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  • CIA, pétrodollards et Djihad...

    Les éditions Erick Bonnier viennent de publier une enquête de Maxime Chaix intitulée La guerre de l'ombre en Syrie - CIA, pétrodollards et Djihad. Journaliste indépendant, auteur et traducteur, spécialisé dans les questions stratégiques, le renseignement, les opérations clandestines, la politique étrangère américaine et le jihadisme, Maxime Chaix a publié ses analyses dans MiddleEastEye.net, Paris Match, GlobalGeoNews.com ou Le Devoir.

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    Opération Timber Sycamore. Ce nom de code ne vous dit probablement rien. Il désigne pourtant une gigantesque guerre de l’ombre, dont le principal objectif était de renverser Bachar el-Assad.

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  • Tour d'horizon... (138)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur la lettre de Comes Communication, Bruno Racouchot interroge Sylvain Gougenheim sur les ressorts de l'imaginaire politique européen...

     

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    - sur son site, l'Observatoire du journalisme révèle la deuxième carrière du général David Petraeus, ancien directeur de la CIA, comme dirigeant d'un puissant fond d'investissement et magnat des médias dans les Balkans...

    David Petraeus : ex-chef de la CIA, nouveau magnat des médias en Europe de l’Est

    Première partie

    Deuxième partie

    Troisième partie

    Quatrième et dernière partie

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  • Washington contre De Gaulle...

    Les éditions Perrin publient cette semaine un essai d'Eric Branca intitulé L'ami américain - Washington contre De Gaulle 1940-1969. Journaliste et historien, Eric Branca est notamment l'auteur d'Histoire secrète de la droite et de 3000 ans d'idées politiques. On lui doit également, avec Michel Marmin, dans la collection Le tour de la question, Gauche/Droite (Chroniques, 2016).

     

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    " Pourquoi de Gaulle refusa-t-il, en 1964, de présider les commémorations du vingtième anniversaire du débarquement allié en Normandie ? Parce qu'il se souvenait que, sans sa volonté farouche de faire échec aux plans de Roosevelt, la France ruinée de 1944 n'aurait pas été traitée autrement que l'Allemagne vaincue, privée d'une fraction de son territoire et placée sous administration militaire américaine. Pis, c'est sur une partie des élites de Vichy que, durant tout le confit, la Maison-Blanche avait misé pour barrer la route à l'homme du 18-Juin.

    Grâce aux archives déclassifiées, mais aussi à des témoignages inexploités, il est désormais possible de raconter pour la première fois cette « guerre de trente ans » qui, de 1940 à 1969, opposa le Connétable de la France libre à la volonté de puissance des Etats-Unis. Alors que, aux instants les plus cruciaux de la guerre froide, le soutien du Général resta toujours acquis à Washington, le Département d'Etat et la CIA ont beaucoup tenté pour l'éliminer de la scène internationale. Du financement du FLN algérien au concours prêté à l'OAS, de l'espionnage nucléaire à la corruption d'une partie de la classe politique française, en passant par l'enrôlement d'Hollywood dans la croisade antigaulliste, Eric Branca raconte avec verve l'histoire secrète et inédite d'un conflit rendu d'une brûlante actualité par l'élection de Donald Trump. "

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  • Interférences, post-vérité et post-démocratie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré aux accusations de la CIA, largement reprises par les médias occidentaux, visant à faire passer l'élection de Donald Trump comme le fruit d'une opération de manipulation russe, orchestrée par Vladimir Poutine... Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information et directeur de recherches à l'IRIS, François Bernard Huyghe vient de publier La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015).

     

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    Interférences, post-vérité et post-démocratie

    Les accusations d'interférence russe dans les élections présidentielles américaines nourrissent un courant qui voudrait encadrer la démocratie au nom du péril démagogique et du du risque d'intoxication sur les réseaux sociaux.

    Selon le Washington Post l'essentiel est dans ces onze lignes : "Nous affirmons que le Président russe Vladimir Poutine a dirigé en 2016 une campagne d'influence contre l'élection présidentielle américaine. Les objectifs de la Russie étaient de saper la confiance publique dans le processus démocratique US, de dénigrer la Secrétaire H. Clinton et d'attenter à sa capacité d'être élue et sa capacité de devenir présidente. Nous affirmons en outre que Putin et le gouvernement russe ont développé une claire préférence nette pour le président-élu Trump. Nous avons une sérieuse assurance en ces affirmations. " Tel serait l'essentiel du rapport des services de renseignement sur la fameuse affaire du piratage russe des élections.
    Mais le même rapport consultable ici des services de renseignement n'apporte aucune preuve "forensique" comme on dit là-bas, c'est-à-dire au sens criminologique, un indice matériel qui permette d'imputer un fait à un auteur par une trace particulière qu'il aurait laissée (comme une empreinte, un enregistrement de sa voix, de l'ADN).

    Simplement cela veut dire :
    Soit que les services de renseignement US déduisent le fait que des ordinateurs du service démocrate ont été piratés par les russes à partir de de considérations générales de vraisemblance (ce serait bien leur style, ce serait bien leur intérêt !) Ou alors d'indices qui seraient faciles à contrefaire (les attaques ont été faites aux heures de bureau moscovites, il y a des bouts de code en cyrillique, cela pourrait provenir d'une adresse IP sur le territoire russe, des agences privées ou publiques soupçonnent des groupes de hackers avec des noms comme fancy bearqui sonnent très russe, etc.)
    Soit les services américains ont des preuves par des agents infiltrés ou par des enregistrements satellite ou leurs propres piratages informatiques qu'au Kremlin, Poutine a commandé cette opération à un service d'État ou à des hackers tolérés par les services d'État. Mais si cette preuve existe, elle ne peut être communiquée au risque de démolir toute l'argumentation : il serait licite de mettre un micro sous le bureau de Poutine pour prouver qu'il cherche à faire tomber H. Clinton et il serait criminel de s'emparer de mails authentiques du parti démocrate prouvant que H. Clinton reçoit les question des journalistes avant d'aller sur un plateau ou qu'elle fréquente des lobbyiste.

    Nous atteignons ici des sommets d'hypocrisie. Sur le fond nul ne doute que Poutine n'ait voulu la peau d'Hillary et vice-versa, ni qu'il existe des services d'espionnage russes, y compris dans le cyberespace, mais nul ne doute non plus que la NSA ait espionné les téléphones de trois présidents français et de Mme Merkel comme elle a consulté les mails de millions de citoyens, y compris Français. Nul ne doute pas que la Russie ne désire interférer dans les élections occidentales, mais nul ne doute pas non plus que les services américains, par leur financement, leurs services leur diplomatie, des Ong amies, leurs médias ou leurs relais idéologiques n'aient essayé d'influencer des centaines d'élection à travers le monde.

    Mais s'il y a eu intrusion électronique (hack) et non fuite de l'intérieur (leak) rien ne prouve que ce soit le fait du gouvernement russe, même si des internautes russes sont éventuellement intervenus. Rien ne prouve que ces documents soient faux (fakes), tout au contraire si la "victime" proclame qu'ils ont été prélevés illégalement, elle avoue qu'ils sont authentiques, sinon il suffirait de les dénoncer comme des forgeries.
    De l'aveu du même rapport, il n'y a aucune preuve que ce soient des services russes qui aient infecté les ordinateurs démocrates (pour mettre sur la place publique des faits scandaleux à la manière d'un journaliste d'investigation), mais il n'y en a pas non plus qu'ils aient perturbé le fonctionnement des machines électorales ou le décompte des voix (choses techniquement impossibles sans se faire prendre par un recompte et il y en a eu).

    On en revient donc au même point :
    Qui que ce soit qui ait fourni des documents à Assange et à Wikileaks qui les a révélés au public, tout repose sur la réceptivité d'une part de l'électorat à ce genre de nouvelles qui confirmait sont opinion sur la "tricheuse" Clinton et ses protections
    Nous ne savons pas de quel poids a pesé cette révélation-là, faite entre beaucoup d'autres (à commencer par celles du FBI lui-même sur les mails de H. Clinton) et ce dans les deux sens (il y a eu aussi des "leaks" sur la sexualité ou les affaires de Trump) sur les électeurs;
    Si des révélations ont eu cette influence c'est à mesure sinon de leur vérité, du moins de leur véracité ou de leur crédibilité, et parce qu'elles répondaient aux attentes d'une partie de l'électorat, notamment celui qui pense précisément que les élites sont complices et que les médias entretiennent dans le déni de la réalité.

    La vraie question n'est pas s'il y a eu piraterie informatique d'un niveau si sophistiqué que seul un État ait pu l'organiser ou si ces révélations sont favorables aux objectifs d'un État (mais si l'on va par là, les prétendues ADM de Saddam Hussein sont un meilleur exemple d'interférence par l'information) l'important est de savoir qui popularise ces contenus et comment le public les reçoit.

    Pendant la guerre froide les États-Unis ont diffusé par leurs radios transmettant au-delà du rideau de fer des nouvelles qui contredisaient les thèses soviétiques. Et cela s'appelait de la diplomatie publique. Durant les guerres de Yougoslavie et du Golfe, profitant des télévisions diffusées par satellite, ils ont imposé largement une vision de la réalité favorable à leurs interventions militaires. Il est fort possible que les Russes exercent une influence sur une fraction de l'opinion occidentale en plusieurs langues et via des médias comme Russia Today ou à travers les réseaux sociaux.
    Il y a des tentatives d'influence dans le sens est-ouest ou ouest-est : c'est indéniable.

    La question est de savoir à quel point une fraction de l'opinion vit dans la méfiance à l'égard du discours d'en haut, dans son propre pays (politiciens, experts, journalistes et tous ceux qui tentent d'imposer une vision de la réalité) et pourquoi elle adhère à un contre-discours sensé venir de l'extérieur. Traiter ces populations comme naïves, refusant d'écouter un discours raisonnable et poursuivant leurs seules passions à l'ère de la post-vérité c'est manifester un mépris de la plèbe ou une volonté de bétonner le débat sur quelques vérités indiscutables opposées à la "post-vérité" (circonstances où les faits objectifs ont moins d'influence que les appels à l'émotion ou aux opinions personnelles). C'est aussi se boucher les yeux sur quelques échecs politiques récents (Brexit, Trump, référendum italien...) en les attribuant à une causalité diabolique (les démagogues qui, devinez quoi, mentent pour raconter au peuple ce qui flatte ses instincts) ou à des traîtres et à des services d'influence étrangers.
    La pente est dangereuse qui mène ainsi à conclure que, pour que le vote du peuple soit valable, il faudrait qu'il soit protégé :
    par des services secrets qui lui révèlent combien des forces étrangères essaient de l'influencer idéologiquement (mais sans révéler comment ils l'ont su, puisque ce sont des services secrets)
    par des experts qui délimitent le cercle du débat raisonnable (en matière d'économie, de santé, de climatologie, de géopolitique) et celui des délires démagogiques
    par des médias qui vérifieraient la véracité du discours public (fact checking), chasseraient les discours de haine et ne mettraient pas toutes les opinions sur le même plan, qui éliminerait les complotistes, par exemple
    si possible par des algorithmes ou des interventions des grands du Net pour purifier la Toile des fakes et rumeurs qui la polluent.
    En somme la seule solution pour échapper aux mauvaises influences et au règne de la post-vérité, ce serait de passer à celui de la post-démocratie ?

    François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 8 janvier 2017)

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  • Tour d'horizon... (116)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur le site du Comptoir, Philippe Vion-Dury répond aux questions à propos de son nouveau livre, La nouvelle servitude (Fyp, 2016)...

    « Le vrai visage de la Silicon Valley, c’est celui du capitalisme prédateur »

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    - sur son site, le journaliste Maxime Chaix revient sur les étranges relations nouées depuis près de 40 ans entre la CIA et l'Arabie saoudite...

    La CIA, l’Arabie saoudite et l’histoire inavouable d’al-Qaïda

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  • Union européenne : un projet aux origines… américaines !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Caroline Galactéros, cueilli sur son site Bouger les lignes et consacré aux origines américaines du projet d'union européenne... Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013).

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    Union européenne : un projet aux origines… américaines

    La campagne anglaise du Brexit est l’occasion pour nos cousins Britanniques de s’interroger sur les origines du projet européen pour comprendre les modalités de cette intégration ad hoc qui n’a jamais su trancher entre les deux modèles classiques que sont la confédération et la fédération. Avec un Parlement que d’aucuns jugeront très sévèrement, plus préoccupé d’organiser le ballet de lobbyistes de tous poils missionnés pour infléchir sa déjà trop molle consistance que de représenter un « peuple » européen introuvable, avec surtout une Commission européenne tentaculaire qui réunit des pouvoirs à la fois exécutif, législatif et judiciaire, l’Union européenne ressemble de plus en plus dans son fonctionnement à une Union soviétique dont l’idéologie serait un néolibéralisme anglo-saxon mâtiné d’ordolibéralisme allemand. Ce cocktail paradoxal et détonnant a été préparé consciencieusement et méthodiquement depuis le Traité de Rome (ou plutôt les deux traités) instaurant en 1957 la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). S’étant étendue largement et rapidement aux anciennes républiques socialistes soviétiques depuis 20 ans, l’Union européenne est aujourd’hui bloquée dans son fonctionnement, incapable d’apporter la cohérence politique nécessaire pour transformer le Vieux continent en « Europe-puissance ». A la faveur de la crise migratoire – qui a révélé spectaculairement la faiblesse politique et la vulnérabilité culturelle de l’Union –, la renaissance d’un réflexe souverainiste diffus, déformé et instrumentalisé par des populismes parfois inquiétants, s’affirme rapidement dans plusieurs pays. Au Royaume-Uni, mais également en France, en Finlande, aux Pays-Bas, en République Tchèque, en Hongrie ou en Pologne, l’euroscepticisme gagne du terrain. Face à cette défiance croissante des peuples européens devant une hydre bruxelloise invasive mais impuissante, les dirigeants s’aveuglent ou se braquent, tels Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui avait déclaré dans un entretien au Figaro le 29 janvier 2015 sur fond de crise grecque : « il n’y a pas de choix démocratique contre les Traités ». Surprenante et très inquiétante formule …

    En réalité, cette embolie progressive de la construction européenne pourrait trouver en partie ses origines dans un défaut de jeunesse irrémédiable que le journaliste britannique Ambrose Evans-Pritchard a récemment décrit avec lucidité et que l’on pourrait résumer ainsi : l’Union européenne est moins un projet européen tourné vers l’avenir qu’un projet américain inscrit dans le cadre de la Guerre froide et d’une vision d’un monde unipolaire dominé par l’hégémon des USA. Ainsi influencée par Washington – ce que l’affaire du TAFTA montre très bien – et sortie de l’Histoire pour ne demeurer qu’un immense marché commercial et un ventre mou politique et culturel, l’Union européenne n’est que le bloc oriental d’une vaste Otanie qui s’étend désormais de l’Alaska aux Pays Baltes.

    Dans The Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard rappelle ainsi comment les Etats-Unis ont largement financé la construction européenne et comment ils se sont servis de ces fonds pour en contrôler le cours et menacer quand il le fallait les prétentions à l’indépendance de certaines nations européennes – à commencer par la France gaulliste !

    Nous reprendrons dans cet article les illustrations d’Evans-Pritchard à l’appui de cette thèse d’une Grande Otanie.

    • La déclaration Schuman du 9 mai 1950, qui a donné le ton de la réconciliation franco-allemande et préparé le Traité de Rome, a été largement commanditée par le secrétaire d’Etat américain Dean Acheson à une réunion à Foggy Bottom. Le directeur de cabinet de Robert Schuman a ainsi déclaré que « tout avait commencé à Washington », rappelant au passage que les Etats-Unis avaient menacé en septembre 1950 de couper les financements du plan Marshall face aux réticences de Paris.
    • Jean Monnet est souvent vu comme le Père fondateur d’une Europe fédérale. On oublie trop souvent qu’il passa le plus clair de son temps aux Etats-Unis et a été pendant la Guerre les yeux et les oreilles de Franklin D.Roosevelt. Le Général de Gaulle le considérait comme un agent américain, ce que la biographie d’Eric Roussel (1) confirme peu ou prou en détaillant la manière dont le héraut du fédéralisme européen travailla avec les différentes administrations américaines.
    • Les documents déclassifiés des archives du Département d’Etat américain ont assez peu fait l’objet d’analyses étendues. Il y aurait pourtant du grain à moudre ! Ces textes montrent sans équivoque comment la construction européenne a été largement financée par la CIA et comment Washington a fait pression pour que les Britanniques prennent part à l’aventure, de sorte à servir de “cheval de Troie” à leurs cousins de l’autre rive de l’Atlantique.
      • Ainsi, un mémorandum américain du 26 juillet 1950 décrit la campagne de promotion destinée à favoriser l’instauration d’un véritable Parlement européen. Ce texte est signé du Général William J. Donovan, chef du American wartime Office of Strategic Services, “ancêtre” de la CIA.
      • L’organisme de la CIA chargé de surveiller le processus d’intégration européenne était l’American Committee for a United Europe (ACUE), dirigé par Donovan. En 1958, un an après la signature du Traité de Rome, ce Comité de la CIA a financé 53,5% des fonds destinés aux organisations européennes fraichement instituées (CEE et Euratom).
      • D’après Evans-Pritchard, plusieurs papiers attestent du fait que les agents de la CIA mis à la tête de l’ACUE considéraient les « Pères fondateurs de l’Europe » comme de « petites mains » auxquelles ils avaient fortement déconseillé de trouver des financements alternatifs pour la construction européenne de sorte à ne pas affaiblir la mainmise de Washington.
      • Un mémo daté du 11 juin 1965 demande au vice-président de la CEE de poursuivre coûte que coûte le projet d’une Union monétaire européenne, mais de manière furtive, en empêchant tout débat, de sorte que « l’adoption de telles propositions finisse par devenir inéluctable ».

    Cette influence américaine sur le destin du Vieux continent pouvait se comprendre dans le contexte de la Guerre froide et de la mise en oeuvre du « containment » de l’URSS décidée par le président Truman à partir de 1947. Néanmoins, il est probable que les peuples européens n’ont pas alors mesuré, et ne mesurent pas plus aujourd’hui l’étendue de cette emprise américaine. La puissance du Deep state américain (i.e “l’Etat profond” pour reprendre le concept utilisé notamment par le politiste Peter Dale Scott) et notamment des Services de renseignement était telle qu’elle laissait peu de place au déploiement de démocraties européennes fondées en premier lieu sur la souveraineté des différents peuples du continent. Or, c’est l’Union européenne qui a servi ce projet américain, ce qui laisse une marque indélébile sur la crédibilité démocratique et l’indépendance de cette organisation. Pis, si nous savons aujourd’hui une partie de ce qui se passa réellement aux débuts de la construction européenne, il faudra attendre encore longtemps pour découvrir avec précision le rôle que jouèrent les Etats-Unis dans l’extension de l’UE aux ex-Républiques socialistes et soviétiques, de conserve avec celle de l’OTAN, de 1991 à aujourd’hui. A cette aune, les futurs historiens mettront sans doute en perspective le rôle joué par la crise ukrainienne de 2014-2015, inscrite dans cette consolidation d’une vaste Otanie qui aille le plus à l’Est possible. L’ancien Directeur du renseignement à la DGSE, Alain Juillet, l’a reconnu assez clairement dans une récente interview accordée au magazine ParisMatch.

    Reste la question anglaise… Il est évident que l’identité britannique, profondément marquée par son insularité tant géographique que culturelle, est par essence et depuis l’origine peu perméable à une quelconque forme de soumission à une logique ou à des structures continentales. Mais précisément. L’Angleterre qui a toujours préféré “Le Grand large” et s’est fort longtemps et en bien des domaines alignée sur les ambitions et positions américaines sans états d’âme, rend son positionnement actuel d’autant plus signifiant. Elle fuit manifestement la déroute continentale non pour condamner la renaissance souverainiste des États européens mais contre l’autoritarisme des structures bruxelloises qui cumulent les handicaps de la rigidité administrative technocratique et celle d’une patente faiblesse politique et économique. L’importance accordée à la notion de « souveraineté » dans le débat sur le Brexit et non seulement aux aspects économiques de ce possible bouleversement européen, illustre parfaitement cette conscience politique des Britanniques et aussi peut-être une relative autonomisation par rapport à Washington. L’idée d’être aux ordres d’une Europe dont l’inspiration vient de Washington mais dont les gardes-chiourmes se trouvent à Berlin plus encore qu’à Bruxelles dépasse l’entendement anglais. So shocking. Il paraît que Sa Majesté la Reine Elizabeth pencherait elle-même du côté du Brexit ...

    Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 13 mai 2016)

    (1) ROUSSEL, Eric, Jean Monnet, éd. Fayard, 1996.

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