, les populations originaires de notre ancien empire colonial comptent en France plus de six millions de personnes, naturalisés compris, soit douze fois plus. Ce contraste numérique remet certaines choses en place.

    Dans votre livre « Au-delà des droits de l’homme », vous assurez qu’il ne s’agit que d’un néocolonialisme n’osant pas dire son nom. D’où, chez nous, cet amour de « l’Autre », porté aux nues dès lors qu’il cherche à nous ressembler, mais détestable lorsque persistant à revendiquer son propre modèle…

    Depuis qu’il s’est converti à l’universalisme, l’Occident a toujours regardé ses valeurs spécifiques comme des valeurs « universelles », qu’il se trouvait dès lors légitimé à imposer au monde entier. Dans le tiers monde, on a d’abord voulu faire adorer le « vrai Dieu » (unique, bien sûr), après quoi on a prétendu apporter la « civilisation », le « progrès », la « démocratie » et le « développement ». L’idéologie des droits de l’homme n’échappe pas à la règle. Alors qu’elle est historiquement et géographiquement parfaitement située, elle prétend chapitrer la planète au nom d’un homme abstrait, d’un homme de partout et de nulle part. Les États-Unis en sont tout naturellement les premiers champions puisque, pour eux, les Africains ne sont que des Occidentaux à la peau noire, et les Européens des populations américanisables parlant (provisoirement) une langue étrangère. C’est ce qui explique leurs déboires en politique internationale. Le monde ne sera compréhensible pour eux que lorsqu’il aura été totalement américanisé.

    C’est en raison de leur universalisme que les Occidentaux ont autant de mal à comprendre (et à admettre) l’altérité. Leur conviction profonde consiste à penser ou à croire que les différences entre les cultures et les peuples sont transitoires, secondaires, solubles dans le folklore ou franchement nuisibles. En d’autres termes, ils n’admettent « l’Autre » que dans la mesure où ils croient pouvoir démontrer que « l’Autre » est « comme tous les autres », c’est-à-dire qu’il est en fait le « Même ». Un certain égalitarisme, qui fait de l’égalité le synonyme de la « mêmeté », pousse dans ce sens. C’est une autre forme de racisme : faute de faire disparaître les différents, on dévalue les différences (entre les peuples comme entre les sexes) en les tenant pour illusoires ou négligeables. L’universalisme politique, la revendication d’un « droit à l’indifférence » et l’idéologie du genre confluent dans cette même aspiration à l’indifférenciation, qui n’est au fond qu’un désir de mort.

    Syndrome du shah d’Iran ou de Kemal Atatürk : obliger ses compatriotes à adopter une culture étrangère… Dans le même temps, nombre de Français sont quotidiennement confrontés à une présence de plus en plus massives d’immigrés de confession musulmane et de culture maghrébine. Comment conserver sa culture ?

    Je n’ignore bien sûr aucune des pathologies sociales nées de l’immigration. Mais je ne suis pas de ceux qui jettent de l’huile sur le feu ou prennent plaisir à souffler sur les braises en rêvant d’une guerre civile, pas plus que je ne suis de ceux qui, sans peur du paradoxe, reprochent aux immigrés de ne pas s’assimiler tout en déclarant hautement qu’ils sont inassimilables. Ce n’est certainement pas de la faute des immigrés si les Français « de souche » ne savent plus en quoi consiste leur identité et comment ils pourraient la transmettre. Pour le dire autrement, ce n’est pas tant dans l’identité des autres que je vois une menace pour la nôtre que dans le système à tuer les peuples qui les menace toutes. Notre identité serait tout aussi menacée s’il n’y avait pas d’immigration, parce que l’idéologie dominante de l’ère postmoderne, le capitalisme en tant que « fait social total » (Marcel Mauss) est intrinsèquement destructrice de toutes les identités collectives.

    Ce qui demeure, c’est un conflit de valeurs. Quand une musulmane déclare que le port du foulard islamique est une façon pour elle de préserver sa dignité de femme, alors que pour beaucoup d’Occidentaux ce même foulard est une atteinte à la dignité de la femme, il est clair que l’on est dans un dialogue de sourds. « L’Autre », c’est celui qui a des valeurs autres. Toute valeur ne vaut que par rapport à ce qui ne vaut pas. La différence entre les valeurs et les intérêts, c’est que les premières ne sont pas négociables.


    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 juillet 2013)

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  • Au temps des colonies...

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    Le numéro de juin 2013 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque.

    Le dossier est consacré au temps des colonies. On pourra y lire, notamment, des articles de Philippe Conrad ("Aux origines de « la plus grande France » " ), de François d'Orcival ( "1894-2013, les deux prises de Tombouctou" ), de François Bousquet ("Une idée de gauche et de droite"), de Christian Brosio ("Lyautey, colonial anticolonialiste") ou de Philippe d'Hugues ("L'aventure coloniale au cinéma") ainsi qu'un entretien avec Bernard Lugan ("Les Africains doivent se décoloniser mentalement").

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles de Pierre Robin ("Jean Yanne, génie populiste"), de Michel Thibault ("Musées : des Arts et Traditions populaires au MuCEM"), de François Bousquet ("Barbey d'Aurevilly. Le dandy réfractaire") ou d' Alain de Benoist ("Dominique Venner. Le sacrifice d'un cœur rebelle"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett ("Le « gender » et le cannibale") et d'Eric Zemmour ("A l'épreuve des primaires").

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  • Robert Ménard en liberté...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien décapant donné par Robert Ménard, l'animateur de l'excellent site Boulevard Voltaire, à Reportage 34 à propos de l'Algérie, de la colonisation et de la liberté d'expression...

     

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  • Réfléchir un peu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Dominique Venner, cueilli sur son site et consacré à l'analyse du mouvement de fond identitaire que semble révéler les élections de ces deux derniers mois...

     

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    Lendemains d'élection - Réfléchir un peu

    Il n’est pas dans mes habitudes de commenter des élections. Celles qui se sont déroulées en France depuis la présidentielle de mai 2012 présentent cependant une vraie nouveauté. On peut définir celle-ci comme la manifestation d’une conscience accrue du problème n°1 de notre temps : le « remplacement » des populations de souche par l’immigration de masse arabo-musulmane. Les images des drapeaux africains et maghrébins agités place de la Bastille le soir du 6 mai 2012 pour saluer la victoire du candidat socialiste, ont rappelé les images, dix ans auparavant, de la réélection de Chirac après son duel inégal avec un Le Pen diabolisé comme jamais.

    Les conditions sont toutefois très différentes. La personnalité moderne et « apaisante » de Marine Le Pen n’a pas favorisé la même mobilisation contre son mouvement après son score très honorable de 17,9 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle du 10 juin. Avec 6,4 millions de voix lors de ce scrutin, le FN se pose comme le troisième parti de France. Une loi électorale cousue sur mesure pour maintenir les oligarchies en place interdit une nouvelle fois que les 6,4 millions d’électeurs du FN soient représentés à l’Assemblée nationale, sinon par deux élus, contre des centaines pour les partis oligarchistes : UMP et socialistes (associés au Front d’extrême gauche).

    Ce qui se passe en France n’est pas spécifique à ce pays. C’est un phénomène européen. Cependant, comme je l’ai déjà souligné, les mouvements identitaires européens sont victime d’une « maladie infantile » que je qualifie de chauvine. Agissant en ordre dispersé, sans liens ni concertation, ils sont pour le moment incapables d’imaginer des initiatives face à un adversaire commun. Cela ne signifie par qu’il en sera toujours ainsi. Dans tous les mouvements concernés, les militants les plus réfléchis songent à la nécessité de convergences. Partout en Europe des partis analogues au FN, rejetant le racisme et l’antisémitisme, font de la préservation de l’identité des peuples européens leur raison d’être. Citons entre autres le Parti du peuple danois, le Parti de la liberté néerlandais, le FPÖ et le BSÖ autrichiens, les Vrais Finlandais, Le Parti du progrès norvégien, le Vlaams Belang flamand, l’English Defense League, le Fidesz au pouvoir en Hongrie, Droit et Justice en Pologne, Ataka en Bulgarie, la Ligue du Nord en Italie, les Démocrates en Suède ou l’Union démocratique (UDC) du centre en Suisse. Tous ces partis dépassent 5 % des voix et atteignent parfois 25 % ou plus, en dépit de l’hostilité active des médias qui constituent le « clergé séculier » du Marché, relayé par son « clergé régulier » (prof des universités et des écoles), sans compter le vieux clergé des Eglises traditionnelles chargé d’apporter la dimension compassionnelle et paralysante qui est sa spécialité.

    Dans Le Monde du 14 juin 2012, pages Débats, une politologue (Virginie Martin) et un sociologue (Pierre Lénel), après avoir noté l’étonnante permanence du votre FN, malgré son exclusion électorale, en tiraient une conclusion pertinente qui doit être relevée. Ces deux chercheurs estiment en effet qu’il faut réviser l’interprétation habituelle du vote FN comme simplement « protestataire ». Sa permanence dans le temps exige plutôt d’y voir un véritable « vote d’adhésion ». Adhésion à quoi ?

    Usant d’un vocabulaire prudent, les deux chercheurs proposent de rechercher un dénominateur commun à tous ceux (nantis ou démunis, jeunes ou plus âgés, urbains ou ruraux, qui ont accordés leurs suffrages à Marine Le Pen à l’élection présidentielle du 10 juin. Ce dénominateur commun c’est, disent-ils, un « trouble civilisationnel », expression juste et modérée.

    « Ce trouble, écrivent-ils dans leur jargon, met en avant une lecture du monde qui révèle une hostilité au pluralisme culturel sur le plan intérieur et le refus du multiculturalisme sur le plan international ». En clair, il révèle une forte inquiétude identitaire, face à des menaces toujours plus évidentes.

    Les deux chercheurs poursuivent en estimant que le « trouble » se cristallise plus particulièrement autour de quatre points. « La nationalité en constitue le premier marqueur : les Français d’origine immigrée ne sont pas vus comme « légitimes », leur nationalité serait usurpée. Cette illégitimité vient s’appuyer sur la question culturelle et bien souvent cultuelle (islam). C’est le deuxième élément : une relation négative s’instaure entre signes de métissage et identité française. « Nous » s’oppose à « eux », la différence trouve là son expression la plus criante : « eux » ont une autre histoire que celle qui « nous » constituerait de tout temps. »

    Ce trouble, ajoutent les auteurs, est un élément nouveau par rapport à leurs enquêtes de la fin des années 1990. Il est relié, disent-ils, aux événements de la scène internationale : le monde arabo-musulman apparaît désormais comme dangereux… « Et c’est bien souvent à cette question que la question sécuritaire est réinterprétée… Tous ces éléments se confondent dans la figure de l’immigré, présence ici de cet ailleurs arabo-musulman qui apparaît comme diabolique ».

    « Enfin, poursuivent les deux chercheurs, l’élément le plus prégnant est celui du sentiment d’un rapport de forces devenu défavorable entre les Français d’origine maghrébine et les Français « de souche » : l’idée d’un effet de nombre produit un sentiment de colonisation inversé ».

    Rarement les faits ont été observés avec autant de pertinence dans cet organe central de l’oligarchie mondialiste qu’est Le Monde. Au passage, on ne peut négliger un fait anecdotique et cependant gros de symbole : l’un des deux élus du FN à ce deuxième tour du 17 juin 2012 est la propre petite-fille du fondateur, la toute jeune Marion Maréchal-Le Pen, 22 ans, qui a conquis le siège de Carpentras (Vaucluse), ville qui avait été le prétexte d’une opération géante de diabolisation du FN en 1990 par l’instrumentalisation d’un fait divers : la profanation d’une tombe par des loubards (sans lien avec le FN) dans le cimetière juif de la ville. La plus jeune députée de toute l’histoire de la Ve République accorde aux siens une revanche inattendue.

    Sans doute peut-on penser que la conscience identitaire est lente à s’éveiller. Mais il faut se souvenir de quel chaos historique et intellectuel elle a surgi, sans compter les obstacles immenses qui lui sont opposés. C’est donc son affirmation qui surprend et non une ampleur jugée encore insuffisante.

    Dominique Venner (Site de Dominique Venner, 19 juin 2012)

     

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  • Le temps du choix...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré aux heures décisives qui nous attendent et qui nécessiteront de notre part un choix...

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    Le temps du choix

    Commenter l’actualité, chaque semaine, impose le terrain, et donc la règle, celle que l’actualité plus ou moins médiate formule, à travers sa logique tennistique de va-et-vient par-dessus le filet de l’opinion. Les rets qui emprisonnent les discours, les concepts, et même les rêves, sont comme l’issue fatale de ce détour qui nous porte vers l’appât, le leurre astucieusement disposé par le chasseur. La politique, à la suite de la moribonde religion, fut un temps le dépôt du bonheur moderne, le réceptacle des utopies et des millénarismes sécularisés. Mais tout amour-passion a une fin, et les peuples se réveillent de leurs émois dans la désillusion des vieux couples, las d’eux-mêmes, mais captifs de leurs habitudes.

    Ainsi a-t-on voté, et votera-t-on, en masse. Ou peut-être un peu moins. La politique a aussi ses athées, et ses agnostiques. Sans compter ses tartuffes. Que retenir donc du remuement des choses courantes ? On s’apercevra que des mois de mots furieux et de comédie – puisque la politique est du théâtre, ce qui ne la dépare pas forcément – ont donné une curieuse apathie collective. On s’aperçoit que beaucoup ont voté contre Sarkozy, qui, pour sa part, ne s’en tire pas si mal. Touché, mais pas coulé. Si les affaires qui le poursuivent ne l’éreintent pas, si ses petits camarades ne lui broutent pas l’herbe sous le pied, et si la gauche, comme c’est probable, sombre avec le pays, il peut revenir comme une sorte de sauveur. Quant à Hollande, il n’essaie même pas de pousser le lyrisme jusqu’aux sommets grandiloquents de 81, même si des reflets ménagés astucieusement ont remué quelque nostalgie. Toutefois, le temps est à la gestion, la sacro-sainte prise en charge de la réalité. A tel point que, comme il était prévu, il existe peu de différence entre le gouvernement actuel et le précédent : la politique économique, tout autant libérale et mondialiste, s’appuie sur une Europe dominée par les banques, et ce n’est pas une légère déclinaison en faveur d’une hypothétique croissance qui change quoi que ce soit. Dans le domaine des relations étrangères, la France est toujours inféodée aux USA, et garde sa place subalterne au sein de l’OTAN. Les velléités de retrait d’Afghanistan sont à relativiser : les troupes françaises restent sur le terrain, pour réaliser ce pour quoi elles y étaient, à savoir la logistique et la formation des cadres de la police et de l’armée afghane, bras armé du fantoche Karzaï. On apprend au demeurant que la petite mise en scène, à Camp David et à Chicago, d’un président français, terriblement normal, face à un président américain condescendant, était préparée depuis plusieurs mois, et que le retour des militaires français était plié, à condition que nous acception le principe du bouclier anti-missiles installé par l’Otan, officiellement dirigé vers le Moyen-Orient, mais en réalité vers la Russie. Pour le reste, et malgré une petite virée, bien étrange, de Rocard à Téhéran, on reste ferme vis-à-vis de l’Iran, de la Syrie, et l’on a pour Israël les yeux de Chimène. La Russie est gourmandée, même si elle nous achète des navires de guerre. Et on ne voit aucune véritable erreur dans l’intervention militaire en Lybie, qui a conduit à la déstabilisation du Mali et à l’instauration d’un régime islamiste, tortionnaire et chaotique. Bref, tout peut aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, à condition de l’aider à devenir meilleur, c’est-à-dire à persévérer dans la discrimination positive, à réjouir les lobbies gay, lesbienne et tutti quanti, à enfoncer un peu plus le système éducatif dans la boue pédagogiste, et à lutter avec sévérité contre le racisme, l’antisémitisme etc. Bref, de la vieille soupe réchauffée. Ah ! j’oubliais : il y a exactement 17 femmes et 17 hommes au gouvernement, ce qui constitue sans doute un petit pas pour un premier ministre, mais un grand pour l’humanité…

    Il n’y a donc pas de quoi fouetter un journaliste. La grisaille de la décadence quotidienne, pour ainsi dire.

    Sauf que d’autres constats inquiètent tout autant. Nous ne reviendrons pas sur le score important des partis de gouvernement aux dernières élections présidentielles, d’autant plus que la participation a été élevée. La demi-réussite de Sarkozy, ajoutée au cynisme des partisans de Hollande, dont l’américanoïde Terra Nova est l’une des figures emblématiques, témoignent d’une affligeante adhésion, du moins d’une acceptation tacite, dans l’opinion, de l’ordre des choses. Les reports de voix, bien que moindres qu’en 2007, en faveur du champion affiché des Etats-Unis, montrent qu’une certaine pédagogie patriotique est encore utile.

    Certes, la rhétorique ultra du candidat de l’UMP, sécuritaire, nationale et anti-immigrationniste, même si son outrance ne parvient pas à voiler l’hypocrisie d’une telle mise en boîte de l’opinion, n’est pas sans avoir connu un certain succès, notamment en ressuscitant une dichotomie droite/gauche, que le résultat sans ambiguïté du référendum de 2005 sur le traité de constitution européenne avait invalidée. Les élections de 2012 marquent une certaine régression dans la prise conscience des véritables enjeux, même si le Front national peut, à bon droit, avoir l’impression d’avoir marqué des points.
    Encore faut-il identifier les problèmes qui sapent notre société et notre identité. Et c’est justement là que l’on perçoit les limites de la politique, le conditionnement de nos angoisses, et de nos aspirations, qui en sont orientées finalement selon les desiderata du système.

    Chaque Français doit, avant d’opter pour un choix électoral, sonder ce qui l’agit au plus profond du cœur et des reins. Or, un choix électoral se fait au nom d’idées assez convenues, du fait des règles d’un jeu médiatique formaté et canalisé. Nous nous apercevons alors que les questions offertes ne nous concernent pas totalement, et que nous sommes contraints d’abandonner notre voix en dépit de ce que nous ressentons.
    Cependant, qui fait l’effort d’interroger ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il incarne ? Il ne peut exister de véritable politique si l’air que nous respirons, la langue que nous utilisons, le goût de nos rapports les plus intimes avec le monde, la couleur de nos dilections, l’intensité de nos rejets, le grain de nos impressions ne sont pas sollicités, et mis à la question. Qu’est-ce qu’être français ? Européen ? Qui n’a pas conscience, dans sa chair, dans ses mœurs, ses relations, que nous sommes colonisés, que nous sommes soumis à une culture exogène qui nous aliène, nous rend autres, étrangers à nous-mêmes, à notre propre pays, à notre passé, à nos traditions, au mode de vie qui nous fait advenir à la clarté de l’existence. Qui n’éprouve pas cela n’atteint pas le degré de connaissance de soi qui l’appelle à la vie.

    Depuis la fin de la guerre, l’american way of life a contaminé les moindres aspect de la vie publique et de la vie privée, à tel point que l’on regarde et écoute sans sourciller des publicités qui vantent les goûts d’outre-Atlantique, sur des musiques anglo-saxonnes gluantes et horriblement stéréotypées, et des jeux d’acteurs mortellement formatés. Les publicistes considèrent que ces esthétiques pornographiques plaisent au grand nombre, et probablement ont-ils raison, bien qu’il faille faire la part, dans leur stratégie, à la propagande. Car la réclame est aussi de l’endoctrinement. Qui évoquera en outre le cinéma pour ados, débile et de mauvais goût, le show business envahissant, avec le nombre grandissant de musiciens français qui chantent en anglais, la nourriture que nous absorbons, et surtout le rythme de vie qui nous est imposé par la vie moderne, et qui tend à ressembler à celui des Américains, qui évaluera la nature des émissions télévisuelles consommées, et même le fait de regarder cette télévision, qui a tué, comme la pratique de l’automobile, la vie authentique et relationnelle que les générations précédentes connaissaient encore, qui n’a pas envie de hurler devant ce meurtre d’une nation, de son corps et de son âme, ne sait pas ce qu’il est vraiment.

    Tout n’est pas mauvais, pourtant, de l’Amérique. Oui, il faut le dire, même si les Américains ne sont pas les premiers à défendre ce qu’ils apportent de bien au monde. Le jazz, par exemple, est plus populaire en Europe, et singulièrement en France, que dans sa patrie de naissance. Il paraît aussi que le livre génial de Jack Kerouac, On the Road, qui s’en prenait vertement à l’Amérique puritaine, et initiait cette tentative de libération d’une société pourrie par le fric et le moralisme, qu’était la Beat Generation, était boudé par les libraires, et de moins en moins lu à mesure que les USA s’engageait dans le Nouveau capitalisme. Pour nous, Français, et d’autant plus que Kerouac avait des racines bretonnes, et qu’il était d’origine canadienne francophone, et qu’il se réclamait de Rimbaud et de Céline, il était l’un des nôtres. Pourquoi parler de lui, au moment où l’on a tenté, apparemment avec succès, d’adapter au cinéma son chef d’œuvre ? Eh bien, celui qui lit cette prose enflammée, endiablée, enivrée comme une ruée continentale, a une petite idée de ce que c’est que de sentir d’immense espaces, presque infinis, à portée de désir et de conquête. Lorsqu’on met les pieds sur le Nouveau continent, la sensation que tout est possible, que l’on jouit d’une liberté aussi grande que les terres qui s’étendent jusqu’au Pacifique, emplit l’esprit et le fait vibrer de désir. La nostalgie des vieilles rues européennes, des églises romanes, des places monumentales de l’Europe arrive assez vite, mais on voit ce qui nous manque ici.

    Dans la Rome antique, un Européen pensait le monde d’Alexandrie à l’Atlantique, de Carthage à la Mer du Nord. Les armées parcouraient des milles pour défendre une seule patrie. C’était le cas encore avec Charlemagne. Au moyen-âge, les pèlerins et les chevaliers sillonnaient les routes de la Chrétienté pour porter leur foi ou leurs armes. Nous, Français, avons le souvenir des batailles de la Grande armée napoléonienne, quand la Grande Nation, comme disent les Allemands, respirait à l’échelle d’un Empire. Nos colonies mêmes ouvraient des horizons à la soif d’aventure de nos jeunes soldats et de nos officiers.

    Quels sont nos horizons ? A quoi aspirons-nous ? De quoi voulons-nous nous délivrer ? Quelles sont nos chaînes ? Sommes-nous encore dignes de l’Histoire humaine ? Sommes-nous capables de regarder au-delà des turpitudes politiciennes, et de nous fixer des horizons nouveaux, des frontières si ambitieuses, que nous pourrions encore nous sentir capables de soulever des montagnes ?

    Claude Bourrinet (Voxnr, 23 mai 2012)

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