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  • Les émeutes de Bruxelles, symbole de l'échec de la politique migratoire belge...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Alain Destexhe cueilli sur le Figaro Vox et consacré aux  violents heurts qui ont eu lieu à Bruxelles, Anvers et Liège après le match de la coupe du monde de football opposant le Maroc à la Belgique. Sénateur honoraire belge, Alain Destexhe est l'ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières.

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    Coupe du monde 2022: «Les émeutes de Bruxelles sont le symbole de l'échec de la politique migratoire»

    Après le match Maroc-Belgique, des émeutes ont eu lieu à Bruxelles, Anvers et Liège où un commissariat a été attaqué par une cinquantaine de «jeunes», mais aussi dans plusieurs villes des Pays-Bas. Au-delà de ces incidents, la liesse populaire dans les quartiers à prédominance marocaine de Bruxelles, notamment à Molenbeek, a montré que l'identité marocaine restait bien plus forte que la belge alors que la plupart des habitants ont la double nationalité.

    Il fallait faire preuve d'aveuglement et chercher à tout prix à faire cadrer la réalité avec l'idéologie du vivre ensemble pour ne pas voir que les sympathies des Marocains de Belgique allaient à l'équipe du Maroc et pas à celle de «leur seconde patrie». Certains journalistes s'y sont pourtant essayés, avec des titres comme «Molenbeek s'attend à vivre un dimanche festif», «peu importe qui gagne entre la Belgique et le Maroc ce sera la fête», ou encore un sujet télévisé dégoulinant le politiquement correct sur une des deux chaînes francophones de télévision qui montrait le contraire de ce qu'affirmait le commentaire !

    La fête eut bien lieu, à Molenbeek, Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles, des communes où la communauté marocaine est plus nombreuse que les autres y compris que les Belges d'origine. Il fallait voir l'enthousiasme de ces supporteurs klaxonnant et arborant des drapeaux marocains dans les rues de la capitale dans leur voiture avec une plaque belge.

    Pour beaucoup de Belges d'origine, ce spectacle cassait le mythe de l'intégration (personne ne parle plus d'assimilation depuis longtemps en Belgique) et avait un côté excessif voire indécent pour la Belgique qui a permis à ces Marocains de vivre dans un pays prospère et de bénéficier des avantages de l'État-providence.

    Les chaînes de télévision n'ont pas montré cette image tellement symbolique d'un manifestant décrochant un drapeau belge d'un immeuble sous les applaudissements de la foule, ni ce face-à-face saisissant entre des centaines de Marocains dansant et chantant à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, bloqués par un cordon de policiers, tous Européens de souche, casqués et matraqués, leur interdisant l'accès du centre de la ville.

    Selon Statbel, l'office belge de statistiques, la population bruxelloise est désormais à 46% d'origine extra-européenne (au sens de l'UE27 plus le Royaume-Uni) et 24% seulement d'origine belge. Les Marocains représentent 7% de la population du royaume, mais 12% dans la Région de Bruxelles-Capitale, la plupart détenant aussi la nationalité belge. La croissance du nombre de Marocains en Belgique a été exponentielle : 460 seulement en 1961, 39.000 en 1970 et 800.000 quarante ans plus tard. Conséquence de cette évolution démographique et de la facilité d'acquérir la nationalité belge (dans certains cas après trois ans de résidence sans autre condition), le pays compte désormais 26 députés, régionaux ou fédéraux, d'origine marocaine et plusieurs bourgmestres, qui, souvent, encouragent le communautarisme. Parmi les moins de 18 ans, les Marocains sont plus nombreux que les Belges d'origine belge et de nombreuses écoles de Bruxelles sont composées exclusivement d'enfants d'origine extra-européenne. Dans celles du réseau public où les parents ont le choix du cours de religion, la musulmane est désormais suivie par une majorité des élèves.

    Que l'on qualifie ces changements de diversification de la population ou de bouleversement démographique importe peu, l'évolution est considérable en quelques décennies et modifie la physionomie et la vie sociale des grandes villes belges. Le voile y est de plus en plus présent et il est porté par une majorité de femmes dans certaines communes. Lors du Ramadan, la quasi-totalité des commerces et des restaurants sont fermés dans certains quartiers. Le nombre des mosquées explose et tous les courants de l'islam sont représentés à Bruxelles où les tensions entre Sunnites et Chiites ou même entre Marocains et Turcs sont parfois vives, notamment au sein de l'Exécutif des Musulmans de Belgique, une structure que les autorités ont tenté de mettre sur pied pour dialoguer avec un interlocuteur unique mais qui va de crise en crise. Alors que l'abattage des animaux sans étourdissement est interdit en Flandre et en Wallonie, le lobby musulman au Parlement bruxellois a réussi à bloquer une proposition législative allant dans ce sens. Lors des procès d'assises ou des élections, il est fréquent de voir arriver des femmes avec leur mari, expliquant qu'elles ne peuvent être retenues comme juré ou comme assesseur car elle ne parle aucune langue nationale, témoignant ainsi d'une intégration complètement ratée. Le vivre ensemble encensé par le monde politique francophone est un mythe, les communautés se côtoyant sans se fréquenter, ni se mélanger. Les Marocains épousent des Marocaines et les Turcs des Turques qu'ils vont souvent chercher au pays, le regroupement familial constituant la première cause d'immigration en Belgique comme en France.

    On se souvient du match France - Algérie de 2001 qui avait dégénéré. Régulièrement, le passé colonial est évoqué pour justifier la colère des jeunes maghrébins en France, une explication qui ne tient pas puisque des incidents similaires se déroulent en Belgique, un pays qui n'a aucun lien historique avec le nord de l'Afrique. C'est une convention de 1964 qui a ouvert la voie d'une immigration économique qui n'a plus de raison d'être depuis longtemps, mais qui se poursuit indéfiniment par le biais du regroupement familial, que les Américains appellent à juste titre la «migration en chaîne».

    Le plus navrant est le déni et l'absence totale de débat sur les enjeux de l'immigration et de l'intégration du côté francophone du pays. Ni les médias, ni les partis politiques n'en parlent. Les émeutes de dimanche dernier ont été attribuées par le bourgmestre de Bruxelles à des «voyous et des crapules», un discours largement repris, sans autre précision, ni analyse. Le lien avec une immigration excessive, supérieure à celle de la France en nombres relatifs, n'est plus jamais fait. Alors qu'en France et en Flandre, le débat est vif autour de ce thème, c'est comme si la Belgique francophone avait renoncé, acceptant son destin de pays multiculturel avec à brève échéance une majorité musulmane dans sa capitale et une nouvelle normalité faite de temps à autre d'émeutes urbaines, de fusillades et d'attentats terroristes.

    Alain Destexhe (Figaro Vox, 28 novembre 2022)

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  • Ethno-masochisme : les nouveaux regrettables « regrets » du roi des Belges...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur son blog et consacré à la crise de repentance du roi des Belges.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020), Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021) et dernièrement Comment la France est devenue la colonie de ses colonie (L'Afrique réelle, 2022).

     

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    Congo : les nouveaux regrettables « regrets » du roi des Belges

    Le mardi 30 juin 2020, pliant à son tour sous l’air du temps, le roi des Belges avait présenté « ses plus profonds regrets pour les blessures infligées lors de la période coloniale belge au Congo ».

    Le mercredi 8 juin 2022, en visite officielle à Kinshasa, le roi Philippe a une nouvelle fois fait repentance pour « les blessures infligées au Congo durant la période coloniale ». Une repentance qui n’a pas lieu d’être. Pour trois raisons principales :

    1) En 1885 quand fut internationalement reconnu l’État indépendant du Congo (EIC), les esclavagistes musulmans venus de Zanzibar avaient franchi le fleuve Congo, dépeuplant les régions de la Lualaba, de l’Uélé, du bassin de la Lomami, et ils avançaient vers la rivière Mongala. A cette époque, les Africains étaient enlevés par dizaines de milliers pour être vendus sur le littoral de l’océan indien ou sur le marché aux esclaves de Zanzibar. De 1890 à 1896, de courageux belges menèrent alors ce qui fut à l’époque baptisé de « campagne antiesclavagiste » ou « campagne arabe ».

    A la place de ces injustifiables et répétitifs « regrets », c’est donc tout au contraire la mémoire de ces hommes généreux que le roi des Belges devrait célébrer. Parmi eux, les capitaines Francis Dhanis, Oscar Michaux, Guillaume-François van Kerckhoven, Pierre Ponthier, Alphonse Jacques, Cyriaque Gillain, Louis Napoléon Chaltin, Nicolas Tobback et bien d’autres.

    Pour avoir voulu arracher les malheureux noirs aux esclavagistes, Arthur Hodister et ses compagnons ainsi que le lieutenant Joseph Lippens et le sergent Henri De Bruyne furent massacrés. Les deux derniers eurent, alors qu’ils étaient encore vivants, les mains et les pieds coupés par les esclavagistes.

    Certains fanatiques demandent que leurs statues soient déboulonnées. Cela se fera probablement tant, outre-Quiévrain comme partout ailleurs en Europe, l’ethno-masochisme est désormais sans limites.

    2) La Belgique n’a pas pillé le Congo. Et pourtant, cette colonie fut une de celles dans lesquelles les profits privés et ceux des consortiums furent les plus importants. L’originalité du Congo belge était qu’il subvenait à ses besoins, le plan de développement décennal ainsi que les investissements étant financés par l’impôt des grandes sociétés qui était payé et investi sur place. La colonie s'autofinançait donc, un cas à peu près unique dans l’histoire coloniale de l’Afrique qui contredit à lui seul le postulat culpabilisateur.

    Mais, pour mettre en valeur cet immense territoire, il fallut commencer par y créer des voies de communication et notamment une voie ferrée reliant l’estuaire du Congo (Matadi), à la partie navigable du fleuve. En 1898, au bout de neuf années d’efforts surhumains, les 390 kilomètres de la ligne Matadi-Léopoldville furent achevés, mais 1800 travailleurs noirs et 132 cadres et contremaîtres blancs étaient morts durant les travaux. Rapportées aux effectifs engagés, les pertes des Blancs étaient 10 fois supérieures à celles des Noirs.

    En 1908, le Congo, propriété personnelle du roi Léopold II, fut repris par la Belgique. De 1908 à 1950, les dépenses engagées par Bruxelles dans sa colonie furent de 259 millions de francs-or et durant la même période, le Congo rapporta 24 millions de francs-or à l’Etat belge[1]. La Belgique n’a donc pas bâti sa richesse sur le Congo, même si des Belges y ont fait fortune, et parfois de colossales fortunes, mais ce n’est pas la même chose.

    3) Parmi toutes les puissances coloniales, la Belgique fut la seule à avoir défini un plan cohérent de développement en partant d’une réalité qui était que tout devait être fait à partir du néant. En matière d’éducation, la France et la Grande Bretagne saupoudrèrent leurs colonies d’Afrique sud-saharienne tandis que la Belgique choisit de procéder par étapes et de commencer par bien développer le primaire, puis le secondaire et enfin seulement le supérieur. Mais, pour que ce plan puisse être efficace, il lui fallait une certaine durée. Or, il fut interrompu par une indépendance précipitée et alors qu’il fallait à la Belgique au moins encore deux décennies pour le mener à son terme. Si le roi des Belges doit exprimer des « regrets », c’est donc d’avoir décolonisé trop tôt, trop vite, précipitamment, sous la pression de l’émotionnel … comme aujourd’hui !!!

    Alors, certes, et il serait historiquement mensonger de le nier, il y eut effectivement une période sombre au Congo avec une authentique politique d’exploitation fondée sur le travail forcé dénoncée dès 1899 par Joseph Conrad dans son livre « Au cœur des ténèbres ». Ce fut l’époque de la Fondation de la Couronne à laquelle le roi Léopold attribua environ 1/10° de la superficie de tout le Congo et qui perçut les revenus domaniaux des concessions. Mais ce ne fut qu’une parenthèse de quelques années qui, de plus, ne concerna que le 1/10° de l’immense Congo. A partir de 1908, le Congo rentra en effet dans l’Etat de droit et ses ressources ne servirent plus qu’à sa mise en valeur.

    Voilà pourquoi les « regrets » du roi des Belges qui sont aussi injustifiés qu’injustifiables, sont d’abord et avant tout une véritable insulte à l’Histoire. Mais également une insulte à la mémoire de ceux qui donnèrent leur vie pour combattre les esclavagistes. A la mémoire de ces fonctionnaires et de ces colons qui firent que dans le Congo belge les populations mangeaient à leur faim, étaient soignées et connaissaient la paix… A l’époque, les habitants du Kivu et de l’Ituri n’étaient ainsi pas massacrés comme aujourd’hui par des bandes armées… Une insulte à la mémoire de ceux qui firent que les services publics fonctionnaient, que les  voies de communication créées à partir du néant, tant pour ce qui était de la navigation fluviale, que des voies ferrées, des aérodromes ou des ports étaient entretenues. Quant au réseau routier, il était exceptionnellement dense, des pistes permettant de traverser le pays d’ouest en est et du nord au sud en toutes saisons. Après l’indépendance, ces voies de communication disparurent, littéralement « mangées » par la brousse ou par la forêt.

    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, 8 juin 2022)

     

    Notes :

    Pour en savoir plus, voir mon Histoire de l’Afrique des origines à nos jours pages 552-555 et 705-715

    [1] Stengers, J., (1957) « Combien le Congo a- t-il coûté à la Belgique ? » Académie Royale des Sciences Coloniales, T.XI, fasc 1, 1957, 354 pages.

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  • De l'Ordre nouveau à la Résistance...

    Les éditions Ars Magna viennent de publier un essai de Lionel Baland intitulé La Légion nationale belge - De l'Ordre nouveau à la Résistance. Lionel Baland est un écrivain belge quadrilingue spécialiste des partis patriotiques en Europe et de l’histoire du nationalisme belge. Il a publié de nombreux ouvrages sur ces sujets.

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    " La Légion nationale voit le jour en 1922 à Liège en Belgique. Nationaliste belge, elle est fondée par Henry Graff, dont le frère, officier dans l’armée belge, a été assassiné en Allemagne occupée. Ce mouvement s’étend dans l’ensemble du pays et adhère à des idées d’Ordre nouveau. La Légion nationale ne désire pas le pouvoir pour elle-même, mais pour le Roi. Paul Hoornaert succède à Henry Graff à sa tête et la développe. Ce groupement en uniforme affronte physiquement les communistes, les socialistes et les nationalistes flamands. En 1934, Paul Hoornaert participe au congrès international de Montreux en Suisse aux côtés d’autres dirigeants de mouvements d’Ordre nouveau venus de différents pays d’Europe.
    L’idéologie d’Ordre nouveau belge diffusée par la Légion nationale, à travers son principal organe de presse portant son nom et des brochures, évolue au fil du temps. Si cette organisation a des sympathies, à certains moments, pour le régime en place en Italie, elle est profondément antiallemande. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle entre dans les réseaux de la Résistance, fondés par des nationalistes belges, et combat l’occupant. Plusieurs de ses membres sont exécutés par les Allemands et son chef, Paul Hoornaert, meurt en déportation. "

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  • Les écrits d'exil de Léon Daudet...

    Les éditions Séguier ont récemment publié un recueil de textes de Léon Daudet intitulé Écrits d'exil 1927-1928. Écrivain, polémiste et critique talentueux, Léon Daudet a été avant-guerre une des principales figures de l'Action française.

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    " Lorsque Léon Daudet arrive à Bruxelles en juillet 1927 au terme d’une rocambolesque cavale, c’est un homme traqué et meurtri par la perte d’un fils. Mais plutôt que de subir la mélancolie de l’exil et la douleur du deuil, Daudet se donne tout entier à son travail, habité par ses obsessions, ne cédant rien aux modes, tenant parfois sa plume comme une lame bien droite : l’homme, jamais, ne se départit d’une passion intègre pour la littérature. En vingt-neuf mois, pas moins d’une vingtaine de livres voient le jour, dont quatre volumes – La Ronde de nuit, Les Horreurs de la guerre, Melancholia et Les Pèlerins d’Emmaüs – devenus quasiment introuvables. Ecrits d’exil réunit un florilège de ces textes, témoins d’un penseur aussi virtuose dans l’éloge que dans le contredit. Portraits d’auteurs – Rabelais, Nietzsche, Montaigne, Hugo ou Baudelaire -, vastes réflexions politiques sur l’Europe des années 1920, questionnements scientifiques ou littéraires, aphorismes : cet ouvrage aux formes éclatées est à l’image de son fracassant auteur. "

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  • Quand la Belgique paie les résultats de vingt ans de laxisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le sénateur belge de centre-droit Alain Destehxe à Figaro Vox et consacré à l'attentat commis à Liège par un islamiste.

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    Attentat de Liège : «La Belgique est le pays le plus touché par la radicalisation islamiste»

    FIGAROVOX.- Vous êtes né à Liège et y avez longtemps vécu. Que vous inspire cet acte terroriste? Liège est-elle en passe de devenir un nouveau Molenbeek?

    Alain DESTEXHE.- L'attentat s'est déroulé en plein centre de la ville de Liège, sur le boulevard le plus fréquenté par les véhicules. Dans mon adolescence, le lycée Léonie de Waha (devant lequel le tueur a été abattu) était une école réservée aux filles, que l'on allait attendre à la sortie des cours en venant de l'Athénée de garçons à 200 mètres de là. Si, à l'époque, on nous avait dit que quarante ans plus tard, il y aurait un attentat islamiste à cet endroit, personne ne l'aurait cru, on en aurait même ri! D'ailleurs, même ce mot «islamiste» était inconnu. Nous avons vraiment changé d'époque en très peu de temps. En ce qui concerne la comparaison avec Molenbeek, j'entendais récemment une journaliste française dire que Trappes était le Molenbeek français. En fait, il n'y a pas que Molenbeek. De nombreuses communes belges sont touchées par le phénomène islamiste: Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles-Ville dans la région bruxelloise, mais aussi Anvers et ses environs, Verviers, Charleroi, Vilvorde… presque toutes les communes où il y a de fortes concentrations de population d'origine immigrée.

    Vous dénoncez régulièrement, dans ces colonnes notamment, l'angélisme des autorités belges face à la menace islamiste. Était-ce déraisonnable d'accorder une permission de sortie à un individu connu pour s'être radicalisé en prison?

    Il semble, en effet, que c'était déraisonnable. On a appris qu'il était en cavale pendant un an jusqu'en mars 2017! Cela pose le problème de la récidive qui n'est pas assez punie en France comme en Belgique. Quant à sa radicalisation, on n'en sait pas encore grand-chose. Comment et au contact de qui? Il faut aussi souligner que c'est la première fois depuis longtemps qu'on a affaire à un «Belge de souche», converti à l'islam. En 2005, une Belge d'origine, Muriel Degauge, avait commis un des premiers attentats kamikazes contre les forces américaines en Irak.

    Malheureusement, rapporté à sa population, la Belgique a produit plus de terroristes et de djihadistes que tous les autres pays d'Europe, y compris la France. 18 884 personnes étaient fichées pour terrorisme par la police belge en 2017. Un chiffre comparable à celui de la France (le Ministère de l'Intérieur ayant annoncé 12 057 radicalisés actifs la même année et environ 18 500 signalements pour radicalisation), alors que la population belge est six fois moins élevée. Les définitions ne sont peut-être pas totalement comparables, mais cela donne une indication. Dans les prisons belges, on dénombrait 447 détenus radicalisés (ou à risque) contre environ 1 500 en France. Il y a un problème clair de surreprésentation de l'islamisme radical au sein de la société belge.

    Comme je l'ai souvent écrit dans Le Figaro, nous payons là les résultats de vingt ans de laxisme. Si, sur le plan sécuritaire, le Gouvernement fédéral a fait des efforts considérables, il n'y a toujours pas de prise de conscience globale des racines de ce terrorisme et du fondamentalisme en général. Récemment, on a appris que des enfants de huit ou neuf ans faisaient le ramadan dans des écoles primaires, sans que cela suscite autre chose que des articles embarrassés dans des journaux. Avec la présence de militaires et de policiers en gilet pare-balles dans nos rues, nos gares et nos aéroports, et dans toutes les allées commerçantes des blocs de béton contre les véhicules-béliers, notre mode de vie se modifie progressivement. Le débat va sans doute se focaliser sur la radicalisation dans les prisons. Mais, après Nemmouche et l'attentat au Musée Juif, on a sécurisé les Thalys. Après les attentats de Bruxelles, l'aéroport et toutes les grandes artères commerçantes. Après les attentats contre des policiers, on a sécurisé les commissariats. C'est sans fin. Certains disent maintenant qu'il faudrait protéger les écoles. Le terroriste aurait pu faire un carnage dans le lycée de Waha. Sans s'en rendre compte parce que c'est progressif, nous devenons une société militarisée. On s'accommode de cette situation, sans réaliser que c'est un changement profond.

    Les policiers sont particulièrement visés…

    Oui. Comme en France, les policiers et les militaires sont de plus en plus touchés. Depuis 2012, il y a eu, je crois, 13 attaques contre des forces de l'ordre en France et 5 en Belgique, avec celle d'hier à Liège. Je me souviens précisément de la première en 2012, dont l'impact avait été minimisé, les médias s'inquiétant surtout du risque d'amalgame avec la population musulmane.

    Dans le cas de Liège, l'attaque était particulièrement lâche parce qu'elle visait des femmes, attaquées au couteau dans le dos. L'État islamique n'a sans doute plus les moyens d'organiser des attentats d'envergure, il s'attaque désormais à des cibles plus faciles et représentatives de l'État. En Belgique, on est toujours malheureusement dans une forme de déni. Bien sûr, on combat et on condamne le terrorisme, mais on ne veut pas voir le problème encore plus fondamental de la dérive de certains quartiers. Comme Macron en France, certains croient en Belgique que l'on résoudra le problème en développant un «islam belge». Cela me semble de plus en plus illusoire. Des pouvoirs publics peuvent-ils influencer une grande religion comme la religion musulmane? Les autorités peuvent juste rappeler les règles de notre société et les faire appliquer. Récemment, une étude en Flandre montrait que 39 % des belgo-turcs et 23 % des belgo-marocains plaçaient la loi divine au-dessus de la loi civile. En attendant, en Belgique, on autorise l'ouverture d'écoles musulmanes et on envisage de financer davantage les mosquées et les imams. On joue avec le feu. Il faudrait un grand débat national sur toutes ces questions.

    Liège est une ville qui se sent particulièrement proche de la France…

    Les Parisiens savent-ils qu'en 1914, on a débaptisé la station de métro Berlin, pour lui donner le nom de Liège afin de célébrer la résistance de la ville face à l'attaque allemande? Aujourd'hui, nous sommes à nouveau ensemble, tous engagés dans une nouvelle guerre mondiale contre le terrorisme.

    Alain Destexhe, propos recueillis par Paul Sugy (Figaro Vox, 30 mai 2018)

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  • Brasillach et Degrelle...

    Les éditions Ars Magna viennent de rééditer, dans leur collection "Le Devoir de mémoire", un livre de Robert Brasillach intitulé Léon Degrelle et l'avenir de Rex. Écrivain et journaliste, Robert Brasillach, à qui l'on doit, notamment, des romans comme Les sept couleurs ou Comme le temps passe , des souvenirs comme Notre avant-guerre, mais aussi une Histoire du cinéma (avec son beau-frère Maurice Bardèche) ou un Corneille, a été une des principale victimes de l'épuration des intellectuels et est mort le 6 février 1945, à 35 ans, dans les fossés du fort de Montrouge, sous les balles d'un peloton d'exécution...

     

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    « J’ai vu Léon Degrelle, le jour exact où il atteignait sa trentième année, le 15 juin dernier. Ce jeune chef, à vrai dire, ne parait même pas beaucoup plus de vingt-cinq ans. Et ce qu’il faut avouer d’abord, c’est que, devant ce garçon vigoureux, entouré d’autres garçons aussi jeunes, on ne peut se défendre d’une assez amère mélancolie. On a cru déconsidérer Rex en l’appelant un mouvement de gamins. Aujourd’hui, il y a autour de Léon Degrelle des hommes de tout âge, et la seule jeunesse qui importe est celle de l’esprit. Mais l’essentiel reste dans la jeunesse réelle, la jeunesse physique des animateurs, qui s’est communiquée à tout l’ensemble. Hélas ! quand aurons-nous en France un mouvement de gamins ? » ainsi Robert Brasillach décrivait-il Léon Degrelle aux lecteurs de Je suis partout en juin 1936.

    De cette rencontre, et de quelques autres, Robert Brasillach tira Léon Degrelle et l’avenir de Rex, un petit livre qui nous fait découvrir à la fois les débuts du rexisme et la jeunesse de Léon Degrelle.

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