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alain de benoist - Page 44

  • Georges Dumézil et les Indo-Européens...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit  Xavier Delamarre, linguiste et  co-éditeur, avec Romain Garnier de la revue d'études indo-européennes Wékwos, et Jean Haudry ancien professeur de linguistique et de sanskrit à l'université Lyon-III, et auteur, notamment, d'un Les Indo-Européens, dans la collection Que-sais-je, récemment réédité.

     

                                       

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (41)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Entretien d’Alain de Benoist avec Nicolas Gauthier (Bvd Voltaire) sur les psychotropes. Montrant que la loi française actuelle sur les stupéfiants est inapplicable il revient sur sa transformation prévue par le gouvernement qui entend faire évoluer la répression de l’usage du cannabis qui sera à l’avenir justiciable d’une simple amende :

     
    Alain de Benoist ruine en quelques phrases le dogme qui voudrait que l’avortement soit la cause essentielle de la baisse de la natalité en Europe : 
     
     
    Alain de Benoist : « Je suis pour l’autonomie de la Corse, pas pour son indépendance ! » Courte réflexion sur la France jacobine et ses régions :
     
     
    L’Institut Iliade en plus de son colloque annuel (le prochain se déroule à Paris le 7 avril) se consacre essentiellement à la formation de jeunes esprits. Il s’agit de faire émerger une nouvelle génération d’acteurs susceptibles d’épauler le réveil des peuples européens actuellement en dormition, afin de combattre le risque de « grand effacement » de notre civilisation commune et de renouer avec le fil d’Ariane de notre identité collective. Ci-jointe la vidéo (première référence) présentant les stages de formation qu'elle organise et qui visent à doter ses stagiaires d’une conscience bien affutée tant sur le plan intellectuel, qu’éthique et esthétique. La deuxième référence explicite les propos de la vidéo sur la manière dont l’Iliade conçoit la « tenue »  :
     
     
     
    Lors de sa dernière émission Hebdo Politique Elise Blaise recevait Paul-François Paoli sur Tv-Libertés. L’auteur de l’excellent livre L’imposture du vivre-ensemble de A à Z paru chez L’Artilleur y devise avec justesse de l’affaire de la future Jeanne d’Arc qui pose la question des relations entre le particulier et l’universel, hors du rabâchage idéologique coutumier. Est abordée ensuite la question Mennel Ibtissem, la chanteuse enturbannée de The Voice. Pour Paoli,  afin qu’il y ait un vivre-ensemble encore faut-il qu’il y ait un monde commun, d’où la question : que partageons-nous avec Ibtissem ? Sont évoqués par la suite les sujets brûlant du sentiment de culpabilité éprouvé en Europe occidentale et de la lâcheté insigne des élites qui se coulent trop aisément dans un tel masochisme, la nécessité d'un récit national à condition qu’il ne soit pas figé, la perspective d’un affrontement avec ceux qui se refuseront à toute refondation identitaire de notre être ensemble, la détresse d’un État victime de la religion humanitaire et victimaire qui ne veut pas faire respecter ses propres lois et bat en retraite quand se présente l’éventualité d’une quelconque violence, si bien que l'on peut se demander à bon droit quelle est désormais sa légitimité ? Tout cela est, selon Paoli,
    symptomatique d’un déclin anthropologique du monde occidental. Voici un écrivain sans langue de bois et nullement inhibé  :
     
     
    Françoise Bonardel, professeur de philosophie émérite à la Sorbonne recommande vivement la lecture de L’imposture du vivre-ensemble de A à Z de Paul-François Paoli. Dans sa critique, parue sur Le Figaro Vox elle fait chorus avec les thèses du livre. Qu’on en juge par cet extrait : « Qu’on les nomme poncifs, stéréotypes ou clichés, les nouveaux lieux communs relatifs au « vivre ensemble » relèvent bien de l’imposture en ce qu’ils tentent de faire passer une fiction pour la réalité qu’ils contribuent à dissimuler. Que des formes de coexistence pacifique et d’entente cordiale soient bel et bien possibles entre les membres des différentes communautés installées sur la territoire français, ne règle pas davantage le problème de fond lié à l’immigration de masse que de penser que les relations d’amitié entre certaines familles juives et arabe-musulmanes vont mettre fin au conflit israélo-palestinien. Quand des migrants s’entre-tuent à Calais ou ailleurs, que des communautés ne cachent plus leur hostilité réciproque et règlent leurs comptes selon leurs coutumes ancestrales, que devient la « vivre-ensemble » angélique présenté comme un modèle d’intégration républicaine auquel devraient surtout se plier les autochtones ». Le peuple français toujours mis au banc des accusés, pourra-t-il longtemps supporter pareille situation ? :
     
     
     
    Le 3 mars Alain Finkielkraut présentait un numéro de Répliques consacré à la France d’hier. Il avait comme invité Jean-Pierre Le Goff. Dans La France d’hier. Récits d’un monde adolescent des années 1950 à Mai 68 (éditions Stock) ce sociologue éminent s’attache à donner un sens aux fragments de ses souvenirs et, parfois, de ses nostalgies. Un changement radical s’est produit entre ce passé récent (les années 50 et 60), dur mais profondément humain et l’époque contemporaine. C’est ce basculement dont l’adolescence fut alors l’épicentre qui s’est cristallisé en mai 68. Le Goff essaye d’en débrouiller avec lucidité la signification en évitant toute lecture rétrospective ou par trop angélique. Il reproche à la droite contemporaine sa lecture simpliste et revancharde des événements et au gauchisme culturel d’en avoir altéré le sens. Remarquable émission :
     
     
    Antonio Gramsci est à la mode à « droite », d’Alain de Benoist qui a repris sa théorie de l’hégémonie culturelle dès les années 70, à Marion Maréchal-Le Pen aujourd’hui. En réalité Gramsci devrait être lu par tous ceux qui considèrent que la bataille politique ne se réduit pas à des compétitions électorales et qu’elle met en scène prioritairement des représentations, des symboles et des affects. L’hégémonie étant actuellement détenue par le camp libéral, c’est contre lui qu’il convient d’argumenter comme le rappelle Matthieu Bock-Côté :
     
     
    « La presse est la première ennemie de la liberté d’expression ». Non, ce n’est pas sur un site de la réinfosphère que l’on peut lire pareille déclaration fracassante mais sur le blog de Jean-Luc Mélenchon. Il y prenait la défense de Laurent Wauquiez à la suite des  propos « controversés » de ce dernier ( les propos sont réputés « controversés » par les médias quand il s’agit d’astreindre l’émetteur à plus de conformité au politiquement correct). Un article du Monde (première référence) indique que Jean-Luc Mélenchon n’a pas soutenu Wauquiez par hasard. Le prophète de l’insoumission fait authentiquement de la politique et il est un des seuls sur cette ligne. Il sait qu’il lui faut abattre le parti des médias et son unanimisme s’il veut réussir son entreprise. Ayant choisi et désigné l’ennemi qu’il appelle « la caste » dont la presse serait l’ultime rempart, il la combat frontalement et pour cela il lui faut décrédibiliser le rempart d’experts, de fake news et de fariboles, derrière lesquels elle s’abrite quitte à faire des dommages collatéraux dans ses propres rangs. Ainsi le départ d’Aude Rossigneux puis de Noël Mamère et de toute une flopée de révolutionnaires du dimanche qui soutenaient le pure playeur insoumis : Le Média. « Nous n’avons pas d’autre adversaire concret que le parti médiatique; lui seul mène la bataille sur le terrain, en inoculant chaque jour la drogue dans les cerveaux » ajoute-t-il, montrant par là qu’il a parfaitement compris comment fonctionnait notre société. En revanche il n’est pas sûr que Mélenchon soit suivi par l’équipe de bras cassés qui l’entoure. Ce sont des gens classiquement de « gauche », trop bien intégrés au « système », qui ont des appuis dans les médias et ne voudront pas rompre avec eux. Des rebelles de confort qui ne peuvent suivre le leader maximo sur de nombreux points de sa politique étrangère. Aude Rossigneux est un premier exemple de ce trouble. N’a-t-elle pas été virée car elle sympathisait avec les « rebelles » syriens ? Pour s’être enchainée en quelques sortes à la stratégie de la CIA et de l’État israélien, conformément aux canons de l’Église socialiste depuis l’antique SFIO. On fait mieux comme modèle d’insoumission radicale. La même information traitée par l’OJIM (deuxième référence), puis enfin la chronique, très honnête, diffusée sur Le Média et qui a fait fuir les amis de l’Amérique impériale maquillés en dissidents de choc (troisième référence)   :

     

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/03/05/melenchon-et-wauquiez-meme-combat_5265696_823448.html

     
     
     
    Bon numéro d’I-média, l’émission de critique du parti médiatique présentée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp, plus pertinents que jamais. Elle traite cette fois ci de Bernard de la Villardière, journaliste indépendant en proie à la meute aboyeuse des redresseurs de tort pour ses propos qualifiés d’ « islamophobes »; du jugement de Mélenchon sur les médias et de la guerre de la Ghouta telle qu’elle a été envisagée par Le Média relevant la pratique de la censure (les images qu’on ne montre pas) et de la propagande (les images qu’il faut absolument montrer). L’arsenal sémantique utilisé par Le Monde est à cet égard révélateur. Quand Le Monde traite des bombardements sur la Ghouta il n’est question que de « massacre » de « catastrophe humanitaire » de « guerre d’extermination » sans oublier les objurgations de « la communauté internationale » qui en novlangue ne désigne que les seuls pays vassaux de l'Otan :
     
     
    Jean-Paul Brighelli, toujours en verve, remet à sa place Jean-Luc Mélenchon qui galèje, selon lui, à propos des réformes entreprises par Blanquer dans l’éducation nationale. Exercice d’humour vache mais cependant pétri de réalisme républicain old school :
     
     
    Dans une autre chronique Jean-Paul Brighelli, Cassandre qui hurle talentueusement dans le désert, s’en prend aux « pédagogues » qui ont dévasté l’école et contraint au déracinement deux générations de jeunes français. 
    Citant Barbara Lefebvre qui vient de faire paraitre un livre intitulé Génération « j’ai le droit ». La faillite de notre éducation, il écrit : « Le français et sa littérature d’une part, l’histoire, d’autre part, sont les mamelles de l’identité nationale. C’est pourquoi déraciner l’enseignement de ces deux disciplines était primordial pour les guérilleros du multiculturalisme postmoderne, du libéralisme mondialisé, de l’individu atomisé ». S’ensuit une véritable avalanche de crimepensée orwellien qui voit les jocrisses passer les uns après les autres au peloton d’exécution et confère à sa lecture une jubilation sans pareille:
     
     
    Résumé du livre de Heinrich Meier La leçon de Carl Schmitt  paru sous le titre « L’oeuvre de Carl Schmitt, une théologie politique ». Étude sur le transfert opéré par les juristes des concepts théologiques, comme celui de la toute puissance de Dieu, sur le souverain temporel dans le monde moderne. Selon Schmitt, après la sécularisation c’est à la politique de remplir la mission jadis dévolue à l’Église. De là résulte que le critère du politique qui est la distinction entre l’ami et l’ennemi renvoie, en dernière analyse, à l’opposition entre Dieu et Satan. « On ne peut comprendre la genèse des concepts schmittiens et leur portée véritable qu’en ayant à l’esprit (la foi catholique qui anime l’auteur) ». cette foi explique que sa pensée est moins une philosophie politique - si la philosophie doit être pensée comme indépendante de la foi en la révélation- qu’une théologie politique, pour ainsi dire totale en ce qu’elle informe tous les aspects de l’existence, conclue Heinrich Meier : 
     
     
    Propos toniques de François Bousquet, rédacteur en chef d’Éléments, sur le « psychodrame » (Raymond Aron) de mai 68, lors d’une conférence tenue à Bordeaux le 10 février dernier. Une rupture générationnelle qui outrepasse largement les quelques journées emblématiques de la « commune étudiante ». Bousquet se lance dans une diatribe qui ne manque pas de souffle contre l’esprit 68. Comme le souligne l’orateur c’est une attaque en règle et à charge contre l’esprit de mai qui a débouché sur le règne contemporain du libéralisme libertaire unissant les deux versants de la double pensée, comme dirait Jean-Claude Michéa  :
     
     
    Dans un entretien avec Édouard Chanot sur la chaine Sputnik, le sociologue québécois Jérôme Blanchet-Gravel réfute l’argument selon lequel le multiculturalisme, véritable totem contemporain, équivaudrait à un progrès. Y voyant, comme de nombreux communautariens d’Amérique du Nord, un retour à la tradition, au religieux et à un véritable réenchantement du monde dans une perspective anti-libérale. Certes le multiculturalisme avance ses pions en s’appuyant sur la structure juridique libérale, mais il abrite idéologiquement une pensée profondément illibérale réprouvant l’individualisme issu des Lumières ( voir à cet égard le numéro 16 de juin 1994 de Krisis qui comporte un article prémonitoire d’Alain de Benoist sur les communautariens américains et des extraits des écrits d’Alasdaire MacIntyre et de Michael J. Sandel). Selon Jérôme Blanchet-Gravel (La face cachée du multiculturalisme, éditions du Cerf) le multiculturalisme comme représentation relève d’un esprit baudelairien amateur de paradis artificiel qui fait appel à l’orientalisme (fascination de l’Orient) en vogue dans le romantisme du XIX éme siècle, mettant ainsi en doute l’imaginaire actuel qui représente le monde occidental comme essentiellement xénophobe alors qu’il est au contraire profondément xénophile. En ce sens, nous dit-il, le muticulturalisme n’est pas à confondre avec le mondialisme qui tend à uniformiser les cultures au besoin par un métissage universel, alors que l’idéologie « multi-culti » tend à préserver des cultures différenciées :
     
     
    Le clergé médiatique est hémiplégique. Il relaie sans recul et sans l’ombre d’un doute le seul discours des associations immigrationnistes ainsi que le montre éloquemment l’OJIM à propos des discussions récentes sur la loi asile-immigration. Une loi qui prévoit d’étendre le regroupement familial auprès des réfugiés mineurs et donc crédibilise les projet des familles qui envoient leur grand garçon en éclaireur essayer de trouver un avenir meilleur en Europe. Et tout cela au bénéfice des courants libéraux libertaires qui s’arrogent le monopole de la vertu (première référence). La prise en charge des migrants mineurs clandestins au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance qui échoit pour l’essentiel aux départements pèse de plus en plus lourdement sur des finances déjà rabotées par l’État. Par exemple pour la Seine et Marne l’enveloppe budgétaire dédiée est passée de 11,5 millions en 2015 à 30 millions en 2017. L’asphyxie financière à laquelle conduit cette évolution est d’autant plus rageante que le président du Conseil Général déclarait en novembre dernier que « plus de 75% des personnes se présentant comme mineurs s’avéraient être majeures » (deuxième référence) :
     
     
     
    Eric Zemmour sur la fin annoncée du pédagogisme. Les initiatives de Jean-Michel Blanquer entameraient selon le journaliste le travail de sape des naufrageurs de l’école. « Un jour, égrène-il,c’est la méthode syllabique, le bon vieux B.A BA qui revient en majesté, un jour c’est la dictée, et maintenant les quatre opérations, même la division dès le cours préparatoire, demain peut-être, la fin du bac dans une pochette surprise et pourquoi pas la sélection a l’université… » (première référence). Pas du tout clame Claude Meunier-Berthelot. Elle prend le contre-pied de Zemmour et déclare que les effets d’annonce du ministre ne sont guère suivies d’effets. Tout juste suscitent-ils les cris d’orfraie de la gauche syndicale enseignante. Se retranchant derrière la réalité, elle affirme que tous ces dispositifs salutaires ne s’appliquent uniquement que dans les Réseaux d’Éducation Prioritaires, autrement dit pour les élèves issus de l’immigration (deuxième référence) : 
     
     
     
    Michel Drac était reçu récemment par TV Libertés pour présenter son livre de prospective sur le quinquennat d'Emmanuel Macron Voir Macron (éditions Le Retour aux Sources). Son diagnostic est tout entier déterminé par la question suivante : comment ce président qui dit incarner la vertu et la raison pourrait-il se comporter en cas de crise majeure ou en cas d’exception. Il imagine huit scénarios, bien sûr hypothétiques, mais néanmoins conformes aux grandes tendances évoquées par certains analystes de l’évolution de notre monde. Sont ainsi passés en revue les accidents majeurs qui pourraient survenir dans les domaines techno-économiques, géopolitiques, démographiques, politiques, culturels et écologique et comment Macron y ferait face ou serait emporté par la tourmente. Brillant exercice de décodage :
     
     
    Les analyses mensuelles de Michel Drac. Pour le mois de janvier sont retenues successivement les attaques contre la personnalité de Trump (et non sur la politiques effectivement menée), les affaires européennes et  enfin la Turquie et les conséquences de son offensives sur les populations kurdes du canton d’Afrine en Syrie :
     
    La lecture du livre de Michael Wolff, Fire and Fury, inside the Trump White House inspire à Michel Drac le bilan suivant : il s’agit bien entendu d’une enquête à charge qui comporte néanmoins de nombreux aspects intéressants concernant la fureur anti-Trump des médias et leur volonté de saboter sa présidence, des aperçus sur sa campagne, le fonctionnement plutôt erratique du président et celui plus sage de son administration. Comme toujours c’est clair et lucide :
     
     
    C’est probablement la fin pour la zone rebelle de la Ghouta orientale, région située à l’est de Damas où les groupes djihadistes sont encerclés par les forces syriennes demeurées loyales au gouvernement légal de Bachar el Assad. Les bombardements effectués par les aviations syriennes et russes y tueraient des centaines de civils, comme dans toutes les guerres. Le traitement médiatique occidental de cette reconquête, déjà vécue pour Alep-Est, est caractérisé par une hystérie manichéenne qui revient à ne reconnaitre au « boucher » Assad aucun droit d'y rétablir la souveraineté bafouée de l’État syrien. La dissymétrie observable avec le traitement de la  « libération de Mossoul » par la Coalition des puissances occidentales et des troupes irakiennes qui a causé au bas mot la mort d’environ 10 000 civils est flagrante. Pourquoi ce double standard ? C’est que tout simplement les médiatiques avaient négligé d’y convoquer photographes ou cinéastes susceptibles d’en ramener des images sanglantes de massacres propres à émouvoir la sensibilité du téléspectateur occidental. Ainsi les « dommages collatéraux » pouvaient-ils passer à l’as. Le Monde qui ne manque pas de fustiger Damas, coupable aux yeux du quotidien de vouloir mettre à genoux ses adversaires d’Al-Qaïda donne le ton à l’ensemble d'une presse unanime. Une pareille duplicité est franchement stupéfiante et n’honore pas les médias « libres » du monde occidental. Régis le Sommier, grand reporter à Paris Match, dénonçait sur France 24 le 27 février cette indignation sélective en déclarant : « Il se passe quasiment la même chose au Yémen qu’à la Ghouta, mais  évidemment on n’en parle jamais car ce sont nos alliés Saoudiens qui sont à la manoeuvre ! ». Les médias du « monde libre » sont effectivement au service de la stratégies du chaos qui est celle de l’Occident. Ci joint le décryptage d’Ingrid Riocreux sur les stratagèmes en cours  :
     
     
    Alors que l’État syrien a repris le contrôle de plus de 35% de l’enclave rebelle de la Ghouta orientale Le Figaro présente une courte notice sur les différents groupes djihadistes présents dans la zone et leurs sponsors respectifs. Les renseignements proviennent du géopolitologue Frédéric Pichon, gage de probité de l'information :
     
     
    Singulier paradoxe des autorités françaises qui, à l’unisson d'autres gouvernements européens, reprochent aux polonais d’imposer une histoire officielle alors que les « lois mémorielles » (loi Gayssot, loi Taubira concernant le seul esclavage pratiqué par les Occidentaux etc) continuent ici même d’imposer une lecture pour le moins orientée et passablement corsetée de notre passé. Éric Zemmour n’est pas dupe de ces manoeuvres et conclut que la remontrance faite à la Pologne vient du fait qu’elle n’a pas l’intention de se repentir à tous bouts de champs pour des crimes qu’elle n’a pas commis comme l’usage s’en est imposé ici même :
     
     
    Dans un article paru sur le site de Polémia, l’énarque Michel Geoffroy fustige la propension de l’industrie hollywoodienne toute entière aux mains de personnes « perçues comme blanches » à attribuer les rôles « perçus comme positifs et valorisant » à des acteurs « perçus comme afro-américains » et inversement à doter les acteurs « perçus comme blancs » de rôle négatifs. Il s’en inquiète, surtout quand des personnages historiques de l’épopée européenne sont endossés par des comédiens de couleur. Cette mode qui tend à s’étendre en Europe au fur et à mesure de notre américanisation est un exemple supplémentaire de l’ethno-masochisme qui s’implante dans la psyché occidentale. S’emparer des esprits est une opération de guerre cognitive et le mieux serait de refuser de regarder ces films ou de ne plus visionner ces feuilletons à la télévision qui ne brillent pas par leur intelligence, mais ce pari risque fort de se voir démenti  (première référence). Dans même ordre d’idées l’OJIM aborde avec ironie ces héros hors-sol qui illustrent bien ce que Renaud Camus a dénommé le « remplacisme global » (deuxième référence). Nous apprenons dans le même temps que lors des fêtes Johanniques de 2018, celle qui portera l’armure et l’épée de Jeanne d’Arc se nomme Mathilde Edey Gamassou, une jeune métisse polono-béninoise. Quelles que soient les justifications des organisateurs le symbole est parlant, jusqu’à la parodie. La révision et l’altération de l’histoire par des charlatans qui ont pignon sur rue avance à pas de géants. De quoi perdre ses repères, mais c’est sans doute le but recherché. Ceci étant dit, est-ce une raison pour légitimer le déchainement de haine raciale dont la jouvencelle a été la victime sur Twitter, le bistrot high-tech de notre époque ? Sûrement pas. Tous ceux qui ont désigné de leur vindicte la Pucelle de folklore se sont, comme souvent, trompé de cible. Ce sont ceux qui ont voulu l’instrumentaliser qu’il fallait viser. Le piège tendu, aussi subliminal soit-il, a très bien fonctionné opposant les mauvais partisans de la haine raciale aux bons soldats de l’invasion migratoire. Avec de tels adversaires l’ingénierie sociale diversitaire a de beaux jours devant elle. Et Rokhaya Diallo peut triompher, elle qui déclarait récemment : « à présent nous devons déconstruire systématiquement les représentations du passé ». Au fait, les critères d’admission au concours johannique d’Orléans fixés depuis 1855 stipulent que la candidate doit être obligatoirement catholique. N’est-ce pas là un grave motif d’exclusion pour nos compatriotes musulmans, protestants, juifs et autres ? Ci-joint le point de vue de Julien Langella, vice-président d’Academia Christiana, qui réplique rudement aux propos de Louis Aliot (troisième référence) et la chronique très catholique de Charlotte d’Ornellas (quatrième référence). Celui qui ne mord pas aux différents  hochets qu’on lui tend est Renaud Camus qui s’en explique dans son journal. Il ne faut pas compter sur lui pour obéir au discours performateur des partisans de la diversité qui remettent la « race » en honneur et entendent bizarrement métamorphoser l’humanité en parc humain brésilianisé (cinquième référence) Comme l’écrivait Nietzsche, nous sommes d’un temps dont la civilisation est en danger de périr par les moyens de la civilisation :
     
     
     
     
     
     
    En Afrique du Sud le vice-président Cyril Ramaphosa a évincé le président Jacob Zuma. Cette révolution de palais permettra-t-elle de corriger la profonde corruption qui règne dans la démocratie arc-en-ciel ? L’africaniste Bernard Lugan en doute tant l’incurie de l’appareil tentaculaire de l’ANC, le parti au pouvoir, est colossale. Le « gangstérisme d’État » comme il l’explique a conduit, depuis 1994, ce pays prospère à la ruine. Depuis les fanatiques de l’ANC ont annoncé leur intention d’exproprier les fermiers blancs de leur terre sans indemnité (le secteur agricole est un des seuls à tenir debout); cela laisse augurer une Afrique du Sud dépendante bientôt de l’aide alimentaire internationale, comme au Zimbabwe où la même expérience s’est révélée catastrophique pour tous  : 
     
     
    Article de Fernand Le Pic provenant d’Antipresse, l’excellente lettre dominicale de contre information dirigée par Slobodan Despot. Le Pic y explique qui sont les promoteurs de la lutte contre les fake news, quels sont leurs buts et comment ces objectifs se sont soudainement imposés dans l’agenda des États européens :
    Pour Jérôme Besnard, conseiller national des Républicains, la solution au problème corse n’est pas girondine mais fédéraliste, une solution conforme au principe de subsidiarité. Plutôt que d’invoquer des principes républicains à la définition floue (voir de Frédéric Rouvillois Être - ou ne pas être - républicains ) le président de la République, lors de son discours de Bastia, aurait pu s’inspirer des succès électoraux indéniables de Gilles Simeoni et de ses amis afin de conserver l’ile dans le giron français tout en respectant sa culture, son peuple et sa mémoire. Malheureusement l’article de Besnard se termine par une péroraison qui mêle sans rime ni raison  les goumiers marocains et le mariage de Romain Gary et de Jean Seberg. On perçoit mal ce que ce fouillis totalement hors-sujet peut apporter aux affirmation positives de cette tribune :
     
     
    Laurent Ozon livre sur la Corse et sa volonté majoritaire d’autonomie un point de vue intéressant quoique son affirmation d’une population insulaire de souche non hybridée depuis 30 000 ans laisse songeur dans la mesure où sa véracité forcerait à conclure, par exemple, que les vagues d’expansion indo-européenne n’y auraient tenu aucune part. On se demande par ailleurs ce que l’amateur de complots en tout genre Pierre Hillard peut apporter à cette réflexion si ce n’est son indécrottable jacobinisme : 
     
     
    Se réclamant comme Jean-Yves Le Gallou de la préférence de civilisation Javier Portella illustre celle-ci avec le conflit qui oppose une moitié du peuple catalan contre une autre moitié soutenu par l’ensemble des Espagnols. Il plaide pour une Europe confédérale (ou impériale) réalisant l’emboîtement des trois réalités que sont la région, la nation et le continent dans une claire conscience de ce que sont les dangers communs qui nous menacent ;
     
     
    Philitt, site de réflexion littéraire et philosophique se demande, à la suite de la une particulièrement racoleuse de Libération, qualifié de « résistant » pour l’occasion, ce qu’il faut penser de la réédition en chaîne des écrivains de la collaboration traitée d’infâme par le quotidien. « L’infâme, selon Libération, c’est un quatuor de salauds spécialement exhumés pour l’occasion : Maurras, Céline, Brasillach et Rebatet. Notre époque n’en finit plus de juger les salauds et elle ne se satisfait pas de faire comparaitre ses contemporains au tribunal de la pensée, au jugement  de l’Histoire (la bonne, celle qui progresse en avant vers le Progrès à rebours des rétrogrades qui progressent en arrière), il lui faut encore épurer le passé, qui a le tort de n’être pas le présent tourné vers le futur ». Cette envie de pénal (Muray) qui taraude une époque revancharde qui ne sait plus inventer et réchauffe sans cesse les « heures les plus sombres » au risque du péché contre l’esprit que serait la disparition de pans entiers de notre histoire et de notre culture. L’arrogance censureuse du présent comme la phobie d'un passé honni a quelque chose d’intolérable. 
     
    Jean-Claude Michéa a servi de guide intellectuel à toute un génération déçue ou désappointée par les incohérences et les fausses promesses de l’alternance unique. Eugénie Bastié rend compte du travail intéressant de deux philosophes, Emmanuel et Mathias Roux, qui viennent de publier Michéa l’inactuel, une critique de la civilisation libérale, éditions le bord de l’eau.                       
     
     
    Cinéphilie. Olivier François de la rédaction d’Éléments s’entretient avec Roland Jaccard. Essayiste et romancier, auteur d’une œuvre prolifique il est aussi éditeur et journaliste et à ce titre a tenu longtemps la rubrique psychanalyse du Monde. Il est par ailleurs l’un des membres fondateurs du mensuel Causeur. Conversation à bâtons rompus captivante et très libre. Alfred Eibel et Jacqueline de Roux assistent à l’entretien.
    Il y a dans l’imaginaire européen traditionnel une place réservée à la forêt et à tout le trésor légendaire qu’elle fait prévaloir. Ces mythes ont nourri une conception du monde qu’explore avec perspicacité Gustin Sintaud au fil de quatre articles parus sur le site de Métamag :
     
    Magnifiées par le poète Homère dans l’Odyssée (fin du VIII éme siècle avant notre ère) les aventures légendaires d’Ulysse constituent l’une des premières épopées européennes. Liées à la colonisation grecque, les pérégrinations du héros aux mille ruses pour aussi imaginaires qu’elles soient se déroulent-elles dans un univers géographique réel ou purement fictif ? Autant de question parmi d’autres auquel ce documentaire d’Arte s’efforce de répondre à l’aide de reconstitutions, de documents cartographiques et d’analyses savantes. Très intéressante mise en scène de la légende. Suivent les aventures de Beowulf et celles de Perceval  :

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  • La Grande Transformation...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la Grande Transformation à laquelle la France est soumise... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « La Grande Transformation, plutôt que le Grand Remplacement… »

    Le « Grand Remplacement », concept forgé par l’écrivain Renaud Camus, connaît un indéniable succès dans certains milieux. Vous êtes pourtant réticent à l’employer. Est-ce parce que vous le trouvez trop « conspirationniste » ?

    Pas du tout. Et je ne suis pas, non plus, surpris du succès de cette expression, bien propre à frapper les esprits, qui évoque aussi le Grand Dérangement dont furent victimes les Acadiens entre 1755 et 1763. Je suis seulement soucieux du sens des mots. Remplacer une population, cela signifie qu’on l’enlève pour la faire disparaître et qu’on la remplace par une autre (c’est, précisément, ce qui est arrivé aux Acadiens, qui furent déportés notamment vers la Louisiane). En France, aujourd’hui, ce n’est vrai que dans des endroits bien circonscrits, par exemple lorsqu’une banlieue se vide entièrement de sa population d’origine européenne pour être remplacée par une population d’origine étrangère. Mais, même dans ce cas, la population touchée par le « white flight » ne disparaît pas, elle s’éloigne pour aller vivre ailleurs. À l’échelle du pays, il n’y a pas, à proprement parler, de remplacement. En revanche, il y a un continuel apport extérieur qui transforme la population d’origine européenne, qui modifie son pool génétique, ses habitudes sociales, sa façon de vivre, sa manière de voir le monde, ses valeurs spécifiques, etc. Cette transformation n’est pas une mince affaire, elle est même d’une importance capitale, mais ce n’est pas, au sens propre, un remplacement. La population française n’est pas remplacée, mais elle est peu à peu transformée. C’est pourquoi je parlerais plutôt de « Grande Transformation ».

    Renaud Camus a, d’ailleurs, également publié en 2013, deux ans après Le Grand Remplacement, un autre livre intitulé Le Changement de peuple. Cette seconde formule a eu moins de succès, mais je la crois beaucoup plus exacte.

    Cette expression renvoie, de fait, à l’« islamisation de la France » généralement dénoncée par les mêmes milieux. Mais notre société ne serait-elle pas, avant tout, américanisée ?

    Le succès du Quick halal montre que les deux ne sont pas incompatibles. Et, de toute façon, nous n’avons pas à choisir entre les deux. Le « communautarisme » et l’ethnicisation des rapports sociaux auxquels nous assistons aujourd’hui ont partie liée avec l’islam, mais vont aussi très au-delà du fait religieux. On n’a pas tort de dire que les musulmans n’admettent pas que la loi civile prime la loi religieuse, mais il en va de même des catholiques ou des juifs : pour un catholique, l’avortement n’est pas plus admissible quand la loi reconnaît le droit à l’IVG que lorsque la loi l’interdit. Tout croyant fait la différence entre ce qui est légal et ce qui est légitime, aucun ne peut placer la loi positive au-dessus de la « loi naturelle ». En ce sens, la distinction entre le spirituel et le temporel n’est qu’une distinction, pas une séparation. En bonne théologie, c’est le spirituel qui prime.

    Le problème commence, en réalité, lorsqu’une communauté, qu’elle soit religieuse ou ethnique, vit dans un pays en considérant qu’elle n’appartient pas à ce pays et en s’organisant sous la forme d’une contre-culture opposée à la culture autochtone. En Russie, où l’islam représente 15 % de la population, soit 25 millions de personnes, les musulmans se veulent d’abord russes (lisez, à ce propos, le livre d’Héléna Perroud, Un Russe nommé Poutine). En France, des milliers de jeunes qui possèdent la nationalité française estiment, parfois en toute bonne foi, qu’ils ne sont pas français et ne peuvent pas l’être puisqu’ils appartiennent d’abord à l’« oumma » islamique (ummat islamiyya), l’assemblée « maternelle » des fidèles ou communauté des croyants – une « oumma », d’ailleurs, largement fantasmée dans leurs esprits. Le « vivre ensemble » les indiffère complètement, contrairement à ce qu’on répète dans les chaumières, puisqu’ils préfèrent d’un côté le face-à-face et de l’autre l’entre-soi. Toutes les conditions sont alors réunies pour que se produisent les dérives, parfois sanglantes, auxquelles nous assistons actuellement.

    Que pensez-vous de la polémique née de l’attribution à une Française d’origine à la fois polonaise et béninoise du rôle de Jeanne d’Arc dans les traditionnelles Fêtes johanniques prévues à Orléans ?

    Je trouve cette mini-polémique lamentable. En révélant le racisme de ceux qui s’indignent que ce rôle ait été confié à une jeune Métisse, par ailleurs membre des Scouts d’Europe, elle a seulement le mérite de confirmer que, parmi ceux qui reprochent aux enfants d’immigrés de « ne pas vouloir s’intégrer », il y en a certains qui, en réalité, ont surtout le désir qu’ils ne s’intègrent jamais. Je suppose que, pour eux, ni Alexandre Dumas (Les Trois Mousquetaires), ni Raymond Bourgine, ni Jules Monnerot, ni Jacques Vergès n’étaient de « vrais Français ». Mais je n’irai pas plus loin. Charlotte d’Ornellas et Nicolas Kirkitadze ont dit, ici même, tout ce qu’il y avait à dire sur cette tempête dans un verre d’eau. Je partage entièrement leur avis.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 28 février 2018)

     

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  • Pour l'autonomie de la Corse !...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la question corse... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Je suis pour l’autonomie de la Corse, pas pour son indépendance ! »

    L’autonomie, voire l’indépendance de la Corse, cela est-il fondamentalement choquant, sachant qu’aucune frontière n’est à jamais gravée dans le marbre, à en juger par ce qui s’est récemment passé au Kosovo ou en Crimée ?

    Ce n’est pas une question de frontières, mais une question de peuples. Contrairement à ce qui s’est passé dans beaucoup d’autres pays, la nation française n’a pas été créée par un peuple, mais par un État. Elle est née de l’agrandissement progressif du « pré carré » capétien, au hasard des conquêtes, des annexions et des alliances matrimoniales. Le peuple français qui existe aujourd’hui est un peuple-résultat. Le problème est qu’en s’étendant, le domaine royal a recouvert des peuples différents, d’origines différentes (celtique, germanique, latine, basque, etc.), qui n’ont jamais abandonné complètement leur personnalité, en dépit des efforts de type colonial développés, sous la IIIe République notamment – l’époque où il était « interdit de cracher par terre et de parler breton » – pour faire disparaître leurs cultures et leurs langues.

    Ces peuples existent toujours, même si l’on ne veut pas le reconnaître, et je ne suis pas de ceux qui s’affligent de leur existence et de leur vitalité. Les régions à la personnalité culturelle la plus forte sont aussi les plus portées à défendre leur identité. Le cas de la Corse est, à cet égard, exemplaire, puisque c’est la seule région à n’avoir pas donné la majorité à Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Le peuple corse est autochtone dans son île depuis au moins trente mille ans. Occupée pendant cinq siècles par les Génois, contre lesquels s’était déjà dressé Sampiero Corso, la Corse fut indépendante à partir de 1755, sous la direction de Pasquale de Paoli, jusqu’à ce que Gênes la cède à la France en 1768. C’est l’époque où Rousseau rédige son Projet de constitution pour la Corse, qu’on serait bien avisé de relire aujourd’hui. Comme le peuple breton, le peuple basque et le peuple alsacien, le peuple corse continue à défendre sa langue et sa culture, et je trouve excellent qu’il le fasse. Prenons exemple sur lui plutôt que de le stigmatiser ! Souvenons-nous, d’ailleurs, qu’au XVIIIe siècle, quand la France atteignait au sommet de sa puissance et sa culture au faîte de sa gloire, les trois quarts de ses habitants ne parlaient pas le français.

    Cela dit, si je suis pour l’autonomie de la Corse, je ne suis pas pour son indépendance. L’indépendance, de toute façon, ne veut plus dire grand-chose à une époque où les frontières ne garantissent plus l’identité des peuples et où même les « grands » États-nations ont d’ores et déjà perdu l’essentiel de leur souveraineté. Autonomistes et indépendantistes peuvent, certes, mener des combats communs, mais entre l’autonomie et l’indépendance, je ne vois pas une différence de degré mais une différence de nature. L’autonomie se fonde sur un principe de responsabilité, l’indépendantisme ne manifeste qu’une volonté de sécession.

    L’argument jacobin veut que la République soit « une et indivisible ». Mais à Wallis-et-Futuna, territoire français depuis 1888, cette même République reconnaît des chefferies traditionnelles pratiquant un catholicisme considéré de fait comme religion d’État…

    Le jacobinisme est la maladie française par excellence. De l’extrême gauche à l’extrême droite, que ce soit par patriotisme ou par fidélité à l’esprit révolutionnaire, presque tout le monde y sacrifie chez nous. La Suisse (avec ses trois langues officielles), la Russie et les États-Unis sont des États fédéraux et ne s’en portent pas plus mal, mais toute idée de remettre en cause la République « une et indivisible », d’appliquer le principe de subsidiarité (ou de compétence suffisante) en laissant aux différentes composantes de la nation la possibilité de décider par elles-mêmes et pour elles-mêmes, fait immédiatement surgir des fantasmes de « balkanisation » et de « dislocation » que je trouve absolument ridicules. Le centralisme jacobin n’a pas rendu la France plus forte, mais plus fragile. Un pays n’est fort que de la vitalité et de l’identité de ses composantes. Les jacobins veulent réaliser dans leur pays une « unité » qu’ils refusent à l’échelle européenne ou mondiale. Je ne verrais personnellement que des avantages à ce que la République « une et indivisible » soit remplacée par une République fédérale des peuples de France.

    Pour en revenir à la Corse, ce n’est pas en répétant que « la Corse, c’est la France » qu’on réglera le problème. J’ai connu l’époque où tous les hommes politiques proclamaient à qui mieux mieux que « l’Algérie, c’est la France ». L’Algérie se composait alors de trois départements français, avec dix préfectures. On sait ce qu’il en est advenu. Quant à ceux qui glosent avec des trémolos sur « le français, langue de la République », je leur rappellerais qu’à l’heure des talk shows, des fake news, du coaching, du fact checking, du packaging, du prime time, des smartphones et autres cold cases, ce ne sont pas les langues régionales mais la langue anglaise qui menace la langue française, sans qu’ils s’en émeuvent particulièrement.

    Après l’Écosse, la Lombardie, la Catalogne, la Corse, est-ce les peuples qui prennent leur revanche sur les États, ou y a-t-il des raisons plus extérieures à ces phénomènes ?

    Je pense que c’est une erreur de placer toutes ces régions sur le même plan. Ce sont des cas différents. La Corse est une île, ce que ne sont ni la Lombardie ni l’Écosse. L’histoire de la Catalogne est totalement différente de celle de la Flandre, et l’histoire de la Belgique n’a vraiment aucun rapport avec celle de l’Espagne. Les Flamands souhaitent se séparer des Wallons, mais certains d’entre eux ne refuseraient pas de rejoindre la Hollande pour recréer les grands Pays-Bas. Je pense qu’il faut juger concrètement, au cas par cas. On s’apercevra alors que les motivations sont, elles aussi, très différentes. Disons seulement qu’il est assez légitime que certaines régions veuillent d’autant plus préserver leur identité qu’elles voient bien que les entités plus vastes auxquelles elles ont appartenu jusqu’ici perdent la leur sans réagir.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 19 février 2018)

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  • Sur Pierre-Joseph Proudhon, penseur localiste et fédéraliste....

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°67, année 2018), dirigée par Alain de Benoist, avec un dossier consacré à Pierre-Joseph Proudhon. La revue est disponible sur le site de la revue Éléments ainsi que sur celui de la revue Krisis. Les parisiens pourront également la trouver à la Librairie Facta. 

     

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    Maurras, qui ne l’aimait guère, le qualifiait de «rustre héroïque», Edouard Berth voyait en lui «un des plus grands moralistes que la France ait produits», Bakounine et Courbet furent ses amis. Sainte-Beuve le considérait comme le plus grand prosateur de son temps. Jacques Julliard affirme aujourd’hui qu’il fut «plus grand que Marx, parce que son anthropologie est fondée sur la réciprocité» On a beaucoup glosé sur ses «contradictions», dont on a exagéré l’importance. Proudhon a certes évolué au cours de sa vie, comme tout un chacun, mais les lignes de force apparaissent rapidement. Proudhon est un philosophe de la liberté. Il ne la conçoit pas de façon abstraite, ni comme prétexte à vouloir n’importe quoi, mais comme émancipation vis-à-vis des contraintes politiques et sociales. Qu’il se réclame de l’anarchisme, du mutuellisme ou du fédéralisme, qu’il critique la «propriété» ou fasse l’éloge de la «possession» c’est au fond toujours d’autonomie qu’il veut parler. Il s’agit pour lui de mettre en place un ordre qui permette aux hommes d’être le moins gouvernés possible, de décider le plus possible par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Hostile au socialisme phalanstérien, dont il voit bien les naïvetés, comme au socialisme d’Etat d’un Louis Blanc, dont se réclamera au contraire Jules Guesde et après lui le mouvement communiste international, Proudhon se méfie de la politique, et surtout de l’institution parlementaire qui lui apparaît comme une mystification. «Si le socialisme de Proudhon est le seul aujourd’hui envisageable, écrit encore Jacques Julliard, c’est qu’il est une parfaite illustration du principe de subsidiarité, qui veut que l’on s’efforce de résoudre les problèmes sociaux au niveau le plus bas possible, le plus proche possible des producteurs et des usagers».



    Au sommaire :
    Proudhon, un penseur localiste (Thibault Isabel)

    Proudhon, héraut et philosophe du peuple (Chantal Gaillard)

    Du principe fédératif (Pierre-Joseph Proudhon)

    Fédéralisme et étatisme dans le système politique de Proudhon (Fawzia Tobgui)

    Les conceptions politiques de Proudhon (Jacques Langlois)

    Proudhon libéral ? (René Berthier)

    Proudhon et Courbet (Jean-François Gautier)

    Proudhon en Amérique latine (Michel Lhomme)

    Bibliographie de Pierre-Joseph Proudhon (Alain de Benoist)

    Et aussi…
    Histoire et politique à la lumière de l’Éternel Retour (Philippe Ducat)

    Utopie et action historique (Panajotis Kondylis)

    Du syllogisme paradoxal (Alexandre Bellas)

    Génétique des Indo-Européens (Jean Manco)

    Alain de Benoist, L’écriture runique : recension (Jean Haudry)

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  • Démographie : la question des limites...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les questions de la natalité et de la démographie... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « Contrairement à ce que l’on croit, l’avortement n’est pas la cause essentielle de la baisse de la natalité… »

    En France, le taux de fécondité serait passé sous le seuil des deux enfants, soit celui du renouvellement des générations. Certains s’en alarment, alors que d’autres font de même de la surpopulation mondiale. Ces deux attitudes sont-elles légitimes et, en même temps, ne seraient-elles pas contradictoires ?

    On a enregistré en France 767.000 naissances en 2017, avec un taux de fécondité de 1,88 enfant par femme, ce qui n’a pas empêché la population globale de continuer à croître en raison du solde naturel (l’excédent de naissances par rapport aux décès). Cela dit, les données démographiques ne veulent rien dire en elles-mêmes. Elles n’ont pas le même sens selon qu’on est en situation de sous-population ou de surpopulation. Trois problèmes, en particulier, sont à prendre en compte. Le premier est celui de la pyramide des âges (à volume de population égal, cette pyramide peut être équilibrée ou détériorée). Le second est la composition de la population (l’apport de l’immigration, quelles sont les catégories les plus prolifiques ?). Le troisième est le différentiel de natalité par rapport aux zones voisines, à commencer par le continent africain (6-7 enfants par femme aujourd’hui, plus de 40 % de moins de 16 ans, une population de 1,2 milliard d’habitants appelée à doubler d’ici à 2050).

    Contrairement à ce que l’on s’imagine souvent, la cause essentielle de la baisse de la natalité n’est pas à rechercher dans les avortements, ce qui a maintes fois été démontré (la grande majorité des avortements est compensée par des naissances futures qui ne seraient pas survenues si ces avortements n’avaient pas eu lieu), mais dans des évolutions propres à la société moderne, à commencer par le travail des femmes. L’âge moyen, à la naissance du premier enfant, n’a cessé de reculer ces dernières décennies, car de plus en plus de femmes préfèrent donner la priorité à leur carrière professionnelle. Quand elles envisagent d’avoir un enfant, il est souvent trop tard. S’y ajoutent d’autres facteurs : l’hédonisme (avoir des enfants est perçu comme une diminution de liberté), le mode de vie urbain, peu favorable aux familles nombreuses, etc.

    « Croissez et multipliez » : cette injonction n’est pas que le fait du christianisme, mais concerne aussi les deux autres religions révélées, le judaïsme et l’islam. Mais faire toujours des enfants en plus grand nombre est-il véritablement une valeur en soi ?

    L’Église catholique s’est, en fait, montrée moins conséquente que les deux religions que vous citez (moins conséquente, aussi, que l’Église orthodoxe), puisqu’elle a interdit la procréation à ses élites ecclésiastiques, ce qui a exercé un sévère effet dysgénique sur la société globale. Cependant, le simple désir de quantité ne peut jamais être une « valeur en soi ». « Croissez et multipliez » n’est, à l’origine, qu’un impératif de survie pour tout groupe désireux de se perpétuer. Cet impératif biologique a ensuite reçu un habillage religieux, pour le rendre plus contraignant, à une époque où il s’agissait avant tout de maximiser le nombre des fidèles. Il ne peut pas avoir le même sens dans un monde peuplé de quelques dizaines ou centaines de millions d’habitants (en 1700, on n’en comptait même pas encore un milliard) ou dans un monde qui en compte, aujourd’hui, 7,5 milliards et en comptera probablement 12 milliards à la fin du siècle. Il ne faut pas oublier, non plus, que les familles nombreuses, dans le passé, étaient très souvent décimées par la mortinatalité et la périnatalité : faire beaucoup d’enfants était le seul moyen d’être assuré d’en voir survivre quelques-uns.

    Croire, sous prétexte « d’accueillir la vie », qu’il faut faire toujours plus d’enfants, ou encore qu’on pourrait se livrer à une sorte de concurrence nataliste avec des populations ou des pays à la fécondité plus exubérante, c’est se leurrer d’illusions. Je suis surpris, à cet égard, de voir que, même parmi ceux qui se prononcent pour le maintien des limites et des frontières, et qui déclarent détester la démesure et l’illimitation, la question des limites démographiques ne soit presque jamais posée. On peut, certes, spéculer à l’infini sur les possibilités qu’il y aura de nourrir demain encore plus d’hommes qu’il n’en existe. Mais quelle que soit la réponse donnée, l’évidence est qu’il existe nécessairement une limite. Passé un certain seuil, la croissance démographique aggrave la destruction des écosystèmes et l’appauvrissement des ressources naturelles. Aboutissant à des mégapoles monstrueuses de plus de vingt ou trente millions d’habitants (Tokyo, Mexico, Séoul), elle est, en outre, profondément polémogène et génératrice d’incessants troubles politiques et sociaux. Pas plus qu’une croissance matérielle infinie on ne peut avoir une croissance démographique infinie dans un espace fini.

    Pour Emmanuel Todd, la démographie permet d’expliquer nombre d’événements. À l’en croire, la chute de l’URSS était inscrite dans la baisse de sa natalité, tandis que le chaos des révolutions arabes l’était dans sa hausse, amenant trop de jeunes diplômés sur un marché du travail déjà saturé. Quelle est donc la part du facteur démographique dans les grands bouleversements historiques ?

    Le facteur démographique est un facteur de première importance, ce que l’on peut démontrer par bien d’autres exemples que ceux donnés par Emmanuel Todd. Mais ce facteur n’intervient pas de manière mécanique ou automatique. Il est sensible à la décision politique (la Russie a déjà redressé sa natalité). Et le nombre n’est pas tout : le peuple juif a traversé les millénaires alors qu’il représente à peine 15 millions d’individus dispersés dans le monde, soit, numériquement, guère plus que la population de l’Île-de-France.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 12 février 2018)

     

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