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  • A la rencontre de la France mystérieuse...

    Les éditions Omnibus viennent de publier un Dictionnaire de la France mystérieuse réalisé par Marie-Charlotte Delmas. Sémiologue, docteur en sciences du langage de l'EHESS, Marie-Charlotte Delmas est spécialiste du folklore populaire français, des croyances et des superstitions. Elle a déjà publié chez le même éditeur un Grand légendaire français en trois volumes.

     

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    " De tout temps, croyances et superstitions ont expliqué les mystères du monde. Elles reposent sur la certitude que des forces supérieures et surnaturelles régissent la vie sur terre, qu'il est possible de les comprendre (présages, divination), de s'en protéger, voire de les modifier (rites, médecine magique) et de les provoquer (sorcellerie). Dans une France largement rurale, le peuple s'entoure d'un ensemble de rites et de croyances, parfois très localisés, qui accompagnent les grands passages de l'existence (naissance, mariage, mort...), les phénomènes naturels (météorologie, maladies...), les moments-clés de l'année (saisons, solstices, fêtes religieuses ou d'origine païenne...), tout un corpus magique largement remodelé par l'Eglise au cours du Moyen Age.
    Fruit d'une vie de recherches, le Dictionnaire de la France mystérieuse rassemble et synthétise la somme des connaissances, à l'origine souvent obscure, que les folkloristes du XIXe siècle ont collectées dans les campagnes françaises.
    Deux types d'entrées :
    • Le support de la croyance : objet, plante, animal, phénomène naturel (vent, orage...)
    • Les thèmes et événements : grands moments de l'existence, de l'année, et les sujets de croyance collective (démons, sorcellerie...)
    Chaque article traite la croyance ou la superstition selon les caractéristiques régionales et intègre récits et témoignages. Une centaine de gravures anciennes illustrent le propos en apportant des informations complémentaires."

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  • Le temps de la fureur...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de James Howard Kunstler, cueilli sur le Saker francophone et consacré à la première mesure, symbolique, de lutte contre l'immigration prise par l'administration Trump. Journaliste et romancier américain, tenant du localisme et de la décroissance, James Howard Kunstler est l'auteur de plusieurs essais, dont deux ont été traduits en français, La fin du pétrole - Le vrai défi du XXIe siècle (Plon, 2005) et Too much magic - L'Amérique désenchantée (Le Retour aux sources, 2014).

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    Le temps de la fureur

    Il n’a fallu qu’une semaine au président Trump pour donner au corps politique un lavement sur l’immigration. Le but était peut-être d’éliminer un ensemble de mauvaises idées que Barack Obama avait réussi, depuis huit ans, à considérer comme « normales ». C’est-à-dire qu’il était inutile de faire appliquer les lois sur l’immigration forcément cruelles, que les frontières nationales sont un anachronisme barbare, ou que les lois fédérales sont facultatives dans certaines juridictions auto-sélectionnées.


    Mais l’équipe de Trump s’est largement assise sur les détails de l’interdiction de l’immigration et du statut de réfugié, en particulier en ce qui concerne les détenteurs de cartes vertes, ainsi que ceux dont les visas étaient déjà accordés. La bévue a provoqué un coup de tonnerre impressionnant de protestations dans les aéroports, et finalement une suspension par un juge fédéral, qui a bouleversé la légalité de l' »executive order » de Trump – dans l’ensemble, un trébuchet tactique pour Donald, notre président, qui a apparemment omis de consulter un éventail d’agences gouvernementales et leurs avocats, avant de publier le décret juste à la fermeture des bureaux vendredi. Pour mémoire, je ne suis pas d’accord avec le fait que l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Égypte et l’Afghanistan aient été exclus de la liste des pays bloqués, puisque ces terres produisent des maniaques musulmans plus radicaux que partout ailleurs.

    À l’heure actuelle, le lecteur détecte probablement mes sentiments ambivalents, dans ce faisceau de questions et de griefs. Permettez-moi d’essayer de clarifier mes positions de base : je crois que les frontières sont importantes et qu’elles doivent être protégées. Je pense que notre application de la loi sur l’immigration sous Obama a été profondément malhonnête et préjudiciable à notre politique, d’une manière qui va bien au-delà de la question de savoir qui doit venir ici. Je crois que nous ne sommes pas obligés d’accepter tout le monde et quiconque veut déménager ici. Je crois que nous avons besoin d’un temps officiel d’arrêt de la forte immigration de ces dernières décennies. Je crois que nous avons de bonnes raisons d’être pointilleux sur qui nous laissons entrer.

    Le tropisme le plus malhonnête et le plus dommageable de ces dernières années est l’idée largement acceptée par la gauche que les immigrés clandestins sont simplement des « sans-papiers », comme s’ils étaient les victimes malheureuses d’une erreur de bureaucratie commise par le gouvernement et méritant ainsi un laissez-passer. Le langage importe. L’acceptation et la répétition de ce mensonge ont en effet donné à la gauche la permission de mentir sur toutes sortes de choses quand cela lui chantait, par exemple l’illusion que la Russie a volé l’élection de Hillary Clinton et que l’islam radical ne constitue pas une menace face aux valeurs occidentales (voire même existe). Et il est vrai qu’ils sont assistés par des géants des médias tels que le New York Times, le Washington Post et la NPR. Le Times, surtout, est désireux de provoquer une crise nationale qui pourrait déstabiliser Trump, en le déclarant simplement dans un titre sur trois colonnes :

    La fureur semblait plutôt disproportionnée, par rapport aux personnes gênées par le truquage administratif de Trump : environ 300 détenteurs de cartes vertes sur 300 000 voyageurs admis au cours du week-end – même après que la Maison Blanche eut fait marche arrière sur son erreur de carte verte dès dimanche. Et cela donne l’impression, même à quelqu’un qui est allergique à la théorie de la conspiration (moi en l’occurrence), que quelque principe organisateur est derrière ce phénomène. Ce principe peut être la névrose profonde de la gauche Démocrate / Progressiste, réduite à crier sa vertu depuis une caisse de résonance médiatique à bout de souffle. N’ayant pas d’idées cohérentes sur le problème de l’immigration, en dehors de sa résistance à son arrêt, elle n’offre que des récits sentimentaux : des larmes sur la statue de la liberté, des « rêveurs », des villes-sanctuaires, des nations ouvertes, des nous-sommes-tous-des-enfants-de-migrants, et que de toute façon l’Amérique du Nord a été volée aux Indiens. L’hystérie est impressionnante, comme si la gauche avait été empoisonnée à l’ergot de seigle, en voyant des sorcières (racistes, homophobes, misogynes, coquins de privilégiés blancs et russes) derrière chaque arbuste de genévrier dans le pays.

    J’irais même jusqu’à dire que cette névrose découle des problèmes psychologiques généraux à la frontière de l’ethos démocrate / progressiste actuel. Leur zèle pour effacer les catégories a entraîné la perte des catégories de pensée ─ il ne reste qu’une grande soupe de victimisation maintenant et tout le monde devrait se précipiter pour gagner ses points bonus de victime tant que c’est encore possible, ou aussi longtemps que le sénateur Chuck Schumer peut faire pleurer le crocodile. De mon point de vue, ce pays profiterait réellement d’avoir des catégories de pensée plus solides et certainement des catégories de comportement plus fermes.

    Ce qui irrite vraiment la gauche, c’est la défense de la civilisation occidentale, en particulier sur quelque chose d’aussi concret que la démographie. Cette barrière de défense a été profondément effacée de la vie politique récente de l’Europe et de l’Amérique. Sur les campus universitaires, c’est devenu l’équivalent du péché originel. Donald Trump s’est avéré être un choix particulier pour mener à bien un revirement total, et sa rudesse pourrait finir par dissuader tout effort pour reconstituer quelque chose comme une culture commune qui se respecte. Mais le retournement arrive aussi en Europe cette année, par une série d’élections nationales. Attendez-vous à plus de lutte civile alors que la bataille s’étend.

    James Howard Kunstler (Le Saker, 8 février 2017)

     

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  • Le dérèglement moral de l'Occident...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Philippe Bénéton intitulé Le dérèglement moral de l'Occident. Philosophe, professeur émérite à la Faculté de droit et science politique de Rennes, Philippe Bénéton est notamment l’auteur d'un essai remarquable d'ironie et de subtilité Les Fers de l'opinion (PUF, 2000).  

     

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    " En Occident, le monde présent est celui des apparences. En droit, l’individu est roi, en fait, il est dépossédé de son autonomie. En droit, on lui promet la jouissance, en fait, il est placé sous influence. Le grand art de notre temps est de donner au conformisme le nom de liberté, au dérèglement moral le nom d’émancipation.
    Aujourd’hui, le rideau commence à se déchirer. Il apparaît de plus en plus clairement que l’opinion dominante est une pensée faible en dépit de ses positions fortes, qu’elle marche à l’intimidation et se refuse à tout débat loyal. Il apparaît aussi que la nouvelle « morale » a pour effet une profonde crise morale de l’Occident.
    Avec ironie, profondeur et acuité, Philippe Bénéton brosse le tableau critique d’un monde procédural qui se satisfait de règles du jeu, cultive les grimaces et masque son inconsistance. "

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  • L’Éternelle trahison des clercs...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente analyse publiée par l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique à propos de l'extraordinaire campagne de promotion médiatique dont a bénéficié l'Histoire mondiale de la France, ouvrage dirigé par l'historien de gauche Patrick Boucheron.

     

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    L’Éternelle trahison des clercs (ou L’Histoire mondiale de la France dans les médias)

    En cette rentrée 2017, à quelques mois d’élections présidentielles qui s’annoncent pour l’heure comme une déroute historique de la gauche française, cette dernière livre une charge idéologique tout à fait retentissante avec la publication de L’Histoire mondiale de la France (Seuil), sous la direction de Patrick Boucheron, professeur au Collège de France. Bénéficiant d’une couverture médiatique inouïe, cette manœuvre de propagande rigoureusement orchestrée révèle comme jamais l’alliance tacite entre les élites universitaires, politiques et médiatiques du pays en vue d’enterrer ledit pays, non sans en avoir piétiné l’héritage.

    La fin de la domination culturelle de la gauche, le mouvement profondément « dextrogyre » des opinions occidentales, tout cela appartient désormais à l’ordre du constat ratifié par les intellectuels médiatiques et les journalistes de gauche, lesquels admettent par là que tout en ayant perdu leur magistère, ils conservent néanmoins leurs postes. Un paradoxe qu’on imagine relativement anxiogène, et qui doit participer à mobiliser ainsi les forces dans une tentative désespérée de reprendre la main. La connexion entre politiques, intellectuels et journalistes est spécialement ténue après une ère qui fut caractérisée par le triomphe de 68 comme révolution culturelle globale, ère qui atteint aujourd’hui son crépuscule. Aussi, on voit ces différentes catégories de personnes réunir leurs moyens dans une consonance assez extraordinaire, ce qui prouve la puissance de feu symbolique dont elles disposent encore. Les élections à venir laissant prédire, en tout cas pour le moment, un désaveu cinglant de la gauche politique officielle, et alors que les séismes successifs du Brexit et de l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis ont enchainé leurs secousses à quelques mois d’intervalle, 122 universitaires, sous la houlette d’un professeur au Collège de France, ont collaboré au façonnage d’un monument de propagande antinational, contenu dont la diffusion a été ensuite assurée par une espèce de ligue de la plupart des médias officiels, assurant au pensum d’auteurs à peu près inconnus un écho tonitruant, lequel est envisagé comme une réplique massive en pleine débâcle, et vise en premier lieu à détruire l’influence des Zemmour, Finkielkraut et autres Patrick Buisson, rendus responsables de l’angoisse de tout un peuple devant son déclassement, voire sa disparition possible.

    Crise identitaire

    Après quarante ans d’une politique migratoire suicidaire et d’intoxication idéologique expiatoire en quoi s’est reconverti l’échec des fantasmes de révolution mondiale d’abord diffusés par la gauche, une grave crise identitaire a ébranlé peu à peu l’un des plus vieux peuples d’Europe. Ce profond désarroi offrit d’immenses succès de librairie à ceux capables de le formuler (Zemmour, Villiers, Buisson, Finkielkraut) – et non l’inverse, comme le prétendent ces intellectuels de gauche méprisant le peuple au point qu’ils imaginent son désarroi complètement artificiel et inoculé par un poison extérieur dont ne saurait le garder la faiblesse de son intelligence… Se voyant à juste titre dépossédé de sa mémoire, de son honneur comme d’une partie de ses territoires peu à peu « hallalisés », une part importante de ce peuple éprouva le besoin de se ressaisir de lui-même, de son identité, de son histoire. Très concrètement, ce phénomène se manifesta, outre l’audience accordée aux intellectuels susmentionnés, par un regain d’intérêt très prononcé pour l’Histoire nationale, et se traduisit par le succès de nombreuses émissions et de plusieurs ouvrages, reconnectant ce peuple avec son « roman national », qu’ils soient proposés par Lorant Deutsch, Franck Ferrand, Stéphane Bern ou Max Gallo.

    L’Histoire comme enjeu politique

    Evidemment, l’Histoire est un enjeu politique de premier ordre, et toutes les idéologies tentent de l’exploiter dans un sens qui les justifie. Mais la situation actuelle du pays pousse à une bataille particulièrement acharnée sur ce thème, comme l’OJIM l’avait déjà analysé au sujet de Lorant Deutsch, et essentiellement dans le champ médiatique où le thème est plébiscité par les spectateurs et tenu pour suspect par les idéologues. L’argument essentiel de ces derniers est toujours de dénoncer l’artifice que constituerait l’Histoire racontée comme un « roman national », c’est-à-dire selon une cohérence fabriquée et rétrospective. Cet argument est éminemment spécieux. D’abord, parce que ceux qui l’exploitent ne dénoncent jamais le « roman socialiste » ou le « roman multiculturaliste », selon lesquels la France nivelée, dépressive, déclassée et atomisée d’aujourd’hui est infiniment plus souhaitable que celle d’hier ; ensuite parce que cette nécessité d’un « roman national » n’est pas à mettre sur le même plan que celle de l’exactitude scientifique, au demeurant perpétuellement contestable. En effet, il s’agit là de psychologie d’un corps collectif, de sa cohésion, de sa structuration. Qu’importe que les récits de soi par lesquels un individu se structure psychologiquement soient strictement exacts, et ils ne le sont sans doute jamais, mais ces récits, du moment qu’ils ne sont pas purement imaginaires, remplissent bien une fonction cardinale, et on verrait mal un psychiatre reprocher à un individu sain les arrangements avec la réalité qu’aura inévitablement opéré sa mémoire pour qu’il établisse une conscience de soi équilibrée. Ce qui est valable à l’échelle d’un individu l’est aussi à l’échelle d’une conscience collective.

    Droite Buisson et Gauche Boucheron

    Cette nécessité de ressaisissement de la mémoire collective, un homme l’avait senti et avait su l’exploiter : Patrick Buisson. Historien et, justement, patron de la chaîne Histoire, il mit ses analyses, sa culture et le roman national, au service de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce dernier tenta d’user du même levier lors des primaires de la droite, en septembre dernier, avec sa déclaration sur les ancêtres gaulois que devrait adopter tout citoyen français, ce qui scandalisa comme il se doit la classe médiatique, mais ne suffit pas à lui rallier un électorat déçu, d’autant que l’ancien président avait été politiquement mitraillé par le succès du livre du même Buisson (La Cause du peuple, Perrin, 2016). La manœuvre idéologique de la gauche Boucheron, face à la droite Buisson, consiste donc à désamorcer le levier extrêmement puissant dont celle-ci dispose : le besoin, pour un organisme collectif en pleine dépression, de se ressaisir de son récit personnel historique, de son identité longue, afin de surmonter cette dépression. Seule stratégie efficace face à un mécanisme de survie aussi redoutable : dissoudre cette identité. C’est donc ce à quoi vont s’employer cette centaine d’universitaires bien dressés et la plupart des médias français offrant avec une extraordinaire générosité leurs colonnes, leurs créneaux, leurs micros pour maximiser l’impact de la réplique, quelques mois avant l’élection du successeur de François Hollande.

    L’Argument scientifique

    Bien sûr, le bataillon idéologique avance à demi camouflé, et insiste en premier lieu sur la prétendue scientificité de son approche. Dans l’émission « La Grande Librairie » du 19 janvier, sur laquelle nous reviendrons, face à Michel Onfray, Boucheron argue d’une « ambition d’apporter un discours engagé et savant. » À traduire par : « de gauche et castrateur ». Cette tentative d’intimidation de l’adversaire n’échappe pas au rhéteur Onfray qui réplique : « Ce n’est pas scientificité contre scientificité, mais option idéologique contre option idéologique. » Pourtant, dans L’Humanité du 5 janvier, Boucheron affiche son ambition sans faux-fuyants : « Le défi qui est devant la gauche est celui de réarmer l’idée de progrès. On voit comment il a été compromis, par ceux qui le contrarient, par ceux qui le critiquent, et de quel prix et de quelles compromissions on l’a payé. Il faut réinventer une manière d’y croire à nouveau et de mener la bataille d’idées. »

    Il s’agit bien de mener une bataille, nullement de rejoindre l’Olympe d’une Histoire purement scientifique… La démarche est encore plus explicite chez Médiapart, le 13 janvier, quand le journaliste Joseph Confavreux, sans être ni contredit ni nuancé, résume l’ambition du livre comme devant « faire pièce à Lorant Deutsch, Stéphane Bern, Max Gallo, Franck Ferrand, voire aux élucubrations d’un Michel Onfray traquant après d’autres la décadence de l’Occident, ou même d’un Zemmour cherchant les contours d’un « suicide français » depuis un quarantaine d’années. » Voilà au moins qui est clair.

    Le Déo de la « gauche olfactive »

    Élisabeth Lévy évoquait avec pertinence cette « gauche olfactive » qui préfère penser avec sa truffe qu’avec son cerveau et se contente de mordre l’adversaire en guise d’argumentation. La publication de L’Histoire mondiale de la France aura vu se multiplier partout les mêmes métaphores pavloviennes : « Les portes et les fenêtres battent, lit-on carrément dans Le Monde du 11 janvier ; chaque page est une goulée d’oxygène. Une odeur française de renfermé (certains ont pu dire, en leur temps, de moisi) se dissipe. » Chez les Inrocks, on s’extasie devant une véritable libération, l’épopée française se trouvant : « enfin libérée du cadre nostalgique de ses grandes dates mythiques. » Est-ce si étroit que ça, la charge d’Eylau ? La geste de Jeanne d’Arc, donne-t-elle l’impression d’un quelconque confinement ? On étouffe dans les jardins de Versailles ? Qu’est-ce qui pue, au juste, dans ces deux millénaires d’une Histoire « classique » à la fois extraordinaire, baroque et vertigineuse ? Il faut se rendre à l’évidence, en réalité, ces épithètes malodorantes n’ayant aucun sens pour qualifier les hauts faits historiques du passé national, caractérisent en réalité, substantiellement, le peuple français lui-même. Le peuple pue. Voilà ce que suggère la gauche olfactive, dont les narines délicates réclament des fragrances exotiques pour que soit enfin purgé cet infâme fumet français qui lui donne des haut-le-cœur.

    Une nouvelle tactique

    Le problème sur lequel bute cette gauche olfactive, c’est que le peuple a la fâcheuse tendance à se complaire dans son odeur intrinsèque. On lui a dit qu’il ne devait plus rien sentir, il a préféré sentir quelque chose. Il vaudrait donc mieux lui suggérer de nouveaux parfums à aimer. Telle est la réflexion de Boucheron et ses sbires : la déconstruction a échoué dans ses objectifs idéologiques. « La déconstruction est un préalable, il y a un moment où il faut s’engager dans une autre narration qui est également entraînante. », remarque le professeur chez François Busnel. À la question que pose Joseph Confavreux sur ce qui rendrait cette offensive idéologique plus performante que celle déjà menée par les « Historiens de garde » contre Lorant Deutsch, Boucheron répond par le constat que la déconstruction ne marche pas, qu’il faut relancer une narration en exploitant notamment l’attractivité pédagogique que représentent les listes de dates, puisque c’est ainsi qu’est organisé son livre. Non seulement, donc, le projet du livre relève bien d’une stratégie de reconquête idéologique, et non d’une quelconque exigence scientifique supra-politique, mais cette stratégie est parfaitement concertée, prend acte des échecs passés, et élabore de nouvelles méthodes non pour plus de vérité, mais pour plus d’impact.

    Répliques

    Les principaux visés répondent, mais on s’étonnera tout de même que nul grand débat n’ait été organisé en leur présence, étant donné l’audience qu’ils suscitent et l’espace tout à fait remarquable que les médias auront alloué à cette anthologie composée par d’obscurs universitaires. Éric Zemmour, donc, l’auteur du Suicide français, Alain Finkielkraut, celui de L’Identité malheureuse, tireront depuis leurs postes, sans qu’aucune télévision n’organise un duel dont l’issue n’aurait probablement pas bénéficié au bataillon Boucheron. « Dès la première date, la messe est dite: l’histoire de France commence… avant l’histoire de France. 34.000 ans avant J.-C. ! Dans la grotte Chauvet, au temps de l’homme de Cro-Magnon. « Pour neutraliser la question des origine », avoue sans barguigner Boucheron. Une « France d’avant la France (qui) se dissout dans les prémices d’une humanité métisse et migrante »». Voilà comment Zemmour révèle l’objectif de la manœuvre dans Le Figaro, le 17 janvier. Après la déconstruction, la dissolution, c’est le même terme qu’emploie Alain Finkielkraut, dans son émission « L’Esprit de l’Escalier » sur RCJ, le 15 janvier 2017 : « Mondialiser l’Histoire de France, c’est dissoudre ce qu’elle a de spécifique, son identité, son génie propre, dans le grand bain – vous avez cité La Croix –, de la mixité, de la diversité, du métissage. Et c’est aussi répondre au défi islamiste par l’affirmation de notre dette envers l’islam. De la France-patrie-littéraire, ce qui surnage dans cet ouvrage, c’est la traduction des Mille et une nuits par Antoine Galland, qui a eu la merveilleuse audace d’ajouter au corpus original des histoires que lui avait racontées un voyageur arabe venu d’Alep. Intéressante, instructive aussi, est l’histoire de l’invasion musulmane à Narbonne, en 719, où les cultures, dit-on, se sont mêlées, avant que les Francs, hélas, n’arriment cette ville par la force à leur royaume. »

    Régurgiter plutôt qu’assimiler

    Pas de débat avec les adversaires directement désignés par Boucheron, mais un semblant de débat avec Onfray dans « La Grande Librairie » Onfray, un autre homme de gauche, mais qui fait mine de donner quelques gages à droite pour ne pas paraître totalement périmé, bref : il y a des limites dans l’ouverture du champ. Onfray, défendant son pré carré, reprochera à Boucheron de défranciser jusqu’à Descartes. Quand on lui demande de se défendre de la critique de Zemmour, Boucheron part dans une comparaison biologique pour le moins paradoxale : « Nous voyons bien d’instinct (…) que les organismes vivants, pour se défendre de la mort, accueillent évidemment ce qui leur est étranger pour faire du même avec l’autre. » Sauf que « faire du même avec l’autre », cela s’appelle assimiler, en biologie comme en politique, et donc vampiriser l’autre en quelque sorte, le nationaliser purement et simplement. Ce qui correspond à la démarche exactement inverse à celle du projet de Boucheron, une démarche qui consiste non à assimiler mais à régurgiter, à recracher tout ce qui a constitué la France pour le renvoyer à son étrangeté initiale, précisément, donc : à décomposer le pays.

    Entre deux morts

    Cet étrange débat, sur la plateau de Busnel, aura donc proposé au spectateur une curieuse alternative : soit la mort avec élégance (Onfray), soit la dissolution avec entrain (Boucheron). Voilà le genre de choix que la télévision publique offre au peuple français. D’un côté, le narcisse austère, lèvres pincées et lunettes sévères, vous dit que s’il constate comme tant d’autres la décadence du pays, il ne faut pas pour autant regretter, se révolter, tenter de renaître, mais accepter stoïquement la fin et la supplantation d’une civilisation agonisante par une civilisation en pleine santé, la chrétienne par l’islamique. De l’autre, le ravi de la crèche, avec son visage de patate incisée pour la bouche, vous explique qu’il n’y a rien à regretter puisqu’il n’y a jamais rien eu, à part quelques apports islamiques qui ne devraient, et cela tombe bien, ne faire que s’amplifier avec le temps ! Déjà, à l’époque de Jeanne d’Arc, les docteurs de la Sorbonne, ralliés au camp anglais, expliquaient que 1000 ans représentaient une durée de vie tout à fait remarquable pour un royaume, et qu’il était bien temps de passer la main à la vigueur britannique. Déjà, en 1940, les intellectuels ralliés à l’Allemagne nazie invoquaient l’Histoire impériale carolingienne de la France pour tenter de démontrer que loin d’être envahie, la France rentrait seulement chez elle, si l’on appréhendait les choses du point de vue de Charlemagne. Et puis dissoudre la France représente finalement la conclusion logique d’un long parcours : comme les héros de Breaking Bad versant de l’acide dans la baignoire où gît leur cadavre, les intellectuels anti-français, après quarante ans de trahison, de démoralisation, de déconstruction, d’assassinat national, tentent de faire disparaître le corps afin de dissimuler leur crime. Si la France n’a jamais eu lieu, on ne pourra accuser personne de l’avoir détruite. Voilà, le réflexe sale, honteux, coupable, qui aura animé inconsciemment toute cette coalition intello-médiatique qu’on aura vu sévir à l’orée d’une année critique.

    Observatoire des journalistes et de l'information médiatique (OJIM, 6 février 2017)

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  • Les symboles de la mythologie grecque...

    Les Presses universitaires de France viennent de publier, dans leur collection Que sais-je ?, un Lexique des symboles de la mythologie grecque signé par Sonia Darthou. Docteur de l’École Pratique des Hautes Études, spécialiste du polythéisme et des mythes fondateurs, Sonia Darthou est maître de conférences en histoire ancienne et est l'auteur de Les Dieux de l'Olympe. Les mythes dans la cité (Perrin, 2012).

     

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    " Vous trouvez que la statuaire, la céramique ou la mosaïque antiques sont splendides, mais vous ne savez pas toujours ce qu'elles représentent ? Au musée, vous aimeriez percer certaines énigmes des tableaux inspirés de l'antique ? Vous aimeriez lire Homère ou Sophocle, mais vous avez peur de ne pas saisir leur langage symbolique ? Vous connaissez les grandes légendes de la mythologie, mais vous n'en comprenez pas toujours le sens caché ? Vous vous apprêtez à visiter des ruines antiques, mais vous avez peur de passer à côté de leur signification ? Munissez-vous de ce guide : il vous permettra de savoir à quoi sert un caducée ; ce qu'il faut comprendre si, dans un mythe, vous croisez un aigle, un cerf ou un dauphin ; quels sont les vertus ou les dangers du lierre, de la jacinthe, du lotus ou de la menthe ; quel rôle symbolique jouent une balance, un coffre ou une lampe à huile ; ce que nos ancêtres voyaient dans la Lune, la Voie lactée ou au détour d'un labyrinthe… "

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  • Conversations avec Alain de Benoist... (1)

    Nouvelle émission de TV Libertés, "Les conversations de Paul-Marie Couteaux", permettent de partir à la découverte d'une personnalité en six épisodes de 35 minutes. C'est l'occasion de découvrir les passions, les souvenirs et les éléments fondateurs de la vie d'une célébrité pour mieux comprendre son œuvre. Volontairement intimiste, "Les conversations de Paul-Marie Couteaux" sont filmés in situ, là où ces personnages hors du commun trouvent leurs forces et leur inspiration.

    Ces premières conversations sont consacrées à Alain de Benoist.

     

                                               

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