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art - Page 2

  • Terre natale...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un nouveau tome du journal de Jean Clair intitulé Terre natale - Exercice de piété. Conservateur des musées de France, Jean Clair est l'auteur d'essais sur l'art, comme Considérations sur l’État des Beaux-Arts (Folio, 2015) ou Hubris (Gallimard, 2012) Conservateur des musées de France, Jean Clair est l'auteur d'essais sur l'art, comme Considérations sur l’État des Beaux-Arts (Folio, 2015) ou Hubris (Gallimard, 2012) mais c'est également un contempteur impitoyable et talentueux de notre triste époque, comme dans son Journal atrabilaire (Folio, 2008), dans L'hiver de la culture (Flammarion, 2011) ou dans La part de l'ange (Gallimard, 2016).

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    " «J’habite un corps qui m’est si étranger que je ne sais plus comment en sortir – ni comment y rentrer. »
    Avec ces "Exercices de piété", Jean Clair continue son œuvre de diariste, en se penchant d’abord sur lui-même. Il évoque de nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse des portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à des thèmes dont ses lecteurs sont familiers.
    Souvenirs et réflexions s’égrènent le long de séquences aux titres mystérieux et évocateurs comme "L’intrus", "Les papillons", "Le suaire", "L’assassin"… dans des pages éblouissantes, sur le corps vieilli, les absences, les insomnies, l’Italie, le souvenir des femmes aimées. Jean Clair a un don étonnant pour faire ressentir le tactile, les paysages, et aussi les émerveillements de l’enfant qu’il fut et que nous, lecteurs, fûmes. "

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  • La civilisation et ses ennemis...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier un essai de Kostas Mavrakis intitulé La civilisation et ses ennemis. Docteur en philosophie, Kostas Mavrakis est, notamment, un critique du non-art contemporain. Il a publié plusieurs articles dans Krisis, Éléments et Nouvelle École...

     

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    " Qu’est-ce que la civilisation, l’art, la culture ? En quoi ces questions nous éclairent-elles sur ce que nous sommes ou devrions être ? Suspectes de populisme parce qu’elles touchent au tabou de l’identité, elles sont aujourd’hui tenues pour illégitimes. Si on ose, cependant, les affronter, on sera conduit  à reconsidérer l’art comme composante principale de la civilisation. Comment subsisterait-elle alors qu’à l’art s’est substitué le non-art, effet de la mondialisation, qui, comme elle, n’admet aucune friction dans les flux planétaires de marchandises, d’hommes, d’informations ? Sa vacuité (il n’a pas de style) lui interdit toute appartenance à une tradition et son universalisme nihiliste l’enferme dans la négation de toute particularité, rien n’étant plus universel que le néant. A l’intersection de l’histoire et de la philosophie, cet ouvrage prolonge sans manichéisme sa réflexion sur le terrain de la prospective. Il engage, dans cet esprit, le débat avec les champions du libéralisme, de l’islamisme ou du prétendu « art contemporain, en mettant en lumière le lien paradoxal qui les unit. "

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  • Seiz Breur... Pour un art moderne en Bretagne !

    Les éditions Locus Solus viennent de publier une monographie de Pascal Aumasson intitulée Seiz Breur - Pour un art moderne en Bretagne 1923-1947. Conservateur du musée des beaux-arts de Brest, Pascal Aumasson avait déjà co-signé l'épais volume Ar Seiz Breur (Terre de Brume, 2000).

     

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    Le Seiz Breur (« Sept Frères » en breton) est un mouvement artistique majeur de l’entre-deux guerres, dont René-Yves Creston, Jeanne Malivel ou Pierre Péron sont de grands noms. Mais ce mouvement a réuni au final près de cinquante artistes dans diverses disciplines : architecture, art du bois, musique, sculpture, céramique, etc.
    Avec cet ouvrage, Pascal Aumasson, ancien directeur du Musée des Beaux-Arts de Brest, renouvelle en profondeur notre regard sur ce courant, en y cherchant ses influences universelles et ses apports graphiques, qui font encore vibrer notre œil contemporain. Car le Seiz Breur fut résolument moderniste, tourné vers les arts décoratifs, redécouvert ici grâce à des pièces en grande partie inédites, issues de collections privées et de musées.

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  • L'art contemporain ou l'absence d'art...

    Le 4 décembre 2017, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Aude de Kerros, à l'occasion de la sortie de du livre ABC de l'art contemporain (Jean-Cyrille Godefroy, 2017) de Nicole Esterolle. Graveur et peintre, Aude de Kerros réfléchit depuis près de trente ans sur l'art contemporain et a déjà publié de nombreux articles et plusieurs essais comme L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain (Eyrolles, 2007), Sacré art contemporain - Evêques, inspecteurs et commissaires (Jean-Cyrille Godefroy, 2012), 1983-2013 Années noires de la peinture (Pierre-Guillaume de Roux, 2013) et L'imposture de l'art contemporain - Une utopie financière (Eyrolle, 2015)...

     

     

                                          

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  • Un art de l'éternité...

    Les éditions Gallimard viennent de rééditer un essai d'Eric Michaud intitulé Un art de l'éternité - L'image et le temps du national-socialisme. Directeur d’études, Eric Michaud enseigne à l’ Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris (E.H.E.S.S.) et étudie les figures de l’homme nouveau qu’ont dessinées conjointement, au 19ème et au 20ème siècles, artistes, politiques et idéologues.

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    " L'art ne fut pas sous le IIIe Reich un instrument de propagande au service d'un programme politique. Parce que le nazisme fondait sa conception du monde sur le mythe de la race supérieure, seule créatrice de culture, l'art fut au contraire la raison d'être et la fin d'un régime qui se présentait comme "la dictature du génie".

    Le réveil du peuple allemand à l'art de son passé prit la forme d'un réveil religieux, l'art devint l'objet d'un culte national et tout travail fut assimilé à l'activité artistique. Guidé par un Führer artiste, le peuple 'aryen' modelait sa propre figure, en dessinait les contours, éliminant son fond "parasite" pour atteindre l'éternité promise. "

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  • Dans le silence des statues...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Xavier Bellamy, cueilli sur son site Pensées pour le jour qui vient et consacré à l'installation posée par le spéculateur en art contemporain Anish Kapoor. Agrégé de philosophie, François-Xavier Bellamy a récemment publié Les déshérités (Plon, 2014).

     

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    Dans le silence des statues

    « Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome

    Et rien de Rome en Rome n’aperçois… »

     

    Au XVIème siècle, Du Bellay écrivait ses Regrets, pour dire la désolation d’une civilisation disparue. Au XXIème siècle, c’est peut-être à Versailles qu’il pourrait contempler une civilisation qui s’effondre – la sienne, la nôtre… Les formes de cet effondrement ne sont peut-être pas les mêmes, mais c’est à ce même spectacle que nous allons convier cet été des millions de visiteurs : « Vois quel orgueil, quelle ruine… »

     

    Au cœur en effet du jardin qui vit éclore parmi les créations les plus accomplies de l’art occidental, s’installe pour quelques mois l’un des plus purs produits de la culture contemporaine. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, comme à chaque fois, le contraste est cruel pour notre modernité pourtant si contente d’elle-même. L’installation d’Anish Kapoor à Versailles est comme un révélateur implacable du vide absolu qui caractérise un art stérile. Bien sûr, les apparences sont sauves : le tout-Paris se pressera à l’inauguration, on fera de belles images, on écrira de grands commentaires. En installant ces œuvres dans l’un des monuments les plus visités en France, on évite de toutes façons le risque d’un bide : il suffit de les infliger à des millions de visiteurs qui venaient là pour voir autre chose, et l’on est déjà certain de pouvoir se féliciter dans quelques mois des chiffres de fréquentation dont personne ne pourra dire qui les a vraiment suscités. Malheureusement, toute cette vanité ne cache pas la vacuité d’une production culturelle déjà morte de l’intérieur.

     

    Tout l’art en effet consiste à révéler par le détour. L’œuvre d’Anish Kapoor exhibe, et ne dit rien. Les jardins de Versailles étaient une immense métaphore, biologique, mythologique, cosmologique – une histoire du pouvoir et de la société, une histoire de la paix enfantée par la guerre, de l’harmonie du monde née du conflit infini des hommes avec la nature et la terre… Il n’est pas une allée, pas un bosquet, pas une statue, qui n’ait quelque chose à dire en silence, dans le mystère d’une parole muette dont la discrétion éveille l’intelligence. Cheminer dans ces jardins, c’est atteindre ce lieu où Baudelaire voyait la métaphore de l’art tout entier, ce pays « où tout parlerait / à l’âme en secret / sa douce langue natale… »

     

    La métaphore, voilà tout l’effort de l’art occidental – et voilà précisément ce que l’art contemporain s’acharne à déconstruire. La finesse de la métaphore, voilà bien ce dont l’œuvre de Kapoor est incapable. Avec une lourdeur grossière, elle installe au milieu de la grande perspective des tonnes de fonte rouillée, et, plus lourde encore que la ferraille, toute l’impudeur obsessionnelle de l’art contemporain. « Le vagin de la reine » : ce n’est pas là l’interprétation maladive d’esprits mal tournés, mais celle qu’en donne l’auteur lui-même… La peinture, la sculpture ont pendant des siècles apprivoisé le mystère des corps, Kapoor prostitue le plus intime. Il ne suggère pas, il exhibe. La révélation du poète, c’était celle « où l’indécis au précis se joint », « pas la couleur, rien que la nuance ! ». Ainsi chantait Verlaine : « c’est des grands yeux derrière des voiles, c’est le soleil tremblant de midi… » Au cru midi d’Anish Kapoor, les voiles ont été arrachés, et les corps sont « mis en bouillie. »

     

    Mais tout cela n’est qu’un symptôme : de Kapoor à Paul McCarthy, l’art contemporain ne semble plus obsédé que par ses fantasmes primaires dont il marque les plus beaux lieux de notre patrimoine, comme un enfant qui n’arrive pas à se retenir. Sans aucune retenue, Kapoor transforme le tapis vert en « coin sale » (Dirty corner) – Freud aurait vu dans ces « petit coins » le symptôme typique d’une régression au stade anal. Symptôme, donc, et pas seulement d’une crise de l’art, mais de ce qu’il est généralement convenu d’appeler une « perte de sens », et de sens du corps en particulier. De la chair ne reste que le sexe, de la femme qu’un vagin, de l’altérité que le conflit (car ce vagin « prend le pouvoir »). Dans le « coin sale » d’Anish Kapoor, comme dans toute notre société, la pornographie a tué jusqu’à l’érotisme.

     

    L’œuvre de Kapoor, qui se complaît dans le « chaos », règne en majesté sur une culture en ruines. C’était le propre de la culture que d’ordonner, de clarifier, de distinguer. En elle pouvait mûrir, dans le silence, un sens à donner à nos vies : la culture contemporaine est criarde, mais elle ne dit rien. Pour masquer ce vide, on dira qu’elle « nous interroge ». Mais où est l’interrogation ? Le bavardage du commentaire masque mal notre impuissance. Le grand critique Didi-Huberman proposait une équation hélas encore vérifiée à Versailles : « Moins l’art transmet, plus il communique. »

     

    Il ne reste qu’une occasion de sourire. Bien sûr, la provocation faisant son œuvre, on va parler d’Anish Kapoor. Ceux qui oseront exprimer une réserve feront l’objet de l’habituel mépris des commentateurs autorisés. La cote de l’artiste va monter, nul doute que l’opération sera bonne. Mais après ? Dans cinquante ans, qui connaîtra Monsieur Kapoor ? Selon toute probabilité, un art qui ne veut rien transmettre n’engendrera pas d’héritiers. Il ne reste qu’à espérer que cet effondrement intérieur n’aura pas été définitif ; et que, dans cinquante, cent, et cinq cents ans, on écoutera encore dans le silence ce que, à chaque détour des jardins de Versailles, le sourire vivant des statues aura toujours à dire…

    François-Xavier Bellamy (Pensées pour le jour qui vient, 6 juin 2015)

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