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allemagne - Page 15

  • L'Aurochs... De Lascaux au XXIe siècle !...

    Les éditions du Gerfaut viennent de publier L'aurochs - De Lascaux au XXIe siècle, un ouvrage de Claude Guintard et d'Olivier Néron de Surgy. Claude Guintard est vétérinaire, docteur ès sciences du Museum national d’histoire naturelle à Paris et professeur d'anatomie comparé, il est également fondateur et le président du Syndicat international pour l’élevage, la reconnaissance et le développement de l’Aurochs-reconstitué. Olivier Néron de Surgy est journaliste et a été notamment rédacteur en chef adjoint du magazine Sciences et Avenir.

     

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    " L’Aurochs est l’ancêtre de tous les bovins domestiques. Il est apparu il y a environ 500 000 ans. Intensivement chassée au Moyen Âge, l’espèce a vu son dernier représentant s’éteindre dans une forêt de Pologne en 1627.

    Aujourd’hui, on connaît l’Aurochs grâce à des ossements retrouvés et des représentations, notamment dans les grottes de Lascaux. Puissant et doté de grandes cornes, cet animal a été mythifié par plusieurs civilisations indo-européennes. La force évocatrice de ce bovin est probablement à l’origine d’une création unique en zoologie : la « reconstitution » d’une espèce disparue. Dans la première moitié du XXe siècle, deux zoologistes allemands s’y attelèrent, en mariant des races bovines très rustiques. Les produits de tels croisements sont nommés « aurochs-reconstitués ». Des éleveurs en France et ailleurs en Europe ont repris le projet à leur compte. Désormais, l’Aurochs-reconstitué est une race bovine reconnue.

    Comment est valorisée cette nouvelle race ? L’Aurochs a-t-il été domestiqué ? Quelles traces reste-t-il de cette figure patrimoniale ? Ce livre brosse l’historique de l’Aurochs et de l’Aurochs-reconstitué depuis leurs origines respectives.

    Un livre à l’attention des passionnés de Préhistoire, de zoologie ou de patrimoine rural ! "

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  • L'Allemagne dans l'impasse ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Xerfi Canal et consacré à la situation économique de l'Allemagne, piégée dans l'affaire ukrainienne par les Etats-Unis...

     

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  • En Angleterre occupée...

    Nous vous signalons la parution récente en DVD, chez Doriane films, d'En Angleterre occupée, un film de Kevin Brownlow et Andrew Mollo, sur le thème uchronique d'une Grande-Bretagne vaincue par l'Allemagne nazie. Certains passage du film, tournés comme des bandes d'actualité d'époque créent un effet de réel vraiment étonnant. Vous pouvez découvrir ci-dessous la critique qu'en a fait Michel Marmin dans le mensuel Le Spectacle du monde de juin 2014.

     

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    " Voici quelques mois, nous vantions ici même (Le Spectacle du monde n°605, novembre 2013) les qualités vraiment exceptionnelles de Winstanley, le second film de Kevin Brownlow et Andrew Mollo, et nous soulignions l'intelligence avec laquelle les deux cinéastes avaient ressuscité à l'écran, de façon quasi documentaire, l'Angleterre du XVIIe siècle. Deux cinéastes de rencontre en réalité, qu'unissaient leurs passions respectives -l'art cinématographique pour Brownlow, les uniformes et les armes pour Mollo - et que la sortie des sentiers battus de la profession n'effrayait pas. Leur association était née une dizaine d'années auparavant, avec un projet complètement fou de Brownlow: un film situé dans une Angleterre que les Allemands auraient envahie après la débâcle de Dunkerque, en 1940, et où aurait été instauré un gime national-socialiste. Brownlow était alors un tout jeune homme qui n'avait pas froid aux yeux, qui ne doutait de rien et n'avait pratiquement pas un penny devant lui. L'aventure aurait autrefois tourné court si Mollo, encore plus jeune que lui, ntait venu lui proposer de reprendre le projet pratiquement à zéro, sur des bases plus solides et crédibles. Le tournage, étalé sur plusieurs années faute de moyens, n'en fut pas facilité, mais la sortie du film, en 1966, fut un événement d'autant plus inattendu qu' En Angleterre occupée n'avait pas coûté plus cher, selon les calculs de Brownlow, que le générique d'un James Bond.

    Jamais uchronie n'aura été aussi saisissante que l'histoire de cette infirmière plongée dans le chaos national, et qui, après avoir assisté à la mort de femmes et d'enfants tués « collatéralement » par des résistants antinazis, rallie le parti collaborationniste au pouvoir à Londres. Voir la Wehrmacht parader à Trafalgar Square comme aux actualités n'est pas quelque chose que l'on risque d'oublier, pour ne prendre que cet exemple! Mais le plus important n'est pas là. Il est dans le discours que délivre le film. Que disent en effet Brownlow et Mollo? Qu'il y aurait sans doute eu, en Angleterre comme ailleurs, des gens de bonne foi et de bonne volonté parmi les collaborateurs des Allemands (c'est le cas de l'héroïne), que les engagements politiques sont souvent déterminés par le hasard des circonstances et que, dans une guerre civile, les horreurs sont toujours de tous les camps. Significativement, le film s'achève, après la victoire de la Résistance appue par un débarquement américain, par le massacre des Waffen SS anglais qui ont fait leur reddition drapeau blanc en tête ... Il n'y a là absolument aucune complaisance morbide de la pan des auteurs, mais un souci d'objectivité « historique » et d'honnêteté dramatique qui, s'il allait de soi il y a cinquante ans, serait peut-être moins bien compris aujourd'hui.

    D'ailleurs, la réalisation du film n'a pas manqué de susciter des débats parfois violents entre Brownlow et Mollo, et pas seulement sur des questions de forme. Brownlow, notamment, était tout à fait conscient du risque de donner prise à la fascination du nazisme, et il n'est pas sûr que le film y ait totalement échappé. Exploit cinématographique sans précédent et enjeu idéologique majeur, En Angleterre occupée ne doit pas seulement être vu et revu. Il doit aussi être lu: En Angleterre occupée est également le titre du livre que Kevin Brownlow a consacré en 1968 à la production et à la réalisation du film, et dont une traduction française vient enfin de paraître, dans une édition très soignée et dotée d'une iconographie captivante, parfaitement accordée au texte.

    Ce livre, nous le disons très sincèrement, est l'un des plus beaux témoignages qu'il nous ait été donné de lire dans notre vie de cinéphile.

    Michel Marmin (Le Spectacle du monde, juin 2014) "

     

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    En Angleterre occupée - Journal d'un tournage, de Kevin Brownlow (La Tour verte, 2014)

     

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  • L'ennemi utile...

    Les éditions allemandes Schneider Text viennent de publier en français une étude de Pierre Thoumelin intitulée L'ennemi utile et consacré à la présence massive de soldats allemands, anciens de la Wehrmacht et de la Waffen SS, dans les unités de la Légion étrangère qui ont combattu pour la France en Indochine. Un fait bien connu des férus d'histoire militaire mais largement ignoré du grand public...

     

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    " Ce livre retrace l'itinéraire improbable de milliers d'anciens soldats allemands de la Wehrmacht et de la Waffen-SS, ayant servi le Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale, entre l'Europe au sortir de la guerre et l'Indochine française en cours d'émancipation. Depuis la création de la Légion étrangère en 1631, les Allemands ont toujours été présents en nombre dans ce corps d'armée unique au monde, où se côtoient les nationalités les plus diverses. Malgré une opinion publique française massivement hostile aux Allemands et l'Allemagne après quatre années d'occupation nazie, l'armée française continue de recruter de très nombreux Allemands - et ce dès 1943 ! L'Allemagne en ruine et les camps de prisonniers de guerre, où les conditions de vie sont souvent atroces, sont un terrain privilégié pour les recruteurs de le Légion, qui font miroiter aux vétérans allemands l'idée d'une vie d'aventures dans des paysages exotiques. En réalité, l'armée française, en voie de reconstruction, est à le recherche d'hommes ayant une expérience de combat et connaissant les tactiques à employer contre des Insurgés. Sur prés de 73 000 légionnaires ayant combattu en Indochine. prés de 30 000 sont Allemands ou Autrichiens. Une germanisation galopante de la Légion donne naissance en France, et en Allemagne, aux rumeurs les plus folles. A l'assemblée nationale, les députés communistes dénoncent bientôt l'emploi de criminels de guerre nazis par l'armée française en Indochine. Fruit de plusieurs années de recherches dans les archives allemandes et françaises, cet ouvrage propose un regard croisé sur l'histoire de ces légionnaires allemands au service de la France. De nombreux témoignages inédits d'anciens légionnaires et de soldats français de corps expéditionnaire français ayant servi en Indochine permettent une mise en perspective approfondie de la documentation officielle. Pour le première fois, un livre s'intéresse de près à ces improbables relations franco-allemandes dans le domaine militaire et qui naissent dès avent le fin de la Seconde Guerre mondiale. "

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  • L'idéal de puissance...

    Vus pouvez découvrir ci-dessous une analyse passionnante de Philippe Grasset, infatigable animateur du site De Defensa, consacré à l'idéal de puissance comme forme de l'hybris du système...

    Philippe Grasset est l'auteur des essais intitulés Le Monde malade de l'Amérique (Chronique sociale - EVO, 1999), Chroniques de l'ébranlement (Mols, 2003), et de La grâce de l'Histoire (Mols, 2014).

     

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  • Traité transatlantique : le dessous des cartes...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Figaro Vox et consacré au Traité transatlantique en cours de négociations entre les États-Unis et l'Union européenne. Journaliste, Jean-Michel Quatrepoint vient de publier Le Choc des empires - États-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde? (Gallimard, 2014).

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    Traité transatlantique : le dessous des cartes

    Le traité transatlantique qui est négocié actuellement par la Commission européenne pourrait consacrer la domination économique des États-Unis sur l'Europe. Pourquoi l'Union européenne n'arrive-t-elle pas à s'imposer face au modèle américain?

    La construction européenne a commencé à changer de nature avec l'entrée de la Grande-Bretagne, puis avec l'élargissement. On a privilégié la vision libre-échangiste. Libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes. Plus de frontières. Mais en même temps on n'a pas uniformisé les règles fiscales, sociales, etc. Ce fut la course au dumping à l'intérieur même de l'espace européen. C'est ce que les dirigeants français n'ont pas compris. Dès lors qu'on s'élargissait sans cesse, le projet européen a complètement changé de nature. Ce qui n'était pas pour déplaire aux Américains qui n'ont jamais voulu que l'Europe émerge comme une puissance, comme un empire qui puisse les concurrencer. L'Europe réduite à une simple zone de libre-échange, qui se garde bien de défendre des champions industriels européens, les satisfait. Un Airbus leur suffit. Les Américains défendent leurs intérêts, il faut comprendre leur jeu. Ils ont une vision messianique de leur rôle, celle d'apporter la démocratie au monde, notamment à travers les principes du libre-échange.

    Selon vous, le traité transatlantique est aussi pour les États-Unis un moyen d'isoler la Chine. Pouvez-vous nous expliquer la stratégie américaine?

    La force des États-Unis, c'est d'abord un dynamisme, un optimisme qui leur donne une capacité de rebond extraordinaire. C'est une jeune nation. Ils se sont endormis sur leurs lauriers d'hyperpuissance dans les années 1990 et ont commencé à rencontrer des résistances. Il y a eu le choc du 11 Septembre. Mais Bush s'est focalisé sur l'ennemi islamiste, sans voir que la Chine était pendant ce temps-là en train de monter en puissance. Cette dernière est entrée dans l'OMC quelques jours après le 11 Septembre alors que tout le monde était focalisé sur al-Qaida. Mais quand on analyse les courbes du commerce mondial, c'est édifiant: tout commence à déraper en 2002. Les excédents chinois (et aussi allemands) et les déficits des autres puissances. La Chine est entrée dans l'OMC, car c'était à l'époque l'intérêt des multinationales américaines qui se sont imaginé qu'à terme elles pourraient prendre le marché chinois. Pari perdu: celui-ci est pour l'essentiel réservé aux entreprises chinoises.

    Un protectionnisme qui a fait s'écrouler le rêve d'une Chinamérique…

    La Chinamérique était chimérique, c'était un marché de dupes. Dans ce G2 les Américains voulaient être numéro un. Les Chinois aussi. Les Américains s'en sont rendu compte en 2006, lorsque les Chinois ont rendu public un plan baptisé «National medium and long term program for science and technology development» dans lequel ils affichaient leur ambition d'être à l'horizon 2020 autonomes en matière d'innovation, et en 2050 de devenir le leader mondial: non plus l'usine mais le laboratoire du monde! Là, les Américains ont commencé à s'inquiéter, car la force de l'Amérique c'est l'innovation, la recherche, l'armée et le dollar. Si vous vous attaquez à la recherche, que vous mettez en place une armée et une marine puissantes et que vous développez une monnaie pour concurrencer le dollar, là vous devenez dangereux. Lorsque les Chinois ont affiché leur volonté de faire du yuan l'autre monnaie internationale pour pouvoir se passer du dollar, notamment dans leurs accords commerciaux bilatéraux, cela a été la goutte d'eau de trop.

    Toute attaque sur le dollar est un casus belli. Lorsqu'ils ont créé l'euro, les Européens ont fait très attention à ne pas en faire une monnaie concurrente du dollar, même si les Français le souhaitaient au fond d'eux-mêmes. Les Américains ont laissé l'Europe se développer à condition qu'elle reste à sa place, c'est-à-dire un cran en dessous, qu'elle reste une Europe atlantiste. Avec une monnaie surévaluée par rapport au dollar. Cela tombe bien puisque l'économie allemande est bâtie autour d'une monnaie forte. Hier le mark, aujourd'hui l'euro.

    Le traité transatlantique peut-il néanmoins être profitable à l'Europe?

    Les principaux bénéficiaires de ce traité seront les multinationales américaines et l'industrie allemande, notamment automobile. L'Amérique se veut plus que jamais un empire, qui règne à la fois par le commerce, la technologie et la monnaie, mais aussi par l'idéologie.

    D'où les traités transpacifiques et transatlantiques initiés par Hillary Clinton. Celle-ci vise la présidence en 2016. Elle est à la manœuvre depuis 2010 dans une stratégie de containment vis-à-vis de la Chine, mais aussi de la Russie. L'idée est de fédérer les voisins de la Chine et de la Russie, dans une zone de libre-échange et de faire en sorte que les multinationales américaines y trouvent leur compte afin que progressivement le modèle américain s'impose et que les États-Unis redeviennent le centre du monde. C'est pourquoi les États-Unis ont empêché le Japon de se rapprocher de la Chine, la querelle entre les deux pays sur les îles Diaoyu-Senkaku ayant opportunément surgi pour casser toute velléité de rapprochement. Le Japon avec le nouveau premier ministre conservateur Abe est revenu dans le giron de Washington.

    Le principal levier de pression de cette stratégie élaborée par Hillary Clinton est l'énergie. Grâce au gaz et au pétrole de schiste, l'objectif des Américains est de ne plus dépendre des importations pétrolières (et donc de se détacher du bourbier oriental), de donner un avantage compétitif aux entreprises américaines, de rapatrier la pétrochimie sur le sol américain. Les industriels américains ont désormais une énergie beaucoup moins chère que les industriels européens, notamment allemands. L'objectif est de devenir non seulement indépendant, mais aussi exportateur d'hydrocarbures, pour faire en sorte notamment que l'Europe ne soit plus dépendante du gaz russe.

    L'énergie est la clé pour comprendre le traité transatlantique. On donne aux Allemands ce qu'ils veulent, c'est-à-dire la possibilité non seulement de développer leur industrie automobile aux États-Unis, mais aussi d'avoir les mêmes normes des deux côtés de l'Atlantique. Ils pourront produire en zone dollar avec des coûts salariaux inférieurs, des modelés qu'ils pourront vendre en zone euro, voire dans le Pacifique. Cette uniformisation des normes profitera également aux multinationales américaines. Elles sont directement à la manœuvre et participent aux négociations. Leurs objectifs: uniformiser les règles, les normes en les alignant si possible sur le niveau le moins contraignant. Notamment dans la santé, l'agriculture, les industries dites culturelles. Faire en sorte que les Etats ne puissent pas remettre en cause ces normes. Ces traités délèguent en fait une part des souverainetés populaires aux multinationales. Si les Européens acceptent cette sorte de mise sous tutelle, alors les Américains condescendront à nous exporter du gaz et surtout du pétrole de schiste à bon prix. Merkel a un plan: passer de la dépendance au gaz russe à la dépendance au charbon et au gaz américain, tout en ne froissant pas les Russes, qui restent avant tout des clients. À l'opposé de Schröder, elle est américanophile et russophobe.

    Et la France dans tout ça? Comment peut-elle tirer son épingle du jeu?

    La France n'a rien à gagner à ce traité transatlantique. On nous explique que ce traité va générer 0,5 point de croissance, mais ces pourcentages ne veulent rien dire. Le problème de la France c'est: comment et où allons-nous créer de l'emploi? Et pas seulement des emplois de service bas de gamme. Notre seule chance aujourd'hui est de créer des emplois à valeur ajoutée dans le domaine de l'économie numérique, ce que j'appelle «Iconomie», c'est-à-dire la mise en réseau de toutes les activités. L'Allemagne traditionnellement est moins portée sur ces secteurs où la France est relativement en pointe. La France crée beaucoup de start-up, mais dès qu'elles grossissent un peu, elles partent aux États-Unis ou sont rachetées par des multinationales. Il faut que l'on développe nos propres normes. La France doit s'engager dans la révolution numérique. Je suis partisan de doter tous les enfants d'une tablette, ça ne coûte pas plus cher que les livres scolaires, et si on les faisait fabriquer en France (11 millions de tablettes, renouvelées tous les trois ans), cela créerait de l'emploi. Et dans le sillage des tablettes, d'innombrables applications pourraient naitre et se vendre sur le marché mondial.

    Il n'y a pas de raisons de laisser Google et autres Amazon en situation de monopole. La visite de l'Opéra Garnier en live numérique, c'est Google qui l'a faite! La France avait tout à fait les moyens de le faire! Si nous n'y prenons pas garde, la France va se faire «googeliser»!

    Il y a un absent dans votre livre: la Russie. Celle-ci, avec Vladimir Poutine, semble pourtant avoir renoué avec le chemin de la puissance…

    Les Américains avaient un plan, il y a 20 ans: démanteler totalement l'URSS, la réduire en de multiples confettis, pour contrôler la Russie et ses matières premières, avec pour ambition de donner l'exploitation des matières premières russes en concession aux multinationales. Si Khodokovski a été victime de la répression poutinienne, c'est bien parce qu'il allait vendre le groupe pétrolier Ioukos aux Anglo-Saxons pour 25 milliards de dollars. Et qu'il pensait s'acheter la présidence de la Russie avec cet argent. Poutine est alors intervenu. À sa manière. Brutalement. Un peu comme en Géorgie hier et en Ukraine aujourd'hui. On peut le comprendre. Il défend ce qu'il considère être les intérêts de son pays. Mais il faut aussi lui faire comprendre qu'il y a des lignes à ne pas franchir.

    Ce pourrait-il qu'elle devienne un quatrième empire?

    Pour le moment non. Le sous-titre de mon livre c'est: qui dominera l'économie monde? La Russie est un pétro-État, c'est sa force et sa faiblesse. Poutine n'a pas réussi pour le moment à diversifier l'économie russe: c'est la malédiction des pays pétroliers, qui n'arrivent pas à transformer la manne pétrolière en industrie dynamique.

    Jean-Michel Quatrepoint, propos recueillis par Eugénie Bastié et Alexandre Devecchio (Le Figaro Vox, 25 avril 2014)

     

     

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